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L’EUCHARISTIE DON DE DIEU POUR LA VIE DU MONDE

Catéchèse donnée par le Cardinal Jorge Mario Bergoglio
À l’occasion du Congrès eucharistique international de Québec, Canada

18 juin 2008

 

Introduction

Le Seigneur proclame : « Je suis l’Eucharistie, don de Dieu pour la vie du monde ». Ce thème de ce 49e Congrès international vient de l’évangile de Jean où le Seigneur proclame qu’Il est le pain vivant descendu du ciel. « Le pain que je vous donne c’est ma chair pour la vie du monde. »

L’Eucharistie don de Dieu est le thème central de l’exhortation apostolique Sacramentum caritatis de Benoît XVI. Dans la première partie de l’encyclique, le pape nous exhorte à l’adoration de l’Eucharistie comme don gratuit de la très sainte Trinité pour la vie du monde. Et à la fin, dans la troisième partie, l’Eucharistie se partage. Il nous exhorte à nous faire Eucharistie pour tous, comme le Seigneur. La vocation de chacun de nous, c’est d’être pain partagé pour la vie du monde, à l’exemple de Jésus. Dans la première partie de exhortation apostolique, l’Eucharistie est présentée comme don et dans la troisième partie elle est mission. Don de vie qui se reçoit et don de vie qui se donne aux autres. Tel est le désir de Jésus Christ : que le peuple ait la vie en Lui. C’est ainsi également que Jésus est présenté au coeur du document d’Aparecida, avec sa tonalité de louange, d’adoration et de ferveur missionnaire. La vie est don de Dieu et partage.

Au numéro 354 du document d’Aparecida, il est dit : «L’Eucharistie est le centre vital du monde apte à combler la faim de vie et de bonheur .Celui qui mange ma chair et boit mon sang dans cet heureux banquet participe à la vie éternelle et ainsi notre existence quotidienne se convertit en une messe prolongée ». Entre le don, première partie de l’encyclique, et la mission, troisième partie, l’Église est le motif central de la présente catéchèse d’aujourd’hui: l’Eucharistie et l’Église mystère de l’alliance.

Pour la présentation de cette catéchèse, je vous propose trois étapes, à la manière d’une lectio divina. La première partie consiste en une brève méditation sur l’alliance. Je considère cela comme une clef pour mieux comprendre le thème d’aujourd’hui. La seconde partie sera une synthèse contemplative au cours de laquelle nous pourrons goûter et admirer quelques représentations de la Vierge, comme femme eucharistique. La troisième partie vise à dégager quelques conclusions pastorales qui nous aideront personnellement dans notre vie ecclésiale.

 

La dimension ecclésiale et nuptiale de l’Eucharistie

L’Eucharistie et l’Église sont mystères d’alliance. Avec le mot alliance, on veut mettre en relief la dimension ecclésiale et nuptiale du don de l’Eucharistie, don par lequel le Seigneur veut se donner à tous les humains. L’Eucharistie est pain vivant donné pour la vie du monde et sang versé pour le pardon des péchés de tous les humains. Tenant compte dans notre coeur de la gratuité du don et son dynamisme missionnaire universel, nous nous situons dans le dynamisme de l’alliance. Cette alliance que personne ne peut rompre. « Qui pourrait nous séparer de l’amour du Christ ?» (Rom. 8,35) dit S. Paul.

 

Une alliance nouvelle

La première chose que nous percevons de l’Eucharistie est qu’il s’agit d’une alliance nouvelle et éternelle, comme dit le Seigneur à la dernière Cène. La liturgie l’exprime très bien dans la prière eucharistique sur la réconciliation. « Souvent, nous les humains avons rompu ton alliance, mais Toi, au lieu de nous abandonner, tu as par Jésus Christ notre Seigneur donné un pardon si solide que rien ne pourra le rompre ». Ce désir ardent d’une alliance que rien ni personne ne pourra rompre, le Seigneur l’a pétri, au cours des siècles dans le coeur d’Israël. Jésus comble et perfectionne ce désir au point de ne laisser aucun espace pour une rupture quelconque. En vue de consolider cette alliance, l’institution se fait avant la passion. C’est un aspect que j’aimerais souligner. Ce rôle de l’alliance avant la passion est essentiel. À devancer son don suprême dans la dernière Cène, le Seigneur transforme ce moment où l’alliance aurait pu être rompue, à cause de la trahison de Judas, en un kairos de temps et d’espace de sainteté, où cette alliance nouvelle se vit pour toujours. Dans ce cadre d’alliance, je désire me référer à cette anticipation eucharistique à l’intérieur de la Passion.

