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Commission Théologique Internationale CHAPITRE IILE DIACONAT DANS LE NOUVEAU TESTAMENT
I. Le diaconat dans le NT 1. Les difficultés terminologiques Le mot diakonos est quasi absent de lÂAT, contrairement à lÂusage abondant de presbyteros. Dans la Septante, aux rares endroits où le mot diakonos est attesté, il signifie messager, courrier, serviteur. [1] La Bible latine (Vulgata) lÂa traduit dans un sens général par minister ou, dans un sens spécifique en translittérant le mot grec par diaconus. Mais les termes minister, ministerium, ministrare correspondent aussi aux autres termes grecs, comme hyperetes, leitourgos. Dans la Vulgata on trouve trois fois lÂusage de diaconus. [2] Dans les autres cas le mot est traduit par minister. [3] À part les mots diakoneo, diakonia, diakonos, le grec pouvait choisir entre les mots suivants: douleuo (servir en tant que serviteur), therapeuo (celui qui est engagé volontaire) latreuo (servir pour la solde), leitourgeo (celui qui est attaché à une charge publique), hypereteo (gouverner). [4] En tout cas, il est caractéristique que la forme verbale diakonein soit ignorée par la Septante, les fonctions de service étant traduites par les mots leitourgein ou latreuein. Philon ne lÂutilisait que dans le sens de ÂservirÂ. [5] Josèph le connait dans le sens de ÂservirÂ, Âobéir et Âservice sacerdotalÂ. [6] Dans le NT, le mot douleuo signifiait un service de caractère très personnel, le service de la charité. Dans le langage des Évangiles [7] ainsi que dans les Actes 6,2, diakoneo signifie Âle service de la tableÂ. Faire une collecte dont Paul emportera le montant à Jérusalem est un service de ce genre. [8] LÂapôtre va à Jérusalem pour Âle service des saintsÂ. [9] Quant à lÂemploi des mots cheirotonia, cheirotesia, ordinatio il existe à leur propos une incertitude terminologique. [10]
2. Les données du NT La première donnée pertinente et fondamentale du NT est que le verbe diakonein désigne la mission même du Christ comme serviteur (Mt 10,45par; cf. Mt 12,18; Ac 4,30; Ph 2,6-11). Ce mot ou ses dérivés désignent aussi lÂexercice du service par ses disciples (Mc 10,43ss; Mt 20,26ss; 23,11; Lc 8,3; Rm 15,25), les services de différents genres dans lÂÉglise, notamment le service apostolique de prêcher lÂEvangile, et dÂautres dons charismatiques. [11] Les mots diakonein et diakonos sont très généraux dans le langage du NT. [12] Le diakonos peut signifier le serviteur à la table (p. ex. Jn 2,5 et 9), le serviteur du Seigneur (Mt 22,13; Jn 12,26; Mc 9,35; 10,43; Mt 20,26; 23,11), le serviteur dÂun pouvoir spirituel (2Co 11,14; Eph 3,6; Col 1,23; Gal 2,17; Rm 15,8; 2Co 3,6), le serviteur de lÂÉvangile, du Christ, de Dieu (2Co 11,23); les autorités païennes sont aussi au service de Dieu (Rm 13,4); les diacres sont les serviteurs de lÂÉglise (Col 1,25; 1Co 3,5). Dans le cas où le diacre appartient à lÂune des Églises, la Vulgate nÂutilise pas le mot minister, mais retient le mot grec diaconus. [13] Ce fait montre bien que dans Ac 6, 1-6 ce nÂest pas de lÂinstitution du diaconat quÂil sÂagit. [14] ÂDiaconat et Âapostolat sont parfois synonymes, comme dans Ac 1,17-25, où  à lÂoccasion de lÂadjonction de Matthias aux onze apôtres  Pierre nomme lÂapostolat Âpart de notre service (v. 17: ton kleron tes diakonias tautes) et parle de service et dÂapostolat (v. 25: ton topon tes diakonias kai apostoles, ce qui est traduit par la TOB: Âle service de lÂapostolatÂ). Ce texte des Actes cite aussi Ps 109,8: ÂQuÂun autre prenne sa charge (ten episkopen)Â. La question se pose: diakonia, apostole, episkope, sont-ils équivalents ou non? Selon lÂopinion de M. J. Schmitt et J. Colson lÂÂapostolat est Âune clause rédactionelle corrigeant ÂdiakoniasÂ. [15] Ac 6,1-6 décrit lÂinstitution des ÂSept [16] Âpour servir aux tablesÂ. Le motif en est donné par Luc avec lÂindication dÂune tension interne à la communauté: ÂLes hellénistes se mirent à récriminer (egeneto goggysmos) contre les hébreux parce que leurs veuves étaient oubliées dans le service quotidien. (Ac 6,1) Il reste à savoir si les veuves des Âhellénistes appartenaient ou non à la communauté, en raison du strict respect de la pureté rituelle. Les apôtres souhaitaient-ils envoyer en province les Âhellénistes frondeurs de Jérusalem qui dans leur prêche à la synagogue multipliaient les provocations? Est-ce pour cela que les apôtres ont choisi les Sept, chiffre correspondant au nombre des magistrats des communautés de province attachés à une synagogue? Mais, en même temps, par lÂacte de lÂimposition des mains, ils voulaient préserver lÂunité de lÂEsprit et éviter la scission. [17] Les commentateurs des Actes nÂexpliquent pas la signification de cette imposition des mains des apôtres. Il est possible que les apôtres aient destiné les Sept à être à la tête des chrétiens Âhellénistes (juifs baptisés parlant grec) pour accomplir la même tâche que les presbytres parmis les chrétiens ÂhébreuxÂ. [18] La raison donnée pour la désignation des Sept élus (les murmures chez les hellénistes) est en contradiction avec leur activité telle que décrite ultérieurement par Luc. Nous ne savons rien du service des tables. À propos des Sept, Luc ne parle que de lÂactivité dÂÉtienne et de Philippe; ou plus exactement du discours dÂÉtienne dans la synagogue de Jérusalem et de son martyr ainsi que de lÂapostolat à Samarie de Philippe qui a aussi baptisé. [19] Et les autres? [20] Dans les églises confiées au soin apostolique de saint Paul, les diacres apparaissent à côté des episkopoi comme exerçant un ministère qui leur est subordonné ou coordonné (Ph 1,1; 1Tm 3,1-13). Déjà dans les écrits apostoliques il est fait mention couramment des diacres avec lÂévêque ou bien de lÂévêque avec les presbytres. En revanche, rares sont les sources historiques qui citent les trois réunis: évêque, presbytre et diacre.
II. Les Pères apostoliques La première épître de saint Clément de Rome aux Corinthiens (Ier siècle) mentionne que les épiscopes et les diacres ont une fonction spirituelle dans la communauté: ÂLes apôtres ont reçu pour nous la bonne nouvelle par le Seigneur Jésus-Christ; Jésus, le Christ, a été envoyé par Dieu. Donc le Christ vient de Dieu, les apôtres viennent du Christ; les deux choses sont sorties en bel ordre de la volonté de Dieu (egenonto oun amphotera eutaktos ek thelematos Theou). Ils ont donc reçu des instructions et, remplis de certitude par la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ, affermis par la parole de Dieu, avec la pleine certitude de lÂEsprit Saint, ils sont partis annoncer la bonne nouvelle que le royaume de Dieu allait venir. Ils prêchaient dans les campagnes et dans les villes et ils en établissaient (kathistanon) les prémices, ils les éprouvaient par lÂEsprit, afin dÂen faire les épiscopes et les diacres (eis episkopous kai diakonous) des futurs croyants. Et il nÂy avait là rien de nouveau (ou kainos); car depuis bien longtemps lÂÉcriture parlait des épiscopes et des diacres (egegrapto