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S.Em. Cardinal Robert Sarah                      
Président,                                                                                            30
mai 2014
Conseil Pontifical Cor Unum 

Salut à l’occasion de la rencontre avec les organismes catholiques d’aide
œuvrant dans le contexte de la crise en Syrie

(Rome, le 30 mai 2014)


Eminence,
Excellences,
Chers Amis,

J’aimerais saluer très cordialement chacun de vous ici présents et vous dire ma joie de vous retrouver et de partager avec vous ces moments de réflexion. Avant tout laissez-moi vous exprimer ma reconnaissance pour le travail immense et souvent difficile et périlleux que vos organismes caritatifs ont accompli jusqu’à présent en faveur des victimes de la guerre en Syrie. En empruntant les paroles de l’apôtre Paul à la communauté de Colosses, moi aussi : «  Je rends grâce à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, en priant pour vous à tout moment. Nous avons entendu parler de votre foi dans le Christ Jésus et de l’amour que vous avez pour tous les fidèles »1 .

Paul s’adresse à cette petite Eglise de Colosses en remerciant Dieu pour le témoignage de foi qu’elle donne et pour celui de la charité prodiguée en faveur de tous les fidèles se trouvant dans la nécessité, sans distinction aucune. Les projets, l’engagement que nous poursuivons, notre dévouement, notre labeur, nos fatigues et nos peines veulent avant tout témoigner d’une attention spéciale à la personne et être des signes de l’amour de Dieu pour tout homme, en particulier pour toutes les victimes innocentes de cette guerre barbare et qui ne semble pas entrevoir la fin.

Je désire également vous remercier au nom du Saint-Père qui, comme vous le savez, reste très attentif aux conflits et aux souffrances endurées par toutes ces victimes de la guerre en Syrie. Son récent voyage en Terre Sainte a été l’occasion de souligner à nouveau la nécessité d’une solution pacifique à la crise syrienne en invitant chacun à œuvrer en faveur d’une paix durable dans toute la région moyen-orientale. Le Pape François a également exprimé combien le sort des communautés chrétiennes prises dans la tourmente de cette guerre était une préoccupation constante pour le Saint-Siège. Effectivement la Secrétairerie d’Etat suit avec une grande attention l’évolution du conflit, en déplorant toutes les situations inhumaines dans lesquelles se trouvent aujourd’hui des millions et des millions de femmes, d’enfants et de vieillards sans maison, sans nourriture et dans l’insécurité totale. La réunion que nous allons tenir est très importante pour le Saint Siège. C’est pourquoi nous serons reçus, plus tard dans la journée, par le Saint-Père. Nous remercions de façon particulière Son Eminence le Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat, dont la présence honore grandement cette Assemblée. Il nous partagera le point de vue et la position du Saint-Siège face à ce conflit, ainsi que toute l’action diplomatique entreprise par l’Eglise en vue d’arrêter la guerre et promouvoir le dialogue, la paix et la réconciliation. Je le remercie dès à présent pour sa présence et son intervention.

Dès le début de la guerre en Syrie, Cor Unum s’est engagé à réunir régulièrement toutes les agences caritatives en vue d’organiser et de structurer de manière coordonnée et efficace l’action caritative et humanitaire en faveur des populations syriennes, à l’intérieur même de la Syrie et dans les pays limitrophes, afin que ce service de la charité soit un signe de communion entre toutes les Eglises et un témoignage chrétien pour tous.
Permettez-moi de revenir sur quelques dates :

En novembre 2012, à la demande expresse de Benoît XVI, qui voulait exprimer sa proximité paternelle et compatissante à ses frères du Moyen Orient, en tant que Président de Cor Unum, je me suis rendu à Beyrouth pour rencontrer les pasteurs et les fidèles des Eglises ainsi que les organismes caritatifs catholiques œuvrant en Syrie. Ces rencontres ont permis de poser les bases en vue d’établir et de consolider une nouvelle collaboration et une coordination plus effective et plus féconde.

En juin 2013, nous nous sommes réunis ici à Rome, à la demande du Pape François, pour donner une forme concrète et régulière à l’aide apportée et mettre en place une coordination mieux structurée et qui contribue à pacifier et à réconcilier les populations syriennes. Le Saint-Père nous a exhortés et nous a donné deux grandes orientations pour guider notre réflexion et soutenir notre engagement ;
* tout d’abord que l’œuvre des agences caritatives contribue à la pacification et à l’édification d’une société harmonieuse et ouverte à toutes ses composantes et
* que l’action caritative soit ponctuelle et coordonnée exprimant ainsi la communion qui est le cœur du témoignage chrétien2.
Concernant ce dernier point les participants ont décidé, lors de la réunion de juin, de renforcer l’information régulière, précise et détaillée de tout ce qui se fait sur le plan caritatif, les moyens de nos actions et l’identification des acteurs. Ceci permettrait d’apprécier l’engagement de l’Eglise en faveur de la population syrienne en détresse. Il avait été également décidé de renforcer et de soutenir Caritas Syrie qui est l’organe officiel de l’Eglise locale. D’un commun accord, cette activité a été confiée à Caritas MONA dont la mission est de rassembler et redistribuer les informations qui ont été recueillies en Syrie et dans les pays limitrophes. Celles-ci permettent une analyse plus exacte et plus détaillée des situations réelles et des besoins nécessaires sur place.

