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PLENARIA '97


CULTURE CONTEMPORAINE ET ANNONCE DE LA FOI

Joseph DORÉ
Directeur du département «Recherche»
Institut Catholique de Paris

Ces quelques pages représentent ma réponse à la question posée par le Pontificium Consilium de Cultura, concernant les «secteurs culturels porteurs d'enjeux positifs ou négatifs pour l'annonce de l'Evangile» aujourd'hui. Il est clair que cette réponse est étroitement dépendante du «lieu» à partir duquel je la formule: une Université catholique d'Europe occidentale. Pour la présenter aussi brièvement et clairement que possible, je progresserai en trois étapes.

Tout d'abord seront rapidement signalés quelques-uns des «champs» majeurs (1) du savoir et de l'expérience dans la culture du présent. Je me concentrerai ensuite sur ce qui concerne proprement les «secteurs» de formation (2) dans l'Eglise et dans la société d'aujourd'hui. Pour terminer, j'attirerai l'attention sur quelques conditions (3) de l'annonce de la foi qui paraissent mériter plus particulière considération dans le contexte qui aura été esquissé aux deux points précédents. [On trouvera quelques indications complémentaires, surtout sur la première partie de ce texte, dans mon chapitre «La responsabilité et les tâches de la théologie» p. 343-430 in J. DORÉ (éd.) Introduction à l'étude de la théologie, t. II, Desclée 1992, surtout p. 404-417.]

1. Quelques «champs» importants du savoir et de l'expérience dans la culture du présent

Je présenterai ici succinctement quatre «champs» où, dans la culture du présent, le savoir et l'expérience de nos contemporains se déploient de manières qui peuvent intéresser considérablement l'annonce de la foi chrétienne: la science, la politique, la religion, l'art.

1) «La science» et les sciences

La «belle époque» du scientisme est terminée. La science a tellement peu éliminé le non-savoir, que le domaine de celui-ci a paru plutôt s'accroître à chaque nouvelle avancée des connaissances. Aussi mesure-t-on mieux, désormais, que l'idéologie du progrès est d'autant moins fondée à prétendre disqualifier la foi et les croyances, qu'elle en apparaît plutôt comme un avatar tardif et, somme toute, assez éphémère. Surtout, on réalise mieux que si science et techniques se sont avérées de merveilleux moyens pour augmenter le savoir, le pouvoir et le bien-être des hommes, leur utilisation responsable relève de critères qu'elles-mêmes ne fournissent pas, et qu'il faut donc s'employer à chercher ailleurs.

Il en résulte que nombre de scientifiques paraisssent tout à fait prêts à considérer que si réponses il y a aux «questions d'homme» (et non pas seulement de savant) sur lesquelles leurs recherches et leurs conclusions débouchent, elles ne peuvent être que «d'un autre ordre», et que relever d'un autre type de connaissances et de savoir que le leur propre. Or il ne semble pas que nous ayons épuisé les possibilités qui résultent, pour l'annonce de la foi, de cette évolution des prises de conscience dans le domaine de la science.

Ici pourrait, en conséquence, s'avérer décisif le développement d'une épistémologie du «croire chrétien» capable de situer mieux encore, par rapport à celui de la science, le type de connaissance et de savoir auquel peut donner accès la foi chrétienne.

2) La politique et «le politique»

On sait l'importance prise à l'époque contemporaine, y compris parmi les militants chrétiens, et plus largement parmi les «responsables» ecclésiaux, par l'engagement politique au service à la fois des grandes causes sociales et des grandes luttes économiques qui se sont développées depuis surtout l'avènement de l'ère industrielle. On sait aussi les désillusions, parfois criantes, qui ont résulté, en ces domaines, tant de la crise généralisée de la croissance que de la dégradation accélérée des conditions de vie des plus pauvres (couches sociales et nations entières) et, pour finir, de l'écroulement de systèmes et d'empires idéologiques qui avaient paru si assurés d'eux-mêmes.

En se gardant certes de tout ce qui pourrait s'apparenter à une attitude de remontrance et, à plus forte raison, de revanche, on peut se demander si l'heure ne vient pas de porter la plus grande attention aux responsables d'organisations politiques, d'associations humanitaires ou syndicales et de regroupements divers, qui paraissent assez souvent manquer de moyens pour lutter plus efficacement contre la tentation croissante de la démobilisation, du repli sur le quotidien et l'immédiat. Il pourrait être de plus en plus important de les aider à préciser: sur quoi repose en définitive l'être - ensemble des hommes, à quelles conditions il est possible d'en servir la croissance et l'amélioration, comment il est possible de lutter contre les dérives et les malversations toujours menaçantes, quelles priorités seraient à retenir, et en fonction de quelle échelle de valeurs.

La doctrine sociale de l'Eglise a ouvert ici une voie de réflexion et de débat qui est encore loin d'avoir donné tous les fruits dont, à condition de serrer de plus près les besoins réels d'une époque tellement changeante et contrastée, elle pourrait s'avérer toujours porteuse.

