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DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AU COMITÉ POUR LA FAMILLE

Mercredi 13 mars 1974

 

Chers Frères et chers Fils,

Membres et consulteurs de notre Comité pour la Famille, experts appelés à se joindre à leur travail, vous êtes heureux de Nous rencontrer au terme de cette deuxième Assemblée générale. Croyez-le bien, pour Nous aussi, votre présence constitue une joie. Nous bénissons le Seigneur de recevoir votre témoignage et tous les témoignages positifs dont vous êtes porteurs, de bénéficier de votre travail intense de réflexion, de pouvoir compter sur votre expérience et sur votre engagement, dans une fidélité totale à l’Eglise. Oui, votre ferveur à promouvoir les valeurs de la famille, à un moment où elles sont fortement ébranlées, Nous apporte réconfort et espérance.

Nous avons pris connaissance du vaste programme de votre Assemblée. Vos questionnaires ont voulu cerner toutes les dimensions du rayonnement de la famille, sans esquiver les problèmes brûlants auxquels elle est affrontée. Votre perspective globale était pastorale, avec tout ce qu’une pastorale suppose de regard sur la vie des personnes et de leurs milieux, d’écoute du Magistère, de considérations théologiques, éthiques et spirituelles, de souci éducatif et d’efficience sociale à long terme.

Nous vous laissons le soin d’en présenter la synthèse, ou plutôt d’en prolonger les avenues que vous avez ouvertes. Le premier résultat semble être déjà le lieu de communion profonde que vous avez constitué, dans l’analyse et la recherche. Cette communion est marquée par deux caractères qui, à nos yeux, lui donnent un grand prix. Au-delà du travail très sérieux réalisé par maints catholiques dans leur pays, il s’agit ici d’une rencontre universelle dans son esprit, et qui veut le devenir dans les faits.

Mais évidemment, le Comité ne saurait en rester là: il doit trouver des moyens d’action, au niveau qui est le sien. Il doit d’abord être un éveilleur: faire prendre conscience aux communautés chrétiennes de l’enjeu énorme des problèmes familiaux, susciter des centres de réflexion et d’action: certaines régions commencent à en être pourvues, en d’autres tout reste à créer. Il faut encore inviter au partage des découvertes, encourager les initiatives, contribuer à les confronter, à les compléter, à les coordonner.

Le Comité doit en même temps être un témoin privilégié de la conception chrétienne des relations familiales. Il doit faire apparaître clairement toutes les valeurs humaines essentielles que la famille est appelée à développer en chacun des ses membres, toutes les richesses chrétiennes qu’elle peut mettre en œuvre dans leur vie chrétienne, toutes les chances qu’elle représente pour leur vie en société. Et à partir de là, il faut évidemment souligner les conditions exigeantes qui sont requises pour une telle réussite. En ce domaine, il s’agit de répondre aux besoins de la situation actuelle, non pas par des pratiques discutables, mais à la lumière des exigences les plus profondes de la nature humaine personnelle et sociale, à la lumière aussi des perspectives qui ont été ouvertes par le Christ et par 1’Eglise animée de l’Esprit du Christ. C’est ce qui permet de dégager les axes prioritaires de la pastorale familiale dont vous devez être, au premier chef, les promoteurs.

Ce matin, Nous pouvons tout juste évoquer quelques-uns de ces axes, sans prétendre être exhaustif.

D’abord, le foyer est le lieu privilégié de l’amour, de la communion intime des personnes, de l’apprentissage d’un don continuel et progressif entre époux, qui doit pouvoir s’appuyer fermement sur l’unité et l’indissolubilité de leur union. Un tel amour suppose nécessairement tendresse, maîtrise de soi, compréhension patiente, fidélité et générosité sans cesse renouvelées aux sources surnaturelles du sacrement de mariage.

Le foyer est le lieu d’accueil à la vie. Une tâche urgente est de former les époux à une paternité ou à une maternité responsable, de les aider surtout à la vivre. Une telle responsabilité apparaît aujourd’hui très difficile à exercer: il n’est pas question en effet de détourner artificiellement de sa fin l’acte procréateur, encore moins d’ôter la vie à l’être humain qui a été conçu: les chrétiens doivent demeurer très fermes sur ces points. Heureux ceux qui s’efforcent ainsi de respecter l’amour et la vie, comme des dons de Dieu! Nous félicitons vivement les médecins, les éducateurs, les prêtres qui aident les foyers à suivre ce chemin exigeant.

Le foyer est aussi le premier lieu de l’éducation. Cette œuvre complexe demande aujourd’hui une concertation des parents, des éducateurs, de toute la société; elle requiert aussi une coopération active de l’enfant et du jeune, dont vos rapports soulignent la capacité humaine et évangélique.

Le foyer est encore un lieu d’ouverture à toutes les autres communautés, où se forgent les énergies capables de tisser les liens de la vie sociale, de transformer ce monde en communauté de frères. Un foyer digne de ce nom ne saurait rester égoïstement fermé sur lui-même. Mais aussi, malheur à une société qui n’honorerait pas l’institution familiale: très vite, elle serait vouée à devenir une poussière d’individus déracinés et anonymes, en proie à un isolement tragique ou à une dictature sans âme.

Le foyer est par-dessus tout le lieu où se déploie la grâce du Seigneur, selon la vocation baptismale. Beaucoup d’exigences énumérées jusqu’ici sont vraiment inscrites dans la nature humaine, qui est bonne, mais qui est blessée: pour cette raison, elles apparaissent parfois impossibles aux non chrétiens. Il faut redire ici le prix inestimable du sacrement de mariage qui seul permet aux époux de vivre leur amour conformément à l’alliance du Christ et de l’Eglise, et d’initier leurs enfants, dès le plus jeune âge, à la foi de l’Eglise et à l’apostolat.

Un tel foyer se prépare, et vous avez raison de chercher comment offrir au plus grand nombre de fiancés une formation solide, réaliste, spirituelle. Un tel foyer doit pouvoir aussi compter sur l’appui des autres foyers, sur les communautés chrétiennes, sur tout l’environnement humain et moral de la société.

Les moeurs sont tributaires de la noblesse de cœur ou de la faiblesse des hommes; elles le sont aussi de leurs conditions sociales et des lois qu’ils se donnent. Sur ce dernier point, les chrétiens ne sauraient abdiquer leurs responsabilités. Voilà une autre perspective offerte à votre action, auprès des instances nationales ou internationales. En cette année de la Population, dont Nous suivons les travaux avec attention, Nous vous avons chargé de coordonner la réflexion, de façon à préparer et à y porter le témoignage très clair de 1’Eglise sur la famille.

Nous arrêtons là nos propos. Ils suffisent à vous exprimer la confiance que Nous mettons en vous, et, au delà de vos personnes, à tous ceux qui travaillent, avec lucidité humaine et fidélité chrétienne, à promouvoir les valeurs familiales. De tout cœur, Nous vous encourageons et Nous vous bénissons, avec notre Autorité Apostolique.

                          



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