Cultures et foi - Cultures and Faith - Culturas y fe - 4/1996 - Plenaria 1997
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PLENARIA '97


LES PRATIQUES RELIGIEUSES AU DÉFI DE L'IMAGINAIRE:
POUR UN CHRISTIANISME FESTIF.

Cet article reprend et résume une intéressante contribution de M. Georges Bertin, Directeur de l'Institut de Psychologie et Sociologie Appliquées de l'Université Catholique de l'Ouest (Angers).

Georges BERTIN
Université Catholique de l'Ouest

La Constitution Gaudium et spes de Vatican II pose la «nécessité de favoriser le dynamisme et l'expansion d'une culture nouvelle sans que disparaisse la fidélité vivante à l'héritage des traditions.» Les anthropologues voient dans la pratique religieuse une des conditions de la solidarité sociale, qui contribue à donner du sens à la vie, à fonder le comportement religieux pour mieux maîtriser la souffrance et la mort, à participer au soulagement de pulsions douloureuses et à la recherche de satisfactions. Les faits religieux s'imposent aux individus comme faits sociaux, objectifs et naturels. Le sacré est ainsi une condition de la vie et, en période de crise, un moyen de communion qui donne le sentiment d'un rajeunissement de la société. Quand l'Eglise ne coïncide plus avec la cité, on observe des phénomènes d'intériorisation du sacré: il devient une affaire de secte, s'émiette, devient intérieur et n'intéresse plus que l'âme. Plutôt que d'accompagner le mouvement de profanisation du monde, les Eglises chrétiennes ne doivent-elles pas se poser les questions de la spécificité du phénomène religieux, de la participation sociale et de la remythologisation du monde?

1. Un constat: une dépression religieuse et une désaffection sociale.

De nombreux auteurs s'accordent pour décrire l'ambiance de mort qui régit nos sociétés post-modernes déliées de l'intérieur, en voie d'implosion, fondée sur l'idée d'un univers privé de perspective. En découle, pour Tony Anatrella, l'incapacité d'accéder à un humanisme commun, la société «commettant l'erreur de refouler dans la sphère du privé la religion et la morale au bénéfice du politique et du culturel», eux-mêmes conséquences et non fondement d'un idéal social.

Nous pouvons mettre cela en parallèle avec le constat de la baisse globale de la pratique religieuse passée, pour la seule classe des 21-24 ans, de 18% à 2%, de 1966 à 1988, tandis que dans ces mêmes tranches d'âge, mais aussi dans l'ensemble du corps social, sont nettement plus fréquentes les croyances au paranormal. L'enquête SOFRES – La Vie de 1986 portant sur l'identité religieuse des français confirme ces tendances: 60 millions de personnes lisent les prédictions astrologiques d'Elisabeth Tessier, le salon de la parapsychologie et des "arts" divinatoires attire chaque année 60 000 visiteurs, tandis qu'autant de diseuses de bonne aventure que de médecins généralistes auraient pignon sur rue dans notre pays. La croyance aux sorts développe tout un cortège d'actions ponctuelles dont on attend une efficacité immédiate pour se concilier les forces supérieures, se protéger, se rendre le destin favorable. Tout se passe comme si la fonction de reliance sociale publique de la religion (re-ligio) s'effaçait devant le tissage des liens (eipô) a-sociaux et individuels procurés par des pratiques magiques permettant à chaque consultant de renouer les fils du destin.

Les jeunes manquent d'autant plus de culture religieuse qu'ils se trouveraient en face d'une Église qui aurait oublié le sens du mysticisme, de prêtres plus investis dans le matériel. Un aumônier décrit les jeunes centrés sur la sensation et le moment présent, et estime que «si l'on fait l'impasse sur l'émotion, la religion chrétienne ne parviendra pas à les toucher. Les jeunes s'éloignent des églises instituées, se construisent leur propre système en bricolant un assemblage de croyances traditionnelles qui satisfasse leur besoin de symbolisme, en préservant une part de mystère et en répondant à une interrogation sur la mort.»

Analysant les pratiques religieuses en milieu rural, un Auteur émet aussi un constat négatif: un monde s'évanouit, les pratiques religieuses sont en baisse, les vocations en crise, la morale conjugale et le célibat sacerdotal battus en brèche, la société en voie de sécularisation rapide, tandis que 71 % des français estiment que le sentiment religieux ne cesse de diminuer.

Pourtant, pour lui, cette perte de l'influence de la religion sur la conscience et la société ne doit pas être analysée comme une disparition du religieux, car résistent, par exemple, la fréquentation des grands pèlerinages et la solennisation des quatre saisons de la vie. Ayant nous même analysé les pratiques religieuses festives liées aux pèlerinages français, et observé comment des pratiques religieuses ancestrales consacrées par l'usage et la tradition peuvent renaître dans un contexte communautaire et identitaire local, nous partageons ce point de vue. L'histoire de ces pèlerinages encore très suivis est elle-même révélatrice d'un rapport ambigu entretenu par l'Eglise avec les formes de la piété collective dans nos campagnes comme l'illustre également bien l'évolution d'un pèlerinage marial célèbre datant de 1494 et jamais démenti. Pôle spirituel du diocèse, il connaît, au début de notre siècle, de grands rassemblements de la piété populaire. A la suite de Vatican II, certains s'interrogent dans l'Eglise sur la légitimité de certaines manifestations de la vie religieuse, et le pèlerinage connaît une certaine désaffection. Il semble renaître aujourd'hui: l'Evêque y a lancé le synode diocésain.

L'expansion du pèlerinage remonte au XIXe siècle lorsque, dans la mouvance ultramontaine, se renouvelle le culte marial et se développe un intérêt nouveau pour les formes festives de la religion populaire. Mais les détracteurs de la religion populaire présentée comme «religion refuge» l'emporteront, mettant l'accent sur ce qui leur apparaît comme une image désuète, éloignée des préoccupations militantes des mouvements d'Action Catholique et dénoncée comme incompréhensible pour le monde moderne. Un curé responsable départemental de l'Action Catholique considère que le pèlerinage «ne concerne pas les gens d'ici», jugement démenti par l'enquête de terrain. Ailleurs, un religieux qui avait accepté de célébrer à l'occasion d'une fête patronale renouant avec une tradition de procession populaire, confiait à la sortie de la célébration suivie par près d'un millier de personnes venues des villages environnants et ayant retrouvé quasi naturellement leur place ou celle de leurs pères dans la cérémonie: «je me demande bien ce que je suis venu faire ici.» Il semble qu'aujourd'hui les pratiques d'une religion populaire proche des grands rythmes calendaires et de l'enthousiasme du peuple chrétien soient à nouveau prises en compte par les clergés locaux.

Un autre exemple permettra d'illustrer les difficultés rencontrées sur le terrain. Dans plusieurs établissements d'enseignement catholique, se pose la problème de la communion solennelle: les familles des futurs communiants entrent en conflit, sur son organisation, avec leurs interlocuteurs du clergé. Ceux-ci, sous le prétexte que cette cérémonie serait d'invention relativement récente et s'apparenterait plus à une fête familiale "païenne" (sic) qu'à une cérémonie d'Eglise, prennent la décision, sans admettre aucun dialogue sur ce qu'ils considèrent comme un point de dogme, de refuser aux familles ce qu'elles considèrent comme une nécessité: la symbiose solennisée et donc reconnue et socialement et communautairement entre une cérémonie d'Église et une fête familiale qui, pour les familles, devra marquer une étape importante dans la vie de leurs enfants arrivant à l'âge de l'adolescence avec tous les pièges que cela comporte, le cortège d'angoisses et d'incertitudes qui l'accompagne.

