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COMMISSION THÉOLOGIQUE INTERNATIONALE

MESSAGE AU CARDINAL LUIGI DADAGLIO,
PRÉSIDENT DU COMITÉ CENTRAL POUR L'ANNÉE MARIALE
*

(1987)

Cette année, l’Église, à l’invitation du Saint-Père Jean-Paul II, fête spécialement la Mère de Dieu, ce qui offre à la Commission théologique internationale l’occasion de proposer une brève réflexion sur le rôle de la Vierge Marie dans le mystère du Christ et de l’Église.

C’est à Marie que nous devons la naissance du Christ rédempteur. Certes, Marie elle-même est une œuvre de la grâce divine : elle n’a jamais voulu se comprendre autrement que comme la servante humble et accueillante de l’action de Dieu. Tout ce qu’elle est et tout ce qu’elle est appelée à faire, elle sait bien qu’elle le doit à Dieu, non seulement sa fécondité humaine mais la capacité bien plus haute de pouvoir acquiescer au dessein de Dieu avec tout son être féminin, simultanément virginal et maternel, jamais atteint par le péché. L’homme, dit saint Paul, « vient par la femme », le Christ par Marie, mais « tout vient de Dieu » (cf. 1 Co 11, 12).

Le « oui » de Marie est l’acte de foi le plus pur qui ait pu être posé, et il fallait cette foi inconditionnelle pour que le Verbe devienne chair, le Fils de Dieu Fils de l’homme. Marie fait preuve de sa foi non seulement au moment où l’Esprit-Saint la rend féconde mais durant toute son existence : lorsqu’elle ne comprend pas pourquoi Jésus reste au Temple, lorsqu’il s’en va fonder sa nouvelle famille - « Bienheureux plutôt ceux qui entendent la Parole et la gardent » (Lc 11, 28) -, lorsque, sur la Croix, il la donne pour Mère à Jean, à l’Église et, finalement, à tous ceux pour lesquels il se livre à la mort. Elle est tellement Mère qu’elle ne peut être comprise en dehors de sa maternité. Et tout ce qui lui est accordé, elle l’accepte et l’accomplit dans la simplicité de son obéissance. Rien n’est plus fécond que son consentement : « Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole. » (Lc 1, 38).

L’Apocalypse nous la montre dans l’image de la Femme entre ciel et terre. Elle gémit dans les douleurs de son enfantement, car elle synthétise toute la foi d’Israël et, secrètement, le désir de l’humanité entière attendant sa délivrance. Elle gémit aussi en tant que Mère de tous les frères et sœurs de Jésus, c’est-à-dire de tous les membres de son Corps mystique, particulièrement des pauvres et des ‘ persécutés à cause de l’Évangile, car elle est à la fois la Mère de l’Église et sa plus pure réalité (cf. LG, 65) : l’Église immaculée elle-même (cf. Ep 5, 27).

Elle est la Fille de Sion qui, comblée de grâces ineffables, tressaille de joie en Dieu son Sauveur, dans son chant, le Magnificat (cf. So 3, 14 et s. ; Lc 1, 46-55) : toutes les générations se réjouiront avec elle et à cause d’elle. Cette joie devra passer par toutes les douleurs de la Passion de son Fils, mais l’Assomption sera le reflet définitif de la gloire du Christ sur sa Mère.

Dans sa foi totale, n’a-t-elle pas éprouvé tous les épanouissements de sa féminité virginale et maternelle, les plus hauts sommets de la joie aussi bien que les abîmes de la souffrance ?

Elle est la plus humaine des femmes et en même temps la plus pleine de grâce divine.

Qu’elle intercède pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort, afin que nous puissions partager la joie de la résurrection !

La Commission théologique internationale.

Philippe DELHAYE

secrétaire

* Texte original français dans L’Osservatore Romano du 24 décembre 1987.

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