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QU'EST-CE QUE LE JUBILE?
Dans la tradition catholique, le Jubilé est un grand événement
religieux. C'est l'année de la rémission des péchés
et des peines pour les péchés, c'est l'année de la réconciliation
entre les adversaires, de la conversion et de la pénitence sacramentelle,
et, en conséquence, de la solidarité, de l'espérance, de la
justice, de l'engagement au service de Dieu dans la joie et dans la paix avec
ses frères. L'Année jubilaire est avant tout l'année du
Christ, porteur de vie et de grâce à l'humanité.
Ses origines se relient à l'Ancien Testament. La loi de Moïse
avait fixé, pour le peuple hébreu, une année particulière:
"Vous déclarerez sainte cette cinquantième année
et proclamerez l'affranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour
vous un jubilé: chacun de vous rentrera dans son patrimoine, chacun de
vous retournera dans son clan. Cette cinquantième année sera pour
vous une année jubilaire: vous ne sèmerez pas, vous ne
moissonnerez pas les épis qui n'auront pas été mis en
gerbe, vous ne vendangerez pas les ceps qui auront poussé librement. Le
jubilé sera pour vous chose sainte, vous mangerez des produits des
champs. En cette année jubilaire, vous rentrerez chacun dans votre
patrimoine" (Lév 25, 10-13). La trompette avec laquelle
on annonçait cette année particulière était une
corne de bélier, qui s'appelle "yôbel" en hébreu,
d'où la parole "Jubilé". La célébration
de cette année comportait, entre autres choses, la restitution des terres
à leurs anciens propriétaires, la rémission des dettes, la
libération des esclaves, et le repos de la terre. Dans le Nouveau
Testament, Jésus se présente comme Celui qui amène à
son accomplissement le Jubilé antique, puisqu'il est venu "prêcher
l'année de grâce du Seigneur" (cf. Is 61, 1-2).
Le Jubilé de l'An 2000 revêt une importance spéciale
parce que, le compte des années se faisant presque partout en partant de
la venue du Christ dans le monde, on célèbre les deux mille ans de
la naissance du Christ (en laissant de côté la question de
l'exactitude du calcul historique). Bien plus, il s'agit de la première
Année Sainte à cheval entre la fin d'un millénaire et le début
d'un autre: le premier Jubilé, en effet, fut convoqué en 1300 par
le Pape Boniface VIII. Le Jubilé de l'An 2000 veut être ainsi une
grande prière de louange et d'action de grâce pour le don de
l'Incarnation du Fils de Dieu et de la Rédemption qu'il a réalisée.
Le Jubilé est appelé communément "Année
Sainte", non seulement parce qu'il commence, se déroule et se
conclut par des rites sacrés, mais aussi parce qu'il est destiné à
promouvoir la sainteté de vie. Il a été institué en
effet pour consolider la foi, favoriser les oeuvres de solidarité et la
communion fraternelle au sein de l'Eglise et dans la société, pour
rappeler et encourager les croyants à une profession de foi plus sincère
et plus cohérente dans le Christ unique Sauveur.
Le Jubilé peut être: ordinaire, s'il est lié aux dates
fixées; extraordinaire, s'il est convoqué à l'occasion d'un
événement de particulière importance. Les Années
Saintes ordinaires célébrées jusqu'à nous sont au
nombre de 25; l'Année Sainte de l'an 2000 sera la vingt-sixième.
L'habitude de convoquer des Jubilés extraordinaires remonte au XVI·
siècle: leur durée varie, de quelques jours à une année.
Les dernières Années Saintes extraordinaires de ce siècle
sont celle de 1933, convoquée par Pie XI pour le XIX· centenaire de
la Rédemption, de 1983, convoqué par le Pape Jean Paul II pour le
1950· anniversaire de la Rédemption. En 1987, le Pape Jean Paul II a
convoqué également une Année Mariale.