Face à des agents du culte tenants d'une pastorale malthusienne, s'insurgent des familles pour le moins désorientées, qui considèrent que la communion solennelle, du fait de son caractère de rite de passage, est humainement nécessaire. A l'encontre, leurs opposants, avec le soutien des milieux petits bourgeois qui masquent sous des arguments pseudo rationnels un mépris profond pour des formes culturelles différentes, estiment nécessaire la recentration de ce qu'ils ne considèrent plus comme un rite de passage vers un processus d'adhésion personnel, individualiste, rationalisé. Ils l'imposent autoritairement, estimant que l'heure n'est plus à l'émotion partagée mais à la réflexion froide et armée. On passe de la Communion solennelle communautaire et festive, à la Profession de Foi valorisant l'adhésion individuelle de l'enfant. On voit quels modèles sont à l'oeuvre de part et d'autre, bien décrits par François-André Isambert: culture de masse et culture d'élite, Eglise multitudiniste et Eglise confessante, laquelle se console de la perte des masses l'ayant désertée par la satisfaction de la qualité, comme s'il n'y avait plus désormais «qu'une seule demeure dans la maison du Père.»

Nous n'en finirions pas de citer des exemples de cette coupure qui nous semble de plus en plus radicale et agrandit un peu plus chaque jour la fracture qui passe désormais au milieu des communautés chrétiennes locales sur fonds d'anathème.

2. Analyse, éléments constitutifs

Trois éléments nous semblent inscrits au coeur du débat.

A) Le don

Marcel Mauss émettait l'idée que la réciprocité était au coeur de la vie sociale, l'échange entre collectivités étant marqué par des rituels ordonnés et sanctionnés par la croyance. Il décrivait deux formes d'échange: le potlatch, «système de prestations totales de type agonistique», faisant obligation aux uns et aux autres d'accepter et de donner, de dépenser sans bornes et de détruire des richesses. Les usages et coutumes de politesses, les festins, les rites qui les organisent en constituent les marques extérieures, la codification sociale. Et le mana, qui garantit le pouvoir spirituel des choses données, soit une vertu qui force les dons à circuler, à être donnés, à être rendus, le droit confirmant l'histoire des obligations mises en oeuvre. L'idée de mana s'étend à l'ensemble des rites magiques et religieux, à la totalité des personnes et des choses intervenant dans la totalité des rites. Et Mauss attire notre attention sur le fait «qu'une grande partie de notre morale et de notre vie elle-même stationne toujours dans cette même atmosphère du don, de l'obligation et de la liberté mêlés. Il y a toujours dépense pure et irrationnelle.» Il observe d'ailleurs deux systèmes de relations à l'oeuvre dans cette problématique de l'échange, celui des homme entre eux et celui des hommes avec les dieux. Mauss n'hésite pas à tirer des leçons en les étendant à nos propres sociétés: revenons à de l'archaïque, réinventons des moeurs de dépense sociale, retrouvons la joie à donner en public, le plaisir de la dépense artistique et généreuse, celui de l'hospitalité et de la fête privée et publique.

Nous voyons bien, dans les exemples cités, ce qui fait défaut à ceux qui, en les cantonnant dans l'aire individuelle, tentent de détruire les formes sensibles des pèlerinages populaires, leur aspect hédoniste comme le sens de la fête publique et privée qui accompagnait autrefois les cérémonies de communion solennelle marquées, au moins dans les paroisses rurales, par des rituels de partage symbolique entre les membres des communautés (le pain bénit à la messe, reliant en le sacralisant comme par avance l'Eucharistie au repas familial qui suivait, fonctionnait bien sur le mode de l'échange, de l'invitation généreuse et toujours suivie de réciprocité). Il leur manque sans doute, ce dont justement les populations locales ont gardé la mémoire par delà les ukases, une générosité d'esprit, un sens du partage qui les conduiraient à admettre les formes religieuses comme témoignages de don, personnel et communautaire, signes d'irruption de la sphère du sacré dans l'existence sociale. De l'admettre redonnerait sans doute à la religion la place centrale qu'elle devrait occuper car «elle contient en elle, dès le principe, mais à l'état confus, tous les éléments qui, en se dissociant, en se déterminant, en se combinant de mille manières avec eux-mêmes, ont donné naissance aux diverses manifestations de la vie collective.» (Durkheim) De ce point de vue, la pratique religieuse ne me semble pas pouvoir être séparée de la société: elle est communautaire.

B) La Communauté

Le rapport des jeunes au spirituel ne se conçoit pas qu'en terme d'acquisitions individuelles, cognitives: la pratique religieuse est ordonnée à des fins substantielles et expressives. S'il est exact que l'homme n'est pas seulement un organisme linéaire lié au social et qu'il emploie une partie de ses forces à rompre partiellement ou totalement le lien qui l'unit à la société dans l'espoir de devenir un individu libre, il n'en est pas moins vrai que cette prise de conscience de l'autonomie le conduit à s'établir dans les perspectives ouvertes de la personne et, utilisant les oppositions internes aux sociétés, à se porter tout naturellement vers des communautés électives qui se conjuguent à l'ancienne organisation. Alors qu'il appartient de fait aux communautés traditionnelles (la famille pour les communiants), il doit opérer une dialectisation avec des communautés électives qui résultent d'un choix (l'Eglise catholique par exemple). Dans ce cas, l'individualisme absolu, quasi autistique, est renvoyé aux gémonies de toute pensée sociale et le rapport Famille – Eglise est à penser dans l'ordre de l'articulation bien plus que dans celui d'une opposition radicale, d'une coupure.

C) Le sacré

Le renvoi de certaines pratiques populaires ou familiales dans la sphère du profane ne participe-t-il pas d'une confusion qui porterait sur la nature même du sacré et du profane? Certes si tous s'accordent sur la supériorité en dignité des choses sacrées sur les choses profanes, le Christianisme n'a jamais accepté leur hétérogénéité absolue et la religion populaire jusque dans ses formes les plus simples participe d'une idée englobante du sacré. Dans les Evangiles, le Christ recherche la compagnie des simples, des exclus, des marginaux, participe au banquet de Cana, ne néglige pas l'expression du sensible. A l'opposé d'une religion éthique qui, sous l'influence de la bourgeoisie puritaine, tend à accréditer l'idée que Dieu ne se manifeste plus, et privilégie l'individualisme, le pratico-pratique et l'action sociale et politique sur fond d'une morale de l'économie et de l'autonomie, la religion populaire met en oeuvre les manifestations d'un sacré originel, fait prendre conscience du caractère communiel de la société, de la nécessité de l'échange et du lien. D'où la fixation observée sur une communion solennelle que l'on voudrait être le lieu de toutes communications. Toutes les enquêtes montrent bien que les jeunes privilégient les relations. Ainsi, la vraie fonction de la religion est de nous faire agir et vivre, et le culte, système de signes traduisant la Foi, ne peut faire l'économie de leur appropriation collective, s'il vise à une certaine efficacité.

Il est peut être temps de tenter la réconciliation d'une religion des manifestations avec une religion de la proclamation, la liturgie (de leitos public et ergon Âœuvre, soit «service public») formant le lien, permettant de restaurer une piété immémoriale où création et nature s'accordaient avec les mystères de la Foi.

L'essor des sciences de l'homme nous a permis, grâce notamment aux travaux de l'Anthropologie une redécouverte des structures archaïques et plurielles de la représentation de l'homo symbolicus. Cet effort, en nous invitant à désacraliser la toute puissance d'une raison fondée sur un schème linéaire hérité de l'idéal classique et dont le provincialisme occidental nous paraît désormais trop local, est de nature à favoriser la redécouverte d'un paradigme perdu, la Nature humaine. Dans ce sens, la redécouverte de la fantaisie au sein même de la culture chrétienne nous apparaît une exigence incontournable.

