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EXHORTATION APOSTOLIQUE
POST-SYNODALE
VERBUM DOMINI
DU PAPE
BENOÎT XVI
AUX ÉVÊQUES, AU CLERGÉ,
AUX PERSONNES CONSACRÉES
ET AUX FIDÈLES LAÏCS
SUR LA PAROLE DE DIEU
DANS LA VIE ET DANS LA MISSION
DE L'EGLISE

 

TABLE

Introduction

Pour que notre joie soit parfaite [2]
De Dei Verbum au Synode sur la Parole de Dieu [3]
Le Synode des Évêques sur la Parole de Dieu [4]
Le Prologue de l’Évangile de Jean comme guide [5]

PREMIERE PARTIE
VERBUM DEI

Le Dieu qui parle

Dieu en dialogue [6]
Analogie de la Parole de Dieu [7]
Dimension cosmique de la Parole [8]
La création de l’homme [9]
Le réalisme de la Parole [10]
Christologie de la Parole [11-13]
Dimension eschatologique de la Parole de Dieu [14]
La Parole de Dieu et l’Esprit Saint [15-16]
Tradition et Écriture [17-18]
Écriture Sainte, inspiration et vérité [19]
Dieu Père, source et origine de la Parole [20]

La réponse de l'homme à Dieu qui parle

Appelés à entre dans l’Alliance avec Dieu [22]
Dieu écoute l’homme et répond à ses demandes [23]
Dialoguer avec Dieu à travers ses paroles [24]
La Parole de Dieu et la foi [25]
Le péché comme non-écoute de la Parole de Dieu [26]
Marie, « Mère du Verbe de Dieu » et « Mère de la foi » [27-28]

L’herméneutique de l’Écriture sainte dans l’Église

L’Église, lieu originaire de l’herméneutique de la Bible [29-30]
« L’âme de la théologie sacrée » [31]
Développement de la recherche biblique et Magistère ecclésial [32-33]
L’herméneutique biblique conciliaire : une indication à recevoir [34]
Le péril du dualisme et l’herméneutique sécularisée [35]
Foi et raison dans l’approche de l’Écriture [36]
Sens littéral et sens spirituel [37]
Le nécessaire dépassement de la lettre [38]
L’unité intrinsèque de la Bible [39]
Le rapport entre l’Ancien et le Nouveau Testament [40-41]
Les pages « obscures » de la Bible [42]
Chrétiens et Juifs face aux Écritures [43]
L’interprétation fondamentaliste de la Sainte Écriture [44]
Le dialogue entre Pasteurs, théologiens et exégètes [45]
Bible et œcuménisme [46]
Conséquences sur l’organisation des études théologiques [47]
Les saints et l’interprétation de l’Écriture [48-49]

DEUXIEME PARTIE
VERBUM IN ECCLESIA

La Parole de Dieu et l’Église

L’Église accueille la Parole [50]
La présence actuelle du Christ dans la vie de l’Église [51]

La liturgie, lieu privilégié de la Parole de Dieu

La Parole de Dieu dans la sainte liturgie [52]
La Sainte Écriture et les Sacrements [53]
La Parole de Dieu et l’Eucharistie [54]
La sacramentalité de la Parole [56]
La Sainte Écriture et le Lectionnaire [57]
Proclamation de la Parole et ministère du lectorat [58]
L’importance de l’homélie [59]
L’opportunité d’un Directoire homilétique [60]
Parole de Dieu, Réconciliation et Onction des malades [61]
Parole de Dieu et Liturgie des Heures [62]
La Parole de Dieu et le Livre des Bénédictions [63]
Suggestions et propositions concrètes pour l’animation liturgique [64]
a) Célébrations de la Parole de Dieu [65]
b) La Parole et le silence [66]
c) Proclamation solennelle de la Parole de Dieu [67]
d) La Parole de Dieu dans l’église [68]
e) Exclusivité des textes bibliques dans la liturgie [69]
f) Chant liturgique bibliquement inspiré [70]
g) Attention particulière aux aveugles et aux sourds [71]

La Parole de Dieu dans la vie ecclésiale

Rencontrer la Parole de Dieu dans la Sainte Écriture [72]
L’animation biblique de la pastorale [73]
Dimension biblique de la catéchèse [74]
Formation biblique des chrétiens [75]
La Sainte Écriture dans les grands rassemblements ecclésiaux [76]
Parole de Dieu et vocations [77]
a) Parole de Dieu et ministres ordonnés [78-81]
b) La Parole de Dieu et les candidats à l’Ordination [82]
c) Parole de Dieu et Vie consacrée [83]
d) La Parole de Dieu et les fidèles laïcs [84]
e) La Parole de Dieu, le mariage et la famille [85]
La lecture orante de la Sainte Écriture et la Lectio divina [86-87]
La Parole de Dieu et la prière mariale [88]
La Parole de Dieu et la Terre Sainte [89]

TROISIEME PARTIE
VERBUM MUNDO

La mission de l’Église : annoncer la Parole de Dieu

La Parole du Père et vers le Père [90]
Annoncer au monde le Logos de l’espérance [91]
De la Parole de Dieu vient la mission de l’Église [92]
La Parole et le Règne de Dieu [93]
Tous les baptisés responsables de l’annonce [94]
La nécessité de la missio ad gentes [95]
Annonce et nouvelle Évangélisation [96]
Parole de Dieu et témoignage chrétien [97]

Parole de Dieu et engagement dans le monde

Servir Jésus dans « ces petits qui sont ses frères » (cf. Mt 25,40) [99]
La Parole de Dieu et l’engagement dans la société en faveur de la justice [100]
L’annonce de la Parole de Dieu, la réconciliation et la paix entre les peuples [102]
La Parole de Dieu et la charité agissante [103]
L’annonce de la Parole de Dieu et les jeunes [104]
L’annonce de la Parole de Dieu et les migrants [105]
L’annonce de la Parole de Dieu et les personnes qui souffrent [106]
L’annonce de la Parole de Dieu et les pauvres [107]
La Parole de Dieu et la sauvegarde de la création [108]

La Parole de Dieu et la culture

La valeur de la culture pour la vie de l’homme [109]
La Bible, un grand trésor pour les cultures [110]
La connaissance de la Bible dans les écoles et les universités [111]
La Sainte Écriture à travers les différentes expressions artistiques [112]
La Parole de Dieu et les moyens de communication sociale [113]
La Bible et l’inculturation [114]
Les traductions et la diffusion de la Bible [115]
La Parole de Dieu dépasse les limites des cultures [116]

La Parole de Dieu et le dialogue interreligieux

La valeur du dialogue interreligieux [117]
Le dialogue entre Chrétiens et Musulmans [118]
Le dialogue avec les autres religions [119]
Le dialogue et la liberté religieuse [120]

CONCLUSION

La Parole définitive de Dieu [121]
La nouvelle Évangélisation et la nouvelle écoute [122]
La Parole et la joie [123]
« Mater Verbi et Mater laetitiae » [124]


INTRODUCTION

1. « LA PAROLE DU SEIGNEUR demeure pour toujours. Or cette parole, c’est l’Évangile qui vous a été annoncé » (1 P 1, 25 ; cf. Is 40, 8). Avec cette expression de la Première Lettre de saint Pierre, qui reprend les paroles du prophète Isaïe, nous sommes placés face au mystère de Dieu qui se communique lui-même par le don de sa Parole. Cette Parole, qui demeure pour toujours, est entrée dans le temps. Dieu a prononcé sa Parole éternelle de façon humaine ; son Verbe « s’est fait chair » (Jn 1, 14). C’est cela la bonne nouvelle. C’est l’annonce qui traverse les siècles, pour arriver jusqu’à nous aujourd’hui. La XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, célébrée au Vatican du 5 au 26 octobre 2008, a eu pour thème La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église. Ce fut une profonde expérience de rencontre avec le Christ, Verbe du Père, qui est présent là où deux ou trois sont réunis en son nom (cf. Mt 18, 20). Par cette Exhortation apostolique post-synodale, j’accueille volontiers la demande des Pères de faire connaître au Peuple de Dieu tout entier la richesse ressortie des assises vaticanes et les indications exprimées dans le travail commun[1]. Dans cette perspective, j’entends reprendre tout ce qui a été élaboré par le Synode, tenant compte des documents présentés : les Lineamenta, l’Instrumentum laboris, les Relations ante et post disceptationem et le texte des interventions, lues en séance et in scriptis, les comptes rendus des groupes de travail et de leurs échanges, le Message de conclusion adressé au Peuple de Dieu et surtout certaines propositions spécifiques (Propositiones) que les Pères ont retenues comme étant d’un intérêt particulier. De cette façon, je désire indiquer quelques lignes fondamentales pour une redécouverte dans la vie de l’Église, source de renouvellement constant, souhaitant en même temps qu’elle devienne toujours plus le cœur de toute activité ecclésiale.

Pour que notre joie soit parfaite

2. Je voudrais avant tout faire mémoire de la beauté attrayante de la rencontre renouvelée avec le Seigneur Jésus expérimentée au cours de l’Assemblée synodale. Pour cela, faisant écho à la voix des Pères, je m’adresse à tous les fidèles avec les paroles de saint Jean dans sa première lettre : « Nous vous annonçons cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Et nous, nous sommes en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ » (1 Jn 1, 2-3). L’Apôtre utilise les verbes entendre, voir, toucher et contempler (cf. 1 Jn 1, 1) le Verbe de Vie, puisque la Vie elle-même s’est manifestée dans le Christ. Et nous, appelés à la communion avec Dieu et entre nous, nous devons être des messagers de ce don. Dans cette perspective kérygmatique, l’Assemblée synodale a été pour l’Église et pour le monde un témoignage de la beauté de la rencontre avec la Parole de Dieu dans la communion ecclésiale. Par conséquent, j’exhorte tous les fidèles à redécouvrir l’expérience de la rencontre personnelle et communautaire avec le Christ, Verbe de Vie qui s’est rendu visible, et à s’en faire les messagers pour que le don de la vie divine, la communion, s’étende toujours davantage dans le monde entier. En effet, participer à la vie de Dieu, Trinité d’Amour, est plénitude de joie (cf. 1 Jn 1, 4). Et c’est un don et une tâche incontournable de l’Église de communiquer la joie qui vient de la rencontre avec la Personne du Christ, Parole de Dieu présente au milieu de nous. Dans un monde qui souvent ressent Dieu comme superflu ou étranger, nous confessons comme Pierre que Lui seul a « les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68). Il n’existe pas de priorité plus grande que celle-ci : ouvrir à nouveau à l’homme d’aujourd’hui l’accès à Dieu, au Dieu qui parle et qui nous communique son amour pour que nous ayons la vie en abondance (cf. Jn 10, 10).

De « Dei Verbum » au Synode sur la Parole de Dieu

3. Avec la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques sur la Parole de Dieu, nous sommes conscients d’avoir pris pour thème, en un certain sens, le cœur même de la vie chrétienne, en continuité avec la précédente Assemblée synodale sur l’Eucharistie source et sommet de la vie et de la mission de l’Église. En effet, l’Église est fondée sur la Parole de Dieu, elle en naît et en vit[2]. Tout au long des siècles de son histoire, le Peuple de Dieu a toujours trouvé en elle sa force et aujourd’hui encore la communauté ecclésiale grandit dans l’écoute, dans la célébration et dans l’étude de la Parole de Dieu. On doit reconnaître qu’au cours des dernières décennies la sensibilité de la vie ecclésiale sur ce thème s’est accrue, avec une attention particulière à la Révélation chrétienne, à la Tradition vivante et à la Sainte Écriture. À partir du pontificat du Pape Léon XIII, il y a eu un crescendo d’interventions susceptibles de faire prendre une plus grande conscience de l’importance de la Parole de Dieu et des études bibliques dans la vie de l’Église[3], et qui a culminé avec le Concile Vatican II, de façon particulière avec la promulgation de la Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum. Elle représente une borne milliaire sur le chemin ecclésial : « Les Pères synodaux reconnaissent avec gratitude les grands bénéfices apportés par ce document à la vie de l’Église, au point de vue exégétique, théologique, spirituel, pastoral et œcuménique »[4]. Au cours de ces années, la conscience de « l’horizon trinitaire, historique et salvifique de la Révélation»[5] et la reconnaissance de Jésus Christ, comme « le médiateur et la plénitude de toute la Révélation »[6] ont particulièrement grandi. L’Église confesse sans cesse à toutes les générations que le Christ, « par toute sa présence et par toute la manifestation de lui-même, par ses paroles et ses œuvres, par ses signes et ses miracles, mais surtout par sa mort et sa résurrection glorieuse d’entre les morts, enfin par l’envoi de l’Esprit de vérité, achève la Révélation en l’accomplissant »[7].

La grande impulsion que la Constitution Dei Verbum a donnée à la redécouverte de la Parole de Dieu dans la vie de l’Église, à la réflexion théologique sur la Révélation divine et à l’étude de la Sainte Écriture, est connue de tous. Nombreuses ont aussi été les interventions du Magistère ecclésial en ces matières au cours des quarante dernières années[8]. Avec la célébration de ce Synode, l’Église, dans la conscience de la continuité de son propre parcours sous la conduite de l’Esprit Saint, s’est sentie appelée à approfondir davantage le thème de la Parole divine, à la fois pour vérifier la mise en œuvre des indications conciliaires, et pour faire face aux nouveaux défis que le temps présent lance à ceux qui croient dans le Christ.

Le Synode des Évêques sur la Parole de Dieu

4. Durant la XIIe Assemblée synodale, des Pasteurs provenant du monde entier se sont réunis autour de la Parole de Dieu et ont symboliquement mis au centre de l’Assemblée le texte de la Bible pour redécouvrir ce que dans le quotidien nous risquons de tenir pour acquis : le fait que Dieu parle et répond à nos demandes[9]. Nous avons écouté et célébré ensemble la Parole du Seigneur. Nous nous sommes raconté mutuellement ce que le Seigneur accomplit dans le Peuple de Dieu, partageant espérances et préoccupations. Tout cela nous a rendus conscients que nous ne pouvons approfondir notre relation avec la Parole de Dieu qu’à partir du « nous » de l’Église, dans l’écoute et dans l’accueil réciproque. De là, jaillit la gratitude pour les témoignages sur la vie ecclésiale dans les diverses régions du monde, qui ressortent des différentes interventions dans l’aula. De la même manière, il fut également émouvant d’écouter les Délégués fraternels, qui ont accueilli l’invitation à participer à la rencontre synodale. Je pense en particulier à la méditation que nous a offerte Sa Sainteté Bartholoméos Ier, Patriarche œcuménique de Constantinople, pour laquelle les Pères synodaux ont exprimé une profonde reconnaissance[10]. En outre, pour la première fois, le Synode des Évêques a voulu aussi inviter un Rabbin pour qu’il nous donne un précieux témoignage sur les Saintes Écritures juives, qui justement sont une partie de nos Saintes Écritures[11].

Nous avons pu ainsi constater avec joie et gratitude que « dans l’Église, il existe une Pentecôte également aujourd’hui – c’est-à-dire qu’elle parle dans plusieurs langues. Non seulement extérieurement toutes les grandes langues du monde sont représentées en son sein, mais il y existe un sens plus profond encore : en elle, sont présents les multiples modes de l’expérience de Dieu et du monde, la richesse des cultures. Ce n’est qu’ainsi qu’apparaît toute l’étendue de l’existence humaine et, à partir d’elle, l’étendue de la Parole de Dieu »[12]. Nous avons pu constater aussi que la Pentecôte est encore ‘en chemin’ ; différents peuples attendent encore que la Parole de Dieu soit annoncée dans leur langue et dans leur culture.

Ensuite, comment ne pas se souvenir que, durant tout le Synode, le témoignage de l’Apôtre Paul nous a accompagnés ! Il a été providentiel, en effet, que la XIIe Assemblée Générale Ordinaire se soit tenue au cours de l’année consacrée à la figure du grand Apôtre des Gentils, à l’occasion du bimillénaire de sa naissance. Son existence a été totalement caractérisée par le zèle pour la diffusion de la Parole de Dieu. Comment ne pas ressentir dans notre cœur ses paroles vibrantes se référant à sa mission de messager de la Parole divine : « tout cela, je le fais à cause de l’Évangile » (1Co 9, 23) ; « Je n’ai pas honte d’être au service de l’Évangile – écrit-il dans la Lettre aux Romains – car il est la puissance de Dieu pour le salut de tout homme qui est devenu croyant » (1, 16). Quand nous réfléchissons sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église, nous ne pouvons pas ne pas penser à saint Paul et à sa vie donnée pour faire entendre l’annonce du salut du Christ à tous.

Le Prologue de l’Évangile de Jean comme guide

5. Par cette Exhortation apostolique, je désire que les acquis du Synode influencent efficacement la vie de l’Église : dans la relation personnelle avec les Saintes Écritures, dans leur interprétation au cours de la Liturgie et dans la catéchèse, de même que dans la recherche scientifique, afin que la Bible ne demeure pas une Parole du passé, mais une Parole vivante et actuelle. Dans ce but j’entends présenter et approfondir les résultats du Synode en faisant une référence constante au Prologue de l’Évangile de Jean (Jn 1, 1-18), dans lequel nous est communiqué le fondement de notre vie : le Verbe, qui depuis le commencement est auprès de Dieu, s’est fait chair et a habité parmi nous (cf. Jn 1, 14). Il s’agit d’un texte admirable, qui offre une synthèse de toute la foi chrétienne. De cette expérience personnelle que fut pour lui la rencontre du Christ et l’engagement à sa suite, Jean, que la tradition identifie au « disciple que Jésus aimait » (Jn 13, 23 ; 20, 2 ; 21, 7.20), « a tiré une certitude intime : Jésus est la Sagesse de Dieu incarnée, il est sa Parole éternelle qui s’est faite homme sujet à la mort »[13]. Que celui qui « vit et crut » (Jn 20, 8) nous aide nous aussi à appuyer notre tête sur la poitrine du Christ (cf. Jn 13, 25), d’où ont jailli du sang et de l’eau (cf. Jn 19, 34), symboles des Sacrements de l’Église. Suivant l’exemple de l’Apôtre Jean et des autres auteurs inspirés, laissons-nous guider par l’Esprit Saint afin de pouvoir aimer toujours plus la Parole de Dieu.

PREMIÈRE PARTIE :

VERBUM DEI

« Au commencement était le Verbe,
et le Verbe était auprès de Dieu,
et le Verbe était Dieu. […]
Et le Verbe s’est fait chair » (
Jn 1, 1. 14)


LE DIEU QUI PARLE

Dieu en dialogue

6. La nouveauté de la révélation biblique vient du fait que Dieu se fait connaître dans le dialogue qu’il désire instaurer avec nous[14]. La Constitution dogmatique Dei Verbum avait exposé cette réalité en reconnaissant que « Dieu invisible dans l’immensité de sa charité, (…) s’adresse aux hommes comme à des amis, et converse avec eux pour les inviter à entrer en communion avec lui et les recevoir en cette communion »[15]. Mais nous ne comprendrions pas encore pleinement le message du Prologue de saint Jean si nous nous arrêtions à la constatation que Dieu se communique à nous avec amour. En fait, le Verbe de Dieu, par lequel « tout s’est fait » (Jn 1, 3) et qui « s’est fait chair » (Jn 1, 14), est le même Dieu qui est « au commencement » (Jn 1, 1). Si nous percevons ici une allusion au début du Livre de la Genèse (cf. Gn 1, 1), nous nous trouvons, en réalité, face à un principe de caractère absolu, qui nous dévoile la vie intime de Dieu. Le Prologue johannique nous met en face du fait que le Logos est réellement depuis toujours, et depuis toujours il est Dieu lui-même. Par conséquent, il n’y a jamais eu en Dieu un temps où le Logos n’était pas. Le Verbe préexiste à la création. C’est pourquoi, au cœur de la vie divine existe la communion, le don absolu. « Dieu est amour » (1 Jn 4, 16) dira à un autre endroit le même Apôtre, en indiquant par là « l’image chrétienne de Dieu ainsi que l’image de l’homme et de son chemin, qui en découle »[16]. Dieu se fait connaître à nous comme mystère d’amour infini dans lequel le Père depuis l’éternité exprime sa Parole dans l’Esprit Saint. Par conséquent le Verbe, qui depuis le commencement est auprès de Dieu et est Dieu, nous révèle Dieu lui-même dans le dialogue d’amour des Personnes divines et il nous invite à y participer. C’est pourquoi, créés à l’image et à la ressemblance de Dieu amour, nous ne pouvons nous comprendre nous-mêmes que dans l’accueil du Verbe et dans la docilité à l’œuvre de l’Esprit Saint. C’est à la lumière de la révélation opérée par le Verbe divin que se clarifie définitivement l’énigme de la condition humaine.

Analogie de la Parole de Dieu

7. À partir de ces considérations, qui naissent de la méditation du mystère chrétien exprimé dans le Prologue de Jean, il est nécessaire à présent de souligner ce qu’ont affirmé les Pères synodaux concernant les diverses modalités avec lesquelles nous utilisons l’expression « Parole de Dieu ». On a parlé avec justesse d’une symphonie de la Parole, d’une Parole unique qui s’exprime de différentes manières : « comme un chant à plusieurs voix »[17]. Les Pères synodaux ont parlé à ce propos, en référence à la Parole de Dieu, d’une utilisation analogique du langage humain. En effet, si d’un côté cette expression concerne la communication que Dieu fait de lui-même, de l’autre, elle assume des significations diverses qui doivent être considérées avec attention et mises en relation les unes avec les autres, aussi bien du point de vue de la réflexion théologique que de l’usage pastoral. Comme nous le montre de manière claire le Prologue de Jean, le Logos désigne à l’origine le Verbe éternel, c’est-à-dire, le Fils unique engendré par le Père avant tous les siècles et qui lui est consubstantiel : le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Mais ce même Verbe, affirme saint Jean, « s’est fait chair » (Jn 1, 14) ; c’est pourquoi Jésus Christ, né de la Vierge Marie, est réellement le Verbe de Dieu qui s’est fait consubstantiel à nous. Par conséquent, l’expression « Parole de Dieu » indique ici la personne de Jésus Christ, le Fils éternel du Père, fait homme.

Par ailleurs, si au centre de la Révélation divine se situe l’événement du Christ, on doit aussi reconnaître que la création elle-même, le liber naturae, fait aussi essentiellement partie de cette symphonie à plusieurs voix dans laquelle le Verbe unique s’exprime. En même temps, nous affirmons que Dieu a communiqué sa Parole dans l’histoire du salut, qu’il a fait entendre sa voix ; par la puissance de son Esprit, « il a parlé par les prophètes »[18]. La Parole divine se révèle donc au cours de l’histoire du salut et elle parvient à sa plénitude dans le mystère de l’incarnation, de la mort et de la résurrection du Fils de Dieu. La Parole de Dieu est encore celle qui est prêchée par les apôtres, dans l’obéissance au commandement de Jésus ressuscité : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc 16, 15). La Parole de Dieu est donc transmise dans la Tradition vivante de l’Église. Enfin, la Parole divine, attestée et divinement inspirée, c’est l’Écriture Sainte, l’Ancien et le Nouveau Testament. Tout cela nous fait comprendre pourquoi, dans l’Église, nous vénérons beaucoup les Saintes Écritures, bien que la foi chrétienne ne soit pas une « religion du Livre » : le Christianisme est la « religion de la Parole de Dieu », non d’« une parole écrite et muette, mais du Verbe incarné et vivant »[19]. L’Écriture doit donc être proclamée, écoutée, lue, accueillie et vécue comme la Parole de Dieu, dans le sillage de la Tradition apostolique dont elle est inséparable[20].

Comme l’ont affirmé les Pères synodaux, nous nous trouvons réellement face à une utilisation analogique de l’expression « Parole de Dieu », dont nous devons être conscients. Il faut donc que les fidèles soient davantage préparés à en saisir les différents sens et à en comprendre l’unité. De même, du point de vue théologique, il est nécessaire d’approfondir l’articulation des différentes significations de cette expression pour que resplendissent davantage l’unité du dessein divin et son centre : la personne du Christ[21].

Dimension cosmique de la Parole

8. Conscients de la signification essentielle de la Parole de Dieu en référence au Verbe éternel de Dieu fait chair, unique sauveur et médiateur entre Dieu et l’homme[22], et en écoutant cette Parole, nous sommes amenés par la Révélation biblique à reconnaître qu’elle est le fondement de toute la réalité. Le Prologue de saint Jean affirme, en référence au Logos divin, que « par Lui tout s’est fait et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui » (Jn 1, 3) ; de même, dans la Lettre aux Colossiens, il est affirmé en ce qui concerne le Christ, « premier-né par rapport à toute créature » (1, 15), que « tout est créé par lui et pour lui » (1, 16). Et l’auteur de la Lettre aux Hébreux rappelle aussi que « grâce à la foi, nous comprenons que les mondes ont été organisés par la parole de Dieu, si bien que l’univers visible provient de ce qui n’apparaît pas au regard » (11, 3).

Cette annonce est pour nous une parole libératrice. En effet, les affirmations de l’Écriture indiquent que tout ce qui existe n’est pas le fruit d’un hasard irrationnel, mais est voulu par Dieu, fait partie de son dessein, au sommet duquel il nous est offert de participer, dans le Christ, à la vie divine. La création naît du Logos et porte de façon indélébile la marque de la Raison créatrice qui ordonne et guide. Les psaumes chantent cette joyeuse certitude : « Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l’univers, par le souffle de sa bouche » (Ps 33, 6) ; et encore : « il parla, et ce qu’il dit exista ; il commanda, et ce qu’il dit survint » (Ps 33, 9). Toute la réalité exprime ce mystère : « Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l’ouvrage de ses mains » (Ps 19, 2). Par conséquent, c’est l’Écriture Sainte elle-même qui nous invite à connaître le Créateur en observant la création (cf. Ps 13, 5 ; Rm 1, 19-20). La tradition de la pensée chrétienne a su approfondir cet élément-clé de la symphonie de la Parole, quand, par exemple, saint Bonaventure qui, avec la grande tradition des Pères grecs, a vu toutes les possibilités de la création dans le Logos[23], affirme que « toute créature est parole de Dieu, puisqu’elle proclame Dieu »[24]. La Constitution dogmatique Dei Verbum avait résumé cet élément en déclarant qu’« en créant (cf. Jn 1, 3) et en conservant toutes choses par le Verbe, Dieu offre aux hommes dans les choses créées un témoignage durable de lui-même »[25].

La création de l’homme

9. La réalité naît donc de la Parole, comme creatura Verbi et tout est appelé à servir la Parole. La création, en effet, est le lieu où se développe toute l’histoire de l’amour entre Dieu et sa créature. Par conséquent, le salut de l’homme est la raison de tout. En contemplant le cosmos dans la perspective de l’histoire du salut, nous sommes amenés à découvrir la position unique et singulière qu’occupe l’homme dans la création : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Gn 1, 27). Cela nous permet de reconnaître pleinement les dons précieux reçus du Créateur : la valeur de notre propre corps, le don de la raison, de la liberté et de la conscience. En cela, nous trouvons aussi tout ce que la tradition philosophique appelle la « loi naturelle »[26]. En effet, « tout être humain qui accède à la conscience et à la responsabilité fait l’expérience d’un appel intérieur à accomplir le bien »[27] et, donc, à éviter le mal. Comme le rappelle saint Thomas d’Aquin, tous les autres préceptes de la loi naturelle se fondent également sur ce principe[28]. L’écoute de la Parole de Dieu nous porte avant tout à apprécier l’exigence de vivre selon cette loi « écrite dans notre cœur » (cf. Rm 2, 15 ; 7, 23)[29]. De plus, Jésus Christ donne aux hommes la nouvelle Loi, la Loi de l’Évangile, qui assume et réalise de manière éminente la loi naturelle, en nous affranchissant de la loi du péché qui fait que, comme le dit saint Paul, « ce qui est à ma portée, c’est d’avoir envie de faire le bien, mais pas de l’accomplir » (Rm 7, 18) et, par la grâce, il permet aux hommes la participation à la vie divine et leur donne la capacité de dépasser leur égoïsme [30].

Le réalisme de la Parole

10. Celui qui connaît la Parole divine connaît aussi pleinement la signification de toute créature. Si toutes les choses, en effet, « subsistent » en Celui qui est « avant toutes choses » (cf. Col 1, 17), alors celui qui construit sa propre vie sur sa Parole bâtit vraiment de manière solide et durable. La Parole de Dieu nous pousse à changer notre idée du réalisme : la personne réaliste est celle qui reconnaît dans le Verbe de Dieu, le fondement de tout[31]. Nous en avons particulièrement besoin à notre époque, où de nombreuses choses sur lesquelles nous nous appuyons pour construire notre vie, sur lesquelles nous sommes tentés de reporter notre espérance, se révèlent éphémères. L’avoir, le plaisir et le pouvoir se manifestent tôt ou tard incapables de réaliser les aspirations les plus profondes du cœur de l’homme. En effet, pour construire sa vie, celui-ci a besoin de fondements solides, qui demeurent même lorsque les certitudes humaines s’estompent. En réalité, puisque « pour toujours, ta parole, Seigneur, se dresse dans les cieux » et que la fidélité du Seigneur dure « d’âge en âge » (cf. Ps 119, 89-90), celui qui bâtit sur cette parole construit la maison de sa vie sur le roc (cf. Mt 7, 24). Que notre cœur puisse dire tous les jours à Dieu : « Toi mon abri, mon bouclier, j’espère en ta parole » (Ps 119, 114) et, comme saint Pierre, que nous puissions agir tous les jours en nous en remettant au Seigneur Jésus : « sur ton ordre, je vais jeter les filets » (Lc 5, 5) !

Christologie de la Parole

11. À partir de ce regard sur la réalité comme œuvre de la Sainte Trinité, à travers le Verbe divin, nous pouvons comprendre les paroles de l’auteur de la Lettre aux Hébreux : « Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées ; mais, dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous a parlé par ce Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes » (1, 1-2). Il est beau de noter que tout l’Ancien Testament se présente déjà à nous comme l’histoire dans laquelle Dieu communique sa Parole : « En effet, après avoir conclu une alliance avec Abraham (cf. Gn 15, 18) et, par Moïse, avec le peuple d’Israël (cf. Ex 24, 8), il se révéla au peuple qu’il s’était acquis, par des paroles et par des actions, comme le Dieu unique, vivant et vrai, de sorte qu’Israël fit l’expérience des voies de Dieu avec les hommes, qu’il en acquit une intelligence de jour en jour plus profonde et plus claire grâce à Dieu parlant lui-même par la bouche des prophètes, et qu’il manifesta toujours plus largement parmi les nations (cf. Ps 21, 28-29 ; 95, 1-3 ; Is 2, 1-4 ; Jr 3, 17) »[32].

Cette complaisance de Dieu se réalise de manière indépassable au moment de l’incarnation du Verbe. La Parole éternelle qui s’exprime dans la création et qui se communique dans l’histoire du salut est devenue dans le Christ un homme, « né d’une femme » (Ga 4, 4). La Parole ne s’exprime plus ici d’abord à travers un discours, fait de concepts ou de règles. Ici, nous sommes mis face à la personne même de Jésus. Son histoire unique et singulière est la parole définitive que Dieu dit à l’humanité. D’où l’on comprend pourquoi « à l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive »[33]. Le renouvellement de cette rencontre et de cette conscience génère dans le cœur des croyants la stupéfaction devant l’initiative divine que l’homme, avec ses facultés rationnelles et avec son imagination n’aurait jamais pu concevoir. Il s’agit d’une nouveauté incroyable et humainement inconcevable : « Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous » (Jn 1, 14a). Ces expressions n’indiquent pas une figure rhétorique mais une expérience vécue ! C’est saint Jean, témoin oculaire, qui la rapporte : « nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1, 14b). La foi apostolique témoigne que la Parole éternelle s’est faite Un de nous. La Parole divine s’exprime vraiment à travers des paroles humaines.

12. En contemplant cette « Christologie de la Parole », la tradition patristique médiévale a utilisé une expression suggestive : le Verbe s’est abrégé[34]. Dans leur traduction grecque de l’Ancien Testament, les Pères de l’Église ont trouvé une parole du prophète Isaïe - que saint Paul cite aussi - pour montrer que les voies nouvelles de Dieu étaient déjà annoncées dans l’Ancien Testament. On pouvait y lire : « Dieu a rendu brève sa Parole, il l’a abrégée » (Is 10, 23 ; Rm 9, 28). Le Fils, lui-même, est la Parole de Dieu, il est le « Logos : la Parole éternelle s’est faite petite – si petite qu’elle peut entrer dans une mangeoire. Elle s’est faite enfant, afin que la Parole devienne pour nous saisissable »[35]. À présent, la Parole n’est pas seulement audible, elle ne possède pas seulement une voix, maintenant la Parole a un visage, qu’en conséquence nous pouvons voir : Jésus de Nazareth[36].

En suivant le récit des Évangiles, nous relevons que l’humanité même de Jésus apparaît dans toute son originalité dans sa référence à la Parole de Dieu. En effet, il réalise heure par heure, dans son humanité parfaite, la volonté du Père. Jésus écoute sa voix et il lui obéit de tout son cœur. Il connaît le Père et il observe sa parole (cf. Jn 8, 55). Il nous raconte les choses du Père (cf. Jn 12, 50). « Je leur ai donné les paroles que tu m’as données » (Jn 17, 8). Jésus montre donc qu’il est le Logos divin qui se donne à nous, mais aussi le nouvel Adam, l’homme vrai, celui qui accomplit à chaque instant non sa propre volonté mais celle du Père. Il « grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52). De manière parfaite, il écoute, il réalise en lui-même et il nous communique la Parole divine (cf. Lc 5, 1).

La mission de Jésus trouve enfin son accomplissement dans le Mystère Pascal : nous nous trouvons ici face au « langage de la croix » (1 Co 1, 18). Le Verbe se tait, il devient silence de mort, car il s’est « dit » jusqu’à se taire, ne conservant rien de ce qu’il devait communiquer. De manière suggestive, les Pères de l’Église, contemplant ce mystère, mettent sur les lèvres de la Mère de Dieu cette expression : « Sans parole est la parole du Père, laquelle a créé toute la nature parlante, sans mouvement sont les yeux éteints de celui par la parole et le geste de qui est mû tout ce qui se meut »[37]. Ici, nous est vraiment révélé l’amour le « plus grand », celui qui donne sa vie pour ses propres amis (cf. Jn 15, 13).

Dans ce grand mystère, Jésus se manifeste comme la Parole de l’Alliance Nouvelle et Éternelle : la liberté de Dieu et la liberté de l’homme se sont définitivement rencontrées dans sa chair crucifiée, en un pacte indissoluble, à jamais valable. Au cours de l’institution de l’Eucharistie, Jésus lui-même - à la dernière Cène - avait parlé de « la Nouvelle et Éternelle Alliance », scellée par son sang versé (cf. Mt 26, 28 ; Mc 14, 24 ; Lc 22, 20), se montrant comme le véritable Agneau immolé, en qui s’accomplit la libération définitive de l’esclavage[38].

Dans le mystère lumineux de la résurrection, ce silence de la Parole se manifeste dans sa signification authentique et définitive. Le Christ, Parole de Dieu incarnée, crucifiée et ressuscitée, est le Seigneur de toutes choses ; il est le Vainqueur, le Pantokrátor, et tout est récapitulé pour toujours en lui (cf. Ep 1, 10). Le Christ est donc « la lumière du monde » (Jn 8, 12), cette lumière qui « brille dans les ténèbres » (Jn 1, 5) et que les ténèbres n’ont pas arrêtée (cf. Jn 1, 5). Nous comprenons pleinement ici le sens du Psaume 119 : « ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (v. 105) ; la Parole qui ressuscite est cette lumière définitive sur notre route. Dès le début, les chrétiens ont eu conscience que, dans le Christ, la Parole de Dieu est présente en tant que Personne. La Parole de Dieu est la véritable lumière dont l’homme a besoin. Oui, au moment de la résurrection, le Fils de Dieu s’est manifesté comme Lumière du monde. À présent, en vivant avec lui et par lui, nous pouvons vivre dans la lumière.

