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DISCOURS DE S.Exc. Mgr  ANTONIO MARIA VEGLIÒ
LORS DE LA RENCONTRE PROMUE PAR
LA COMMISSION
ÉPISCOPALE POUR LE SERVICE DE LA CHARITÉ

Aïn-Saadé (Liban)
 17-19 avril 2008

 

 

Je suis particulièrement heureux de me retrouver au Liban, où j’ai passé trois ans et demi de ma vie. En rentrant dans le pays, le souvenir de tant d’amitiés et de rencontres me revient à l’esprit.

Il est sûr: ces années-là étaient pleines d’espérance. Le Liban venait de sortir d’une longue guerre civile et tous s’apprêtaient à reconstruire le pays. Tel était aussi le climat qui dominait en l’an 2000 la grande rencontre entre les Eglises Catholiques Orientales et les Agences d’aide catholiques internationales à laquelle j’ai assisté en tant que Nonce Apostolique.

Aujourd’hui, hélas, le Liban sombre, il semble, de nouveau dans une crise profonde qui ronge les fondements de la société et qui menace le vivre-ensemble pacifique des différents groupes qui constitue la particularité et la richesse humaine de ce pays.

Vous tous, vous savez bien que le Saint Père, Benoît XVI suit avec inquiétude les tensions qui persistent dans ce pays et qu’il ne cesse d’appeler, je cite: « les citoyens de cette Nation à travailler avec persévérance en faveur de la réconciliation, d'un dialogue vraiment sincère, de la coexistence pacifique et du bien d'une patrie profondément ressentie comme une patrie commune » (Angelus du 17 février 2008).

C’est une des raisons pourquoi j’ai voulu participer personnellement à ce Séminaire: pour vous assurer de notre amitié et de notre souci pour vous, pour vous encourager à continuer à investir vos vies dans la construction de l’Eglise du Christ au service de la paix et de la réconciliation dans ce pays. En effet, la tentation majeure pour qui vit aujourd’hui au Liban consiste certainement dans le découragement et la perte de l’espoir, ouvrant la porte à la paralysie ou à l’émigration. Mais le Seigneur Jésus appelle chacun de nous à nous investir pour le bien de ce pays en annonçant l’Evangile de la paix, en vivant de notre propre personne la réconciliation et la fraternité vis-à-vis de tous. Plus que jamais ce pays a besoin de la présence forte et évangélique des chrétiens.

C’est pourquoi je voudrais suggérer de renforcer avant tout le travail de l’annonce de l’Evangile lui-même. Le Moyen-Orient, tout comme l’Europe d’ailleurs, a besoin de chrétiens trempés dans l’esprit de l’Evangile, des chrétiens priants qui mettent leur espérance non pas dans les forces des armes, mais dans la force de l’amour, du pardon et de la réconciliation qui nous parviennent de Dieu. Ce que les fidèles doivent recevoir avant tout de la part de leurs pasteurs, c’est l’annonce de la Parole de Dieu, l’invitation à prier, l’encouragement à vivre selon l’esprit de l’Evangile dans les circonstances variées de la vie et de la société. Ce que la société doit recevoir tout d’abord de la part des Communautés chrétiennes, c’est le témoignage d’un peuple doux et généreux qui cherche la paix et qui étend ses mains vers tous ceux qui sont pauvres ou dans le besoin.

Demandons nous donc en ces jours-ci ce que nous voulons offrir à nos chrétiens et à tout le peuple libanais. J’ai le sentiment que l’urgence du moment ne consiste pas tant dans la construction de nouvelles écoles ou instituts, mais de venir en aide aux nombreux libanais, chrétiens et autres, appauvris par la lourde crise économique, afin qu’ils puissent nourrir et éduquer convenablement leurs enfants, payer leur contribution scolaire, soutenir leurs personnes âgées ou handicapées.

Les circonstances actuelles demandent certainement aussi une solidarité majeure à l’intérieure de chaque Eglise et entre les diverses Eglises présentes dans le pays. Si les chrétiens ne réussissent pas à vivre la solidarité entre eux, comment pourra-t-on espérer de construire un état libanais basé sur la solidarité entre tous? D’ailleurs, sans une solidarité parmi les chrétiens, comment pourra-t-on espérer qu'ils puissent continuer à marquer la vie de ce pays ?

Ayons toujours présent à l’esprit que les dons qui nous parviennent d’autres communautés chrétiennes dans le monde sont en réalité l’obole de la pauvre veuve: tant de chrétiens simples qui donnent leur petite contribution parce qu’ils croient que l’Eglise est l’arche par laquelle Dieu sauve le monde. Il faut recevoir leurs dons avec gratitude, mais aussi avec une crainte sainte : celle de ne pas rendre stérile ce qui a été donné avec foi et générosité.

Enfin, malgré toutes les difficultés dans lesquelles le Liban vit aujourd’hui, on n’est jamais si pauvre qu’on ne pourrait pas aider des autres qui sont dans le besoin. Ne cessons donc pas d’appeler nos fidèles à vivre la solidarité avec d’autres chrétiens dans le monde en leur invitant à donner leur obole pour l’œuvre de Dieu.

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