3) Les religions et «le religieux»

L'analyse exacte de ce qui est en train de se passer dans notre société occidentale en matière de «retour» ou de «réveil» du religieux est complexe à faire: elle exige, assurément, un fin discernement. Pour autant, on ne saurait nier qu'entre autres sous l'influence des évolutions signalées dans les deux «champs» qui viennent d'être évoqués, des hommes et des femmes redeviennent, en nombre croissant, attentifs à une dimension de l'existence humaine qu'ils caractérisent, selon les cas, comme spirituelle, religieuse ou sacrée. Le phénomène, qui se vérifie d'ailleurs surtout parmi les jeunes et parmi les pauvres - ce qui ne constitue qu'une raison supplémentaire de s'y rendre attentif -, les porte tantôt à se retourner vers le christianisme (même s'ils disent alors qu'il les a quelque peu déçus), tantôt à s'adresser à d'autres religions (Islam, Bouddhisme), tantôt même à céder à la sollicitation sectaire.

Un nouveau champ de «possibles» s'ouvre là pour l'annonce. Revalorisation de la prière, recentrement sur l'intériorité, amélioration des rassemblements et célébrations liturgiques d'un côté, meilleure mise en valeur de la position chrétienne à l'égard de la sécularisation, lien entre démarche spirituelle et engagement responsable dans le monde, purification de l'idée de Dieu et du salut de l'autre: ils sont nombreux les points sur lesquels la foi chrétienne est appelée à se traduire et s'exprimer de manière plus accessible, par la concurrence même à laquelle la soumet cette montée, autour d'elle, d'une religiosité foisonnante et diffuse.

La recherche du dialogue (inter-) religieux et la nécessité corrélative de mieux identifier la spécificité chrétienne représentent de plus en plus un champ important de la réflexion et de l'action pour l'annonce chrétienne dans le monde qui est aujourd'hui le nôtre.

4) L'art et l'esthétique

Dans un univers de plus en plus marqué par l'obsession de la satisfaction immédiate, l'appât du gain, la recherche du profit, le primat de l'avoir, etc., il est frappant de constater non seulement la permanence mais le développement d'un intérêt pour le beau. Certes, les formes de cet intérêt sont fort variées, mais, y compris chez les jeunes - chez qui elles peuvent être parfois quelque peu déconcertantes pour les autres générations -, elles paraissent bien traduire l'aspiration, qui demeure, voire se renforce, à un «autre chose», qui puisse enchanter l'existence et, peut-être même, l'ouvrir et la porter au-delà d'elle-même.

Or c'est un fait que, pour sa part, la foi chrétienne a produit, dans notre espace historico-culturel, un nombre considérable d'oeuvres d'art tout impré gnées de la foi qui les a inspirées. Lorsqu'il s'agit de productions auxquelles, ainsi, la foi a si notablement contribué, il devrait être possible de rendre ceux qui s'y intéressent perméables à l'idée qu'elles ne deviendront pleinement intelligibles qu'à ceux qui sauront faire référence à cette donnée qui fut essentielle à leur apparition. Corrélativement d'ailleurs, il est clair que ce qui pourra être alors manifesté comme produit et fruit de la foi du passé, pourrait apparaître toujours capable de fournir aujourd'hui, à cette même foi, un accès précieux. Plus largement même, c'est toute oeuvre d'art et tout sentiment de ravissement devant le beau qui pourraient servir de référence à une proposition de la foi aujourd'hui. Par l'expérience de gratuité totale qu'elle permet, par «l'évidence» avec laquelle elle emporte l'adhésion au-delà de tout discours possible, par l'indicible joie qu'elle procure dans son altérité même, l'expérience esthétique peut représenter un analogué suggestif de l'expérience à laquelle appelle, et que rend possible, pour sa part, la foi chrétienne.

L'articulation de la voie esthétique avec la poursuite du bien et la recherche du vrai, dans la ligne par exemple de ce que nous a appris un théologien comme H. Urs von Balthasar, représente sans doute un des grands chantiers à ouvrir, aujourd'hui, dans une Eglise soucieuse d'une annonce de l'Evangile qui soit accordée à ce que, naguère encore, on appelait les «signes des temps».

2. Les «secteurs» de la formation dans l'Eglise et la société aujourd'hui

Les «secteurs» sur lesquels je vais me concentrer maintenant sont d'un autre ordre que les «champs» de savoir et d'expérience que je viens de recenser. Alors que ces derniers représentaient en quelque sorte des dimensions globales ou des paramètres généraux de la culture de notre présent, les «secteurs» vers lesquels je me tourne ici constituent plutôt des lieux particuliers, des espaces précis dans lesquels ces dimensions et paramètres sont appelés à jouer un rôle qui pourrait s'avérer assez important pour l'avenir de la foi. Ces lieux ou espaces ont en commun d'être tous des secteurs de formation. J'en retiens trois, que j'évoquerai avec une concision tout aussi grande que celle que j'ai observée jusqu'à maintenant: l'Ecole, les centres de formation doctrinale, les lieux «ordinaires» de l'expression de la foi.

1) L'Ecole

L'Ecole est par définition lieu d'initiation culturelle. Or, si dans un certain nombre de pays, programmes et institutions scolaires ne se font pas faute de faire place à l' «instruction religieuse», il n'en va pas de même en France, par exemple. Dans l'une et l'autre situation, cependant, n'en est pas moins posé le même problème fondamental: celui du rapport entre culture religieuse et catéchèse. Ici, on paraît craindre, non sans raisons, que l'imposition à tous de cours de «religion» oblige ceux qui sont chargés de les assurer à s'en tenir, de fait, à de la simple culture religieuse ; et là, il est de fait que, le nombre de ceux qui peuvent bénéficier d'un catéchisme digne de ce nom étant de plus en plus réduit, la culture religieuse, non assurée par ailleurs, risque bien, et à très court terme, de péricliter chez la plus grande partie des représentants des nouvelles générations.

Cela étant, il est probablement devenu urgent, ici comme là, c'est-à-dire partout, de réévaluer le rapport entre culture religieuse et catéchèse. Et, pour cela, de s'interroger au moins dans deux directions: quelle articulation mettre entre nécessité de l'information (en péril de disparition totale) et importance du témoignage (de toute manière souhaitable) ; quelles structures inventer, quelles propositions faire aux partenaires académiques, quels types d'enseignants choisir et préparer pour avoir les meilleures chances de servir une articulation mutuellement féconde entre, précisément, l'information et le témoignage ?

2) Les centres de formation doctrinale

Il fut un temps - et, chez certains, il n'est pas tout à fait révolu - où l'on pouvait estimer pratiquement tout savoir de «la religion» et de «la foi» parce que, dans son enfance, on avait été dûment «été inscrit au catéchisme». Moyennant quoi, l'adolescence puis l'âge adulte arrivant, on était de plus en plus enclin à voir un abîme entre ce que l'on croyait être les positions de la religion, et ce que l'on découvrait des questions de l'existence humaine et des problèmes du monde moderne. Cette attitude, naguère encore répandue même parmi des chrétiens qui n'en continuaient pas moins, tant bien que mal, à se tenir et à se déclarer pour tels, est en train de changer. Et l'on voit un nombre croissant d'adultes baptisés se porter volontaires pour une vraie formation doctrinale.

Il semble qu'il y ait là un courant qui, dans l'Eglise, mérite d'être absolument encouragé. Non certes parce qu'une formation proprement théologique autoriserait ses bénéficiaires à revendiquer telle ou telle prise de pouvoir dans l'Eglise. Mais pour trois raisons au moins. D'abord parce que, pour nombre de chrétiens par ailleurs cultivés, il n'y a de vraies possibilités de fidélité et de croissance dans la foi que s'ils ont porté la réflexion sur elle à un niveau de sérieux comparable à celui auquel se meut de fait leur culture profane, y compris au plan professionnnel. Ensuite parce que, mieux équipés dès lors eux-mêmes pour le combat de la foi, ils ne seront que davantage susceptibles de prêter main forte à maints services d'Eglise aujourd'hui difficilement assurables par les seuls prêtres: animation liturgique, catéchèse scolaire, accompagnement des malades, formation au mariage, etc. Enfin parce que leur fréquentation et leur exercice qualifié de la médecine, du droit, de l'économie, de la politique, de l'enseignement etc. ne peut, à la longue, que permettre une meilleure communication de ces champs de l'existence personnelle et sociale avec la foi elle-même.

Ne craignons pas de dire que, initiale et permanente, générale ou spécialisée au point de permettre l'obtention des diplômes canoniques, une telle formation doctrinale mérite, là où elle ne l'est pas déjà, d'être autant que possible partout offerte dans l'Eglise. On a sans doute là l'un des meilleurs lieux de communication possibles entre culture d'aujourd'hui et foi chrétienne.

3) Des lieux «ordinaires» de l'expérience de la foi

C'est intentionnellement que j'utilise ici une formulation des plus simples. Je voudrais en effet, par elle, attirer l'attention sur un aspect de la culture dans notre société que certains au moins des membres de l'Eglise, et à notre époque en tout cas, ont eu nettement tendance à négliger plus ou moins systématiquement.

C'est un fait que, dans nos pays dits «de chrétienté», s'était organisée, génération après génération, toute une façon de comprendre et de vivre la foi qui, avec le temps, avait fini par imprégner plus ou moins largement et profondément l'existence et le vivre-ensemble des hommes: fêtes locales, traditions familiales, célébrations diverses, pèlerinages etc. Ainsi s'était constituée toute une «culture», à laquelle tous avaient de fait part, et dans laquelle la foi elle-même entrait comme un élément constituant voire intégrateur. Certes, bien des facteurs entraient là, en ligne de compte ; mais, dans la mesure où la foi y avait ou pouvait y avoir sa part, on ne voit pas qu'il y ait lieu de tellement se réjouir de la menace que les conditions du monde moderne ont fait peser sur ce type de «culture». D'ailleurs, on constate en maints endroits des efforts réussis de reviviscence.

Il importe que ceux-ci ne soient pas seulement le fait de «folkloristes» et de «culturistes» ou de «politiques» plus ou moins désintéressés ; mais que s'y impliquent aussi responsables pastoraux, communautés chrétiennes et, pourquoi pas, théologiens patentés.

3. Quelques conditions

Dans cette troisième, dernière, et plus brève encore troisième partie, je me propose de signaler au moins en quelques mots plusieurs conditions dont la prise en compte paraît bien mériter réflexion à la suite des deux types de suggestions qui viennent d'être faites. Ces conditions concernent directement la manière dont les acteurs de l'annonce de la foi sont invités à procéder, s'ils veulent augmenter leurs chances d'être réellement reçus et écoutés par leurs interlocuteurs et partenaires, dans la société et la culture d'aujourd'hui.