Remythologiser

Les retrouvailles avec l'imaginaire débouchent sur la remythologisation de la culture chrétienne. Le pèlerinage s'inscrit, en effet, dans une métahistoire archétypique, dans un grand cycle liturgique, un aevum – aiôn rythmant la vie et le sens de la vie, ce dont participent, de notre point de vue et les pèlerinages où l'archétype de la Vierge Marie est invoqué par toutes les forces de la nature, et les rythmes calendaires qui viennent scander une vie d'homme dans ses passages décisifs. Car, partout où les églises proposent des réductions rationalistes, humanitaires et sociales du discours chrétien, sans rien concéder aux mythes, les Eglises se vident et la crise est évidente surtout parmi les jeunes. Le moteur de la déchristianisation est sans doute à rechercher, certes dans les mutations sociales que connaît notre époque, mais aussi dans le fait que les transformations, appliquées sans ménagement à une masse supposée en état de carence par une intelligentsia, provoquent des réactions négatives chez les anciens fidèles que l'on fidélise ainsi de moins en moins. Ne s'y reconnaissant plus, ils désertent le clergé et le culte, se raccrochent aux formes anciennes des rites et des croyances, quand ils ne cherchent pas des réponses à leur désarroi plutôt chez le sorcier que chez le prêtre... Alors que nous sommes écrasés sous le poids d'innombrables rites civils et sociaux, idéologiques et politiques, il apparaît que les rituels religieux ne nous apportent le plus souvent que somnolence et désinvestissement, comme s'ils n'étaient plus véritablement porteurs d'une symbolique, médiateurs entre les réalités sociales et l'imaginaire, celui des individus comme celui des sociétés, en fait comme s'ils manquaient désormais de signification vivante.

Face aux formes de décomposition du religieux se traduisant par un individualisme exacerbé, l'absence idéologique de toute régulation, les progrès de la sécularisation et la profanisation des objets sacrés, et qui ont nom sectes, new-age, pseudo orientalisme, le Sacré ne doit-il pas se relégitimer en tenant compte des créations sociales, intellectuelles et affectives des hommes?

3. Pour un christianisme festif

Pour Gilbert Durand, l'aggiornamento fonctionnant sur des goûts positivistes a sacrifié l'immémorial symbolisme naturel des points cardinaux du temps et de l'espace, des travaux et des jours, le génie du vieux calendrier chrétien épousant l'année naturelle comme les immémoriales routes de l'année pour aboutir à ce qu'il nomme, dans ses modalités d'expression, «une cuisine sans mystère apparent, coupant le christianisme de toute culture du Sacré pour l'aplatir dans l'événement le plus anecdotique et l'insérer dans des phénomènes de l'histoire au goût du jour.» Pour cet auteur, l'aggiornamento a aligné la foi sur ce qui se périme, se dialectise, s'efface au détriment de ce qui demeure. Il s'ensuit un télescopage des iconoclasmes moroses du rationalisme classique par l'explosion des technologies audiovisuelles et communicationnelles, la prolifération d'images tuant le symbole, la valeur et le sens inscrits dans les traditions religieuses populaires. Cette aliénation de la religion en Occident donne, de son point de vue, irrémédiablement naissance à des succédanés libres sinon sauvages du religieux.

Assistant à une véritable mutation des paradigmes, des modes d'entrer en relations avec le monde, l'Eglise se trouve ainsi placée devant un triple défi de l'imaginaire, qui se pose à la fois dans le social (sectes, occultisme), dans le politique (groupes d'influence) et dans le culturel (le new age concerne des millions de personnes, a ses réseaux de diffusion, d'édition, ses centres, ses lieux sacrés etc...)

Alors que l'homme moderne démythologise, ne s'agit-il pas d'amorcer une interprétation anthropologique faisant coïncider «l'intelligence de la foi et l'intelligence de la réalité entière»? La fête, le rassemblement, le pèlerinage, les rituels qu'ils mettent en Âœuvre, nous semblent pouvoir être les temps où s'abolit la distinction profane/sacré, où se donne libre cours notre aptitude à créer une société neuve. Elargissant les horizons, une religion contractuelle, interpersonnelle peut y renaître qui prenne pour cadre ces lieux déterminés où le sacré organise l'espace. Depuis plus d'un millénaire, les fêtes chrétiennes constituent les principaux repères de notre rapport au temps, et nous savons que l'année liturgique est greffée sur le cycle des saisons et adaptée aux rythmes de l'agriculture. Opter pour un christianisme festif, c'est sans doute revaloriser le rôle des fêtes chrétiennes et du calendrier, pour instituer, avec le peuple de Dieu, une culture populaire qui montre que les paroissiens ont aussi un sens théorique capable d'élaborer, de critiquer, de réinterpréter. La fête est le temps privilégié de cette expérience de l'indicible et du communautaire. Hors espace et hors temps, elle constitue l'expérience du beau et du sacré du peuple chrétien. Ainsi Noël fait exister l'Incarnation. L'expérience festive actualise les premiers temps de l'histoire.

Analysant les formes et images de la fête des Fous au Moyen-Âge Harvey Cox concluait: «ce que le Moyen-Âge possédait, c'était un sens des fêtes qui rattachait les hommes à l'histoire et les liait les uns aux autres en une unique communauté.» «Il ne s'agit pas de chercher à ressusciter les bouffons et les gargouilles du Moyen-Age», mais nous avons besoin d'une «renaissance de la fête qui nous fasse participer à une fête plus vaste, qui nous relie à une communauté mondiale immensément élargie» et d'en appeler à «un symbolisme universel au sein duquel nous pourrions déployer notre fantaisie et pourtant communiquer.» Nous voyons ici le théologien aboutir, par des voies toutes différentes, à l'endroit même où nous avons été en élaborant ce travail sur des faits religieux et les concepts anthropologiques qui les analysent.

La difficulté non négligeable de ce type d'interrogation réside sans doute dans ce paradoxe, énoncé naguère par Paul Tillich, à propos de l'interaction entre Foi et Culture lorsqu'il constatait que la foi s'exprime toujours à travers des formes culturelles, et que la culture est le moyen de transmission de la Foi. Pas plus que la Théologie, la science de l'homme ne peut s'en désintéresser, puisque son fondement, comme l'attestent et la Tradition et les travaux des ethnologues et des sociologues, c'est la science de ce qui délimite l'homme, c'est la science des dieux, lesquels nous renseignent seuls sur nous- mêmes.


FAITH AND CULTURE AND MILITARY CHAPLAINCIES

A paper presented to the Bishop of the British Armed Forces

Paul A. DONOVAN
Royal Navy chaplain

1. The Vision of Humanity

The Armed Forces exist not to wage war but, by demonstrating their ability to wage war, to deter any aggressor. One might therefore argue that there is a long-term attitude in the very being of the Armed Forces. In the same way as people take out insurance against some misfortune, often a sign of a sound overall perspective, so the nation's armed forces demonstrate that same sound overall perspective.

A sense of justice is strong within the Forces' community. As they have the physical capability to effect change against regimes hostile to their people, British Forces personnel as individuals will often be at the forefront of clamour for Government intervention abroad where human rights and liberties are threatened by their domestic or foreign regimes. Examples of this in recent years will by the Iraqi invasion of Kuwait and the Serbian ethnic cleansing of parts of Bosnia.

One can argue that the very presence of people within the Armed Forces demonstrates a sense of duty to one's fellows. That would not be a sentiment articulated in peacetime by those under arms. More would see their belonging to the Forces of the Crown as an occupation which allows them a diversity of lifestyles. This perception changes in war where there is a strong thread of duty and service woven through the self-perception of servicemen and women. Coupled with this there is a growing sense within the Forces' community – and this reflects the wider society from which they are drawn –of personal worth needing to be recognised by authorities. Is this an increasing emphasis on personal rights needing to be established and a decreasing emphasis on public duty? Certainly there is a sense that Govern ments have adopted in the past a do what you can get away with approach to its servicemen. Recent examples of this will be the Government reaction to negligence claims against it in the courts and its previous policy on the discharge of pregnant servicewomen. That the Crown adopts such moral low-ground does nothing to encourage those in its employ to have a higher vision.

Parallel to the notions of rights and duties the Armed Forces constantly give witness to service to the community. All elements of the Forces undertake some charitable work, which may involve fundraising or commitment to those in need. An example of this would by the increasing numbers participating in the Handicapped Children's Pilgrimage Trust (Royal Navy) Easter pilgrimage to Lourdes.

