DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE MALGACHE
PRÈS LE SAINT-SIÈGE*

Samedi 1 avril 1967

Monsieur l’Ambassadeur,

Les paroles que Votre Excellence vient de Nous adresser, en Nous remettant les lettres qui l’accréditent auprès de Nous en qualité d’Ambassadeur de la République Malgache, Nous touchent profondément.

Elles témoignent d’abord de la noblesse de vos sentiments et de la conscience aiguë que vous avez du caractère de la haute mission que vous inaugurez aujourd’hui auprès du Saint-Siège. Nous relevons avec la plus vive satisfaction que le choix du Président de la République Malgache s’est porté sur une personnalité jouissant d’une vaste expérience pour avoir exercé dans sa patrie, entre autres charges, celles de Président de l’Assemblée Nationale et de Président du Sénat. Nous sommes donc fondé à penser qu’elle est particulièrement qualifiée pour représenter son Pays auprès de Nous.

Rien, par ailleurs, ne pouvait. Nous être plus agréable que d’entendre Votre Excellence rendre un si bel hommage a l’œuvre accomplie par l’Eglise au service et au bénéfice des habitants de la «Grande Ile», depuis le jour où se leva sur elle la lumière de l’Evangile.

Que de pages glorieuses dans cette histoire déjà longue de la pénétration du christianisme à Madagascar! Nous avons revécu avec émotion l’une d’entre elles lorsqu’il Nous fut donné par la Providence, à l’automne de 1965, de placer sur les autels l’héroïque martyr Jacques Berthieu. C’est une loi constante de l’Eglise que, selon la saisissante formule de Tertullien, «le sang des martyrs soit une semence de chrétiens». Elle s’est vérifiée, ici comme ailleurs, et c’est sans nul doute au courageux sacrifice des pionniers qu’est due la magnifique floraison d’institutions et d’œuvres chrétiennes que Votre Excellence évoquait tout à l’heure en termes si élevés.

Notre désir le plus cher, en accueillant ici aujourd’hui le premier ambassadeur de Madagascar, est de voir continuer à prospérer et à s’amplifier de toutes manières la belle chrétienté malgache. Et Notre joie serait grande de pouvoir lui donner un jour une protectrice au Ciel en décernant les honneurs des Bienheureux à une fille authentique de votre peuple? La Servante de Dieu Victoire Rasoamanarivo.

Nous espérons, Monsieur l’Ambassadeur, que les relations diplomatiques désormais instaurées entre le Saint-Siège et votre Patrie connaîtront d’heureux développements. Elles s’annoncent, grâce à Dieu, empreintes de la plus grande cordialité. Les sentiments personnels de Monsieur le Président de la République Nous sont connus. C’est avec un véritable plaisir que Nous Nous étions entretenu avec lui lors de sa venue au Vatican, et l’accueil qu’il a bien voulu réserver à Notre Représentant, devenu maintenant le Pro-Nonce Apostolique à Tananarive, Nous est une garantie de sa bienveillance à l’égard des institutions catholiques à Madagascar. Vous voudrez bien lui transmettre Notre salut le plus déférent.

Nous avons confiance que le Gouvernement Malgache, pour sa part, aura toujours à cœur de favoriser les valeurs morales et spirituelles dont l’Eglise se fait partout la promotrice pour le véritable bien des peuples.

Les efforts que Votre Excellence elle-même fera dans ce sens trouveront toujours ici l’écho le plus empressé, et Nous pouvons l’assurer que dans l’exercice de sa charge Nos collaborateurs et Nous-même lui accorderons toujours un appui entier et sincère.

En formant devant Dieu les vœux les plus cordiaux pour Votre Excellence et pour l’heureux déroulement de sa nouvelle mission, Nous invoquons sur sa personne, sur Son Excellence Monsieur le Président de la République, sur le Gouvernement et sur le peuple Malgache tout entier, les plus abondantes bénédictions divines.

*AAS 59 (1967), p.395-397.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. V, p.132-133.

L'Osservatore Romano, 2.4.1967, p.1.

L’Attività della Santa Sede 1967, p.266-267.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.14 p.1.

La Documentation catholique, n.1493 col. 799-800.