 

Une anticipation eucharistique

En méditant ce mystère, je relève certaines intuitions de Jean-Paul II qui nous aident à voir l’importance de cette anticipation eucharistique. Le pape dit que le vif désir de Jésus est de susciter l’étonnement de l’institution eucharistique. Je fais une parenthèse. La préparation à la célébration ou à la participation de l’Eucharistie doit aller dans ce sens: préparer son coeur en vue de l’étonnement eucharistique.

Que le Seigneur ait institué l’Eucharistie avant sa Passion, c’est là le motif principal de cet étonnement. Je me réfère à un passage de l’encyclique Ecclesia de Eucharistia: «L'Église naît du mystère pascal. C'est précisément pour cela que l'Eucharistie, sacrement par excellence du mystère pascal, a sa place au centre de la vie ecclésiale. On le voit bien dès les premières images de l'Église que nous donnent les Actes des Apôtres: "Ils étaient fidèles à écouter l'enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières" (2, 42). L'Eucharistie est évoquée dans la "fraction du pain". Deux mille ans plus tard, nous continuons à réaliser cette image primitive de l'Église. Et tandis que nous le faisons dans la célébration de l'Eucharistie, les yeux de l'âme se reportent au Triduum pascal, à ce qui se passa le soir du Jeudi saint, pendant la dernière Cène, et après elle. En effet, l'institution de l'Eucharistie anticipait sacramentellement les événements qui devaient se réaliser peu après, à partir de l'agonie à Gethsémani. Nous revoyons Jésus qui sort du Cénacle, qui descend avec ses disciples pour traverser le torrent du Cédron et aller au Jardin des Oliviers. Dans ce Jardin, il y a encore aujourd'hui quelques oliviers très anciens. Peut-être ont-ils été témoins de ce qui advint sous leur ombre ce soir-là, lorsque le Christ en prière ressentit une angoisse mortelle et que "sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient jusqu'à terre" (Lc 22, 44). Son sang, qu'il avait donné à l'Église peu auparavant comme boisson de salut dans le Sacrement de l'Eucharistie,commençait à être versé.Son effusion devait s'achever sur le Golgotha, devenant l'instrument de notre rédemption» (n. 3).

Misterium fidei. Lorsque le prêtre prononce ou chante ces paroles, les fidèles proclament: «Nous annonçons ta mort, nous proclamons ta résurrection, viens, Seigneur Jésus ». Se référant au Christ, dans le mystère de sa Passion, nous rappelons aussi le propre mystère ecclésial. Le pape énonce, par la suite, les caractéristiques qui font de l’Eucharistie le noyau le plus intime de la vie chrétienne comme don et mission de l’Église. Cela constitue la première et la troisième partie de l’encyclique. Si l’Église naît et chemine pour la vie du monde, le moment le plus important de sa fonction, c’est bien celui de l’institution de l’Eucharistie. Son fondement se réfère à la totalité du triduum pascal. Ici, tout est contenu et concentré dans l’Eucharistie.

Jésus Christ a confié à l’Église l’actualisation permanente du mystère pascal. Par ce don, il a institué une mystérieuse contemporanéité entre le triduum pascal et la vie ecclésiale, tout au cours des siècles. Chaque fois que nous célébrons le saint mystère, les sources de l’Église sont anticipées et concentrées dans l’Eucharistie. C’est à travers ce don que le Seigneur institue cette mystérieuse contemporanéité entre lui et le passage des siècles. L’encyclique nous invite à nous étonner et à nous émerveiller de la capacité rédemptrice et toute la vie du monde est concentrée dans cet évènement.

 

Contenu-anticipation- concentration

En prenant les mots mêmes de Jean-Paul II: espace et temps, contenu, anticipation et concentration, on remarque que le pape est très original dans sa formulation dense et synthétique. Comment se l’approprier sans lui enlever sa force intrinsèque.

Il me semble que l’aborder sur un plan pédagogique nous aiderait à comprendre. Quelle valeur pédagogique présente cette conclusion : anticipation et concentration du triduum pascal dans le don de l’Eucharistie ? Il me semble que l’intention du Seigneur nous oriente vers la disposition et la préparation du récipiendaire du don, c’est-à-dire le coeur du disciple dans sa dimension personnelle et ecclésiale. En concentrant tout ce moment dans le don eucharistique, le Seigneur réussit à faire prendre conscience aux disciples qu’ils sont une partie prenante de ce grand sacrifice rédempteur. Le désir de l’alliance du Seigneur, son abandon, son don, sa mort sur la croix ne sont pas des faits isolés : ils visent plutôt à imprégner la mémoire des croyants avec le don eucharistique de la dernière Cène.

L’onction de Béthanie fut un moment important du Seigneur pour nous préparer à son don. Sans cette onction, nous aurions été placés devant un geste unilatéral de Dieu, sans qu’il y ait de récipients capables de recevoir le vin nouveau dans les vieilles outres. Le geste du don total du Seigneur sur la croix fut reçu dans les coeurs par ceux qui l’avaient déjà accueilli dans le don de l’Eucharistie.

Celle-ci concentre la Passion en lui donnant une propension et une dimension adéquate pour notre capacité de recevoir. C’est pour cela que toute la passion a pu être vue comme salvifique, parce qu’incluse dans la communion et l’amour sauveur manifesté par le Seigneur. C’est une irruption entre le petit et le grand, le quotidien et l’exceptionnel. Cet amour du Seigneur est mis à la disposition de notre foi en évitant que l’acte sauveur si extraordinaire nous échappe ou se dilue dans le très ordinaire.

Il y a une similarité profonde avec la formule du sacrement du mariage, où les époux se donnent mutuellement et se promettent fidélité dans tout ce qui adviendra dans la vie. De même que pour l’institution anticipée de l’Eucharistie, les époux anticipent leur amour et leurs difficultés face à ce qui leur adviendra par la suite. Je voudrais mettre l’accent sur cette anticipation eucharistique. C’est toute la Passion du Seigneur qui est anticipée et concentrée dans la dernière Cène et dans chaque célébration eucharistique. C’est ainsi je décris l’alliance eucharistique.

 

Images de Marie, femme eucharistique

Afin de bien voir le mystère de l’alliance, nous devons nous tourner vers l’image de Marie, nous mettre à l’école de Marie, femme eucharistique. Jean-Paul II dit: « Si nous voulons découvrir dans toute sa richesse le rapport intime qui unit l’Église et l’Eucharistie, nous ne pouvons pas oublier Marie, mère et modèle de l’Église » (Ecclesia de Eucharistia, 53). Si nous nous tournons vers l’image de Marie, nous voyons comment le mystère de l’alliance est rendu possible dans l’accueil du don de Dieu. Cela se fait dans l’Église universelle et dans chaque âme.

Respectons ici la règle des Pères, en y mettant quelques nuances : ce qu’on dit universellement de l’Église, on le dit aussi d’une façon toute particulière de Marie et individuellement de chaque âme fidèle. Dans la relation de Marie avec l’Eucharistie, il se dégage trois images qui nous révèlent les caractéristiques de l’alliance que nous avons déjà mentionnées et que nous pouvons appliquer analogiquement à l’Église universelle et à notre âme en particulier. L’alliance comme présence, comme confiance et comme espérance. C’est ce que nous voyons en Marie.

 

L’alliance: mystère de compagnie

Dans la première image eucharistique de Marie, la Vierge nous est montrée comme incluse dans l’Église. Ici, nous utilisons la même catégorie, soit Marie incluse dans l’Église et mystérieusement présente avec toute sa petitesse. Le pape souligne la participation de Marie dans l’Eucharistie. Le mystère d’alliance entre Dieu et les hommes est un mystère de compagnie. C’est Marie qui accompagne l’Église dans la première Eucharistie, comme le souligne la préface de la messe de Marie, mère de l’Église.

Là, est vraiment condensé ce mystère de la présence qui accompagne. L’alliance est le mystère de présence partagée. Le pain et le vin partagés à la table de famille sont un mystère de proximité continue. Dans ce monde de post-modernité, où la fragmentation règne, le temps est venu de se tourner vers un véritable sacrement de proximité. Cette compagnie est le propre de la pédagogie du Seigneur qui va transformer chaque personne, comme il l’a fait avec les disciples d’Emmaüs qu’il a accompagnés sur le chemin ou encore comme modèle de proximité, ainsi que le relate la parabole du bon Samaritain.

 

L’alliance comme confiance

Ce que nous voyons en Marie comme figure de l’alliance nous introduit à l’alliance comme confiance. Dans la seconde image caractéristique, Marie est vue comme une épouse qui met toute sa confiance en son époux. Jean-Paul II met en relief cette attitude eucharistique intérieure avec laquelle Marie vit toute sa vie comme un abandon à la Parole. Elle concentre en elle tout ce qui concerne le respect de la Parole.

L’abandon ne signifie pas un laisser-faire pour celui qui se dispose à recevoir et à vivre pleinement le don de l’Eucharistie comme mémorial de la mort du Christ. Il s’agit plutôt de demeurer toujours en état de réceptivité. Cette attitude signifie : prendre toujours chez nous, à l’exemple de Jean, celle qui nous est donnée comme mère. Voyons-là une invitation à nous conformer au Christ en nous mettant à l’école de sa mère, en nous laissant accompagner par elle. La confiance totale, l’obéissance de la foi font en sorte que le coeur de Marie est le réceptacle parfait pour que la Parole s’incarne et se transforme pleinement. C’est l’alliance comme présence, c’est l’alliance comme confiance et enfin l’alliance comme espérance.

 

L’alliance comme espérance

Ces images de Marie nous montrent ce que signifie vivre en anticipation de ce que peut-être une promesse. Le pape Jean-Paul II écrit ceci : « Se préparant jour après jour au Calvaire, Marie vit une sorte d’Eucharistie anticipée dans une communion spirituelle de désir et d’offrande dont l’accomplissement se réalisera par et dans son Fils. Par le désir d’offrande nous nous convertissons comme Marie en devenant des récipients disponibles pour que la parole s’incarne dans nos vies ». Marie se présente comme modèle de l’alliance entre le Seigneur et son épouse l’Église, entre Dieu et les hommes. Marie est modèle d’alliance comme présence d’amour, abandon confiant et fécond, remplie d’espérance.

Ces trois traits de Marie correspondent à trois catégories : initiée, anticipée, consacrée. Jean-Paul II nous montre comment le Magnificat est le programme complet de cette école mariale. Ici nous voyons la Bonne Nouvelle vécue comme chant de glorification. De même que Marie anticipe, par sa présence prophétique, l’action de Dieu, ainsi l’Eucharistie anticipe la création de la nouvelle histoire. Ce que l’Eucharistie réalise dans son aspect sacramentel, Marie le chante dans le Magnificat. Et lorsque l’Église reprend son chant, nous en elle, nous devenons des contemporains de Notre-Dame et nous vivons de sa spiritualité.

 

Des conséquences personnelles

Je voudrais vous proposer quelques conséquences personnelles, avant de mentionner quelques conséquences ecclésiales. Ici, je parle de catéchèses qu’on peut enseigner. Invitation est faite à décortiquer un peu le mystère, mais aussi invitation à établir des plans d’action pour notre vie personnelle.

Au cours de cette présente catéchèse, où nous avons contemplé le mystère de l’alliance en Marie, les richesses de l’Eucharistie et de l’Église nous sont révélées. En notre Mère, tout devient concret, tout devient possible. A son école, Dieu emprunte le visage maternel plein d’amour pour venir à nous.

Une conclusion pour la vie spirituelle de chacun et de chacune serait de choisir ce qui nous plaît le plus, selon St Ignace de Loyola dans ses Exercices spirituels. Unir l’Eucharistie sacramentelle et Marie. Nous pouvons demander la grâce que l’Eucharistie se fasse chair en nous, comme Marie qui a reçu le Verbe en elle. Enfin, recevoir l’Eucharistie en mettant les mains comme une crèche, en reconnaissant que c’est Notre-Dame qui nous le confie. Lors de la communion, dans le silence, demander la grâce de chanter le Magnificat avec Marie et d’anticiper dans l’Eucharistie tout ce que sera notre journée, notre semaine, avec ses joies et ses peines, en union avec le Père et le Verbe. La grâce de croire avec amour pour accorder notre vie à l’image de ce que nous recevons.

 

Des conséquences ecclésiales

Je pense qu’il serait bon de tirer quelques conclusions, à la lumière de la richesse de tout ce que nous venons de dire et qui peut nous aider dans notre vie ecclésiale. L’amour et l’admiration que nous ressentons tous spontanément pour la Vierge et l’Eucharistie, nous devons les cultiver dans notre Église. Rappelons-nous que l’analogie concernant Marie s’applique à l’Église et à chacun de nous. Marie et l’Église sont transformées par celui qui a voulu les habiter.

Marie et l’Église sont les premières outres nouvelles qui rendent présent Jésus-Christ. En fait, Marie devient image eucharistique quand le Verbe descend en elle. Par son incarnation en Marie, Jésus transforme éminemment sa mère dans la réalité la plus élevée et d’une façon anticipée par le privilège de l’Immaculée conception. L’Église reconnaît cette alliance que le Seigneur a voulu faire avec Marie. C’est pourquoi, lorsque le chrétien regarde l’Église, il la veut toute simple et pure comme Marie. Il voit l’Église comme le corps du Christ, comme le récipient qui garde totalement le dépôt donné. Comme l’épouse fidèle, le chrétien communie pleinement à ce que le Christ lui demande, à savoir de grandir chaque jour dans la contemplation de notre sainte mère l’Église.

