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version dans le fétichisme de lâargent et dans la dictature de lâéconomie sans
visage et sans un but véritablement humain. La crise mondiale qui investit la
finance et lâéconomie manifeste ses propres déséquilibres et, par-dessus tout,
lâabsence grave dâune orientation anthropologique qui réduit lâêtre humain à un
seul de ses besoins : la consommation.
56. Alors que les gains dâun petit nombre sâaccroissent exponentiellement, ceux
de la majorité se situent dâune façon toujours plus éloignée du bien-être de cette
heureuse minorité. Ce déséquilibre procède dâidéologies qui défendent
lâautonomie absolue des marchés et la spéculation financière. Par conséquent, ils
nient le droit de contrôle des Ãtats chargés de veiller à la préservation du bien
commun. Une nouvelle tyrannie invisible sâinstaure, parfois virtuelle, qui
impose ses lois et ses règles, de façon unilatérale et implacable. De plus, la dette
et ses intérêts éloignent les pays des possibilités praticables par leur économie et
les citoyens de leur pouvoir dâachat réel. Sâajoutent à tout cela une corruption
ramifiée et une évasion fiscale égoïste qui ont atteint des dimensions mondiales.
Lâappétit du pouvoir et de lâavoir ne connaît pas de limites. Dans ce système,
qui tend à tout phagocyter dans le but dâaccroître les bénéfices, tout ce qui est
fragile, comme lâenvironnement, reste sans défense par rapport aux intérêts du
marché divinisé, transformés en règle absolue.
Non à lâargent qui gouverne au lieu de servir
57. Derrière ce comportement se cachent le refus de lâéthique et le refus de
Dieu. Habituellement, on regarde lâéthique avec un certain mépris narquois. On
la considère contreproductive, trop humaine, parce quâelle relativise lâargent et
le pouvoir. On la perçoit comme une menace, puisquâelle condamne la
manipulation et la dégradation de la personne. En définitive, lâéthique renvoie Ã
un Dieu qui attend une réponse exigeante, qui se situe hors des catégories du