13. Parvenus, si l’on peut s’exprimer ainsi, au cœur de la « Christologie de la Parole », il est important de souligner l’unité du dessein divin dans le Verbe incarné : c’est pour cela que le Nouveau Testament nous présente le Mystère Pascal en accord avec les Saintes Écritures, comme leur accomplissement parfait. Saint Paul, dans la Première lettre aux Corinthiens, affirme que Jésus Christ est mort pour nos péchés « conformément aux Écritures » (15, 3) et qu’il est ressuscité le troisième jour « conformément aux Écritures » (15, 4). De cette manière, l’Apôtre place l’événement de la mort et de la résurrection du Seigneur en relation avec l’histoire de l’antique Alliance de Dieu avec son peuple. Il nous fait comprendre que c’est même de cet événement que cette histoire tire sa logique et sa véritable signification. Dans le Mystère Pascal s’accomplissent « les paroles de l’Écriture ; c’est-à-dire que - cette mort réalisée "conformément aux Écritures" - est un évènement qui porte en soi un logos, une logique : la mort du Christ témoigne que la Parole de Dieu s’est faite pleinement "chair", "histoire" humaine »[39]. La résurrection de Jésus se produit aussi « le troisième jour conformément aux Écritures » : puisque, suivant l’interprétation juive, la décomposition commençait après le troisième jour, la parole de l’Écriture s’accomplit en Jésus qui ressuscite avant que ne commence la décomposition. Ainsi, en transmettant fidèlement l’enseignement des Apôtres (cf. 1 Co 15, 3), saint Paul souligne que la victoire du Christ sur la mort advient par la puissance créatrice de la Parole de Dieu. Cette puissance divine apporte l’espérance et la joie : c’est là, en définitive, le contenu libérateur de la Révélation pascale. À Pâques, Dieu se révèle lui-même ainsi que la puissance de l’Amour trinitaire qui anéantit les forces destructrices du mal et de la mort.

En rappelant ces éléments essentiels de notre foi, nous pouvons contempler la profonde unité entre la création et la nouvelle création et celle de toute l’histoire du salut dans le Christ. En recourant à une image, nous pouvons comparer l’univers à un « livre » - comme le disait également Galilée – le considérant comme « l’œuvre d’un Auteur qui s’exprime à travers la « symphonie » de la création. Au sein de cette symphonie, on trouve, à un certain moment, ce que l’on appellerait en langage musical un « solo », un thème confié à un seul instrument ou à une voix unique ; et celui-ci est tellement important que la signification de toute l’œuvre dépend de lui. Ce « solo », c’est Jésus ... Le Fils de l’homme résume en Lui la terre et le ciel, la création et le Créateur, la chair et l’Esprit. Il est le centre de l’univers et de l’histoire, parce qu’en Lui s’unissent sans se confondre l’Auteur et son œuvre »[40].

Dimension eschatologique de la Parole de Dieu

14. À travers tout cela, l’Église exprime qu’elle est consciente de se trouver, avec Jésus Christ, face à la Parole définitive de Dieu ; il est « le Premier et le Dernier » (Ap 1, 17). Il a donné à la création et à l’histoire son sens définitif ; c’est pourquoi nous sommes appelés à vivre le temps, à habiter la création de Dieu selon le rythme eschatologique de la Parole ; « l’économie chrétienne, du fait qu’elle est l’Alliance nouvelle et définitive, ne passera jamais et aucune nouvelle révélation publique ne doit plus être attendue avant la glorieuse manifestation de notre Seigneur Jésus Christ (cf. 1 Tm 6, 14 et Tt 2, 13) »[41]. En effet, comme l’ont rappelé les Pères durant le Synode, « la spécificité du Christianisme se manifeste dans l’événement Jésus-Christ, sommet de la Révélation, accomplissement des promesses de Dieu et médiateur de la rencontre entre l’homme et Dieu. Lui « qui nous a révélé Dieu » (cf. Jn 1, 18) est la Parole unique et définitive donnée à l’humanité »[42]. Saint Jean de la Croix a exprimé cette vérité de façon admirable : « Dès lors qu’il nous a donné son Fils, qui est sa Parole - unique et définitive –, il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette seule Parole et il n’a rien de plus à dire. […] Car ce qu’il disait par parties aux prophètes, il l’a dit tout entier dans son Fils, en nous donnant ce tout qu’est son Fils. Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant interroger le Seigneur et lui demander des visions ou révélations, non seulement ferait une folie, mais il ferait injure à Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ et en cherchant autre chose ou quelque nouveauté »[43].

Par conséquent, le Synode a recommandé d’« aider les fidèles à bien distinguer la Parole de Dieu des révélations privées »[44], dont le rôle « n’est pas de (…) "compléter" la Révélation définitive du Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire »[45]. La valeur des révélations privées est foncièrement diverse de l’unique révélation publique : celle-ci exige notre foi ; en effet, en elle, au moyen de paroles humaines et par la médiation de la communauté vivante de l’Église, Dieu lui-même nous parle. Le critère pour établir la vérité d’une révélation privée est son orientation vers le Christ lui-même. Quand celle-ci nous éloigne de Lui, à ce moment-là elle ne vient certainement pas de l’Esprit Saint, qui nous conduit à l’Évangile et non hors de lui. La révélation privée est une aide pour la foi, et elle se montre crédible précisément parce qu’elle renvoie à l’unique révélation publique. C’est pourquoi l’approbation ecclésiastique d’une révélation privée indique essentiellement que le message s’y rapportant ne contient rien qui s’oppose à la foi et aux bonnes mœurs. Il est permis de le rendre public, et les fidèles sont autorisés à y adhérer de manière prudente. Une révélation privée peut introduire de nouvelles expressions, faire émerger de nouvelles formes de piété ou en approfondir d’anciennes. Elle peut avoir un certain caractère prophétique (cf. 1 Th 5, 19-21) et elle peut être une aide valable pour comprendre et pour mieux vivre l’Évangile à l’heure actuelle. Elle ne doit donc pas être négligée. C’est une aide, qui nous est offerte, mais il n’est pas obligatoire de s’en servir. Dans tous les cas, il doit s’agir de quelque chose qui nourrit la foi, l’espérance et la charité, qui sont pour tous le chemin permanent du salut[46].

La Parole de Dieu et l’Esprit Saint

15. Après nous être arrêtés sur la Parole dernière et définitive de Dieu au monde, nous devons parler à présent de la mission de l’Esprit Saint en lien avec la Parole divine. En effet, aucune compréhension authentique de la Révélation chrétienne ne peut être atteinte en dehors de l’action du Paraclet. Et ce, parce que la communication que Dieu fait de lui-même implique toujours la relation entre le Fils et l’Esprit Saint, qu’Irénée de Lyon appelle, de fait, « les deux mains du Père »[47]. De plus, c’est l’Écriture Sainte qui nous montre la présence de l’Esprit Saint dans l’histoire du salut et en particulier dans la vie de Jésus, qui a été conçu de la Vierge Marie par l’action de l’Esprit Saint (cf. Mt 1, 18 ; Lc 1, 35) ; au début de son ministère public, sur les rives du Jourdain, Jésus le voit descendre sur lui sous la forme d’une colombe (cf. Mt 3, 16 et par.) ; par ce même Esprit, il agit, il parle et il exulte (cf. Lc 10, 21) ; et c’est en Lui qu’il peut s’offrir lui-même (cf. He 9,14). Alors que sa mission s’achève, suivant le récit de l’Évangéliste Jean, c’est Jésus lui-même qui met clairement en relation le don de sa vie avec l’envoi de l’Esprit aux siens (cf. Jn 16, 7). Ensuite, Jésus ressuscité, portant dans sa chair les signes de sa passion, répand l’Esprit (cf. Jn 20, 22), rendant les siens participants de sa propre mission (cf. Jn 20, 21). Ce sera alors l’Esprit Saint qui enseignera toutes choses aux disciples et qui leur rappellera tout ce que le Christ a dit (cf. Jn 14, 26), parce qu’il lui revient, en tant qu’Esprit de Vérité (cf. Jn 15, 26), d’introduire les disciples dans la Vérité tout entière (cf. Jn 16, 13). Enfin, comme on lit dans les Actes des Apôtres, l’Esprit descend sur les Douze réunis en prière avec Marie, au jour de la Pentecôte (cf. 2, 1-4), et il les remplit de force en vue de leur mission d’annoncer la Bonne Nouvelle à tous les peuples [48].

La Parole de Dieu s’exprime donc en paroles humaines grâce à l’action de l’Esprit Saint. La mission du Fils et celle de l’Esprit Saint sont inséparables et constituent une unique économie du salut. L’Esprit, qui agit au moment de l’incarnation du verbe dans le sein de la vierge Marie, est le même Esprit qui guide Jésus au cours de sa mission et qui est promis aux disciples. Le même Esprit, qui a parlé par l’intermédiaire des prophètes, soutient et inspire l’Église dans sa tâche d’annoncer la Parole de Dieu et dans la prédication des apôtres. Enfin, c’est cet Esprit qui inspire les auteurs des Saintes Écritures.

16. Attentifs à cet horizon pneumatologique, les Pères synodaux ont voulu rappeler l’importance de l’action de l’Esprit Saint dans la vie de l’Église et dans le cœur des croyants par rapport à l’Écriture Sainte[49]. En effet, sans l’action efficace de « l’Esprit de Vérité » (Jn 14, 16) on ne peut comprendre les paroles du Seigneur. Comme le rappelle saint Irénée : « Ceux qui ne participent pas à l’Esprit ne puisent pas au sein de leur Mère (l’Église) la nourriture de Vie, ils ne reçoivent rien de la source très pure qui coule du Corps du Christ »[50]. Comme la Parole de Dieu vient à nous dans le Corps du Christ, dans le corps eucharistique et dans le corps des Écritures par l’action de l’Esprit Saint, de même elle ne peut être accueillie et comprise pleinement que grâce à ce même Esprit.

Les grands écrivains de la tradition chrétienne prennent unanimement en considération le rôle de l’Esprit Saint dans le rapport que les croyants doivent avoir avec les Écritures. Saint Jean Chrysostome affirme que l’Écriture « a besoin de la révélation de l’Esprit, afin qu’en découvrant le véritable sens des choses qui s’y trouvent, nous en tirions abondamment profit »[51]. Saint Jérôme est lui aussi fermement convaincu que « nous ne pouvons arriver à comprendre l’Écriture sans l’aide de l’Esprit Saint qui l’a inspirée »[52]. Saint Grégoire le Grand souligne également de manière suggestive l’œuvre du même Esprit dans la formation et dans l’interprétation de la Bible : « Il a lui-même créé les paroles des Saints Testaments, c’est lui-même qui les ouvre »[53]. Richard de Saint-Victor rappelle qu’il faut des « yeux de colombe », illuminés et instruits par l’Esprit, pour comprendre le texte sacré[54].

Je voudrais souligner encore l’importance du témoignage que nous trouvons, à propos de la relation entre l’Esprit Saint et l’Écriture, dans les textes liturgiques, où la Parole de Dieu est proclamée, écoutée et expliquée aux fidèles. C’est le cas d’anciennes prières qui, sous forme d’épiclèses, invoquent l’Esprit avant la proclamation des lectures : « Envoie ton Esprit Saint Paraclet dans nos âmes et fais-nous comprendre les Écritures qu’il a inspirées ; et concède-moi de les interpréter de manière digne, pour que les fidèles ici réunis en tirent avantage ». En même temps, nous trouvons des prières qui, au terme de l’homélie, invoquent à nouveau Dieu pour le don de l’Esprit sur les fidèles : « Dieu sauveur (…) nous t’implorons pour ce peuple : envoie sur lui l’Esprit Saint ; que le Seigneur Jésus vienne le visiter, qu’il parle aux consciences de tous et qu’il prépare les cœurs à la foi et conduise à toi nos âmes, Dieu des Miséricordes »[55]. Tout cela nous permet de comprendre pourquoi l’on ne peut pas arriver à saisir le sens de la Parole si l’action du Paraclet n’est pas accueillie dans l’Église et dans le cœur des croyants.

Tradition et Écriture

17. En réaffirmant le lien profond entre l’Esprit Saint et la Parole de Dieu, nous avons aussi posé les fondations pour comprendre le sens et la valeur déterminante de la Tradition vivante et des Écritures Saintes dans l’Église. En effet, puisque « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16), la Parole divine, prononcée dans le temps, s’est donnée et « livrée » à l’Église de manière définitive, afin que l’annonce du salut puisse être communiquée de manière efficace à toutes les époques et en tous lieux. Comme nous le rappelle la Constitution dogmatique Dei Verbum, Jésus Christ lui-même « ayant accompli lui-même et proclamé de sa propre bouche l’Évangile d’abord promis par les prophètes, ordonna à ses Apôtres de Le prêcher à tous comme la source de toute vérité salutaire et de toute règle morale, en leur communiquant les dons divins. Ce qui fut fidèlement accompli tantôt par les Apôtres, qui, dans la prédication orale, dans les exemples et les institutions transmirent, soit ce qu’ils avaient appris de la bouche du Christ en vivant avec Lui et en le voyant agir, soit ce qu’ils tenaient des suggestions du Saint-Esprit, tantôt par ces Apôtres et des hommes de leur entourage, qui, sous l’inspiration du même Esprit- Saint, consignèrent par écrit le message de salut »[56].

Le Concile Vatican II rappelle, par ailleurs, que cette Tradition d’origine apostolique est une réalité vivante et dynamique : elle progresse dans l’Église sous l’assistance du Saint-Esprit, non dans le sens qu’elle change dans sa vérité, qui est éternelle, mais plutôt que « la perception des réalités aussi bien que des paroles transmises s’accroît », par la contemplation et par l’étude, avec l’intelligence que donne une expérience spirituelle plus profonde, et par « la prédication de ceux qui, avec la succession dans l’épiscopat, ont reçu un charisme certain de vérité »[57].

La Tradition vivante est essentielle afin que l’Église puisse grandir au fil du temps dans la compréhension de la vérité révélée dans les Écritures ; en effet, « par cette même Tradition, le canon intégral des Livres saints se fait connaître à l’Église, et en elle aussi les Saintes Écritures elles-mêmes sont comprises plus à fond et sans cesse rendues agissantes »[58]. En fin de compte, c’est la Tradition vivante de l’Église qui nous fait comprendre de manière adéquate la Sainte Écriture comme Parole de Dieu. Même si le Verbe de Dieu précède et transcende la Sainte Écriture, toutefois, dans la mesure où elle est inspirée par Dieu, elle contient la Parole divine (cf. 2 Tm 3, 16) « d’une manière tout à fait particulière »[59].

18. D’où l’importance d’éduquer et de former de façon claire le Peuple de Dieu à s’approcher des Saintes Écritures par rapport à la Tradition vivante de l’Église, en reconnaissant en elles la Parole même de Dieu. Faire grandir cette attitude chez les fidèles est très important du point de vue de la vie spirituelle. Il peut être utile de rappeler à ce propos une analogie développée par les Pères de l’Église entre le Verbe de Dieu qui se fait « chair » et la Parole qui se fait « livre »[60]. La Constitution dogmatique Dei Verbum, recueillant cette ancienne tradition selon laquelle « son corps (celui du Fils), ce sont les enseignements des Écritures » - comme le disait saint Ambroise[61] -, affirme : « les paroles de Dieu, exprimées en langues humaines, sont devenues semblables au langage humain, de même que jadis le Verbe du Père éternel, ayant assumé la chair humaine avec ses faiblesses, est devenu semblable aux hommes »[62]. Comprise ainsi, l’Écriture Sainte se présente à nous, bien que dans la multiplicité de ses formes et de ses contenus, comme une réalité unifiée. En effet, « à travers toutes les paroles de l’Écriture Sainte, Dieu ne dit qu’une seule Parole, son Verbe unique en qui il se dit tout entier (cf. He 1, 1-3) »[63], comme l’affirmait déjà saint Augustin avec clarté : « Rappelez-vous que le discours de Dieu, qui est développé dans toute la Sainte Écriture, est un seul et qu’un seul est le Verbe qui résonne sur la bouche de tous les auteurs sacrés »[64].

En fin de compte, à travers l’action de l’Esprit Saint et sous la conduite du Magistère, l’Église transmet à toutes les générations tout ce qui a été révélé dans le Christ. L’Église vit dans la certitude que son Seigneur, qui a parlé dans le passé, ne cesse de communiquer sa Parole, aujourd’hui, dans la Tradition vivante de l’Église et dans l’Écriture Sainte. En effet, la Parole de Dieu se donne à nous dans l’Écriture Sainte comme témoignage inspiré de la Révélation qui, avec la Tradition vivante de l’Église, constitue la règle suprême de la foi[65].

Écriture Sainte, inspiration et vérité

19. Un concept clé pour accueillir le texte sacré, en tant que Parole de Dieu, faite paroles humaines, est indubitablement celui de l’inspiration. Ici aussi, nous pouvons suggérer une analogie : comme le Verbe de Dieu s’est fait chair par l’action de l’Esprit Saint dans le sein de la Vierge Marie, de même l’Écriture Sainte naît du sein de l’Église par l’action du même Esprit. L’Écriture Sainte est « Parole de Dieu en tant que, sous le souffle de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit »[66]. On reconnaît de cette manière toute l’importance de l’auteur humain qui a écrit les textes inspirés et, en même temps, de Dieu lui-même, reconnu comme son auteur véritable.

Comme les Pères synodaux l’ont affirmé, il apparaît à l’évidence combien le thème de l’inspiration est décisif pour s’approcher de façon juste des Écritures et pour en faire une exégèse correcte[67], qui, à son tour, doit être effectuée dans l’Esprit même dans lequel elles ont été écrites[68]. Lorsque s’affaiblit en nous la conscience de son inspiration, on risque de lire l’Écriture comme un objet de curiosité historique et non plus comme l’œuvre de l’Esprit Saint, par laquelle nous pouvons entendre la voix même du Seigneur et connaître sa présence dans l’histoire.

En outre, les Pères synodaux ont souligné avec justesse que le thème de l’inspiration est aussi lié au thème de la vérité des Écritures[69]. C’est pourquoi, un approfondissement de la compréhension de l’inspiration portera sans aucun doute aussi à une plus grande intelligence de la vérité contenue dans les livres saints. Comme l’affirmait la doctrine conciliaire sur ce thème, les livres inspirés enseignent la vérité : « Dès lors, puisque tout ce que les auteurs inspirés ou hagiographes affirment doit être tenu pour affirmé par l’Esprit Saint, il faut par conséquent professer que les livres de l’Écriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée dans les saintes Lettres en vue de notre salut. C’est pourquoi "toute Écriture inspirée de Dieu est utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice afin que l’homme de Dieu se trouve accompli, équipé pour toute œuvre bonne" (2 Tm 3, 16-17, gr.) »[70].

La réflexion théologique a certainement toujours considéré l’inspiration et la vérité comme deux concepts clé pour une herméneutique ecclésiale des Saintes Écritures. Toutefois, nous devons reconnaître la nécessité actuelle d’approfondir de façon adéquate ces réalités, afin de pouvoir mieux répondre aux exigences relatives à l’interprétation des textes sacrés selon leur nature. Dans cette perspective, je souhaite ardemment que la recherche dans ce domaine puisse progresser et qu’elle porte du fruit pour la science biblique et pour la vie spirituelle des fidèles.

Dieu Père, Alfa et Omega de la Parole

20. L’économie de la Révélation a donc son commencement et son origine en Dieu le Père. Par sa Parole « il a fait les cieux, l’univers par le souffle de sa bouche » (Ps 33, 6). C’est Lui qui fait « resplendir la connaissance de la gloire de Dieu qui rayonne sur le visage du Christ » (cf. 2 Co 4, 6 ; cf. Mt 16, 17 ; Lc 9, 29).

Dans le Fils, Logos fait chair (cf. Jn 1, 14), venu accomplir la volonté de Celui qui l’a envoyé (cf. Jn 4, 34), Dieu, source de la Révélation, se manifeste en tant que Père et porte à sa pleine réalisation la divinisation de l’homme, déjà assurée auparavant par les paroles des prophètes et par les merveilles qu’il a réalisées dans la création et dans l’histoire de son peuple et de tous les hommes. Le sommet de la révélation de Dieu le Père est offert par le Fils à travers le don du Paraclet (cf. Jn 14, 16), Esprit du Père et de son Fils, qui nous « guide vers la vérité tout entière » (cf. Jn 16, 13).

C’est ainsi que toutes les promesses de Dieu deviennent « oui » en Jésus Christ (cf. 2 Co 1, 20). S’ouvre ainsi à l’homme la possibilité de parcourir le chemin qui le conduit au Père (cf. Jn 14, 6), pour qu’à la fin « Dieu soit tout en tous » (1 Co 15, 28).

21. Comme le montre la croix du Christ, Dieu parle aussi à travers son silence. Le silence de Dieu, l’expérience de l’éloignement du Tout-Puissant et du Père est une étape décisive du parcours terrestre du Fils de Dieu, Parole incarnée. Pendu au bois de la croix, il a crié la douleur qu’un tel silence lui causait : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34 ; Mt 27, 46). Persévérant dans l’obéissance jusqu’à son dernier souffle de vie, dans l’obscurité de la mort, Jésus a perçu la présence de Dieu Père et l’a invoqué. C’est à Lui qu’il s’en remet au moment du passage, à travers la mort, à la vie éternelle : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23, 46).Cette expérience de Jésus est comparable à la situation de l’homme qui, après avoir écouté et reconnu la Parole de Dieu, doit aussi se mesurer avec son silence. Bien des saints et des mystiques ont vécu une telle expérience qui aujourd’hui encore fait partie du cheminement de nombreux chrétiens. Le silence de Dieu prolonge ses paroles précédemment énoncées. Dans ces moments obscurs, il parle paradoxalement par son silence. C’est pourquoi, dans la dynamique de la Révélation chrétienne, le silence apparaît comme une expression importante de la Parole de Dieu.


LA RÉPONSE DE L’HOMME À DIEU QUI PARLE

Appelés à entrer dans l’Alliance avec Dieu

22. Soulignant la multiplicité des formes de la Parole, nous avons pu contempler, à travers toutes ces modalités, Dieu qui parle et qui vient à la rencontre de l’homme, en se faisant connaître dans un dialogue. Bien sûr, comme l’ont affirmé les Pères synodaux, « quand il se réfère à la Révélation, le dialogue comporte le primat de la Parole de Dieu adressée à l’homme »[71]. Le mystère de l’Alliance exprime cette relation entre Dieu qui appelle par sa Parole et l’homme qui répond, dans la claire conscience qu’il ne s’agit pas d’une rencontre entre deux parties contractantes situées sur un pied d’égalité ; ce que nous appelons l’Ancienne et la Nouvelle Alliance n’est pas un acte d’entente entre deux parties égales, mais un pur don de Dieu. Par ce don de son amour, dépassant toute distance, Dieu fait vraiment de nous ses « partenaires », réalisant ainsi le mystère nuptial de l’amour entre le Christ et l'Église. Dans cette perspective, chaque homme apparaît comme destinataire de la Parole, interpellé et appelé à entrer dans ce dialogue d’amour par une réponse libre. Chacun de nous est ainsi rendu par Dieu capable d’écouter et de répondre à la Parole divine. L’homme est créé dans la Parole et il vit en elle ; il ne peut se comprendre lui-même s’il ne s’ouvre à ce dialogue. La Parole de Dieu révèle la nature filiale et relationnelle de notre vie. Nous sommes vraiment appelés par grâce à nous conformer au Christ, le Fils du Père, et à être transformés en Lui.

Dieu écoute l’homme et répond à ses demandes

23. Dans ce dialogue avec Dieu, nous nous comprenons nous-mêmes et nous trouvons la réponse aux interrogations les plus profondes qui habitent notre cœur. Car la Parole de Dieu ne s’oppose pas à l’homme, ne mortifie pas ses désirs authentiques, bien au contraire, elle les illumine, les purifie et les porte à leur accomplissement. Comme il est important pour notre temps de découvrir que seul Dieu répond à la soif qui est dans le cœur de tout homme ! À notre époque et surtout en Occident, s’est malheureusement diffusée l’idée que Dieu est étranger à la vie et aux problèmes de l’homme et, plus encore, que sa présence peut être une menace pour son autonomie. En réalité, toute l’économie du Salut nous montre que Dieu parle et intervient dans l’histoire en faveur de l’homme et de son salut intégral. Il est donc décisif, d’un point de vue pastoral, de présenter la Parole de Dieu dans sa capacité de répondre aux problèmes que l’homme doit affronter dans la vie quotidienne. Jésus se présente justement à nous comme celui qui est venu pour que nous puissions avoir la vie en abondance (cf. Jn 10, 10). Pour cela, nous devons déployer tous nos efforts pour que la Parole de Dieu apparaisse à chacun comme une ouverture à ses problèmes, une réponse à ses questions, un élargissement des valeurs et en même temps comme une satisfaction apportée à ses aspirations. La pastorale de l'Église doit être attentive à illustrer avec soin comment Dieu écoute les besoins de l’homme et son cri. Saint Bonaventure affirme dans le Breviloquium : « Le fruit de l’Écriture Sainte n’est pas quelconque, c’est la plénitude de l’éternelle félicité. Car elle est l’Écriture Sainte dans laquelle sont les paroles de la vie éternelle ; elle est donc écrite, non seulement pour que nous croyions, mais aussi pour que nous possédions la vie éternelle dans laquelle, nous verrons, nous aimerons et où nos désirs seront universellement comblés»[72].

Dialoguer avec Dieu à travers ses Paroles

24. La Parole divine introduit chacun de nous dans un dialogue avec le Seigneur. Le Dieu qui parle, nous apprend comment nous pouvons parler avec Lui. Spontanément vient à l’esprit le Livre des Psaumes, dans lequel Dieu nous donne les paroles avec lesquelles nous pouvons nous adresser à Lui, Lui présenter notre vie dans un colloque avec Lui, transformant ainsi la vie-même en un mouvement vers Dieu[73]. Dans les Psaumes, en effet, nous trouvons toute la gamme des sentiments que l’homme peut éprouver dans son existence et qui prennent place avec sagesse devant Dieu : joie et douleur, angoisse et espérance, peur et anxiété trouvent ici leur expression. Avec les Psaumes, nous pensons aussi aux nombreux autres textes de la Sainte Écriture qui expriment la manière dont l’homme s’adresse à Dieu sous la forme de la prière d’intercession (cf. Ex 33, 12-16), du chant de joie pour la victoire (cf. Ex 15), ou d’une lamentation dans l’accomplissement de sa propre mission (cf. Jr 20, 7-18). De cette façon, la parole que l’homme adresse à Dieu devient à son tour Parole de Dieu, confirmant le caractère de dialogue de toute la Révélation chrétienne[74]. L’existence tout entière de l’homme devient, dans cette perspective, un dialogue avec Dieu qui parle et écoute, qui appelle et engage notre vie. La Parole de Dieu révèle que toute l’existence de l’homme se situe dans le champ de l’appel divin[75].

La Parole de Dieu et la foi

25. « À Dieu qui révèle il faut apporter ‘l’obéissance de la foi’ (Rm 16, 26 ; cf. Rm 1, 5 ; 2 Co 10, 5-6), par laquelle l’homme s’en remet tout entier librement à Dieu, en présentant ‘à Dieu qui révèle la pleine soumission de l’intelligence et de la volonté’ et en donnant de plein gré son assentiment à la Révélation qu’Il a faite »[76]. Avec ces paroles, la Constitution dogmatique Dei Verbum a exprimé, de manière précise, l’attitude de l’homme devant Dieu. La réponse propre de l’homme à Dieu qui parle est la foi. En cela il est évident que « pour accueillir la Révélation, l’homme doit ouvrir sa conscience et son cœur à l’action de l’Esprit Saint qui lui fait comprendre la Parole de Dieu présente dans les Écritures Saintes »[77]. En effet, c’est le propre de la prédication de la Parole divine de faire surgir la foi, par laquelle nous adhérons de cœur à la vérité révélée et nous nous confions tout entier au Christ : « la foi naît de ce qu’on entend, et ce qu’on entend, c’est l’annonce de la parole du Christ » (Rm 10, 17). C’est toute l’histoire du Salut qui, de façon progressive, nous montre ce lien intime entre la Parole de Dieu et la foi qui s’accomplit dans la rencontre avec le Christ. Avec Lui, la foi prend la forme de la rencontre avec une Personne à laquelle on confie sa propre vie. Le Christ Jésus reste présent aujourd’hui dans l’histoire, dans son corps qui est l’Église ; ainsi, l’acte de notre foi est simultanément un acte personnel et ecclésial.

Le péché comme non-écoute de la Parole de Dieu

26. La Parole de Dieu révèle inévitablement aussi la possibilité dramatique, de la part de la liberté de l’homme, de se soustraire à ce dialogue d’alliance avec Dieu pour lequel nous avons été créés. La Parole divine révèle aussi le péché qui habite le cœur de l’homme. Nous trouvons très souvent, aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, la description du péché comme non-écoute de la Parole, comme rupture de l’Alliance et donc comme fermeture à l’égard de Dieu qui appelle à la communion avec Lui[78]. En effet, l’Écriture Sainte nous montre comment le péché de l’homme est essentiellement désobéissance et ‘non-écoute’. C’est vraiment l’obéissance radicale de Jésus jusqu’à la mort de la Croix (Ph 2, 8) qui démasquera totalement ce péché. Dans son obéissance s’accomplit la Nouvelle Alliance entre Dieu et l’homme et nous est donnée la possibilité de la réconciliation. Jésus, en effet, a été envoyé par le Père comme victime d’expiation pour nos péchés et pour ceux du monde entier (cf 1 Jn 2, 2 ; 4, 10 ; Hb 7, 27). Ainsi, la possibilité miséricordieuse de la rédemption nous est offerte et le début d’une vie nouvelle dans le Christ. Pour cela, il est important que les fidèles soient formés à reconnaître la racine du péché dans la non-écoute de la Parole du Seigneur et à accueillir en Jésus, le Verbe de Dieu, le pardon qui nous ouvre au salut.

Marie, « Mère du Verbe de Dieu » et « Mère de la foi »

27. Les Pères synodaux ont déclaré que le but fondamental de la XIIe Assemblée était avant tout de « renouveler la foi de l'Église dans la Parole de Dieu » ; pour cela, il est nécessaire de regarder là où la réciprocité entre la Parole de Dieu et la foi s’est accomplie parfaitement, c'est-à-dire chez la Vierge Marie, « qui par son ‘oui’ à la parole de l’Alliance et à sa mission, accomplit parfaitement la vocation divine de l’humanité »[79]. La réalité humaine, créée par le Verbe, trouve vraiment son plein accomplissement dans la foi obéissante de Marie. De l’Annonciation à la Pentecôte, elle se présente à nous comme la femme totalement disponible à la volonté de Dieu. Elle est l’Immaculée Conception, celle qui est « pleine de la grâce » de Dieu (cf. Lc 1, 28), docile à la Parole divine de façon inconditionnelle (cf. Lc 1, 38). Sa foi obéissante place son existence à chaque instant face à l’initiative de Dieu. Vierge à l’écoute, elle vit en pleine syntonie avec la volonté divine ; elle garde dans son cœur les événements de la vie de son Fils, en les ordonnant en une seule mosaïque (cf. Lc 2, 19.51)[80].

À notre époque, il est nécessaire que les fidèles soient initiés à mieux découvrir le lien entre Marie de Nazareth et l’écoute croyante de la Parole divine. J’exhorte aussi les chercheurs à approfondir le plus possible le rapport entre la mariologie et la théologie de la Parole. De cela, on pourra tirer un grand bénéfice autant pour la vie spirituelle que pour les études théologiques et bibliques. En effet, ce que l’intelligence de la foi a saisi concernant Marie se situe au centre le plus intime de la vérité chrétienne. En réalité, l’incarnation du Verbe ne peut être pensée en faisant abstraction de la liberté de cette jeune fille qui, par son assentiment, coopère de façon décisive à l’entrée de l’Eternel dans le temps. Elle est la figure de l'Église à l’écoute de la Parole de Dieu qui, en elle, s’est faite chair. Marie est aussi le symbole de l’ouverture à Dieu et aux autres ; de l’écoute active qui intériorise, qui assimile et où la Parole divine devient la matrice de la vie.

28. À ce point, je désire attirer l’attention sur la familiarité de Marie avec la Parole de Dieu. C’est ce qui resplendit avec une force particulière dans le Magnificat. Ici, en un certain sens, on voit comment elle s’identifie à la Parole, comment elle entre en elle ; dans ce merveilleux cantique de foi, la Vierge exalte le Seigneur avec sa propre Parole : « Le Magnificat, - portrait, pour ainsi dire, de son âme - est entièrement tissé de fils de l’Écriture Sainte, de fils extraits de la Parole de Dieu. On voit ainsi apparaître que, dans la Parole de Dieu, Marie est vraiment chez elle, elle en sort et elle y rentre avec un grand naturel. Elle parle et pense au moyen de la Parole de Dieu ; la Parole de Dieu devient sa parole, et sa parole naît de la Parole de Dieu. De plus, se manifeste ainsi que ses pensées sont au diapason des pensées de Dieu, que sa volonté consiste à vouloir avec Dieu. Étant profondément pénétrée par la Parole de Dieu, elle peut devenir la mère de la Parole incarnée »[81].

En outre, la référence à la Mère de Dieu nous montre comment l’agir de Dieu dans le monde implique aussi notre liberté parce que, dans la foi, la Parole divine nous transforme. Aussi, notre action apostolique et pastorale ne pourra jamais être efficace si nous n’apprenons pas de Marie à nous laisser modeler par l’œuvre de Dieu en nous : « l’attention pleine d’amour et de dévotion à la figure de Marie comme modèle et archétype de la foi de l'Église, est d’une importance capitale pour opérer aujourd'hui aussi un changement concret de paradigme dans la relation de l’Église avec la Parole, aussi bien dans l’attitude d’écoute orante qu’à travers la générosité de l’engagement pour la mission et l’annonce » [82].

Contemplant chez la Mère de Dieu une existence totalement modelée par la Parole, nous découvrons aussi que nous sommes appelés à entrer dans le mystère de la foi, par laquelle le Christ vient demeurer dans notre vie. Chaque chrétien qui croit, nous rappelle saint Ambroise, conçoit et engendre en un certain sens, le Verbe de Dieu en lui-même : s’il n’y a qu’une seule Mère du Christ selon la chair, en revanche, selon la foi, le Christ est le fruit de tous[83]. Donc ce qui est arrivé à Marie peut arriver en chacun de nous, chaque jour, dans l’écoute de la Parole et dans la célébration des Sacrements.

L’HERMÉNEUTIQUE DE L’ÉCRITURE SAINTE DANS L’ÉGLISE

L'Église, lieu originaire de l’herméneutique de la Bible

29. Un autre grand sujet mis en valeur lors du Synode, sur lequel j’entends maintenant appeler l’attention, est l’interprétation de l’Écriture Sainte dans l’Église. Le lien intrinsèque entre la Parole et la foi met vraiment en évidence que l’authentique herméneutique de la Bible ne peut se situer que dans la foi ecclésiale, qui a dans le ‘oui’ de Marie, son paradigme. Saint Bonaventure affirme à ce sujet que, sans la foi, on n’a pas la clé d’accès au texte sacré : « C’est de cette connaissance de Jésus-Christ que découle, telle une source, la certitude et l’intelligence contenue dans toute l’Écriture Sainte. En conséquence, il est impossible d’entrer dans la connaissance de l’Écriture Sainte sans cette foi venant du Christ. Cette foi est lumière, porte et aussi fondement de toute l’Écriture »[84]. Et saint Thomas d’Aquin, en mentionnant saint Augustin, insiste avec force : « Même la lettre de l’Évangile tue s’il manque à l’intérieur de l’homme, la grâce de la foi qui guérit »[85].

Cela nous permet de rappeler un critère fondamental de l’herméneutique biblique : le lieu originaire de l’interprétation scripturaire est la vie de l’Église. Cette affirmation n’indique pas la référence ecclésiale comme un critère extrinsèque auquel les exégètes doivent se plier, mais elle est demandée par la réalité même des Écritures et par la manière dont elles se sont formées dans le temps. En effet, « les traditions de la foi formaient le milieu vital dans lequel s’est insérée l’activité littéraire des auteurs de l’Écriture Sainte. Cette insertion comprenait aussi la participation à la vie liturgique et à l’activité extérieure des communautés, à leur monde spirituel, à leur culture et aux péripéties de leur destinée historique. L’interprétation de l’Écriture Sainte exige donc, de manière semblable, la participation des exégètes à toute la vie et à toute la foi de la communauté croyante de leur temps»[86]. Par conséquent, « puisque la Sainte Écriture doit aussi être lue et interprétée à la lumière du même Esprit que celui qui la fit rédiger »[87], il convient que les exégètes, les théologiens et tout le Peuple de Dieu la considèrent pour ce qu’elle est réellement, la Parole de Dieu qui se communique à nous à travers une parole humaine (cf. 1 Th 2, 13). Ceci est une donnée constante contenue implicitement dans la Bible même : « aucune prophétie de l’Écriture ne vient d’une intuition personnelle. En effet, ce n’est jamais la volonté d’un homme qui a porté une prophétie : c’est portés par l’Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 P 1, 20-21). Du reste, c’est le propre de la foi de l'Église de reconnaître dans la Bible la Parole de Dieu ; comme le dit admirablement saint Augustin, « Je ne croirais pas en l’Évangile si l’autorité de l'Église ne m’y entraînait pas »[88]. C’est l’Esprit Saint, qui anime la vie de l’Église, pour la rendre capable d’interpréter authentiquement les Écritures. La Bible est le livre de l'Église et, de son immanence dans la vie ecclésiale, jaillit aussi sa véritable herméneutique.