Les sacrements de l’Église nous font communier pleinement à la vie que le Seigneur est venu nous apporter. Même si ses enfants brisent et rompent cette alliance sur le plan individuel, l’Église par le baptême et le sacrement de réconciliation fait en sorte que cette alliance puisse se retrouver.

Le chrétien perçoit l’Église comme catholique dans tout son sens : universalité, plénitude, lieu de réconciliation, communauté d’alliance. Il est normal qu’on puisse jeter d’autres regards pour améliorer quelques aspects particuliers comme la vie culturelle de l’Église. Mais tous ces efforts faits pour améliorer certains aspects doivent être marqués par un amour très grand de l’Église. C’est précisément cet esprit d’alliance qui est notre part, comme dans un bon mariage, en autant que l’amour humain a été initié et sanctifié dans le Christ.

L’Église est appelée à vivre une pleine participation à l’incarnation, à la vie, à la passion, à la mort et à la résurrection de son Seigneur. C’est l’Église de Marie dans son universalité concrète.

Le Verbe éternel s’est fait chair et sa Parole est entrée pour toujours dans notre histoire. Nous avons besoin de mieux goûter les exemples d’alliance de l’Église et de Marie pour nous transformer nous-mêmes en bonne nouvelle. Pour contempler l’alliance de Dieu avec l’humanité, une alliance qui vient de l’Ancien Testament,une alliance qui s’applique à tous les hommes de bonne volonté, nous avons à regarder Marie qui se présente comme le réceptacle sanctifié et sanctifiant de Dieu pour la vie du monde.

Nous référant au concile Vatican II, l’Église de Marie célébrant l’Eucharistie, reçoit de son Époux le pain de vie et reçoit aussi la mission de le distribuer à tous et à toutes pour la vie du monde. L’alliance étroite Marie Église est sanctifiée dans la foi et la charité par son Seigneur qui la veut sainte et immaculée. Je termine en disant que la sainteté de l’Église n’est pas une question de privilège personnel ou social, c’est une question de service. Je m’explique. Le monde a l’impression que l’Église défend toujours son pouvoir. Il peut arriver que dans des cas personnels ce soit réel, mais en général, ce n’est pas le cas. En défendant son identité, son infaillibilité, l’Église défend le lieu par où passe le don de la vie au monde, le don de la vie du monde à Dieu. Ce que défend l’Église, lorsqu’elle défend son intégrité, c’est sa propre identité. Ce don, dont l’expression la plus belle est l’Eucharistie, ce n’est pas un don parmi d’autres, c’est plutôt le don total le plus intime de la Trinité qui est donnée pour la vie du monde; un don assumé par le Fils qui s’offre au Père.

Comme dit Balthasar « L’acte du don par lequel le Père tourné vers le Fils dans l’espace et le temps de la création est l’ouverture définitive de l’acte trinitaire où les personnes sont des fluidités amoureuses ». L’immensité sans retour du don qui est transmis, oblige le Seigneur à sanctifier l’Église comme il l’a fait avec sa mère. Ce don est définitivement scellé, afin d’être transmis et reçu pour la vie du monde. Ce mystère de l’alliance, qui fait sainte son Église, est un mystère de service et de vie. En défendant son intégrité, l’Église défend la fidélité de l’alliance, le service et la vie. Nous ne devons jamais cesser de nous émerveiller de cette ouverture de la vie trinitaire qui se donne, non pas pour quelques-uns seulement, mais bien pour la vie du monde.

Dieu veut que son don soit total et pour tous. En s’unissant au Christ, au lieu de se fermer sur soi ce peuple de la nouvelle alliance se transforme en sacrement. Nous sommes sacrement pour l’humanité. Nous sommes signes et instruments de salut dans l’oeuvre du Christ lumière du monde, sel de la terre pour la rédemption de tous. La mission de l’Église continue celle du Christ. « Comme le Père m’a envoyé, je vous envoie ». L’Église reçoit la force spirituelle nécessaire pour accomplir sa mission perpétuelle dans l’Eucharistie liée au sacrifice de la croix.

Présence, sacrifice et communion, l’Eucharistie est la source et le sommet de toute évangélisation, puisque son objectif est la communion des hommes avec le Christ, en lui, avec le Père et avec l’Esprit Saint.

  

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