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JEAN-PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 3 mai 2000

 

 

Lecture:  Mc 15, 34-35.37-39

1. A la fin du récit de la mort du Christ, l'Evangile fait retentir la voix du centurion romain, qui anticipe la profession de foi de l'Eglise:  "Vraiment cet homme était fils de Dieu!" ( Mc 15, 39). Au cours des dernières heures de l'existence terrestre de Jésus, s'accomplit dans les ténèbres l'épiphanie trinitaire suprême. Le récit évangélique de la passion et de la mort du Christ met en effet en lumière, même dans l'abîme de la douleur, la permanence de son rapport intime avec le Père céleste.

Tout commence le soir de la Dernière Cène entre les murs tranquilles du Cénacle, où flotte cependant l'ombre de la trahison. Jean nous a transmis ces discours d'adieu qui soulignent de façon merveilleuse le lien profond et l'immanence réciproque entre Jésus et le Père:  "Si vous me connaissez vous connaîtrez aussi mon père... Qui m'a vu a vu le Père... Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même:  mais le Père demeurant en moi fait ses oeuvres. Croyez m'en! Je suis dans le Père et le Père est en moi" ( Jn 14, 7.9-11).

En disant cela, Jésus reprend les paroles qu'il avait prononcées peu de temps auparavant, lorsqu'il avait déclaré de façon lapidaire:  "Moi et le Père nous sommes un.... le Père est en moi et moi dans le Père" ( Jn 10, 30.38). Et dans la prière qui scelle les discours du Cénacle, s'adressant au Père dans la contemplation de sa gloire, il redit:  "Père saint, garde-les dans ton nom que tu m'as donné, pour qu'ils soient un comme nous" (17, 11). C'est avec cette confiance absolue dans le Père que Jésus s'apprête à accomplir son acte suprême d'amour (cf. Jn 13, 1).

2. Dans la passion, le lien qui l'unit au Père se manifeste de façon particulièrement intense et, dans le même temps, dramatique. Le Fils de Dieu vit son humanité en plénitude, pénétrant dans l'obscurité de la souffrance et de la mort qui appartiennent à notre condition humaine. Au Gethsémani, au cours d'une prière semblable à une lutte, à une "agonie", Jésus s'adresse au Père en utilisant la dénomination araméenne de l'intimité filiale:  "Abba Père! Tout t'est possible:  éloigne de moi cette coupe; pourtant pas ce que je veux, mais ce que tu veux!" (Mc 14, 36).

Peu après, lorsque l'hostilité des hommes se déchaîne contre lui, il rappelle à Pierre que cette heure des ténèbres fait partie d'un dessein divin du Père:  "Penses-tu donc que je ne puisse faire appel à mon Père, qui me fournirait sur le champ plus de douze légions d'anges? Comment alors s'accompliraient les Ecritures d'après lesquelles il doit en être ainsi?" (Mt 26, 53-54).

3. Le dialogue du procès avec le Grand Prêtre se transforme également en une révélation de la gloire messianique et divine qui enveloppe le Fils de Dieu. "Le Grand Prêtre lui dit:  "Je t'adjure par le Dieu Vivant de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu ". "Tu l'as dit, lui dit Jésus. D'ailleurs je vous le déclare:  dorénavant, vous verrez le Fils de l'homme siégeant à droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel"" (Mt 26, 63-64).

Lorsqu'il sera sur la croix, les spectateurs lui rappelleront de façon sarcastique cette proclamation:  "Il a compté sur Dieu; que Dieu le délivre maintenant, s'il s'intéresse à lui! Il a bien dit:  Je suis le Fils de Dieu!" (Mt 27, 43). Mais en cette heure le silence du Père lui était réservé, afin qu'il puisse se faire pleinement solidaire des pécheurs et les racheter. Comme l'enseigne le Catéchisme de l'Eglise catholique, "Jésus n'a pas connu la réprobation comme s'il avait lui-même péché. Mais dans l'amour rédempteur qui l'unissait toujours au Père, il nous a assumés dans l'égarement de notre péché par rapport à Dieu" (CEC, n. 603).

4. Sur la croix, Jésus continue en réalité à conduire son dialogue intime avec le Père en le vivant dans toute son humanité déchirée et souffrante, sans jamais perdre l'attitude confiante du Fils qui est "une seule chose" avec le Père. D'un côté, en effet, il y a le silence mystérieux du Père, accompagné de l'obscurité cosmique et souligné par le cri:  ""Eli, Eli, lemà sabachtani?", c'est-à-dire:  "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?"" (Mt 27, 46).