30. Saint Jérôme rappelle que nous ne pouvons jamais lire seuls l’Écriture. Nous trouvons trop de portes fermées et nous glissons facilement dans l’erreur. La Bible a été écrite par le Peuple de Dieu et pour le Peuple de Dieu, sous l’inspiration de l’Esprit Saint. C’est seulement dans cette communion avec le Peuple de Dieu, dans ce ‘nous’ que nous pouvons réellement entrer dans le cœur de la vérité que Dieu lui-même veut nous dire.[89] Le grand savant, pour qui « l’ignorance des Écritures est l’ignorance du Christ »[90], affirme que l’ecclésialité de l’interprétation biblique n’est pas une exigence imposée de l’extérieur ; le Livre est vraiment la voix du Peuple de Dieu pérégrinant, et c’est seulement dans la foi de ce peuple que nous sommes, pour ainsi dire, dans la tonalité juste pour comprendre la Sainte Écriture. Une authentique interprétation de la Bible doit toujours être dans une harmonieuse concordance avec la foi de l'Église catholique. Saint Jérôme s’adressait ainsi à un prêtre : « Reste fermement attaché à la doctrine traditionnelle qui t’a été enseignée, afin que tu puisses exhorter selon la saine doctrine et réfuter ceux qui la contredisent »[91].

Les approches du texte sacré qui font abstraction de la foi peuvent suggérer des éléments intéressants, en s’arrêtant sur la structure du texte et sur ses formes, cependant, une telle tentative ne serait inévitablement qu’un préliminaire, structurellement incomplet. En effet, comme l’a affirmé la Commission Biblique Pontificale, faisant écho à un principe partagé par l’herméneutique moderne, « le juste sens d’un texte ne peut être donné pleinement que s’il est actualisé dans le vécu de lecteurs qui se l’approprient »[92]. Tout cela met en relief la relation entre la vie spirituelle et l’herméneutique de l’Écriture. En effet, « avec la croissance de la vie dans l’Esprit grandit, chez le lecteur, la compréhension des réalités dont parle le texte biblique »[93]. L’intensité d’une authentique expérience ecclésiale ne peut que développer une intelligence de la foi authentique à l’égard de la Parole de Dieu ; réciproquement, on doit dire que lire dans la foi les Écritures fait grandir la vie ecclésiale même. De là, nous pouvons comprendre d’une façon nouvelle l’affirmation connue de saint Grégoire le Grand : « les paroles divines grandissent avec celui qui les lit »[94]. De cette façon, l’écoute de la Parole de Dieu introduit et accroît la communion ecclésiale avec ceux qui cheminent dans la foi.

« L’âme de la Théologie sacrée »

31. « Que l’étude de la Sainte Écriture soit comme l’âme de la théologie sacrée »[95] : cette expression de la Constitution dogmatique Dei Verbum nous est devenue au cours des ans toujours plus familière. On peut dire que l’époque qui a suivi le Concile Vatican II, en ce qui concerne les études théologiques et exégétiques, a fréquemment fait référence à cette expression comme symbole de l’intérêt renouvelé pour la Sainte Écriture. La XIIe Assemblée du Synode des Évêques s’est souvent référée à cette affirmation pour indiquer la relation entre la recherche historique et l’herméneutique de la foi en référence au texte sacré. Dans cette perspective, les Pères ont constaté avec joie la réalité de l’étude accrue de la Parole de Dieu dans l'Église au long des dernières décennies et ont exprimé avec conviction une vive reconnaissance aux nombreux exégètes et théologiens qui, avec dévouement, engagement et compétence ont donné et donnent une contribution essentielle à l’approfondissement du sens de l’Écriture, en affrontant les problèmes complexes que notre temps pose à la recherche biblique[96]. Ils ont également manifesté des sentiments de sincère gratitude à l’égard des membres de la Commission Biblique Pontificale qui se sont succédés au cours de ces années et qui, en lien étroit avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, continuent à offrir leur apport qualifié pour aborder les questions particulières inhérentes à l’étude de la Sainte Écriture. Le Synode a éprouvé, en outre, le besoin de s’interroger sur le statut actuel des études bibliques et sur leur importance dans le domaine théologique. En effet, du rapport fécond entre exégèse et théologie dépend en grande partie l’efficacité pastorale de l’action de l'Église et de la vie spirituelle des fidèles. Pour cela, je crois important de reprendre certaines réflexions apparues au cours des échanges sur ce thème dans les travaux du Synode.

Développement de la recherche biblique et Magistère ecclésial

32. Avant tout, il est nécessaire de reconnaître dans la vie de l’Église le bénéfice provenant de l’exégèse historico-critique et des autres méthodes d’analyse du texte développées récemment[97]. Dans l’approche catholique de la Sainte Écriture, l’attention à ces méthodes est indispensable et elle est liée au réalisme de l’incarnation : « Cette nécessité est la conséquence du principe chrétien formulé dans l’Évangile selon saint Jean 1,14 : le Verbe s’est fait chair. Le fait historique est une dimension constitutive de la foi chrétienne. L’histoire du salut n’est pas une mythologie, mais une véritable histoire et pour cela elle est à étudier avec les méthodes de la recherche historique sérieuse »[98]. Cependant, l’étude de la Bible exige la connaissance et l’utilisation appropriée de ces méthodes de recherche. S’il est vrai que cette sensibilité dans les études s’est développée plus intensément à l’époque moderne, il y a toujours eu cependant dans la saine tradition ecclésiale, bien que de façon inégale suivant les lieux, un amour pour l’étude de « la lettre ». Il suffit ici de rappeler la culture monastique, à laquelle nous devons en dernière instance le fondement de la culture européenne à la racine de laquelle se trouve l’intérêt pour la parole. Le désir de Dieu comprend l’amour des lettres, l’amour pour la parole dans toutes ses dimensions : « puisque dans la parole biblique, Dieu est en chemin vers nous et nous vers Lui, il faut apprendre à pénétrer le secret de la langue, à la comprendre dans sa structure et dans ses usages. Ainsi, en raison même de la recherche de Dieu, les sciences profanes, qui nous indiquent les chemins vers la langue, deviennent importantes »[99].

33. Le Magistère vivant de l'Église, auquel il appartient « d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise »[100], est intervenu avec un sage équilibre par rapport à la juste position à avoir face à l’introduction des nouvelles méthodes d’analyse historique. Je me réfère particulièrement aux encycliques Providentissimus Deus du Pape Léon XIII et Divino afflante Spiritu du Pape Pie XII. Ce fut mon vénérable prédécesseur Jean-Paul II qui rappela l’importance de ces documents pour l’exégèse et la théologie à l’occasion des célébrations respectivement du centenaire et du cinquantenaire de leur promulgation[101]. L’intervention du Pape Léon XIII eut le mérite de protéger l’interprétation catholique de la Bible des attaques du rationalisme, mais sans se réfugier dans un sens spirituel détaché de l’histoire. Ne reculant pas devant la critique scientifique, il se méfiait seulement « des idées préconçues qui prétendent se fonder sur la science mais qui, en réalité, font subrepticement sortir la science de son domaine»[102]. Le Pape Pie XII, au contraire, se trouvait face aux attaques des partisans d’une exégèse soi-disant mystique qui refusait toute approche scientifique. L’encyclique Divino afflante Spiritu, avec une grande finesse, a évité d’engendrer l’idée d’une dichotomie entre l’"exégèse scientifique" pour l’usage apologétique et l’"interprétation spirituelle réservée à l’usage interne", affirmant au contraire aussi bien la « portée théologique du sens littéral méthodiquement défini », que l’appartenance de la « détermination du sens spirituel… au domaine de la science exégétique »[103]. De cette façon, les deux documents refusaient « la rupture entre l’humain et le divin, entre la recherche scientifique et le regard de la foi, entre le sens littéral et le sens spirituel »[104]. Cet équilibre a ensuite été repris dans le document de la Commission Biblique Pontificale de 1993 : « Dans leur travail d’interprétation, les exégètes catholiques ne doivent jamais oublier que ce qu’ils interprètent est la Parole de Dieu. Leur tâche commune n’est pas terminée lorsqu’ils ont distingué les sources, défini les formes ou expliqué les procédés littéraires. Le but de leur travail n’est atteint que lorsqu’ils ont éclairé le sens du texte biblique comme parole actuelle de Dieu »[105].

L’herméneutique biblique conciliaire : une indication à recevoir

34. Sur cet horizon, il est possible de mieux apprécier les grands principes d’interprétation propre à l’exégèse catholique exprimés au Concile Vatican II, particulièrement dans la Constitution dogmatique Dei Verbum : « Puisque Dieu, dans la Sainte Écriture, a parlé par des hommes à la manière des hommes, l’interprète de la Sainte Écriture, pour percevoir ce que Dieu Lui-même a voulu nous communiquer, doit chercher attentivement ce que les hagiographes ont réellement eu l’intention de dire et ce qu’il a plu à Dieu de faire savoir par leurs paroles »[106]. Ensuite, le texte, d’une part, souligne, comme éléments fondamentaux pour saisir la signification que l’hagiographe, l’étude des genres littéraires et du contexte. D’autre part, la Sainte Écriture devant être interprétée dans le même Esprit que celui dans lequel elle a été écrite, la Constitution dogmatique indique trois critères de base pour tenir compte de la dimension divine de la Bible : 1) interpréter le texte en tenant compte de l’unité de l’ensemble de l’Écriture - on parle aujourd’hui d’exégèse canonique ; 2) tenir compte ensuite de la Tradition vivante de toute l'Église, et 3) respecter enfin l’analogie de la foi. «Seulement dans le cas où les deux niveaux méthodologiques, celui de nature historique et critique et celui de nature théologique, sont observés, on peut alors parler d’une exégèse théologique, d’une exégèse adaptée à ce Livre »[107].

Les Père synodaux ont affirmé avec raison que le fruit positif apporté par l’usage de la recherche historico-critique moderne est incontestable. Toutefois, alors que l’exégèse académique actuelle, y compris catholique, travaille à un haut niveau sur le plan de la méthodologie historico-critique en intégrant les apports les plus récents, on ne peut pas en dire autant pour ce qui concerne l’étude de la dimension théologique des textes bibliques. L’approfondissement théologique selon les trois éléments indiqués par la Constitution dogmatique Dei Verbum semble, trop souvent, presque absent[108].

Le péril du dualisme et l’herméneutique sécularisée

35. Il convient de signaler à ce sujet le risque grave d’un dualisme qui apparaît aujourd’hui dans l’approche des Saintes Écritures. En effet, en distinguant les deux niveaux d’approche, il ne s’agit pas de les séparer, ni de les opposer, ni simplement de les juxtaposer. Ils sont liés l’un à l’autre. Malheureusement, il n’est pas rare qu’une séparation infructueuse des deux engendre une hétérogénéité entre exégèse et théologie, qui « touche aussi les niveaux académiques les plus élevés »[109]. Je voudrais ici rappeler les conséquences les plus préoccupantes qu’il convient d’éviter.

a) Avant tout, si l’activité exégétique se réduit seulement au premier niveau, cela a pour conséquence de faire de l’Écriture même un texte du passé : « On peut en tirer des conséquences morales, on peut en apprendre l’histoire, mais le Livre en tant que tel, parle seulement du passé et l’exégèse n’est plus véritablement théologique, mais devient une pure historiographie, une histoire de la littérature »[110]. Il est clair qu’avec une telle réduction, on ne peut en aucune façon comprendre l’événement de la Révélation de Dieu par sa Parole qui se transmet à nous dans la Tradition vivante et dans l’Écriture.

b) Le déficit d’une herméneutique de la foi à l’égard de l’Écriture ne se résume pas seulement en termes d’absence ; à sa place s’inscrit inévitablement une autre herméneutique, une herméneutique sécularisée, positiviste, dont la clé fondamentale est la conviction que le Divin n’apparaît pas dans l’histoire humaine. Selon cette herméneutique, lorsqu’il semble qu’existe un élément divin, on doit l’expliquer d’une autre façon et tout ramener à la dimension humaine. En conséquence, on propose des interprétations qui nient l’historicité des éléments divins[111].

c) Une telle position ne peut que produire des dégâts dans la vie de l'Église, répandant un doute sur les mystères fondamentaux du Christianisme et sur leur valeur historique, comme par exemple l’institution de l’Eucharistie et la résurrection du Christ. On impose alors une herméneutique philosophique, qui nie la possibilité de l’entrée et de la présence du Divin dans l’histoire. L’acceptation d’une telle herméneutique dans les études théologiques introduit inévitablement un dualisme pesant entre l’exégèse, qui s’établit uniquement sur le premier niveau et la théologie qui s’ouvre à la dérive d’une spiritualisation du sens des Écritures qui ne respecte pas le caractère historique de la Révélation.

Cette position ne peut qu’avoir un résultat négatif tant sur la vie spirituelle que sur l’activité pastorale ; « la conséquence de l’absence du second niveau méthodologique est qu’il s’est créé un profond fossé entre exégèse scientifique et Lectio divina ; il en ressort parfois une forme de perplexité également dans la préparation des homélies »[112]. On doit aussi signaler qu’un tel dualisme produit parfois incertitude et manque de solidité dans le chemin de formation intellectuelle de certains candidats aux ministères ordonnés[113]. En définitif, « là où l’exégèse n’est pas théologie, l’Écriture ne peut être l’âme de la théologie, et vice versa, là où la théologie n’est pas essentiellement interprétation de l’Écriture dans l'Église, cette théologie n’a plus de fondement »[114]. Il est donc nécessaire de se résoudre fermement à considérer avec davantage d’attention les indications données par la Constitution dogmatique Dei Verbum sur ce point.

Foi et raison dans l’approche de l’Écriture

36. Je crois que ce qu’a écrit le Pape Jean-Paul II à ce sujet dans l’encyclique Fides et ratio peut contribuer à une compréhension plus complète de l’exégèse et, donc, de son rapport avec toute la théologie. Il soutenait qu’il ne faut pas sous-estimer « le danger inhérent à la volonté de faire découler la vérité de l’Écriture Sainte de l’application d’une méthodologie unique, oubliant la nécessité d’une exégèse plus large qui permet d’accéder, avec toute l’Église, au sens plénier des textes. Ceux qui se consacrent à l’étude des saintes Écritures doivent toujours avoir présent à l’esprit que les diverses méthodologies herméneutiques ont, elles aussi, à leur base une conception philosophique : il convient de l’examiner avec discernement avant de l’appliquer aux textes sacrés»[115].

Cette réflexion clairvoyante nous permet d’observer comment dans l’approche herméneutique de la Sainte Écriture, se joue inévitablement le rapport correct entre foi et raison. En effet, l’herméneutique sécularisée de la Sainte Écriture se place comme l’acte d’une raison qui veut structuralement exclure la possibilité que Dieu entre dans la vie des hommes et qu’il parle aux hommes en une parole humaine. Pour cela il est aussi nécessaire d’inviter à élargir les espaces de la rationalité elle-même[116]. C’est pourquoi dans l’utilisation des méthodes d’analyse historique, on devra éviter de prendre à son compte, là où ils se présentent, des critères qui, au préalable, se ferment à la révélation de Dieu dans la vie des hommes. L’unité des deux niveaux du travail d’interprétation de la Sainte Écriture présuppose, en définitive, une harmonie entre la foi et la raison. D’une part, il faut une foi qui, maintenant un rapport adéquat avec la droite raison, ne dégénère jamais en fidéisme, fauteur d’une lecture fondamentaliste de l’Écriture. D’autre part, il y a besoin d’une raison qui, en recherchant les éléments historiques présents dans la Bible, se montre ouverte et ne refuse pas a priori tout ce qui excède sa propre mesure. Du reste, la religion du Verbe incarné ne pourra que se montrer profondément raisonnable à l’homme qui cherche sincèrement la vérité et le sens ultime de sa propre vie et de l’histoire.

Sens littéral et sens spirituel

37. Une écoute renouvelée des Pères de l’Église et de leur approche exégétique contribuera de façon significative à revaloriser une herméneutique adéquate de l’Écriture, comme l’Assemblée synodale l’a affirmé[117]. En effet, les Pères de l’Église nous offrent encore aujourd’hui une théologie de grande valeur parce que centrée sur l’étude de l’Écriture Sainte dans son intégralité ; ils sont d’abord et avant tout des « commentateurs de la Sainte Écriture »[118]. Leur exemple peut « enseigner aux exégètes modernes une approche vraiment religieuse de la Sainte Écriture, ainsi qu’une interprétation qui s’en tienne constamment au critère de communion avec l’expérience de l’Église, qui chemine dans l’histoire sous la conduite de l’Esprit Saint »[119].

Ignorant, bien sûr, les ressources d’ordre philologique et historique qui sont à la disposition de l’exégèse moderne, la tradition patristique et médiévale savait reconnaître les divers sens de l’Écriture en commençant par le sens littéral, celui qui est « signifié par les paroles de l’Écriture et découvert par l’exégèse qui suit les règles de la juste interprétation »[120]. Par exemple, saint Thomas d’Aquin affirme : « tous les sens de la Sainte Écriture se basent sur le sens littéral »[121]. Il est nécessaire, cependant, de rappeler qu’au temps patristique et médiéval, toute forme d’exégèse, y compris littérale, était conduite sur la base de la foi et ne faisait pas nécessairement la distinction entre sens littéral et sens spirituel. Rappelons ici la distinction classique qui établit la relation entre les divers sens de l’Écriture :

«Littera gesta docet, quid credas allegoria,
Moralis quid agas, quo tendas anagogia.
Le sens littéral enseigne les événements, l’allégorie ce qu’il faut croire,
le sens moral ce qu’il faut faire, l’anagogie vers quoi il faut tendre »[122].

Notons ici l’unité et l’articulation entre sens littéral et sens spirituel, lequel se subdivise en trois sens, avec lesquels sont décrits les contenus de la foi, de la morale et de la tension eschatologique.

En définitive, en reconnaissant la valeur et la nécessité, même avec ses limites, de la méthode historico-critique, nous apprenons de l’exégèse patristique que « on n’est fidèle à l’intentionnalité des textes bibliques que dans la mesure où on essaie de retrouver, au cœur de leur formulation, la réalité de foi qu’ils expriment et qu’on relie cette réalité à l’expérience croyante de notre monde »[123]. C’est seulement dans cette perspective que l’on peut reconnaître que la Parole de Dieu est vivante et s’adresse à chacun dans l’actualité de sa vie. En ce sens, l’affirmation de la Commission Biblique Pontificale demeure pleinement valable, qui définit le sens spirituel selon la foi chrétienne comme « le sens exprimé par les textes bibliques lorsqu’on les lit sous l’influence de l’Esprit Saint dans le contexte du mystère pascal du Christ et de la vie nouvelle qui en résulte. Ce contexte existe effectivement. Le Nouveau Testament y reconnaît l’accomplissement des Écritures. Il est donc normal de relire les Écritures à la lumière de ce nouveau contexte, qui est celui de la vie dans l’Esprit »[124].

Le nécessaire dépassement de la lettre

38. Dans la saisie de l’articulation entre les différents sens de l’Écriture, il devient alors décisif de comprendre le passage de la lettre à l’esprit. Il ne s’agit pas d’un passage automatique et spontané ; il faut plutôt un dépassement de la lettre : « la parole de Dieu, en effet, n’est jamais simplement présente dans la seule littéralité du texte. Pour l’atteindre, il faut un dépassement et un processus de compréhension qui se laisse guider par le mouvement intérieur de l’ensemble des textes et, à partir de là, doit également devenir un processus vital »[125]. Nous découvrons ainsi pourquoi le processus d’interprétation authentique n’est jamais purement intellectuel mais aussi vital, pour lequel est requis une pleine implication dans la vie ecclésiale, en tant que vie « sous la conduite de l’Esprit de Dieu » (Ga 5, 16). De cette façon, les critères mis en évidence par le numéro 12 de la Constitution dogmatique Dei Verbum deviennent plus clairs : un tel dépassement ne peut être réalisé à partir d’un seul fragment littéraire mais en lien avec la totalité de l’Écriture. C’est en effet en direction d’une Parole unique que nous sommes appelés à opérer ce dépassement. Un tel processus comporte un caractère dramatique profond ; puisque dans le processus de dépassement, le passage qui s’accomplit dans l’Esprit rencontre inévitablement la liberté de chacun. saint Paul a pleinement vécu ce passage dans sa propre existence. Ce que signifie le dépassement de la lettre et sa compréhension uniquement à partir du tout, il l’a exprimé de façon radicale dans la phrase : « la lettre tue, mais l’Esprit donne la vie » (2 Co 3, 6). Saint Paul découvre que « l’Esprit qui rend libre possède un nom et donc que la liberté a une mesure intérieure : « Le Seigneur, c’est l’Esprit, et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté » (2 Co 3, 17). L’Esprit qui rend libre ne se réduit pas à l’idée ou à la vision personnelle de celui qui interprète. L’Esprit, c’est le Christ et le Christ est le Seigneur qui nous indique le chemin »[126]. Nous savons aussi combien pour saint Augustin ce passage fut à la fois dramatique et libérateur ; il crût aux Écritures, qui lui apparurent dans un premier temps si particulières et en même temps grossières, uniquement grâce à ce dépassement qu’il apprit de saint Ambroise à travers l’interprétation typologique, pour laquelle tout l’Ancien Testament est un chemin vers Jésus Christ. Pour saint Augustin, le dépassement de la lettre a rendu crédible la lettre elle-même et lui a permis de trouver enfin la réponse aux profondes inquiétudes de son âme, assoiffée de la vérité[127].

L’unité intrinsèque de la Bible

39. À l’école de la grande Tradition de l’Église, nous apprenons à saisir également dans le passage de la lettre à l’esprit l’unité de toute l’Écriture, puisque unique est la Parole de Dieu qui interpelle notre vie en l’appelant constamment à la conversion[128]. Les expressions d’Hugues de Saint-Victor demeurent un guide sûr pour nous : « Toute l’Écriture divine constitue un livre unique et ce livre unique, c’est le Christ, il parle du Christ et trouve dans le Christ son accomplissement »[129]. Envisagé sous l’aspect purement historique ou littéraire, la Bible n’est certainement pas simplement un livre, mais un recueil de textes littéraires, dont la composition s’étend sur plus d’un millénaire et dont chaque livre n’est pas aisément reconnaissable comme faisant partie d’un tout ; il existe au contraire entre ces textes des tensions visibles. Ceci vaut déjà dans la Bible d’Israël, que nous chrétiens appelons l’Ancien Testament. Et cela vaut plus encore quand nous, en tant que chrétiens, relions le Nouveau Testament et ses écrits, presque comme clé herméneutique, avec la Bible d’Israël, l’interprétant comme un chemin vers le Christ. Dans le Nouveau Testament, en général, le terme « l’Écriture » (cf. Rm 4, 3 ; 1 P 2, 6) n’est pas utilisé, mais plutôt « les Écritures » (cf. Mt 21, 43 ; Jn 5, 39 ; Rm 1, 2 ; 2 P 3, 16), qui, néanmoins, sont ensuite considérées dans leur ensemble comme l’unique Parole de Dieu qui nous est adressée[130]. Il apparaît ainsi clairement de quelle façon c’est la personne du Christ qui donne son unité aux « Écritures » en référence à l’unique « Parole ». Ainsi, on comprend ce qu’affirme le numéro 12 de la Constitution dogmatique Dei Verbum, en indiquant l’unité interne de la Bible comme le critère décisif pour une herméneutique correcte de la foi.

Le rapport entre l’Ancien et le Nouveau Testament

40. Dans la perspective de l’unité des Écritures dans le Christ, il est nécessaire pour les théologiens comme pour les pasteurs d’être conscients des relations qui existent entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Avant tout, il est évident que le Nouveau Testament lui-même reconnaît l’Ancien Testament comme Parole de Dieu et c’est pourquoi il accueille l’autorité des saintes Écritures du peuple juif[131]. Il le reconnaît implicitement en recourant au même langage et en faisant fréquemment allusion à des passages de ces Écritures. Il le reconnaît explicitement parce qu’il en cite de nombreux extraits et qu’il s’en sert pour argumenter. Une argumentation fondée sur des textes de l’Ancien Testament possède ainsi dans le Nouveau Testament une valeur décisive, supérieure à celle des raisonnements purement humains. Dans le quatrième Évangile, Jésus déclare à ce propos que « l’Écriture ne peut être abolie » (Jn 10, 35) et saint Paul précise en particulier que la révélation de l’Ancien Testament continue à valoir pour nous chrétiens (cf. Rm 15, 4 ; 1 Co 10, 11)[132]. En outre, nous affirmons que « Jésus de Nazareth était un juif et que la Terre sainte est la terre-mère de l’Église »[133]. La racine du Christianisme se trouve dans l’Ancien Testament et le Christianisme se nourrit toujours de cette racine. Aussi, la saine doctrine chrétienne a-t-elle toujours refusé toute forme récurrente de marcionisme qui tend, de diverses manières, à opposer l’Ancien et le Nouveau Testament[134].

Par ailleurs, le Nouveau Testament lui-même s’affirme conforme à l’Ancien et proclame que dans le mystère de la vie, de la mort et de la résurrection du Christ, les saintes Écritures du peuple juif ont trouvé leur parfait accomplissement. Il faut observer cependant que le concept d’accomplissement des Écritures est complexe, parce qu’il possède une triple dimension : un aspect fondamental de continuité avec la révélation de l’Ancien Testament, un aspect de rupture et un aspect d’accomplissement et de dépassement. Le mystère du Christ est en continuité d’intention avec le culte sacrificiel de l’Ancien Testament ; il s’est cependant réalisé d’une manière très différente, qui correspond à plusieurs oracles des prophètes, et il a atteint ainsi une perfection jamais obtenue auparavant. L’Ancien Testament, en effet, est plein de tensions entre ses aspects institutionnels et ses aspects prophétiques. Le mystère pascal du Christ est pleinement conforme – d’une façon qui toutefois était imprévisible – aux prophéties et à l’aspect préfiguratif des Écritures ; néanmoins, il présente des aspects évidents de discontinuité par rapport aux institutions de l’Ancien Testament.

41. Ces considérations manifestent ainsi l’importance incontournable de l’Ancien Testament pour les chrétiens, mais en même temps, mettent en évidence l’originalité de la lecture christologique. Depuis les temps apostoliques et ensuite dans la Tradition vivante, l’Église a mis en lumière l’unité du plan divin dans les deux Testaments grâce à la typologie, laquelle n’a pas un caractère arbitraire mais est intrinsèque aux événements racontés par le texte sacré et concerne par voie de conséquence toute l’Écriture. La typologie « discerne dans les œuvres de Dieu sous l’Ancienne Alliance des préfigurations de ce que Dieu a accompli dans la plénitude des temps, en la personne de son Fils incarné »[135]. Les chrétiens lisent donc l’Ancien Testament à la lumière du Christ mort et ressuscité. Si la lecture typologique révèle l’inépuisable contenu de l’Ancien Testament en relation avec le Nouveau, cela ne doit toutefois pas conduire à oublier qu’il conserve sa valeur propre de Révélation que Notre Seigneur lui-même a réaffirmée (cf. Mc 12, 29-31). En conséquence, « le Nouveau Testament demande aussi d’être lu à la lumière de l’Ancien. La catéchèse chrétienne primitive y aura constamment recours (1 Co 5, 6-8 ; 1 Co 10, 1-11) »[136]. Les Pères synodaux ont pour cette raison affirmé que « la compréhension juive de la Bible peut aider les chrétiens dans l’intelligence et l’étude des Écritures »[137].

« Le Nouveau Testament est caché dans l’Ancien et l’Ancien est révélé dans le Nouveau »[138], c’est ainsi qu’avec une profonde sagesse, saint Augustin s’exprimait sur ce thème. Il est donc important qu’aussi bien dans la pastorale que dans le milieu académique, soit bien mise en évidence la relation intime entre les deux Testaments, en rappelant avec saint Grégoire le Grand que ce que « l’Ancien Testament a promis, le Nouveau Testament l’a fait voir ; ce que celui-là annonçait de façon cachée, celui-ci le proclame ouvertement comme présent. C’est pourquoi l’Ancien Testament est prophétie du Nouveau Testament ; et le meilleur commentaire de l’Ancien Testament est le Nouveau Testament »[139].

Les pages « obscures » de la Bible

42. Dans le contexte de la relation entre l’Ancien et le Nouveau Testament, le Synode a aussi abordé le thème des pages de la Bible qui se révèlent obscures et difficiles en raison de la violence et de l’immoralité qu’elles contiennent parfois. À ce sujet, il faut avant tout tenir compte du fait que la révélation biblique est profondément enracinée dans l’histoire. Le dessein de Dieu s’y manifeste progressivement et se réalise lentement à travers des étapes successives, malgré la résistance des hommes. Dieu choisit un peuple et l’éduque avec patience. La Révélation s’adapte au niveau culturel et moral d’époques lointaines et rapporte par conséquent des faits et des usages, par exemple des manœuvres frauduleuses, des interventions violentes, l’extermination de populations, sans en dénoncer explicitement l’immoralité ; cela s’explique par le contexte historique, mais peut surprendre le lecteur moderne, surtout lorsqu’on oublie les nombreux comportements « obscurs » que les hommes ont toujours eus au long des siècles, et cela jusqu’à nos jours. Dans l’Ancien Testament, la prédication des prophètes s’élève vigoureusement contre tout type d’injustice et de violence, collective ou individuelle, et elle est de cette façon l’instrument d’éducation donné par Dieu à son peuple pour le préparer à l’Évangile. Il serait donc erroné de ne pas considérer ces passages de l’Écriture qui nous apparaissent problématiques. Il faut plutôt être conscient que la lecture de ces pages requiert l’acquisition d’une compétence spécifique, à travers une formation qui lit les textes dans leur contexte historico-littéraire et dans la perspective chrétienne qui a pour ultime clé herméneutique « l’Évangile et le commandement nouveau de Jésus Christ accompli dans le mystère pascal »[140]. J’exhorte donc les chercheurs et les pasteurs à aider tous les fidèles à s’approcher aussi de ces pages à travers une lecture qui fasse découvrir leur signification à la lumière du mystère du Christ.

Chrétiens et juifs face aux Écritures

43. En considérant les étroites relations qui lient le Nouveau Testament à l’Ancien, l’attention se porte spontanément maintenant sur le lien particulier qui en résulte entre chrétiens et juifs, un lien qui ne devrait jamais être oublié. Aux juifs, le Pape Jean-Paul II a déclaré : vous êtes « ‘nos frères préférés’ dans la foi d’Abraham, notre patriarche »[141]. Certes, cette déclaration ne signifie pas une méconnaissance des ruptures affirmées dans le Nouveau Testament à l’égard des institutions de l’Ancien Testament et encore moins, de l’affirmation de l’accomplissement des Écritures dans le mystère de Jésus Christ, reconnu Messie et Fils de Dieu. Cependant, cette différence profonde et radicale n’implique aucunement une hostilité réciproque. L’exemple de saint Paul (cf. Rm 9-11) démontre, au contraire, qu’« une attitude de respect, d’estime et d’amour pour le peuple juif est la seule attitude véritablement chrétienne dans cette situation qui fait mystérieusement partie du dessein, totalement positif, de Dieu »[142]. Saint Paul, en effet, affirme à propos des juifs que « le choix de Dieu en a fait des bien-aimés, et c’est à cause de leurs pères. Les dons de Dieu et son appel sont irrévocables » (Rm 11, 28-29).

En outre, saint Paul utilise la belle image de l’olivier pour décrire les relations très étroites entre chrétiens et juifs : l’Église des Gentils est comme un rameau d’olivier sauvage, greffé sur l’olivier franc qui est le peuple de l’Alliance (cf. Rm 11, 17-24). Nous tirons donc notre nourriture des mêmes racines spirituelles. Nous nous rencontrons comme des frères, des frères qui à certains moments de leur histoire ont eu une relation tendue, mais qui sont maintenant fermement engagés dans la construction de ponts sur la base d’une amitié durable[143]. C’est encore le Pape Jean-Paul II qui disait : « Nous avons beaucoup en commun. Ensemble, nous pouvons faire beaucoup pour la paix, pour la justice et pour un monde plus fraternel et plus humain »[144].

Je désire réaffirmer encore une fois combien le dialogue avec les juifs est précieux pour l’Église. Il est bon que, là où on en voit l’opportunité, se créent des occasions de rencontre et d’échange, y compris publiques, qui favorisent l’approfondissement de la connaissance mutuelle, de l’estime réciproque et de la collaboration, également dans l’étude des Saintes Écritures.

L’interprétation fondamentaliste de la Sainte Écriture

44. L’attention que nous avons voulu donner jusqu’à présent au thème de l’herméneutique biblique sous ses différents aspects nous permet d’aborder celui, apparu plusieurs fois au cours du débat synodal, de l’interprétation fondamentaliste de la Sainte Écriture[145]. Sur ce thème, la Commission biblique pontificale, dans le document sur L’interprétation de la Bible dans l’Église, a formulé des indications importantes. Dans ce contexte, je voudrais attirer l’attention surtout sur ces lectures qui ne respectent pas la nature authentique du texte sacré, favorisant des interprétations subjectives et arbitraires. En effet, le « littéralisme » mis en avant par la lecture fondamentaliste représente en réalité une trahison aussi bien du sens littéral que du sens spirituel, en ouvrant la voie à des instrumentalisations de diverses natures, en répandant par exemple des interprétations anti-ecclésiales des Écritures elles-mêmes. L’aspect problématique de la « lecture fondamentaliste est que, en refusant de tenir compte du caractère historique de la Révélation biblique, se rend incapable d’accepter pleinement la vérité de l’Incarnation elle-même. Le fondamentalisme fuit l’étroite relation du divin et de l’humain dans les rapports avec Dieu (…) Pour cette raison, il tend à traiter le texte biblique comme s’il avait été dicté mot à mot par l’Esprit et n’arrive pas à reconnaître que la Parole de Dieu a été formulée dans un langage et une phraséologie conditionnés par telle ou telle époque »[146]. Au contraire, le Christianisme perçoit dans les paroles la Parole, le Logos lui-même, qui fait rayonner son mystère à travers cette multiplicité et la réalité d’une histoire humaine[147]. La véritable réponse à une lecture fondamentaliste est « la lecture croyante de l’Écriture Sainte, pratiquée depuis l’Antiquité dans la Tradition de l’Église, [Celle-ci] cherche la vérité qui sauve pour la vie de chaque fidèle et pour l’Église. Cette lecture reconnaît la valeur historique de la tradition biblique. C’est précisément à cause de cette valeur de témoignage historique que celle-ci veut redécouvrir la signification vivante des Écritures Saintes destinées aussi à la vie du croyant d’aujourd’hui »[148], sans ignorer, donc, la médiation humaine du texte inspiré et ses genres littéraires ».

Le dialogue entre pasteurs, théologiens et exégètes

45. L’herméneutique authentique de la foi entraîne avec elle certaines conséquences importantes dans le domaine de l’activité pastorale de l’Église. Précisément à ce propos, les Pères synodaux ont recommandé, par exemple, un lien plus étroit entre Pasteurs, exégètes et théologiens. Il est bon que les Conférences épiscopales favorisent ce type de rencontre « en vue de promouvoir une plus grande communion au service de la Parole de Dieu »[149]. Une telle coopération aidera chacun à mieux remplir sa tâche propre au bénéfice de toute l’Église. En effet, s’inscrire sur l’horizon du travail pastoral signifie, également pour les chercheurs, se trouver face au texte sacré en tant que communication que le Seigneur fait aux hommes pour le salut. C’est pourquoi, comme l’a déclaré la Constitution dogmatique Dei Verbum, il est recommandé que « les exégètes catholiques et ceux qui s’adonnent à la Théologie sacrée, unissant avec zèle leurs forces, s’appliquent, sous la vigilance du Magistère sacré, et par le recours aux moyens appropriés, à scruter les divines Lettres et à les présenter si bien que le plus grand nombre possible des serviteurs de la Parole divine puissent fournir au Peuple de Dieu, de façon fructueuse, l’aliment des Écritures, qui éclaire les esprits, affermit les volontés, enflamme le cœur des hommes pour l’amour de Dieu »[150].