HISTOIRE DES JUBILES
Le premier Jubilé ordinaire fut convoqué en 1300 par le Pape
Boniface VIII, de la noble famille des Caetani, avec la Bulle "Antiquorum
Habet Fida Relatio". L'occasion lointaine remonte au courant de spiritualité,
de pardon, de fraternité qui se répandait alors dans toute la chrétienté,
en opposition aux haines et aux violences qui prédominaient à
cette époque. L'occasion immédiate est de se rallier à la
rumeur, qui avait commencé à circuler en décembre 1299,
selon laquelle, durant l'année du centenaire, les visiteurs de la
Basilique Saint-Pierre recevraient une "rémission très complète
de leurs péchés". L'énorme affluence des pèlerins
à Rome amenèrent le Pape Boniface VIII à accorder
l'indulgence pendant toute l'année 1300, et, à l'avenir, tous les
cent ans. Parmi les pèlerins de ce premier Jubilé, il faut citer:
Dante, Cimabue, Giotto, Charles de Valois frère du Roi de France, avec
son épouse Catherine. Dante Alighieri en conserva un écho dans
plusieurs vers du XXXI· Chant du Paradis, dans la "Divine Comédie".
Après le transfert du siège du Pape à Avignon
(1305-1377) de nombreuses demandes furent faites pour que le deuxième
Jubilé soit convoqué en 1350 et non pas en 1400. Clément
VII accepta et fixa l'échéance tous les 50 ans. Aux Basiliques
Saint-Pierre et Saint-Paul Hors-les-Murs qu'il fallait visiter, il ajouta celle
du Latran. Par la suite, Urbain VI décida de fixer l'échéance
à 33 ans, en référence au temps de la vie terrestre du
Christ. A sa mort, le nouveau Pontife, Boniface IX, inaugura l'Année
Sainte de 1390. L'approche de la fin du siècle, et l'afflux constant des
pèlerins l'amenèrent à convoquer un nouveau Jubilé
en 1400.
Le schisme d'Occident s'étant terminé, Martin V convoqua l'Année
Sainte pour 1425, et introduisit deux nouveautés: la frappe d'une médaille
commémorative, et l'ouverture de la Porte Sainte à Saint Jean de
Latran. Selon ce qui avait été fixé par Urbain VI, le
nouveau Jubilé aurait dû être célébré en
1433, mais il n'en fut pas ainsi. Sous le Pontificat de Nicolas V, un Jubilé
fut convoqué pour 1450. Paul II, par une Bulle de 1470, établit
que, à l'avenir, le Jubilé se déroulerait tous les 25 ans.
Sixte IV convoqua ainsi la Jubilé suivant, en 1475: pour cette occasion,
le Pape voulut que Rome soit embellie avec des oeuvres nouvelles et importantes,
dont la Chapelle Sixtine et le Ponte Sixte sur le Tibre. En ce temps, les plus
grands artistes de l'époque travaillaient à Rome: Verrochio,
Signorelli, Ghirlandaio, Botticelli, Perugino, Pinturicchio, Melozzo da Forli.
En 1500, Alexandre VI voulut que les Portes Saintes des quatre Basiliques
soient ouvertes en même temps, tout en se réservant l'ouverture de
la Porte Sainte de Saint-Pierre. Clément VII ouvrit solennellement, le 25
décembre 1524, le neuvième Jubilé, pendant lequel commença
à se faire sentir la grande crise qui, en peu de temps, allait envahir
l'Europe, avec la réforme protestante. Le Jubilé de 1550 fut
convoqué par Paul III, mais ce fut Jules III qui en fit l'ouverture.
L'afflux considérable des pèlerins causa un grand nombre de problèmes
d'aide, auxquels pourvut tout particulièrement Saint Philippe Néri
avec la "Fraternité de la Sainte Trinité". En 1575, sous
le Pontificat de Grégoire XIII, plus de 300.000 personnes de toute
l'Europe vinrent à Rome. Les Années Saintes successives du XVII·
siècle furent convoquées par Clément VIII (1600), Urbain
VIII (1625), Clément X (1675).