peri episkopon kai diakonon); il est en effet écrit quelque part: ÂJÂétablirai leurs épiscopes dans la justice et leurs diacres dans la foiÂ. [21] Quand lÂauteur de lÂépître de Clément parle des fonctions liturgiques, il se réfère à lÂAncien Testament; [22] quand il explique lÂinstitution des episkopoi kai diakonoi, il se réfère à la volonté de Dieu, aux apôtres. [23] LÂordre des évêques et des diacres nÂétait pas une innovation, mais il a été fondé dans la volonté de Dieu, donc il est un Âbel ordreÂ; leur envoi prend son origine en Dieu lui-même. Les successeurs élus par les apôtres sont les prémices offertes à Dieu. Les apôtres avaient éprouvé les élus par lÂEsprit; ceux qui leurs succèderaient seront établis par lÂélection de lÂassemblée tout entière. [24] Nous trouvons ici la tradition des épîtres pastorales, poursuivie à travers: 1. lÂépreuve dans lÂEsprit (cf. 1 Tm 3,1-7 et 8,10ss); 2. lÂusage accolé des mots episkopos kai diakonos (cf. Ph 1,1), episkopos ne correspondant pas encore à la définition actuelle de lÂévêque. [25] À remarquer lÂapproche faite par saint Polycarpe du ministère des diacres au service du Christ sauveur: ÂquÂils marchent dans la vérité du Seigneur qui sÂest fait le serviteur (diakonos) de tous. (Phil 5,2). Le texte de Didachè (avant 130) 15,1 ne mentionne que les évêques et les diacres, qui sont les successeurs des prophètes et des didaskaloi, faisant silence sur les presbytres: ÂChoisissez-vous donc des évêques et des diacres dignes du Seigneur, hommes doux, désintéressés, véridiques et sûrs, car ils remplissent, eux aussi, auprès de vous, lÂoffice des prophètes et des docteurs. [26] J.-P. Audet remarque : ÂLes deux mots, il est vrai, rendent un autre son à nos oreilles. Mais en grec, à lÂépoque ou nous reporte la Didachè, un episkopos est un surveillant, un contremaître, un curateur, un modérateur, un gardien, un intendant Un diakonos, dÂautre part, est simplement un serviteur susceptible de remplir diverses fonctions suivant les circonstances particulières de son service. Les deux termes sont généraux Le mode concret de désignation (cheirotonesate) reste pour nous obscur. Ils sont choisis et nommés, peut-être par élection: cÂest tout quÂon peut dire. [27] La Didachè ne dit pas un mot sur lÂordination. Selon K. Niederwimmer, le terme cheirotonein signifie lÂélection. [28] Il est sûr quÂà cette époque ancienne les diacres étaient responsables de la vie de lÂÉglise concernant les oeuvres de charité en faveur des veuves et des orphelins, comme cÂétait le cas dans la première communauté de Jérusalem. Leurs activités étaient sans doute en lien avec la catéchèse et probablement aussi avec la liturgie. Pourtant, les données sur ce sujet sont tellement succintes [29] quÂil est difficile dÂen déduire quelle était en fait la portée de leurs fonctions. Les lettres de saint Ignace dÂAntioche signalent une nouvelle étape. Ses affirmations sur la hiérarchie ecclésiastique avec ses trois degrés ressemblent à celles de Clément de Rome: Âque tous révèrent les diacres comme Jésus-Christ, comme aussi lÂévêque, qui est lÂimage du Pére et les presbytres comme le sénat de Dieu et comme lÂassembée des apôtres: sans eux on ne peut parler dÂÉglise. [30] Et encore: ÂSuivez tous lÂévêque, comme Jésus-Christ [suit] son Père, et le presbyterium comme les apôtres; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. [31] Les textes ignatiens parlent au singulier de lÂévêque, au pluriel des presbytres et des diacres, mais ne disent rien sur le caractère du diaconat: ils exhortent seulement à vénérer les diacres comme les mandatés de Dieu. Des informations concernant surtout lÂactivité liturgique des diacres nous sont fournies par saint Justin ( 165). Il décrit le rôle des diacres dans lÂeucharistie pendant lÂoblatio et la communio: ÂEnsuite, on apporte à celui qui préside lÂassemblée des frères du pain et une coupe dÂeau et de vin trempé une fois achevées les prières et lÂaction de grâces, tout le peuple présent exprime son accord en répondant Amen Quand le président de lÂassemblée a achevé la prière de lÂaction de grâces (eucharistie) et que tout le peuple a donné sa réponse ceux que chez nous nous appelons les diacres (oi kaloumenoi parÂemin diakonoi) donnent à chacun des assistants dÂavoir part au pain et au vin mélangé dÂeau sur lesquels a été dite la prière de lÂaction de grâces (eucharistie), et ils en portent aux absents. [32]
III. La consolidation et le développement du diaconat dans le IIIe et IVe siècles Selon Clément dÂAlexandrie il y a dans lÂÉglise  comme dans la vie de la société civile  des compétences qui visent à améliorer soit les corps, soit les âmes (therapeia beltiotike, hyperetike). Il y en a aussi qui, par elles-mêmes, sont ordonnées au service des personnes dÂun rang supérieur. Au premier genre appartiennent les prêtres, au deuxième les diacres. [33] Chez Origène, la diakonia de lÂévêque est toujours le service de toute lÂÉglise (ekklesiastike diakonia), lÂévêque est appelé Âprince et, du même coup, appelé aussi Âserviteur de tousÂ. [34] Les diacres sont souvent lÂobjet de la critique dÂOrigène parce quÂils sont touchés particulièrement par lÂesprit de convoitise. En raison de leur charge caritative, ils étaient davantage en contact avec lÂargent. Dans un texte sur lÂexpulsion des vendeurs du temple, Origène parle de ces Âdiacres qui nÂadministrent pas bien les tables de lÂargent de lÂÉglise (sc. des pauvres), mais se trouvent toujours en fraude à leur égard. [35] ÂIls ramassent pour eux-mêmes des richesses en détournant lÂargent des pauvres. [36] Dans la Didascalie (IIIe siècle) on trouve une certaine suprématie des diacres sur les prêtres, car ceux-ci sont comparés au Christ, tandis que les presbytres ne le sont quÂaux apôtres. [37] Mais, dÂune part, les prêtres sont présentés comme le sénat de lÂÉglise et les assesseurs de lÂévêque: ils sont placés autour de lÂautel et du trône épiscopal. Les diacres, à leur tour, sont nommés les ÂtroisièmesÂ, ce qui suggère vraisemblablement quÂils viennent après lÂévêque et les prêtres. En revanche, les diacres semblent bien avoir eu un prestige et une action qui dépassait ceux des prêtres. Les laïcs devront avoir une grande confiance envers les diacres et ne pas importuner constamment le chef, mais ils lui feront dire ce quÂils désirent par les hyperetai, cÂest-à-dire par les diacres, car personne ne peut non plus sÂapprocher du Seigneur Dieu tout-puissant si ce nÂest par le Christ. [38] Dans la Didascalie, lÂaccroissement du prestige du diaconat dans lÂÉglise est remarquable, ce qui aura pour conséquence la crise naissante dans les relations réciproques entre les diacres et les presbytres. À la fonction sociale et charitable des diacres sÂajoute leur fonction dÂassurer divers services pendant les rassemblements liturgiques: indication des lieux pendant lÂaccueil des étrangers et des pèlerins, soin des offrandes, surveillance de lÂordre et du silence, soin de la bienséance de lÂhabillement. La Tradition apostolique