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DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AU COMITÉ EUROPÉENNE
DE LA JEUNESSE ÉTUDIANTE CATHOLIQUE

Jeudi 5 février 1966

 

Chers fils,

Nous sommes très heureux de vous recevoir et de pouvoir Nous entretenir un instant avec vous, qui êtes les responsables et les aumôniers nationaux de la jeunesse étudiante catholique, masculine et féminine, secondaire et universitaire, de tous les Pays d’Europe membres de la J.E.C.

En ce lendemain du Concile, votre tâche est plus nécessaire que jamais. C’est à vous en effet qu’il appartient d’en faire pénétrer l’esprit chez les jeunes étudiants chrétiens, et à travers eux, dans tout le milieu étudiant. Rappelez-vous le message adressé par le Concile, le 8 décembre dernier, aux hommes de la pensée et de la science: «Heureux ceux qui, possédant la vérité, la cherchent encore, afin de la renouveler, de l’approfondir, de la donner aux autres». Oui, que cette lumière de la foi qui vous a été donnée éclaire toute votre vie, et qu’elle rayonne autour de vous.

Dans un monde où s’affrontent tant de doctrines que plus d’un pourrait être tenté de s’abandonner au scepticisme, il appartient aux étudiants conscients de leur responsabilité de croyants, de présenter à leurs frères le message toujours actuel du Christ éternel comme la réponse à la question essentielle: qu’est-ce donc que l’homme, qu’est-ce que la vie, quel est le sens de l’existence et son destin? Face aux philosophies, et aux religions aussi qui se partagent l’adhésion des hommes, il vous revient, en ce dialogue exigeant que Nous appelions de Nos vœux dans l’Encyclique Ecclesiam suam, de comprendre les meilleures de ces aspirations pour les mener jusqu’à l’interrogation qui conduit au Christ: quel est donc cet homme? Quel est donc cet homme qui demande et suscite une telle foi, une telle espérance, et un tel amour?

C’est dire tout d’abord la nécessité pour vous d’une solide connaissance de l’Evangile capable de susciter cette nouvelle naissance dont parle Jésus à Nicodème, de nourrir une vie intérieure profonde, et de soutenir un zèle passionné pour le salut des âmes rachetées par le sang du Christ. Oui, c’est le rôle de la J.E.C. de former des chrétiens authentiques dont la foi, affermie à travers les crises de croissance de l’adolescence et les doutes de la jeunesse, alimente des convictions réfléchies et fermes, capables de soutenir une vie résolument apostolique.

Vous serez ainsi, dans un monde grisé par ses succès scientifiques et hanté par le souci de l’efficacité immédiate et mesurable, des semeurs d’inquiétude spirituelle, des éveilleurs d’âmes. Et parce que, au niveau des connaissances profanes et des réalisations objectives, vous ne serez pas inférieurs à vos pairs, bien au contraire, vous pourrez faire comprendre par votre propre exemple que le Dieu de la foi ne menace nullement l’intelligence de l’homme, mais qu’il lui donne au contraire toute sa dimension, dans l’amour.

Certes, cet effort ne sera pas solitaire, et il ne peut l’être. Vous l’avez bien compris, en entrant dans ces équipes vivantes qui constituent la J.E.C. et qui sont autant de petites cellules d’Eglise au sein du peuple étudiant. Seuls de tels milieux, où la foi s’alimente à la source de la parole de Dieu et de la grâce sacramentelle dont le prêtre est le ministre, peuvent soutenir l’apostolat des militants et les aider à réveiller les croyants assoupis, à forcer l’attention des incroyants, et à rayonner le message salvifique du Christ auprès de ceux qui sont prêts à en saisir avec avidité les richesses dès qu’elles leur ont été découvertes et monnayées.

Car les jeunes - vous qui êtes jeunes le savez bien -, les jeunes sont chargés de toutes les questions d’une génération montante qui remet en cause le monde d’aujourd’hui et habite déjà en esprit celui de demain. Mais ce monde qu’ils voudraient créer à la mesure de leurs rêves généreux, plus humain, plus juste et plus fraternel, a besoin, pour le devenir, de redécouvrir l’Evangile: à vous de lui en donner le moyen! Montrer, par votre vivant exemple, comment les plus hautes valeurs de l’humanisme, le goût de la liberté créatrice, le respect de la dignité de la personne, le sens d’un destin communautaire, sont assumés dans une existence chrétienne et s’y épanouissent souverainement, voilà un programme bien digne de susciter votre enthousiasme.

Ce n’est pas une tâche facile, certes. C’est une synthèse permanente à élaborer, un humanisme chrétien à inventer au jour le jour, pour incarner l’Evangile éternel au sein même des exigences inscrites au cœur de votre génération, et que vous ressentez avec la vive sensibilité de votre âge, et parfois son intransigeance. A vous de faire entrer généreusement votre génération dans l’histoire du salut. A vous de vivre en votre temps le mystère de l’Eglise. A vous de susciter, dans l’inventive fidélité à sa tradition millénaire, de nouveaux croyants, car la foi ne vous propose pas seulement une vision nouvelle de l’homme sous le regard de Dieu, mais elle vous donne une puissance intérieure de renouvellement et d’action missionnaire.

Et laissez-Nous en terminant vous redire la conclusion du message du Concile aux jeunes: «C’est au nom de Dieu et de son Fils Jésus que nous vous exhortons à élargir vos cœurs aux dimensions du monde, à entendre l’appel de vos frères et à mettre hardiment à leur service vos jeunes énergies . . . L’Eglise vous regarde avec confiance et avec amour . . . Regardez-la, et vous retrouverez en elle le visage du Christ, le vrai héros humble et sage, le prophète de la vérité et de l’amour, le compagnon et l’ami des jeunes. C’est bien au nom du Christ que Nous vous saluons, que Nous vous exhortons et vous bénissons».

                                                   



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