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sans pouvoir, mais on est dehors. Les exclus ne sont pas des âexploitésâ, mais
des déchets, âdes restesâ.
54. Dans ce contexte, certains défendent encore les théories de la ârechute
favorableâ,
qui supposent que chaque croissance économique, favorisée par le
libre marché, réussit à produire en soi une plus grande équité et inclusion sociale
dans le monde. Cette opinion, qui nâa jamais été confirmée par les faits, exprime
une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir
économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique
dominant. En même temps, les exclus continuent à attendre. Pour pouvoir
soutenir un style de vie qui exclut les autres, ou pour pouvoir sâenthousiasmer
avec cet idéal égoïste, on a développé une mondialisation de lâindifférence.
Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables dâéprouver de la
compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le
drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tout nous
était une responsabilité étrangère qui nâest pas de notre ressort. La culture du
bien-être nous anesthésie et nous perdons notre calme si le marché offre quelque
chose que nous nâavons pas encore acheté, tandis que toutes ces vies brisées par
manque de possibilités nous semblent un simple spectacle qui ne nous trouble en
aucune façon.
Non à la nouvelle idolâtrie de lâargent
55. Une des causes de cette situation se trouve dans la relation que nous avons
établie avec lâargent, puisque nous acceptons paisiblement sa prédominance sur
nous et sur nos sociétés. La crise financière que nous traversons nous fait oublier
quâelle a à son origine une crise anthropologique profonde : la négation du
primat de lâêtre humain ! Nous avons créé de nouvelles idoles. Lâadoration de
lâantique veau dâor (cf.
Ex
32, 1-35) a trouvé une nouvelle et impitoyable