Bible et œcuménisme

46. Dans la conscience que l’Église a d’être fondée sur le Christ, le Verbe de Dieu fait chair, le Synode a voulu souligner le caractère central des études bibliques dans le dialogue œcuménique en vue de la pleine expression de l’unité de tous les croyants dans le Christ[151]. Dans l’Écriture elle-même, en effet, nous trouvons la prière vibrante de Jésus au Père pour que ses disciples soient un afin que le monde croie (cf. Jn 17, 21). Tout cela nous renforce dans la conviction qu’écouter et méditer ensemble les Écritures nous fait vivre une communion réelle même si elle n’est pas encore pleine[152] ; « l’écoute commune des Écritures nous pousse ainsi au dialogue de la charité et fait grandir celui de la vérité »[153]. En effet, écouter ensemble la Parole de Dieu, pratiquer la lectio divina de la Bible, se laisser surprendre par la nouveauté, qui jamais ne vieillit ou ne s’épuise, de la Parole de Dieu, dépasser notre surdité par ces paroles qui ne s’accordent pas avec nos opinions et nos préjugés, écouter et étudier dans la communion avec les croyants de tous les temps : tout cela constitue un chemin à parcourir pour atteindre l’unité de la foi, en tant que réponse à l’écoute de la Parole[154]. Les paroles du Concile Vatican II étaient véritablement éclairantes : « Les Écritures Saintes sont, dans le dialogue [œcuménique] lui-même, des instruments insignes entre les mains puissantes de Dieu pour obtenir cette unité que le Sauveur offre à tous les hommes »[155]. En conséquence, il est bon de développer l’étude, le débat et les célébrations œcuméniques de la Parole de Dieu, dans le respect des règles en vigueur et des diverses traditions[156]. Ces célébrations profitent à la cause de l’œcuménisme et, quand elles sont vécues dans leur sens véritable, elles constituent des moments intenses d’une authentique prière pour demander à Dieu de hâter le jour désiré où nous pourrons tous nous approcher de la même table et boire à l’unique calice. Cependant, dans la juste et louable promotion de ces temps, il faut faire en sorte qu'ils ne soient pas proposés aux fidèles en remplacement de la sainte Messe prévue les jours d'obligation.

Dans ce travail d’étude et de prière, nous reconnaissons avec sérénité également les aspects qui demandent à êtres approfondis et sur lesquels nous sommes encore éloignés, comme par exemple la compréhension du sujet qui, dans l’Église, fait autorité pour l’interprétation et le rôle décisif du Magistère[157].

Je voudrais souligner, par ailleurs, ce qu’ont dit les Pères synodaux au sujet de l’importance, dans ce labeur œcuménique, des traductions de la Bible dans les différentes langues. Nous savons en effet que traduire un texte n’est pas une tâche purement mécanique mais fait partie en un certain sens du travail d’interprétation. À ce sujet, le vénérable Jean-Paul II a affirmé : « Ceux qui se rappellent quelle influence les débats autour de l’Écriture ont eue sur les divisions, surtout en Occident, peuvent comprendre l’avancée notable que représentent ces traductions communes »[158]. En ce sens, la promotion des traductions communes de la Bible participent à l’effort œcuménique. Je désire remercier ici tous ceux qui portent cette grande responsabilité et les encourager à poursuivre leur tâche.

Conséquences sur l’organisation des études théologiques

47. Une autre conséquence qui dérive d’une herméneutique correcte de la foi concerne la nécessité d’en montrer les implications pour la formation exégétique et théologique, en particulier des candidats au sacerdoce. On doit faire en sorte que l’étude de la Sainte Écriture soit véritablement l’âme de la théologie dans la mesure où l’on reconnaît en elle la Parole de Dieu, qui s’adresse aujourd’hui au monde, à l’Église et à chacun personnellement. Il est important que les critères indiqués par le numéro 12 de la Constitution dogmatique Dei Verbum soient effectivement pris en considération et fassent l’objet d’un approfondissement. Qu’on évite de cultiver un concept de recherche scientifique, que l’on voudrait neutre face à l’Écriture. C’est pourquoi, en même temps que l’étude des langues dans lesquelles la Bible a été écrite et des méthodes d’interprétation qui conviennent, il est nécessaire que les étudiants aient une profonde vie spirituelle, de façon à saisir qu’on ne peut comprendre l’Écriture que si on la vit.

Dans cette perspective, je recommande que l’étude de la Parole de Dieu, transmise et écrite, ait lieu dans un esprit profondément ecclésial. Dans ce but, qu’on tienne justement compte, dans la formation académique, des interventions du Magistère sur cette thématique, lequel « n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis, pour autant que, par mandat divin et avec l’assistance du Saint-Esprit, il écoute cette Parole pieusement, la garde saintement et l’expose fidèlement »[159]. Qu’on ait ainsi soin que les études se déroulent dans la reconnaissance que « selon le très sage dessein de Dieu, la sainte Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère de l’Église sont reliés et associés entre eux de telle façon qu’aucun d’entre eux ne subsiste sans les autres »[160]. Je souhaite donc que, selon l’enseignement du Concile Vatican II, l’étude de l’Écriture Sainte, lue dans la communion de l’Église universelle, soit réellement comme l’âme des études théologiques[161].

Les saints et l’interprétation de l’Écriture

48. L’interprétation de la Sainte Écriture demeurerait incomplète si on ne se mettait pas à l’écoute de qui a véritablement vécu la Parole de Dieu, c’est-à-dire les saints[162]. De fait, « viva lectio est vita bonorum »[163]. En effet, l’interprétation la plus profonde de l’Écriture vient proprement de ceux qui se sont laissés modeler par la Parole de Dieu, à travers l’écoute, la lecture et la méditation assidue.

Ce n’est certainement pas un hasard si les grandes spiritualités qui ont marqué l’histoire de l’Église sont issues d’une référence explicite à l’Écriture. Je pense par exemple à saint Antoine abbé, mu par l’écoute des paroles du Christ : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi » (Mt 19, 21)[164]. Le cas de Saint Basile le Grand n’est pas moins suggestif, lui qui, dans l’Asceticon s’interroge : « Qu’est-ce qui est le propre de la foi ? C’est la pleine et indubitable certitude de la vérité des paroles inspirées par Dieu (…) Qu’est-ce qui est le propre du fidèle ? De se conformer avec cette totale certitude à ce qu’expriment les paroles de l’Écriture, et ne pas oser en retrancher ou en ajouter une seule »[165]. Saint Benoît, dans sa Règle, renvoie à l’Écriture en tant que « norme parfaitement droite pour la vie humaine »[166]. Saint François d’Assise – écrit Tommaso de Celano – « en entendant que les disciples du Christ ne devaient posséder ni or, ni argent, ni monnaie, ni prendre de besace, ni pain, ni bâton pour la route, ni avoir de sandales, ni deux tuniques … aussitôt, exultant dans l’Esprit Saint, s’exclama : ‘cela je le veux, cela je le demande, cela je désire le faire de tout mon cœur !’ »[167]. Saint Claire d’Assise reprend pleinement à son compte l’expérience de saint François : « La forme de vie de l’Ordre des Sœurs pauvres (…) est celle-ci : observer le saint Évangile de notre Seigneur Jésus Christ »[168]. Saint Dominique de Guzman aussi, « partout, se présentait comme un homme évangélique, dans ses paroles comme dans ses œuvres »[169] et il voulait que tels soient ses frères prédicateurs : « des hommes évangéliques »[170]. Sainte Thérèse de Jésus, carmélite, qui dans ses écrits recourt continuellement à des images bibliques pour expliquer son expérience mystique, rappelle que Jésus lui-même lui révèle que « tout le mal du monde provient de l’absence de connaissance claire des vérités de l’Écriture Sainte »[171]. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus découvre l’Amour comme sa vocation personnelle en scrutant les Écritures, en particulier les chapitres 12 et 13 de la Première Lettre aux Corinthiens[172] ; c’est la même sainte qui décrit la fascination qu’exercent les Écritures : « Je n’ai qu’à jeter les yeux dans le saint Évangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir »[173]. Chaque saint représente comme un rayon de lumière qui jaillit de la Parole de Dieu : de même nous pensons à saint Ignace de Loyola dans sa recherche de la vérité et dans le discernement spirituel ; à saint Jean Bosco dans sa passion pour l’éducation des jeunes ; à saint Jean-Marie Vianney dans sa conscience de la grandeur du sacerdoce comme don et devoir ; à saint Pio de Pietrelcina en tant qu’instrument de la miséricorde divine ; à saint Josemaría Escrivá dans sa prédication sur l’appel universel à la sainteté ; à la bienheureuse Terese de Calcutta, missionnaire de la charité de Dieu pour les plus délaissés, et jusqu’aux martyrs du nazisme et du communisme, représentés, d’une part, par sainte Bénédicte de la Croix (Édith Stein), moniale carmélite, et, d’autre part, par le bienheureux Aloys Stepinac, Cardinal Archevêque de Zagreb.

49. La sainteté dans son rapport à la Parole de Dieu s’inscrit ainsi d’une certaine façon dans la tradition prophétique, où la Parole de Dieu prend à son service la vie même du prophète. En ce sens, la sainteté dans l’Église constitue une herméneutique de l’Écriture dont personne ne peut faire abstraction. L’Esprit Saint qui a inspiré les auteurs sacrés est le même qui conduit les saints à donner leur vie pour l’Évangile. Se mettre à leur école représente un chemin sûr pour entreprendre une interprétation vivante et efficace de la Parole de Dieu.

De ce lien entre Parole de Dieu et sainteté, nous avons eu un témoignage direct pendant la XIIe Assemblée du Synode, lorsque le 12 octobre, sur la place saint Pierre, s’est déroulée la canonisation de quatre nouveaux saints : le prêtre Gaetano Errico, fondateur de la Congrégation des Missionnaires des Sacrés Cœurs de Jésus et Marie ; Mère Maria Bernarda Bütler, née en Suisse et missionnaire en Équateur et en Colombie ; Sœur Alphonsine de l’Immaculée Conception, première sainte canonisée née en Inde ; la jeune laïque équatorienne Narcisa de Jésus Martillo Morán. Par leur vie, ils ont rendu témoignage pour le monde et pour l’Église à la fécondité éternelle de l’Évangile du Christ. Demandons au Seigneur que, par l’intercession de ces saints, canonisés précisément au cours de l’Assemblée synodale sur la Parole de Dieu, notre vie soit cette « bonne terre » sur laquelle le divin Semeur puisse semer la Parole afin qu’elle porte en nous des fruits de sainteté, « trente, soixante, cent pour un » (Mc 4, 20).

DEUXIÈME PARTIE :

VERBUM IN ECCLESIA

« Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de
devenir enfants de Dieu » (
Jn 1,12)

LA PAROLE DE DIEU ET L’ÉGLISE

L’Église accueille la Parole

50. Le Seigneur énonce sa Parole afin qu’elle soit accueillie par ceux qui ont été créés “par” le Verbe lui-même. « Il est venu chez les siens » (Jn 1, 11) : la Parole ne nous est pas originellement étrangère et la création a été voulue dans un rapport d’intimité avec la vie divine. Le Prologue du quatrième Évangile nous met aussi devant le refus opposé à la Parole divine par les « siens », qui « ne l’ont pas accueilli » (Jn 1, 11). Ne pas l’accueillir veut dire, ne pas écouter sa voix, ne pas se conformer au Logos. En revanche, là où l’homme, même fragile et pécheur, s’ouvre sincèrement à la rencontre avec le Christ, là commence une transformation radicale : « mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12). Accueillir le Verbe signifie se laisser modeler par Lui afin d’être conforme au Christ, au « Fils unique qui vient du Père » (Jn 1, 13) par la puissance de l’Esprit Saint. Cela marque le début d’une nouvelle création. Naît alors la créature nouvelle, ainsi qu’un peuple nouveau. Ceux qui croient, ou mieux ceux qui vivent dans l’obéissance de la foi, « sont nés de Dieu » (Jn 1, 13), et sont rendus participants de la vie divine : ils sont fils dans le Fils (cf. Ga 4, 5-6 ; Rm 8, 14-17). En commentant ce passage de l’Évangile de Jean, Saint Augustin dit d’une manière suggestive : « par le Verbe tu as été créé, mais il est nécessaire que tu sois recréé par le Verbe »[174]. Nous y voyons le visage de l’Église prendre forme comme une réalité déterminée par l’accueil du Verbe de Dieu qui, en se faisant chair, est venu établir sa tente au milieu de nous (Jn 1, 14). Cette demeure de Dieu parmi les hommes, cette shekinah (cf. Ex 26, 1), préfigurée dans l’Ancien Testament, se réalise maintenant dans la présence définitive de Dieu avec les hommes dans le Christ.

La Présence actuelle du Christ dans la vie de l’Église

51. Le rapport entre le Christ, Parole du Père, et l’Église ne peut être compris comme un simple événement passé ; il s’agit plutôt d’une relation vitale dans laquelle chaque fidèle est appelé à entrer personnellement. En effet, nous parlons de la présence de la Parole de Dieu qui demeure avec nous aujourd’hui : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Comme le Pape Jean-Paul II l’a affirmé : « La présence du Christ aux hommes de tous les temps se réalise dans son corps qui est l’Église. Pour cela, le Seigneur a promis à ses disciples l’Esprit Saint, qui leur “rappellerait” et ferait comprendre ses commandements (cf. Jn 14, 26) et serait le principe et la source d’une vie nouvelle dans le monde (cf. Jn 3, 5-8 ; Rm 8, 1-13)»[175]. La Constitution dogmatique Dei Verbum exprime ce mystère avec la terminologie biblique du dialogue nuptial : « Dieu, qui a parlé autrefois, converse sans cesse avec l’Épouse de son Fils bien-aimé, et l’Esprit-Saint, par qui la voix vivante de l’Évangile retentit dans l’Église et par l’Église dans le monde, introduit les croyants dans la vérité tout entière et fait habiter en eux la parole du Christ en abondance (cf. Col 3,16) »[176].

L’Épouse du Christ, maîtresse de l’écoute, dit encore aujourd’hui avec foi : « Parle, Seigneur, que ton Église t’écoute »[177]. C’est pourquoi la Constitution dogmatique Dei Verbum commence ainsi : « En se mettant religieusement à l’écoute de la Parole de Dieu et en la proclamant avec assurance, le saint Concile… »[178]. Il s’agit en effet d’une définition dynamique de la vie de l’Église : « Ce sont là des mots par lesquels le Concile indique un aspect qui qualifie l’Église : elle est une communauté qui écoute et annonce la Parole de Dieu. L’Église ne vit pas d’elle-même mais de l’Évangile et, de cet Évangile, elle tire toujours à nouveau une orientation pour son chemin. C’est une remarque que tout chrétien doit recevoir et appliquer à lui-même : seul celui qui se met à l’écoute de la Parole peut ensuite en devenir l’annonciateur »[179]. Dans la Parole de Dieu proclamée et écoutée, dans les Sacrements, Jésus dit aujourd’hui, ici et maintenant, à chacun : « Je suis tien, je me donne à toi » pour que l’homme puisse répondre et dire à son tour : « Je suis tien »[180]. L’Église se manifeste ainsi comme le lieu où, par la grâce, nous pouvons expérimenter ce que raconte le Prologue de Saint Jean : « Mais tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12).


LA LITURGIE, LIEU PRIVILÉGIÉ DE LA PAROLE DE DIEU

La Parole de Dieu dans la sainte Liturgie

52. En considérant l’Église comme « la demeure de la Parole »[181], on doit avant tout prêter attention à la sainte Liturgie. C’est vraiment le lieu privilégié où Dieu nous parle dans notre vie actuelle, où il parle aujourd’hui à son peuple qui écoute et qui répond. Chaque action liturgique est par nature nourrie par les Saintes Écritures. Comme l’affirme la Constitution Sacrosanctum Concilium, « dans la célébration de la liturgie, la Sainte Écriture est de la plus grande importance. C’est d’elle que sont tirés les textes qui sont lus et qui sont expliqués dans l’homélie, ainsi que les psaumes qui sont chantés, et c’est sous son inspiration et sous son impulsion que les prières, les oraisons et les hymnes liturgiques ont pris naissance et c’est d’elle que les actions et les symboles reçoivent leur signification »[182]. Mieux encore, on doit dire que c’est le Christ lui-même qui « est là présent dans sa parole, puisque lui-même parle pendant que sont lues dans l’Église les Saintes Écritures »[183]. En effet, « la célébration liturgique devient elle-même une proclamation continue, pleine et efficace de la Parole de Dieu. C’est pourquoi, la Parole de Dieu, assidûment proclamée dans la liturgie est toujours vivante et efficace par la puissance de l’Esprit Saint, et manifeste l’amour agissant du Père qui ne cesse jamais d’agir pour tous les hommes »[184]. L’Église a toujours été consciente que durant l’action liturgique, la Parole de Dieu est accompagnée par l’action intime de l’Esprit Saint qui la rend efficace dans les cœurs des fidèles. En fait, c’est grâce au Paraclet que « la Parole de Dieu devient le fondement de l’action liturgique, la règle et le support de toute la vie. L’œuvre de l’Esprit Saint (…) suggère au cœur de chacun tout ce qui, dans la proclamation de la Parole de Dieu, est prononcé pour l’assemblée des fidèles dans son ensemble ; et tandis qu’elle renforce l’unité de tous, elle ravive aussi la diversité des charismes et pousse à l’action sous des formes multiples »[185].

Par conséquent, il faut comprendre et vivre la valeur essentielle de l’action liturgique par la compréhension de la Parole de Dieu. En un certain sens, l’herméneutique de la foi sur la base des Saintes Écritures, doit toujours avoir comme point de référence la liturgie, où la Parole de Dieu est célébrée comme une parole actuelle et vivante : « Ainsi, dans la liturgie, l’Église suit-elle fidèlement la manière de lire et d’interpréter l’Écriture qui fut celle du Christ, lui qui, depuis l’ ‘aujourd’hui’ de sa venue, exhorte à scruter attentivement toutes les Écritures »[186].

Se manifeste, ici, la sage pédagogie de l’Église qui proclame et écoute la Sainte Écriture en suivant le rythme de l’année liturgique. Cette dilatation de la Parole de Dieu dans le temps advient particulièrement dans la célébration eucharistique et dans la Liturgie des Heures. Au centre de tout, resplendit le Mystère Pascal auquel sont liés tous les mystères du Christ et de l’histoire du salut, qui s’actualisent sacramentalement : « Tout en célébrant ainsi les mystères de la rédemption, elle [l’Église] ouvre aux fidèles les richesses de la puissance et des mérites de son Seigneur de telle sorte que ces mystères sont en quelque sorte rendus présents tout le temps et que les fidèles sont mis en contact avec eux et remplis de la grâce du salut »[187]. J’exhorte les Pasteurs de l’Église et les assistants pastoraux à faire de telle sorte que tous les fidèles soient éduqués à goûter le sens profond de la Parole de Dieu qui se déploie dans la liturgie tout au long de l’année, en manifestant les mystères fondamentaux de notre foi. La juste approche de la Sainte Écriture en dépend aussi.

La Sainte Écriture et les Sacrements

53. En abordant le thème de la valeur de la liturgie pour la compréhension de la Parole de Dieu, le Synode des Évêques a voulu souligner aussi la relation entre la Sainte Écriture et l’action sacramentelle. Il est très opportun d’approfondir le lien entre la Parole et le Sacrement, aussi bien dans l’action pastorale de l’Église que dans la recherche théologique[188]. Il est certain que « la liturgie de la Parole est un élément décisif dans la célébration de chacun des Sacrements de l’Église »[189] ; néanmoins, dans l’action pastorale, les fidèles ne sont pas toujours conscients de ce lien et ne perçoivent pas toujours l’unité entre le geste et la parole. « Il appartient aux prêtres et aux diacres, surtout lorsqu’ils administrent les Sacrements, de mettre en lumière l’unité que Parole et Sacrement forment dans le ministère de l’Église »[190]. En effet, dans le rapport entre la Parole et le geste sacramentel, l’action même de Dieu dans l’histoire est manifestée sous la forme liturgique à travers le caractère performatif de la Parole. Dans l’histoire du salut en effet, il n’existe pas de séparation entre ce que Dieu dit et fait ; sa Parole même est vivante et efficace (cf. He 4, 12), comme le traduit bien l’expression hébraïque ‘dabar’. De même, nous sommes en présence de sa Parole qui réalise ce qu’elle dit dans l’action liturgique. En éduquant le Peuple de Dieu à découvrir le caractère performatif de la Parole de Dieu dans la liturgie, on l’aide aussi à percevoir l’action de Dieu dans l’histoire du salut et dans l’histoire personnelle de chacun de ses membres.

La Parole de Dieu et l’Eucharistie

54. Ce qui vient d’être affirmé de façon générale sur la relation entre la Parole et les Sacrements, s’approfondit quand nous nous référons à la célébration eucharistique. D’ailleurs, l’unité intime entre la Parole et l’Eucharistie se base sur le témoignage scripturaire (cf. Jn 6 ; Lc 24), attesté par les Pères de l’Église et réaffirmée par le Concile Vatican II[191]. À ce sujet, nous pensons au grand discours de Jésus sur le pain de vie dans la synagogue de Capharnaüm (cf. Jn 6, 22-69), qui est sous-tendu par la comparaison entre Moïse et Jésus, entre celui qui s’est entretenu avec Dieu face à face (cf. Ex 33, 11) et celui qui révéla Dieu (cf. Jn 1, 18). Le discours sur le pain, en effet, renvoie au don de Dieu, que Moïse a obtenu pour son peuple avec la manne dans le désert et qui est en réalité la Torah, la Parole de Dieu qui fait vivre (cf. Ps 119 ; Pr 9, 5). Jésus accomplit en sa personne la figure antique : « Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde… Moi, je suis le pain de vie » (Jn 6, 33.35). Ici, « la Loi est devenue Personne. Dans la rencontre avec Jésus, nous nous nourrissons pour ainsi dire du Dieu vivant lui-même, nous mangeons vraiment “le pain venu du ciel” »[192]. Le Prologue de Jean trouve un approfondissement dans le discours de Capharnaüm : si là le Logos de Dieu devient chair, ici cette chair devient “pain donné pour la vie du monde (cf. Jn 6, 51), faisant ainsi allusion au don que Jésus fera de lui-même dans le mystère de la croix, qui est confirmé par l’affirmation sur son sang donné « pour être bu » (cf. Jn 6, 53). De cette manière, il est révélé dans le mystère de l’Eucharistie quelle est la vraie manne, le vrai pain du ciel : c’est le Logos de Dieu qui s’est fait chair, et qui s’est offert lui-même pour nous dans le Mystère Pascal.

Le récit de Luc sur les disciples d’Emmaüs nous permet de progresser dans la réflexion sur le lien entre la Parole et la fraction du pain (cf. Lc 24, 13-35). Jésus alla à leur rencontre le jour après le sabbat, écouta l’expression de leur espérance déçue, et, devenant leur compagnon de route, « il leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait » (Lc 24, 27). Les deux disciples commencent à scruter d’une manière nouvelle les Écritures en présence de ce voyageur qui, de façon inattendue, se montre si proche de leur vie. Ce qui est arrivé en ces jours-là n’apparaît plus comme un échec, mais comme un accomplissement et un nouveau départ. Toutefois, ces paroles ne semblent pas encore satisfaire les disciples. L’Évangile de Luc nous dit que « leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent » (Lc 24, 31), seulement quand Jésus prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna, alors qu’auparavant, « leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas » (Lc 24, 16). La présence de Jésus, d’abord à travers ses paroles, puis avec le geste de la fraction du pain, a permis aux disciples de le reconnaître ; ils purent éprouver d’une manière nouvelle ce qu’ils avaient précédemment vécu avec Lui : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? » (Lc 24, 32).

55. Ces récits montrent comment l’Écriture elle-même conduit à appréhender son lien indissoluble avec l’Eucharistie. « C’est pourquoi il faut toujours avoir présent à l’esprit que la parole de Dieu, lue et annoncée par l’Église dans la liturgie, conduit au sacrifice de l’alliance et au banquet de la grâce, c’est-à-dire à l’Eucharistie »[193]. La Parole et l’Eucharistie sont corrélées intimement au point de ne pouvoir être comprises l’une sans l’autre : la Parole de Dieu se fait chair sacramentelle dans l’événement eucharistique. L’Eucharistie nous ouvre à l’intelligence de la Sainte Écriture, comme la Sainte Écriture illumine et explique à son tour le Mystère eucharistique. En effet, sans la reconnaissance de la présence réelle du Seigneur dans l’Eucharistie, l’intelligence de l’Écriture demeure incomplète. C’est pourquoi, «la Parole de Dieu et le Mystère eucharistique ont toujours et partout reçu de l’Église non pas le même culte mais la même vénération. C’est ce qu’elle a établi, poussée par l’exemple de son Fondateur, en ne cessant jamais de célébrer son mystère pascal, en se réunissant pour ‘lire dans toute l’Écriture, ce qui le concernait’ (Lc 24, 27), et pour réaliser l’œuvre du salut par le mémorial du Seigneur et les Sacrements »[194].

La sacramentalité de la Parole

56. En rappelant le caractère performatif de la Parole de Dieu dans l’action sacramentelle et l’approfondissement de la relation entre la Parole et l’Eucharistie, nous sommes conduits à poursuivre avec un thème important, relevé durant l’Assemblée du Synode, concernant la sacramentalité de la Parole[195]. À ce propos, il est utile de rappeler que le Pape Jean-Paul II avait fait référence à « la perspective sacramentelle de la Révélation et, en particulier, au signe eucharistique dans lequel l’unité indivisible entre la réalité et sa signification permet de saisir la profondeur du Mystère »[196]. De là, nous comprenons que le Mystère de l’Incarnation est vraiment à l’origine de la sacramentalité de la Parole de Dieu : « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1, 14), la réalité du mystère révélé nous est offerte dans la “chair” du Fils. La Parole de Dieu se rend perceptible à la foi par le “signe” des paroles et des gestes humains. La foi, donc, reconnaît le Verbe de Dieu, en accueillant les gestes et les paroles par lesquels il se présente lui-même à nous. La perspective sacramentelle de la Révélation indique, par conséquent, la modalité historico-salvifique par laquelle le Verbe de Dieu entre dans le temps et l’espace, devenant l’interlocuteur de l’homme, qui est appelé à accueillir dans la foi le don qui lui est fait.

La sacramentalité de la Parole se comprend alors par analogie à la présence réelle du Christ sous les espèces du pain et du vin consacrés[197]. En nous approchant de l’autel et en prenant part au banquet eucharistique, nous communions réellement au corps et au sang du Christ. La proclamation de la Parole de Dieu dans la célébration implique la reconnaissance que le Christ lui-même est présent et s’adresse à nous[198] pour être écouté. Sur l’attitude à avoir aussi bien envers l’Eucharistie qu’envers la Parole de Dieu, saint Jérôme affirme : «Nous lisons les Saintes Écritures. Je pense que l’Évangile est le Corps du Christ ; je pense que les Saintes Écritures sont son enseignement. Et quand il dit : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang (Jn 6, 53), ses paroles se réfèrent au Mystère [eucharistique], toutefois, le corps du Christ et son sang sont vraiment la Parole de l’Écriture, c’est l’enseignement de Dieu. Quand nous nous référons au Mystère [eucharistique] et qu’une miette de pain tombe, nous nous sentons perdus. Et quand nous écoutons la Parole de Dieu, c’est la Parole de Dieu et la chair du Christ et son sang qui tombent dans nos oreilles, et nous nous pensons à autre chose. Pouvons-nous imaginer le grand danger que nous courons ? »[199]. Le Christ, réellement présent dans les espèces du pain et du vin, est présent analogiquement dans la Parole proclamée dans la liturgie. Approfondir le sens de la sacramentalité de la Parole de Dieu, peut donc favoriser une compréhension plus unifiée du mystère de la révélation se réalisant « par des actions et des paroles intrinsèquement liées entre elles »[200], qui profitera à la vie spirituelle des fidèles et à l’action pastorale de l’Église.

La Sainte Écriture et le lectionnaire

57. En soulignant le rapport entre la Parole et l’Eucharistie, le Synode a voulu justement rappeler certains aspects de la célébration, qui sont inhérents au service de la Parole. Je voudrais faire référence surtout à l’importance du lectionnaire. La réforme voulue par le Concile Vatican II[201] a montré ses fruits en élargissant l’accès à la Sainte Écriture qui est abondamment proposée, surtout dans la liturgie dominicale. La structure actuelle, en plus de présenter fréquemment les textes les plus importants de l’Écriture, favorise la compréhension de l’unité du dessein divin, à travers la corrélation entre les lectures de l’Ancien et du Nouveau Testament, « dont le centre est le Christ célébré dans son Mystère pascal »[202]. Les quelques difficultés qui persistent dans la compréhension des relations entre les lectures des deux Testaments, doivent être considérées à la lumière de la lecture canonique, c’est-à-dire à la lumière de l’unité intrinsèque de toute la Bible. Là où le besoin s’en fait sentir, les organes compétents peuvent pourvoir à la publication de matériel didactique qui facilitera la compréhension du lien entre les lectures proposées par le lectionnaire, lesquelles doivent être toutes proclamées à l’assemblée liturgique, comme le prévoit la liturgie du jour. Les autres problèmes éventuels et les difficultés doivent être notifiés à la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements.

En outre, nous ne devons pas oublier que le lectionnaire actuel du rite latin renferme aussi un sens œcuménique, car il est aussi utilisé et apprécié par des confessions qui ne sont pas encore en pleine communion avec l’Église Catholique. Le problème du lectionnaire dans les liturgies des Églises Catholiques Orientales se pose différemment ; le Synode demande qu’il « soit analysé de manière autorisée »[203] selon les traditions propres et les compétences des Églises sui iuris en tenant compte, là aussi, du contexte œcuménique.

Proclamation de la Parole et ministère du lectorat

58. Durant l’Assemblée synodale sur l’Eucharistie, il avait déjà été demandé un plus grand soin dans la proclamation de la Parole de Dieu[204]. Comme on le sait, tandis que l’Évangile est proclamé par le prêtre ou le diacre, la première et la seconde lecture, dans la tradition latine, sont proclamées par le lecteur choisi, homme ou femme. Je voudrais ici me référer aux Pères synodaux qui, encore en cette circonstance, ont souligné la nécessité de soigner par une formation adéquate[205] l’exercice du munus du lecteur dans la célébration liturgique[206] et, de manière particulière le ministère du lectorat qui, comme tel dans le rite latin, est un ministère laïc. Il est nécessaire que les lecteurs chargés d’un tel service, même s’ils n’ont pas été institués, soient vraiment idoines et préparés avec soin. Une telle préparation doit être aussi bien biblique et liturgique que technique : « La formation biblique doit permettre aux lecteurs de situer les lectures dans leur contexte propre et de comprendre, à la lumière de la foi, le point central du message révélé. La formation liturgique doit fournir aux lecteurs la possibilité de saisir le sens et la structure de la liturgie de la Parole et de comprendre les liens entre celle-ci et la liturgie eucharistique. La préparation technique doit rendre les lecteurs toujours plus compétents dans l’art de lire devant le peuple, soit directement, soit en utilisant les moyens modernes qui amplifient la voix »[207].

L’importance de l’homélie

59. « Les fonctions et les charges qui reviennent à chacun par rapport à la Parole de Dieu sont également variées : ainsi, les fidèles écoutent et méditent cette Parole, tandis que, seuls, la présentent ceux qui ont reçu, par l’Ordination, la charge du magistère, ou ceux à qui l’exercice de ce même ministère a été confié »[208], à savoir les évêques, les prêtres et les diacres. À partir de là, on comprend l’attention que le Synode a donnée au thème de l’homélie. Déjà dans l’Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis, je rappelais qu’ « en relation avec l’importance de la Parole de Dieu, il est nécessaire d’améliorer la qualité de l’homélie. Elle ‘fait partie de l’action’ liturgique ; elle a pour fonction de favoriser une compréhension plus large et plus efficace de la Parole de Dieu dans la vie des fidèles »[209]. L’homélie est en effet une actualisation du message scripturaire, de telle sorte que les fidèles soient amenés à découvrir la présence et l’efficacité de la Parole de Dieu dans l’aujourd’hui de leur vie. Elle doit aider à la compréhension du mystère qui est célébré, inviter à la mission, en préparant l’assemblée à la profession de foi, à la prière universelle et à la liturgie eucharistique. Par conséquent, que ceux qui, en vertu de leur ministère spécial, sont députés à la prédication, prennent à cœur ce devoir. On doit éviter les homélies vagues et abstraites, qui occultent la simplicité de la Parole de Dieu, comme aussi les divagations inutiles qui risquent d’attirer l’attention plus sur le prédicateur que sur la substance du message évangélique. Il doit être clair pour les fidèles que ce qui tient au cœur du prédicateur, c’est de montrer le Christ, sur lequel l’homélie est centrée. Pour ce faire, il convient que les prédicateurs aient une familiarité et un contact assidu avec le texte sacré[210] ; qu’ils se préparent pour l’homélie dans la méditation et la prière afin de pouvoir prêcher avec conviction et passion. L’Assemblée synodale a exhorté à considérer les questions suivantes : « Que disent les lectures proclamées ? Que me disent-elles à moi personnellement ? Que dois-je dire à la communauté, en tenant compte de sa situation concrète ? »[211]. Le prédicateur doit « être le premier à être interpellé par la Parole de Dieu qu’il annonce »[212], car, comme le dit Saint Augustin : « qui prêche extérieurement la Parole de Dieu et ne l’écoute pas intérieurement ne peut pas porter du fruit »[213]. Qu’on prenne particulièrement soin de l’homélie du dimanche et des solennités ; mais qu’on n’omette pas aussi durant les messes cum populo en semaine, si possible, d’offrir de brèves réflexions appropriées à la situation, pour aider les fidèles à accueillir et faire fructifier la Parole qu’ils ont écoutée.

L’opportunité d’un Directoire homilétique

60. Prêcher d’une manière juste en s’appuyant sur le lectionnaire est véritablement un art qui doit être développé. Par conséquent, dans la continuité avec ce qui a été demandé par le Synode précédent[214], je demande aux autorités compétentes, en se référant au Compendium eucharistique[215], de penser aux instruments et aux outils appropriés pour aider les ministres à assurer le mieux possible leur ministère, en élaborant par exemple un Directoire sur l’homélie de façon que les prédicateurs y puissent trouver une aide précieuse pour se préparer à l’exercice de leur ministère. Comme nous le rappelle saint Jérôme, la prédication doit être aussi accompagnée par le témoignage de sa propre vie : « Que tes actions ne trahissent pas tes paroles, pour qu’il n’advienne pas que, quand tu prêches dans l’église, quelqu’un commente intérieurement : ‘Pourquoi donc n’agis-tu pas toi-même ainsi ?’ (…) L’esprit et la parole doivent s’accorder dans le prêtre du Christ »[216].

Parole de Dieu, Réconciliation et Onction des malades

61. Si l’Eucharistie se trouve sans aucun doute au centre de la relation entre la Parole de Dieu et les Sacrements, il est bon de souligner aussi l’importance de la Sainte Écriture pour les autres Sacrements, en particulier ceux qui apportent une guérison, le Sacrement de la Réconciliation, ou de la Pénitence, et le Sacrement de l’Onction des malades. La référence à la Sainte Écriture y est souvent négligée, alors qu’il faut lui donner la place qui lui revient. En effet, on ne doit jamais oublier que « la Parole de Dieu est parole de réconciliation parce qu’en elle Dieu réconcilie en Lui toute chose (cf. 2 Co 5, 18-20 ; Ep 1, 10). La miséricorde de Dieu, incarné en Jésus, relève le pécheur »[217]. La Parole de Dieu « éclaire le croyant pour lui faire discerner ses péchés, l’invite à la conversion et à la confiance en la miséricorde de Dieu »[218]. Afin de percevoir davantage la puissance de réconciliation que possède la Parole de Dieu, on recommande à chaque pénitent de se préparer à la confession en méditant un passage adapté de la Sainte Écriture et de commencer sa confession par la lecture ou l’écoute d’une exhortation biblique, selon ce que prévoit son rite propre. Puis, quand il manifeste sa contrition, il est bon que le pénitent prenne « une prière formée de paroles tirées de la Sainte Écriture »[219] prévue par le rite. Quand cela est possible, il est bon qu’à certains moments de l’année ou quand l’occasion s’en présente, la confession individuelle de plusieurs pénitents se fasse dans le cadre de célébrations pénitentielles, selon ce que prévoit le rituel, dans le respect des différentes traditions liturgiques, pour pouvoir donner toute sa place à la célébration de la Parole par l’usage de lectures appropriées.

