Index   Back Top Print

[ FR ]

PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Lundi 11 avril 2016

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 15 du 14 avril 2016)

Accrochés à la lettre

Pour Jésus, ce qui compte est la vie des personnes et non un schéma rigide de lois et de paroles : l’assassinat d’Étienne et de Jeanne d’Arc, la mort de tant d’autres innocents dans l’histoire et même le suicide de Judas rappellent combien de mal peut faire « un cœur fermé à la parole de Dieu », au point de l’utiliser contre la vérité. Dans la première lecture de la Messe tirée des Actes des Apôtres (6, 8-15), « l’Église nous fait écouter le passage du discours d’Étienne et du jugement » contre lui. Ne pouvant rien contre lui, les docteurs de la loi, de la lettre, qui étaient dans la synagogue « incitèrent plusieurs personnes afin » qu’elles l’accusent injustement d’avoir prononcé « des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu ». Voilà que, ne pouvant « dialoguer avec lui et lui ouvrir leur cœur à la vérité, elles prirent immédiatement la voie de la calomnie ». Les Actes racontent qu’Étienne fut capturé et conduit devant le sanhédrin et que de faux témoins furent aussi présentés pour l’accuser. L’histoire d’Étienne est significative : « Le cœur fermé à la vérité de Dieu n’est accroché qu’à la vérité de la loi, de la lettre — plus que de la loi, de la lettre — et ne trouve pas d’autre issue que le mensonge, le faux témoignage et la mort ». Précisément « Jésus avait reproché cette attitude, car avec les prophètes, dans l’Ancien Testament, il s’était passé la même chose ». Mais « le cœur est fermé à la parole de Dieu, est fermé à la vérité, est fermé au messager de Dieu qui apporte la prophétie pour faire avancer le peuple de Dieu ». « Cela me fait de la peine quand je lis ce petit passage de l’Évangile de Matthieu, quand Judas repenti va trouver les prêtres et dit : “J’ai péché”, et veut donner... et donne les monnaies ». Mais ils lui répondent : « Cela nous importe peu ! Arrange-toi ! ». Ils ont « un cœur fermé devant ce pauvre homme repenti qui ne savait pas quoi faire ». Ils lui disent : « Arrange-toi ». Et ainsi Judas « alla se pendre ». Mais « que font-ils quand Judas va se pendre ? Ils parlent et ils disent : “mais le pauvre homme...” ». Et ensuite ces monnaies, ajoutent-ils en faisant référence aux trente deniers, « ont coûté le prix du sang, elles ne peuvent pas entrer dans le temple ». En substance, ce sont « les docteurs de la lettre » et ainsi, ils suivent « telle règle, telle autre, telle autre, telle autre... ». À ces personnes, « la vie d’une autre personne n’importe pas, le repentir de Judas n’importe pas : l’Évangile dit qu’il est revenu repenti ». À ces personnes « importe seulement leur schéma de lois et tant de paroles et tant de choses qu’ils ont construites ». C’est précisément « cela la dureté de leur cœur, la stupidité du cœur de ces personnes ». Et cette manière de faire « se répétera » dans le temps, a dit François en rappelant que « cela n’est pas arrivé que pendant les premiers temps de l’Église ». « L’histoire nous parle de tant de personnes qui furent tuées, jugées, bien qu’elles fussent innocentes : jugées avec la parole de Dieu contre la parole de Dieu ». Le Pape a fait référence « à la chasse aux sorcières ou à sainte Jeanne d’Arc » et aussi « à tant d’autres personnes qui furent brûlées, condamnées parce qu’elles ne “s’adaptèrent pas”, selon les juges, à la parole de Dieu ». C’est « le modèle de Jésus qui, pour être fidèle et avoir obéi à la parole du Père, finit sur la croix ». François a repris l’image de la grande tendresse de Jésus qui dit aux disciples d’Emmaüs : « Sots et lents de cœur ».

 



Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana