Cultures et foi - Cultures and Faith - Culturas y fe - 2/1993 - Documenta
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FOI ET CULTURE DANS LES MUTATIONS DE NOTRE TEMPS

Pour l'ouverture de la Rencontre Internationale de Directeurs de Centres Culturels Catholiques de quatre continents qui s'est tenue au Centre Culturel "Les Fontaines", Chantilly, le Mardi 5 octobre 1993, Son Eminence le Cardinal Paul Poupard a prononcé le discours suivant:

PAUL Cardinal POUPARD

Chers Amis,

Au début de cette rencontre internationale de Directeurs de Centres Culturels Catholiques à Chantilly, il m'a été demandé de réfléchir avec vous sur la mission de l'Eglise dans les changements culturels de ces dernières décennies.

Vous êtes nombreux à avoir répondu à l'invitation du Centre Culturel "Les Fontaines". Et vous représentez les Centres culturels catholiques de 25 pays aux situations les plus diverses, à travers quatre continents: Afrique, Amérique du Nord et Amérique latine, Asie, Europe d'Ouest, Centre et Est.

La plus grande partie de nos journées à Chantilly sera consacrée à la présentation de ces divers Centres, à leurs activités et à leur manière de concevoir une présence chrétienne dans le monde de la culture contemporaine. Ces échanges d'expériences permettront un enrichissement mutuel. Dans ce contexte, mes réflexions visent à poser quelques principes de base pour l'inculturation de l'Evangile et l'évangélisation des cultures, dans le désir de nous conduire vers des conclusions concrètes pour une présence chrétienne plus incisive dans le vaste champ de la culture au seuil du 3e millénaire.

INTRODUCTION : UNE QUETE FONDAMENTALE

Depuis des millénaires, de par son universalité conjointe à une extrême diversité, le phénomène religieux n'a cessé de nourrir la réflexion des hommes et de susciter à travers les grands espaces socioculturels qui se partagent le monde des interrogations essentielles.

Dans sa Déclaration sur les relations de l'Eglise avec les religions non chrétiennes, le 28 octobre 1965, le Concile Vatican II présente ainsi cette quête fondamentale:

Les hommes attendent des diverses religions la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui, hier comme aujourd'hui, troublent profondément le coeur humain: Qu'est-ce que l'homme? Quelle est la voie pour parvenir au vrai bonheur? Qu'est-ce enfin que le mystère dernier et ineffable qui entoure notre existence d'où nous tirons notre origine et vers lequel nous tendons?

Depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, les hommes dans leur diversité, ont toujours manifesté une certaine sensibilité à cette force cachée, présente au cours des choses et aux événements de la vie humaine. Quant aux religions liées aux progrès de la culture, elles s'efforcent de répondre aux mêmes questions par des notions plus affinées et par un langage plus élaboré. (Dignitatis Humanae, n· 1-2).

Tout engoncé qu'il est dans l'hypertrophie des moyens et anémié par l'atrophie des fins, notre temps redécouvre avec la précarité de la condition humaine, le fascinant mystère de cet ailleurs que les poètes ont chanté, ce musée imaginaire des arts et de la culture.

L'agrandissement que nous procurent les moyens de communication sociale, les passerelles vertigineuses qu'ils ouvrent à travers le temps et l'espace et les liens qu'ils manifestent, des civilisations englouties aux cultures en mutation avivent notre désir profond de saisir la complexité du lien fondamental entre la foi et la culture.

I. FOI ET CULTURE EN NOTRE TEMPS

L'homme est par nature homo religiosus. Le grand historien Toynbee le reconnaissait: il n'est jusqu'à nos jours aucune grande civilisation qui n'ait été religieuse.1 Foi et Culture sont au coeur de la vie des hommes en société. Voici 30 ans, les Evêques réunis à Rome en Concile ont voulu, pour la première fois dans l'histoire de l'Eglise, préciser leurs rapports.2

LE CONCILE VATICAN II

C'est le propre de la personne humaine de n'accéder vraiment et pleinement à l'humanité que par la culture, c'est-à-dire en cultivant les biens et les valeurs de la nature. Toutes les fois qu'il est question de vie humaine, nature et culture sont aussi étroitement liées que possible.

Au sens large, le mot CULTURE désigne tout ce par quoi l'homme affine et développe les multiples capacités de son esprit et de son corps; s'efforce de soumettre l'univers par la connaissance et le travail; humanise la vie sociale, aussi bien la vie familiale que l'ensemble de la vie civile, grâce au progrès des moeurs et des institutions; traduit, communique et conserve enfin dans ses oeuvres, au cours des temps, les grandes expériences spirituelles et les aspirations majeures de l'homme, afin qu'elles servent au progrès d'un grand nombre et même de tout le genre humain.

Il en résulte que la culture humaine comporte nécessairement un aspect historique et social et que le mot CULTURE prend souvent un sens sociologique et même ethnologique. En ce sens, on parlera de la pluralité des cultures. Car des styles de vie divers et des échelles de valeurs différentes trouvent leur source dans la façon particulière que l'on a de se servir des choses, de travailler, de s'exprimer, de pratiquer sa religion, de se conduire, de légiférer, d'établir des institutions juridiques, d'enrichir les sciences et les arts et de cultiver le beau. Ainsi, à partir des usages hérités, se forme un patrimoine propre à chaque communauté humaine. De même, par là se constitue un milieu déterminé et historique dans lequel tout homme est inséré, quels que soient sa nation ou son siècle, et d'où il tire les valeurs qui lui permettront de promouvoir la civilisation.3

MUTATION CULTURELLE

Il est devenu banal de parler aujourd'hui de mutation culturelle. Pour ma part, je m'en suis expliqué dans mon livre Eglise et Cultures. Jalons pour une pastorale de l'intelligence.4 Toute culture digne de ce nom a vocation à l'essentiel par les valeurs qu'elle incarne, tout en étant périssable par les limites qui tiennent à sa réalité même: une certaine manière d'être et de vivre, de penser et de sentir, un mode d'incarner l'humanité de l'homme, s'il est vrai que sa nature est d'être culture. Or l'expérience dramatique de notre temps est celle d'un véritable chaos culturel, où tout et le contraire de tout semblent possibles, à la fois et en même temps, comme disent les humoristes..., ce qui est tout à fait impossible. En d'autres termes, le consensus s'est brisé dans un pluralisme émietté. L'héritage culturel semble plus lourd d'un passé que riche d'un avenir. L'effacement des normes se conjugue avec l'oubli des héritages et l'absence de projet collectif.5 Il en résulte un sentiment dramatique, la perte d'une sécurité liée à une identité.

NOUVELLES CULTURES

L'instabilité s'installe à la bourse des valeurs. Bien des monnaies flottent aujourd'hui, et aussi les valeurs morales, scientifiques, esthétiques, artistiques et religieuses. Si hier notre civilisation était rétrospective et nous donnait à admirer des modèles tout faits, la relativité, avec Einstein, s'est installée en science même.6. Les savants préfèrent s'appeler des chercheurs. Je ne sais pas où nous allons, mais nous y allons sûrement, disait hier un homme d'Etat, aujourd'hui oublié. Il est difficile de saisir la planète des jeunes qui n'accepte guère de se laisser mettre sur orbite préalablement déterminée. Faut-il pour autant parler de nouvelles cultures, voire de contre-cultures? Ou peut-être plus modestement de nouvelles approches, sur un fond de rationalité relativisée, d'efficacité démystifiée, de planification contestée.

Un triple passage s'opère, de la permanence à la mobilité, de l'absolu au relatif, de l'immuable au provisoire, d'où la tentation du scepticisme.7 Nous vivons dans un monde écartelé, ivre de liberté, avec une forte aspiration à un monde plus juste et plus fraternel. Héritière de deux millénaires d'Eglise, la foi n'est pas un passé dormant en des mémoires assoupies. Ouvrez toutes grandes les portes au Christ, demandait Jean-Paul II en commençant son ministère apostolique: à commencer par les vastes espaces de la culture.

LA PLANETE DES JEUNES

Regardons de plus près la Planète des jeunes. La génération de l'audiovisuel et de l'ordinateur, comme l'appellent Pierre Babin et Marie-France Kouloumdjian, dans leur ouvrage intitulé Les nouveaux modes de comprendre, est indéniablement marquée par le monde électronique où les jeunes évoluent avec beaucoup plus de souplesse que leurs aînés, car il est pour eux un univers familier.8 De fait, la perception audio-visuelle, l'intégration de l'affectif et de l'imaginaire, l'intuition et le raisonnement par analogie sont les traits fondamentaux de ce qu'il faut bien appeler une nouvelle culture, intuitive, globale, artistique, où le goûter précède le comprendre, et parfois tient lieu de l'apprendre. Nous assistons en réalité à la lente montée d'une nouvelle manière d'être et de penser. Et, pour caractériser les rapports entre les deux générations, montante et descendante, plus que d'une bataille rangée, c'est l'image de deux bateaux qui se croisent de loin en s'envoyant des signaux incompréhensibles, qui s'impose à l'esprit. Cet univers culturel nouveau où dominent les sens et l'affectivité, l'abondance des informations et l'éparpillement de la réflexion donne aux adultes le sentiment d'une baisse de la puissance de concentration et d'un étalement dans la superficialité, avec une passivité accrue, une perte de l'esprit critique et du raisonnement auquel nous étions habitués.

Mais ne condamnons pas une culture, la leur, au nom d'une autre, la nôtre. Essayons plutôt de comprendre, pour communiquer. Nous en faisons tous l'expérience: les jeunes raisonnent différemment, mais enfin ils raisonnent, à partir de l'image, d'une vibration, d'une impression, d'une sollicitation des sens. Ce n'est plus l'enchaînement causal, objectif et rigoureux, mais la cohérence interne subjectivement perçue de manière plus personnelle et vitale, avec une sorte de besoin de voir pour comprendre, comme Thomas dans l'Evangile de la résurrection, et une perception sensorielle, visuelle et sonore, où ce qui compte est la vision du tout.

Les jeunes vibrent au contact de Jean-Paul II, du Parc des Princes de Paris au Madison Square, Yankee Stadium, et les stades trépidants de l'exubérante Afrique et de l'Amérique Latine bouillonnante.

Le retour de l'affectif et de l'imaginaire, s'il ne peut prétendre à congédier la logique et le rationnel, leur apporte un complément, voire un rééquilibrage nécessaire dans une culture, qui est une manière d'être et de vivre. L'humanité avance en tâtonnant.