A Innocent XII, promoteur du Jubilé de 1700, est liée une des
plus grandes caritatives de Rome: l'hôpital saint Michel à Ripa.
Dans le même temps, les initiatives se multipliaient pour faire face aux
besoins des pèlerins, comme ce fut le cas en 1725, sous le Pontificat de
Benoît XIII. Saint Leonardo da Porto Maurizio fut le prédicateur
infatigable de l'Année Sainte de 1750 (convoquée par Benoît
XIV); il fit édifier au Colisée 14 chapelles pour la pieuse
pratique du Chemin de Croix, et une grande croix au milieu de l'arène. Clément
XIV promulgua le Jubilé pour 1775, mais il ne put l'ouvrir car il mourut
trois mois avant l'ouverture solennelle, qui fut faite par le nouveau Pontife
Pie VI. La situation difficile de l'Eglise au temps de l'hégémonie
de Napoléon ne permit pas à Pie VII de convoquer un Jubilé
pour 1800.
Plus d'un demi million de personnes vinrent à Rome en 1825: Léon
XII remplaça la visite habituelle des fidèles à Saint-Paul
Hors-les-Murs, détruite par l'incendie de 1823, par la visite à la
Basilique mineure de Sainte-Marie au Transtévère. Vingt-cinq ans
plus tard, le déroulement de l'Année Sainte ne fut pas permis à
cause des événements survenus avec la République Romaine et
l'exil temporaire de Pie IX. Ce même Pontife put toutefois convoquer le
Jubilé de 1875, privé des cérémonies d'ouverture et
de fermeture de la Porte Saine à cause de l'occupation de Rome par les
troupes de Victor Emmanuel II
Il revint à Léon XIII de convoquer le vingt-deuxième
Jubilé pour le début du XX· siècle de l'ère chrétienne;
il fut marqué par six Béatifications et par deux Canonisations
(celles de Saint Jean-Baptiste de La Salle, et de Sainte Rita de Cascia). En
1925, Pie XI voulut, que, en même temps que l'Année Sainte, on
proposât à l'attention des fidèles l'oeuvre précieuse
des Missions, et il invita les fidèles, pour gagner les indulgences, à
prier pour la paix entre les peuples. En 1950, quelques années après
la fin de deuxième guerre mondiale, Pie XII promulgua le nouveau Jubilé
en indiquant ses buts: la sanctification des âmes par la prière et
la pénitence, et par la fidélité indéfectible au
Christ et à son Eglise; action pour la paix, et protection des Lieux
Saints; défense de l'Eglise contre les attaques renouvelées de ses
ennemis, et demande fervente de la vraie foi pour ceux qui sont dans l'erreur,
pour les infidèles, pour les sans-Dieu; réalisation de la justice
sociale et d'oeuvres d'assistance en faveur des humbles et des nécessiteux.
Durant cette Année, il y eut la proclamation du Dogme de l'Assomption au
ciel de la Vierge Marie (1· novembre 19590). Le dernier Jubilé
ordinaire en date est celui de 1975, et fut convoqué par Paul VI qui présenta
de manière synthétique ses objectifs par les paroles: "Renouveau"
et "Réconciliation".
TERTIO MILLENIO ADVENIENTE
Le 10 novembre 1994, le Pape a promulgué la Lettre Apostolique Tertio
Millenio Adveniente, adressée à l'Episcopat, a u clergé,
aux religieux et aux fidèles, à propos de la préparation en
vue du Jubilé de l'An 2000. Le document comprend une brève
introduction et cinq chapitres.
L'introduction présente l'argument central: la célébration
du Jubilé est la célébration de l'Incarnation rédemptrice
du Fils de Dieu, Jésus-Christ.
Le premier chapitre "Jésus-Christ est le même hier et
aujourd'hui", souligne la signification et l'importance de la naissance
de Jésus-Christ. Il est le Fils de Dieu, il s'est fait l'un de nous pour
révéler le dessein de Dieu concernant la création tout entière
et, en particulier, concernant l'homme. C'est là le point essentiel qui
différencie le christianisme des autres religions: c'est Dieu lui-même
qui en personne veut parler de lui à l'homme, et lui montrer la voie sur
laquelle il est possible de le rejoindre. L'Incarnation de Jésus-Christ témoigne
que Dieu cherche l'homme pour l'amener à abandonner les voies du mal. Ce
sauvetage se réalise grâce au sacrifice du Christ lui-même
sur la croix. La religion de l'Incarnation est ainsi la religion de la Rédemption.
Le deuxième chapitre "Le Jubilé de l'An 2000"
présente les raisons de l'Année Sainte et de cette fin de millénaire
en particulier. Dieu, par l'Incarnation, s'est inséré au sein de
l'histoire de l'homme. L'éternité est entrée dans le temps,
et manifeste que le Christ est le Seigneur du temps. Pour cette raison, dans le
christianisme, le temps a une importance fondamentale, et il en découle
le devoir de le sanctifier. Sur ce fond, on peut comprendre la coutume des Jubilés,
qui a ses débuts dans l'Ancien Testament et retrouve sa continuation dans
l'histoire de l'Eglise. Le Jubilé, pour l'Eglise, est une année de
grâce du Seigneur, une année de la rémission des péchés
et des peines dues aux péchés, une année de réconciliation
entre tous les adversaires. Dans la vie de chaque personne, les Jubilés
sont liés à la date de la naissance, et, pour les chrétiens,
il y a aussi d'autres anniversaires, le Baptême, la Confirmation, la première
Communion, l'Ordination sacerdotale ou épiscopale, le Mariage. Mais la
communauté, elle aussi, et les institutions, célèbrent
leurs jubilés: et tous, les jubilés personnels ou communautaires,
religieux ou civils, revêtent un rôle important et significatif.
Dans ce contexte, les deux mille ans écoulés depuis la naissance
du Christ représentent un Jubilé extraordinairement grand, non
seulement pour les chrétiens, mais aussi pour l'humanité tout entière,
étant donné le rôle de premier plan joué par le
christianisme durant ces deux millénaires.
Le troisième chapitre "La préparation du Grand Jubilé",
souligne les différents événements qui ont marqué et
qui marquent le chemin de préparation vers l'An 2000. Avant tout, le
Concile Vatican II, événement providentiel "centré sur
le mystère du Christ et de son Eglise, et en même temps ouvert au
monde", grâce auquel l'Eglise a acheminé la préparation
prochaine pour le Jubilé du deuxième millénaire. La
meilleure préparation à l'échéance bi-millénaire
de la naissance du Christ, affirme le Pape, sera précisément
l'engagement renouvelé de mettre en pratique l'enseignement du Concile
dans la vie de chacun et dans la vie de l'Eglise tout entière.