1) Recentrer toujours tout sur l'essentiel

Deux données caractéristiques de l'état culturel de notre temps imposent cette première condition de l'annonce. D'un côté, c'est un fait que de plus en plus de contemporains, surtout parmi les jeunes générations, sont de moins en moins informés concernant le christianisme et la foi chrétienne (cf., entre autres, ci-dessus II.1). Mais d'un autre côté, il est assuré aussi que si, cependant, ils ne sont pas totalement ignares en ces domaines, c'est très largement aux mass- médias - où, comme l'on sait, la préoccupation dogmatique compte pour fort peu - que beaucoup doivent les maigres connaissances qui peuvent, malgré tout, se rencontrer parfois chez eux.

Ignorance plus ou moins grande ou méconnaissances diverses: de toute manière, l'état des connaissances en matière de christianisme est désormais si dégradé dans la «culture ambiante» pour beaucoup de nos contemporains, que toute annonce de la foi, quelle qu'en soit la forme, doit reconnaître comme une exigence majeure un recentrement systématique et cohérent sur l'essentiel du message chrétien.

2) Faire apparaître la dimension pratique et vitale de l'annonce

La Bonne Nouvelle qu'annonce l'Evangile n'est pas vérité sans être voie et vie. Or l'une des caractéristiques fondamentales de la culture moderne est que même ses formes les plus élaborées et les plus fines ont abouti, de fait, à une interrogation générale, voire, chez certains, à une crise fondamentale quant à tout ce qui pourrait relever de l'ordre du «sens de la vie».

Dans ces conditions, l'annonce de la foi paraît bien, de nos jours tout autant qu'hier (et peut-être davantage encore), devoir n'énoncer son message qu'en mettant toujours en valeur sa portée pratique pour la vie des hommes, tant au plan de l'existence et de la «destinée» personnelles qu'à celui du vivre-ensemble et du «destin» global de l'humanité comme telle.

3) Se préoccuper incessament de la réception par le destinataire

Une tentation guette toujours l'instance qui annonce: celle de considérer qu'elle est quitte avec sa responsabilité et ses tâches, si elle se contente de «dire», de seulement formuler ce qu'elle a à dire. Le résultat est alors que le souci et le processus de la réception risquent bien d'incomber en totalité au seul destinataire.

Or, tant que celui-ci était à la fois fondamentalement accordé au message par sa culture traditionnelle et globalement bien disposé à son égard par tout son contexte socio-culturel, on pouvait lui faire confiance pour l'accueil correct de ce qui lui était proposé. Dans la mesure où, là encore, les mentalités ont profondément changé, une nouvelle condition, sur l'évocation de laquelle je terminerai, s'impose à l'annonce: se préoccuper toujours non seulement d'une fidélité intégrale à son objet, mais également de la modalité la plus appropriée à en faire percevoir à ses destinataires d'aujourd'hui tout autant la spécificité et l'exigence que la grâce et la richesse.

(English)

Joseph Doré sees four areas of knowledge and experience at the heart of culture: discernment of criteria for the use of science and technologies, the presentation of the Church's social doctrine in the face of disillusionment with politics, identifying the specifically Christian element in the rediscovery of the inner life, the way of aesthetics. Three sectors of formation are: the relationship between religious culture and school catechesis, centres of doctrinal formation, and the new appreciation of ordinary faith experiences (which are not the same as folk religion). It is important to present clear information on Christianity, above all as practical lived faith, always in the hope that it will yield a rich harvest.

(Español)

Joseph Doré distingue en la cultura cuatro campos del saber y de la experiencia: el discernimiento de los criterios de utilización de la ciencia y de la técnica; la presentación de la doctrina social de la Iglesia frente a las frustraciones de la política; la identificación de la especificidad cristiana ante el despertar de la interioridad; y la vía estética. Por lo que respecta a la formación, habría que revisar la relación entre cultura religiosa y catequesis en la escuela; en los centros de formación doctrinal; y el retorno de los lugares comunes de experiencia de la fe (con el peligro de caer en un folclorismo). Tendríamos que presentar con claridad la información sobre el cristianismo, sobre todo en su dimensión vital práctica, sin perder de vista la preocupación por un recepción fructífera.


HACIA UNA PASTORAL DE LA CULTURA

Mons. Néstor GIRAUDO RAMÍREZ
Delegado Arzobispal para la Pastoral de la Cultura
Medellín

1. La visión del hombre

1.1 Las raíces de nuestra concepción

La pregunta por la concepción del hombre se enmarca dentro de las líneas trazadas por la cultura occidental en su concepción del mundo. La herencia griega de la concepción del hombre se cumple hoy en el hacer de las ciencias, que han conducido al desarrollo prodigioso de una civilización tecnificada que se expande en un proyecto de industrialización como forma de vida propuesta para nuestras sociedades. Lo cual conlleva cambios radicales en cuanto a la concepción del hombre, tanto en sentido teórico como práctico.

1.2 La herencia del pasado

La cultura clásica sentó las bases de una concepción del hombre basada en una visión del cosmos como totalidad de lo existente. Esto significa, por lo pronto, que el hombre es una parte viviente de ese cosmos, ser animado que comporta una diferencia esencial respecto a los demás seres vivos. El cristianismo aportó su concepción del hombre como persona; esto es, del hombre como un ser trascendente cuya esencia radica en su condición de criatura creada a imagen y semejanza de Dios. La unión de estas dos concepciones desemboca en un planteamiento que se constituye como base para la orientación de toda norma que haya de conducir toda forma de comportamiento práctico hacia el hombre. Se trata de la dignidad de la persona humana. Tanto por la herencia griega como por la cristiana, el hombre se considera como portador de una dignidad frente a los demás seres de la creación, lo cual hace de él un ser inviolable por cualquier mecanismo. El hombre, en tanto que persona, se convierte en el centro de la realidad, constituyéndose como un fin y nunca como un medio.

1.3 Nuestra situación, actual frente a la visión del hombre

El vertiginoso avance de las ciencias, el predominio de la tecnología que ha invadido todos los ámbitos de la vida del hombre, ha conducido a cambios profundos que repercuten en la visión o concepción del mismo. Las crisis provocadas en los campos social, político y económico, resultado de tales cambios, se han manifestado en la inestabilidad permanente de estos órdenes de la vida humana. Esta situación ha servido de fermento a las grandes ideologías que, provenientes de los más diversos campos, tienden a presentarse, de forma oportunista, como salvadoras ante la situación crítica.

Entre tanto, la herencia del pasado se ha ido desdibujando, y se han perdido los parámetros que permiten delinear los modos de conducta ante la dignidad de la persona humana. Crisis del estado en cuanto a su papel de orientador y controlador de la vida humana en sociedad; crisis generalizada de la apreciación de los valores que deben conducir la vida humana individual y social; pérdida de los horizontes políticos. Estos constituyen algunos de los rasgos que presenta el cuadro general de la concepción del hombre, el cual, en todos los casos, aparece como un medio y no como un fin. Estados totalitarios e ideologías han conducido al intento de colocar al hombre al servicio de los mismos.

1.3.1 La ruptura con el pasado

De lo anterior se desprende ciertamente que existe una ruptura con el pasado, no sólo en cuanto a sus tradiciones, sino también en cuanto a la posibilidad de encontrar en sus fuentes las líneas de solución a la problemática actual. Por un lado, la crisis del pensamiento filosófico experimentada a raíz de la aparición de nuevos campos del saber y del conocer acerca del hombre y de la realidad durante los tres últimos siglos y afianzada en el XIX, constituye el marco dentro del cual se ha debatido el pensamiento de nuestro siglo XX. Ya Nietzsche se enfrentó con toda la tradición greco-cristiana para mostrar como imperativo el ejercicio de la voluntad de poder, profetizar el advenimiento del nihilismo y proclamar la muerte de Dios.

Marx, por otra parte, planteará la total ruptura con el pasado de la filosofía al proclamar en una de sus tesis sobre Feuerbach que los filósofos no han hecho más que interpretar el mundo; ahora se trata de transformarlo. Esto fue seguido de su análisis de las contradicciones del capitalismo y su interpretación materialista de la historia, cuya meta se halla en la implantación del comunismo. Ponía así las bases de una trasformación del mundo a través de la lucha revolucionaria.

Freud, en su propio terreno, cambió todo el panorama de la concepción del hombre a lo largo de sus investigaciones sobre el inconsciente. El hombre aparece para él como un producto de la naturaleza, en el que el papel de las pulsiones explica todos los contenidos de la vida humana y de la cultura. A la luz de los planteamientos de Freud, el legado de la concepción clásica del hombre encuentra su punto de ruptura radical.

Como rasgos derivados de todos los planteamientos anteriores aparecen para el mundo contemporáneo: el materialismo, el ateísmo, la actitud antifilosófica y el nihilismo.

1.3.2 El cientificismo

Los rasgos anteriores han encontrado su apoyo en una actitud científica sostenida tanto teórica como prácticamente. Existe una fuerte desconfianza frente a aquellos conocimientos que no se presentan con características de «cientificidad». Ello indica una actitud determinada de cómo se debe orientar y presentar el ideal del conocimiento del hombre y de la realidad. Dado que el conocimiento se ha ido especializando cada vez más, las diferentes disciplinas que tienen a su cargo el estudio del hombre se han convertido en compartimentos estancos, y proclaman cada uno su propia visión del hombre como la única posible. Así el psicologismo, el sociologismo, el economicismo han creado cada uno una visión del hombre y de la realidad, cerrando el camino hacia el sano diálogo interdisciplinar. El cientificismo no se ha quedado en su fase teórica, sino que ha pretendido convertirse en el orientador de los programas educativos, logrando invadir todo el campo de actitudes frente al hombre.

1.3.3 El economicismo

En una sociedad marcada y determinada en sus formas de vida por la invasión de la tecnología, en la cual aquel sueño de progreso se traduce en la búsqueda del bienestar material, resulta claro que el factor de mayor importancia sea el económico. Esta sociedad del lujo y del bienestar conduce a todos los seres humanos a olvidar la propia misión trascendente de la existencia en el mundo, creando un vacío existencial y vital en el cual el hombre queda convertido en un luchador a toda costa por tener el sinsentido en que día a día naufraga.

Ante el derrumbe de los modelos de las economías planificadas y el aparente triunfo de las de libre mercado, las sociedades —y la nuestra no es una excepción— se ven abocadas a una guerra sin fronteras por los logros de la competitividad. Aquí, bajo el imperio del economicismo, el hombre podrá ser definitivamente reducido a una ficha más de los engranajes de la producción tecnoindustrial, comercial y de servicios, sin ninguna otra meta en la vida que el fantasma de una felicidad material que se ha de lograr a toda costa a través de formas de ese bienestar económico.

1.3.4 Las ideologías

Ante la crisis que presenta la visión del hombre en nuestra época, la cual tiene la raíz profunda en la ruptura con la tradición, aparece el vacío y la carencia de parámetros que sirvan de marco orientador de la vida de los hombres y que son llenados por las ideologías de pretensiones científicas en todos los órdenes de la existencia humana. En las ideologías encontramos rasgos de materialismo que conducen a una visión intramundana y secular del hombre; el ateísmo práctico que, más que una lucha contra los ideales religiosos, se manifiesta en la indiferencia y en la no necesidad del hombre de un mensaje trascendente para su vida cotidiana; la visión salvadora del hombre y de la sociedad, no ya remitida a un encuentro con un Dios personal, sino en el más acá del bienestar y el confort.

1.3.5 La crisis generalizada ante los valores

El hombre comporta en su ser una dimensión axiológica que lo define y distingue de los demás seres vivos. Puesto que el hombre debe construir su propia existencia respondiendo a su vocación radical de plenitud humana, su dimensión axiológica lo conduce al descubrimiento de los valores que han de ser asumidos por él y han de manifestarse en actitudes ante sí mismo y ante los demás. Es así como la entraña última de la vida social está tejida por —y desde— los valores asumidos, siendo la tarea fundamental de la educación formar el hombre para que aprenda a descubrir y a asumir los valores que han de conducirlo a una existencia plena de sentido.

Cabe señalar, por todo lo dicho anteriormente, que la crisis del mundo actual ha afectado fundamentalmente a la facultad estimativa de los hombres ante los valores, haciéndoles perder de vista la ruta que conduce a su descubrimiento. La pérdida de una visión correcta del hombre y de su cometido existencial trascendente, ha conducido a que la educación pierda sus correctos parámetros orientadores, haciendo que los hombres tengan que tratar de llenar el vacío axiológico con aquellos valores más inmediatos que responden a sus solas necesidades materiales. Es así como uno de los campos que se ha visto más afectado por la crisis en la concepción de los valores es el de la ética. El resurgimiento de la importancia de este tema es algo que se puede constatar en los más variados lugares de la acción humana: en el terreno político, en la educación, en el ámbito empresarial, etc.

Ante la carencia de parámetros que permiten la orientación del «deber ser» en la vida de los hombres, ha venido a postularse el relativismo como la vía por la cual ha de plantearse el derrotero de las orientaciones éticas. De esta manera se plantean los éticas del consenso, en las cuales se postula el relativismo como patrón de la decisión ética. De la misma manera la llamada ética civil aparece hoy como una propuesta que, además de instaurar el principio del relativismo moral, desconoce la verdad sobre la naturaleza universal propia del hombre, reduciendo la posibilidad de un planteamiento ético universal al pluralismo de éticas según las diversas culturas. Se hace imposible así el planteamiento de una noción trascendente del hombre que ha de orientar el deber ser de la existencia humana hacia un orden superior de sentido.

Un esfuerzo grande de respuesta en este terreno se presenta hoy de manera urgente. Una ética cristiana basada en la eterna verdad del Evangelio que enfatice el auténtico sentido trascendente de la existencia humana, deberá ser la respuesta al gran reto del pluralismo relativista en que se expresan los intentos actuales en este campo.

1.3.6 La búsqueda de lo absoluto

El hombre no puede ser ajeno a las exigencias de su propio ser, ontológicamente determinado por dimensiones que le son propias. Por ello, requiere su remisión a una realidad trascendente que otorgue las posibilidades de dar a su existencia ese sello de plenitud. Ante la carencia de los parámetros antes señalados en un mundo en el que las ideologías del bienestar pretenden llenar el vacío de una concepción axiológica y de la dimensión trascendente del hombre, aparecen las más diversas corrientes religiosas, la mayoría de procedencia oriental. Aparecen sectas de los más diversos talantes que ofrecen el hombre de hoy su mensaje salvador. Todo este panorama, que va desde la hechicería, la magia o la brujería, pasando por todas las formas posibles del esoterismo, hasta las más refinadas presentaciones de las sectas cristianas, contribuye a agrandar la brecha de la ruptura con las más propias tradiciones culturales, filosóficas y religiosas de nuestras sociedades.

1.4 Cultura y evangelización

Un serio esfuerzo orientado a comprender los rasgos característicos de la cultura actual y los móviles de la conducta humana, deben constituir el punto de partida de una tarea evangelizadora que penetre todos los ámbitos de la existencia humana. El despliegue de la tarea evangelizadora en todos los momentos de la historia del cristianismo, especialmente de la Iglesia antigua, estuvo siempre marcado por el estrecho diálogo con las culturas y por su esfuerzo de comprensión de las mismas.