LE MONDE ACTUEL

Pour certains, le fait culturel massif de notre temps serait l'apparition d'un homme areligieux. Dans son livre classique, Le sacré et le profane, Mircea Eliade en donne cette description saisissante:

Il y a avant tout ce fait: l'homme areligieux refuse la transcendance, accepte la relativité de la "réalité", et il lui arrive même de douter du sens de l'existence. Les autres grandes cultures du passé ont connu, elles aussi, des hommes areligieux, et il n'est pas impossible qu'il en ait existé même à des niveaux archaïques de culture, bien que les documents ne les aient pas encore attestés. Mais c'est seulement dans les sociétés occidentales modernes que l'homme areligieux assume une nouvelle situation existentielle: il se reconnaît uniquement sujet et agent de l'Histoire, et il refuse tout appel à la transcendance. Autrement dit, il n'accepte aucun modèle d'humanité en dehors de la condition humaine, telle qu'elle se laisse déchiffrer dans les diverses situations historiques. L'homme SE FAIT lui-même, et il n'arrive à se faire complètement que dans la mesure où il se désacralise et désacralise le monde. Le sacré est l'obstacle par excellence devant sa liberté. Il ne deviendra lui-même qu'au moment où il sera radicalement démystifié. Il ne sera vraiment libre qu'au moment où il aura tué le dernier dieu.9

Mais Mircea Eliade ajoute aussitôt: "L'homme areligieux à l'état pur est un phénomène plutôt rare, même dans la plus désacralisée des sociétés modernes. La majorité des 'sans religion' se comportent encore religieusement, à leur insu. Il ne s'agit pas seulement de la masse des 'superstitions' ou des 'tabous' de l'homme moderne, qui ont tous une structure et une origine magico-religieuse. Mais l'homme moderne qui se sent et se prétend areligieux dispose encore de toute une mythologie camouflée et de nombreux ritualismes dégradés".10

II. CULTURE ET RELIGION

L'HOMO RELIGIOSUS

Toute l'histoire de l'anthropologie le montre en effet: la religion a été le dynamisme inspirateur des grandes réalisations de l'homme, qu'il s'agisse de l'Ecriture, la Bible, des signes sacrés, des villes, les plus belles créations culturelles après l'écriture, avec leurs espaces et les temples sacrés selon Mumford: des arts, architecture, peinture, poésie, chant, danse, théâtre; des Codes religieux et civils, de l'école et de l'Université. Dans son livre classique, La Cité antique (1864), qui fit date dans l'histoire des religions, Fustel de Coulanges, en une formule lapidaire, résume son propos: "Nous avons fait l'histoire d'une croyance. Elle s'établit: la société humaine se constitue. Elle se modifie: la société traverse une série de révolutions. Elle disparaît: la cité change de face. Telle a été la loi des temps antiques.

Cette loi des temps antiques serait-elle révolue avec l'avènement de la culture sécularisée? D'aucuns l'ont cru un peu rapidement, avant que cette notion ne soit à son tour mise en cause par des études plus récentes sur le sacré et la religion populaire, qui montrent la permanence transculturelle du sacré, "de tous les temps et de tous les peuples", selon l'expression d'Isambert.11

Comme le dit Mircea Eliade, "le sacré s'avère être un élément dans la structure de la conscience, et non un stade dans l'histoire de cette conscience... En d'autres termes, être - où plutôt devenir un homme - signifie 'être religieux' ".12 "Car c'est le sacré qui est le réel par excellence".13 L'homme qui est, naturellement, homo religiosus, en fait l'expérience. Enraciné dans l'histoire, il a laissé des traces de ses multiples expériences depuis le paléolithique, à travers les religions. Le sacré se manifeste, dans la nature, comme une puissance qui transcende la nature, expérience existentielle de l'homo religiosus, au coeur même de la culture.

PAGANISME ET RELIGION

Ceci est capital. Contrairement aux apparences, l'expérience religieuse a la même spécificité dans l'espace et dans le temps. Elle est homogène dans sa structure, même si elle est hétérogène dans ses formes, rites, mythes, symboles, ce qui explique sa grande variété: de la hiérophanie qui a lieu dans une pierre, jusqu'à la théophanie suprême, l'Incarnation de Dieu en Jésus-Christ.14 Comme l'écrivait le futur Cardinal Jean Daniélou dans L'oraison, problème politique:

"Il y a une religion de l'Occident. Cette religion, c'est l'antique paganisme grec ou latin, celte ou germanique... Ce paganisme valait les autres. Il n'est pas encore si loin de nous. Nous ne sommes jamais que des païens convertis... Le païen est celui qui reconnaît le divin à travers sa manifestation dans le monde visible".15

Malgré les apparences et les modes, l'expérience religieuse est une dimension fondamentale de l'homme. C'est un aspect constitutif de l'homme, que d'être religieux, une donnée immédiate de la conscience sensible, un facteur de l'histoire. Je suis un païen gaulois converti, disait Daniélou. Et ce paganisme, marqué par la culture dans laquelle je suis né, exprime mon génie religieux, et donne à mon christianisme sa saveur particulière. Ce génie religieux se déploie et s'ordonne autour de deux pôles, la religion cosmique, de la nature, le fameux fascinans et tremendum de R. Otto, et la religion intérieure, le monde spirituel de la conscience. Il y a diverses âmes païennes. Et chacune a sa beauté particulière, et aussi sa tentation propre, l'idolâtrie, que permet de surmonter la révélation inouïe de l'Incarnation, le Dieu fait homme pour que l'homme devienne Dieu.16

Selon l'intuition profonde d'André Malraux, Tout homme rêve d'être Dieu.17 Mais Dieu sans Dieu, et même contre Dieu, ou Dieu avec Dieu, comme déjà s'interrogeait Maurice Blondel dans sa thèse de 1893 sur L'Action? Les essais ne manquent pas, qui tentent d'expliquer la double crise contemporaine de la culture et de la religion et leur simultanéité, leur inter-action évidente, tant il est vrai que la religion est une vision cohérente des choses, par laquelle l'homme tente de se comprendre lui-même et de situer son destin dans l'histoire, et que toute culture est l'expression incarnée dans cette même histoire de la manière dont l'homme vit son humanité et en assume les valeurs.