dÂHippolyte de Rome ( 235) présente pour la première fois le statut théologique et juridique du diacre dans lÂÉglise. Il le compte parmi le groupe des ordinati par lÂimposition des mains (cheirotonein) en les opposant à ceux qui dans la hiérarchie sont nommés instituti. LÂÂordination des diacres se fait uniquement par lÂévêque (ch. 8). Cette liaison définit lÂétendue des tâches du diacre qui est à la disposition de lÂévêque pour exécuter ses ordres mais qui est exclu de la participation au conseil des presbytres. On doit comparer les deux textes de lÂordination des diacres, celui du Veronense (L, version latine) et celui de la version sahidique, éthiopienne (S[AE]), parce quÂon trouve entre eux quelques différences. Le texte L dit: ÂDiaconus vero cum ordinatur, eligatur secundum ea, quae praedicta sunt, similiter imponens manus episcopus solus sicuti praecipimus. Le texte S(AE) est plus clair: ÂEpiscopus autem instituet (kathistasthai) diaconum qui electus est, secundum quod praedictum est. Il restera toutefois une différence entre ordinatio et institutio. Le 10e chapitre relatif aux veuves de la Tradition apostolique apporte quelques éléments significatifs: ÂNon autem imponetur manus super eam, quia non offert oblationem neque habet liturgiam. Ordinatio (cheirotonia) autem fit cum clero (kleros) propter liturgiam. Vidua (xera) autem instituitur (kathistasthai) propter orationem: haec autem est omnium. [39] DÂaprès ce texte, si lÂimposition des mains est absente du rite, alors il ne peut sÂagir que de lÂinstitution (katastasis, institutio) et non de lÂordinatio. Ainsi, au cours du IIIe siècle, lÂimposition des mains constitue déjà le signe distinctif du rituel de lÂordination des ordres majeurs. Au IVe siècle elle sera étendue aussi aux ordres mineurs. En ce qui concerne la liturgie, la tâche du diacre est dÂapporter les offrandes et de les distribuer. Dans lÂadministration du baptême, son rôle était dÂaccompagner le presbytre et de lui servir ÂlÂhuile des catéchumènes et le chrême et aussi de descendre dans lÂeau avec celui qui allait recevoir le baptême (ch. 21). Un autre domaine de lÂengagement des diacres était lÂenseignement: ÂQuÂils se réunissent, instruisent ceux avec qui ils sont à lÂÉglise  (ch. 39) DÂune façon spécifique on accentue leur activité sociale en étroite liaison avec lÂévêque. Selon saint Cyprien Âles diacres ne doivent pas oublier que le Seigneur lui-même a choisi les Apôtres, cÂest-à-dire les évêques et les chefs de lÂÉglise, tandis que les diacres, ce sont les Apôtres qui après lÂAscension du Seigneur les ont institués pour être les ministres de leur épiscopat et de lÂÉglise. Dès lors, ni plus ni moins que nous ne pouvons, nous entreprendre quelque chose contre Dieu qui fait les évêques, ils ne peuvent, eux aussi, entreprendre contre nous, qui les faisons diacres. [40] Il semble que, de temps à autre, même à Carthage les diacres voulaient occuper la place des presbytres. Il a fallu les avertir: les diacres viennent en troisième lieu dans lÂénumération de la hiérarchie. Pendant la vacance du siège, ils tiennent aussi un rôle important dans la direction de lÂÉglise. Cyprien, exilé, sÂadresse normalement Âaux prêtres et aux diacres pour traiter des problèmes disciplinaires. Les prêtres et les diacres sont parfois désignés par le mot clerus, moins fréquemment ils sont appelés praepositi chez Cyprien. [41] Le prêtre Gaius Didensis et ses diacres sont censés offrir tous les deux lÂeucharistie, mais la cinquième lettre signale quÂen réalité ce sont les prêtres qui lÂoffrent, assistés des diacres. [42] Par contre, aux diacres revient plutôt lÂexercice de la charité en visitant les prisons. Ils sont présentés comme Âboni viri et ecclesiasticae administrationis per omnia devotiÂ. [43] Le mot administratio se retrouve dans lÂexpression sancta administratio appliquée au diacre Nicostratus à propos de lÂargent de lÂÉglise quÂil gardait. Ainsi les diacres seraient chargés non seulement de lÂexercice de la charité envers les pauvres, mais aussi de lÂadministration des biens financiers appartenant à la communauté. [44] En résumant, on peut dire quÂau-delà du fait de lÂexistence du diaconat dans toutes les Églises dès le début du IIe siècle et de son caractère dÂordre ecclésiastique, les diacres jouent partout en principe le même rôle, bien que les accents mis sur les différents éléments de leur engagement soient répartis diversement dans les différentes régions. Le diaconat atteint sa stabilisation au cours du IVe siècle. Dans les directives synodales et conciliaires propres à cette période, le diaconat est regardé comme élément essentiel de la hiérarchie de lÂÉglise locale. Au synode dÂElvire (env. 306-309) on souligne avant tout son rôle prépondérant dans le secteur administratif de lÂÉglise. Paradoxalement, en même temps quÂil impose une certaine limitation de lÂengagement des diacres dans le secteur liturgique, ce synode leur attribue la possibilité de donner lÂabsolution des péchés dans les cas urgents. Cette tendance dÂenvahir le champ de la compétence des presbytres, qui se manifeste aussi dans la prétention de présider à lÂeucharistie (même si cÂest à titre exceptionnel) est contrariée par le synode dÂArles (314) et surtout par le concile de Nicée (325, can. 18). Les Constitutions apostoliques (CA), qui sont la plus impressionante des collections juridiques redigées au IVe siècle, reprennent les différentes parties de la Didachè et de la Didascalie relatives aux diacres pour en faire des commentaires reflétant les points de vue de lÂépoque. On y intègre aussi les affirmations de saint Ignace dans ses lettres, fournissant de cette manière des informations considérables. Une tendance à lÂhistoricisme fait la spécificité du texte, dÂautant plus que lÂauteur-rédacteur cherche des préfigurations dans les passages parallèles de lÂAncien Testament. Il introduit son discours avec une formule solennelle (cf. Dt 5,31 et 27,9): ÂÉcoute, Église sacrée et catholique Car ce sont eux vos pontifes; vos prêtres, ce sont les presbytres, et vos lévites ce sont à présent les diacres, ce sont vos lecteurs, chantres et portiers, ce sont vos diaconesses, vos veuves, vos vierges et vos orphelins Le diacre lÂassistera comme le Christ assiste le Père  [45] Il décrit la rélation de lÂévêque avec le diacre en sÂappuyant sur les préfigurations de lÂancienne Alliance et les modèles célestes: ÂPour vous maintenant, Aaron cÂest le diacre, et Moïse lÂévêque; si donc Moïse a été appelé dieu par le Seigneur, chez vous lÂévêque sera pareillement honoré comme un dieu et le diacre comme son prophète et comme le Fils est lÂange et le prophète du Père, de même le diacre est lÂange et le prophète de lÂévêque. [46] Le diacre représente lÂoeil, lÂoreille, la bouche de lÂévêque Âpour que lÂévêque nÂait pas à sÂoccuper de la multitude des affaires, mais seulement des plus importantes, comme Jéthro lÂétablit pour Moïse, et son conseil fut bien reçu. [47] La prière dÂordination du diacre par lÂévêque atteste que le diaconat