Recent Defence Cost Studies have hit at people's self-esteem. The trimming of the Services through redundancy have hit hard their sense of worth. As the Crown has adopted the approach that the Armed Forces are not just a job but a way of life, it came as a brutal blow to many to be told that they were to be cut from the manpower. There was a discrepancy between the ethos in which people had grown and the act of Government which removed their livelihood. Although the redundancy package was generous, there was still the sense of being let down. This sense of a lack of control of one's own destiny continues where people feel that their worth is assessed by the money they generate, by market forces or by political expediency. Even though the Royal Navy declares that its greatest single asset is the personnel who comprise it, there is little perception among these personnel that the Royal Navy breathes life into this notion in any systematic way.

The Armed Forces reflect the divisions which appear elsewhere in British society. The male-female inequality, the tension between the self-perception of those in the north and those in the south of the country can be found within the Armed Forces.

One can argue that despite the long-term view which any insurance policy demonstrates, there is nevertheless a strong aspect of short-termism among Service personnel. In living for the moment, in seizing the opportunities to make money, in doing what one can get away with, people fail to see the longer-term consequences of their actions, and therefore how our lives are inserted into a broader context. There are unhappy examples of this in the very high incidence of marital breakdown within the Armed Forces.

People in the Armed Forces live with a tension in their lives: a tension between a vision of humanity which encompasses a duty to one's fellows in war, a sense of justice and a sense of community service on the one hand; and a free-for-all short-termism which does not respect personal worth on the other.

The stumbling blocks

A lack of a sense of history permeates the society of the Armed Forces. This means that many people are left with no feeling for belonging to something greater than the immediate situation. Consequently, the value of acts and attitudes is often determined by its relevance to the here and now and not by their relationship to the continuum on which we find ourselves.

One of the prime movers in making this so is a media which sensationalises and often fails to report fully on a subject. The hounding of public figures, the invention of "news", and the partial reporting which misleads are demonstrations of this. Whereas the media have served humanity well when, for example, they have used their powerful resources to give society a sense of responsibility to those in need in famine, the common currency of large elements of the media is the trivialising and sensationalising of news.

One further aspect which leads on from this is that there is a growing lack of respect for the institutions of our society, be they in Service or civilian life. Neither they nor authority figures can rely on an innate respect for their views or a deference to their decisions and policy.

Work and education are often seen in our Service and civilian society as being worthwhile if they lead to further employment. There is a diminishing sense of work being valuable in its own right, of intellectual enquiry having a value in its own right. The consequence of this is to give people a sense that only the here and now serves society.

The openings for evangelization

"Be wise as serpents and innocent as doves" (Mt 10,16) could well describe the pastoral approach, at one and the same time using those tools available in the world while maintaining one's sense of the Kingdom.

The rites of passage which mark not just Christian life but human life celebrate moments which lend themselves to reflection and change. The sense of vulnerability and responsibility at the birth of a child, the overturning of one's selfishness when one gives oneself in love and marriage, the sense of the finiteness of this world at the death of someone close are all opportunities for the Christian Church to catch society at sensitive moments in its life and to provide a reflection which is the articulation of the undercurrent of experience. The Church serves society well when it articulates in word, action or sign that which the individual or society is groping to express of a sense of belonging greater than to the immediate.

Newspapers, television, radio and film are powerful means of transmitting ideas and forming hearts and minds. If the Church turns her back on these agents of the modern world, she relinquishes the world's most powerful tool, which is the presentation of information. In themselves the means of information are morally neutral. Their goodness or badness are determined by the use to which they are put.

In the same way that without wanting it people fall in love, so with things of beauty people can be moved to quite unexpected positions. Architecture, decoration, music, liturgical texts need to speak of a proportionate use of resources. But they are also tools for affecting the mind and heart so they should never be simply utilitarian. They can engage that part of the human spirit which is open to the transcendent even in a culture which is so focused on the here-and-now.

2. The Promotion of a Christian Culture

Reference to a Christian culture uses the word Christian in its broadest sense. That sense is that culture reflects that which is truly human, and so finds an echo with people of whatever faith or none. Thus the values of truth, honesty, integrity, beauty and so on are fostered, and these are not the possession of the Christian Church.

Like the man in the Gospel saying who produces from his store things both old and new (Mt 13,52), the Church reflects both that which is old and that which is new to each generation. It promotes Christian culture by looking at its history and asking the question, What in previous generations has served the cause well? Carefully identifying those significant aspects it can recognise that which is essential and has value for later generations. Such things might include the richness of its art and architecture which invite the observer to spend time in contemplation or the exploration of its intricacies or simplicity, where simplicity is a good quality and not to be confused with blandness. The use of its language and music in the liturgy are examples in which a discernment of that which is worthwhile can be passed on to other generations. Dull English does not help prayer, nor does trite music; but creative, well-crafted English and carefully composed music of whatever generation does.

Once the Church was the primary educator in the world. Its schools and universities were not places simply preparing people for the world of work, but places properly of education which sought to expand the horizons of the human mind. This is a contribution it can still make to the world, by promoting an education at all levels which seeks to do the same in contrast to much of the ethos of the secularised world.

Despite growing and faster means of communication, people seem to communicate less when they hide behind group banners and live with racial, sexual, national or class stereotypes. As a society where there is no "Jew or Greek, slave or freeman, male or female" (Gal 3,28) the Church fosters a Christian culture when it establishes dialogue between groups who would otherwise not communicate.

Care for travellers, the poor and hungry have always been hallmarks of the Christian community. By remaining at the forefront of such action through its aid agencies the Church gives a strong witness to the values of the Kingdom and acquires an audience among the affluent and influential who might never otherwise encounter her voice.

3. Today's Initiatives

Within the community of the Armed Forces, and the Royal Navy in particular, a variety of approaches are adopted to foster a Christian culture. The following are examples.

Public prayer. There is a strong tradition that when service personnel gather for a parade, there are prayers led by a Chaplain. In more formal parades this may be a straightforward reading of prayers. In less formal parades, the Chaplain will introduce a prayer with a short reflection. Well-crafted words which speak to the situation of those on parade can be a valuable encouragement of a Christian perspective. Similarly, at significant events, for example Remembrance Sunday, a sense of togetherness can be projected when the Chaplains conduct an Ecumenical Service and reflect on the human condition in their homilies and prayers.

Private prayer. Within units or ships, there is often the opportunity for small discussion or prayer groups. The witness of two or three gathering together can speak to others about values beyond the immediate, even though they might never think of taking part.

Education. When ratings or other ranks wish to apply for a Commission, The Church, through the Chaplain, can volunteer to help in the formation provided by giving people provocative opportunities to investigate subjects which tax more than their technical knowledge.

Training. Training establishments still include Christian Education within the syllabus. In our culture, it is much less acceptable to use this time for doctrine. It is usefully used to encourage personal development and those skills and understandings which enhance self esteem and the esteem of others. For example, Chaplains in the Royal Navy teach classes on relationships at sea and sexual harassment which take as their springboard the recognition of the value of each individual for his or her own sake. Similarly, Officers are taught basic counselling skills by the Chaplains over the course of a whole day. Again, these proceed from a recognition of the need to accept and esteem oneself and others. This focusing on building up the individual is both well received by those undergoing training and recognised as valuable by the training authorities for what it achieves.

Information. Where there is misunderstanding tension looms. Within the society of the Armed Forces the Church can help ease tension by providing information so that people understand each other and situations better. Such would be, for example, effectively passing on information which helps servicemen and women to come to an understanding of the conflict in Bosnia between Muslim and Serb cultures.

Pilgrimage. Providing Service personnel with the opportunity of having a care for others through the Handicapped Children's Pilgrimage Trust (Royal Navy) has proved very effective in promoting a sense of responsibility to others. The running of this pilgrimage is largely undertaken by non-clergy. The International Military Pilgrimage brings together some twenty thousand uniformed personnel from thirty countries. This helps break down barriers of stereotypes between the military. In addition it gives those in a largely non-Catholic Britain a sense of belonging to a much wider community of the Church.