Etre social, l'homme communique à travers un langage et s'organise avec des institutions qui témoignent de valeurs partagées. Face à l'angoisse devant l'avenir et à la terreur devant la mort, il a besoin de certitudes ordonnées, où le chaos primitif se transforme en Cosmos, où l'espace et le temps trouvent leur signification dans un ordre universel significatif, relié à l'existence réelle de forces et d'êtres supérieurs au monde humain, qui constituent le divin. Ces convictions profondes, largement partagées à l'intérieur d'aires socio-culturelles bien définies, ont été l'âme des civilisations hindoues, bouddhistes, confucianistes, musulmanes, et chrétiennes. Mais les religions ne sont plus seules à proposer aujourd'hui un sens cohérent à l'existence. C'est un changement profond dans la conscience culturelle de l'humanité qui demeure en quête d'un besoin inaliénable de sens.

SECULARISATION

Le processus de sécularisation qui ébranle le monde moderne ne peut aller sans graves conséquences, s'il est vrai, selon l'expression du sociologue américain Peter Berger, que la religion représente une immense projection de significations humaines dans l'immensité vide de l'univers,18 et que la sécularisation est le processus qui soustrait progressivement à la religion tous les secteurs de la vie sociale et culturelle, des arts à la philosophie, du droit à la science, de l'éducation au pouvoir, les uns et les autres se développant selon des processus autonomes.

L'univers sacré est désacralisé. Le lien qui réunissait l'homme -créature-, à la nature -création-, et à Dieu -créateur-, est rompu. "L'homme est un Dieu tombé qui se souvient des cieux", disait le poète. Pour le moderne technicien, devenu amnésique, c'est une Alliance millénaire qui est rompue, cette alliance dont l'arc en ciel dans la nue était le signe et le symbole cosmique, et l'Incarnation, la réalisation historique, où le Dieu fait homme du vieux Credo appelait l'homme à devenir Dieu, selon l'affirmation inlassablement répétée des Pères de l'Eglise.

La sécularisation a entraîné une situation tout à fait nouvelle pour l'homme moderne. Pour la première fois probablement dans toute l'histoire, les légitimations religieuses du monde ont perdu leur crédibilité, non seulement pour quelques intellectuels et d'autres individus marginaux, mais pour de larges couches de sociétés entières.19 Devant les explications plurielles qui s'offrent à lui en un super-marché superachalandé, les théories qui se disputent son adhésion rendent l'homme moderne plutôt indifférent devant ces perspectives contradictoires.

Si le lien entre sécularisation et pluralisme est évident, il ne l'est pas moins avec l'indifférence religieuse, qui, telle une marée apparemment inexorable, a recouvert dans son flux les continents que la foi avait désertés.20 Mais le reflux déjà s'amorce, tant il est vrai que l'homme ne peut vivre longtemps sans conviction et sans horizon, enfermé dans un monde dépourvu de cohérence et privé d'identité.

AU PAYS DU NOUVEAU SACRE.21

Déboussolés, au sens rigoureux du terme, car ils ont perdu le Nord sur cet océan sans barque ni rivage, sans voile ni étoile, beaucoup redeviennent chercheurs d'identité, en quête d'absolu, ce qui ne veut pas dire pour autant en quête de Dieu.

La religiosité tend à prendre la place du religieux, et le divin celle de Dieu, cependant qu'Eros et Dionysos règnent en maître aux lieux et places d'Agapè et d'Eirènè. Une boulimie de rêve, une soif d'autre chose, un besoin éperdu de croire alimentent les voyages vers l'Asie mystérieuse, l'astrologie et le spiritisme. Comme disent les gens: il faut bien croire en quelque chose! A force de désacraliser le sacré, on s'est mis, faute de mieux, à sacraliser le profane. Et les mêmes qui trouvaient insupportables les célébrations liturgiques, s'extasient devant les rites d'ouverture des Jeux Olympiques, ou communient dans une manifestation culturelle. Voici soudain les valeurs profanes sacralisées.

C'est dire qu'il est inexact d'identifier perte de la foi avec perte du religieux, désacralisation du christianisme avec désacralisation de l'existence, réveil du religieux avec résurgence du christianisme. Nous avons à nous inter-roger sur la poussée des sectes en des cultures bien différentes, de l'Amérique à l'Afrique et à l'Europe. Car: Nul ne croit évidemment quoi que ce soit, s'il n'a d'abord pris conscience qu'il convenait d'y croire.22 Et Augustin ajoutait dans ses Confessions: La vérité est aimée à ce point, que ceux qui aiment autre chose qu'elle, veulent que ce qu'ils aiment soit la vérité.