En ce qui concerne le Sacrement de l’Onction des malades, qu’on n’oublie pas que « la force de guérison de la Parole de Dieu est un appel puissant à une conversion personnelle permanente de celui qui l’écoute »[220]. La Sainte Écriture contient de nombreuses pages qui montrent le réconfort, le soutien et la guérison donnés par l’intervention de Dieu. Qu’on se souvienne en particulier de la proximité de Jésus à l’égard de ceux qui souffrent : Lui-même, le Verbe de Dieu incarné, s’est chargé de nos douleurs et il a souffert par amour pour l’homme, en donnant ainsi un sens à la maladie et à la mort. Il est bon que, dans les paroisses et surtout dans les hôpitaux, on célèbre en communauté, selon les circonstances, le Sacrement des malades. Qu’on donne en ces occasions une large place à la célébration de la Parole et qu’on aide les fidèles malades à vivre avec foi leur état de souffrance, en union au Sacrifice rédempteur du Christ qui nous délivre du mal.

Parole de Dieu et Liturgie des Heures

62. Parmi les formes de prière qui exaltent la Sainte Écriture, il y a sans aucun doute la Liturgie des Heures. Les Pères synodaux ont affirmé qu’elle constitue « une forme privilégiée d’écoute de la Parole de Dieu parce qu’elle met en contact les fidèles avec l’Écriture Sainte et avec la Tradition vivante de l’Église»[221]. On doit avant tout rappeler la dignité théologique et ecclésiale de cette prière. En effet, « dans la Liturgie des Heures, l’Église, exerçant la fonction sacerdotale de son Chef, offre à Dieu ‘incessamment’ (1 Th 5, 17) le sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom (cf. He 13, 15). Cette prière est ‘la voix de l’Épouse elle-même qui s’adresse à son Époux ; et mieux encore, c’est la prière du Christ que celui-ci, avec son Corps, présente au Père’ »[222]. À ce sujet, le Concile Vatican II avait affirmé : « Tous ceux qui assurent cette charge accomplissent l’office de l’Église et, en même temps, participent de l’honneur suprême de l’Épouse du Christ, parce qu’en s’acquittant des louanges divines, ils se tiennent devant le trône de Dieu au nom de la Mère Église »[223]. Dans la Liturgie des Heures, prière publique de l’Église, apparaît l’idéal chrétien de sanctification de toute la journée, rythmée par l’écoute de la Parole de Dieu et par la prière des psaumes, si bien que toute activité trouve son point de référence dans la louange offerte à Dieu.

Ceux qui sont tenus par leur état de vie à la récitation de la Liturgie des Heures doivent vivre cet engagement en faveur de toute l’Église. Les évêques, les prêtres et les diacres ordonnés en vue du sacerdoce, qui ont reçu de l’Église la mission de la célébrer, ont l’obligation d’acquitter chaque jour toutes les Heures[224]. Dans les Églises Catholiques orientales sui iuris, cette obligation sera respectée en fonction des indications données par leur droit propre[225]. En outre, je recommande aux communautés de vie consacrée d’être « exemplaires dans la célébration de la Liturgie des Heures, au point de constituer une référence et une source d’inspiration pour la vie spirituelle et pastorale de toute l’Église.

Le Synode a exprimé le désir de voir se diffuser plus largement dans le Peuple de Dieu ce genre de prière, surtout la récitation des Laudes et des Vêpres. Un tel développement ne pourra que faire grandir parmi les fidèles la familiarité avec la Parole de Dieu. On doit souligner aussi la valeur de la Liturgie des Heures prévue pour les premières Vêpres du dimanche et des solennités, notamment dans les Églises Catholiques orientales. C’est pourquoi je recommande que, là où c’est possible, les paroisses et les communautés de vie religieuse favorisent cette prière en y associant les fidèles.

La Parole de Dieu et le Livre des Bénédictions

63. Dans l’usage du Livre des Bénédictions, on prêtera attention à la place prévue pour la proclamation, l’écoute et l’explication de la Parole de Dieu, grâce à de brèves monitions. En effet, dans les cas prévus par l’Église et à la demande des fidèles, le geste de la bénédiction n’est pas à isoler, mais à relier à la vie liturgique du Peuple de Dieu selon sa nature propre. En ce sens, la bénédiction, véritable signe sacré, « puise son sens et son efficacité de la proclamation de la Parole de Dieu »[226]. Je recommande donc de profiter aussi de ces occasions pour raviver chez les fidèles la faim et la soif de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (cf. Mt 4, 4).

Suggestions et propositions concrètes pour l’animation liturgique

64. Après avoir rappelé quelques éléments fondamentaux de la relation entre Liturgie et Parole de Dieu, je désire maintenant reprendre et mettre en valeur quelques propositions et suggestions faites par les Pères synodaux pour favoriser dans le Peuple de Dieu une familiarité toujours plus grande avec la Parole de Dieu dans le cadre des actions liturgiques ou du moins de ce qui s’y rapporte.

a) Célébrations de la Parole de Dieu

65. Les Pères synodaux ont exhorté tous les Pasteurs à diffuser dans les communautés qui leur sont confiées les moments de célébration de la Parole[227]. Il s’agit d’une occasion privilégiée de rencontre avec le Seigneur. C’est pourquoi une telle pratique ne peut qu’apporter une grande aide aux fidèles et il faut y voir un élément de valeur de la pastorale liturgique. Ces célébrations ont une importance particulière pour la préparation de l’Eucharistie dominicale, afin de donner aux croyants la possibilité de pénétrer davantage dans la richesse du Lectionnaire pour méditer et prier la Sainte Écriture, surtout dans les temps forts de la liturgie, l’Avent et Noël, le Carême et Pâques. La célébration de la Parole de Dieu est fortement recommandée dans les communautés qui, par manque de prêtres, ne peuvent célébrer le sacrifice eucharistique les jours d’obligation. En tenant compte des indications déjà exprimées dans l’Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis sur les assemblées dominicales en absence de prêtre[228], je recommande que les autorités compétentes élaborent des rituels, en valorisant l’expérience des Églises particulières. C’est ainsi que seront favorisées, dans ces situations, des célébrations de la Parole qui puissent nourrir la foi des croyants, en évitant néanmoins de les confondre avec les célébrations eucharistiques ; « elles devraient plutôt être des occasions privilégiées de prière adressée à Dieu pour qu’il envoie de saints prêtres selon son cœur »[229].

En outre, les Pères synodaux ont recommandé de célébrer aussi la Parole de Dieu à l’occasion des pèlerinages, des fêtes particulières, des missions populaires, des retraites spirituelles et des jours spéciaux de pénitence, de réparation et de pardon. En ce qui concerne les différentes formes de piété populaire, bien qu’il ne s’agisse pas d’actes liturgiques et qu’il faille éviter toute confusion avec les célébrations liturgiques, il est bon qu’elles s’en inspirent et, surtout, qu’elles donnent une juste place à la proclamation et à l’écoute de la Parole de Dieu ; en effet, « la piété populaire trouvera dans la Sainte Écriture une source inépuisable d’inspiration, des modèles de prière inégalables et des propositions particulièrement fécondes de thèmes »[230].

b) La Parole et le silence

66. De nombreuses interventions des Pères synodaux ont insisté sur la valeur du silence en lien avec la Parole de Dieu et sa réception dans la vie des fidèles[231]. En effet, la parole ne peut être prononcée et entendue que dans le silence, extérieur et intérieur. Notre temps ne favorise pas le recueillement et, parfois, on a l’impression qu’il y a comme une peur à se détacher, même momentanément, des instruments de communication de masse. C’est pourquoi il est nécessaire aujourd’hui d’éduquer le Peuple de Dieu à la valeur du silence. Redécouvrir le caractère central de la Parole de Dieu dans la vie de l’Église veut dire redécouvrir le sens du recueillement et de la paix intérieure. La grande tradition patristique nous enseigne que les mystères du Christ sont liés au silence[232] ; par lui seul, la Parole peut faire en nous sa demeure, comme chez Marie, qui est inséparablement la femme de la Parole et du silence. Nos liturgies doivent faciliter cette écoute authentique : Verbo crescente, verba deficiunt [233].

Que cette valeur apparaisse particulièrement dans la Liturgie de la Parole, qui « doit se célébrer de manière à favoriser la méditation »[234]. Le silence, quand il est prévu, est à considérer « comme une partie de la célébration »[235]. C’est pourquoi j’exhorte les Pasteurs à encourager les moments de recueillement, par le moyen desquels, avec l’aide de l’Esprit Saint, la Parole de Dieu est reçue dans le cœur.

c) Proclamation solennelle de la Parole de Dieu

67. Le Synode a fait une autre suggestion : solenniser, surtout dans les fêtes liturgiques importantes, la proclamation de la Parole, spécialement l’Évangile, en utilisant l’évangéliaire porté en procession pendant le rite d’entrée, puis placé sur l’ambon par le diacre ou par un prêtre pour être proclamé. C’est ainsi qu’on aide le Peuple de Dieu à reconnaître que « la lecture de l’Évangile constitue le sommet de cette liturgie de la Parole »[236]. En suivant les indications de la Présentation générale du lectionnaire de la Messe, il est bon de mettre en valeur la proclamation de la Parole de Dieu par le chant, notamment l’Évangile, surtout en certaines solennités. Il serait bon de chanter le salut, l’annonce initiale « Évangile de … » et la fin « Acclamons la Parole de Dieu », pour souligner l’importance de ce qui est lu[237].

68. Pour favoriser l’écoute de la Parole de Dieu, il ne faut pas négliger les moyens qui peuvent aider les fidèles à avoir une plus grande attention. Il est nécessaire pour cela qu’on ne néglige jamais l’acoustique des édifices sacrés, dans le respect des normes liturgiques et architectoniques. « Lors de la construction d’églises, les évêques, dûment aidés, doivent être attentifs à ce que celles-ci soient des lieux adaptés à la proclamation de la Parole, à la méditation et à la célébration eucharistique. Les espaces saints, qui présentent le Mystère chrétien en relation avec la Parole de Dieu, doivent le faire de manière éloquente, même en dehors des célébrations liturgiques »[238].

Une attention particulière sera réservée à l’ambon en tant que lieu liturgique depuis lequel est proclamée la Parole de Dieu. Il doit être placé en un endroit bien visible, capable d’attirer spontanément l’attention des fidèles pendant la liturgie de la Parole. Il est bon qu’il soit fixe, établi comme un élément sculpté en harmonie esthétique avec l’autel, de manière à représenter aussi visiblement le sens théologique des deux tables de la Parole et de l’Eucharistie. Depuis l’ambon, on proclame les lectures, le psaume responsorial et l’annonce de la Pâque ; on peut également y faire l’homélie et y dire la prière des fidèles[239].

Les Pères synodaux suggèrent en outre que, dans les églises, il y ait un lieu privilégié où l’on place la Sainte Écriture même en-dehors de la célébration[240]. En effet, il est bon que le livre qui contient la Parole de Dieu soit dans un endroit visible et honorable à l’intérieur du temple chrétien, sans pour autant priver de sa place centrale le tabernacle qui contient le Très Saint Sacrement[241].

e) Exclusivité des textes bibliques dans la liturgie

69. En outre, le Synode a fortement insisté sur ce qui, d’ailleurs, a déjà été fixé par la norme liturgique de l’Église[242] : les lectures tirées de la Sainte Écriture ne doivent jamais être remplacées par d’autres textes, aussi significatifs soient-ils du point de vue pastoral ou spirituel : « Aucun texte de spiritualité ou de littérature ne peut atteindre la valeur et la richesse contenues dans les Saintes Écritures qui sont la Parole de Dieu »[243]. Il s’agit d’une règle antique de l’Église qui doit être conservée[244]. Face à certains abus, le Pape Jean-Paul II avait rappelé l’importance du fait de ne jamais remplacer la Sainte Écriture par d’autres lectures[245]. Souvenons-nous que le psaume responsorial est une Parole de Dieu, par laquelle nous répondons à la voix du Seigneur, et qu’il ne doit donc pas être remplacé par d’autres textes, et qu’il est tout à fait opportun de le chanter.

f) Chant liturgique bibliquement inspiré

70. Dans le cadre de la valorisation de la Parole de Dieu durant la célébration liturgique, on fera aussi attention au chant retenu pour les moments prévus selon chaque rite, favorisant celui qui est clairement inspiré par la Bible et qui exprime, par l’accord harmonieux des paroles et de la musique, la beauté de la Parole divine. En ce sens, il est bon de mettre en valeur les chants que la tradition de l’Église nous a livrés et qui respectent ce critère. Je pense en particulier à l’importance du chant grégorien[246].

g) Attention particulière aux aveugles et aux sourds

71. Dans ce contexte, je voudrais aussi rappeler que le Synode a recommandé que l’on fasse particulièrement attention à ceux qui, à cause de leur état, ont des difficultés à participer activement à la liturgie, comme par exemple ceux qui ne voient pas ou n’entendent pas. J’encourage les communautés chrétiennes à prévoir, dans la mesure du possible, des outils adaptés pour venir en aide aux frères et aux sœurs qui souffrent de ces difficultés, afin qu’il leur soit donné, à eux aussi, la possibilité d’un contact vivant avec la Parole du Seigneur[247].


LA PAROLE DE DIEU DANS LA VIE ECCLÉSIALE

Rencontrer la Parole de Dieu dans la Sainte Écriture

72. S’il est vrai que la liturgie est le lieu privilégié pour la proclamation, l’écoute et la célébration de la Parole de Dieu, il est tout aussi vrai que cette rencontre doit être préparée dans le cœur des fidèles et surtout être approfondie et assimilée par eux. En effet, la vie chrétienne est caractérisée essentiellement par la rencontre avec Jésus Christ qui nous appelle à le suivre. C’est pourquoi le Synode des Évêques a réaffirmé plusieurs fois l’importance de la pastorale dans les communautés chrétiennes comme cadre dans lequel parcourir un itinéraire personnel et communautaire par rapport à la Parole de Dieu, de sorte que celle-ci soit vraiment au fondement de la vie spirituelle. Avec les Pères du Synode, j’exprime le vif désir que fleurisse « une nouvelle saison de plus grand amour pour la Sainte Écriture, de la part de tous les membres du Peuple de Dieu, afin que la lecture orante et fidèle dans le temps leur permette d’approfondir leur relation avec la personne même de Jésus »[248].

Dans l’histoire de l’Église, les recommandations des saints sur la nécessité de connaître l’Écriture pour grandir dans l’amour du Christ ne manquent pas. C’est un fait particulièrement évident chez les Pères de l’Église. Saint Jérôme, grand « amoureux » de la Parole de Dieu se demandait : « Comment pourrait-on vivre sans la science des Écritures, à travers lesquelles on apprend à connaître le Christ lui-même, qui est la vie des croyants ? »[249]. Il était bien conscient que la Bible est l’instrument « par lequel Dieu parle chaque jour aux croyants »[250]. Il conseille ainsi Leta, une matrone romaine, pour l’éducation de sa fille : « Assure-toi qu’elle étudie chaque jour un passage de l’Écriture… À la prière fais suivre la lecture, et à la lecture, la prière… Plutôt que les bijoux et les vêtements de soie, qu’elle aime les Livres divins »[251]. Ce que saint Jérôme écrivait au prêtre Neposianus vaut aussi pour nous : « Lis fréquemment les divines Écritures ; et même, que le Livre Saint ne soit jamais enlevé de tes mains. Apprends-y ce que tu dois enseigner »[252]. À l’exemple du grand saint qui consacra sa vie à l’étude de la Bible et qui donna à l’Église sa traduction latine, la Vulgate, et de tous les saints qui ont placé au centre de leur vie spirituelle la rencontre avec le Christ, renouvelons notre engagement à approfondir la Parole que Dieu a donnée à l’Église. De cette façon nous pourrons tendre à ce « haut degré de la vie chrétienne ordinaire »[253], souhaité par le Pape Jean-Paul II au commencement du troisième millénaire chrétien, qui se nourrit constamment de l’écoute de la Parole de Dieu.

L’animation biblique de la pastorale

73. Dans cette ligne, le Synode a invité à un engagement pastoral particulier pour faire ressortir la place centrale de la Parole de Dieu dans la vie ecclésiale, recommandant « d’intensifier « la pastorale biblique » non en la juxtaposant à d’autres formes de la pastorale, mais comme animation biblique de toute la pastorale »[254]. Il ne s’agit donc pas d’ajouter quelques rencontres dans la paroisse ou dans le diocèse, mais de vérifier que, dans les activités habituelles des communautés chrétiennes, dans les paroisses, dans les associations et dans les mouvements, on a vraiment à cœur la rencontre personnelle avec le Christ qui se communique à nous dans sa Parole. Ainsi, si « l’ignorance de la Sainte Écriture est ignorance du Christ »[255], l’animation biblique de toute la pastorale ordinaire et extraordinaire conduira à une plus grande connaissance de la personne du Christ, Révélateur du Père et plénitude de la Révélation divine.

J’exhorte donc les Pasteurs et les fidèles à tenir compte de l’importance de cette animation : ce sera aussi la meilleure façon de faire face à certains problèmes pastoraux mis en évidence au cours de l’Assemblée synodale liés, par exemple, à la prolifération des sectes qui répandent une lecture déformée et instrumentalisée de la Sainte Écriture. Là où les fidèles ne se forment pas à une connaissance de la Bible selon la foi de l’Église dans le creuset de sa Tradition vivante, on laisse de fait un vide pastoral dans lequel des réalités comme les sectes peuvent trouver un terrain pour prendre pied. C’est pourquoi il est aussi nécessaire de pourvoir à une préparation adéquate des prêtres et des laïcs afin qu’ils puissent instruire le Peuple de Dieu dans une approche authentique des Écritures.

En outre, comme cela a été souligné durant les travaux synodaux, il est bon que dans l’activité pastorale soit favorisé aussi le développement de petites communautés, « composées de familles, enracinées dans les paroisses ou liées aux divers mouvements ecclésiaux ou nouvelles communautés »[256], dans lesquelles seront encouragées la formation, la prière et la connaissance de la Bible selon la foi de l’Église.

Dimension biblique de la catéchèse

74. Un temps important de l’animation pastorale de l’Église, où l’on peut avec sagesse redécouvrir le caractère central de la Parole de Dieu, est la catéchèse qui, dans ses diverses formes et phases, doit toujours accompagner le Peuple de Dieu. La rencontre des disciples d’Emmaüs avec Jésus décrite par l’évangéliste Luc (cf. Lc 24, 13-35) représente, en un certain sens, le modèle d’une catéchèse au centre de laquelle se trouve « l’explication des Écritures », que seul le Christ est en mesure de donner (cf. Lc 24, 27-28), en montrant leur accomplissement dans sa personne[257]. C’est ainsi que renaît l’espérance, plus forte que tout échec, qui fait de ces disciples des témoins convaincus et crédibles du Ressuscité.

Dans le Directoire général pour la catéchèse, nous trouvons des indications valables pour l’animation biblique de la catéchèse et j’y renvoie volontiers[258]. Dans ces circonstances, je désire surtout souligner que la catéchèse « doit s’imprégner et se pénétrer de la pensée, de l’esprit et des attitudes bibliques et évangéliques par un contact assidu avec les textes eux-mêmes ; ce qui veut aussi rappeler que la catéchèse sera d’autant plus riche et efficace qu’elle lira les textes avec l’intelligence et le cœur de l’Église »[259] et qu’elle s’inspirera de la réflexion et de la vie deux fois millénaire de l’Église. On doit encourager de cette façon la connaissance des figures, des événements et des expressions fondamentaux du texte sacré ; à cette fin, une mémorisation intelligente de certains passages bibliques – particulièrement ceux qui parlent des Mystères chrétiens - peut aussi être profitable. L’activité catéchétique implique toujours de rapprocher les Écritures de la foi et de la Tradition de l’Église, de sorte que ces paroles soient perçues comme vivantes, comme le Christ est vivant aujourd’hui là où deux ou trois se réunissent en son nom (cf. Mt 18, 20). Elle doit communiquer de façon vitale l’histoire du salut et les contenus de la foi de l’Église, afin que tout fidèle reconnaisse que sa propre existence personnelle appartient aussi à cette histoire.

Dans cette perspective, il est important de souligner le lien entre la Sainte Écriture et le Catéchisme de l’Église catholique, comme l’a affirmé le Directoire général pour la catéchèse : « En effet, l’Écriture Sainte, ‘Parole de Dieu mise par écrit sous l’inspiration de l’Esprit Saint’ et le Catéchisme de l’Église catholique, expression actuelle de la Tradition vivante de l’Église et norme sûre pour l’enseignement de la foi, sont appelés, chacun à sa façon, et selon son autorité spécifique, à féconder la catéchèse dans l’Église contemporaine »[260].

Formation biblique des chrétiens

75. Pour atteindre le but souhaité par le Synode de donner un caractère plus fortement biblique à toute la pastorale de l’Église, il est nécessaire qu’il y ait une formation convenable des chrétiens et, en particulier, des catéchistes. À cet égard, il faut porter attention à l’apostolat biblique, méthode très valable pour cette finalité, comme le montre l’expérience ecclésiale. Les Pères synodaux ont, de plus, recommandé que, si possible par la valorisation de structures académiques déjà existantes, soient établis des centres de formation pour laïcs et pour missionnaires, où l’on apprenne à comprendre, à vivre et à annoncer la Parole de Dieu, et que, là où on en voit la nécessité, soient constitués des instituts spécialisés dans les études bibliques pour former des exégètes qui aient une solide compréhension théologique et qui soient sensibles aux contextes de leur mission[261].

La Sainte Écriture dans les grands rassemblements ecclésiaux

76. Parmi les multiples initiatives qui peuvent être prises, le Synode suggère que, dans les rassemblements, aussi bien au niveau diocésain que national ou international, l’importance de la Parole de Dieu, de son écoute et de la lecture croyante et orante de la Bible soit soulignée le plus possible. Par conséquent, dans les congrès eucharistiques, nationaux et internationaux, aux Journées Mondiales de la Jeunesse et dans les autres rencontres on pourra avec raison trouver de plus amples espaces pour des célébrations de la Parole et pour des moments de formation biblique[262].

Parole de Dieu et vocations

77. Le Synode, en soulignant l’exigence intrinsèque de la foi d’approfondir la relation avec le Christ, Parole de Dieu parmi nous, a voulu aussi mettre en évidence le fait que cette Parole appelle chacun en termes personnels, révélant ainsi que la vie elle-même est vocation par rapport à Dieu. Cela veut dire que plus nous approfondissons notre relation avec le Seigneur Jésus, plus nous nous apercevons qu’Il nous appelle à la sainteté, au moyen de choix définitifs, par lesquels notre vie répond à son amour, assumant des tâches et des ministères pour édifier l’Église. Dans cette perspective se comprennent les invitations faites par le Synode à tous les chrétiens d’approfondir leur relation avec la Parole de Dieu en tant que baptisés, mais aussi en tant qu’appelés à vivre selon les divers états de vie. Ici nous touchons l’un des points cardinaux de la doctrine du Concile Vatican II qui a souligné la vocation à la sainteté de tout fidèle, chacun dans son propre état de vie[263]. C’est dans la Sainte Écriture que se trouve révélée notre vocation à la sainteté : « Vous serez saints parce que je suis Saint » (Lv 11, 44 ; 19, 2 ; 20, 7). Puis saint Paul en souligne la racine christologique : dans le Christ, le Père « nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard » (Ep 1, 4). Ainsi pouvons-nous entendre comme adressé à chacun de nous son salut aux frères et aux sœurs de la communauté de Rome : « À tous les bien-aimés de Dieu … aux saints par vocation, à vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ. » (Rm 1, 7).

a) Parole de Dieu et Ministres ordonnés

78. Avant tout, en m’adressant maintenant aux Ministres ordonnés de l’Église, je leur rappelle ce qu’a affirmé le Synode : « La Parole de Dieu est indispensable pour former le cœur d’un bon Pasteur, Ministre de la Parole »[264]. Évêques, prêtres, diacres ne peuvent en aucune façon penser vivre leur vocation et leur mission sans un engagement décidé et renouvelé de sanctification qui trouve l’un de ses piliers dans le contact avec la Bible.

79. Pour ceux qui sont appelés à l’épiscopat, et qui sont les premiers annonciateurs autorisés de la Parole, je désire réaffirmer ce qui a été dit par le Pape Jean-Paul II dans l’Exhortation apostolique post-synodale Pastores gregis. Pour nourrir et faire progresser sa vie spirituelle, l’évêque doit toujours mettre « à la première place la lecture et la méditation de la Parole de Dieu. Tout évêque devra toujours se confier et se sentir confié ‘à Dieu et à son message de grâce, qui a le pouvoir de construire l’édifice et de faire participer les hommes à l’héritage de ceux qui ont été sanctifiés’ (Ac 20, 32). C’est pourquoi, avant d’être un transmetteur de la Parole, l’Évêque, avec ses prêtres et comme tout fidèle, bien plus comme l’Église elle-même, doit être un auditeur de la Parole. Il doit être comme ‘à l’intérieur’ de la Parole, pour se laisser garder et nourrir par elle, comme dans le sein maternel »[265]. À l’imitation de Marie, Virgo audiens et Reine des Apôtres, je recommande à tous mes frères dans l’épiscopat la lecture personnelle fréquente et l’étude assidue de la Sainte Écriture.

80. À l’attention des prêtres aussi, je voudrais rappeler les paroles du Pape Jean-Paul II qui, dans l’Exhortation apostolique post-synodale Pastores dabo vobis, a rappelé que « le prêtre est avant tout ministre de la Parole de Dieu. Il est consacré et envoyé pour annoncer à tous l’Évangile du Royaume, appelant tout homme à l’obéissance de la foi et conduisant les croyants à une connaissance et à une communion toujours plus profonde du Mystère de Dieu, à nous révélé et communiqué par le Christ. C’est pourquoi le prêtre lui-même doit tout d’abord acquérir une grande familiarité avec la Parole de Dieu. Il ne lui suffit pas d’en connaître l’aspect linguistique ou exégétique, ce qui est cependant nécessaire. Il lui faut accueillir la Parole avec un cœur docile et priant, pour qu’elle pénètre à fond dans ses pensées et ses sentiments et engendre en lui un esprit nouveau, ‘la pensée du Christ’ (1 Co 2, 16)[266]. Ainsi, ses paroles, et plus encore ses choix et ses attitudes seront toujours plus transparents à l’Évangile, l’annonceront et en rendront témoignage. C’est seulement ‘en demeurant’ dans la Parole que le prêtre deviendra parfait disciple du Seigneur, connaîtra la vérité et sera vraiment libre »[267].

En définitive, l’appel au sacerdoce demande d’être consacrés ‘dans la vérité’. Jésus lui-même formule cette exigence à l’égard de ses disciples : « Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde » (Jn 17, 17-18). Les disciples sont en un certain sens « attirés dans l’intimité de Dieu par leur immersion dans la Parole de Dieu. La Parole de Dieu est, pour ainsi dire, le bain qui les purifie, le pouvoir créateur qui les transforme dans l’être de Dieu »[268]. Et puisque le Christ lui-même est la Parole de Dieu faite chair (Jn 1, 14), qu’il est ‘la Vérité’ (Jn 14, 6), alors la prière de Jésus au Père « Consacre-les par la vérité » veut dire au sens le plus profond : « Fais qu’ils ne soient qu’un avec moi, le Christ. Attache-les à moi. Attire-les en moi. Et, de fait, il n’existe qu’un seul prêtre de la Nouvelle Alliance, Jésus Christ lui-même »[269]. Il est donc nécessaire que les prêtres renouvellent toujours plus profondément leur conscience de cette réalité.

81. Je voudrais me référer aussi à la place de la Parole de Dieu dans la vie de ceux qui sont appelés au diaconat, non seulement comme degré précédant l’ordre du presbytérat, mais comme service permanent. Les Normes fondamentales pour la formation des diacres permanents affirment que de « l’identité théologique du diaconat, dérivent avec clarté les traits de sa spiritualité spécifique, qui se présente essentiellement comme une spiritualité du service. Le modèle par excellence est le Christ serviteur, qui a vécu totalement au service de Dieu pour le bien des hommes »[270]. Dans cette perspective on comprend que, dans les différentes dimensions du ministère diaconal, « un élément caractéristique de la spiritualité diaconale est la Parole de Dieu, dont le diacre est appelé à être l’annonciateur autorisé, en croyant ce qu’il proclame, en enseignant ce qu’il croit, en vivant ce qu’il enseigne »[271]. Je recommande donc que les diacres nourrissent leur vie d’une lecture croyante de la Sainte Écriture avec l’étude et la prière. Qu’ils soient introduits à « la Sainte Écriture et à sa juste interprétation ; à la théologie de l’Ancien et du Nouveau Testament ; au rapport réciproque entre l’Écriture et la Tradition ; en particulier à l’usage de l’Écriture dans la prédication, dans la catéchèse et dans l’activité pastorale en général »[272].

b) La Parole de Dieu et les candidats à l’Ordination

82. Le Synode a donné une importance particulière au rôle décisif de la Parole de Dieu dans la vie spirituelle des candidats au sacerdoce ministériel : « Les candidats au sacerdoce doivent apprendre à aimer la Parole de Dieu. Que l’Écriture soit donc l’âme de leur formation théologique, en soulignant la circularité indispensable entre exégèse, théologie, spiritualité et mission »[273]. Les aspirants au sacerdoce ministériel sont appelés à une profonde relation personnelle avec la Parole de Dieu, en particulier dans la lectio divina, pour que leur vocation elle-même se nourrisse de cette relation: c’est dans la lumière et dans la force de la Parole de Dieu que chacun peut découvrir, comprendre, aimer et suivre sa vocation propre et accomplir sa mission, faisant grandir dans le cœur les pensées de Dieu, de sorte que la foi, en tant que réponse à la Parole, devienne le nouveau critère de jugement et d’évaluation des hommes et des choses, des événements et des problèmes [274].

Cette attention à la lecture priante de l’Écriture ne doit en aucune façon alimenter une dichotomie par rapport à l’étude exégétique demandée au temps de la formation. Le Synode a recommandé que les séminaristes soient aidés concrètement à voir la relation entre l’étude biblique et la prière avec l’Écriture. Étudier les Écritures doit rendre plus conscient du mystère de la Révélation divine et alimenter une attitude de réponse priante au Seigneur qui parle. D’autre part, une authentique vie de prière ne pourra que faire grandir dans l’âme du candidat le désir de connaître toujours plus le Dieu qui s’est révélé dans sa Parole comme amour infini. Par conséquent, on devra apporter le plus grand soin à cultiver dans la vie des séminaristes cette réciprocité entre étude et prière. Dans ce but, il faut que les candidats soient initiés à une étude de la Sainte Écriture par des méthodes qui en favorisent une telle approche intégrale.

c) Parole de Dieu et Vie consacrée

83. En ce qui concerne la Vie consacrée, le Synode a rappelé avant tout qu’elle « naît de l’écoute de la Parole de Dieu et accueille l’Évangile comme règle de vie »[275]. Vivre à la suite du Christ, chaste, pauvre et obéissant, est ainsi une « ‘exégèse’ vivante de la Parole de Dieu »[276]. L’Esprit Saint, grâce auquel la Bible a été écrite, est le même Esprit qui éclaire « d’une lumière nouvelle la Parole de Dieu aux fondateurs et aux fondatrices. D’elle tout charisme est né et d’elle, toute règle veut être l’expression »[277], en donnant vie à des itinéraires de vie chrétienne caractérisés par la radicalité évangélique.

Je voudrais rappeler que la grande tradition monastique a toujours considéré la méditation de l’Écriture Sainte comme un élément constitutif de sa spiritualité propre, en particulier sous la forme de la lectio divina. Aujourd’hui encore, les anciennes et nouvelles réalités de consécration particulière sont appelées à être de véritables écoles de vie spirituelle où les Écritures sont lues selon l’Esprit Saint dans l’Église, afin que tout le Peuple de Dieu puisse en bénéficier. Le Synode recommande donc que les communautés de Vie consacrée ne manquent jamais d’une formation solide à la lecture croyante de la Bible[278].

Je désire encore me faire l’interprète de l’attention et de la gratitude que le Synode a exprimées à l’égard des formes de vie contemplative qui, en vertu de leur charisme spécifique, consacrent une grande partie de leurs journées à imiter la Mère de Dieu, qui méditait assidûment les paroles et les gestes de son Fils (cf. Lc 2, 19. 51), et Marie de Béthanie qui, assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole (cf. Lc 10, 38). Ma pensée se tourne en particulier vers les moines et moniales cloîtrés qui, par leur séparation du monde, se trouvent plus intimement unis au Christ, cœur du monde. Plus que jamais, l’Église a besoin du témoignage de ceux qui s’engagent à « ne rien préférer à l’amour du Christ »[279]. Le monde actuel est souvent trop absorbé par les activités extérieures dans lesquelles il risque de se perdre. Les contemplatifs et les contemplatives, par leur vie de prière, d’écoute et de méditation de la Parole de Dieu nous rappellent que l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (cf. Mt 4, 4). Par conséquent, tous les fidèles doivent bien se souvenir qu’une telle forme de vie « indique au monde d’aujourd’hui la chose la plus importante, et c’est même en fin de compte la seule chose décisive : il existe une ultime raison pour laquelle il vaut la peine de vivre, qui est Dieu et son amour impénétrable »[280].

d) La Parole de Dieu et les fidèles laïcs

84. Le Synode a très souvent dirigé son attention vers les fidèles laïcs, les remerciant de leur généreux engagement dans la diffusion de l’Évangile dans les différents milieux de leur vie quotidienne, au travail, à l’école, en famille et dans l’éducation[281]. Cette tâche, qui vient du baptême, doit pouvoir se développer à travers une vie chrétienne toujours plus consciente, capable de rendre raison de l’espérance qui est en nous (cf. 1 P 3, 15). Jésus, dans l’Évangile de Matthieu, indique que « le champ c’est le monde ; le bon grain, ce sont les fils du Royaume » (13, 38). Ces paroles s’appliquent particulièrement aux laïcs chrétiens qui vivent leur vocation personnelle à la sainteté dans une existence selon l’Esprit qui s’exprime « de façon particulière dans leur insertion dans les réalités temporelles et dans leur participation aux activités terrestres »[282]. Ils ont besoin d’être formés pour discerner la volonté de Dieu grâce à une familiarité avec la Parole de Dieu, lue et étudiée dans l’Église, sous la conduite des Pasteurs légitimes. Ils peuvent tirer cette formation des écoles de grandes spiritualités ecclésiales, à la racine desquelles se trouve toujours l’Écriture Sainte. Que selon leurs possibilités, les diocèses eux-mêmes fassent, en ce sens, des offres de formation aux laïcs ayant des responsabilités ecclésiales particulières[283].

e) La Parole de Dieu, le mariage et la famille

85. Le Synode a éprouvé la nécessité de souligner aussi le rapport entre la Parole de Dieu, le mariage et la famille chrétienne. En effet, « en annonçant la Parole de Dieu, l’Église révèle à la famille chrétienne sa véritable identité, autrement dit ce qu’elle est et ce qu’elle doit être selon le dessein du Seigneur »[284]. Il faut donc ne jamais perdre de vue que la Parole de Dieu est à l’origine du mariage (cf. Gn 2, 24) et que Jésus lui-même a voulu inclure le mariage parmi les institutions de son Royaume (cf. Mt 19, 4-8), faisant un Sacrement de ce qui était inscrit à l’origine dans la nature humaine. « Dans la célébration sacramentelle, l’homme et la femme prononcent une parole prophétique de don mutuel, d’être « une seule chair », signe du mystère de l’union du Christ et de l’Église (cf. Ep 5, 31-32) »[285]. La fidélité à la Parole de Dieu amène également à constater qu’aujourd’hui cette institution est attaquée sous de nombreux aspects par la mentalité ambiante. Face au désordre général des sentiments et à l’apparition de modes de pensée qui banalisent le corps humain et la différence sexuelle, la Parole de Dieu réaffirme la bonté originelle de l’être humain, créé homme et femme, et appelé à l’amour fidèle, réciproque et fécond.