Leadership. The Services provide a variety of adult Christian Leadership courses whose aim is to promote a greater self-understanding and sense of belonging to God, the world and each other. Where these are targeted at those under training or at the bottom of the pay scale, they can be attractive initially because they allow time away from ordinary work, but become attractive later for their content and the group cohesion which ensues.

Lectures. By providing speakers to a variety of fora, for example at Mess Dinners, symposia on warfare, defence studies seminars, the Christian community within the Armed Forces can feed ideas drawn from its heritage and addressing current and future situations.

Social activity. In providing coffee bars for ratings to relax in both the Plymouth and Portsmouth naval bases, one Anglican Chaplain has provided people with a sense of cohesion and a sense of value, since instead of people being provided with what others think would be good for them he has provided them with something which matches their taste and which they can consider their own. This serves to enhance self esteem.

Lifestyle. In the Armed Forces, Chaplains live among their people in a way which is unique. They wear clothes which are distinct but not different. They eat the same food. They share the same conditions of service. They face the same dangers and disruption. They are very much secular in that they live in and among the world. This means that in the ordinary course of the day their words, behaviour and example, their reflections and sense of values are transmitted to others. The better the Chaplain, the better the witness to those who might not otherwise encounter the Church in an overt way.

Home visiting. There is a long tradition of visiting new entrants to married quarters. This has provided a valuable opportunity for the Christian community to hear of newcomers' needs and to provide them with the stimulation to enter into some aspect of the community's life which they might not otherwise have considered.

Hospital visiting. Among the chaplaincy to the naval hospitals there is an understanding that ministry is also exercised by eucharistic ministers and visitors, who take time with all patients who might otherwise be intimidated by the presence of a priest. In this way a sense of care can be fostered and received.

4. Conclusion

In seeking to promote a Christian culture, the Church needs to engage the world. Within the Armed Forces, the Church does so in ways both formal and informal, with both clergy and lay leadership. This paper has set out some of the aspects which affect our secular culture, and given examples of ways in which the Church within the Armed Forces, and more particularly the Church in the Royal Navy, addresses itself to promoting a Christian culture in a society which owes much to its Christian past but which is losing a sense of its dependence on that past.


IDEOLOGIES, ATHEISM AND SECULAR ETHICS

A University debate on the 1997 Plenary questionnaire

Philip O'DOWD
Chaplain, Nottingham University

1. Ideologies

After a short excursus on "Why aren't Americans ideologues?" we contemplated the Twentieth Century as the graveyard of ideology. Marxism was an obvious point of departure, with its analysis of ideologies as socially determined, or as assembled justifications for one's own motives, or as belief systems offered to motivate groups of people. There followed a great and meandering, even Olympian, discussion of all sorts of -isms, which have either held sway politically (eg monetarism), or dominated emotionally (eg feminism), or simply governed historical forces de facto (eg Communism). The world's experience with forms of Fascism was seen as signally destructive of the good name of ideology, and the Marxist history in the East was seen as giving ideology a sinister ring in Allied ears. There was a sense that an -ism would have to be tested for breadth ("whom and what does it exclude?") depth ("how far does it falsify?") and height ("how far is it above selfishness?"); most of the ideologies examined were found to fall at these fences. The notion of religio as a tying-together of the whole of experience was seen as contrasting. The death of so many ideologies was ascribed to people's fear of what they had inspired, and also to the steady erosion of certainties in the noetic field.

I thought the students were remarkably free from the old notion of empirical truth as fundamentally provable, and equally determinedly free of any trace of religious fundamentalism, which was cheering... however, I do sense a certain weariness with ideals, a gravitation towards pragmatism, pluralism, and so forth; they are very conscious of living among a Godless majority, and whilst well-prepared personally to keep their end up, they are horrified by the thought of proselytizing; I do not think that evangelization is clearly distinguishable, in their minds, from an improper invasion of others' privacy.

This is more than a point of manners; they find it quaint that Christians should claim more objectively for Christ than for (say) Buddha; "For Buddhists," they say, "it is different. We can only say how it seems to us."

2. Atheism

It was assumed that functional atheism is widespread, and professed atheism pretty common; and that this was ascribable to several interesting factors: increased availability of education, which undercuts inadequate or intellectually ungrounded notions of God, in favour of critical awareness and the desire for coherence: science, perceived as a mode of understanding of the world and experience which would make previously functional notions like "Creator" and "Providence" otiose: the possession and use of money, seen by many people as an alternative source of value and purpose in life: and democracy, which goes to war with such concepts as "divinity", "hierarchy", "obedience", and "worship" – to name but a few. The Church is clearly seen here as operating a cultural hegemony inimical to the spirit of the age (seen in a good sense). In discussing their experience of those who have espoused atheism, the students reported the demise of a religiosity based on personal contract: many of those who had decided there was no God had experienced disastrous "proof" in the betrayal of their dearest values (bereavement at a young age, great failure in life-projects, etcetera). Others spoke of a deter mined feeling of individual supremacy which would not mix with a spirit of prayer or submission; also mentioned were the way in which faith seemed to demand a general sense of stability which is lacking; the most powerful arguments for faith were seen as precisely the longing for stability, gratified by the historical perdurance of the Church whilst lesser ideologies have risen and sunk: arguments from reason to explain why there is a world: religious experience, to which many will admit: and the coherence of divine revelation (this last particularly amongst believers).

The students recognised that atheists are choosing, are committed to not having a God, and discussed whether this could offer any positive values. One student pointed out that religious beliefs, like ideologies, are basically a response to the problem of knowing about death; this was discussed for a long time. The memory of a time when the medieval Church dramatized death and gave people a way to apprehend it was fascinating: our own darkholing of death, particularly but not exclusively for children, was seen as a symptom of our inability to grapple with it, Perhaps the etiolation of religious experience is a direct function of this caesura.

There was little thought that belief in God might actually be a catalyst rather than a consolation, and the students certainly think that belief is a conservative force (in a good sense), providing sustenance and purpose and explanation rather than impulse, liberation, and change. The drama of the Paschal Mystery is not writ large enough on their minds, and this may be because we send them home for Easter...

3. Secular Ethics

The students did not see that any moral system must relate to a specifically religious outlook, although we later approached the position that any moral system has to express a faith-system, however secular.

A visible moral disintegration was described as the parcelling-out of any ethical consideration; where once society may have held certain common values as incontrovertible, ethical considerations are nowadays much more àla carte, a matter of personal taste. There was some discussion as to whether this was ipso facto to be identified as moral decline – I suspect the students largely thought not. (I detect the presence here of the very specific parting of the ways with the magisterium feared in the wake of Humanae vitae; these young people have little intention of pious submission to the Church in moral matters, and are largely puzzled and embarrassed by their Church's attitude in matters sexual. You will not need me to tell you that further explanation in this field habitually deepens their sense of disbelief.)

Within this analysis our students were not surprised to find that violence and trampling on other's rights could be found to he immoral by people who found divorce and abortion morally justifiable; they think the absence of agreed standards exalts personal choice, and realise that if the whole point and purpose of life is unclear, there can be no firm standards for human behaviour. Various flavours of humanism were explored: the rational, where an individual disciplines his personal desires towards his own/others' fulfilment: the romantic, rejecting reason in favour of the self (here there was much discussion from French students of l'acte gratuit and les Caves du Vatican); and at last liberal humanism was identified as the nearest thing on offer to an accepted morality. The students condemned legalism and antinomianism alike, but had much to say in favour of situation ethics, if this means that the moral values (real biting ones like love and truth) are held up, and then the circumstances assessed to discover how far they can be fulfilled.

I sense that they are well aware of the "culture of contempt" which inhabits a fallen empire like ours in a period of recession within an age of spiritual entropy. They know that the perceptions powerfully present in the world are in the hands of media magnates and industrial moguls rather than politicians, thinkers, or churches, and that the exercise of power in which they have to live bears little relationship to our deliberations. But they thought the exercise was well worth while and, I think, got a refreshing sense of overview.