UNE DIMENSION FONDAMENTALE. L'HOMME

La crise des valeurs est le fruit amer des idéologies rationalistes, scientistes et techniciennes. Elle engendre le retour des rêves millénaristes, et des utopies paradisiaques, l'émergence du naturisme et de l'écologie. Elle nourrit le foisonnement des sectes et le pullulement des nouvelles religions. Car le sacré de pacotille par médias interposés ne peut longtemps combler le vide que ressent l'homme dans ses profondeurs. Je garde très vivant le souvenir du frémissement qui a accueilli ces déclarations de Jean-Paul II dans la grande salle de L'Unesco à Paris, le 2 juin 1980:

"Il y a une dimension fondamentale, qui est capable de bouleverser jusque dans leurs fondements les systèmes qui structurent l'ensemble de l'humanité et de libérer l'existence humaine individuelle et collective, des menaces qui pèsent sur elle.

Cette dimension fondamentale, c'est l'homme, l'homme dans son intégralité...

Respectez l'homme, car il est à l'image de Dieu, cet homme qui est la route de l'Eglise, cet homme dont le Christ nous montre la dimension profonde, la vocation divine, lui, l'un des milliards et cependant l'unique, selon la forte expression de Jean-Paul II.23 La version athée de la modernité s'épuise. Le néo-païen est légion. Le pasteur Vissert't Hoof, du Conseil Oecuménique des Eglises, l'affirmait avec force:

"Nous avons décrit, analysé, passé aux rayons X un specimen d'homme postchrétien sécularisé, représentatif de notre prétendu siècle sans religion... Mais je crois qu'il y a aussi un autre type d'Européen représentant la multitude de ceux qui n'ont plus de contact régulier avec les Eglises, et que ce type est incontestablement religieux.24

L'EXIGENCE DU SENS

Le docteur Viktor Frankl, professeur de neurologie et de psychiatrie à l'université de Vienne et à San Diego en Californie, l'a montré, à partir de son écoute des malades et de son expérience des camps de concentration. Il est aujourd'hui des hommes affrontés à un vide existentiel qui leur donne le vertige. La névrose révèle un être frustré de sens, ce qui conduit à penser que l'exigence de l'homme, être de désir, n'est pas d'abord l'épanouissement sexuel, mais la plénitude du sens. Et la psychologie des profondeurs a trop négligé ce centre de l'existence qu'est la véritable profondeur de l'homme et la source de son activité spirituelle, comme de sa conscience morale. Jamais celle-ci ne pourrait être parole impérative dans l'immanence si par elle ne s'exprimait ce toi de la transcendance, où Dieu est toujours visé, même si c'est de façon cachée.25

LA RUMEUR DE DIEU

Le même sociologue américain qui s'était fait le chantre de la sécularisation, a depuis annoncé le retour de "la rumeur de Dieu",26 tant il est vrai qu'il sera bientôt veuf celui qui veut épouser l'esprit de son temps.

Loin de la tyrannie culturelle de l'opinion, l'analyse même du comportement humain retrouve ce que Peter Berger appelle des indices de transcendance: le besoin spontané de confiance, l'amour paternel et maternel, conjugal et filial, le désir du bien, la recherche de la vérité, la poursuite de la justice, la joie du don et du pardon, au coeur de notre vie et de notre expérience la plus quotidienne, toujours tendue vers l'avenir, liée à des projets créateurs, et cette joie et cette paix qui sont sources d'espérance, autant d'indices de Dieu dans notre réalité humaine, aussi fragiles et irréfutables que le premier sourire d'un enfant.

Un enfant naît, dit le Proverbe,

Dieu n'a pas abandonné le monde.

JEAN-PAUL II à l'UNESCO

Dans son discours du 2 juin 1980 à l'Unesco, à l'occasion de sa visite au siège de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, Jean-Paul II a voulu, selon ses propres termes, "exprimer une conviction profonde: le lien organique et constitutif qui existe entre la religion en général et le christianisme en particulier, d'une part, et la culture d'autre part. Cette relation s'étend aux multiples réalités qu'il faut définir comme des expressions concrètes de la culture aux diverses époques de l'histoire et dans tous les points du globe". La relation entre culture et religion qui s'incarne dans des réalisations historiques successives, trouve son fondement dans la nature même de la culture et de la religion. Ce lien, pour l'Evangile, comme pour les autres sources de l'inspiration religieuse, humaniste et éthique, c'est l'homme lui-même, dans son humanité, cet homme qui est présent toujours dans toutes les formes de culture:

"Pour créer la culture, il faut considérer jusque dans ses dernières conséquences et intégralement, l'homme comme une valeur particulière et autonome, comme le sujet porteur de la transcendance de la personne. Il faut affirmer l'homme pour lui-même, et non pour quelque autre motif ou raison: uniquement pour lui-même! Bien plus, il faut aimer l'homme parce qu'il est homme, il faut revendiquer l'amour pour l'homme en raison de la dignité particulière qu'il possède".

En d'autres termes, la relation entre la religion et la culture est fondée dans la constitution de l'homme comme tel. Et le pape ajoute comme preuve ce fait très significatif: "Lorsque les institutions religieuses sont supprimées, les hommes retrouvent à nouveau ces mêmes données hors des chemins institutionnels, par la confrontation qui s'opère, dans la vérité et l'effort intérieur, entre ce qui constitue leur humanité et ce qui est contenu dans le message chrétien".