Dans le chemin de préparation à l'an 2000, s'insère la
série des Synodes, commencée après le Concile: synodes généraux
et continentaux, régionaux, nationaux et diocésains. Le thème
de fond est celui de l'évangélisation. Des tâches spécifiques
et la responsabilité reviennent à l'Evêque de Rome en vue du
Grand Jubilé: c'est dans cette perspective qu'ont travaillé tous
les Pontifes du siècle qui est sur le point de se terminer, en
particulier avec les Encycliques à fond social, et les Messages pour la
Journée de la Paix, qui ont été publiés à
partir de 1968. En outre, le Pontife actuel, dès sa première
Encyclique, "Redemptor Hominis", a parlé de manière
explicite de l'Année Sainte de l'An 2000, en invitant à vivre
cette période d'attente comme "un nouvel Avent". C'est vers ce
but que se sont orientés, et qu'ils continueront de s'orienter, les pèlerinages
du Pape dans les Eglises particulières de tous les continents: le Pape
Jean Paul II souhaite pouvoir visiter, avant l'An 2000, Sarajévo, le
Liban, Jérusalem et la Terre Sainte, et "tous ces lieux qui se
trouvent sur le chemin du Peuple de Dieu de l'Ancienne Alliance, depuis les
terres parcourues par Abraham et par Moïse, en traversant l'Egypte et le
Mont Sinaï, jusqu'à Damas" (T.M.A., 23). Les Jubilés
locaux ou régionaux pour la célébration d'anniversaires
importants, ont leur rôle à jouer dans la préparation du
Grand Jubilé, qui recueille également les fruits des précédentes
Années Saintes de cette fin de siècle - le Jubilé ordinaire
de 1975 décrété par Paul VI, et le Jubilé
extraordinaire de 1983 , décrété par Jean Paul II; les
fruits de l'Année Mariale 1987-1988 et de l'Année de la Famille,
dont le contenu se relie étroitement au mystère de l'Incarnation
et à l'histoire elle-même de l'homme.
Le quatrième chapitre de la Lettre Apostolique "La préparation
immédiate", envisage un programme spécifique
d'initiatives pour le Grand Jubilé, par deux phases: la première
phase (1994-1996), à "caractère anté-préparatoire,
a eu pour but de raviver chez les chrétiens la conscience de la valeur et
de la signification que le Jubilé de l'An 2000 revêt dans
l'histoire humaine" (n· 31). La deuxième phase (1997-1999), la
phase proprement préparatoire, est orientée vers la célébration
du mystère du Christ Sauveur. La structure idéale pour ces trois
années est trinitaire: 1997 est consacrée à la réflexion
sur le Christ; l'année 1998 est consacrée au Saint-Esprit et à
sa présence sanctificatrice à l'intérieur des Eglises;
l'année 1999 sera centrée sur le Père, par qui le Christ a été
envoyé et auquel il est retourné.
Les traits principaux soulignés par le Pape Jean Paul II sont les
suivants, pour ce chemin de préparation:
- Une dimension historique de la conscience: "La porte Sainte du Jubilé
de l'An 2000 devra être symboliquement plus large que les précédentes
car l'humanité, arrivée à ce terme, laissera derrière
elle non seulement un siècle mais un millénaire. Il est bon que
l'Eglise franchisse ce passage en étant clairement consciente de ce
qu'elle a vécu au cours de ces dix derniers siècles. Elle ne peut
passer le seuil du nouveau millénaire sans inciter ses fils à se
purifier, dans la repentance, des erreurs, des infidélités, des
incohérences, des lenteurs" (n· 33).
- Une exigence oecuménique que le Pape rappelle partout dans sa
Lettre, en invitant à des initiatives oecuméniques opportunes,
afin que les différentes confessions chrétiennes puissent se présenter
au Grand Jubilé, sinon totalement unies, du moins proches à
surmonter les divisions historiques. Mais aussi parce que les péchés
qui ont porté préjudice à l'unité exigent un effort
plus grand de pénitence et de conversion.
- Un effort social, selon la description contenue dans la Bible, qui met en
relief l'inspiration sociale de la pratique jubilaire (destination universelle
des biens, le retour à l'égalité entre tous les enfants
d'Israël).
- La mémoire des Martyrs: une Eglise qui ne se rappelle pas ses
martyrs d'hier ou qui ne reconnaît plus ses martyrs d'aujourd'hui, ne peut
revendiquer l'honneur d'être l'Eglise du Christ. Et là, le Pape
Jean Paul II déclare: "En notre siècle, les martyrs sont
revenus... Il faut éviter de perdre leur témoignage dans l'Eglise"
(n· 37). Il est prévu, pour cette raison, de mettre à jour
les martyrologes, en particulier pour la reconnaissance de l'héroïcité
des vertus des hommes et des femmes qui ont réalisé leur vocation
chrétienne dans le mariage.