The people who thought they had something to offer from a professional point of view were humanities people, theologians, historians, linguists; the pure scientists, mathematicians, and engineers who came along to the preliminary discussion all professed themselves unequipped to comment on culture in any sense, and did not, for the most part, return for the results...


THE FACE OF CHRIST IN THE CHURCH

Ty Mam Duw – Poor Clare Collettine Community
Wales

Civitas Christiana

We accept that God exists. Our speciality is that we accept God as God– omnipotent, all-creating with an absolute right to have us and our obedience.

We have seen and we know that God can do anything (and will).

We cannot deny his presence in our lives even if we want to.

This radically affects the way we live, the way we relate to each other. Together we are Church, for our God is Trinity: our God is community: our God is a mutual relationship, not remote or impersonal but incarnate in history – and in our lives. Together we are Church. We are the only free people. But alongside the things we ostensibly seek in life is a hidden agenda, a longing for the things that our own choices and the rind management have denied us.

So what has the church to offer? Where can we find an opening for witness and an answer to this hidden agenda?

Something User-friendly, Green, and Sustainable

The Monastic Model

In the "dark" ages that followed the collapse of the Roman Empire Christianity and the achievements of human culture survived in the monasteries. It could not have survived outside them. Taking an abstract of the Benedictine, Cistercian and Basilian position and laying aside Carmelites who are eremitic and Poor Clares whose ordained objective is to demonstrate the power of God by living in poverty and who are not intended to be self-supporting, "monasticism" looks a little like this...

– A joint ownership collective

– with an elected but stable executive,

– owning and farming sufficient land to be self-supportive,

– containing and sustaining among the membership the necessary technical
and social skills for survival;

– capable of initiating and sustaining new members;

– practising hospitality especially to people in actual or spiritual need;

– non-introspective; that is, bound together by an external permanent
objective and not totally at the mercy of mutual evaluation;

– non-reproductive – a (usually) single sex community;

– non-consumptive – vowed to a moderate and sustainable life-style
compatible with that of the poor in its own culture;

– people with a committed life-style – capable of being psychologically
well-adjusted and integrated...

This is not some blueprint Utopia that will never get off the drawing- board. It is a life-style that has been sustained for the last 1,500 years (at least) and has produced some great intellectuals, heroic achievers and many happy and contented people. The reason for its survival (not listed above)? It succeeds by committing itself to God, by accepting the fallen non-perfectable human condition and, working with the grain and not against it, by applying the principle of forgiveness and positive loving acceptance (which goes far beyond toleration) of others. It is not easy – no easier than being married and having children or not being married and not having children. There are no easy options: the harder you look for them the more vigorously they recede.

Monasticism is a dynamic and fluctuating state that has been switch- backing against external forces from its inception. Taking a wild stab at its history, it does best when it is conscientiously trying to be itself and fails most conspicuously when it tries to compromise with the secular. Its present ruffled state has been brought on by an indifferently discerned return to the secular. And it has been made the target of the social sciences. A dominant trend in psychology makes sexual activity the threshold to adulthood and its denial the root of all unreason. Sociology works from the principle of the human family: man, woman, child, and does not have the mechanics to evaluate single sex, all adult, communities.

Monasticism has also been affected by con-formal social degenesis. In places some of its expressions may die. It is most exposed to the positions promulgated by the social sciences where it is most ignorant of the limitations of the disciplines in question. This is especially true of the attack made by psychology on chastity, particularly as people who profess celibate lives can have psychological problems and some of these can sometimes relate to celibacy and to authority – equally some thieves find prison troublesome and restrictive but there is no great wave of public feeling against its existence.

Psychology and sociology fail most conspicuously where they have no room for original sin and impersonal evil. And as these two aspects are almost universally neglected, these worthy tools (for the social sciences are worthy and they are tools) have a limited, deceptive or unreal view of the real world.

A new civilisation

As a civilisation in an "endtime" we know that some drastic change is becoming necessary. Stabilising the population by scientific and technical means, by contraception, abortion and euthanasia is not only morally unacceptable, it is unsuccessful, and an improvement of method and legislation will not make it more successful. Neither will piously folding our hands and proceeding on our present course assist us. We are adults who have been given the world as stewards and if we neglect our responsibility our numbers will be stabilised by war, devastation and disease. But we are free to choose. Fallen as we are and subject to temptation and original sin, there is a door left open for us. It is called free will.

Wholeness

Monasticism is able to witness over fifteen centuries that wholeness and integration are attainable in the celibate state. Let us repeat the fact that it has produced an above average number of geniuses, saints and happy people – it works and, even now, the failure rate is still less than that of marriage. Christians regard both the celibate and married life as a vocation, a special gift from God. At points in the Middle Ages those in religious life reached and probably exceeded ten per cent of the population. In Tibet before the Chinese takeover, it is estimated that 90% of the population spent some time in a monastery. These are possible and sustainable figures. There is overwhelming evidence that a sizable proportion of people who now marry or contract semi-stable relationships which lead to offspring, have no vocation for the life they lead. The startling number of disturbed and violent children and those whose home tensions render them educationally disadvantaged, make the non-vocation of their parents very obvious.

It would be more socially effective to have fewer married people with larger families, than a host of independent parents with one or two children. In China where the "one child, one family" policy is enforced by compulsory abortion and legal sanctions, they have a name for the result: the "little God" syndrome. Children of larger families are better adjusted than "only children". If large families produce fewer poets and artists [J.C. Bach and St Catherine of Siena came from exceedingly large families], let it be borne in mind that they also produce fewer schizophrenics and psychopaths.

Secular Monasticism and Lay Monasticism

A New Evangelisation

How would this work out in practice?

The first thing that would have to change is the moral climate. Those who have lived as if "anything goes" and have not kept a hold on their own ideals, who think nobody can change anything and it is not worth bothering to try, are always the hardest to sustain in any social experiment. Cynicism and disillusion will have to be put aside in favour of realistic hope. Education for chastity, and not the creation of contraceptive and homosexual cultures, will have to become part of an ordinary school curriculum.

Monasteries should offer Common Life Seminars explaining how to cope with living together in charity and chastity. These must stress the spiritual and redemptive base from which the community acts and by which it is sustained.

Parallel institutes of lay people who covenant a part of their life to serve God should be set up alongside – but not fused totally with – established monasteries. Education should especially encourage the young to give two years to this after school or university and the state should offer small bursaries to assist this. Malthus – considered, wrongly, as the father of birth control – advocated simply that people marry later. "Monastic service" would help create this gap.

The Church and the New Monasticism

The faith survived during the "dark" ages in the monasteries. Much of Europe was evangelised primarily by Celtic monks who were trying to "get away from it all" – the "all" at the time, being, amongst other things, non-stop Viking raids. People became interested in this non-controversial form of evangelisation and brought themselves along.

The new monasticism would give a greater number of people the chance, in a non-combative way, to see the Christian Church at work. Without prejudice to its essential form of life, it should be eager to assist schools and universities whose religious curriculum already includes visits to a monastic institution.

The most singular witness to Christianity is Christianity in action. It is the straightforward witness of people living the Gospel that leads to conversion and inculturation.


FE Y CULTURA EN EL ÁREA CHILENA

Juan de Dios VIAL CORREA
Rector de la Pontificia Universidad Católica de Chile

1. ¿Cuál es la visión del hombre?

Mi «área cultural» es la universidad y los sectores socioeconómicos en Chile. Estos ambientes son relativamente abiertos a intercambios internacionales y tienen una fuerte influencia europea y —en la actualidad— norteamericana. En ellos coexisten, con grados variables de intensidad, una cultura derivada de la colonial española; influencias muy fuertes del laicismo liberal del siglo XIX, incluida la masonería; un fuerte influjo sociopolítico de la doctrina social de la Iglesia, que está perdiendo su raigambre eclesial; una influencia del movimiento obrero muy marcada por el marxismo y la tercera internacional; y un cúmulo de influjos culturales contemporáneos especialmente fuertes desde el término de la segunda guerra mundial. Uno de ellos —muy importante en las élites culturales y gobernantes— es el aportado por personas que vivieron años de exilio en Europa o en los Estados Unidos y que reforzaron a su regreso las posturas de liberalismo económico y de permisivismo moral. Habría que anotar además una marcada revalorización de «lo latinoamericano» que se percibe en contextos muy variados.

