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DISCOURS DU PAPE PIE XII
AUX ENSEIGNANTS ET ÉLÈVES
DES ATHÉNÉES D'ÉTAT DE BELGIQUE
*

Salle Ducale - Samedi saint, 12 avril 1952

Votre foi, chers fils et filles de Belgique, vous a conduits à Rome pendant les vacances de la Semaine Sainte. Vous avez voulu, par ce geste collectif, marquer votre attachement à l'Église catholique romaine et à son Chef. Aussi est-ce avec une profonde affection que Nous vous accueillons tous, prêtres, professeurs, parents, élèves.

Oh ! que vous avez raison de mettre le trésor de votre foi au dessus de tous les biens, et que la tâche des professeurs de religion est belle et importante ! Il s'agit pour eux non seulement de transmettre la révélation divine telle que la sainte Église l'enseigne et la commente, mais encore de la faire aimer, de la faire préférer à toutes les sciences et de la faire passer dans les actes. C'est tout le drame de la vie chrétienne, que proclame excellemment le vers fameux : « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ? » (Racine, Athalie, acte I, scène I, v. 71).

Or voici qu'à l'invitation des professeurs de religion, vous tous qui êtes venus ici, vous avez voulu faire ensemble un grand acte de foi, renouveler à Rome l'ardeur et la fierté de votre foi.

Aucun lieu n'était mieux choisi. Vous êtes ici au centre de la foi : lorsque vous serez groupés près de la Confession de saint Pierre, dans la basilique, levez les yeux vers le sommet des piliers qui soutiennent l'incomparable coupole de Michel-Ange. Vous y lirez précisément l'explication de votre foi : Hinc una fides mundo refulget. À partir d'ici, à partir de la tombe de saint Pierre, une foi unique a brillé sur le inonde. Ce que la Rome païenne avec son génie politique, avec ses armées, avec sa richesse, avec sa puissante administration, n'a pu réaliser, la Rome chrétienne l'a fait et le fait de plus en plus : elle fait l'unité.

Oui, vraiment, c'est ici qu'il faut voir cette merveilleuse unité de la foi. Lorsque Nous célébrons le Saint Sacrifice à l'autel papal, sur la tombe même du Prince des Apôtres, la foule cosmopolite des fidèles, qui Nous entoure, n'a dans la même foi qu'un cœur et qu'une âme ; elle prie avec Nous, offre avec Nous pour le salut du monde entier le pain et le vin, qui deviendront le corps et le sang de Notre Seigneur Jésus-Christ; et lorsqu'entre Nos mains s'élève la sainte Hostie, du fond de tous les cœurs un même cri de foi retentit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Il n'y a plus de distinction de race ni de couleur, de milieu social ni de culture : une même foi réalise l'unité la plus profonde. Le Divin Sauveur, selon la forte expression de saint Paul, a renversé toutes les séparations pour établir la paix (cf. Eph. 2, 14).

Cette union, à laquelle toute l'humanité aspire dans l'angoisse, avec la crainte de voir exploser au contraire une horrible guerre fratricide, notre foi la réalise dans le Christ: sans Lui, nous ne pouvons rien faire ; sans Lui, personne ne peut rien faire de durable. Lui seul est notre paix ; Lui seul est la paix de l'humanité. Il est mort pour rassembler tous les enfants du Père, même ceux qui étaient, et qui sont hélas encore, dispersés et divisés.

La foi chrétienne, vous le savez, avec la venue de saint Pierre à Rome, s'est bien vite établie au centre de l'Empire romain ; et c'est du tombeau de l'Apôtre, près duquel ses Successeurs ont tenu à demeurer, que depuis près de vingt siècles le grand appel à l'unité s'est fait entendre. Vous l'aurez mieux senti pendant les jours saints passés dans la Ville éternelle ; vous aurez senti votre bonheur d'appartenir à la sainte Église, d'en être les membres vivants, de contribuer par toute votre vie à sa mission de salut. On a les yeux sur vous, catholiques, et c'est normal. On vous juge à vos fruits, c'est à dire à votre foi pratique, à votre vie vraiment chrétienne, et avec vous c'est l'Église qu'on juge, qu'on estime ou qu'on méprise — l'Église de Dieu, et Dieu lui-même. Quel honneur, mais aussi quelle responsabilité !

Vous allez maintenant retourner à vos études, à vos foyers, emportant le souvenir des jours passés au centre de la chrétienté. Votre démarche a réjoui Notre cœur, et Nous demandons au Père des lumières que votre foi resplendisse toujours davantage, que vous soyez toujours de plus en plus « des flambeaux dans le monde, étant en possession de la parole de vie » (Phil. 2, 15-16). C'est dans cette intention, et du fond du cœur, que Nous vous accordons à vous-mêmes, à vos familles, à tous ceux qui vous sont chers, Notre paternelle Bénédiction apostolique.


* Discours et Messages-radio de S.S. Pie XII, XIV,
Quatorzième année de Pontificat, 2 mars 1952 - 1er mars 1953, pp. 59-60
Typographie Polyglotte Vaticane



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