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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

La vraie liberté

Vendredi 13 avril 2018

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°019 du 10 mai 2018)

Dans un monde «schizophrène», toujours «plus esclave» des modes, des ambitions et de l’argent, voilà la vraie liberté proposée par Jésus lui-même et réalisée, également dans les épreuves, par les apôtres et par les nombreux chrétiens qui sont aujourd’hui victimes des persécutions, en restant cependant toujours libres. C’est un véritable hymne à la liberté qui a été relancé par le Pape François. «L’un des mots que l’on répète souvent en ce temps pascal est “liberté”, être libres». Et «Jésus, par son œuvre rédemptrice, nous a redonné la liberté, la liberté des enfants».

«Dans le discours quotidien, très souvent, nous pensons qu’être libre signifie faire ce que je veux et très souvent»; mais cela signifie aussi «devenir esclave, parce que si ce que je veux est une chose qui opprime mon cœur, je suis esclave de cela et non libre».

«La liturgie d’aujourd’hui nous fait réfléchir sur trois personnes, toutes les trois libres», a dit le Pape, en se référant aux passages des Actes des apôtres (5, 34-42) et de l’Evangile de Jean (6, 1-15). Et «cela nous fera du bien de réfléchir sur chacun d’eux». A commencer par Gamaliel. «Gamaliel, un homme libre, il pense en gardant la tête froide, son conseil est que «le temps» fasse «son travail: prenez le temps». «L’homme libre n’a pas peur du temps: il laisse faire Dieu». Et, précisément, «il laisse que Dieu agisse dans le temps: l’homme libre est patient». Du reste, «la vraie liberté a la patience de savoir attendre, de laisser faire Dieu».

C’est vrai, «Pilate aussi pense en gardant la tête froide», au point qu’il «s’aperçut que Jésus était innocent». Mais Pilate «n’a pas réussi à résoudre le problème parce qu’il n’était pas libre, il était attaché la promotion. Il était esclave du carriérisme, de l’ambition, du succès».

Le Pape a ensuite pris comme «autre exemple Pierre et Jean, qui avaient guéri le paralytique et à présent se trouvaient devant le sanhédrin». A la fin «le sanhédrin les remit en liberté, mais “on les fit flageller” — ils étaient innocents — “et on leur ordonna de ne pas parler au nom de Jésus”». Donc Pierre et Jean, même s’ils «ont été flagellés injustement, ensuite “s’en allèrent du sanhédrin heureux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus”».

Voilà «la joie d’imiter Jésus: c’est une autre liberté, plus grande, plus ample, plus chrétienne». «Peut-être que dans leur esprit se présentaient ces paroles de Jésus: “Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, à cause de moi. Heureux êtes-vous”». Voilà précisément «la joie qu’ils ressentaient: ils étaient libres dans la souffrance pour suivre Jésus». C’est «cette attitude chrétienne» qui nous conduit à reconnaître: «Seigneur, tu m’as tant donné, tu as tant souffert pour moi. Que puis-je faire pour toi? Seigneur, prends ma vie, mon esprit, mon cœur, tout est à toi». C’est la liberté d’un amoureux de Jésus Christ, scellée par l’Esprit Saint, avec la foi en Jésus Christ: tu as fait cela pour moi, je fais cela pour toi». Et il ne faut pas oublier qu’«aujourd’hui aussi il y a de nombreux chrétiens en prison, torturés, qui défendent cette liberté de confesser Jésus Christ». Donc, «voilà le deuxième exemple d’hommes libres: le premier est Gamaliel, le deuxième les apôtres, mais avec des motifs différents».

«Le troisième exemple est Jésus lui-même qui accomplit le miracle de la multiplication des pains, qui n’a pas été fait avec une baguette magique: il a précisément été fait par le pouvoir de Dieu que Jésus avait en lui, parce qu’il était Dieu». Et «les gens s’en aperçurent» et ils disaient: “Celui-ci est vraiment le prophète — c’est lui, à la fin il est revenu, il est venu — celui qui vient dans le monde!”». Devant les gens «enthousiastes», Jésus, «sachant qu’on venait le chercher pour le faire roi, se retira de nouveau sur la montagne, tout seul». «Il se détacha du triomphalisme, il ne se laissa pas tromper par ce triomphalisme: il était libre».

François a suggéré de penser à la «première fois que Jésus sentit cette liberté et il nous l’a enseignée, dans le désert quand il a été tenté par Satan», qui lui offrit des richesses en lui disant: «tu peux transformer les pierres en pain, et aussi les pierres en or, en argent». Et la réponse de Jésus est «non», «parce qu’il était libre. Jésus est l’exemple de la liberté la plus grande». «Pensons, en ce jour, à ma liberté, à notre liberté». «Ma liberté est-elle chrétienne? Suis-je libre ou suis-je esclave de mes passions, de mes ambitions, de tant de choses, des richesses, de la mode?». En effet: «suis libre comme Jésus, qui suivit la volonté du Père pour racheter notre filiation?». «Pensons à notre liberté, dans ce monde qui est un peu “schizophrène”», au point qu’il crie «“liberté, liberté, liberté!”, mais qu’il est davantage esclave, esclave, esclave: pensons à cette liberté que Dieu, en Jésus, nous donne».

 



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