Chile ha sufrido históricamente a causa de su aislamiento geográfico. Un rasgo muy particular es su fuerte impronta legalista, que le da gran influencia a las normas y disposiciones de la autoridad. El país tiene una fuerte conciencia cívica con una tendencia a la convivencia ordenada que es mucho mayor que en otros países del área geográfica. Carga con el peso de una masa de población en condiciones de pobreza que no sólo representa un problema económico o político, sino que grava fuertemente la conciencia colectiva.

1.1 Obstáculos a la evangelización

La sociedad vive un proceso acelerado de secularización. La tecnociencia tiñe fuertemente la percepción del mundo, aun en ambientes muy alejados de su práctica y estudio. Así, por ejemplo, la salud para todos parece alcanzable; se habla de la edad media de la vida y de la esperanza de vida como si la existencia humana hubiera pasado a ser algo —al menos en principio— controlable; se tiende a dar por sentado que tiene que existir algún método científicamente fundado para hacer frente a las dificultades económicas o para prevenir y atenuar catástrofes, etc. Se tiende a suponer que cualquier dificultad o contratiempo que surja, ha de tener una forma de abordarlo basada en la capacidad predictiva que posee el hombre sobre el comportamiento de la naturaleza y de la sociedad.

Pero al mismo tiempo subyace la conciencia de que estos elementos de seguridad o de firmeza descansan sobre un modo de conocimiento caracterizado justamente por el carácter provisorio de sus teorías y planteamientos. Aun los que nada saben de teorías científicas están enterados de que ellas se hallan en cambio constante y que muchas cosas que ayer no más eran tenidas por seguras, han sido ahora desechadas. La base misma sobre la cual se halla asentado el mundo de los instrumentos útiles, es radicalmente impermanente. De ahí, por supuesto, hay sólo un paso a aceptar una impermanencia en principio de la realidad cognoscible de las cosas. Como uno de los objetos que más interesa conocer es el propio ser humano (piénsese en los adelantos de la psiquiatría y de las ciencias cognitivas), esta actitud conduce a un radical escepticismo práctico sobre la existencia de la verdad o la posibilidad de acceder a ella.

Así, en un mundo en el que la única forma de conocimiento que goza de prestigio es la tecnocientífica, nos encontramos con que ella marca con el sello de lo impermanente a toda forma de conocimiento. Esto tiene una directa relación con la percepción de la sociedad y de la vida personal. Cualquier aserto sobre ellas tiene un carácter hipotético en el mejor de los casos. Entonces todos los agregados posibles, todas las formas imaginables de vida social son equivalentes, según las circunstancias, desde las pandillas hasta los monasterios, desde los conjuntos musicales hasta las familias de homosexuales. Por supuesto que ninguna de las realidades consagradas por los siglos —patria, familia— tiene su consideración garantizada: son todas resultados de formulaciones hipotéticas o provisorias, y están marcadas por el sello de lo efímero.

Esta disposición afecta a la capacidad de las personas para contraer compromisos permanentes, incluso para entenderlos. No es razonable jugarse la propia existencia —la única existencia— por una hipótesis. Lo cual tiene repercusión sobre la noción que se llega a tener de la comunidad humana. Siempre será posible hablar de un «colectivo» de los hombres, pero si se quiere mentar una «totalidad» que los reúna, será sólo en sentido metafórico. Esto se relaciona con el hecho de que la totalidad requiere alguna «finalidad» o «causa final», noción que es del todo incompatible con la condición efímera, desagregada y cambiante de toda realidad.

Una forma de permanencia estaría dada en un sistema dinámico por algún tipo de proceso que pueda mostrar una cierta dirección. Algo así es lo que mostraban las tendencias más cotizadas veinte o treinta años atrás, desde la interpretación histórica del materialismo dialéctico hasta el proceso de «personalización» de Teilhard de Chardin. Por lo mismo que hemos visto, la existencia de tales «procesos» se halla hoy cuestionada. Incluso esa forma «degradada» o simplificada de la finalidad que es la meta o término de un proceso, se encuentra minusvalorada. Casi nadie cree en la existencia de grandes metas colectivas que son buscadas o procuradas en procesos que rebasan las decisiones de los individuos. Así, tanto el marxismo como algunas formas trascendentes del nacionalismo, no tienen prácticamente lugar. La flecha de toda evolución espiritual colectiva se ha despuntado. En general se hace difícil creer en alguna forma de futuro colectivo, lo que trae naturalmente aparejada una crisis muy radical de la vida colectiva. La impermanencia engendra directamente una especie de conservadurismo, desde el momento en que nada dice que el futuro se pueda hacer mejor, o haya por el contrario de configurarse peor. La apatía, el conformismo o la autoaserción voluntarista, son formas habituales de reacción.

El carácter provisorio o efímero de toda realidad cognoscible se extiende también al propio «yo». Los hombres se ven sumidos en un flujo de influencias, solicitaciones o pulsiones que los sobrepasan y cuyo sentido más profundo les parece ocioso tratar de penetrar. Cosas tales como el sexo, el dinero, la «imagen», la autoafirmación son tomadas como datos de un mundo en el que «se» transcurre, de modo muy impersonal.

Esta percepción se ve fuertemente reforzada o alimentada por los medios de comunicación. Gracias a ellos, los centros o focos de atención de las grandes multitudes están cambiando constantemente. La noticia o la imagen —por fuerte que pueda ser su impacto— carecen en general del trasfondo que las haría comprensibles, y tienden a capturar de modo pasajero, aunque intenso, la atención. Un campeonato de fútbol hace olvidar una catástrofe natural; una guerra —si es distante— no tiene mayor relieve que un concurso de belleza, y la sucesión vertiginosa de imágenes cambiantes termina por obnubilar la memoria. Dentro del flujo de impresiones existen cada vez menos elementos que permitan creer que éste tenga alguna consistencia interna. El cambio constante genera una suerte de indiferencia frente a él, y se corresponde bien con una imagen del mundo en la cual no hay nada firme y asentado.

Como corolarios de lo expuesto, me parecen válidas las siguientes

afirmaciones: Hay un escepticismo práctico sobre la posibilidad de acceder a la verdad en formas que no sean purarmente instrumentales; falta una percepción del sentido o de la totalidad: son muchos los que viven con percepciones múltiples y cambiantes del mundo y de la sociedad, acomodadas a sus emociones o intereses del momento; se ha perdido en buena medida la noción de un futuro colectivo; y, finalmente, se ha mermado fuertemente la capacidad de buscar o contraer compromisos permanentes.

1.2. Aspectos con posibilidades de integración humana y cristiana

El primero de ellos es lo que yo llamaría «el valor de la experiencia». Allí donde falla la noción de «sentido», la realidad se abre al toque de la experiencia, a la cual se le atribuye una especial importancia. Hago una enumeración que no pretende fijar ningún orden de prelación.

– La experiencia intelectual. El rechazo de la autoridad, el escepticismo ante los «sistemas de pensamiento», conducen a exaltar la «alegría de conocer». Ella se manifiesta a menudo en formas triviales, pero es en muchas ocasiones el impulso de penetrar personalmente en la intimidad de lo real. Debe ser tenida muy en cuenta en los contactos con la juventud universitaria.

– Experiencias de vida social

... en Chile la vida familiar es a menudo fuerte, y constituye de hecho una experiencia continuada de solidaridad y de afectos estables; a pesar de muchas inconsecuencias lo «familiar» es visto como algo muy positivo.