est envisagé comme un degré transitoire vers le presbytérat: ÂAccorde-lui dÂaccomplir avec satisfaction le service qui lui a été confié, dÂune façon agréable, sans déviation ni blâme ni reproche, pour être jugé digne dÂun rang supérieur (meizonos axiothenai bathmou), par la médiation de ton Christ, ton Fils monogène  [48] Dans lÂEuchologion de Serapion (vers la fin du IVe siècle) figure la prière dÂordination du diacre dont la terminologie est apparentée à celle de la version sahidique de la Tradition apostolique. Le texte de la prière fait allusion aux canons de lÂÉglise, aux trois degrés de la hiérarchie, et il se réfère aux Sept dans les Actes 6; pour désigner lÂordination du diacre, il emploie le verbe katisthanai: ÂPater unigeniti, qui filium misisti tuum et ordinasti res super terra atque ecclesiae canones et ordines dedisti in utilitatem et salutem gregum, qui elegisti episcopos et presbyteros et diaconos in ministerium catholicae tuae ecclesiae, qui elegisti per unigenitum tuum septem diaconos eisque largitus es spiritum sanctum: constitue (katasteson) et hunc diaconum ecclesiae tuae catholicae et da in eo spiritum cognitionis ac discretionis, ut possit inter populum sanctum pure et immaculate ministrare in hoc ministerio per unigenitum tuum Iesum Christum, per quem tibi gloriam et imperium in sancto spiritu et nunc et in omnia saecula saeculorum, amen. [49] La prière de la consécration du diacre dans le Sacramentarium Veronense parle du service du saint autel et, comme le texte des Constitutions apostoliques, elle considère le diaconat comme un degré transitoire: ÂOremus quos consecrationis indultae propitius dona conservet quos ad officium levitarum vocare dignaris, altaris sancti ministerium tribuas sufficienter implere trinis gradibus ministrorum nomini tuo militare constituens dignisque successibus de inferiori gradu per gratiam tuam capere potiora mereantur. [50] Le Sacramentarium Gregorianum est, en tout point, similaire avec les textes précédemment cités. Il rappelle lui-aussi les trois degrés et, pour désigner lÂordination du diacre, il emploi le mot ÂconstituereÂ. [51] Derrière leur apparente unanimité, les déclarations des Pères de lÂÉglise, au IVe siècle, laissent échapper quelques dissensions bien connues depuis le IIIe siècle, comme par exemple la prétention des diacres à sÂapproprier des places, du rang et des tâches des presbytres. [52] Jouait aussi un rôle la conception selon laquelle les trois degrés (évêque, presbytre, diacre) étaient comme les éléments du seul et même ordre. Ps.-Athanasios en parle dans son oeuvre De Trinitate comme dÂune ÂconsubstantialitéÂ. [53] De plus, le christianisme commençait à se répandre en province, les évêques ou les presbytres quittant la ville à contrecoeur, les diacres le faisant bien volontiers, mais en abusant de la situation dans la mesure où ils sÂappropriaient certains droits des presbytres. Le contexte historique contribua aussi à cette évolution. En effet, les Ariens avaient compromis le prestige de lÂépiscopat. À côté des évêques et des presbytres avides de pouvoir et dÂargent, la popularité des diacres a connu une grande croissance, en raison de leur liaison étroite avec les moines et le peuple. Selon lÂopinion générale au IVe siècle, les diacres ont été institués par les apôtres, et lÂévêque les ordonne au même titre que les presbytres. Les diacres appartiennent au clergé, mais ne font quÂassister à la liturgie. [54] Les sources nous font voir que même Chrysostome nÂa pas réussi à placer, de manière évidente, les trois degrés de lÂordre ecclésial dans une continuité historique. Il y a eu des modèles chez les juifs pour le presbytérat; par contre, lÂépiscopat et le diaconat ont été constitués par les apôtres. Il nÂest pas clair ce que lÂon doit entendre ici par ces notions. [55] Chrysostome a fait remonter le diaconat à une institution par lÂEsprit Saint. [56] Au cours de ce même siècle les latins ont aussi repris le mot grec ÂdiaconusÂ, comme saint Augustin lÂatteste. [57] Le IVe siècle marque lÂaboutissement du processus qui a conduit à reconnaître le diaconat comme un degré de la hiérarchie ecclésiale, situé après lÂévêque et les presbytres, avec un rôle bien défini. Lié à la mission et à la personne de lÂévêque, ce rôle englobait trois tâches: le service liturgique, le service de prêcher lÂÉvangile et dÂenseigner la catéchèse, ainsi quÂune vaste activité sociale concernant les oeuvres de charité et une activité administrative selon les directives de lÂévêque.
IV. Le ministère des diaconesses A lÂépoque apostolique, diverses formes dÂassistance diaconale aux apôtres et aux communautés exercées par des femmes semblent avoir un caractère institutionnel. CÂest ainsi que Paul recommande à la communauté de Rome Ânotre sÂur Phébée, servante (he diakonos) de lÂÉglise de Cenchrées (cf. Rm 16,1-4). Bien que la forme masculine de diakonos soit utilisée ici, on ne peut conclure que celle-ci désigne déjà la fonction spécifique de ÂdiacreÂ; dÂune part, parce que, dans ce contexte, diakonos signifie encore, dans un sens très général, serviteur et, dÂautre part, parce que le mot Âserviteur nÂest pas muni dÂun suffixe féminin, mais doté dÂun article féminin. Ce qui paraît assuré, cÂest que Phébée a exercé un service dans la communauté de Cenchrées, reconnu et subordonné au ministère de lÂApôtre. Ailleurs, chez Paul, les autorités du monde elles-mêmes sont appelées diakonos (Rm 13,4) et, en 2Co 11,14-15, il est question de diakonoi du diable. Les exégètes sont divisés au sujet de 1Tm 3, 11. La mention des Âfemmes à la suite des diacres peut laisser penser à des femmes-diacres (même présentation par ÂpareillementÂ), ou aux épouses des diacres dont il a été question plus haut. Dans cette épître, les fonctions du diacre ne sont pas décrites, mais seulement les conditions de leur admission. Il est dit que les femmes ne doivent pas enseigner ni diriger les hommes (1Tm 2, 8-15). Mais les fonctions de direction et dÂenseignement sont de toutes manières réservées à lÂépiscope (1Tm 3,5) et aux presbytres (1Tm 5,17), pas aux diacres. Les veuves constituent un groupe reconnu dans la communauté, dont elles reçoivent assistance en échange de leur engagement à la continence et à la prière. 