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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Et Simon devint Pierre

Jeudi 6 septembre 2018

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°037 du 13 septembre 2018)

«Le premier pas vers la conversion et le premier pas vers la pénitence» sont l’attitude «de s’accuser soi-même», jamais «les autres», en parlant mal d’eux: «Il ne suffit pas de se reconnaître pécheurs», en ayant recours à un peu de «cosmétique» spirituelle ou à des confessions «bla bla bla» de perroquet, mais il faut ressentir concrètement «le sentiment de la honte» et «l’émerveillement de se sentir sauvés».

En commentant le passage évangélique de Luc (5, 11), le Pape a expliqué que «ce fait de jeter les filets et d’accomplir une pêche miraculeuse» raconté dans le récit d’aujourd’hui «nous a fait rappeler l’autre fait, à Tibériade, à la fin, après la résurrection». Sans aucun doute, «ce sont deux moments forts où Pierre jette les filets et accomplit cette pêche miraculeuse».

L’apôtre «se vantait de suivre Jésus.  Il avait confiance en Jésus». Et «puis quand il vit ce miracle si grand au point que les filets, chargés de poissons, se déchiraient, il sentit quelque chose en lui».

De même, «dans la pêche finale du miracle final, l’Evangile dit qu’il se jeta à l’eau pour aller tout de suite vers Jésus. Celui-ci attendit. Il demanda de l’aide pour apporter les poissons et quand il s’approcha de Jésus, il se jeta à ses genoux en disant: “Seigneur, éloigne-toi de moi parce que je suis pécheur”».

C’est donc là précisément «le premier pas décisif de Pierre sur la voie du discipolat, de disciple de Jésus, de s’accuser lui-même: “Je suis un pécheur”. Le premier pas de Pierre est celui-ci et de même, le premier pas de chacun de nous, si l’on veut aller dans la vie spirituelle, dans la vie de Jésus, servir Jésus, suivre Jésus, le premier pas doit être cela, s’accuser soi-même: sans s’accuser soi-même, on ne peut pas marcher dans la vie chrétienne». «Nous sommes si habitués à dire: “Je suis un pécheur”. C’est vrai, si je disais à présent: “Qui d’entre vous n’est pas pécheur?”, je suis certain que personne ne lèverait la main. Parce que nous savons tous que nous sommes pécheurs. Mais confesser, s’accuser de pécher, d’être un pécheur concrètement, dans l’étonnement, cela n’est pas facile». Au point que «nous disons: “Oui, je suis pécheur” de la même façon que nous disons: “Je suis humain”, “Je suis un citoyen italien”, “je suis cela”»: s’accuser soi-même est le sentiment de ma misère, de se sentir misérables, miséreux, devant le Seigneur. Le sentiment de la honte». Et, en effet, «s’accuser soi-même» ne peut pas être fait en paroles, il faut le sentir dans son cœur: «c’est toujours une expérience concrète».

Du reste, «quand Pierre dit: “Eloigne-toi de moi parce que je suis pécheur”, il avait dans le cœur tous ses péchés et il les voyait, il se sentait vraiment pécheur. Puis, il s’est senti sauvé. Le salut qui nous conduit à Jésus a besoin de cette confession de pécheurs». Mais «cette confession qui naît du cœur, qui est sincère, parce que le salut qui nous conduit à Jésus est sincère», elle vient du cœur.

«Nous sommes si habitués à nous dire: “Nous sommes pécheurs”». «Mais cela ne suffit pas. Ce qui compte, c’est que chacun de nous devant le Seigneur vive la honte, puis l’émerveillement de se sentir sauvés. Nous devons nous convertir. Nous devons faire pénitence». Et «le premier pas de la conversion, de la pénitence, est cette attitude de s’accuser soi-même».

A ce propos, «il nous fera du bien de penser: “Est-ce que je m’accuse moi-même ou les autres?”. Il y a des gens qui vivent en parlant mal des autres, en accusant les autres et qui ne pensent jamais à eux, et quand je vais me confesser, comment est-ce que je me confesse, comme les perroquets? Bla bla bla, j’ai fait ceci, cela». Mais «le cœur est-il touché par ce que tu as fait? Souvent non. Mais cela n’est pas entré dans ton cœur complètement, parce que tu n’as pas laissé de place, parce que tu n’es pas capable de t’accuser toi-même».

«Le premier pas est celui-ci, c’est une grâce, personne ne peut le faire avec ses propres forces». C’est pourquoi il faut «demander cette grâce: “Seigneur, que j’apprenne à m’accuser moi-même, que j’apprenne à faire ce premier pas”». C’est «un signe qu’une personne, un chrétien ne sait pas s’accuser soi-même quand il est habitué à accuser les autres».

D’où l’exhortation finale de François de demander «aujourd’hui au Seigneur la grâce de nous trouver devant Lui avec cet émerveillement que donne sa présence et la grâce de nous sentir pécheurs, mais concrètement, et dire comme Pierre: “Eloigne-toi de moi parce que je suis pécheur”».

 

 



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