Du grand mystère nuptial, provient une incontournable responsabilité des parents à l’égard de leurs enfants. En effet, c’est à la paternité et à la maternité vécus de façon authentique qu’il revient de communiquer et de témoigner du sens de la vie dans le Christ : à travers leur fidélité et l’unité de la vie de famille, les époux sont pour leurs enfants les premiers messagers de la Parole de Dieu. La communauté ecclésiale doit les soutenir et les aider à développer la prière en famille, l’écoute de la Parole et la connaissance de la Bible. C’est pourquoi le Synode souhaite que chaque foyer ait sa Bible et la conserve dignement, afin de pouvoir la lire et l’utiliser dans la prière. L’aide nécessaire peut être fournie par les prêtres, les diacres ou les laïcs bien préparés. Le Synode a recommandé aussi la création de petites communautés composées de familles, où l’on pratique la prière et la méditation commune de passages choisis des Écritures[286]. Que les époux se rappellent, en outre, « que la Parole de Dieu est aussi un précieux soutien dans les difficultés de la vie conjugale et familiale »[287].

Dans ce contexte, je désire souligner encore ce que le Synode a recommandé au sujet de la tâche des femmes à l’égard de la Parole de Dieu. La contribution du « génie féminin » - comme l’appelait le Pape Jean-Paul II[288] -, à la connaissance de l’Écriture et à la vie entière de l’Église, est plus grande aujourd’hui que par le passé et touche aussi désormais le domaine des études bibliques elles-mêmes. Le Synode s’est arrêté en particulier sur le rôle indispensable des femmes dans la famille et dans l’éducation, dans la catéchèse, dans la transmission des valeurs. En effet, elles « savent susciter l’écoute de la Parole, la relation personnelle avec Dieu et transmettre le sens du pardon et du partage évangélique »[289], comme elles savent aussi être porteuses d’amour, modèles de miséricorde et artisans de paix, communicatrices de chaleur et d’humanité dans un monde qui, trop souvent, juge les personnes selon les critères froids de l’exploitation et du profit.

La lecture orante de la Sainte Écriture et la ‘lectio divina’

86. Le Synode a insisté à plusieurs reprises sur l’exigence d’une approche priante du texte sacré comme élément fondamental de la vie spirituelle de tout croyant, dans les divers ministères et états de vie, en se référant notamment à la lectio divina[290]. La Parole de Dieu est, en effet, à la base de toute spiritualité chrétienne authentique. Les Pères synodaux se sont ainsi mis en syntonie avec ce qu’affirme la Constitution dogmatique Dei Verbum : « Que les fidèles (…) approchent de tout leur cœur le texte sacré lui-même, soit par la sainte liturgie, qui est remplie des paroles divines, soit par une pieuse lecture, soit par des cours faits pour cela ou par d’autres méthodes qui, avec l’approbation et le soin qu’en prennent les pasteurs de l’Église, se répandent de manière louable partout de notre temps. Mais la prière – qu’on se le rappelle – doit accompagner la lecture de la Sainte Écriture »[291]. La réflexion conciliaire entendait reprendre la grande tradition patristique qui a toujours recommandé d’approcher l’Écriture en établissant un dialogue avec Dieu. Comme le dit saint Augustin : « Ta prière est ta parole adressée à Dieu. Quand tu lis, c’est Dieu qui te parle ; quand tu pries, c’est toi qui parles avec Dieu »[292]. Origène, l’un des maîtres de cette lecture de la Bible, soutient que l’intelligence des Écritures demande, plus encore que l’étude, l’intimité avec le Christ et la prière. Il est convaincu, en effet, que la voie privilégiée pour connaître Dieu est l’amour, et que l’on n’acquiert pas une authentique scientia Christi sans s’éprendre de Lui. Dans la Lettre à Grégoire, le grand théologien d’Alexandrie recommande : « Applique-toi principalement à la lecture des divines Écritures : applique-toi bien à cela (…) En t’appliquant à les lire avec l’intention de croire et de plaire à Dieu, frappe, dans ta lecture, à la porte de ce qui est fermé, et il t’ouvrira, le portier dont Jésus a dit : ‘À celui-là le portier ouvre’. En t’appliquant à cette divine lecture, cherche avec droiture et avec une confiance inébranlable en Dieu le sens des divins Écrits, caché au grand nombre. Ne te contente pas de frapper et de chercher, car il est absolument nécessaire de prier pour comprendre les choses divines. C’est pour nous y exhorter que le Sauveur a dit non seulement : ‘Frappez et l’on vous ouvrira’ et ‘Cherchez et vous trouverez’, mais aussi : ‘Demandez et l’on vous donnera’ »[293].

Toutefois, à ce propos, il faut éviter le risque d’une approche individualiste, en se rappelant que la Parole de Dieu nous est précisément donnée pour construire la communion, pour nous unir dans la vérité durant notre marche vers Dieu. C’est une Parole qui s’adresse à chacun personnellement, mais c’est aussi une Parole qui construit la communauté, qui construit l’Église. C’est pourquoi le texte sacré doit toujours être abordé dans la communion ecclésiale. En effet, « il est très important d’effectuer une lecture communautaire (…), car le sujet vivant de l’Écriture Sainte c’est le Peuple de Dieu, c’est l’Église. (…) L’Écriture n’appartient pas au passé, car son sujet, le Peuple de Dieu inspiré par Dieu lui-même, est toujours le même, et la Parole est donc toujours vivante dans le sujet vivant. C’est pourquoi il est important de lire l’Écriture Sainte et d’entendre l’Écriture Sainte dans la communion de l’Église, c’est-à-dire avec tous les grands témoins de cette Parole, en commençant par les premiers Pères jusqu’aux saints d’aujourd’hui, jusqu’au Magistère actuel »[294].

Par conséquent, dans la lecture orante de l’Écriture Sainte, le lieu privilégié est la liturgie, l’Eucharistie en particulier, durant laquelle, en célébrant le Corps et le Sang du Christ présent dans le Sacrement, se rend présente parmi nous la Parole elle-même. En un certain sens, la lecture priante, personnelle et communautaire, doit toujours être vécue en relation avec la célébration eucharistique. Comme l’adoration eucharistique prépare, accompagne et continue la célébration eucharistique[295], de même la lecture priante, personnelle et communautaire, prépare, accompagne et approfondit ce que l’Église célèbre en proclamant la Parole, dans le cadre liturgique. En mettant en aussi étroite relation lectio et liturgie, on peut mieux saisir les critères qui doivent guider cette lecture dans le contexte de la pastorale et de la vie spirituelle du Peuple de Dieu.

87. Dans les documents qui ont préparé et accompagné le Synode, on a parlé de diverses méthodes pour approcher avec fruit et dans la foi les Écritures Saintes. Toutefois, l’attention la plus grande a été portée sur la lectio divina, qui « est capable d’ouvrir au fidèle le trésor de la Parole de Dieu, et de provoquer ainsi la rencontre avec le Christ, Parole divine vivante. »[296]. Je voudrais rappeler brièvement ici ses étapes fondamentales : elle s’ouvre par la lecture (lectio) du texte qui provoque une question portant sur la connaissance authentique de son contenu : que dit en soi le texte biblique ? Sans cette étape, le texte risquerait de devenir seulement un prétexte pour ne jamais sortir de nos pensées. S’en suit la méditation (meditatio) qui pose la question suivante : que nous dit le texte biblique ? Ici, chacun personnellement, mais aussi en tant que réalité communautaire, doit se laisser toucher et remettre en question, car il ne s’agit pas de considérer des paroles prononcées dans le passé mais dans le présent. L’on arrive ainsi à la prière (oratio) qui suppose cette autre demande : que disons-nous au Seigneur en réponse à sa parole ? La prière comme requête, intercession, action de grâce et louange, est la première manière par laquelle la Parole nous transforme. Enfin, la lectio divina se termine par la contemplation (contemplatio), au cours de laquelle nous adoptons, comme don de Dieu, le même regard que Lui pour juger la réalité, et nous nous demandons : quelle conversion de l’esprit, du cœur et de la vie le Seigneur nous demande-t-il ? Saint Paul, dans la Lettre aux Romains affirme : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait » (12, 2). La contemplation, en effet, tend à créer en nous une vision sapientielle de la réalité, conforme à Dieu, et à former en nous « la pensée du Christ » (1 Co 2, 16). La Parole de Dieu se présente ici comme un critère de discernement : « elle est vivante, (…) énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle pénètre au plus profond de l’âme, jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur » (He 4, 12). Il est bon, ensuite, de rappeler que la lectio divina ne s’achève pas comme dynamique tant qu’elle ne débouche pas dans l’action (actio), qui porte l’existence croyante à se faire don pour les autres dans la charité.

Ces étapes se trouvent synthétisées et résumées de manière sublime dans la figure de la Mère de Dieu, modèle pour tous les fidèles de l’accueil docile de la Parole divine. Elle « conservait avec soin toutes ces choses, en les méditant dans son cœur » (Lc 2, 19 ; cf. 2, 51), elle savait trouver le lien profond qui unit les événements, les faits et les réalités, apparemment disjoints, dans le grand dessein de Dieu[297].

Je voudrais rappeler en outre ce qui a été recommandé durant le Synode en ce qui concerne l’importance de la lecture personnelle de l’Écriture, aussi comme pratique pénitentielle, qui prévoit la possibilité, selon les dispositions habituelles de l’Église, d’acquérir l’indulgence, pour soi ou pour les défunts[298]. La pratique de l’indulgence[299] implique la doctrine des mérites infinis du Christ – que l’Église, comme ministre de la Rédemption, dispense et applique, mais implique également celle de la communion des saints et nous dit « combien nous sommes unis intimement dans le Christ les uns avec les autres et combien la vie surnaturelle de chacun peut bénéficier aux autres »[300]. Dans cette perspective, la lecture de la Parole de Dieu nous soutient dans notre itinéraire de pénitence et de conversion, nous permet d’approfondir le sens de notre appartenance ecclésiale et nous soutient dans une familiarité plus grande avec Dieu. Comme l’affirmait saint Ambroise : lorsque nous prenons en main avec foi les Écritures Saintes et les lisons avec l’Église, l’homme revient se promener avec Dieu dans le paradis[301].

La Parole de Dieu et la prière mariale

88. Vous rappelant le lien indissociable entre la Parole de Dieu et Marie de Nazareth, j’invite, en union avec les Pères synodaux, à promouvoir parmi les fidèles, surtout dans leur vie de famille, les prières mariales comme une aide pour méditer les saints mystères racontés par l’Écriture. Un moyen très utile est, par exemple, la récitation personnelle ou communautaire du Saint Rosaire[302], qui reprend avec Marie les mystères de la vie du Christ[303], que le Pape Jean-Paul II a voulu enrichir avec les mystères lumineux[304]. Il est opportun que l’énonciation des différents mystères soit accompagnée de brefs passages de la Bible relatifs au mystère annoncé, afin de favoriser la mémorisation de certaines expressions significatives de l’Écriture relatives aux mystères de la vie du Christ.

Par ailleurs, le Synode a recommandé d’encourager parmi les fidèles la récitation de la prière de l’Angelus Domini. Il s’agit d’une prière simple et profonde qui, en union avec la Mère de Dieu, nous permet de nous « remémorer chaque jour le mystère du Verbe incarné »[305]. Il est opportun que le Peuple de Dieu, les familles et les communautés de personnes consacrées soient fidèles à cette prière mariale que la tradition nous invite à réciter à l’aurore, à midi et au coucher du soleil. Dans la prière de l’Angelus Domini, nous demandons à Dieu, par l’intercession de Marie, qu’il nous soit donné d’accomplir comme elle la volonté de Dieu et d’accueillir en nous sa Parole. Cette pratique peut nous aider à approfondir en nous un authentique amour pour le mystère de l’Incarnation.

Diverses prières anciennes de l’Orient chrétien qui, par leur référence à la Theotokos, à la Mère de Dieu, retracent toute l’histoire du salut, méritent d’être connues, appréciées et répandues aussi. Nous pensons en particulier à l’Akathistos et à la Paraklesis. Il s’agit d’hymnes de louange chantés sous forme de litanies, imprégnés de la foi ecclésiale et de références bibliques, qui aident les fidèles à méditer avec Marie les mystères du Christ. En particulier, l’hymne sacré à la Mère de Dieu, dit Akathistos – c’est-à-dire que l’on chante debout -, représente l’une des expressions les plus élevées de la piété mariale de la tradition byzantine[306]. Prier en utilisant ces mots dilate l’âme et la dispose à la paix qui vient d’en-haut, de Dieu, à cette paix qui est le Christ lui-même, né de Marie pour notre salut.

La Parole de Dieu et la Terre Sainte

89. En nous souvenant du Verbe de Dieu qui se fait chair dans le sein de Marie de Nazareth, notre cœur se tourne, à présent, vers cette Terre où s’est accompli le mystère de notre rédemption et depuis laquelle la Parole de Dieu s’est répandue jusqu’aux confins de la terre. En effet, par l’action de l’Esprit Saint, le Verbe s’est incarné en un moment précis et en un lieu déterminé, sur un coin de terre aux confins de l’empire romain. C’est pourquoi, plus nous voyons l’universalité et l’unicité de la Personne du Christ, plus nous considérons avec gratitude cette Terre où Jésus est né, a vécu et s’est donné lui-même pour nous tous. Les pierres sur lesquelles notre Rédempteur a marché demeurent pour nous riches de souvenirs et continuent à « crier » la Bonne Nouvelle. C’est pourquoi les Pères synodaux ont rappelé l’heureuse expression qui désigne la Terre Sainte, « le cinquième Évangile »[307]. Combien il est important qu’en ces lieux se trouvent des communautés chrétiennes, malgré les nombreuses difficultés ! Le Synode des Évêques exprime sa profonde proximité à tous les chrétiens qui vivent sur la Terre de Jésus, en témoignant leur foi dans le Ressuscité. Là, les chrétiens sont appelés à servir non seulement comme « un phare de la foi pour l’Église universelle, mais aussi comme un levain d’harmonie, de sagesse et d’équilibre dans la vie d’une société qui, traditionnellement, a été et continue d’être pluraliste, multiethnique et multi-religieuse »[308].

La Terre Sainte reste encore aujourd’hui un but de pèlerinage du peuple chrétien, tel un geste de prière et de pénitence, ainsi qu’en témoignaient, déjà dans l’antiquité, des auteurs comme saint Jérôme[309] ou … . Plus nous tournons notre regard et notre cœur vers la Jérusalem terrestre, plus s’embrasent en nous le désir de la Jérusalem céleste, véritable but de tout pèlerinage, et la passion pour que le nom de Jésus, en qui seul réside le salut, soit reconnu par tous (cf. Ac 4, 12).


TROISIÈME PARTIE :

VERBUM MUNDO

« Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique,
qui est tourné vers le sein du Père, lui l’a fait connaître
»
(Jn 1,18).


LA MISSION DE L’ÉGLISE : ANNONCER LA PAROLE DE DIEU

La Parole du Père et vers le Père

90. Saint Jean insiste sur le paradoxe fondamental de la foi chrétienne : d’une part, il affirme que « Nul n’a jamais vu Dieu » (Jn 1, 18 ; 1 Jn 4, 12). En aucune manière, nos images, nos concepts ou nos mots ne peuvent définir ou mesurer la réalité infinie du Très-Haut. Il reste le Deus semper maior. D’autre part, Jean affirme que réellement « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1, 14). Le Fils unique qui est tourné vers le sein du Père, a révélé le Dieu que « personne n’a jamais vu » (Jn 1, 18). Jésus Christ vient chez nous, « plein de grâce et de vérité » (Jn 1, 14) qui à travers lui nous sont données (Jn 1, 17) ; en effet, « tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce » (Jn 1, 16). De cette manière, l’évangéliste Jean, dans son Prologue, contemple le Verbe, de son habitation en Dieu à son incarnation, jusqu’à son retour dans le sein du Père, emportant avec lui notre humanité qu’il a assumée pour toujours. Par cette sortie du Père et par ce retour à Lui (cf. Jn 13, 3 ; 16, 28 ; 17, 8.10), il se présente à nous comme le ‘Narrateur’ de Dieu (cf. Jn 1, 18). Le Fils, en effet, affirme saint Irénée de Lyon, « est le Révélateur du Père »[310]. Jésus de Nazareth est, pour ainsi dire, l’‘exégète’ de Dieu que « personne n’a jamais vu ». « Il est l’image du Dieu invisible » (Col 1, 15). Ici, s’accomplit la prophétie d’Isaïe sur l’efficacité de la Parole du Seigneur : comme la pluie et la neige qui descendent des cieux pour irriguer et faire germer la terre, ainsi la Parole de Dieu « ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli ma mission » (Is 55, 10s). Jésus Christ est cette Parole définitive et efficace qui est venue du Père et qui est retournée à Lui, en réalisant parfaitement sa volonté dans le monde.

Annoncer au monde le « Logos » de l’Espérance

91. Le Verbe de Dieu nous a communiqué la vie divine qui transfigure la face de la terre, en faisant toutes choses nouvelles (cf. Ap 21, 5). Sa Parole fait de nous non seulement les destinataires de la Révélation divine, mais aussi ses messagers. Lui, l’envoyé du Père pour faire sa volonté (Jn 5, 36-38 ; 6, 38-40 ; 7, 16-18), nous attire à lui-même par sa vie et par sa mission. L’Esprit du Ressuscité habilite ainsi notre vie à l’annonce efficace de la Parole dans le monde entier. C’est l’expérience de la première communauté chrétienne qui voyait la Parole se répandre grâce à la prédication et au témoignage (cf. Ac 6, 7). Je voudrais ici me référer particulièrement à la vie de l’Apôtre Paul, un homme totalement saisi par le Seigneur (cf. Ph 3, 12) – « je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20) – et par sa mission : « malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile » (1 Co 9,16), conscient que tout ce qui est révélé dans le Christ, est réellement le salut de tous les Gentils, la libération de l’esclavage du péché pour entrer dans la liberté des fils de Dieu.

En effet, ce que l’Église annonce au monde est le Logos de l’Espérance (cf. 1 P 3, 15) ; l’homme a besoin de la ‘grande Espérance’ pour vivre son présent, la grande Espérance qui est « Dieu qui possède un visage humain et qui nous ‘aima jusqu’à la fin’ (Jn 13, 1) »[311]. Pour cette raison, l’Église est missionnaire dans son essence. Nous ne pouvons pas garder pour nous-mêmes les paroles de la vie éternelle, qui nous ont été données dans la rencontre avec Jésus Christ : elles sont destinées à tous, à tout homme. Toute personne de notre temps, qu’elle le sache ou non, a besoin de cette annonce. Puisse le Seigneur lui-même, comme au temps du prophète Amos, susciter dans les hommes une faim et une soif nouvelles des paroles du Seigneur (cf. Am 8, 11). La responsabilité nous incombe de transmettre à notre tour ce que nous avons reçu par grâce.

De la Parole de Dieu, vient la mission de l’Église

92. Le Synode des Évêques a insisté sur la nécessité de stimuler dans l’Église la conscience missionnaire, présente au sein du Peuple de Dieu dès ses origines. Les premiers chrétiens ont considéré l’annonce missionnaire comme une nécessité dérivant de la nature même de la foi : ils croyaient en un Dieu qui était le Dieu de tous, l’unique et vrai Dieu qui s’était révélé dans l’histoire d’Israël et, ultimement, en son Fils, donnant ainsi la réponse qu’au fond d’eux-mêmes tous les hommes attendent. Les premières communautés chrétiennes ont compris que leur foi n’appartenait pas à une tradition culturelle particulière – distincte suivant les peuples -, mais au domaine de la vérité, qui est destinée également à tous les hommes.

C’est encore Saint Paul qui, par sa vie, nous éclaire sur le sens de la mission chrétienne et sur son universalité originelle. Pensons à l’épisode des Actes des Apôtres sur l’Aréopage d’Athènes (cf. 17, 16-34). L’Apôtre des Gentils entre en dialogue avec des hommes de cultures diverses, en étant conscient que le mystère de Dieu, Connu-Inconnu, dont chaque homme a la perception, quoique confuse, s’est réellement révélé dans l’histoire : « ce que vous vénérez sans le connaître, voilà ce que, moi, je viens vous annoncer » (Ac 17, 23). En effet, la nouveauté de l’annonce chrétienne est la possibilité de dire à tous les peuples : « Il s’est montré, lui personnellement. Et à présent, le chemin qui mène à Lui est ouvert. La nouveauté de l’annonce chrétienne ne réside pas dans une pensée, mais dans un fait : Dieu s’est révélé»[312].

La Parole et le Règne de Dieu

93. Par conséquent, la mission de l’Église ne peut être considérée comme une réalité facultative ou optionnelle de la vie ecclésiale. Il s’agit de laisser l’Esprit Saint nous configurer au Christ même, en participant ainsi à sa mission : « de même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21), de manière à communiquer la Parole par toute notre vie. La Parole elle-même, nous envoie vers nos frères : c’est la Parole qui illumine, purifie et convertit ; nous ne sommes que des serviteurs.

Il est nécessaire donc, de redécouvrir toujours davantage l’urgence et la beauté d’annoncer la Parole, en vue de l’avènement du Règne de Dieu annoncé par le Christ lui-même. En ce sens, renouvelons la conscience, combien familière chez les Pères de l’Église, que l’annonce de la Parole a comme contenu le Règne de Dieu (cf. Mc 1, 14-15), qui est la personne même de Jésus (l’Autobasileia) comme le rappelle bien Origène[313]. Le Seigneur offre le salut à tous les hommes de toute époque. Nous comprenons tous combien il est nécessaire que la lumière du Christ illumine tous les domaines de l’humanité : la famille, l’école, la culture, le travail, le temps libre et les autres secteurs de la vie sociale[314]. Il ne s’agit pas d’annoncer une parole de consolation, mais une parole de rupture qui invite à la conversion, qui rend possible la rencontre avec Dieu, germe d’une humanité nouvelle.

Tous les baptisés responsables de l’annonce

94. Puisque tout le Peuple de Dieu est un peuple « envoyé », le Synode a réaffirmé que « la mission d’annoncer la Parole de Dieu est le devoir de tous les disciples de Jésus-Christ, comme conséquence de leur baptême »[315]. Aucun croyant dans le Christ ne peut se sentir étranger à cette responsabilité qui provient de l’appartenance sacramentelle au Corps du Christ. Cette conscience doit être réveillée dans chaque famille, paroisse, communauté, association et mouvement ecclésial. L'Église, comme mystère de communion, est donc tout entière missionnaire et chacun, selon son état de vie, est appelé à donner une contribution décidée à l’annonce chrétienne.

Les Évêques et les prêtres, selon la mission qui est la leur, sont appelés les premiers à une existence liée par le service de la Parole, à annoncer l’Évangile, à célébrer les Sacrements et à former les fidèles dans la connaissance authentique des Écritures. Les diacres sont aussi appelés à collaborer, selon la mission qui leur est propre, à cette œuvre d’Évangélisation.

La Vie consacrée brille dans toute l’histoire de l'Église par la capacité d’assumer explicitement la tâche de l’annonce et de la prédication de la Parole de Dieu, dans la mission ad gentes et dans les situations les plus difficiles. Attentive aussi aux nouvelles conditions de l’évangélisation, elle ouvre avec courage et audace de nouvelles voies et relève de nouveaux défis pour l’annonce efficace de la Parole de Dieu[316].

Les laïcs sont appelés à exercer leur mission prophétique, qui découle directement de leur baptême, et à témoigner de l’Évangile dans la vie quotidienne partout où ils se trouvent. À ce propos, les Pères synodaux ont exprimé « la plus vive estime, la reconnaissance et les encouragements pour le service de l’évangélisation que tant de laïcs, en particulier les femmes, offrent avec générosité et esprit d’engagement, dans les communautés dispersées à travers le monde, à l’exemple de Marie-Madeleine, premier témoin de la joie pascale »[317]. En outre, le Synode reconnaît avec gratitude que les mouvements ecclésiaux et les communautés nouvelles sont, dans l’Église, une grande force pour l’évangélisation en notre temps, poussant l'Église à développer de nouvelles formes d’annonce de l’Évangile[318].

La nécessité de la « missio ad gentes »

95. En exhortant tous les fidèles à l’annonce de la Parole divine, les Pères synodaux ont réaffirmé la nécessité pour notre temps d’un engagement décidé dans la mission ad gentes. En aucune façon, l'Église ne peut se limiter à une pastorale de l’« entretien » en faveur de ceux qui connaissent déjà l’Évangile du Christ. L’élan missionnaire est un signe clair de la maturité d’une communauté ecclésiale. Les Pères ont, en outre, exprimé avec force la conscience que la Parole de Dieu est la vérité salvatrice dont chaque homme a besoin en tout temps. À cette fin, l’annonce doit être explicite. L'Église doit aller vers tous avec la force de l’Esprit (cf. 1 Co 2, 5), et continuer de manière prophétique à défendre le droit à la liberté des personnes d’entendre la Parole de Dieu, en cherchant les moyens les plus efficaces pour la proclamer, même au risque de la persécution[319]. L'Église se sent débitrice envers tous de l’annonce de la Parole qui sauve (cf. Rm 1, 14).

Annonce et nouvelle évangélisation

96. Le Pape Jean-Paul II, dans le sillage de ce que le Pape Paul VI avait déjà exprimé dans l’Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, a rappelé de bien des façons aux fidèles la nécessité d’une nouvelle saison missionnaire pour tout le Peuple de Dieu[320]. À l’aube du troisième millénaire, non seulement tant de peuples ne connaissent pas encore la Bonne Nouvelle, mais tant de chrétiens ont besoin que leur soit ré-annoncée de façon persuasive la Parole de Dieu, de façon à ce qu’ils puissent expérimenter concrètement la force de l’Évangile. Beaucoup de frères sont « baptisés mais pas suffisamment évangélisés »[321]. Souvent des nations, auparavant riches de foi et de vocations, perdent leur propre identité sous l’influence d’une culture sécularisée[322]. L’exigence de la nouvelle évangélisation, ressentie avec tant de force par mon vénérable Prédécesseur, doit être réaffirmée sans peur, dans la certitude de l’efficacité de la Parole divine. L'Église, sûre de la fidélité de son Seigneur, ne se fatigue pas d’annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile et invite tous les chrétiens à redécouvrir la beauté de marcher à la suite du Christ.

Parole de Dieu et témoignage chrétien

97. Les horizons immenses de la mission ecclésiale, la complexité de la situation présente demandent aujourd’hui des modalités nouvelles pour communiquer de façon efficace la Parole de Dieu. L’Esprit Saint, premier agent de toute évangélisation, ne manquera jamais de guider l'Église du Christ dans cette action. Il est important toutefois que chaque forme d’annonce soit structurée par la relation intrinsèque entre communication de la Parole de Dieu et témoignage chrétien. De cela dépend la crédibilité même de l’annonce. D’une part, la Parole est nécessaire pour communiquer ce que le Seigneur lui-même nous a dit ; d’autre part, il est indispensable de donner crédibilité à cette parole par le témoignage afin qu’elle n’apparaisse pas comme une belle philosophie ou une utopie, mais plutôt comme une réalité que l’on peut vivre et qui fait vivre. Cette réciprocité entre Parole et témoignage rappelle la manière par laquelle Dieu lui-même s’est communiqué dans l’incarnation de son Verbe. La Parole de Dieu rejoint les hommes « à travers la rencontre avec des témoins qui la rendent présente et vivante ».[323] En particulier, les nouvelles générations ont besoin d’être initiées à la Parole de Dieu « à travers la rencontre et le témoignage authentique de l’adulte, l’influence positive des amis et la grande compagnie de la communauté ecclésiale »[324].

Il y a un rapport étroit entre le témoignage de l’Écriture, comme attestation que la Parole de Dieu donne d’elle-même, et le témoignage de vie des croyants. L’un implique l’autre et y conduit. Le témoignage chrétien communique la Parole attestée dans les Écritures. Les Écritures, à leur tour, expliquent le témoignage que les chrétiens sont appelés à donner dans leur propre vie. Ceux qui rencontrent des témoins crédibles de l’Évangile sont ainsi amenés à constater l’efficacité de la Parole de Dieu chez ceux qui l’accueillent.

98. Dans ce va-et-vient entre le témoignage et la Parole, nous comprenons l’affirmation du Pape Paul VI dans l’Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi. Notre responsabilité ne se limite pas à proposer au monde des valeurs communes ; il faut arriver à l’annonce explicite de la Parole de Dieu. C’est seulement ainsi que nous serons fidèles à la mission du Christ : « La Bonne Nouvelle, proclamée par le témoignage de la vie, devra donc être tôt ou tard proclamée par la Parole de vie. Il n’y a pas d’évangélisation vraie si le nom, l’enseignement, la vie, les promesses, le Règne, le mystère de Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, ne sont pas annoncés »[325].

Le fait que l’annonce de la Parole de Dieu demande le témoignage de la vie personnelle est bien présent dans la conscience chrétienne depuis l’origine. Le Christ lui-même est le témoin fidèle et vrai (cf. Ap 1, 5 ; 3, 14), témoin de la Vérité (cf. Jn 18, 37). Je voudrais ici me faire le porte-parole des innombrables témoignages que nous avons eu la grâce d’entendre durant l’Assemblée synodale. Nous avons été profondément touchés par les récits de ceux qui ont su vivre leur foi et donner un témoignage lumineux de l’Évangile y compris sous des régimes hostiles au Christianisme ou dans des situations de persécution.

Tout ceci ne doit pas nous faire peur. Jésus a dit lui-même à ses disciples « Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi » (Jn 15, 20). Je désire donc élever vers Dieu avec toute l'Église un hymne de louange pour le témoignage de tant de frères et sœurs qui, encore à notre époque, ont donné leur vie pour communiquer la vérité de l’amour de Dieu révélé dans le Christ crucifié et ressuscité. J’exprime également la gratitude de toute l'Église aux chrétiens qui ne capitulent pas devant les obstacles et les persécutions à cause de l’Évangile. En même temps, nous nous tournons avec une affection profonde et solidaire vers les fidèles de toutes ces communautés chrétiennes, en Asie et en Afrique en particulier, qui, aujourd’hui, risquent leur vie ou la marginalisation sociale à cause de la foi. Nous voyons ainsi réalisé l’esprit des Béatitudes de l’Évangile pour ceux qui sont persécutés à cause du Seigneur Jésus (cf. Mt 5, 11). En même temps, nous ne cessons pas d’élever notre voix pour que les gouvernants des nations garantissent à tous la liberté de conscience et de religion, tout comme celle de pouvoir témoigner publiquement de sa propre foi[326].

PAROLE DE DIEU ET ENGAGEMENT DANS LE MONDE

Servir Jésus dans ces « petits qui sont ses frères » (cf. Mt 25, 40)

99. La Parole divine éclaire l’existence humaine et appelle les consciences à revoir en profondeur leur vie, car toute l’histoire de l’humanité est soumise au jugement de Dieu : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui » (Mt 25, 31-32). À notre époque, nous considérons souvent, de manière superficielle, la valeur de l’instant qui passe, comme s’il était sans importance pour l’avenir. Au contraire, l’Évangile nous rappelle que chaque instant de notre existence est important et doit être vécu avec intensité, sachant que chacun devra rendre compte de sa propre vie. Au chapitre 25 de l’Évangile de Matthieu, le Fils de l’homme retient comme fait ou comme n’étant pas fait à lui, ce que nous aurons fait ou n’aurons pas fait à un seul de ces « petits qui sont mes frères » (25, 40.45) : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi » (25, 35-36). C’est donc la Parole de Dieu elle-même qui nous rappelle la nécessité de notre engagement dans le monde et notre responsabilité face au Christ, Seigneur de l’Histoire. En annonçant l’Évangile, encourageons-nous les uns les autres à accomplir le bien et à agir pour la justice, la réconciliation et la paix.

La Parole de Dieu et l’engagement dans la société en faveur de la justice

100. La Parole de Dieu pousse l’homme à des relations animées par la droiture et par la justice ; elle atteste la valeur précieuse, face à Dieu, de tous les efforts de l’homme pour rendre le monde plus juste et plus habitable[327]. C’est la Parole de Dieu elle-même qui dénonce sans ambiguïté les injustices et qui promeut la solidarité et l’égalité[328]. À la lumière des paroles du Seigneur, reconnaissons donc « les signes des temps » présents dans l’histoire, ne refusons pas de nous engager en faveur de ceux qui souffrent et sont victimes de l’égoïsme. Le Synode a rappelé que s’engager pour la justice et la transformation du monde est une exigence constitutive de l’évangélisation. Comme le disait le Pape Paul VI, il s’agit « d’atteindre et comme de bouleverser par la force de l’Évangile les critères de jugement, les valeurs déterminantes, les points d’intérêt, les lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de l’humanité, qui sont en opposition avec la Parole de Dieu et le dessein du salut »[329].

Dans ce but, les Pères synodaux ont eu une pensée particulière pour ceux qui sont engagés dans la vie politique et sociale. L’évangélisation et la diffusion de la Parole de Dieu doivent inspirer leur action dans le monde à la recherche du véritable bien de tous, dans le respect et dans la promotion de la dignité de toutes les personnes. Certes, l’Église n’a pas directement pour mission de créer une société plus juste, même s’il lui revient le droit et le devoir d’intervenir sur les questions éthiques et morales qui concernent le bien des personnes et des peuples. C’est surtout la tâche des fidèles laïcs, formés à l’école de l’Évangile, d’intervenir directement dans l’action sociale et politique. C’est pourquoi le Synode recommande une formation adéquate selon les principes de la Doctrine sociale de l’Église[330].

101. De plus, je désire attirer à nouveau l’attention de tous sur l’importance de défendre et de promouvoir les droits humains de toutes les personnes, qui comme tels sont « universels, inviolables, inaliénables »[331]. L’Église saisit l’occasion extraordinaire que notre époque offre afin qu’à travers l’affirmation de ces droits, la dignité humaine soit plus efficacement reconnue et universellement promue[332], comme un trait imprimé par Dieu créateur sur sa créature que Jésus Christ a élevée et rachetée par son incarnation, sa mort et sa résurrection. C’est pourquoi la diffusion de la Parole de Dieu ne peut que renforcer l’affirmation et le respect des droits humains de toutes les personnes[333].

L’annonce de la Parole de Dieu, la réconciliation et la paix entre les peuples

102. Parmi les nombreux chantiers à investir, le Synode a vivement recommandé la promotion de la réconciliation et de la paix. Dans le contexte actuel, il est plus que jamais nécessaire de redécouvrir la Parole de Dieu comme source de réconciliation et de paix car, par elle, Dieu réconcilie toute chose en lui (cf. 2 Co 5, 18-20 ; Ep 1, 10) : le Christ « est notre paix » (Ep 2, 14), c’est lui qui abat les murs de séparation. Au Synode, de nombreux témoignages ont rapporté les conflits, graves et sanglants, et les tensions présents sur notre planète. Parfois ces hostilités semblent présenter l’aspect d’un conflit interreligieux. Encore une fois, je désire répéter que la religion ne peut jamais justifier les intolérances ou les guerres. On ne peut pas utiliser la violence au nom de Dieu [334]! Toutes les religions devraient inciter à un usage correct de la raison et promouvoir des valeurs éthiques qui construisent la coexistence civile.

Fidèles à l’œuvre de réconciliation accomplie par Dieu en Jésus Christ, crucifié et ressuscité, les catholiques et tous les hommes de bonne volonté doivent s’engager à donner des exemples de réconciliation pour construire une société juste et pacifiée[335]. N’oublions jamais que « là où les paroles humaines deviennent impuissantes, car domine le fracas tragique de la violence et des armes, la force prophétique de la Parole de Dieu est présente et nous répète que la paix est possible, et que nous devons être des instruments de réconciliation et de paix »[336].

La Parole de Dieu et la charité agissante

103. L’engagement pour la justice, la réconciliation et la paix trouve sa racine ultime et son accomplissement dans l’amour qui nous a été révélé dans le Christ. En écoutant les témoignages présentés au Synode, nous sommes devenus plus attentifs au lien qui existe entre l’écoute bienveillante de la Parole de Dieu et le service désintéressé des frères ; tous les croyants doivent comprendre la nécessité « de traduire en gestes d’amour la parole écoutée, car ainsi seulement l’annonce de l’Évangile devient crédible, malgré les fragilités humaines qui marquent les personnes »[337]. Jésus est passé en ce monde en faisant le bien (cf. Ac 10, 38). La Parole de Dieu écoutée avec disponibilité dans l’Église, engendre « la charité et la justice envers tous, surtout envers les pauvres »[338]. Il ne faut jamais oublier que « l’amour – caritas – sera toujours nécessaire, même dans la société la plus juste […]. Celui qui veut s’affranchir de l’amour se prépare à s’affranchir de l’homme en tant qu’homme »[339]. J’encourage donc tous les fidèles à méditer fréquemment l’hymne à la charité que l’Apôtre Paul a écrit, et à se laisser inspirer par lui : « L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien de malhonnête ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais » (1 Co 13, 4-8).