1Tm 5, 3-16 insiste sur les conditions de leur inscription sur la liste des veuves secourues par la communauté et ne dit rien dÂautre quant à leurs fonctions éventuelles. Plus tard, elles seront officiellement ÂinstituéesÂ, mais Ânon ordonnéesÂ; [58] elles constitueront un Âordre dans lÂEglise, [59] et nÂauront jamais dÂautre mission que le bon exemple et la prière. Au début du IIe siècle, une lettre de Pline le Jeune, gouverneur de Bithynie, mentionne deux femmes, désignées par les chrétiens comme ministrae, équivalent probable du grec diakonoi (X 96-97). Ce nÂest quÂau IIIe siècle que les termes spécifiquement chrétiens diaconissa ou diacona, apparaissent. En effet, à partir du IIIe siècle, en certaines régions de lÂÉglise, [60]  et non pas toutes  est attesté un ministère ecclésial spécifique attribué aux femmes appelées diaconesses. [61] Il sÂagit de la Syrie orientale et de Constantinople. Vers 240 paraît une compilation canonico-liturgique singulière, la Didascalie des Apôtres (DA), qui nÂa pas de caractère officiel. L'évêque y a les traits dÂun patriarche biblique omnipotent (cf. DA 2,33-35,3). Il est à la tête dÂune petite communauté, quÂil dirige surtout avec lÂaide de diacres et de diaconesses. Ces dernières font ici leur première apparition dans un document ecclésiastique. Selon une typologie empruntée à Ignace d'Antioche, lÂévêque tient la place de Dieu le Père, le diacre la place du Christ et la diaconesse celle du Saint-Esprit (mot au féminin dans les langues sémitiques), tandis que les presbytres (peu mentionnés) représentent les Apôtres et les veuves lÂautel (DA 2,26,4-7). Il n'y est pas question de lÂordination de ces ministres. La Didascalie met lÂaccent sur le rôle caritatif du diacre et de la diaconesse. Le ministère de la diaconie doit apparaître comme Âune seule âme en deux corpsÂ. Il a pour modèle la diaconie du Christ qui a lavé les pieds de ses disciples (DA 3,13,1-7). Cependant, il n'y a pas de parallélisme strict entre les deux branches du diaconat quant aux fonctions exercées. Les diacres sont choisis par lÂévêque pour ÂsÂoccuper de beaucoup de choses nécessairesÂ, et les diaconesses seulement Âpour le service des femmes (DA 3,12,1). Il est souhaité que Âle nombre des diacres soit proportionnel à celui de lÂassemblée du peuple de lÂEglise (DA 3,13,1). [62] Les diacres administrent les biens de la communauté au nom de lÂévêque. Comme lÂévêque, ils sont entretenus à ses frais. Les diacres sont dits oreille et bouche de lÂévêque (DA 2,44,3-4). Le fidèle doit passer par eux pour accéder à lÂévêque, de même les femmes doivent passer par les diaconesses (DA 3,12,1-4). Un diacre surveille les entrées dans la salle de réunion, tandis quÂun autre assiste lÂévêque pour lÂoffrande eucharistique (DA 2,57,6). La diaconesse doit procéder à lÂonction corporelle des femmes lors du baptême, instruire les femmes néophytes, visiter chez elles les femmes croyantes et surtout les malades. Il lui est interdit de conférer le baptême lui-même, ou de jouer un rôle dans lÂoffrande eucharistique (DA 3,12,1-4). Les diaconesses ont pris le pas sur les veuves. LÂévêque peut toujours instituer des veuves, mais elles ne doivent ni enseigner ni administrer le baptême (des femmes), mais seulement prier (DA 3,5,1-3,6,2). Les Constitutions apostoliques, parues vers 380 en Syrie, utilisent et interpolent la Didascalie, la Didachè ainsi que la Tradition apostolique. Elles auront une influence durable sur la discipline des ordinations en Orient, même si elles nÂont jamais été considérées comme une collection canonique officielle. Le compilateur envisage l'imposition des mains avec épiclèse du Saint-Esprit non seulement pour les évêques, les presbytres et les diacres, mais aussi pour les diaconesses, sous-diacres et lecteurs (cf. CA VIII 16-23). [63] La notion de klèros est élargie à tous ceux qui exercent un ministère liturgique, qui tirent leur subsistance de lÂEglise et qui profitent des privilèges civils que la législation impériale accorde aux clercs, de sorte que les diaconesses font partie du clergé, alors que les veuves en restent exclues. Evêque et presbytres sont mis en parallèle respectivement avec le grand-prêtre et les prêtres de lÂancienne Alliance, tandis quÂaux lévites correspondent tous les autres ministères et états de vies: Âdiacres, lecteurs, chantres, portiers, diaconesses, veuves, vierges et orphelins (CA II 26,3. CA VIII 1,21). Le diacre est placé Âau service de lÂévêque et des presbytres et ne doit pas empiéter sur les fonctions de ces derniers. [64] Le diacre peut proclamer lÂévangile et conduire la prière de lÂassemblée (CA II 57,18), mais seuls lÂévêque et les presbytres exhortent (CA II 57,7). LÂentrée en fonction des diaconesses se fait par une epithesis cheirôn ou imposition des mains qui confère le Saint-Esprit, [65] comme pour le lecteur (CA VIII 20. 22). LÂévêque prononce la prière suivante: ÂDieu, éternel, Père de notre Seigneur Jésus-Christ, créateur de lÂhomme et de la femme, toi qui as rempli dÂesprit Myriam, Débora, Anne et Hulda, qui nÂas pas jugé indigne que ton Fils, le Monogène, naisse dÂune femme, toi qui dans la tente du témoignage et dans le temple as institué des gardiennes pour tes saintes portes, toi-même regarde maintenant ta servante que voici, proposée pour le diaconat, donne-lui lÂEsprit-Saint et purifie-la de toute souillure de la chair et de lÂesprit pour quÂelle sÂacquitte dignement de lÂoffice qui lui a été confié, pour ta gloire et à la louange de ton Christ, par qui à toi gloire et adoration dans le Saint-Esprit pour les siècles, Amen. [66] Les diaconesses sont nommées avant le sous-diacre qui, lui, reçoit une cheirotonia comme le diacre (CA VIII 21), alors que les vierges et les veuves ne peuvent être Âordonnée (VIII 24-25). Les Constitutions insistent pour que les diaconesses nÂaient aucune fonction liturgique (III 9,1-2), mais elles élargissent leurs fonctions communautaires de Âservice auprès des femmes (CA III 16,1) et dÂintermédiaires entre les femmes et lÂévêque. Il est toujours dit quÂelles représentent le Saint-Esprit, mais elles Âne font rien sans le diacre (CA II 26,6). Elles doivent se tenir aux entrées des femmes dans les assemblées (II 57,10). Leurs fonctions sont ainsi résumées: ÂLa diaconesse ne bénit pas et elle nÂaccomplit rien de ce que font les presbytres et les diacres, mais elle garde les portes et elle assiste les presbytres lors du baptême des femmes, à cause de la décence. (CA VIII 28,6) A cette observation fait écho celle presque contemporaine dÂEpiphane de Salamine dans le Panarion, vers 375: ÂIl y a bien dans lÂEglise lÂordre des diaconesses, mais ce nÂest pas pour exercer des fonctions sacerdotales, ni pour lui confier quelque entreprise, mais pour la décence du sexe féminin, au moment du baptême. [67] Une loi de Théodose du 21 juin 390, révoquée le 23 août suivant, fixait à 60 ans lÂâge dÂadmission au ministère des diaconesses. Le concile de Chalcédoine (can. 15) le ramenait à 40 ans en leur interdisant le mariage subséquent. [68] Déjà au IVe siècle, le genre de vie des diaconesses se rapproche de celui des moniales. On appelle alors diaconesse la responsable dÂune communauté monastique de femmes, comme en témoigne, parmi dÂautres, Grégoire de Nysse. [69] Ordonnées abbesses des monastères féminins, les diaconesses portent le maforion, ou voile de perfection. JusquÂau VIe siècle, elles assistent encore les femmes dans la piscine baptismale et pour lÂonction. Bien quÂelles ne servent pas à lÂautel, elles peuvent distribuer la communion aux femmes malades. Lorsque la pratique baptismale de lÂonction du corps entier fut abandonnée, les diaconesses ne sont plus que des vierges consacrées qui ont émis le voeu de chasteté. Elles résident soit dans des monastères, soit chez