Pour ce qui concerne les trois années de la phase préparatoire,
durant l'année 1997, l'Eglise s'emploiera à amener les chrétiens
à la redécouverte de la Bible, du Baptême, de la catéchèse,
pour regarder vers l'objectif prioritaire du Jubilé, le renforcement de
la foi et du témoignage des chrétiens. En 1998, on cherchera à
redécouvrir la présence et l'action du Saint-Esprit, agent
principal de la nouvelle évangélisation, en mettant en valeur les
signes d'espérance qui sont présents en cette fin de siècle,
dans le domaine civil et ecclésial. La troisième et dernière
année de préparation, selon les indications du Pape Jean Paul II,
devra amener à entreprendre un chemin de conversion authentique, en redécouvrant
le sacrement de Pénitence, et en mettant en relief la vertu théologale
de Charité; on soulignera l'option préférentielle de
l'Eglise en faveur des pauvres et des exclus. Le Jubilé pourrait être
un moment opportun pour penser "à une réduction importante,
sinon à un effacement total, de la dette internationale" (n·
51). La veille de l'An 2000 , en outre, sera une grande occasion pour le
dialogue inter-religieux; on pourrait prévoir des rencontres entre représentants
des grandes religions mondiales.
La célébration du Grand Jubilé se fera simultanément
en Terre Sainte, à Rome et dans les Eglises locales du monde entier. Dans
la phase de célébration , l'objectif sera la glorification de la
Trinité. A Rome, se tiendra le Congrès Eucharistique
International. La dimension oecuménique et universelle pourrait être
soulignée par une rencontre pan-chrétienne.
Le cinquième et dernier chapitre de Tertio Millenio Adveniente
"Jésus-Christ est le même ... à jamais",
exalte la mission de l'Eglise, appelée à continuer l'oeuvre même
du Christ. L'Eglise, comme le grain de sénevé de l'Evangile, croît
jusqu'à devenir un arbre immense, capable de couvrir de ses frondaisons
toute l'humanité. Depuis les temps apostoliques, elle poursuit sans relâche
sa mission de salut à l'intérieur de la famille humaine
universelle. Avec la chute des grands systèmes anti-chrétiens dans
le continent européen, du nazisme tout d'abord, puis du communisme, la tâche
urgente s'impose de présenter à nouveau à l'Europe le
message libérateur de l'Evangile, et l'attention de l'Eglise se tourne de
manière toute particulière vers les jeunes générations.
STRUCTURES ET ORGANISATION
Le Pape Jean Paul II a donné le coup d'envoi au chemin de
sensibilisation et de préparation au Grand Jubilé de l'An 2000, en
promulguant, le 10 novembre 1994, la Lettre Apostolique Tertio Millenio
Adveniente. Cinq jours plus tard, il constitua le Comité Central, et
le Conseil de Présidence de ce dernier organisme. L'organigramme du
sommet du Comité se prèsente comme suit:
Président:
Cardinal Roger Etchegaray, Président du Conseil Pontifical "Justice
et Paix".
Conseil de Présidence:
Cardinal Camillo Ruini, Vicaire Général du Diocèse de
Rome.
Cardinal Francis Arinze, Président du Conseil Pontifical pour le
dialogue Inter-religieux.
Cardinal Edward Idris Cassidy, Président du Conseil Pontifical pour
la Promotion de l'Unité des Chrétiens
Cardinal Virgilio Noe, Archiprêtre de la Basilique Patriarcale
Vaticane.
Secrétaire Général:
S.E. Mgr Sergio Sebastiani, Archevêque, Nonce Apostolique.
Depuis 1994, de nombreuses initiatives ont été prises, pour
poser des bases sérieuses aux préparatifs en vue du Jubilé.