LA RELIGION AU BERCEAU DES CULTURES

La religion est au berceau des cultures et en accompagne le devenir historique, au long des millénaires. Nécessaire pour la constitution d'une vraie culture, son absence en rend impossible le plein développement. Le pape réaffirme au cours de son premier voyage apostolique en Afrique:

"Il est à jamais vrai que le chemin de la culture est le chemin de l'homme et que c'est sur ce chemin que l'homme rencontre l'Unique qui réunit en lui les valeurs de toutes les cultures et révèle pleinement l'homme de chaque culture à lui-même... C'est dans le chemin de la culture que l'Evangile du Christ, le Verbe incarné s'insère et, à partir de là, continue d'offrir le message de salut et de vie éternelle".

Comme il le disait à Manille, c'est du reste dès les premiers temps de l'évangélisation que l'Evangile a appris à exprimer la vérité du Christ à l'aide des idées et dans la culture des différents peuples. Aussi y a-t-il interaction incessante et vitale entre Evangile et cultures. Et le lien fondamental de l'Evangile, c'est à dire du message du Christ et de l'Eglise, avec l'homme dans son humanité même, est créateur de culture dans son fondement même.

IMMANENCE ET TRANSCENDANCE

Selon l'expression de Paul Tillich, tout est culturel et tout est d'une certaine façon religieux, ou encore tout le culturel est religieux, et tout le religieux culturel, à condition de souligner en même temps que la religion est à la fois immanente et transcendante à la culture, la théologie ayant pour tâche de rendre perceptible la signification éternelle et anthropologique de la foi chrétienne pour la culture contemporaine. Toute théologie s'exprime dans une culture, et l'insertion culturelle de la foi est attestée depuis les origines, à commencer par les quatre Evangiles qui expriment le même message de manière différente. L'Eglise est par nécessité dans la culture tout autant que la culture est en elle. Le christianisme lui-même est aussi un phénomène culturel, car il s'épanouit, selon l'expression tillichienne, en ce lieu dont nous ne cessons d'être, la culture.

Dans son discours aux hommes de culture, à l'Université de Coimbra, le 15 mai 1982, Jean-Paul II affirme même que "l'incarnation humaine du Christ a été aussi une incarnation culturelle.27 La relation entre culture et religion n'est donc pas passive, entre objet et sujet, mais profondément active entre deux sujets en interaction réciproque. Cette symbiose ne va pas sans précautions ni efforts. Il ne s'agit pas d'une osmose, mais d'une greffe, avec les interactions vitales et les anticorps qu'elle suscite. Tout un travail de discernement, sans cesse à reprendre, est nécessaire. Aussi la culture est-elle tout autant une tâche à accomplir qu'un héritage à conserver.

SYMBIOSE ET AFFRONTEMENT

Cette rencontre entre culture et Foi est l'histoire d'une alliance progressive qui s'est établie entre les manières de penser et de vivre et le catholicisme. Cette lente imprégnation a demandé des siècles. En d'autres termes, Tillich dira que la culture est à la fois autonome et théonome: si elle porte en elle ses propres lois, elle ne possède pas elle-même le principe de son accomplissement. Toute incarnation porte en elle la tentation d'un "incarnationnisme" limitatif et réducteur, au sens ethnocentrique et historique. La rencontre de la religion avec la culture est toujours un exode, dans le pèlerinage de l'homme de la terre vers le Ciel. Si l'Eglise se sent à l'aise en toute culture, elle n'en fait sienne aucune de manière exclusive, même s'il est des alliances séculaires, voire millénaires. Toute culture est foncièrement ambivalente. Les valeurs qu'elle promeut peuvent devenir des idoles, face à l'unique absolu vers lequel conduit la religion. Aussi y a-t-il toujours affrontement entre le message évangélique et la culture ambiante, dès le discours de saint Paul devant l'aréopage d'Athènes. La foi au Christ n'est pas une simple valeur culturelle parmi d'autres. Toute tentative d'assimilation culturelle totalitaire se heurtera toujours au refus chrétien. Soucieuse de rejoindre l'homme des nouvelles cultures, l'Eglise n'entend nullement s'y dissoudre, mais y apporter au contraire son ferment, dans la conscience que le dialogue de l'Eglise avec les cultures de notre temps est ce domaine vital dont l'enjeu est le destin de l'Eglise et du monde en cette fin du XXe siècle, comme Jean-Paul II le rappelait en fondant, le 20 mai 1982, le Conseil Pontifical de la Culture.28

CONCLUSION

Les religions constituent, dans l'histoire de l'humanité, un phénomène irréductible à toutes les interprétations strictement immanentes que les phénoménologues, les historiens des religions et les philosophes ont prétendu en donner. L'ensemble impressionnant des études réunies par les chercheurs depuis plusieurs siècles, montre qu'il existe à travers la diversité des civilisations connues dans l'histoire une continuité irrécusable, manifestée par des témoignages saisissants: celle d'un expérience religieuse irréductible à toute autre expérience humaine. Au centre de toute culture, se trouve l'homme qui vit une rencontre avec le sacré.

L'EXPERIENCE DU SACRE

L'homo religiosus, pour reprendre l'appellation de Mircea Eliade, rencontre dans son expérience personnelle quelque chose qui est différent du profane, une réalité absolue qui, à ses yeux, transcende ce monde, mais s'y manifeste. C'est la hiérophanie. Et l'expérience, contre toutes les théories positives d'Auguste Comte, ou sociologiques de Durkheim, est fondamentalement la même, de l'homme archaïque à l'homme moderne: le monde a été créé, la vie a un sens, le sacré doit être respecté. Ainsi naissent religions et cultures.