L’amour du prochain, enraciné dans l’amour de Dieu, implique donc que nous soyons constamment engagés en tant que personnes et en tant que communauté ecclésiale, locale et universelle. Saint Augustin affirme : « Il est fondamental de comprendre que la plénitude de la Loi, comme de toutes les Écritures divines, c’est l’amour […]. Par conséquent, ceux qui croient avoir compris les Écritures, ou au moins une partie quelconque de celles-ci, sans s’engager à construire, à travers leur intelligence, ce double amour de Dieu et du prochain, démontrent qu’ils ne les ont pas encore comprises »[340].

L’annonce de la Parole de Dieu et les jeunes

104. Le Synode a réservé une attention particulière à l’annonce de la Parole divine aux nouvelles générations. Les jeunes sont dès à présent des membres actifs de l’Église et ils en représentent l’avenir. En eux, nous trouvons souvent une ouverture spontanée à l’écoute de la Parole de Dieu et un désir sincère de connaître Jésus. C’est durant la période de la jeunesse, en effet, qu’émergent de façon irrépressible et sincère les questions sur le sens de la vie personnelle et sur l’orientation à donner à sa propre existence. Seul Dieu sait apporter une véritable réponse à ces questions. Cette attention au monde des jeunes implique le courage d’une annonce claire ; nous devons aider les jeunes à acquérir une intimité et une familiarité avec la Sainte Écriture, pour qu’elle soit comme une boussole qui leur indique la route à suivre[341]. C’est pourquoi ils ont besoin de témoins et de maîtres, qui marchent avec eux et qui les forment à aimer et à communiquer à leur tour l’Évangile surtout aux jeunes de leur âge, devenant ainsi eux-mêmes des annonciateurs authentiques et crédibles[342].

Il faut que la Parole divine soit aussi présentée dans ses implications vocationnelles afin qu’elle aide et oriente les jeunes dans leurs choix de vie, y compris vers la consécration totale[343]. D’authentiques vocations à la Vie consacrée et au sacerdoce trouvent un terrain propice dans le contact régulier avec la Parole de Dieu. Je répète encore aujourd’hui l’invitation, faite au début de mon pontificat, à ouvrir les portes au Christ : « Celui qui fait entrer le Christ, ne perd rien, rien – absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non ! Dans cette amitié seulement, s’ouvrent largement les portes de la vie. Dans cette amitié seulement, se libèrent réellement les grandes potentialités de la condition humaine. […] Chers jeunes : n’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien, et il donne tout. Celui qui se donne à lui, reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie »[344].

L’annonce de la Parole de Dieu et les migrants

105. La Parole de Dieu nous rend attentifs à l’histoire et à tout ce qui naît en elle de nouveau. C’est pourquoi le Synode, au sujet de la mission évangélisatrice de l’Église, a voulu aussi porter son attention sur le phénomène complexe des mouvements migratoires, qui ont pris ces dernières années des proportions inédites. Surgissent ici des questions très délicates au sujet de la sécurité des nations et de l’accueil à réserver à ceux qui cherchent un refuge, de meilleures conditions de vie, la santé et un travail. De très nombreuses personnes, qui ne connaissent pas le Christ ou qui en ont une image erronée, s’installent dans des pays de tradition chrétienne. Dans le même temps, des personnes appartenant à des peuples profondément imprégnés par la foi chrétienne émigrent vers des pays où l’annonce du Christ et une nouvelle évangélisation sont nécessaires. Ces nouvelles situations offrent de nouvelles possibilités pour la diffusion de la Parole de Dieu. À ce propos, les Pères synodaux ont affirmé que les migrants ont le droit d’entendre le kérygme, qui leur est proposé et non imposé. S’ils sont chrétiens, ils ont besoin d’une assistance pastorale adéquate pour renforcer leur foi et être eux-mêmes porteurs de l’annonce évangélique. Conscients de la complexité du phénomène, il est nécessaire que tous les diocèses intéressés se mobilisent afin que les mouvements migratoires soient aussi considérés comme une occasion de découvrir de nouvelles modalités de présence et d’annonce. Ils doivent pourvoir, selon leurs possibilités, à une animation et à un accueil adaptés de ces frères, pour que touchés par la Bonne Nouvelle, ils deviennent eux-mêmes des messagers de la Parole de Dieu et des témoins de Jésus Ressuscité, espérance du monde[345].

L’annonce de la Parole de Dieu et les personnes qui souffrent

106. Durant les travaux synodaux, l’attention des Pères s’est souvent portée sur la nécessité d’annoncer la Parole de Dieu à tous ceux qui se trouvent également dans un état de souffrance physique, psychique ou spirituelle. En effet, c’est lorsqu’il connaît la douleur que naissent de manière plus aiguë dans le cœur de l’homme les questions ultimes sur le sens de sa propre vie. Si la parole de l’homme semble devenir muette devant le mystère du mal et de la souffrance et si notre société semble n’accorder de valeur à l’existence que si elle correspond à certains niveaux d’efficacité et de bien-être, la Parole nous révèle que ces circonstances sont aussi mystérieusement « embrassées » par la tendresse divine. La foi, qui naît de la rencontre avec la Parole divine, nous aide à considérer la vie humaine comme digne d’être pleinement vécue même lorsqu’elle est brisée par le mal. Dieu a créé l’homme pour le bonheur et pour la vie, tandis que la maladie et la mort sont entrées dans le monde comme conséquence du péché (cf. Sg 2, 23-24). Mais le Père de la vie est le médecin par excellence de l’homme et il ne cesse de se pencher avec tendresse sur l’humanité souffrante. Nous contemplons le sommet de la proximité de Dieu avec la souffrance de l’homme en Jésus lui-même qui est la « Parole incarnée. Il a souffert avec nous et il est mort. Par sa passion et sa mort, il a assumé en lui et a transformé jusqu’au bout notre faiblesse »[346].

La proximité de Jésus à l’égard des personnes qui souffrent ne s’est pas interrompue : elle se prolonge dans le temps grâce à l’action de l’Esprit Saint dans la mission de l’Église, dans la Parole et dans les Sacrements, dans les hommes de bonne volonté, dans les activités d’assistance que les communautés promeuvent dans la charité fraternelle, en dévoilant ainsi le vrai visage de Dieu et son amour. Le Synode rend grâce à Dieu pour le témoignage lumineux, et souvent caché, de nombreux chrétiens – prêtres, religieux et laïcs – qui ont prêté et continuent de prêter leurs mains, leurs yeux et leur cœur au Christ, véritable médecin des corps et des âmes ! Il exhorte encore à continuer à avoir soin des personnes malades en leur apportant la présence vivifiante du Seigneur Jésus, dans la Parole et dans l’Eucharistie. Qu’elles soient aidées à lire l’Écriture et à découvrir que, dans leur condition, elles peuvent participer d’une façon particulière aux souffrances rédemptrices du Christ pour le salut du monde (cf. 2 Co 4, 8-11. 14)[347] !

L’annonce de la Parole de Dieu et les pauvres

107. La Sainte Écriture révèle la prédilection de Dieu pour les pauvres et les nécessiteux (cf. Mt 25, 31-46). Souvent, les Pères synodaux ont rappelé la nécessité que l’annonce évangélique, l’engagement des pasteurs et des communautés soient orientés vers ces frères. En effet, « les premiers à avoir droit à l’annonce de l’Évangile sont précisément les pauvres, qui ont besoin non seulement de pain, mais aussi de paroles de vie »[348]. La diaconie de l’amour, qui ne doit jamais faire défaut dans nos Églises, doit toujours être unie à l’annonce de la Parole et à la célébration des saints mystères[349]. En même temps, il faut reconnaître et valoriser le fait que les pauvres eux-mêmes sont aussi des agents d’évangélisation. Dans la Bible, le véritable pauvre est celui qui s’en remet totalement à Dieu et Jésus lui-même ,dans l’Évangile, appelle bienheureux ceux à qui « appartient le royaume des cieux » (Mt 5, 3; cf. Lc 6, 20 ). Le Seigneur exalte la simplicité de cœur de celui qui reconnaît en Dieu sa vraie richesse, qui met en lui, et non dans les biens de ce monde, son espérance. L’Église ne peut décevoir les pauvres : « Les pasteurs sont appelés à les écouter, à apprendre d’eux, à les guider dans leur foi et à les motiver pour qu’ils soient des artisans de leur propre histoire »[350].

L’Église sait aussi qu’il existe une pauvreté qui est vertu, à cultiver et à choisir librement, comme l’ont fait de nombreux saints, et qu’il existe une misère qui est souvent le résultat d’injustices, qui est provoquée par l’égoïsme, qui a pour symptôme l’indigence et la faim et qui alimente les conflits. Quand l’Église annonce la Parole de Dieu, elle sait qu’il faut favoriser un « cercle vertueux » entre la pauvreté « à choisir » et la pauvreté « à combattre », redécouvrant « la sobriété et la solidarité, comme valeurs évangéliques et, en même temps, universelles… Ce qui comporte des choix de justice et de sobriété »[351].

La Parole de Dieu et la sauvegarde de la création

108. L’engagement dans le monde, que requiert la Parole divine, nous pousse également à regarder avec des yeux nouveaux le cosmos tout entier, créé par Dieu et qui porte déjà en lui les traces du Verbe, par lequel tout a été fait (cf. Jn 1, 2). En effet, nous avons aussi, comme chrétiens et messagers de l’Évangile une responsabilité vis-à-vis de la création. Si, d’un côté, la Révélation nous fait connaître le dessein de Dieu sur le cosmos, de l’autre, elle nous amène aussi à dénoncer les attitudes erronées de l’homme, quand il ne reconnaît pas toutes les choses comme l’empreinte du Créateur, mais comme une simple matière à manipuler sans scrupules. De cette manière, l’homme manque de l’humilité essentielle qui lui permet de reconnaître la création comme un don de Dieu qu’il doit accueillir et utiliser selon son dessein. Au contraire, l’arrogance de l’homme qui vit ‘comme si Dieu n’existait pas’, le porte à exploiter et à défigurer la nature, en ne reconnaissant pas en elle une œuvre de la Parole créatrice. À partir de cette vision théologique, je désire répéter les affirmations des Pères synodaux, qui ont rappelé « qu’accueillir la Parole de Dieu témoignée dans l’Écriture Sainte et dans la Tradition vivante de l’Église, engendre une nouvelle manière de voir les choses, en promouvant une authentique écologie, qui plonge sa racine la plus profonde dans l’obéissance de la foi […], en développant une sensibilité théologique renouvelée à la bonté de toutes les choses créées dans le Christ »[352]. L’homme a besoin d’être à nouveau éduqué à l’émerveillement et à reconnaître la beauté authentique qui se manifeste dans les choses créées[353].

LA PAROLE DE DIEU ET LA CULTURE

La valeur de la culture pour la vie de l’homme

109. L’annonce johannique concernant l’incarnation du Verbe révèle le lien indissoluble qui existe entre la Parole divine et les paroles humaines, à travers lesquelles elle se communique à nous. C’est à partir de cette considération que le Synode des Évêques s’est arrêté sur le rapport entre la Parole de Dieu et la culture. En effet, Dieu ne se révèle pas à l’homme de façon abstraite, mais en assumant des langages, des images et des expressions liés aux différentes cultures. Il s’agit d’un rapport fécond amplement attesté dans l’histoire de l’Église. Aujourd’hui, ce rapport entre dans une nouvelle phase dûe à l’extension et à l’enracinement de l’évangélisation au sein des différentes cultures et aux développements les plus récents de la culture occidentale. Ceci implique avant tout la reconnaissance de l’importance de la culture comme telle dans la vie de tout homme. Le phénomène de la culture dans ses multiples aspects se présente, en effet, comme un élément constitutif de l’expérience humaine : « L’homme vit toujours selon une culture qui lui est propre, et qui, à son tour, crée entre les hommes un lien qui leur est propre lui aussi, en déterminant le caractère interhumain et social de l’existence humaine »[354].

La Parole de Dieu a inspiré tout au long des siècles les différentes cultures en engendrant des valeurs morales fondamentales, des expressions artistiques de choix et des styles de vie exemplaires[355]. C’est pourquoi, dans la perspective d’une rencontre renouvelée entre la Bible et les cultures, je voudrais répéter à tous les acteurs du monde culturel qu’ils n’ont pas à craindre de s’ouvrir à la Parole de Dieu, qui ne détruit jamais la vraie culture, mais qui constitue un stimulant constant dans la recherche d’expressions humaines toujours plus appropriées et significatives. Toute culture authentique, pour être véritablement en faveur de l’homme, doit être ouverte à la transcendance, et ultimement à Dieu.

La Bible, un grand trésor pour les cultures

110. Les Pères synodaux ont souligné combien il importe de favoriser chez les hommes de culture une juste connaissance de la Bible, y compris dans les milieux sécularisés et parmi les non-croyants[356] ; l’Écriture Sainte contient des valeurs anthropologiques et philosophiques qui ont influencé positivement l’humanité entière[357]. Il faut pleinement retrouver le sens de la Bible comme un grand trésor pour les cultures.

La connaissance de la Bible dans les écoles et les universités

111. L’école et l’université constituent un cadre singulier de la rencontre entre la Parole de Dieu et les cultures. Que les pasteurs aient une attention particulière à ces milieux, en promouvant une connaissance profonde de la Bible de façon à pouvoir en comprendre les fécondes implications culturelles, y compris aujourd’hui. Que les centres d’études dépendant des entités catholiques apportent une contribution originale – qui doit être reconnue – à la promotion de la culture et de l’instruction. Il ne faut pas non plus négliger l’enseignement de la religion, en formant avec soin les enseignants. Dans de nombreux cas, celui-ci représente pour les étudiants une occasion unique de contact avec le message de la foi. Il est bon que, dans cet enseignement, soit promue la connaissance de l’Écriture Sainte, dissipant les préjugés, anciens et nouveaux, et cherchant à faire connaître sa vérité[358].

La Sainte Écriture à travers les différentes expressions artistiques

112. La relation entre Parole de Dieu et cultures a trouvé une expression concrète dans différents cadres, en particulier dans le monde de l’art. C’est pourquoi la grande tradition de l’Orient et de l’Occident a toujours estimé les manifestations artistiques inspirées de l’Écriture Sainte, telles que par exemple les arts figuratifs, ou encore l’architecture, la littérature et la musique. Je pense aussi à l’antique langage exprimé par les icônes qui, à partir de la tradition orientale se diffuse progressivement partout dans le monde. Avec les Pères synodaux, toute l’Église exprime sa considération, son estime et son admiration envers les artistes « épris de la beauté », qui se sont laissés inspirer par des textes sacrés ; ils ont contribué à la décoration de nos églises, à la célébration de notre foi, à l’enrichissement de notre liturgie et, en même temps, beaucoup d’entre eux ont aidé à rendre de quelque façon perceptibles, dans le temps et dans l’espace, les réalités invisibles et éternelles[359]. J’exhorte les organismes compétents à promouvoir dans l’Église une solide formation des artistes à l’égard de l’Écriture Sainte à la lumière de la Tradition vivante de l’Église et du Magistère.

La Parole de Dieu et les moyens de communication sociale

113. Au rapport entre Parole de Dieu et cultures, est liée l’importance de l’utilisation attentive et intelligente des moyens de communication sociale, anciens et nouveaux. Les Pères synodaux ont recommandé une connaissance appropriée de ces instruments, en prêtant attention à leur développement rapide et à leurs différents niveaux d’interaction et en investissant plus d’énergies pour acquérir une compétence dans les différents secteurs, en particulier dans ce que l’on appelle les nouveaux médias, comme par exemple internet. Il existe déjà une présence significative de l’Église dans le monde de la communication de masse et le Magistère ecclésial s’est aussi exprimé à plusieurs reprises sur ce thème depuis le Concile Vatican II[360]. L’acquisition de nouvelles méthodes pour transmettre le message évangélique fait partie de la tension évangélisatrice permanente des croyants et aujourd’hui, la communication étend un réseau qui enveloppe tout le globe, donnant un sens renouvelé à l’appel du Christ : « Ce que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits » (Mt 10, 27). La Parole divine, outre sa forme imprimée, doit résonner aussi à travers les autres formes de communication[361]. C’est pourquoi, avec les Pères synodaux, je désire remercier les catholiques qui s’engagent avec compétence en vue d’une présence significative dans le monde des médias, en souhaitant un engagement encore plus large et plus qualifié[362].

Parmi les formes nouvelles de communication de masse, un rôle croissant est aujourd’hui reconnu à internet qui constitue un nouveau forum sur lequel il faut faire résonner l’Évangile avec la conscience. Il faut cependant avoir conscience que le monde virtuel ne pourra jamais remplacer le monde réel et que l’évangélisation ne pourra profiter de la virtualité offerte par les nouveaux médias pour instaurer des relations qui n’auront du sens que si on rejoint une approche personnelle qui demeure irremplaçable. Dans le monde d’internet, qui permet à des milliards d’images d’apparaître sur des millions d’écrans dans le monde, devra apparaître le visage du Christ ainsi que la possibilité d’entendre Sa voix, car « s’il n’y a pas de place pour le Christ, il n’y a pas de place pour l’homme »[363].

La Bible et l’inculturation

114. Le mystère de l’Incarnation nous fait savoir d’une part que Dieu se communique toujours dans une histoire concrète, en assumant les codes culturels inscrits en elle, mais que d’autre part, la même Parole peut et doit se transmettre dans des cultures différentes, en les transfigurant de l’intérieur, grâce à ce que le Pape Paul VI appelait l’évangélisation des cultures[364]. La Parole de Dieu, comme du reste la foi chrétienne, manifeste ainsi un caractère profondément interculturel, susceptible de rencontrer et de faire se rencontrer les différentes cultures[365].

Dans ce contexte, on comprend aussi la valeur de l’inculturation de l’Évangile[366]. L’Église est fermement persuadée de la capacité intrinsèque de la Parole de Dieu de rejoindre toutes les personnes quel que soit le contexte culturel qui est le leur : « cette conviction découle de la Bible elle-même, qui, dès le livre de la Genèse, prend une orientation universelle (Gn 1, 27-28), la maintient ensuite dans la bénédiction promise à tous les peuples grâce à Abraham et à sa descendance (cf. Gn 12, 3 ; 18, 18) et la confirme définitivement en étendant à ‘toutes les nations’ l’évangélisation »[367]. C’est pourquoi l’inculturation ne doit pas être confondue avec des processus superficiels d’adaptation et moins encore avec un syncrétisme confus qui dilue l’originalité de l’Évangile pour le rendre plus facilement acceptable[368]. L’authentique paradigme de l’inculturation est l’Incarnation même du Verbe : « une culture, transformée et régénérée par l’Évangile, qui produit à partir de sa propre tradition vivante des expressions originales de vie, de célébration et de pensées chrétiennes »[369], en germant à partir de la culture locale, en valorisant les semina Verbi et tout ce qui est présent en elle de positif, en l’ouvrant aux valeurs évangéliques[370].

Les traductions et la diffusion de la Bible

115. Si l’inculturation de la Parole de Dieu est une part indispensable de la mission de l’Église dans le monde, la diffusion de la Bible à travers le précieux travail de traduction dans les différentes langues est un moment décisif de ce processus. À ce sujet, on doit toujours avoir présent à l’esprit que le travail de traduction des Écritures a commencé « dès le temps de l’Ancien Testament, lorsqu’on a traduit le texte hébreu de la Bible oralement en araméen (Ne 8, 8.12) et, plus tard, par écrit en grec. Une traduction, en effet, est toujours plus qu’une simple transcription du texte original. Le passage d’une langue à une autre comporte nécessairement un changement de contexte culturel : les concepts ne sont pas identiques et la portée des symboles est différente, car ils mettent en rapport avec d’autres traditions de pensée et d’autres façons de vivre »[371].

Pendant les travaux du Synode, on a dû faire le constat que différentes Églises locales ne disposent pas encore d’une traduction intégrale de la Bible dans leurs propres langues. Combien de peuples ont aujourd’hui faim et soif de la Parole de Dieu, mais malheureusement ne peuvent encore avoir « un accès largement ouvert à la sainte Écriture »[372] comme cela avait été souhaité au Concile Vatican II ! C’est pourquoi le Synode considère qu’il est important avant tout de former des experts qui se consacrent à la traduction de la Bible dans les diverses langues[373]. J’encourage l’investissement de ressources en ce domaine. Je voudrais en particulier recommander de soutenir l’engagement de la Fédération biblique catholique afin que le nombre de traductions de l’Écriture puisse s’accroître et leur diffusion progresser[374]. Il est bon que, en vertu de la nature même d’un tel travail, celui-ci soit réalisé dans la mesure du possible en collaboration avec les différentes Sociétés bibliques.

La Parole de Dieu dépasse les limites des cultures

116. L’Assemblée synodale, dans le débat autour de la relation entre la Parole de Dieu et les cultures, a éprouvé le besoin de réaffirmer ce que les premiers chrétiens ont pu expérimenter à partir du jour de la Pentecôte (cf. Ac 2, 1-13). La Parole divine est capable de pénétrer et de s’exprimer dans des cultures et des langues différentes, mais la même Parole dépasse les limites des cultures particulières en créant une communion entre les divers peuples. La parole du Seigneur nous invite à aller vers une communion plus large. « Nous sortons de l’étroitesse de nos expériences et entrons dans la réalité qui est vraiment universelle. En entrant dans la communion avec la Parole de Dieu, nous entrons dans la communion de l’Église qui vit la Parole de Dieu. (…) C’est sortir des limites de chaque culture dans l’universalité qui nous relie tous, nous unit tous, nous fait tous frères »[375]. C’est pourquoi, annoncer la Parole de Dieu demande toujours, à nous les premiers, un nouvel exode, d’abandonner nos cadres et nos représentations limitées pour laisser place en nous à la présence du Christ.

LA PAROLE DE DIEU ET LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX

La valeur du dialogue interreligieux

117. L’Église reconnaît comme une part essentielle de l’annonce de la Parole, la rencontre et le dialogue avec tous les hommes de bonne volonté, en particulier avec les personnes appartenant aux diverses traditions religieuses, en évitant toute forme de syncrétisme et de relativisme, et en suivant les lignes indiquées par la Déclaration du Concile Vatican II Nostra aetate, et précisées par le Magistère ultérieur des Souverains Pontifes[376]. Le rapide processus de la mondialisation, caractéristique de notre époque, offre la possibilité de vivre dans un contact plus étroit avec des personnes de culture et de religions diverses. Il s’agit d’une opportunité providentielle pour manifester comment un authentique sens religieux peut promouvoir entre les hommes des relations de fraternité universelle. Il est d’une grande importance que les religions puissent favoriser dans nos sociétés, souvent sécularisées, un regard qui voit en Dieu Tout-Puissant le fondement de tout bien, la source inépuisable de la vie morale, le soutien d’un sens profond de la fraternité universelle.

À titre d’exemple, dans la tradition judéo-chrétienne, on rencontre l’attestation claire de l’amour de Dieu pour tous les peuples, qu’Il réunit, déjà dans l’Alliance étroite avec Noé, en une grande et unique étreinte symbolisée par l’« arc au milieu des nuages » (Gn 9, 13.14.16) et que, selon les paroles des prophètes, Il entend rassembler en une unique famille universelle (cf. Is 2, 2ss ; 42, 6 ; 66, 18-21 ; Jr 4, 2 ; Ps 47). De fait, des témoignages du lien intime existant entre le rapport avec Dieu et l’éthique de l’amour pour tout homme se retrouvent dans de nombreuses grandes traditions religieuses.

Le dialogue entre chrétiens et musulmans

118. Parmi les différentes religions, je désire rappeler que l’Église regarde « aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu un »[377] . Ces derniers se réfèrent à Abraham et rendent un culte à Dieu surtout par la prière, l’aumône et le jeûne. Nous reconnaissons que dans la tradition de l’Islam sont présents de nombreuses figures, des symboles et des thèmes bibliques. Dans la continuité de l’œuvre importante du Vénérable Jean-Paul II, je souhaite que les rapports inspirés par la confiance, qui se sont instaurés depuis plusieurs années entre chrétiens et musulmans, se poursuivent et se développent dans un esprit de dialogue sincère et respectueux[378]. Dans ce dialogue, le Synode a exprimé le souhait que puissent être approfondis le thème du respect de la vie en tant que valeur fondamentale, et celui des droits inaliénables de l’homme et de la femme et de leur égale dignité. En tenant compte de la problématique importante de la distinction entre l’ordre sociopolitique et l’ordre religieux, les religions doivent apporter leur contribution au bien commun. Le Synode demande aux Conférences épiscopales, là où cela apparaît opportun et profitable, de favoriser des rencontres pour que chrétiens et musulmans se connaissent mutuellement afin de promouvoir les valeurs dont la société a besoin pour une coexistence pacifique et positive[379].

Le dialogue avec les autres religions

119. En cette circonstance, je voudrais par ailleurs manifester le respect de l’Église pour les religions traditionnelles et les antiques traditions spirituelles des différents continents qui contiennent également des valeurs qui peuvent favoriser la compréhension entre les personnes et les peuples[380]. Nous constatons également une syntonie avec des valeurs exprimées aussi dans leurs livres religieux, comme par exemple le respect de la vie, la contemplation, le silence, la simplicité dans le bouddhisme ; le sens de la sacralité, du sacrifice et du jeûne dans l’hindouisme ; et encore les valeurs familiales et sociales dans le confucianisme. Nous découvrons avec satisfaction aussi dans d’autres expériences religieuses, une attention sincère pour la transcendance de Dieu, reconnu comme Créateur, tout comme le respect de la vie, du mariage et de la famille et le sens fort de la solidarité.

Le dialogue et la liberté religieuse

120. Cependant, le dialogue ne serait pas fécond s’il n’incluait pas aussi un respect authentique envers chaque personne, afin qu’elle puisse adhérer librement à sa religion. Le Synode, alors qu’il encourage la collaboration entre les représentants des diverses religions, rappelle donc également « la nécessité que soit assurée de manière effective à tous les croyants la liberté de professer sa propre religion en privé et en public, ainsi que la liberté de conscience »[381] : en effet, « le respect et le dialogue requièrent la réciprocité dans tous les domaines, surtout en ce qui concerne les libertés fondamentales et plus particulièrement la liberté religieuse. Ils favorisent la paix et l’entente entre les peuples »[382].

 

CONCLUSION

La parole définitive de Dieu

121. Au terme de ces réflexions par lesquelles j’ai voulu recueillir et approfondir la richesse de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église, je désire encore une fois exhorter le Peuple de Dieu tout entier, les Pasteurs, les personnes consacrées et les laïcs à s’engager pour devenir toujours plus familiers des Écritures Saintes. Nous ne devons jamais oublier qu’à la base de toute spiritualité chrétienne authentique et vivante, se trouve la Parole de Dieu annoncée, écoutée, célébrée et méditée dans l’Église. Cette intensification de la relation avec la Parole divine se réalisera avec d’autant plus d’élan que nous serons davantage conscients de nous trouver, dans l’Écriture comme dans la Tradition vivante de l’Église, face à la Parole définitive de Dieu sur le monde et sur l’histoire.

Comme nous le fait contempler le Prologue de l’Évangile de Jean, tout ce qui est se trouve sous le signe de la Parole. Le Verbe jaillit du Père et il vient demeurer parmi les siens et puis il retourne dans le sein du Père pour porter avec Lui toute la création qui, en Lui et par Lui, a été créée. Aujourd’hui, l’Église vit sa mission dans l’attente anxieuse de la manifestation eschatologique de l’Époux : « L’Esprit et l’Épouse disent : ‘Viens !’ » (Ap 22, 17). Cette attente n’est jamais passive mais elle est une tension missionnaire dans l’annonce de la Parole de Dieu qui purifie et rachète tout homme : aujourd’hui encore Jésus ressuscité nous dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc 16, 15).

La Nouvelle Évangélisation et la nouvelle écoute

122. En conséquence, notre temps doit être toujours davantage le temps d’une nouvelle écoute de la Parole de Dieu et d’une Nouvelle Évangélisation. Redécouvrir le caractère central de la Parole divine dans la vie chrétienne nous fait retrouver aussi le sens le plus profond de ce que le Pape Jean-Paul II a rappelé avec force : continuer la missio ad gentes et entreprendre avec toutes les forces la Nouvelle Évangélisation, surtout dans les pays où l’Évangile a été oublié ou souffre de l’indifférence du plus grand nombre en raison d’un sécularisme diffus. Que l’Esprit Saint éveille chez les hommes la faim et la soif de la Parole de Dieu et suscite de zélés messagers et témoins de l’Évangile !

À l’exemple du grand Apôtre des Nations, qui fut transformé après avoir entendu la voix du Seigneur (cf. Ac 9, 1-30), écoutons nous aussi la Parole divine qui nous interpelle toujours personnellement, ici et maintenant. Les Actes des Apôtres nous racontent que l’Esprit Saint se réserva Paul et Barnabé en vue de la prédication et de la diffusion de la Bonne Nouvelle (cf. Ac 13, 2). Ainsi, aujourd’hui, l’Esprit Saint ne cesse de susciter des auditeurs et des messagers convaincus et persuasifs de la Parole du Seigneur !

La Parole et la joie

123. Plus nous saurons être disponibles à la Parole divine, plus nous pourrons constater que le mystère de la Pentecôte est ‘en action’ aujourd’hui aussi dans l’Église de Dieu. L’Esprit du Seigneur continue de répandre ses dons sur l’Église afin que nous soyons conduits à la vérité toute entière, en nous ouvrant le sens des Écritures et en faisant de nous des messagers crédibles de la Parole du salut. Nous revenons ainsi à la Première Lettre de saint Jean. À travers la Parole de Dieu, nous aussi, nous avons entendu, vu et touché le Verbe de vie. Nous avons écouté par grâce l’annonce que la vie éternelle s’est manifestée, afin que nous reconnaissions que nous sommes en communion les uns avec les autres, avec ceux qui nous ont précédés sous le signe de la foi et avec tous ceux qui, répandus à travers le monde, écoutent la Parole, célèbrent l’Eucharistie, vivent le témoignage de la charité. La communication de cette annonce – nous rappelle l’apôtre Jean – est donnée pour que « nous ayons la plénitude de la joie » (1 Jn 1, 4).

L’Assemblée synodale nous a permis d’expérimenter ce qui est contenu dans le message johannique : l’annonce de la Parole crée la communion et apporte la joie. Il s’agit d’une joie profonde qui jaillit du cœur même de la vie trinitaire et qui se communique à nous dans le Fils. Il s’agit de la joie, comme don ineffable, que le monde ne peut donner. On peut organiser des fêtes, mais pas la joie. Selon l’Écriture, la joie est un fruit de l’Esprit Saint (cf. Ga 5, 22), qui nous permet de pénétrer dans la Parole et de faire en sorte que la Parole divine entre en nous en portant ses fruits pour la vie éternelle. En annonçant la Parole de Dieu dans la force de l’Esprit Saint, nous désirons communiquer aussi la source de la vraie joie, non une joie superficielle et éphémère mais celle qui jaillit de la conscience que seul le Seigneur Jésus a les paroles de la vie éternelle (cf. Jn 6, 68).

« Mater Verbi et Mater laetitiae »

124. Cette relation intime entre la Parole de Dieu et la joie est manifestée avec évidence chez la Mère de Dieu. Rappelons les paroles de sainte Élisabeth : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Lc 1, 45). Marie est bienheureuse parce qu’elle a la foi, qu’elle a cru, et que dans cette foi, elle a accueilli dans son sein le Verbe de Dieu pour le donner au monde. La joie provenant de la Parole peut maintenant s’étendre à tous ceux qui, dans la foi, se laissent transformer par la Parole de Dieu. L’Évangile de Luc nous présente à travers deux textes ce mystère d’écoute et de joie. Jésus affirme : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la Parole de Dieu, et qui la mettent en pratique » (Lc 8, 21). Et, face à l’exclamation d’une femme qui, au milieu de la foule, entend exalter le ventre qui l’a porté et le sein qui l’a allaité, Jésus révèle le secret de la vraie joie : « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Lc 11, 28). Jésus indique la vraie grandeur de Marie, en ouvrant ainsi à chacun de nous la possibilité de cette béatitude qui naît de la Parole écoutée et mise en pratique. C’est pourquoi, à tous les chrétiens, je rappelle que notre relation personnelle et communautaire avec Dieu dépend de l’accroissement de notre familiarité avec la Parole divine. Enfin, je m’adresse à tous les hommes, également à ceux qui se sont éloignés de l’Église, qui ont abandonné la foi ou qui n’ont jamais entendu l’annonce du salut. À chacun, le Seigneur dit : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Ap 3, 20).

Que chacune de nos journées soit donc modelée par la rencontre renouvelée du Christ, le Verbe du Père fait chair : Il est à l’origine et à la fin et « tout subsiste en lui » (Col 1, 17). Faisons silence pour écouter la Parole du Seigneur et pour la méditer, afin que, par l’action efficace de l’Esprit Saint, elle continue à demeurer, à vivre et à nous parler tous les jours de notre vie. De cette façon, l’Église se rénove et rajeunit grâce à la Parole du Seigneur qui demeure éternellement (cf. 1 P 1, 25 ; Is 40, 8). Ainsi, nous pourrons nous aussi entrer dans le grand dialogue nuptial par lequel se clôt l’Écriture Sainte : « L’Esprit et l’Épouse disent : ‘Viens !’ (…) Celui qui témoigne de tout cela déclare : ‘Oui, je viens sans tarder.’ – Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22, 17.20).


[1] Cf. Proposition 1.

[2] Cf. XIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques, Instrumentum laboris, n. 27.

[3] Cf. Léon XIII, Lett. enc. Providentissimus Deus (18 novembre 1893) : ASS (1893-94), 269-292 ; Benoît XV, Lett. enc. Spiritus Paraclitus (15 septembre 1920) : AAS 12 (1920), pp. 385-422 ; Pie XII, Lett. enc. Divino afflante Spiritu (30 septembre 1943) : AAS 35 (1943), pp. 297-325.

[4] Proposition 2.

[5] Ibidem.

[6] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 2 (Traduction française tirée de Les Conciles œcuméniques, tome 2, Cerf, Paris, 1994).

[7] Ibidem, n. 4.

[8] Cf. Parmi les interventions de diverses natures on rappellera : Paul VI, Lett. Apost. Summi Dei Verbum (4 novembre 1963) : AAS 55 (1963), pp. 979-995 ; Paul VI, Motu proprio Sedula cura (27 juin 1971) AAS 63 (1971), pp. 665-669; Jean-Paul II, Audience générale (22 mai 1985) : L’Osservatore Romano en langue française (par la suite L’ORf ), 28 mai 1985, p. 12 ; Id., Discours sur l’interprétation de la Bible dans l’Église (23 avril 1993) AAS 86 (1994), pp. 232-242 : La Documentation catholique (par la suite La DC ) n. 2073, p. 503 ; Benoît XVI, Audience au Congrès pour le 40ème anniversaire de la Constitution dogmatique sur la Révélation divine (16 septembre 2005) : AAS 97 (2005), p. 957, L’ORf, 20 septembre 2005, p. 3 ; Id., Angelus (6 novembre 2005) : L’ORf, 8 novembre 2005, p. 1. Il faut aussi rappeler les interventions de la Commission Biblique Pontificale, De sacra Scriptura et christologia (1984) : Ench. Vat. 9. n. 1208-1339 ; Unité et diversité dans l’Église (11 avril 1988) : Ench. Vat. 11. n. 544-643 ; L’interprétation de la Bible dans l’Église (15 avril 1993) : Ench. Vat. 13. n. 2846-3150 ; Le peuple juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne (24 mai 2001) : Ench. Vat. 20. n. 733-1150 ; Bible et morale. Racines bibliques de l’agir chrétien (11 mai 2008), Città del Vaticano 2008.

[9] Cf. Benoît XVI, Discours à la Curie romaine à l’occasion de la présentation des vœux de Noël (22 décembre 2008) : AAS 101 (2009), p. 49 ; L’ORf, 23/30 décembre 2008, p. 3.

[10] Cf. Proposition 37.

[11] Cf. Commission Biblique Pontificale, Le peuple juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne (24 mai 2001) : Ench. Vat. 20. n. 733-1150 .

[12] Benoît XVI, Discours à la Curie romaine à l’occasion de la présentation des vœux de Noël (22 décembre 2008) : AAS 101 (2009) p. 50 ; L’ORf, 23/30 décembre 2008, p. 4.

[13] Cf. Benoît XVI, Angelus (4 janvier 2009) : L’ORf, 6 janvier 2009, p. 7.

[14] Cf. XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, Relatio ante disceptationem, I : L’ORf, 4 novembre 2008, p. 9.