Enfin le 6 décembre 2013, j’ai rencontré, à Beyrouth, tous les Evêques syriens pour expliquer, encourager et fortifier le rôle non seulement des Evêques eux-mêmes, mais aussi celui de l’Eglise locale et de Caritas Syrie et redéfinir l’essence d’une pastorale caritative en rappelant que chaque chrétien, chaque paroisse et chaque juridiction ecclésiastique doit devenir un acteur indispensable dans l’exercice de la charité. Tous doivent s’impliquer pour que personne ne manque du nécessaire pour vivre. Il faut donc dépasser la vision d’une Caritas qui se contente de recevoir et de distribuer des dons venant de l’étranger. Chaque chrétien, quelle que soit sa pauvreté, est capable de donner et de se donner à autrui, pour lui apporter soutien et réconfort.


Quel est le sens de notre réunion ?

Avant tout, je tiens à souligner tout le travail positif qui a été accompli depuis notre dernière réunion, il y a un an. Soyez en remerciés de tout cœur. Je voudrais toutefois faire quelques remarques :

1.Tout d’abord il est extrêmement important de nous réunir régulièrement pour nous connaître, nous écouter, partager, et pour consolider et rendre plus fructueuse notre collaboration et notre coordination. Nous ne pouvons pas coopérer de façon efficace si nous ne nous connaissons pas. La coopération entre nous, une coopération réelle et concrète, et le fait de nous rendre proche les uns des autres, nous aideront aussi à être davantage proches de ceux qui souffrent. Nous touchons ici à la notion de proximité qui est essentielle dans le magistère du Pape François et qui caractérise la pastorale de la charité. En fait, c’est notre foi chrétienne qui nous fait estimer d’un grand prix la personne souffrante, le pauvre, pour lui être proche dans la détresse et lui redonner courage, espérance et joie de vivre. Ce critère me semble essentiel également dans le processus de pacification et de reconstruction du pays. Le Cardinal Parolin nous exposera plus largement et d’une manière plus compétente ce sujet. Toutefois j’aimerais souligner que la proximité de la charité, l’attention spéciale à la personne qui est dans le besoin dans le plein respect de sa diversité culturelle, ethnique et religieuse construit la paix et contribue au bien commun.

2. Cor Unum veut servir de liaison entre les organismes caritatifs ecclésiaux et les évêques en Syrie. Il est clair que différentes typologies d’organismes caritatifs sont présentes sur le terrain. Il y a des Caritas, et d’autres organismes caritatifs. Tous ne sont pas liés de la même façon à l’Evêque, mais tous vous travaillez en Eglise. Dans ce contexte la relation réciproque, dans une écoute mutuelle, entre Evêques et organismes caritatifs doit être fortement soulignée et encouragée. Elle manifeste de façon féconde la communion dans l’Eglise et le service à l’Eglise locale.

3. Il s’agit de trouver peut-être des formes de collaboration plus spécifiques et identifier les priorités. A ce sujet je voudrais me référer à l’intervention de Mgr Tomasi en janvier dernier, au cours de l’Assemblée de Genève 2, qui soulignait que le sort des réfugiés et des déplacés restait un gros souci. Ils sont effet des millions de personnes qui se trouvent en des situations de grande souffrance et de danger pour leur vie ; leur vie familiale a été bouleversée et cassée, de même que les structures éducatives et médicales ont été détruites ou rendues inutilisables.

Enfin il me semble qu’il faille prêter une attention préférentielle aux jeunes, de manière à ce que, à travers leur engagement et leur travail, ils puissent devenir les artisans de paix, de réconciliation et de reconstruction de la Syrie nouvelle.

4. Enfin comment faire pour sensibiliser nos propres pays face à ce conflit ?

Voilà rapidement les quelques réflexions que je voulais vous soumettre en ouverture de cette réunion en vous remerciant à nouveau de votre participation. Je confie à la Vierge Marie cette réunion, pour qu’elle nous permette de trouver des moyens d’intervention et des formes de collaborations qui soient toujours ecclésiales et qui manifestent la proximité et l’amour de Dieu pour tous les hommes.
 

Robert Cardinal Sarah
Conseil Pontifical Cor Unum

 

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1 Col 1,3
2 Cf Discours du Pape François aux organismes caritatifs catholiques oeuvrant dans le contexte de la crise en Syrie, 5 juin 2013



 

 
 

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