elles. La condition dÂadmission est la virginité ou le veuvage et leur activité consiste en une assistance caritative et sanitaire des femmes. A Constantinople, la plus connue des diaconesses au IVe siècle est Olympias, higoumène dÂun monastère de femmes, protégée de saint Jean Chrysostome qui a mis ses biens au service de lÂÉglise. Elle fut Âordonnée (cheirotonein) diaconesse avec trois de ses compagnes par le patriarche. Le can. 15 de Chalcédoine (451) semble confirmer le fait que les diaconesses sont bien Âordonnées par lÂimposition des mains (cheirotonia). Leur ministère est appelé leitourgia et il ne leur est plus permis de contracter mariage après lÂordination. Au VIIIe siècle, à Byzance, lÂévêque impose toujours les mains à la diaconesse et lui confère lÂorarion ou étole (les deux pans se ramenant devant, lÂun sur lÂautre); il lui remet le calice quÂelle dépose sur lÂautel, sans faire communier personne. Celle-ci est ordonnée au cours de la liturgie eucharistique dans le sanctuaire comme les diacres. [70] Malgré les similitudes des rites dÂordination, la diaconesse nÂaura accès ni à lÂautel ni à aucun ministère liturgique. Ces ordinations visent surtout des higoumènes de monastères féminins. Précisons quÂen Occident, on ne trouve pas de trace de diaconesses durant les cinq premiers siècles. Les Statuta Ecclesiae antiqua prévoyaient que lÂinstruction des femmes catéchumènes et leur préparation au baptême seraient confiées aux veuves et aux moniales Âchoisies ad ministerium baptizandarum mulierumÂ. [71] Certains conciles du IVe et Ve siècle rejettent tout ministerium feminae [72] et interdisent toute ordination de diaconesse. [73] Selon lÂAmbrosiaster (à Rome, fin IVe siècle), le diaconat féminin était lÂapanage des hérétiques montanistes. [74] Au VIe siècle, on désigne parfois comme diaconesses des femmes admises dans le groupe des veuves. Pour éviter toute confusion, le concile dÂEpaone interdit Âles consé-crations de veuves qui se font appeler diaconessesÂ. [75] Le IIe concile dÂOrléans (533) décide de retrancher de la communion les femmes qui auraient Âreçu la bénédiction du diaconat malgré lÂinterdiction des canons et qui se seraient remariéesÂ. [76] On appellait aussi diaconissae des abbesses ou des épouses de diacres, par analogie aux presbyterissae voire aux episcopissae. [77] Le présent survol historique fait voir quÂa bel et bien existé un ministère de diaconesses qui sÂest développé de façon inégale dans les diverses parties de lÂÉglise. Il semble clair que ce ministère nÂétait pas perçu comme le simple équivalent féminin du diaconat masculin. Il sÂagit à tout le moins dÂune fonction ecclésiale, exercée par des femmes, parfois mentionnée avant celle du sous-diacre dans la liste des ministères de lÂÉglise. [78] Ce ministère était-il conféré par une imposition des mains comparable à celle par laquelle étaient conférés lÂépiscopat, le presbytérat et le diaconat masculin? Le texte des Constitutions apostoliques le donnerait à penser, mais il sÂagit là dÂun témoignage à peu près unique et son interprétation est lÂobjet dÂintenses discussions. [79] LÂimposition des mains sur les diaconesses doit-elle être assimilée à celle faite sur les diacres ou se situe-t-elle plutôt dans la ligne de lÂimposition des mains faite sur le sous-diacre et le lecteur? Il est difficile de trancher la question à partir des seules données historiques. Dans les chapitres suivants des éléments seront clarifiés, des questions resteront ouvertes. En particulier, un chapitre sera consacré à examiner de plus près comment lÂÉglise à travers sa théologie et son magistère a pris conscience de la réalité sacramentelle de lÂordre et de ses trois degrés. Mais auparavant il convient dÂexaminer les causes qui ont entraîné la disparition du diaconat permanent dans la vie de lÂÉglise. [1] Ne 1,10: ÂIls sont tes serviteurs et ton peuple que tu as rachetés par ta grande puissance et par la force de ta mainÂ; 6,3: ÂJe leur envoyai des messagers pour leur dire Â; 6.5: ÂSânballat mÂenvoya son serviteur Â; Pr 10,4a (LXX); 1M 11,58; 4M 9,17; Esther grec 6,13. [2] Ph 1,1; 1Tm 3,8.12. [3] Cf. E. Cattaneo, I ministeri nella chiesa antica, testi patristici dei primi tre secoli, Milano 1997, 33ss; J. Lécuyer, Le sacrament de lÂordination (ThH 65), Paris 1983, 131. [4] H.W. Beyer, diakoneo, diakonia, diakonos, in: ThWNT, Bd. II, 81-93. [5] De vita contemplativa 70 et 75. [6] Antiquitates VII 365; X 72. [7] Lc 17,8; 12,37; 22,26; Jn 12,2. [8] 2Co 8,19. [9] Rm 15,25. [10] ÂThe meaning of the laying on of the hands in Acts 6,6 and 13,3 has been much disputed, but the stress laid on this gesture in both textes makes it difficult to see it as a mere act of blessing and not as an ordination rite The usual verb to denote the election of a minister by the community is eklegein, latin eligere. The verb cheirotonein may have the same meaning Âto choose by stretching out the hand (Did. 15,1), but it becomes a technical term for the appointment, i.e., the ordination of a minister, in latin ordinare. In this meaning it is synonymous with kathistanai, latin instituere. Another synonym is procheiridzein. It is less usual and sometimes denotes the aspect of election and appointment by God. All these verbs are synonymous with cheir(as) epitheinai, but whereas the former group denotes the juridical aspect, the latter lays emphasis on the liturgical act. Moreover all the terms of the former group can be used for an appointment/ordination wich does not include an imposition of hands, but there is apparently a preference for cheirotonein / cheirotonia, as they are composed with cheir-, when the imposition of the hand (or of both hands) is included. A first attempt for such a distinction is made by Hippolytus, Trad. Ap. 10. J. Ysebaert, The Deaconesses in the Western Church of late Antiquity and their Origin, in: Eulogia, Mélanges offertes à Antoon A. R. Bastiaensen (IP XXIV), Steenburgis 1991, 423. [11] Rm 11,13; 12,6ss; 1Co 12,5; 2Co 4,1; Ep 4,11ss; He 1,14: Âleitourgica pneumataÂ; Ac 21,19; Col 4,17. [12] ÂAmt im Sinne Jesu muss immer Âdiakonia sein; nicht zufällig, nicht nebenbei, sondern sehr bewusst und ausdrücklich wählt die Heilige Schrift dieses Wort zu seiner Wesensbestimmung. Die griechische Sprache bot eine ganze Reihe von Möglichkeiten, das Amt in einer menschlichen Gemeinschaft  auch im religiös-kultischen Bereich  zu charakterisieren (archai, exousiai, archontes). Das Neue Testament wählte keine davon, sondern entschied sich für eine Bezeichnung, die weder in der jüdischen, noch in der hellenistischen Umwelt üblich war. E. Dassmann, Ämter und Dienste in der frühchristlichen Gemeinden (Hereditas 8), Bonn 1994, 37. [13] Ph 1,1: Âcum episcopis et diaconisÂ; 1Tm 3, 8.12: Âdiaconos similiter (sicut episcopi) diacones sint  [14] ÂDieser Tatbestand zeigt, dass der Ursprung des Diakonenamtes nicht in Ag 6 zu finden ist Der Diakonos ist nicht nur Diener seiner Gemeinde, sondern auch seines Bischofes. H. W. Beyer, ibid., 90. Cf. M. Dibelius, Bischöfe und Diakonen in Philippi (1937). Das kirchliche Amt im Neuen Testament (WdF CDXXXIX), Darmstadt 1977, 413ss; E. Schweizer, Das Amt. Zum Amtsbegriff im Neuen Testament, in: Gemeinde und Gemeindeordnung im Neuen Testament (AThANT 35), Zürich 1955, 154-164: ÂAls allgemeine Bezeichnung dessen, was wir ÂAmt nennen, also des Dienstes Einzelner innerhalb der Gemeinde, gibt es mit wenigen Ausnahmen nur ein einziges Wort: ÂdiakoniaÂ, Diakonie. Das NT wählt also durchwegs und einheitlich ein Wort, das völlig unbiblisch und unreligiös ist und nirgends eine Assoziation mit einer besonderen Würde oder Stellung einschliesst. Im griechischen AT kommt das Wort nur einmal rein profan vor.  