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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Mardi 14 juin 2016

( L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 25 du 23 juin 2016 )

La dernière marche

Sur la route du chrétien, « il n’y a pas de place pour la haine » ; si, en tant que « fils », les croyants veulent « ressembler au Père », ils ne doivent pas se limiter à une interprétation de la loi « au pied de la lettre », mais doivent vivre chaque jour le « commandement de l’amour ». Jusqu’à arriver « à prier pour ses ennemis » : c’est-à-dire à la « dernière marche », à laquelle il est nécessaire de monter pour guérir le « cœur blessé par le péché ». Ainsi, le Pape François a souligné que Jésus, inversant l’idée du « prochain », est venu porter la loi à sa « plénitude ». Jésus en effet est « venu non pour abroger la loi », une faute dont il était accusé par ses ennemis, mais « pour la porter à sa plénitude ». Toute la loi, « jusqu’au dernier iota ». Jésus, « en s’inspirant des commandements », tente de récupérer « le vrai sens de la loi pour la porter à sa plénitude ». Ainsi, par exemple, au sujet du cinquième commandement, il rappelle : « Il a été dit de “ne pas tuer”. C’est vrai! Mais si tu insultes ton frère, tu es en train de tuer ». Il explique en d’autres termes qu’il existe « tant de formes, tant de manières de tuer ». Ainsi, « il vient presque affiner la loi ». Et encore : « Si ton frère te demande ton habit, donne-lui aussi ton manteau! Et s’il te demande de l’accompagner sur un kilomètre, mais fais-le sur deux! ». Jésus demande toujours quelque chose de « plus généreux », car « l’amour est plus généreux que la lettre, qu’une interprétation de la loi  au pied de la lettre». En reprenant l’extrait évangélique proposé par le passage de la liturgie extrait de l’Evangile de Matthieu (5, 43-48) — dans lequel Jésus rappelle : « Vous avez entendu qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi », et ensuite il ajoute : « Eh bien! moi je vous dis : Aimez vos ennemis! » — le Pape a souligné que sur cette route, « il n’y a pas de place pour la haine ». La barre est toujours placée plus haut: Jésus, avant toute chose, « nous conduit à donner plus à nos frères, à nos amis », et maintenant « aussi à nos ennemis ». En effet, « la dernière marche de cet escalier » vers la guérison porte la recommandation : « Priez pour vos persécuteurs ». Un commandement — celui de «prier pour ses ennemis» — qui peut nous étonner, car «pour la blessure que nous avons tous dans le cœur », il nous vient naturellement l’envie de souhaiter « quelque chose d’un peu mauvais » à un ennemi qui, par exemple, parle mal de nous. Au contraire, « Jésus nous dit : “Non, non! Prie pour lui et fais pénitence pour lui” ». Dans ce sens, le Pape a raconté que lorsqu’il était jeune, il entendait parler «de l’un des plus grands dictateurs qui étaient dans le monde de l’après-guerre», dont on disait: «Que Dieu emporte en enfer le plus vite possible!». Si ce sentiment émanait du cœur de manière immédiate, le commandement nouveau demandait au contraire : « Priez pour cela ». On aurait envie de demander : « Mais pourquoi Seigneur, tant de générosité? ». La réponse, c’est Jésus qui la donne, précisément dans l’extrait évangélique : pour être les « enfants de votre Père qui est aux cieux ». Si c’est ainsi qu’il « fait le Père », c’est ainsi que nous sommes appelés à le faire pour être « fils ». Autre objection : mais Dieu est-il également père « de ce criminel, de ce dictateur? ». La réponse est claire : « Oui, c’est son Père! Comme il est mon Père! Il ne renie jamais sa paternité! ». Et si nous voulons lui « ressembler », nous devons aller « sur cette voie ». En effet, Jésus conclut son discours en disant : « Et vous, soyez parfaits comme votre Père est parfait ». En d’autres termes, « une route qui n’a pas de fin » nous est proposée. A cet égard, «une chose pratique» est proposée à tous, c’est de se demander: «Est-ce que je prie pour mes ennemis ou ai-je envie de leur souhaiter quelque chose de mal? ». « Cinq minutes, pas plus » suffisent pour se demander : « Qui sont mes ennemis ou ceux qui m’ont fait du mal ou que je n’aime pas ou avec lesquels il existe une fracture? Qui sont-ils? Est-ce que je prie pour eux? ». Que chacun « donne une réponse ». Et il a conclu : « Que le Seigneur nous donne la grâce » de « prier pour nos ennemis ; de prier pour ceux qui nous veulent du mal, qui ne nous veulent pas du bien; prier pour ceux qui nous font du mal, qui nous persécutent », avec « leur nom et prénom ». Et nous verrons que cette prière portera deux fruits: à notre ennemi, « elle le rendra meilleur, car la prière est puissante », et à nous, « elle nous rendra davantage fils du Père ».

Didascalia: «L’échelle de l’ascension divine» (XIIe siècle, monastère de Sainte-Catherine au Sinaï)



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