EVANGELII GAUDIUM - page 33

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sans pouvoir, mais on est dehors. Les exclus ne sont pas des ‘exploités’, mais
des déchets, ‘des restes’.
54. Dans ce contexte, certains défendent encore les théories de la “rechute
favorable”,
qui supposent que chaque croissance économique, favorisée par le
libre marché, réussit à produire en soi une plus grande équité et inclusion sociale
dans le monde. Cette opinion, qui n’a jamais été confirmée par les faits, exprime
une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir
économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique
dominant. En même temps, les exclus continuent à attendre. Pour pouvoir
soutenir un style de vie qui exclut les autres, ou pour pouvoir s’enthousiasmer
avec cet idéal égoïste, on a développé une mondialisation de l’indifférence.
Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la
compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le
drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tout nous
était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort. La culture du
bien-être nous anesthésie et nous perdons notre calme si le marché offre quelque
chose que nous n’avons pas encore acheté, tandis que toutes ces vies brisées par
manque de possibilités nous semblent un simple spectacle qui ne nous trouble en
aucune façon.
Non à la nouvelle idolâtrie de l’argent
55. Une des causes de cette situation se trouve dans la relation que nous avons
établie avec l’argent, puisque nous acceptons paisiblement sa prédominance sur
nous et sur nos sociétés. La crise financière que nous traversons nous fait oublier
qu’elle a à son origine une crise anthropologique profonde : la négation du
primat de l’être humain ! Nous avons créé de nouvelles idoles. L’adoration de
l’antique veau d’or (cf.
Ex
32, 1-35) a trouvé une nouvelle et impitoyable
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