In der griechischen Sprachentwicklung ist die Grundbedeutung Âzu Tischen dienen auch zum umfassenden Begriff Âdienen ausgeweitet worden. Es bezeichnet fast durchwegs etwas Minderwertiges, kann aber im Hellenismus auch die Haltung des Weisen gegen Gott (nicht gegen den Mitmenschen) umschreiben.Â; K. H. Schelke, Dienste und Diener in den Kirchen der Neutestamentlichen Zeit, in: Concilium 5 (1969) 158-164; J. Brosch, Charismen und Amter in der Urkirche, Bonn 1951. Cf. B. Kötting, Ämt und Verfassung in der Alten Kirche. Ecclesia peregrinans, Das Gottesvolk unterwegs I (METh 54, 1), Münster 1988, 429; G. Schöllgen, Die Anfänge der Professionalisierung des Klerus und das kirchliche Amt in der Syrischen Didaskalie (JAC, Ergbd 26), Münster 1998, 93. [15] Cf. J. Colson, Ministre de Jésus-Christ ou le Sacerdoce de lÂÉvangile (ThH 4), Paris 1966, 191. [16] CÂest par Irénée de Lyon (AH 3,12,10) que les ÂSept la première fois sont nommés ÂdiacresÂ. [17] ÂDie Siebenzahl wohl nach Analogie der sieben Mitglieder, aus denen in den jüdischen Gemeinden meist der Ortsvorstand sich zusammensetzte. Dieser hiess deshalb geradezu Âdie Sieben einer Stadt oder Âdie Sieben Besten einer StadtÂ, während seine einzelnen Mitglieder ÂHirten oder ÂVorsteher gennant wurden. H. L. Strack -P. Billerbeck, Kommentar zum Neuen Testament aus Talmud und Midrasch, Bd. II, München 51969, 641. [18] E. Haenchen, Die Apostelgeschichte, Neu übersetzt und erklärt, 12. neubearb. Auflage, Kritisch-exegetischer Kommentar, Göttingen 1959, 228-222; E. Dassmann, Ämter und Dienste in den frühchristlichen Gemeinden (Hereditas 8), Bonn 1994, 232: ÂÜber die Entstehung des Diakonenamtes sind keine genauere Angaben bekannt, seitdem feststeht, dass Apg 6 nicht die Bestellung von Diakonen, sondern von Beauftragten für die griechisch sprechende Gruppe der Urgemeinde beschreibt. [19] Cf. Ac 8, 12.26-40 et 21, 8 où Philippe est nommé ÂévangélisteÂ: ÂRepartis le lendemain, nous avons gagné Césarée où nous sommes rendus à la maison de Philippe lÂévangéliste, un des Sept (Philippou tou euaggelistou, ontos ek ton eptai), et nous avons séjourné chez lui. [20] ÂNicolaitae autem magistrum quidem habent Nicolaum, unum ex VII qui primi ad diaconium ab apostolis ordinati sunt: qui indiscrete vivuntÂ. AH I, 23; Harvey I, 214. Hippolyte, Philosophumena VII 36; Tertullien, De praescriptione, 33. Au contraire, Clément dÂAlexandrie, Strom. II 118,3 et III 25,5-26,2. [21] Cf. Is 60,17 qui dans la Septante ne mentionne pas les ÂdiacresÂ; ce qui doit être une addition de Clément; cf. 1Clem. 42,1-5; SCh 167,173,168-171. [22] Cf. 40,1 et 41, 2-4. [23] J. Colson, Ministre de Jésus-Christ ou le Sacerdoce de lÂÉvangile, 228ss. [24] 1Clem 44,3; SCh 167, 172-173. [25] ÂVon den zwei erwähnten Ämtern, episkopoi und diakonoi, wurde das erste mit ÂEpiskopen wiedergegeben, um das sehr missverständliche ÂBischöfe zu vermeiden. Denn auf keinen Fall handelt es sich dabei um die Institution des Monepiskopats. H. E. Lona, Der erste Clemensbrief. Kommentar zu den Apostolischen Vätern, Göttingen 1998, 446. Cf. E. Dassmann, Ämter und Dienste in den frühchristlichen Gemeinden, 40. [26] J.-P. Audet, La Didachè. Instructions des Apôtres, Paris 1958, 241. [27] Ibid. 465. [28]  ÂCheirotonein heisst hier (natürlich) Âwählen und nicht ÂernennenÂ. Kommentar zu den Apostolischen Vätern, Die Didache, Göttingen 1989, 241. [29] Did. 14,1-3; 15,1. [30] Lettre aux Tralliens 3,1; SCh 10, 113. [31] Lettre aux Smyrniotes 8,1; SCh 10, 163. [32] Apol. 1,65,3-5. Saint Justin, Apologies. Introduction, texte critique, traduction, commentaire et index par A. Wartelle, Paris 1987, 188-191. [33] Strom. VII 1,3; GCS 17,6. [34] Comm. in Mat. 16,8; GCS 40,496. [35] Ibid. 16,22; 40,552. [36] Ibid. 16,22; 40,553. [37] Didascalia apostolorum, ed. by R. H. Connolly, Oxford 1969, 89. [38] Cf. A. Vilela, La condition collégiale des prêtres au IIIe siècle (ThH 14), Paris 1971. [39] SCh 11 bis, 66. [40] Ep. 3,3: ÂMeminisse autem diaconi debent quoniam apostolos id est episcopos et praepositos Dominus elegit, diaconos autem post ascensum Domini in caelos apostoli sibi constituerunt episcopatus sui et ecclesiae ministros. Quod si nos aliquid audere contra Deum possumus qui episcopos facit, possunt et contra nos audere diaconi a quibus fiunt. [41] Ep. 15,2; 16,3. [42] Ep. 34,1; Ep. 5,2. [43] Ep. 15,1; 43,1. [44] Ep. 52,1. [45] Const. apostoliques II 26,4.5.6; SCh 320, 239-241. [46] Ibid. 30,1-2; 249-251. [47] Ibid. 44,4; 285. [48] Const. apostoliques VIII 18,3; SCh 336, 221. [49] Sacramentarium Serapionis, in: Didascalia et Constitutiones Apostolorum, ed. F. X. Funk, vol. II: Testimonia et Scripturae propinquae, Paderbornae 1905, 188. La citation est reproduite dans la traduction latine de lÂéditeur. On trouve le même emploi du mot (constituat) dans le canon III (XXXIII) de Constitutiones Ecclesiae Egyptiacae, De diaconis, ibid. 103-104. [50] Sacramentarium Veronense, ed. L.C. Mohlberg, Roma 21966, 120-121. [51] Le Sacramentaire Grégorien I, ed. J. Deshuesses, Fribourg (Suisse) 1992, 96-97. [52] Jérôme, Ep. 146,1; PL 22,1192-95: ÂAudio quemdam in tantam erupisse vecordiam, ut diaconos, presbyteris, id est episcopis anteferret. Nam cum Apostolus perspicue doceat eosdem esse presbyteros, quos episcopos, quid patitur mensarum et viduarum minister, ut super eos se tumidus efferat, ad quorum preces Christi corpus sanguinisque conficitur? Id., Comm. in Ez. VI, cap. 17,5-6; PL 25; 183B: ÂQuod multos facere conspicimus, clientes et pauperes, et agricolas, ut taceam de militantium et iudicum violentia, qui opprimunt per potentiam, vel furta committunt, ut de multis parva pauperibus tribuant, et in suis sceleribus glorientur, publiceque diaconus, in Ecclesiis recitet offerentium nomina. Tantum offert illa, tantum ille pollicitus est, placentque sibi ad plausum populi, torquente eis conscientia. [53] De Trinitate 1,27; PG 28; 1157 B: Âepiskopos, presbyteros, diakonoi homoousioi eisinÂ. [54] Origène, Hom. in Jer. 11,3; Concilium Ancyranum can. 14. [55] Hom. 14,3 in Act.; PG 60, 116: ÂQuam ergo dignitatem habuerunt illi (sc. les diacres et les évêques) Atqui haec in Ecclesiis non erat; sed presbyterorum erat oeconomia. Atqui nullus adhuc episcopus erat, praeterquam apostoli tantum. Unde puto nec diaconorum nec presbyterorum tunc fuisse nomen admissum nec