Salle du Synode des Evêques, 24 mai 2001

1. Au terme du Consistoire, nous, Cardinaux venus de toutes les parties du monde, confirmons notre profonde communion de foi et d'amour avec le Saint Père, Successeur de Pierre.

Notre gratitude s'adresse à Lui, car, en convoquant aujourd'hui   ce nouveau Consistoire, comme lorsqu'il avait convoqué le Consistoire en vue de la préparation du grand Jubilé de l'An  2000,  il  nous  a  appelés  à  réfléchir  sur  la  réalisation  spirituelle et pastorale de la grâce jubilaire, en approfondissant les lignes du programme présentées dans la précieuse Lettre apostolique Novo millennio ineunte.

2. Avec toute l'Eglise, nous rendons grâce au Seigneur, auteur de tout don, pour le fleuve de grâces qui s'est déversé sur le Peuple de Dieu et sur l'humanité tout entière à l'occasion de l'Année Sainte.

3. Nous sommes convaincus que l'important héritage que le Jubilé nous offre comme don et responsabilité est celui de renouveler, avec une conviction profonde et une confiance croissante, notre profession de foi en Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, crucifié et réssuscité, Sauveur unique et universel du monde.

C'est pourquoi, nous accueillons avec joie et proposons de nouveau à tous l'invitation à garder le regard fixé sur le Christ et à contempler son visage à travers la familiarité avec la Parole de Dieu, la prière assidue et la communion personnelle avec Lui, la participation à l'Eucharistie en particulier le Jour du Seigneur, l'accueil de la miséricorde du Père dans le sacrement de la Réconciliation, à travers une aspiration courageuse à la sainteté, sens et destin de tout homme, et source et force de l'action pastorale de l'Eglise. Ainsi, l'expérience jubilaire pourra animer et orienter la vie des croyants en accueillant le primat absolu de la grâce.

4. La contemplation dans la prière du Christ, qui conduit à la communion d'amour avec Lui, alimente la mission évangélisatrice de l'Eglise. Face au grand besoin que tout homme a du Christ, nous nous sentons appelés avec urgence non seulement à "parler" de Lui, mais aussi à le faire "voir":  par l'annonce de la Parole qui sauve et par le témoignage audacieux de la foi, dans un élan missionnaire renouvelé.

5. La condition, la force et le fruit de la mission évangélisatrice est la communion, l'unité des disciples, pour laquelle le Christ a prié.

Dans un monde fortement marqué par les déchirures et les conflits et dans une Eglise qui porte les blessures des divisions, nous ressentons plus fortement le devoir de cultiver la spiritualité de la communion:  tant à l'intérieur des communautés chrétiennes, que dans la poursuite du chemin  oecuménique et du dialogue interreligieux, dans la charité, la vérité et la confiance, en suivant l'impulsion exemplaire qui nous vient du Saint Père.

6. La communion pousse l'Eglise à être solidaire de l'humanité, en particulier de la foule croissante des pauvres, des personnes qui souffrent, de celles qui sont foulées aux pieds dans leurs droits les plus sacrés à la vie, à la santé, au travail, à la culture, à la participation sociale, à la liberté religieuse, notamment dans le contexte actuel de la mondialisation.

Nous renouvelons aux peuples qui souffrent à cause des tensions et des guerres, notre engagement à oeuvrer en faveur de la justice, de la solidarité et de la paix. Notre pensée se tourne particulièrement vers l'Afrique, où de nombreuses populations sont éprouvées par des conflits ethniques, une pauvreté persistante et de graves maladies. La solidarité de toute l'Eglise doit aller à l'Afrique.

Nous adressons, en union avec le Saint Père, un appel pressant à tous les chrétiens afin qu'ils intensifient leur prière pour la paix en Terre Sainte et nous demandons aux responsables des Nations d'aider les Israéliens et les Palestiniens à vivre ensemble de manière pacifique. Sur la Terre de Jésus, la situation s'est dernièrement aggravée et trop de sang a déjà été versé. En union avec le Saint Père, nous supplions les parties en cause de parvenir immédiatement à un "cessez-le-feu" et de reprendre le dialogue sur une base équitable et de respect mutuel.

7. Face aux défis nombreux, graves et nouveaux que l'Eglise rencontre dans le changement profond qui marque notre époque, l'expérience de la foi vécue dans le cadre du Jubilé nous pousse à ne pas avoir peur, mais à prendre le large, en plaçant notre espérance dans le Christ et confiant dans l'intercession maternelle de la Très Sainte Vierge Marie.

Alors que nous accompagnons de notre prière le Saint Père dans son prochain pèlerinage en Ukraine, nous désirons confirmer notre communion fraternelle avec toutes les Eglises d'Orient.

Cité du Vatican, 24 mai 2001, Solennité de l'Ascension du Seigneur