... lo mismo puede decirse de la amistad, que tiene un vigor constructivo destacable. Debe tenerse en cuenta que en Chile la lealtad personal es una manera mucho más sólida de establecer vínculos estables de lo que podría serlo cualquier forma de obligación abstracta;

... la experiencia laboral ha tenido un valor decisivo en la vida del Chile de este siglo, con el surgimiento reiterado de gremios, sindicatos, asociaciones mutuales etc. La conciencia de clase —aun cuando no vaya acompañada de ningún afán reivindicativo— es una fuerza notable. Cada grupo social (y esto no sólo en el marco laboral sino en el político y el social en general) tiene su código propio que marca lo que corresponde a su propia dignidad.

– La experiencia sexual. En los últimos años se ha hecho obvio que para los jóvenes la experiencia sexual tiende a ser cada vez más una forma de experimentar el mundo —tal vez en la persona de otro— de alguna manera ligada a un amor o a una relación que se saben efímeros. Creo que no sería acertado mirar en ello un simple rasgo de hedonismo.

– La experiencia de lo trascendental. Un mundo desarraigado de toda permanencia busca tal vez su consistencia en la experiencia (no en la noción) de algo que me trasciende radicalmente. Bajo este capítulo, pondría:

... la experiencia de la fidelidad. Se nota en el surgimiento de vidas comprometidas y en la fuerza que es capaz de adquirir el llamado a un compromiso moral más estricto. Hombres y mujeres se «juegan» en esta fidelidad.

... la experiencia de la «fusión». La nube de la impermanencia lleva a confundir los límites y a buscar una experiencia de sí mismo en la experiencia del todo o de la nada. Las diversas formas de religiosidad de corte oriental han penetrado profundamente en nuestra sociedad.

... la experiencia del límite y la transgresión. No se pueden olvidar algunas formas especialmente inquietantes de vida social: vemos a individuos que incurren en manifestaciones esporádicas de extrema violencia contra otros o contra sí mismos: violencia física, violencia sexual, rechazo violento de Dios so capa de satanismo: expresiones de voluntad de probar el límite y de experimentar la transgresión.

... el escape hacia la droga es particularmente peligroso en un ambiente anheloso de experiencia, incierto frente a la impermanencia de la realidad.

Si se me hubiera de pedir un listado de «virtudes» cuyo llamado puede hablarle a la conciencia colectiva, yo pondría: la fidelidad, con su manifestación humana más inmediata que es la lealtad; la amistad; la justicia, a la que se ama de una manera casi instintiva; la solidaridad, aunque ella parezca a menudo más un valor literario que una disposición real.

Por lo mismo que el modo de conocer y apreciar es la experiencia, estos valores no son accesibles sino a través del testimonio. Es interesante el impacto que han tenido en la juventud los recientes procesos de canonización (Santa Teresa de Jesús de los Andes, Beato Alberto Hurtado, Beata Laura Vicuña).

2. ¿Hacia qué cultura?

Difusamente repartida por el país, se encuentra una mentalidad que favorece la adhesión y el respeto a la Iglesia, de modo que la palabra de ésta es siempre una palabra importante, aun para quienes no concuerdan con ella. Esta disposición se las arregla para coexistir incluso con una fuerte tendencia al liberalismo en la doctrina y al permisivismo en lo moral. Durante los años sesenta se vertieron por parte de importantes personeros de la Iglesia numerosas opiniones que venían a cuestionar sus propias expresiones institucionales y a propiciar conductas que equivalían a un «catolicismo sin Iglesia». Las peripecias políticas coadyuvaron, al generar opciones de acción política cargadas de compromiso moral y en las cuales se aunaba el esfuerzo de los católicos con el de personas de los más diversos credos y convicciones. Así se introdujo una cierta minusvaloración de la doctrina, con la situación paradójica de que ella sólo alcanzaba fuerza en la medida en que se preservara vivo el espíritu de la comunión eclesial: incluso quienes no parecían creer mucho en la Iglesia, necesitaban de ésta para mantener de su lado a su auditorio.

Hoy día en que las pasiones políticas parecen momentáneamente aquietadas, se las sustituye por una cierta apatía que afecta también a la difusión de la doctrina cristiana. Pesa el fantasma de un pasado relativamente lejano en que el pensamiento de los laicos tenía una impronta excesivamente clerical: hay poca propensión a concederle autoridad intelectual a la enseñanza que brota de la Iglesia, pero al mismo tiempo se le reconoce una fuerte autoridad moral por el solo hecho de provenir de la Iglesia. El problema de la acción de la Iglesia reconoce entonces algo que es al mismo tiempo una ventaja y un peligro. Su palabra va a ser escuchada con respeto; pero juzgada y aun asimilada en la perspectiva de una sociedad secularizada.

Quisiera proponer unas pocas ideas sobre los terrenos en los que me parece que una acción eclesial puede ejercer una acción determinante, relacionándolos con características que me parecen propias del alma nacional.

La sociedad chilena es poco dada al rigor intelectual. Aunque la inteligencia es vivaz, la ascesis del pensamiento no constituye su fuerte. Me parece que es muy sensible a esa peculiar mezcla de enseñanza moral y disciplina intelectual que se suele designar bajo el nombre de «formación». Por lo mismo, se trata de un medio interesado en la educación, y la acción de la Iglesia en este campo ha sido inmensa y ha sido decisiva para preservar los valores cristianos que no se han colapsado todavía. En ese sentido la desconfianza frente a las instituciones educativas de la Iglesia (justificada por sus numerosos defectos) implica una falta de perspectiva histórica. La educación, en todos sus niveles, debería seguir siendo una instancia decisiva de acción evangelizadora, catequética y formativa.

La juventud chilena busca experiencias de vida grupal, y en este sentido debería ser un terreno muy fértil para la experiencia de la vida de Iglesia. De hecho es mucho lo que se intenta y se hace en este sentido. Es importante sin embargo procurar que las acciones comunitarias no se queden en lo sensible o afectivo sino que busquen la doctrina. La Iglesia debe mostrar explícitamente su propio sentido, y esforzarse para que el sentido de Dios no se disuelva en los contactos humanos.

El valor de la experiencia conlleva una valoración del testimonio. Como decía, es impresionante la fuerza con que golpea el testimonio de los santos. Por eso, el llamado a la perfección moral, a la vida de oración, a la escucha de la Palabra de Dios, a la participación en la liturgia, debe ser constante. Muy llamativo es el atractivo que ejerce la acción de misionar, de anunciar la doctrina.

3. ¿Con qué pastoral de la cultura?

Creo que la más poderosa instancia de evangelización de la cultura en Chile es la educación, desde el nivel parvulario hasta la educación superior. Como ha dicho alguien, la educación es la bisagra entre el Evangelio y la cultura. Eso ha sido una realidad histórica en Chile, y la claudicación de los años sesenta ha producido un daño que es urgente reparar, aunque tomará por cierto mucho tiempo.

Una de las oportunidades más atrayentes de evangelización de la cultura es la familia. Esto es verdad en el sector cultural del que me he ocupado especialmente en este escrito; pero es aun más cierto en el sector popular, donde la evangelización —dirigida sobre todo a las madres de familia que muestran muchas formas espontáneas de asociación— ofrece un campo de extraordinaria fertilidad potencial. Los católicos son muy sensibles al valor y a la necesidad de preservar y defender a la familia. Curiosamente (y hablando muy en general), esto es mucho más fuerte en el pueblo cristiano que en el propio clero.

Las acciones comunitarias específicamente católicas de los jóvenes (liturgia, retiros, lectura y explicación de la Biblia, vida de movimientos de Iglesia, misiones, etc.) muestran virtualidades enteramente inesperadas, con tal de que se puedan conciliar dos condiciones; a saber: apertura a las iniciativas juveniles y firme claridad en la doctrina.

Estos instrumentos deben poner énfasis en el encuentro con el Dios de la Revelación y de la Iglesia; en la fidelidad en la doctrina y en la moral; y en la proposición de sentido para la vida humana.

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