El período de la patrística constituyó un momento estelar en la historia de la evangelización, gracias al estrecho diálogo y al esfuerzo profundo por la comprensión de los rasgos característicos de la concepción de la cultura y de la realidad toda, que condujo al cristianismo a alcanzar el puesto de relevancia, tanto en el orden del pensamiento, como en el de la orientación de la vida cotidiana de los hombres.

El diálogo profundo con la concepción aristotélica del mundo y del hombre, llevado a cabo de manera especial por Santo Tomás en la Edad Media, se constituyó como paradigma del pensamiento cristiano que orientó durante siglos los ideales trascendentes de la concepción del hombre y de la realidad.

Nuestra época marca la culminación de un proceso de secularización iniciado desde los siglos del Renacimiento, época en que las ciencias comenzaron a desplazar la cosmovisión y antropovisión cristianas. Este proyecto culmina hoy en una pluralidad de saberes acerca del hombre y de la realidad que reclaman para sí la autonomía de sus visiones, haciéndose paradójicamente, hasta cierto punto, insuficientes para la comprensión y orientación de la vida de los hombres.

Un intento serio de diálogo interdisciplinar comienza a perfilarse en el orden del conocimiento, como camino hacia la reconquista de una cosmovisión que permita no sólo el saber verdadero acerca del hombre (antropovisión) y del mundo (cosmovisión), sino una acción (visión ética y política) y una orientación hacia el sentido de plenitud trascendente de la vida cotidiana. Por supuesto, el campo para una evangelización de la cultura hoy no sólo es amplio y profundo, sino, ante todo, urgente. Este campo es, además, bastante propicio en medio de la confusión reinante en la actualidad. Esta tarea, que viene exigida desde los más hondos cimientos de la vida humana, encuentra su imperativo primario en una reforma del pensar, la cual habrá de conducirse desde la Verdad eterna del Evangelio: Jesucristo, el mismo ayer, hoy y siempre.

2.¿Hacia qué cultura?

La pregunta indaga por los medios propios con que cuenta la Iglesia para promover su tarea evangelizadora. Tratamos de esbozar los caminos en estrecha relación con lo dicho hasta aquí.

2.1 Los caminos hacia la tarea evangelizadora

2.1.1 Cerrar las brechas

Para cerrar la brecha abierta por la ruptura con el pensar de la antigüedad, cuenta la Iglesia con una tradición que, partiendo de la revelación, se ha mantenido siempre viva a través de los siglos hasta hoy. Es cierto que el primer camino que se habrá de recorrer es el del reencuentro con los grandes momentos de esta tradición a través de un estudio serio emprendido por todos los que conformamos la comunidad de los bautizados. Es pues una tarea a la cual deben ser convocados todos los cristianos, y de manera especial aquellos cuyas tareas se encuentran en los terrenos intelectuales y académicos.

El diálogo con nuestras tradiciones filosóficas y culturales sólo podrá llevarse a cabo luego de haber comprendido profundamente las grandes verdades de nuestra tradición cristiana. De aquí a una participación estrecha en el diálogo interdisciplinar en que se compromete el pensamiento hoy, tendrá que ser el camino que deberá de recorrerse para lograr una presencia del cristianismo en el hacer intelectual del hombre de nuestro tiempo.

2.1.2 Evangelización y mundo industrializado

Partiendo de una necesaria comprensión de las realidades concretas que vivimos los hombres contemporáneos, los medios con que cuenta la Iglesia para una penetración del mensaje cristiano deberán adecuarse a ellas. El compromiso, en este caso, debe ser de todos los católicos que ocupan los diversos puestos en un mundo en el que las formas de trabajo y de las actividades en general buscan sus objetivos de manera secularizada. La Iglesia debe buscar los mecanismos adecuados para una real participación de todos; la brecha abierta entre la Iglesia, la jerarquía y el laicado debe cerrarse, para lo cual cuenta hoy con las posibilidades de los ministerios laicales y del diaconado permanente; pero, además, con la necesidad de una educación religiosa más integral para todos. Es necesaria, pues, una presencia más cercana a todos los hombres en sus propias circunstancias, buscando el compromiso real de todos.

2.1.3 Evangelio y educación

Quizás el medio privilegiado con el que cuenta la Iglesia es el de la educación. Puesto que vivimos en un mundo secularizado en el cual el estado liberal lucha a toda costa por deshacer sus vínculos con las confesiones religiosas y pretende dirigir el proyecto educativo hacia metas no confesionales, es necesario que la Iglesia continúe pensando de manera detenida en lo que respecta a su labor educativa. Si en la educación formal, a todos los niveles, la presencia de la Iglesia con su mensaje evangélico está todos los días más menguada, habrá que acudir a otros medios: por ejemplo, el convertir las parroquias en centros de catequesis a cargo de católicos comprometidos, tratando de llegar a todos los estamentos sociales. Se requiere repensar el papel de los párrocos y la presencia viva y dinámica del laicado comprometido.

Por otro lado, la Iglesia siempre ha contado con medios como la publicación de libros y folletos para la difusión del mensaje. Hoy contamos con una gama amplia de medios que van desde los audiovisuales, hasta la informática. La celebración eucarística sigue siendo el medio más adecuado, ya que constituye el centro de los misterios cristianos. Deberá pues ponerse énfasis en el verdadero sentido de la participación eucarística, en la recepción y la asimilación del mensaje de la Palabra, como, en general, en el sentido de los sacramentos para la vida cristiana. La preparación continua de agentes de la Palabra es algo sobre lo cual se debe hacer un mayor énfasis, ya que en la predicación del mensaje se centra la misión de la Iglesia. Corresponde, en primer lugar, a los obispos, presbíteros y diáconos, pero es responsabilidad de todos los bautizados la preparación para la comprensión del mensaje, con el fin de poderlo trasmitir luego a quienes lo requieren para orientar sus vidas con auténtico sentido.