L'homme qui croit dans cette réalité transcendante manifeste sa croyance grâce à des mythes, des symboles et des rites, qu'il s'agit de comprendre et d'interpréter dans leur profondeur, et c'est le rôle de l'herméneutique -et non de les réduire à leur approche psychologique, sociologique, philosophique ou historique. Les questions décisives qui se posent ne sont donc pas celles de l'enracinement ou du conditionnement, encore qu'elles aient bien sûr leur importance, mais celles de la signification du message pour l'homme et pour la société: que veulent dire les phénomènes religieux? Que signifient les mythes, qui sont à la fois comme un englobant archétypal révélateur des origines et des structures du monde, et en même temps un modèle englobant pour la vie personnelle, religieuse et sociale. Pour être non conceptuelle, la logique du mythe n'en est pas moins réelle. Car celui-ci fait partie d'un système de pensée qui a sa cohésion propre et son échelle de valeurs, à partir d'une expérience vitale en relation avec une transcendance. La religion explique le monde dans son rapport avec l'homme et avec Dieu. Elle est à la source de la théologie, de l'anthropologie, et de la cosmologie. Elle constitue le tissu vivant de la culture.

DIMENSION PLENIERE DE L'ETRE

Cet héritage commun des peuples nous permet de prendre conscience de l'unité spirituelle de l'humanité, fondement d'un dialogue interculturel. La sacralité est la dimension plénière de l'Etre. En d'autres termes, loin d'être une illusion, la foi est l'expérience personnelle la plus riche et la plus indispensable pour une vie pleinement humaine.

L'un des apports les plus irrécusables de la culture aujourd'hui est de rejeter la chape de plomb étouffante du rationalisme dit scientifique. Car l'erreur, selon les termes de Leszek Kolakowski, est de confondre la science avec le rationalisme, qui est une position idéologique, découlant d'une décision arbitraire. Il n'existe pas de Weltanschauung scientifique. La science n'est pas matérialiste, et le matérialisme n'est pas scientifique.29

L'actuelle situation culturelle est caractérisée par une perte graduelle de la culture du passé et une sorte de béance où la sécularisation et la société de bien-être mettent l'accent sur les valeurs, comme on dit, intra-mondaines, immanentes, immédiates: c'est le primat du plaisir sur le désir, de la jouissance sur l'espérance, de l'avoir sur l'être. Une désacralisation progressive se manifeste. Un ami qui n'était pas allé depuis longtemps à Notre Dame de Paris, me disait sa stupeur de voir la cathédrale envahie et enlaidie par des cohortes de touristes vêtus, ou plutôt dévêtus, comme ils le sont devant les pyramides d'Egypte et les temples grecs, considérant ce joyau de l'art chrétien avec la même curiosité ignorante que les splendeurs de l'art grec ou égyptien, les unes et les autres également profanisées, -faut-il dire profanées?- Plus que des techniciens et des spécialistes de l'histoire de l'art, sans doute nous faudrait-il des poètes et des saints pour faire communier tant d'analphabètes en art sacré à ce que l'art roman et gothique, l'art baroque et l'art romantique ont exprimé de valeurs d'amour et de foi. Il m'est souvent donné de participer à des initiatives de Centres culturels catholiques. Et je découvre avec émerveillement ce qu'une petite équipe, presque sans moyens matériels, mais avec une compétence transfigurée par la ferveur, peut susciter d'admiration et de communion profonde, devant des chefs d'oeuvre authentiques aussi divers que le Miserere de Roualt, les tapisseries de Manessier, le chant grégorien, la polyphonie classique, les mélodies modernes et les tableaux non figuratifs, mais si expressifs, de jeunes artistes encore inconnus.

AU COEUR DE L'HISTOIRE, CE ROYAUME INFINI DES AMES

Comme le disait Péguy, le spirituel est lui-même charnel. La religion est l'âme de la culture, non point passéiste, ni moderniste, mais tout simplement humaine. Aujourd'hui, culture et foi sont l'une et l'autre en crise. Et la profondeur de cette crise qui ébranle notre temps vient de l'interaction mortifère de ces deux crises. Car la religion n'est pas seulement, mais elle est aussi un fait culturel. Et la culture est d'abord un fait religieux. La culture offre à la religion son langage. Et la religion donne à la culture son ultime contenu, la conscience que l'homme de cette culture a de lui-même et de sa situation dans le monde.30

Il y a donc une relation intrinsèque entre la crise de la culture et la crise de la foi. Depuis des siècles, l'Occident a vécu la rupture progressive entre l'essence de la foi et l'esprit de la culture, au point que Jean-Paul II a pu dire, de la crise de la culture européenne, qu'elle est d'abord la crise de la culture chrétienne. Les hommes influents de la culture moderne depuis Marx, Nietzsche et Freud, ont attaqué la foi. Et culture et foi, à force de se combattre, se sont débilitées et demeurent l'une et l'autre profondément blessées. Il nous faut recomposer l'unité. Car, pour être fidèle à sa fonction, la foi ne peut demeurer comme un corps étranger à l'ensemble culturel dans lequel elle est immergée.

Les témoignages que vous nous donnerez, d'Afrique, d'Amérique et d'Asie, comme de l'Europe du Centre et de l'Est vont nous y aider puissamment.

