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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Jeudi 3 octobre 2013

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 42 du 17 octobre 2013)

La joie de la mémoire chrétienne

Quand le chrétien transforme la mémoire de l’histoire du salut accomplie par Jésus en simple souvenir, il perd de vue la valeur de l’un des principes fondamentaux de la foi chrétienne : la mémoire qui se fait joie. Et ainsi il vit l’Eucharistie, c’est-à-dire la mémoire qui fait l’Église, comme un événement social qui ennuie. C’est ce qu’a dit le Pape François en commentant la première lecture de la Messe du 3 octobre. Dans la lecture, tirée du livre de Néhémie (8, 1-4, 5-6, 7-12), est raconté l’épisode de la redécouverte du livre de la loi qui avait été égaré et qu’Esdras lit devant le peuple de Dieu. Celui-ci « était ému pour cette raison et pleurait. Il pleurait de joie, il pleurait d’amour », car ce livre égaré avait été retrouvé. Cela signifie que le « le peuple de Dieu avait la mémoire de la Loi ». Mais « c’était une mémoire lointaine ». Nous avons tous la mémoire du salut, mais « cette mémoire est-elle proche de nous ? Ou est-ce une mémoire un peu lointaine, un peu estompée, un peu archaïque, un peu de musée ? ». Quand la mémoire n’est pas proche, quand nous ne faisons plus l’expérience de la mémoire, peu à peu celle-ci se transforme en « un simple souvenir. C’est pourquoi Moïse disait au peuple : chaque année allez au temple, chaque année présentez les fruits de la terre, mais chaque année rappelez-vous d’où vous êtes sortis, comment vous avez été sauvés ». Quand la mémoire s’approche, a répété le Pape, « elle fait deux choses : elle réchauffe le cœur et nous donne la joie ». En revanche, « la mémoire apprivoisée, qui s’éloigne et devient un simple souvenir, ne réchauffe pas le cœur, elle ne nous donne pas de joie et ne nous donne pas de force ». La rencontre avec la mémoire « est un événement de salut, une rencontre avec l’amour de Dieu qui a fait l’histoire avec nous et nous a sauvés. Cela est si beau d’être sauvés, qu’il faut le fêter ». Du reste, « quand Dieu vient, s’approche il y a toujours une fête ». Mais pourtant, très souvent « nous chrétiens avons peur de la fête » et souvent la vie nous conduit à nous éloigner de notre mémoire; « elle ne nous conduit qu’à garder le souvenir du salut, non la mémoire qui est vivante. L’Église fait sa mémoire, celle que nous ferons à présent, la mémoire de la passion du Seigneur. Le Seigneur lui-même nous a dit : faites cela en mémoire de moi. Mais il nous arrive à nous aussi d’éloigner cette mémoire et de la transformer en un souvenir, un événement habituel. Chaque semaine nous allons à l’Église, ou si une connaissance meurt nous allons à son enterrement. Et tant de fois cette mémoire nous ennuie, parce qu’elle n’est pas proche. Cela est triste : très souvent la Messe se transforme en un événement social ». « Demandons au Seigneur la grâce d’avoir toujours sa mémoire près de nous. Une mémoire proche et non apprivoisée par l’habitude, par tant de choses, et éloignée comme un simple souvenir ».



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