Le Cardinal Etchegaray, en février 1995, reprenant les indications du
Saint-Père, a invité les Présidents des Conférences
Episcopales à commencer la préparation de l'Année Sainte,
et a suggéré l'institution, selon les modes considérés
les plus opportuns, de Comités Nationaux pour le Jubilé, auxquels
seraient confiées l'organisation et la coordination des Comités
Diocésains, et la collaboration avec le Comité Central pour une
sensibilisation capillaire des chrétiens.
Le siège du Comité Central a été inauguré
le 16 mars 1995. A cette occasion, on a donné la nouvelle officielle de
la nomination par le Pape de 22 membres du Comité Central, et de la
constitution de huit Commissions et de trois Comités au sein de ce même
Comité.
La liste des Commissions est la suivante: Oecuménique; Dialogue
Inter-religieux; Liturgie; Nouveaux Martyrs; Théologie et Histoire;
Pastorale et Mission; Arts et Culture; Social.
Les Comités sont les suivants: Moyens Modernes de Communication (Mass
Media); Romain; Technique.
Le 5 juin 1995, trois autres membres ont été nommés au
Comité Central; la nomination de Monseigneur Kamal Hanna Bathish, Président
du Comité Hiérosolymitain, a porté à quatre le
nombre des Comités.
Les 15 et 16 février 1996, s'est tenue au Vatican la rencontre des 25
membres du Comité Central, avec plus de 100 représentants des Conférences
Episcopales du monde entier. Six délégués des autres
Eglises et communautés ecclésiales non-catholiques ont également
participé aux travaux.. Au centre du débat, la réalisation
de la phase préparatoire du Jubilé à la lumière de
Tertio Millenio Adveniente. Le 16 février, les participants ont été
reçus par le Pape, qui a indiqué, dans l'enseignement du Concile
Vatican II, la "leçon fondamentale pour la préparation et la
célébration du Grand Jubilé de l'an 2000". A
l'occasion de la rencontre, on présenta le numéro spécial
de Tertium Millenium, Bulletin-Revue du Comité Central du Grand
Jubilé.
Les 3 et 4 juin 1996, s'est tenue au Vatican la réunion plénière
du Comité Central, dans le but d'étudier les initiatives les plus
opportunes en vue de la première année de la phase préparatoire
proprement dite du Jubilé, 1997, qui sera consacrée à la réflexion
sur le Christ. De la rencontre, est née une première ébauche
du calendrier de l'Année Sainte, ainsi que les propositions pour une élan
nouveau donné à la nouvelle évangélisation, et pour
des gestes concrets de solidarité et de réconciliation entre les
peuples et les personnes, une insistance claire du caractère oecuménique
du Jubilé avec l'invitation faite à toutes religions non-chrétiennes
de prendre part à "la grande fête anniversaire" des deux
mille ans du Christ. La réunion a permis de mettre au point les plans de
travail des douze articulations du Comité Central. Citons les nouveautés
suivantes: la rédaction du premier volume, à caractère
christologique, de la Commission Théologie et Histoire, qui a été
publiée en cinq langues; la réalisation de subsides pastoraux et
liturgiques; l'annonce de la préparation d'un Catalogue des Martyrs du XXème
siècle.
Le Comité Central a été reçu en audience Mardi 4
juin par le Saint-Père. Au mois de novembre, dans une rencontre avec les
journalistes à la Salle de Presse de la Saint-Siège, le Cardinal
Etchegaray a annoncé la célébracion des Vêpres, dans
le premier dimanche de l'Avent, avec la solennelle ouverture, par le Saint-Père,
du triennum de préparation immédiat au Grand Jubilé de l'An
2000.
Dans la même occasion, a été présenté le
subside de la Commission Théologie et Histoire "Le Christ, Verbe du
Père".