3.¿Con qué pastoral de la cultura?

La pregunta indaga por aquellas iniciativas concretas que emprende la Iglesia en nuestro país para la evangelización de la cultura y, en general, acerca de cómo suscitar una cultura cristiana en una sociedad en la cual se privilegia la experiencia. Lo dicho hasta aquí, en los numeros anteriores, nos muestra un derrotero que parte de la identificación de algunos puntos de relevancia en cuanto a la conceptualización o visión del hombre y de la cultura, y que pone de relieve los medios a través de los cuales la Iglesia lleva y debe continuar llevando a cabo su labor de evangelización.

De esta manera, una pastoral que tiene siempre su eje principal en la Revelación, que tiene, por tanto, como centro a Jesucristo y a su mensaje, debe nutrirse de una reflexión profunda sobre la verdad del hombre, sobre el sentido último de la vida humana en sociedad, en una sociedad cuyos móviles vienen dados por las características especiales de un mundo industrializado, tecnificado; en un mundo en donde las relaciones económicas tienen la primacía; en un mundo en donde las ideologías son lo corriente en la mentalidad de los hombres; en un mundo pluralista, donde los hombres toman todos los días una mayor conciencia de sus derechos; en un mundo donde las sectas cobran todos los días más fuerza y atraen a un mayor número de personas a sus filas.

La Iglesia siempre ha sido consciente del mundo en el que se encuentra; siempre ha contado con los medios necesarios para su labor evangelizadora, no siempre sin dificultades; esto es, ha sido consciente de su vocación misionera. Ello implica, pues, que la Iglesia es consciente de la crisis generalizada del mundo de hoy en todas sus instituciones, crisis que ha ido conduciendo a los hombres a una desorientación en todo lo que atañe a los verdaderos fines de la vida humana, individual y socialmente considerada.

Pero para que esta actitud pastoral se pueda cumplir de forma que fructifique, debe estar embebida por una actitud de tolerancia —que no de contemporización y menos de indiferencia— mediante la cual se logre claramente unir a todos los católicos con sus hermanos separados y con los de otras religiones; buscar qué hay de común entre todos para fortalecerlo y reducir a sus exactas condiciones los puntos de discrepancia, para poder entrar a discutir esas diferencias cuya magnitud, con frecuencia, no obedece tanto a la esencia como a la adjetivación, que nace de la manera cómo a veces se presentan los dogmas y las doctrinas y cómo se realiza en general la función ministerial.

Para materializar la actitud de tolerancia deberá recurrirse a las enseñanzas que nacen del pasaje de Jesús con la samaritana, de la plena conciencia de que el mensaje cristiano es en esencia el del amor, y de que el que ama respeta, comprende, se da y así promueve al otro. La creación fue entregada al hombre para que por su esfuerzo, aunado al de sus congéneres, la disfrute y promueva, con el fin de ir legándola a las generaciones futuras, lo cual no se logra con un yo enfrentado a un tú, sino en una comunidad de ambos para formar un nosotros que le dé presencia a la Iglesia en el mundo.

El papel que deberá cumplir la pastoral católica en un mundo que afronta una crisis de grandes magnitudes en todos los órdenes es de capital importancia para el cumplimiento de su misión evangelizadora de la cultura. Para ello, deberá tener, entre otras, algunas de las siguientes características:

— Una pastoral que se nutra de una profunda reflexión acerca de la verdad del hombre.

— Una pastoral que consulte las particularidades culturales de los pueblos: sus tradiciones, costumbres y normas que los integran.

— Una pastoral dinámica y abierta que consulte los ideales de los hombres e ilumine permanentemente sus tareas y oficios con su mensaje de trascendencia.

— Una pastoral participativa; esto es, que entienda y haga comprender que es una labor de todos los cristianos comprometidos.

— Una pastoral que busque irradiar todos los órdenes de la vida humana a través de todos los medios adecuados que encuentre a su alcance.

(Français)

Monseigneur Giraudo Ramírez relève que la synthèse entre la culture classique et le christianisme, qui défend la dignité inaliénable et transcendante de la personne humaine, est en crise. Cette rupture avec la tradition induit un vide où se propagent scientisme, économisme, idéologie et surtout crise des valeurs. Avec respect et tolérance, un dialogue permettra de récupérer une sagesse authentique sur l'homme et le monde, capable d'inspirer une vision renouvelée de l'éthique et de la politique.

(English)

Mgr. Néstor Giraudo Ramírez comments that the understanding of man reached by the synthesis of classical culture and Christianity, which insisted on the inviolable and transcendent dignity of the human person, has reached crisis-point. This break with tradition has produced a void where scientism, economicism and ideologies flourish. Above all, it has brought about a general crisis of values. The Church's evangelizing response must begin with a respectful and tolerant dialogue: this will foster the recovery of true knowledge about the world and man, and action inspired by a new ethical and political vision.

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