De l'autre côté le Psaume 22, ici cité par Jésus, se termine par un hymne au Seigneur souverain du monde et de l'histoire; cet aspect est souligné dans le récit de Luc, selon lequel les dernières paroles du Christ mourant sont une lumineuse citation du psaume avec l'ajout de l'invocation au Père:  "Père, en tes mains je remets mon esprit" (Lc 23, 46; cf. Ps 31, 6).

5. L'Esprit Saint participe également à ce dialogue constant entre le Père et le Fils. C'est ce que nous dit l'Epître aux Hébreux, lorsqu'elle décrit par une formule que l'on pourrait qualifier de trinitaire l'offrande sacrificielle du Christ, en déclarant que Jésus "par un Esprit éternel, s'est offert lui-même sans tache à Dieu" (He 9, 14). Dans sa Passion, en effet, le Christ a pleinement ouvert son être humain angoissé à l'action de l'Esprit Saint et celui-ci lui a donné l'élan nécessaire pour faire de sa mort une offrande parfaite au Père.

Pour sa part, l'Evangile relie étroitement le don du Paraclet avec le "départ" de Jésus, c'est-à-dire avec sa Passion et sa mort, lorsqu'il rapporte cette parole du Sauveur:  "Cependant je vous dis la vérité:  c'est votre intérêt que je parte; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous; mais si je pars, je vous l'enverrai" (Jn 16, 7). Après la mort de Jésus sur la croix, dans l'eau qui jaillit du côté transpercé (cf. Jn 19, 34) il est possible de reconnaître un symbole du don de l'Esprit (cf. Jn 7, 37-39). Le Père glorifie alors son Fils en lui donnant la capacité de communiquer l'Esprit à tous les hommes.

Nous élevons notre contemplation à la Trinité, qui se révèle également le jour de la douleur et des ténèbres, en relisant les paroles du "testament" spirituel de sainte Thérèse Bénédicte de la Croix:  "Il n'y a pas que la seule activité humaine qui puisse nous aider, mais la passion du Christ:  y participer est mon véritable désir. J'accueille dès à présent la mort que Dieu m'a destinée, en union parfaite avec sa sainte volonté. Accueilles, Seigneur, à ta gloire et à ta louange, ma vie et ma mort pour les intentions de l'Eglise. Que le Seigneur soit accueilli parmi les siens et que son Règne vienne à nous dans la gloire" (La puissance de la Croix).

                                                                * * *

Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 3 mai 2000, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français: 

De France:  Pèlerinage de la région Centre et de la région de l'Est; groupes de la paroisse de Carcassonne, de la paroisse de Thénezay, de la paroisse de Morsbronn-les-Bains; groupe de "Fêtes et Saisons"; Communauté du Verbe de Vie; Communauté "Jeunesse et Lumière"; Communauté de Nazareth; Communauté Saint-Martin; Centre de formation pédagogique Saint-Paul, de Guingamp; Collège Gérard de Nerval, de Marne-la-Vallée; Collège Saint-Rémy, de Charleville-Mézières; Collège Saint-François d'Assise, de Montigny-le-Bretonneux; Collège Trinitaire La Bruyère-Sainte Isabelle, de Paris.

De l'Ile Maurice:  Groupe de pèlerins.

Du Luxembourg:  Groupe de pèlerins.


Chers Frères et Sœurs,

Le récit évangélique de la passion et de la mort du Christ met en lumière la permanence de son rapport intime avec son Père. Saint Jean souligne que c'est avec une confiance absolue dans le Père que Jésus s'achemine vers la réalisation de son acte suprême d'amour. Dans la Passion, le lien qui l'unit à lui se manifeste de manière particulièrement intense. Alors que l'hostilité des hommes se déchaîne contre lui, Jésus rappelle à Pierre que cette heure des ténèbres fait partie du dessein de son Père.

Au cours du procès, la rencontre de Jésus avec le Grand-Prêtre est aussi une révélation de la gloire messianique et divine qui enveloppe le Fils de Dieu. Sur la croix, il poursuit son dialogue intime avec le Père sans jamais perdre son attitude confiante de Fils, qui ne fait qu'un avec lui.

L'Esprit participe aussi à ce dialogue constant. Dans la Passion, le Christ a pleinement ouvert son être humain angoissé à l'action du Saint-Esprit, qui lui a donné l'élan nécessaire pour faire de sa mort une offrande parfaite à son Père. Alors le Père glorifie son Fils, lui donnant la capacité de communiquer l'Esprit à tous les hommes.

Je salue cordialement les personnes de langue française présentes à cette audience, particulièrement les pèlerins des régions Centre et Est de la France, et du Luxembourg, venus avec leurs Evêques, ainsi que ceux de l'Ile Maurice. Je leur souhaite d'accueillir toujours plus la présence du Ressuscité dans leur vie et d'en témoigner généreusement autour d'eux. De grand cœur je donne à tous la Bénédiction apostolique.

 

 

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