Autre significatif annonce, la choix du "logo" officiel, oeuvre de
une étudiante de la Ecole d'Arts et de la Medaille, de l' "Istituto
Poligrafico e Zecca dello Stato" (Imprimerie Nationale et la Monnaie).
En décembre a été officiellement inauguré la siège
opérationnelle du Jubilé, quant' à les Comités
Technique et Moyens Modernes de Communication (Mass Media).
TERTIUM MILLENIUM
Tertium Millenium est le Bulletin officiel du Comité
Central du Grand Jubilé de l'An 2000. Dans le courant de 1966, deux numéros
ont été publiés; la publication d'un autre est prévue
pour la fin de l'année. La Revue se présente comme l'organe de
liaison entre le Comité Central et les Comités institués
par les Eglises nationales, comme instrument de travail pour les agents
pastoraux, comme instrument d'information pour les moyens de communication. Son
intention est de donner une information la plus complète et la plus fidèle
possible sur tout ce qui tourne autour du Jubilé, compris dans sa
signification la plus authentique, la signification religieuse, lié à
l'anniversaire de la naissance du Christ.
La transformation de la publication dans une forme plus agile -de Bulletin à
Revue- représente le premier pas pour mettre en pratique les indications
du Saint-Père qui, dans son premier discours au Comité Central (8
juin 1995), invitait à prévoir "des liaisons opportunes en se
servant le plus possible des nombreux moyens modernes de communication sociale,
afin que le travail intense de préparation soit connu de l'ensemble du
peuple chrétien aux quatre coins de la terre, et partagé par lui".
Et précisément, la parole du Pape représente la
section-guide de Tertium Millenium, avec pour objectif d'indiquer aux
lecteurs un programme mis à jour et fidèle du chemin vers l'Année
Sainte de l'An 2000.
La Revue contient tous les actes officiels: elle présente l'activité
du Comité Central et des Organismes qu'il comprend (les huit Commissions
et les quatre Comités), les subsides proposés à l'attention
des Eglises locales et des ouvriers pastoraux, les initiatives des Comités
nationaux dans toutes les parties du monde. Mais elle entend également être
un lieu de confrontation et de débat, à partir d'une vision ecclésiale
claire, à propos de tous les grands thèmes liés au passage
du millénaire: pour ne citer que quelques exemples, le dialogue oecuménique
et inter-religieux; la dette extérieure avec les déséquilibres
profonds Nord-Sud; la protection et la sauvegarde du milieu; la question de
l'immigration et des réfugiés; la mise en valeur du patrimoine
artistique et culturel.
Le numéro spécial, publié en février 1996, a
servi à présenter le travail initial du Comité Central, des
Commission et des Comités; le numéro suivant; publié en
juin, a donné une grande place aux initiatives des Comités
nationaux, a proposé une histoire synthétique des Années
Saintes, enrichie d'illustrations provenant de la Bibliothèque
Apostolique Vaticane, et a ouvert ses pages à une intervention de différentes
personnalités sur le dixième anniversaire de la Journée de
Prière pour la Paix, qui s'était tenue à Assise en 1986.
Dans les deux numéros, le Bulletin-Revue a eu comme caractéristique
une dimension multimédia, qui le suivra jusqu'à l'An 2000: dans le
premier, les lecteurs ont trouvé un Cd Rom contenant un discours du Pape,
des extraits de la Lettre Tertio Millenio Adveniente, et des morceaux de
musique sacrée, et un vidéo réalisé par le Centre de
Télévision du Vatican. Le Cd Rom du deuxième numéro
contenait quant à lui la Lettre Apostolique en trois langues, la version
audio-vidéo de l'histoire des Jubilés, et des enregistrements inédits
de musique sacrée. En juillet, Tertium Millenium est paru en
trois éditions: italien, anglais et français. Le numéro prévu
pour Noël porte sur la célébration d'ouverture de la phase préparatoire,
et sur la présentation du "logo" pour le Jubilé. On a prévu
pour 1997 un rythme bimestriel de publication.
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