En compromis constant avec la culture dans laquelle elle vit, la foi est en même temps en lutte sans cesse renouvelée pour que cet esprit de compromis ne devienne pas compromission. Cette tension est vitale entre la culture qui incarne la foi0 et la foi, qui en est l'âme, au coeur de l'histoire, ce royaume infini des âmes.


N O T E S

1. Cf. Paul POUPARD, Dictionnaire des Religions, Presses Universitaires de France, Paris, 3e éd. revue et augmentée, 1993, p. V.

2. Cf. Paul POUPARD, Le Concile Vatican II, PUF, Coll. "Que sais-je?", Paris, 1983. Trad. chinoise, 1986; italienne, 1987.

3. Constitution pastorale Gaudium et Spes, n· 53.

4. Paul POUPARD, Eglise et Cultures. Jalons pour une pastorale de l'intelligence, éd. S.O.S., Paris, 1980. Trad. italienne, Vita e Pensiero, Milano, 1987; espagnole, Edicep, Valencia et Mexico, 1985.

5. Cf. Margaret MEAD, Le fossé des générations, Denoël, Paris, 1971.

6. Cf. Paul POUPARD, Science et Foi, Desclée, Paris, 1982; Galileo Galilei, 350 ans d'histoire, ibid., 1983. Trad. italienne, Piemme, Casale Monferrato (AL.), 1986; américaine, Duquesne University Press, 1989; polonaise, Znak, Cracovie, 1991.

7. Cf. Paul POUPARD, L'Eglise au défi des Cultures, Inculturation et Evangélisation, Desclée, Paris, 1989.

8. Pierre BABIN, Marie-France KOULOUMDJIAN, Les nouveaux modes de comprendre, Centurion, Paris, 1983.

9. Mircea ELIADE, Le sacré et le profane, Gallimard, coll. "Idées", Paris, 1965, p. 172.

10. Ibid., p. 173. Cf. Roland DUFOUR, La mythologie du week-end, Cerf, Paris, 1980.

11. Francis-André ISAMBERT, Le sens du sacré. Fête et religion populaire, Ed. de Minuit, Coll. "Le sens commun", Paris, 1982, p. 247.

12. Mircea ELIADE, Préface à Douglas ALLEN, Mircea Eliade et le phénomène religieux, Payot, Paris, 1982, pp. 7 et 8.

13. Mircea ELIADE, Le sacré et le profane, op. cit., p. 83.

14. Cf. Paul POUPARD, Les Religions, PUF, Coll. "Que sais-je?", 4e éd., Paris, 1993, ch. II, p. 17-28. Trad. espagnole, Herder, Barcelone, 1989; italienne, Piemme, Casale Monferrato (AL.), 1990.

15. Jean DANIELOU, L'oraison, problème politique, Fayard, Coll. "Le Signe", Paris, 1965, pp. 88, 98-99.

16. Jacques VIDAL, art. Daniélou Jean, dans Paul POUPARD, Dictionnaire des Religions, op. cit., pp. 432-436.

17. André MALRAUX, La condition humaine, Gallimard, Paris, 1934, p. 271. Cf. Pierre BOCKEL, André Malraux ou l'agnostique avide de transcendance, dans Athéisme et Dialogue, Cité du Vatican, 1983, n· 2/3. pp. 217-229.

18. Peter BERGER, La religion dans la conscience moderne, Le Centurion, Paris, 1971, p. 166.

19. Ibid., p. 201. Cf. Paul POUPARD, L'Eglise devant le défi de l'athéisme contemporain, Desclée, Paris, 1982, pp. 165-194. Trad. italienne, Piemme, Casale Monferrato (AL.), 1984; portugaise, Braga, 1986.

20. Paul POUPARD et le Secrétariat pour les Non-croyants, L'indifférence religieuse, Beauchesne, Coll. "Le Point théologique", n· 41, Paris, 1983.

21. Jean VERNETTE, Au pays du nouveau sacré, Centurion, Paris, 1981.

22. Saint AUGUSTIN, De praedestinatione Sanctorum, 2, 5.

23. Stanislaw GRYGIEL, Anthropologie de Jean-Paul II, dans Dictionnaire des Religions, op. cit., pp. 75-77.

24. W.-A. VISSER'T HOOF, L'évangélisation auprès des néo-païens européens, dans Athéisme et Dialogue, 1979, n· 2, p. 56-64.

25. Victor FRANKL, Le Dieu inconscient, Centurion, Coll. "Religion et sciences de l'homme", Paris, 1965.

26. Peter BERGER, La rumeur de Dieu, Signes actuels du surnaturel, ibid., 1972.

27. Cf. Commission théologique internationale, La foi et l'inculturation, dans Documentation Catholique, 19 mars 1989, n· 1980, p. 281-289; La Civiltà Cattolica, 21 janvier 1989, p. 158-177; Origins, mai 1989, vol. 18, n· 47, pp. 800-807; Editorial Cete, Toledo, s.d.

28. Cf. Paul POUPARD, Dictionnaire des Religions, op. cit., art. Acculturation, Culture et Christianisme, Conseil Pontifical de la Culture, Culture et Cultures, Culture et Religion, Inculturation, Synodes de l'Eglise catholique et inculturation de l'Evangile.

29. Leszek KOLAKOWSKI, La ricerca del significato, dans Civiltà delle macchine, Religione e Cultura, Roma, 1980, p. 27.

30. Cf. Raimondo PANIKKAR, La religione del futuro o la crisi del concetto di religione, dans Civiltà delle macchine, op. cit., pp. 166-171.

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