manifestum... [56] ÂEt cÂest à juste titre; car ce nÂest pas un homme, ni un ange, ni un archange, ni aucune autre puissance creée, mais le Paraclet lui-même qui a institué cet ordre en persuadant à des hommes qui sont encore dans la chair dÂimiter le service des anges. De sacerdotio III 4,1-8; SCh 272, 142. [57] ÂGraecum codicem legite, et diaconum invenietis. Quod enim interpretatus est latinus, Minister; graecus habet, Diaconus; quia vere diaconus graece, minister latine; quomodo martyr graece, testis latine; apostolus graece, missus latine. Sed iam consuevimus nominibus graecis uti pro latinis. Nam multi codices Evangeliorum sic habent: ÂUbi sum ego, illic et diaconus meusÂ. Sermo CCCXXIX, De Stephano martyre VI, cap. III; PL 38; 1441. [58] Tradition apostolique 10; SCh 11bis, 67. [59] Cf. Tertullien, A son épouse 1,7,4 ; SCh 273; Exhortation à la chasteté 13,4; SCh 319. [60] ÂCÂest au limes oriental de lÂEmpire romain que nous voyons enfin apparaître des diaconesses: le premier document qui les présente et qui en est en quelque sorte lÂacte de naissance, cÂest la Didascalie des Apôtres... connue que depuis la publication en 1854... de son texte syriaque... A.G. Martimort, Les diaconesses. Essai historique, Rome 1982, 31. [61] La collection la plus étendue de tous les témoignages sur ce ministère ecclésiastique accompagnée dÂune interprétation théologique est celle de Jean Pinius, De diaconissarum ordinatione, in: Acta Sanctorum, Sept. I, Anvers 1746, I-XXVII. La plupart des documents grecs et latins mentionnés par Pinius sont reproduits par J. Mayer, Monumenta de viduis diaconissis virginibusque tractantia, Bonn 1938. Cf. R. Gryson, Le ministère des femmes dans lÂÉglise ancienne (Recherches et synthèses), Gembloux 1972. [62] Norme reprise par les Constitutions apostoliques III 19,1. Sur les origines de la professionalisation du clergé, cf. G. Schöllgen, Die Anfänge der Professionalisierung des Klerus und das Kirchliche Amt in der Syrischen Didaskalie (JAC. Erg.-Bd. 26), Münster 1998. [63] Le compilateur est attentif aux nuances de vocabulaire. En CA II 11,3, il dit: Ânous ne permettons pas aux presbytres d'ordonner (cheirotonein) des diacres, des diaconesses, des lecteurs, des servants, des chantres ou des portiers, cela revient aux seuls évêquesÂ. Cependant il réserve le terme de cheirotonia à lÂordination de lÂévêque, du presbytre, du diacre et du sous-diacre (VIII 4-5; 16-17; 21). Il emploie lÂexpression verbe epitithenai tas (tèn) cheira(s) pour les diaconesses et le lecteur (VIII 16,2; 17,2). Il ne semble pas vouloir y mettre une différence de sens, car toutes ces impositions des mains sont accompagnées dÂune épiclèse du Saint-Esprit. Pour les confesseurs, les vierges, les veuves, les exorcistes, il précise quÂil nÂy a pas de cheirotonia (VIII 23-26). Le compilateur distingue par ailleurs entre cheirotonia et cheirothesia qui est un geste de simple bénédiction (cf. VIII 16,3 et VIII 28,2-3). La chirothésie peut être pratiquée par les prêtres, dans le rituel baptismal, la réintégration des pénitents ou la bénédiction des catéchumènes (cf. II 32,3; II 18,7; VII 39,4). [64] Cf. CA III 20,2; VIII 16,5; VIII 28, 4; VIII 46,10-11. [65] Le can. 19 de Nicée (325) pourrait être interprété non comme refusant lÂimposition des mains à toutes les diaconesses en général, mais comme la simple constatation que les diaconesses du parti de Paul de Samosate ne recevaient pas lÂimposition des mains, et Âétaient de toutes façons comptées parmi les laïcsÂ, et quÂil fallait aussi les réordonner après les avoir rebaptisées, comme les autres ministres de ce groupe dissident revenus à lÂEglise catholique. Cf. G. Alberigo, Les conciles oecuméniques, t. II,1 Les Décrets, Paris 1994, 54. [66] Les Constitutions apostoliques, VIII, 20, 1-2; SCh 336; Metzger, 221-223. [67] Epiphane, Panarion haer. 79,3,6, éd. K.Holl, GCS 37, 1933, p. 478. [68] Cf. G. Alberigo, Les conciles oecuméniques. Les Décrets, t. II/1, Paris 1994, 214. [69] Grégoire de Nysse, Vie de sainte Macrine 29,1; SCh 178; Maraval, 236-237. [70] Rituel dÂordination de diaconesse byzantine: Euchologe du manuscrit grec Barberini 336, in: Bibliothèque Vaticane, ff 169R-17/v. Cité par J.-M. Aubert, Des femmes diacres (Le Point Théologique 47), Paris 1987, 118-119. [71] Cf. can. 100 (Munier 99). De plus, il est expressément interdit aux femmes Âmême instruites et saintes dÂenseigner à des hommes, et de baptiser (cf. can. 37. 41; ibid. 86). [72] Concile de Nimes (394/6), can. 2. Cf. J. Gaudemet, conciles gaulois du IVe siècle (SCh 241), Paris 1977, 127-129. [73] Concile dÂOrange 1 (441), can. 26. [74] Cf. ed. H.I. Vogels, CSEL 81/3, Wien 1969, 268. [75] Concile dÂEpaone (517), can. 21 (C. de Clercq, Concilia Galliae 511-695, CCL 148A, 1963, p. 29). Les bénédictions diaconales à des femmes ont pu se multiplier, car le rituel ne prévoyait pas de bénédiction des veuves, comme le rappellera le IIe concile de Tours (567), can. 21 (ibid. 187). [76] Ibid. 101. [77] Cf. IIe concile de Tours, can. 20 (ibid. 184). [78] De nombreux commentateurs ont repris le modèle de lÂAmbrosiaster dans son Commentaire de 1Tm 3,11 (CSEL 81,3; G.L. Müller [Hg.], Der Empfänger des Weihesakraments. Quellen zur Lehre und Praxis der Kirche, nur Männern das Weihesakrament zu spenden, Würzburg 1999, 89): ÂMais les Cataphrygiens, saisissant cette occasion de tomber dans lÂerreur, soutiennent dans leur folle audace, sous prétexte que Paul sÂadresse aux femmes après les diacres, quÂil faut ordonner aussi des diaconesses. Ils savent pourtant que les apôtres ont choisi sept diacres (cf. Ac 6,1-6); serait-ce quÂaucune femme ne fut trouvée apte à ce moment-là, alors quÂau milieu des onze apôtres nous lisons quÂil y avait de saintes femmes (cf. Ac 1,14)? (...) Alors que celui-ci prescrit à la femme de garder le silence dans lÂéglise (cf. 1Co 14,34-35). Voir aussi Jean Chrysostome, In I. Tm hom. 11; PG 62, 555; Epiphane, Haer. 79,3 (G.L. Müller, Quellen, 88); Concile dÂOrange (G.L. Müller, Quellen, 98); Concile de Dovin (Arménie, 527): ÂFeminis non licet ministeria diaconissae praestare nisi ministerium baptismi (G.L. Müller, Quellen, 105); Isidore de Seville, De eccl. off. II, 18, 11 (G.L. Müller, Quellen, 109). Decretum Gratiani, can. 15 (G.L. Müller, Quellen, 115); Magister Rufinus, Summa Decretorum, can. 27, q. 1 (G.L. Müller, Quellen, 320); Robert de Yorkshire, Liber poenitentialis, q. 6, 42 (G.L. Müller, Quellen, 322); Thomas dÂAquin, In I. Tm III,11 (G.L. Müller, Quellen, 333); etc.. [79] Cf. P. Vanzan, Le diaconat permanent féminin. Ombres et lumières, in: Documentation catholique 2203 (1999) 440-446. LÂauteur évoque les discussions qui ont eu lieu entre R. Gryson, A.G. Martimort, C. Vagaggini, C. Marucci. Cf. L. Scheffczyk (Hg.), Diakonat und Diakonissen, St. Ottilien 2002, en particulier M. Hauke, Die Geschichte der Diakonissen. Nachwort und Literaturnachtrag zur Neuauflage des Standardwerkes von Martimort über die Diakonissen, p. 321-376.
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