[15] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 2.

[16] Benoît XVI, Lett. enc. Deus caritas est (25 décembre 2005), n. 1 : AAS 98 (2006), pp. 217-218.

[17] XIIe Assemblée Générale ordinaire du Synode des Évêques, Instrumentum laboris, n. 9.

[18] Credo de Nicée Constantinople : DS 150.

[19] Saint Bernard de Clairvaux, Homelia super missus est, IV, 11 : PL 183, 86 B.

[20] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 10.

[21] Cf. Proposition 3.

[22] Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus Christ et de l’Église Dominus Iesus (6 août 2000) nn. 13-15 : AAS 92 (2000), pp. 754-756.

[23] Cf. In Hexaemeron, XX, 5: Opera Omnia, V, Quaracchi 1891, pp. 425-426 ; Breviloquium I, 8: Opera Omnia, V, Quaracchi 1891, pp. 216-217.

[24] Saint Bonaventure, Itinerarium mentis in Deum, II, 12 : Opera Omnia, V, Quaracchi, 1891, pp. 302-303 ; cf. Commentarius in librum Ecclesiastes, Chap. 1, vers. 11; Quaestiones, II, 3, Quaracchi 1891, p. 16.

[25] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 3 ; cf. Conc. Œcum. Vat. I, Const. dogm. sur la foi catholique Dei Filius, chap. 2, De revelatione : DS 3004.

[26] Cf. Proposition 13.

[27] Commission Théologique Internationale, À la recherche d’une éthique universelle : un regard nouveau sur la loi naturelle, n. 39.

[28] Cf. Summa Theologiae, Ia-IIae, q. 94, a. 2.

[29] Cf. Commission Biblique Pontificale, Bible et morale, Racines bibliques de l’agir chrétien (11 mai 2008), nn. 13, 32 et 109.

[30] Cf. Commission Théologique Internationale, À la recherche d’une éthique universelle : un regard nouveau sur la loi naturelle, n. 102.

[31] Cf. Benoît XVI, Méditation à l’occasion de l’ouverture du Synode des Évêques (6 octobre 2008) : ASS 100 (2008), 758-761, L’ORf, 14 octobre 2008, p. 11.

[32] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 14.

[33] Benoît XVI, Lett. enc. Deus caritas est (25 décembre 2005), n. 1 : AAS 98 (2006), pp. 217-218.

[34] « Ho Logos pachynetai (ou brachynetai) ». Cf. Origène d’Alexandrie, Péri Archon, I, 2, 8 : Sources Chrétiennes (par la suite SC ) 252, p. 127-129.

[35] Benoît XVI, Homélie au cours de la Messe de la Nativité du Seigneur (24 décembre 2006) : AAS 99 (2007), p. 12, L’ORf, 2 janvier 2007, p. 2.

[36] Cf. XIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques, Message final, II, 4-6.

[37] Saint Maxime le Confesseur, La vie de Marie, n. 89 : CSCO 479, p. 77.

[38] Cf. Benoît XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 9-10 : AAS 99 (2007), pp. 111- 112.

[39] Cf. Benoît XVI, Audience Générale (15 avril 2009) : L’ORf, 21 avril 2009, p. 2.

[40] Cf. Benoît XVI, Homélie en la solennité de l’Épiphanie du Seigneur (6 janvier 2009) : L’ORf, 13 janvier 2009, p. 6.

[41] Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 4.

[42] Proposition 4.

[43] Cf. Saint Jean de la Croix, Montée au Mont Carmel, II, 22.

[44] Proposition 47.

[45] Catéchisme de l'Église Catholique, n. 67.

[46] Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Le message de Fatima, (26 juin 2000) : Ench. Vat. 19, n. 974-1021.

[47] Adversus Haereses, IV, 7, 4 ; SC 100, p. 465 ; V, 1, 3 : SC 153, p. 73 ; V, 28,4 : SC 153, p. 361.

[48] Cf. Benoît XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 12 : AAS 99 (2007), pp. 113-114.

[49] Cf. Proposition 5.

[50] Adversus Haereses, III 24, 1 : SC 34, p. 401.

[51] Homeliae in Genesim, XXI, n. 1 ; PG 53, 175.

[52] Epistola 120, 10 : CSEL 55, pp. 500-506.

[53] Homiliae Ezechielem I. VII. 17 : CC 142, p. 94.

[54] « Oculi ergo devotae animae sunt columbarum quia sensus eius per Spiritum sanctum sunt illuminati et edocti, spiritualia sapientes… Nunc quidem aperitur animae talis sensus, ut intellegat Scripturas » : Richard de Saint-Victor, Explicatio in Cantica canticorum, 15 : PL 196, 450 B et D.

[55] Sacramentum Serapionis, II (XX), Didascalia et Constitutiones apostolorum, ed. F. X. Funk II, Paderborn 1906, p. 161.

[56] Conc. œcum. Vat. ii, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 7.

[57] Ibidem, n. 8.

[58] Ibidem.

[59] Cf. Proposition 3.

[60] Cf. XIIe Assemblée Générale ordinaire du Synode des Évêques, Message final, n. 5.

[61] Expositio Evangelii secundum Lucam 6, 33 : SC 45, p. 240.

[62] Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 13.

[63] Catéchisme de l'Église Catholique n. 102. Cf. aussi Rupert de Deutz, De operibus Spiritus Sancti, I, 6 : SC 131, pp. 72-74.

[64] Enarrationes in Psalmos, CIII, IV, 1 : PL 37, 1378. Affirmations analogues chez Origène, In Ioannem V, 5-6 : SC 120, pp. 380-384.

[65] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 21.

[66] Ibidem n. 9.

[67] Cf. Propositions 5 et 12.

[68] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 12.

[69] Cf. Proposition 12.

[70] Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 11.

[71] Proposition 4.

[72] Prol. Opera omnia V, Quaracchi 1891, pp. 201-202.

[73] Cf. Benoît xvi, Discours au monde de la Culture au Collège des Bernardins à Paris (12 septembre 2008) : AAS 100 (2008), pp. 721-730.

[74] Cf. Proposition 4.

[75] Cf. XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, Relatio post disceptationem, n. 12.

[76] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. Sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 5.

[77] Proposition 4.

[78] Par exemple Dt 28,1-2.15.45 ; 32,1 ; dans les prophètes cf. Jr 7,22-28 ; Is 2,8 ; 3,10 ; 6,3 ; 13,2 ; jusqu’aux derniers : cf. Za 3,8. Chez saint Paul cf. Rm 10,14-18 ; 1Th 2,13.

[79] Proposition 55.

[80] Cf. Benoît XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 33 : AAS 99 (2007), pp. 132-133).

[81] Idem, Deus caritas est (25 décembre 2005), 41 : AAS 98 (2006), p. 251.

[82] Proposition 55.

[83] Cf. Expositio Evangelii secundum Lucam 2, 19 : PL 15, pp. 1559-1560.

[84] Breviloquium, Prol. Opera Omnia, V, Quaracchi 1891, pp. 201-202.

[85] Somme Théologique, Ia-IIae, q.106, art.2.

[86] Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l'Église (15 avril 1993), III, A, 3 : Ench. Vat. 13, n. 3035. Dans l’édition du Cerf, Paris, 2010 (citée par la suite), p. 83.

[87] Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 12.

[88] Contra epistulam Manichaei quam vocant fundamenti, V, 6: PL 42,176.

[89] Cf. Benoît XVI, Audience générale (14 novembre 2007) : L’ORf, 20 novembre 2007, p. 12.

[90] Commentariorum in Isaiam, Prol. : PL 24,17.

[91] Epistola 52, 7 : CSEL 54, p. 426.

[92] Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l'Église (15 avril 1993), II, A, 2 : Ench. Vat. 13, n. 2988.

[93] Ibidem, II, A, 2 : Ench. Vat. 13, n. 2991.

[94] Homiliae in Ezechielem, I, VII, 8: CCL 142, 87 (PL 76, 843 D).

[95] Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 24 ; cf. Léon XIII, Lett. enc. Providentissimus Deus (18 novembre 1893), Pars II, sub fine : AAS 26 (1893-94), pp. 269-292 ; Benoît XV, Lett.enc. Spiritus Paraclitus (15 septembre 1920), Pars III : AAS 12(1920), pp. 285-422.

[96] Cf. Proposition 26.

[97] Cf. Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l'Église (15 avril 1993), A-B : Ench. Vat. 13, nn. 2846-3150.

[98] Benoît XVI, Intervention orale durant la XIVe Congrégation Générale du Synode des Évêques (14 octobre 2008) ; La DC n. 2412, p. 1015 ; cf. Proposition 25.

[99] Idem Benoît XVI, Discours au monde de la Culture au Collège des Bernardins à Paris (12 septembre 2008) : AAS 100 (2008), pp. 721-730 : la référence vient de l’ouvrage de J. Leclerq, L’amour des lettres et le désir de Dieu.

[100] Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 10.

[101] Cf. Jean-Paul II, Discours à l’occasion du 100e anniversaire de Providentissimus Deus et du 50e anniversaire de Divino afflante Spiritu (23 avril 1993) : AAS 86 (1994), pp. 232-243.

[102] Ibid. n. 4 : AAS 86 (1994), p. 235 ; La DC n. 2073, p. 504.

[103] Ibid. n. 5 : AAS 86 (1994), p. 235 ; La DC n. 2073, p. 505.

[104] Ibid. n. 5 : AAS 86 (1994), p. 236 ; La DC n. 2073, p. 505.

[105] Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l'Église (15 avril 1993), III, C, 1: Ench. Vat. 13, n. 3065.

[106] N. 12.

[107] Benoît XVI, Aux participants de la XIVe Congrégation Générale du Synode des Évêques (14 octobre 2008) ; La DC n. 2412, p. 1015 ; cf. Proposition 25.

[108] Cf. Proposition 26.

[109] Proposition 27.

[110] Benoît XVI, Aux participants de la XIVe Congrégation Générale du Synode des Évêques (14 octobre 2008) ; La DC n. 2412, pp. 1015-1016 ; Proposition 26.

[111] Cf. Ibid.

[112] Ibid.

[113] Cf. Proposition 27.

[114] Benoît XVI, Aux participants de la XIVe Congrégation Générale du Synode des Évêques (14 octobre 2008) ; La DC n. 2412, pp. 1015-1016.

[115] Jean-Paul II, Lett. enc. Fides et ratio (14 septembre 1998), n. 55 : AAS 91 (1999), pp. 49-50.

[116] Cf. Benoît XVI, Discours au 4eme Congrès national ecclésial d’Italie (19 octobre 2006) : AAS 98 (2006), pp. 804-815 ; L’ORf, 24 octobre 2006, p. 3-4.

[117] Cf. Proposition 6.

[118] Cf. Saint Augustin, De libero arbitrio, III, XXI, 59 : PL 32, 1300 ; De Trinitate, II, I, 2 : PL 42, 845.

[119] Congrégation pour l’Éducation Catholique, Instr. Inspectis dierum (10 novembre 1989), n. 26 : AAS 82 (1990), p. 618.

[120] Catéchisme de l’Église Catholique, n. 116.

[121] Somme théologique, I, q.1, a.10, ad 1.

[122] Catéchisme de l’Église Catholique, n. 118.

[123] Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l'Église (15 avril 1993), II, A, 2 : Ench. Vat. N. 2987.

[124] Ibid., II, B, 2 : Ench. Vat. 13, n. 3003.

[125] Benoît XVI, Rencontre avec le monde de la culture au Collège des Bernardins de Paris (12 septembre 2008) : AAS 100 (2008), p. 726.

[126] Ibidem.

[127] Cf. Benoît XVI, Audience générale (9 janvier 2008) : L’ORf, 15 janvier 2008, p. 12.

[128] Cf. Proposition 29.

[129] De arca Noe, 2, 8 : PL 176, 642 C-D.

[130] Cf. Benoît XVI, Rencontre avec le monde de la culture au Collège des Bernardins de Paris (12 septembre 2008) : AAS 100 (2008), p. 725.

[131] Cf. Proposition 10 ; Commission Biblique Pontificale, Le peuple juif et ses Écritures saintes dans la Bible chrétienne (24 mai 2001), n. 3-5 : Ench. Vat. 20, nn. 748-755.

[132] Cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. 121-122.

[133] Proposition 52.

[134] Cf. Préface à Commission Biblique Pontificale, Le peuple juif et ses Écritures saintes dans la Bible chrétienne (24 mai 2001), 19 : Ench. Vat. 20, nn. 799-801 ; cf. Origène, Homélies sur les Nombres 9, 4 : SC 415, p. 238-242.

[135] Catéchisme de l'Église catholique, 128.

[136] Ibidem, 129.

[137] Proposition 52.

[138] Questiones in Heptateucum, 2, 73 : PL 34, 623.

[139] Homiliae in Ezechielem, I, VI, 15 : PL, 76, 836 B.

[140] Proposition 29.

[141] Jean-Paul II, Message au Grand Rabbin de Rome (22 mai 2004). La DC n. 2316, p. 553.

[142] Commission Biblique Pontificale, Le peuple juif et ses Écritures saintes dans la Bible chrétienne (24 mai 2001), n. 87 : Ench. Vat. 20, n. 1150.

[143] Cf. Benoît XVI, Discours de congé à l’aéroport international Ben Gourion de Tel Aviv (15 mai 2009) : L’ORf, 26 mai 2009, p. 13.

[144] Jean-Paul II, Discours aux grands rabbins d’Israël (23 mars 2000), La DC n. 2224, p. 372.

[145] Cf. Propositions 46 et 47.

[146] Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15 avril 1993), I, F ; pp. 62-63 : Ench. Vat. 13, n. 2974

[147] Cf. Benoît XVI, Rencontre avec le monde de la culture au Collège des Bernardins de Paris (12 septembre 2008) : AAS 100 (2008), p. 726.

[148] Proposition 46.

[149] Proposition 28.

[150] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 23.

[151] On rappelle cependant qu’en ce qui concerne les Livres dits deutérocanoniques de l’Ancien Testament et leur inspiration, les Catholiques et les Orthodoxes n’ont pas exactement le même canon biblique que les Anglicans et les Protestants.

[152] Cf. XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, Relatio post disceptationem, n. 36.

[153] Proposition 36.

[154] Cf. Benoît XVI, Discours au IXe Conseil ordinaire du Secrétariat général du Synode des Évêques (25 janvier 2007) : AAS 99 (2007), pp. 85-86.

[155] Conc. Œcum. Vat. II, Décret sur l’œcuménisme Unitatis redintegratio, n. 21.

[156] Cf. Proposition 36.

[157] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 10.

[158] Lett. enc. Ut unum sint, (25 mai 1995), n. 44 : AAS 87 (1995), p. 947.

[159] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 10.

[160] Ibidem.

[161] Cf. Ibid., n. 24.

[162] Cf. Proposition 22.

[163] S. Grégoire le Grand, Moralia in Job XXIV, VIII, 16 : PL 76, 295.

[164] Cf. Saint Athanase, Vita Antonii, 2, 4 : PL 73, 127.

[165] Regula : LXXX, XXII, PG 31, 867.

[166] Règle, n. 73, 3 : SC 182, p. 673.

[167] Tommaso de Celano, La vita prima di S. Francesco, 22, 2-3 : FF 670.672.

[168] Règle, I, 1-2 : FF 2292.

[169] B. Giordano da Sassonia, Libellus de principiis Ordinis Praedicatorum, 104 : Monumenta Fratrum Praedicatorum Historica, Roma 1935, 16, p. 75.

[170] Ordre des Frères Prêcheurs, Premières Constitutions ou Consuetudines, II, XXXI.

[171] Vie 40, 1.

[172] Cf. Histoire d’une âme, Ms B, foglio 3 recto.

[173] Ibidem, Ms C, foglio 35 verso.

[174] In Iohannis Evangelium Tractatus, 1,12 : CCL 36,7.

[175] Lett. enc. Veritatis splendor (6 août 1993), n. 25 : AAS 85 (1993) p. 1153.

[176] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 8.

[177] Relatio post disceptationem, n. 11 : L’ORf, 11 novembre 2008, p. 11.

[178] N. 1.

[179] benoît XVI, Discours au Congrès International sur « l’Écriture Sainte dans la vie de l’Église » (16 septembre 2005) : AAS 97 (2005), p. 956 ; La DC n. 2344, p. 948.

[180] Cf. Relatio post disceptationem, n. 10 : L’ORf, 11 novembre 2008, p. 14.

[181] Message final, III, 6.

[182] Conc. Œcum. Vat. II, Const. sur la sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium, n. 24.

[183] Ibidem, n. 7.

[184] Missel romain, Présentation générale du lectionnaire de la messe, n. 4.

[185] Ibidem, n. 9.

[186] Ibidem, n. 3 ; cf. Lc 4, 16-21 ; 24, 25-35.44-49.

[187] Conc. Œcum. Vat. II, Const. sur la sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium, n. 102.

[188] Cf. Benoît XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), nn. 44-45 : AAS 99 (2007), pp. 139-141.

[189] Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15 avril 1993), IV, C, 1 ; p. 110 ; Ench. Vat. 13, n. 3123.

[190] Ibidem, III, B, 3 ; p. 89 ; Ench. Vat. 13, n. 3056.

[191] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. sur la sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium, nn. 48.51.56 ; Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, nn. 21.26 ; Décret sur l’activité missionnaire de l’Église Ad gentes, nn. 6.15 ; Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 18 ; Décret sur la rénovation et l’adaptation de la vie religieuse Perfectae caritatis, n. 6. Dans la grande tradition de l’Église, nous trouvons des expressions significatives comme : « Corpus Christi intelligitur etiam […] Scriptura Dei » (l’Écriture [la Parole] de Dieu est aussi considérée Corps du Christ) : Waltramus, De unitate Ecclesiae conservanda, 13, éd. W. Schwenkenbecher, Hannoverae 1883, p. 33 ; « La chair du Seigneur est une vraie nourriture et son sang est une vraie boisson ; ce vrai bien qui nous est réservé dans la vie présente, consiste à manger sa chair et à boire son sang, non seulement dans l’Eucharistie, mais aussi dans la lecture de la Sainte Écriture. En effet, la parole de Dieu, puisée dans la connaissance des Écritures, est une vraie nourriture et une vraie boisson » : Saint Jérôme, Commentarius in Ecclesiasten, n. 313 : CCL 72,278.

[192] J. Ratzinger (Benoît XVI), Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p. 295.

[193] Missel romain, Présentation générale du lectionnaire de la messe, n. 10.

[194] Ibidem.

[195] Cf. Proposition 7.

[196] Lett. enc. Fides et ratio (14 septembre 1998), n. 13 : AAS 91 (1999), p. 16.

[197] Catéchisme de l’Église Catholique, n. 1373-1374.

[198] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. sur la sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium, n. 7.

[199] In Psalmum. 147 : CCL 78, 337-338.

[200] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 2.

[201] Const. sur la sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium, nn. 107-108.

[202] Missel romain, Présentation générale du lectionnaire de la messe, n. 66.

[203] Proposition 16.

[204] Cf. Benoît XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 45 : AAS 99 (2007), pp. 140-141.

[205] Cf. Proposition 14.

[206] Cf. CIC, can. 230 §2 ; 204 §1.

[207] Missel romain, Présentation générale du lectionnaire de la messe, n. 55.

[208] Ibidem, n. 8.

[209] N. 46: AAS 99 (2007), p. 141.

[210] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 25.

[211] Proposition 15.

[212] Ibidem.

[213] Sermo 179,1 ; PL 38, 966.

[214] Cf. Benoît XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 93: AAS 99 (2007), p. 177.

[215] congregation pour le culte divin et la discipline des sacrements, Compendium Eucharisticum (25 mars 2009), Cité du Vatican 2009.

[216] Epistola 52,7 ; CSEL 54,426-427.

[217] Proposition 8

[218] Rituel de la Pénitence et de la Réconciliation . Orientations doctrinales et pastorale, n. 17.

[219] Ibidem, n. 19.

[220] Proposition 8.

[221] Proposition 19.

[222] Principes et normes de la Liturgie des Heures, III, 15.

[223] Const. sur la Sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium, n. 85.

[224] Cf. CIC, cc. 276 § 3 ; 1174 § 1.

[225] Cf. CCEO, cc. 377 ; 473, § 1 et 2, 1°; 538 § 1 ; 881 § 1.

[226] Livre des Bénédictions, Préliminaires généraux, n. 21.

[227] Cf. Proposition 18 ; Conc. Œcum. Vat. II, Const. sur la Sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium, n. 35.

[228] Cf. Benoît XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 75 : AAS 99 (207), pp. 162-163.

[229] Ibidem.

[230] Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Directoire sur la piété populaire et la liturgie, Principes et orientations, n. 87 ; Ench. Vat. 20, n. 2461.

[231] Cf. Proposition 14.

[232] Cf. Saint Ignace d’Antioche, Ad Ephesios 15, 2 : Patres Apostolici, éd. F. X. FUNK, Tübingen 1901, I, 224.

[233] Cf. Saint Augustin, Sermo 288, 5 : PL 38, 1307 ; Sermo 120, 2 : PL 38, 677.

[234] Présentation générale du Missel Romain, n. 56.

[235] Ibidem, n. 45 ; cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. sur la Sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium, n. 30.

[236] Missel romain, Présentation générale du Lectionnaire de la messe, n.13.

[237] Cf. ibidem n. 17.

[238] Proposition 40.

[239] Présentation générale du Missel Romain, n. 309.

[240] Proposition 14.

[241] Cf. Benoît XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 69 : AAS 100 (207), p. 157.

[242], Présentation générale du Missel Romain, n. 57.

[243] Proposition 14

[244] Cf. le canon 36 du Synode d’Hippone en 393, Denzinger-Schönmetzer, 186.

[245] Cf. Jean-Paul II, Lett. Ap. Vicesimus quintus annus, 4 décembre 1988, n. 13 : AAS 81 (1988), p. 910 ; Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Instruction sur certaines choses à observer ou à éviter au sujet de la Très Sainte Eucharistie Redemptionis sacramentum (25 mars 2004), n. 62 : Ench. Vat. 22, n. 2248.

[246] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. sur la Sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium, n. 116 ; Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Présentation générale du Missel Romain, n. 41.

[247] Cf. Proposition 14.

[248] Proposition 9.

[249] Epistola 30, 7 : CSEL 54, 246.

[250] Id., Epistola 133, 13 : CSEL 56, 260.

[251] Id., Epistola 107, 9.12 : CSEL 55, 300.302

[252] Id., Epistola 52, 7 : CSEL 54, 426.

[253] Jean-Paul II, Lett. Novo millennio ineunte (6 janvier 2001), n. 31 : AAS 83 (2001), pp. 287-288.

[254] Proposition 30 ; cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. Dogm. Sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 24.

[255] Saint Jérôme, Commentariorum. in Isaiam, Prol ; PL 24, 17B.

[256] Proposition 21.

[257] Cf. Proposition 23.

[258] Cf. Congrégation pour le Clergé, Directoire général pour la catéchèse (15 août 1997), n. 94 ; Jean-Paul II, Exhort. apost. Catechesi tradendae (16 octobre 1979), n. 27 : AAS 71 (1979), p. 1298.

[259] Ibidem, n. 127 ; cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. Catechesi tradendae (16 octobre 1979), n. 27 : AAS 71 (1979), p. 1299.

[260] Ibidem, n. 128 : Ench. Vat. 16, n. 936.

[261] Cf. Proposition 33.

[262] Cf. Proposition 45.

[263] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur l’Église Lumen gentium, chap. 5.

[264] Proposition 31.

[265] N. 15 : AAS 96n (2004), pp. 846-847.

[266] N. 26 : AAS 84 (1992), p. 698.

[267] Ibidem.

[268] Benoît XVI, Homélie, Messe chrismale 2009 ; L’ORf, 14 avril 2009, p. 4.

[269] Ibidem.

[270] Congrégation pour l’Éducation catholique, Normes fondamentales pour la formation des diacres permanents (22 février 1998), n. 11 ; Ench. Vat. 17, n. 174-175 ; La DC, n.2181, p.411.

[271] Ibidem, n. 74 : Ench. Vat. 17, n. 263 ; La DC n. 2181, p. 420.

[272] Cf. ibidem, n. 81.a : Ench. Vat. 17, n. 271 : La DC, ibid., p. 421.

[273] Proposition 32.

[274] Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Pastores dabo vobis (25 mars 1992), n. 47 : AAS 84 (1992), p. 740-742.

[275]Proposition 24.

[276]Benoît XVI, Discours pour la XIe Journée mondiale de la Vie consacrée, 2 février 2008: AAS 100 (2008) p. 133, L’ORf, 12 février 2008, p. 7 ; cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Vita consecrata (25 mars 1996), n. 82 : AAS 88 (1996), pp. 458-460.

[277]Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique, Instruction Repartir du Christ : un engagement renouvelé de la Vie consacrée au troisième millénaire (19 mai 2002), n. 24.

[278] Cf. Proposition 24

[279] Saint Benoît, Règle, IV, 21: SC 181, p. 456-458.

[280] Benoît XVI, Discours aux moines dans l’abbaye de Heiligenkreuz (9 septembre 2007), L’ORf, 18 septembre 2007, p. 14.

[281] Cf. Proposition 30.

[282] Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), n. 17 : AAS 81 (1989), p. 418.

[283] Cf. Proposition 33.

[284] Jean-Paul II, Exhort. apost. Familiaris consortio (22 novembre 1981), n. 49 : AAS 74 (1982), pp. 140-141.

[285] Proposition 20.

[286] Cf. Proposition 21.

[287] Proposition 20.

[288] Cf. Lett. apost. Mulieris dignitatem (15 août 1988), n. 31 : AAS 80 (1988), p. 1727-1729.

[289] Proposition 17.

[290] Cf. Propositions 9 et 22.

[291] N. 25.

[292] Enarratio in Psalmum 85, 7 : CCL 39, 1177.

[293] Origène, Origenis Epistola ad Gregorium, 3 : PG 11, 92.

[294] Benoît XVI, Discours au grand Séminaire pontifical romain (17 février 2007) : AAS 99 (2007), p. 254, L’ORf, 27 février 2007, p. 3.

[295] Cf. Benoît XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis, n. 66 : AAS 99 (2007), pp. 155-156.

[296] Message final, n. 9.

[297] Cf. Message final, n. 9.

[298]Plenaria indulgentia conceditur christifideli qui Sacram Scripturam, iuxta textum a competenti auctoritate adprobatum, cum veneratione divino eloquio debita et ad modum lectionis spritalis, per dimidiam saltem horam legerit ; si per minus tempus id egerit indulgentia erit partialis » : Pénitencerie Apostolique, Enchiridion Indulgentiarum (16 juillet 1999), Alie concessiones, 30, § 1.

[299] Cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, 1471-1479.

[300] Paul VI, Const. apost. Indulgentiarum doctrina (1 janvier 1967): AAS 59 (1967), 18-19.

[301] Cf. Epistola 49, 3 : PL 16, 1204.

[302] Cf. Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Directoire sur la piété populaire et la liturgie, Principes et orientations (9 avril 2002), nn. 197-202. Ench. Vat. 20, n. 2638-2643.

[303] Cf. Proposition 55.

[304] Cf. Jean-Paul II, Lett. apost. Rosarium Virginis Mariae (16 octobre 2002) : AAS 95 (2003), pp. 5-36.

[305] Proposition 55.

[306] Cf. Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Directoire sur la piété populaire et la liturgie, Principes et orientations (9 avril 2002), n. 207 ; Ench. Vat. 20, n. 2656-2657.

[307] Cf. Proposition 51.

[308] Benoît XVI, Homélie de la messe dans la Vallée de Josaphat, Jérusalem (12 mai 2009) : AAS 101 (2009), p. 473, L’ORf, 19 mai 2009, p. 12.

[309] Cf. Epistola 108, 14 : CSEL 55, 324-325.

[310] Adversus Haereses, IV, XX, 7 : SC 100, pp. 646-7.

[311] Benoît XVI, Lett. enc. Spe salvi (30 novembre 2007), n. 31 : AAS, 99 (2007), p. 1010.

[312] Benoît XVI, Discours aux hommes de culture au Collège des Bernardins de Paris (12 septembre 2008) : AAS 100 (2008), p. 730.

[313] Cf. In Evangelium secundum Mattheum 17, 7 : PG 13, 1197B ; Hom in Lc 36 : PL 26,324; Eusebe Jerome : Translatio Homiliarum Origenis in Lucam, 36 : PL 26, 324-325.

[314] Cf. Benoît XVI, Homélie à l’occasion de l’ouverture de la XIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques (5 octobre 2008) : AAS 100 (2008), p. 757 : La DC n. 2411, p. 948.

[315] Proposition 38.

[316] Cf. Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, Repartir du Christ : un engagement renouvelé de la Vie Consacrée pour le 3ème millénaire, n. 36 : Ench. Vat. 21, n. 488-491.

[317] Proposition 30.

[318] Cf. Proposition 38.

[319] Cf. Proposition 49.

[320] Cf. Jean-Paul II, Lett. enc. Redemptoris missio (7 décembre 1990) : AAS 83 (1991), pp. 149-340 ; et Id., Lett. apost. Novo millennio ineunte (6 janvier 2001), n. 40 : AAS 93 (2001), pp. 294-295.

[321] Proposition 38.

[322] Cf. Benoît XVI, Homélie à l’occasion de l’ouverture de la XIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques (5 octobre 2008) : AAS 100 (2008), pp. 753-757 ; L’ORf, 7 octobre 2008, pp. 1 et 9.

[323] Proposition 38.

[324] Message final, n. 12.

[325] Paul VI, Exhort. apost. Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), n. 22: AAS 68 (1976), p. 20.

[326]Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae, nn. 2.7.

[327] Cf. Proposition 39.

[328] Cf. Benoît XVI, Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2009 ; L’ORf, 16 décembre 2008, pp. 3-4.

[329] Exhort. apost. Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), n. 19 : AAS 68 (1976), p. 18.

[330] Cf. Proposition 39.

[331] Jean XXIII, Lett. enc. Pacem in terris (11 avril 1963), n. 1 : AAS 55 (1963), p. 259.

[332] Cf. Jean-Paul II, Lett. enc. Centesimus annus (1er mai 1991), n. 47 : AAS 83 (1991), pp. 851-852 ; Id., Discours à l’Assemblée générale des Nations Unies (2 octobre 1979), n. 13 : AAS 71 (1979), pp. 1152-1153.

[333] Cf. Abrégé de la doctrine sociale de l’Église, nn. 152-159.

[334] Cf. Benoît XVI, Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix 2007 : ORf 19-26 décembre 2006, p. 3.

[335] Cf. Proposition 8.

[336] Benoît XVI, Homélie à l’occasion de la clôture de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens à Saint-Paul-hors-les-Murs (25 janvier 2009) : L’ORf, 27 janvier 2009, p. 24.

[337] Benoît XVI, Homélie à l’occasion de la clôture de la XIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques (26 octobre 2008) : AAS 100 (2008), p. 779 ; L’ORf, 28 octobre 2008, p. 3.

[338] Proposition 11.

[339] Benoît XVI, Lett. enc. Deux caritas est (25 décembre 2005), n. 28 : AAS 98 (2006), p. 240.

[340] De doctrina christiana, I, XXXVI, 40 : PL 34, 34.

[341] Cf. Benoît XVI, Message pour la XXIe Journée Mondiale de la Jeunesse 2006: AAS 98 (2006), pp. 282-286 ; La DC n. 2355, pp. 307-309.

[342] Cf. Proposition 34.

[343] Cf. Ibidem.

[344] Benoît XVI, Homélie pour la messe inaugurale du Pontificat (24 avril 2005) : AAS 97 (2005), p. 712 ; La DC n. 2337, p. 549.

[345] Cf. Proposition 38.

[346] Cf. Benoît XVI, Homélie à l’occasion de la XVIIe Journée Mondiale des Malades (11 février 2009) : L’ORf, 10 février 2009, p. 4.

[347] Cf. Proposition 35.

[348] Proposition 11.

[349] Cf. Benoît XVI, Lett. enc. Deus caritas est (25 décembre 2005), n. 25 : AAS 98 (2006), pp. 236-237.

[350] Proposition 11.

[351] Benoît XVI, Homélie (1er janvier 2009) : L’ORf, 6 janvier 2009, p. 12.

[352] Proposition 54.

[353] Cf. Benoît XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 92 : AAS 99 (2007), pp. 176-177.

[354] Jean-Paul II, Discours à l’UNESCO (2 juin 1980), n. 6 : AAS 72 (1980), p. 738 ; La DC, n. 1788, p. 604.

[355] Cf. Proposition 41.

[356] Cf. Ibidem.

[357] Cf. Jean-Paul II, Lett. enc. Fides et ratio (14 septembre 1998), n. 80 : AAS 91 (1999), pp. 67-68.

[358] Cf. Lineamenta n. 23.

[359] Cf. Proposition 40.

[360] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Décret sur les moyens de communication sociale Inter mirifica ; Conseil Pontifical pour les Communications Sociales, Instr. pastorale Communio et progressio sur les moyens de communication sociale publiée selon les dispositions du Concile Œcuménique Vatican II (23 mai 1971) : AAS 63 (1971), pp. 593-656 ; Jean-Paul II, Lett. apost. Le développement rapide des technologies dans le domaine des médias (24 janvier 2005) : AAS 97 (2005), pp. 265-274 ; La DC, n. 2333, pp. 315-320 ; Conseil Pontifical pour les Communications Sociales, Instr. pastorale sur les communications sociales pour le 20e anniversaire de ‘Communio et progressioAetatis novae (22 février 1992) : AAS 84 (1992), pp. 447-468 ; idem, L’Église en internet (22 février 2002) : Ench. Vat. 66-95 ; idem, Étique en internet (22 février 2002) : Ench. Vat. 21, n. 96-127.

[361] Cf. Message final, n. 11 ; Benoît XVI, Message pour la XLIIIe Journée mondiale des Communications sociales 2009 ; La DC, n. 2418, pp. 168-170.

[362] Cf. Proposition 44.

[363] Jean-Paul II, Message pour la XXXVIe Journée mondiale des Communications sociales 2002, n. 6 ; La DC, n. 2265, p. 203.

[364] Cf. Paul VI, Exhort. apost. Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), n. 20 : AAS 68 (1976), pp. 18-19.

[365] Cf. Benoît XVI, Exhort. apost. post-synodale Sacramentum caritatis (22 février 2007), n. 78 : AAS 99 (2007), p. 165.

[366] Cf. Proposition 48.

[367] Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15 avril 1993), IV, B ; p. 107.

[368] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Décret sur l’activité missionnaire de l’Église Ad gentes, n. 22 ; Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15 avril 1993), IV, B.

[369] Jean-Paul II, Discours aux Évêques du Kenya (Nairobi, 7 mai 1980), n. 6 : AAS 72 (1980), p. 497 ; La DC, n. 1787, p. 534.

[370] Cf. XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, Instrumentum laboris n. 56.

[371] Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15 avril 1993), IV, B ; p. 107-108.

[372] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 22.

[373] Cf. Proposition 42.

[374] Cf. Proposition 43.

[375] Benoît XVI, Méditation à l’occasion de l’ouverture du Synode des Évêques (6 octobre 2008) : ASS 100 (2008), 758-760, L’ORf, 14 octobre 2008, p. 12.

[376] Parmi les nombreuses interventions de diverses natures, on rappelle : Jean-Paul II, Lett. enc. Dominum et vivificatem (18 mai 1986) : AAS 78 (1986), pp. 809-900 ; Id. Lett. enc. Redemptoris missio (7 décembre 1990) : AAS 83 (1991), pp. 249-340 ; Id., Discours et Homélies à Assise à l’occasion de la Journée de prière pour la paix du 26 octobre 1986 ; La DC n. 1929, pp. 1065-1083 et en janvier 2002 en écho aux événements du 11 septembre 2001 : La DC n. 2255, pp. 837.839-840; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus Christ et de l’Église Dominus Iesus (6 août 2000) : AAS 92 (2000), pp. 742-765.

[377] Conc. Œcum. Vat. II, Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non-chrétiennes Nostra aetate, n. 3.

[378] Cf. Benoît XVI, Discours aux Ambassadeurs des Pays à majorité musulmane accrédités auprès du Saint-Siège et à quelques représentants de la communauté musulmane en Italie (25 septembre 2006) : AAS 98 (2006), pp. 704-706 ; La DC n. 2366, pp. 884-885.

[379] Cf. Proposition 53.

[380] Cf. Proposition 50.

[381] Ibidem.

[382] Jean-Paul II, Discours lors de la rencontre avec les jeunes musulmans à Casablanca au Maroc (19 août 1985), n. 5 : AAS 7 (1986), p. 99 ; La DC, n. 1903, p. 943.


 

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