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PLENARIA 1997


 

VOIES PRIVILÉGIÉES POUR PROMOUVOIR
UNE CULTURE CHRÉTIENNE AU CANADA

Gilles LANGEVIN, S.J.
Montréal

I. Les modèles que l'homme se propose

L'homme et la femme aujourd'hui n'éprouvent guère, face à eux-mêmes, de tentations d'euphorie ou de complaisance. Ils se tendent une image d'eux-mêmes plutôt grave et inquiète. Le désarroi de la pensée présente devant tant de questions vitales les empêche de se laisser hypnotiser par leurs performances en matière de science et de technique. L'ampleur des bouleversements dans l'ordre économique et dans l'ordre social les laissent comme des apprentis-sorciers face à la disparité des conditions de vie et devant la montée du chômage et de la violence.

Cette situation, souvent perçue comme dramatique, ne fait pourtant pas perdre la foi en l'homme, ni abaisser les exigences proposées à notre effort et à notre admiration.

1. L'idéal qu'on célèbre est celui du désintéressement. En ces temps difficiles, l'homme qu'on admire est celui qui se met au service des autres, et d'abord des pauvres et des petits. C'est le "médecin sans frontières", l'ingénieur et l'éducateur qui partent pour le Tiers monde, le travailleur social des grandes villes, qui regroupe les exclus pour leur faire prendre leur vie en main et découvrir leur dignité.

2. L'homme que salue notre temps, c'est encore le champion de la liberté, l'homme capable de pensée et d'action personnelles, capable de se soustraire aux idéologie à la mode et préjugés de son milieu. Si cette préoccupation peut laisser quelque temps leur chance aux aventuriers, soucieux avant tout de leur avancement, elle accueille essentiellement des gens responsables, qui se sentent mesurés par les exigences de la vérité, de la justice et du respect des autres.

3. L'homme selon le coeur de nos contemporains, c'est encore celui de l'ouverture et, plus précisément, de la tolérance et du dialogue. L'attitude peut masquer l'absence de convictions ou l'inaptitude à prendre position, mais, dans les meilleurs des cas, elle est perception de la richesse et de la complexité de la vérité, forme de l'humilité, comme aussi de la générosité de la pensée.

Il est réconfortant de voir que ce sont des qualités morales et spirituelles qui sont les plus estimées. Avant l'habilité du chef d'entreprise, l'audace du financier, même la compétence et la patience du scientifique, notre temps place le service des autres, le souci de la justice, le courage face à l'adversité, le respect de la liberté et de l'intégrité chez soi et chez les autres. Les "trois ordres" de Pascal nous semblent assez bien respectés.


II. Idées-force et attitudes qui font obstacle a la vérité de l'homme
révélée en Jésus-Christ et annoncée par l'Eglise

1. Le premier handicap de l'homme actuel tient paradoxalement à la difficulté héritée des Lumières, de reconnaître la capacité de l'esprit, c'est-à-dire l'ouverture de l'esprit sur l'universalité de l'être et donc sur la transcendance et sur l'Absolu. L'esprit s'est comme claustré dans ce qu'il peut contrôler et construire, apeuré à la pensée d'être accueil pour l'Absolu qui le fonde. Philosophie que l'on respire comme l'air du temps et qui s'est comme substituée au régime spontané de l'esprit.

Rien d'étonnant à ce que se soit installée progressivement l'indifférence en matière religieuse, une inaptitude à dire Dieu et se reconnaître comme image de Dieu. Au lieu de s'épuiser dans la quête d'un Dieu inaccessible, étranger et révolu, notre ingéniosité et notre générosité ne devraient-elles pas se consacrer, pense souvent l'homme de notre temps, aux besoins immédiats qui nous sollicitent? Puis, les options du passé sur un Absolu que chacun faisait à son image n'ont-elles pas engendré assez de fanatismes et de conflits dans l'humanité?

2. Une autre source de difficultés réside dans la conception bien répandue du temps et de la vie elle-même, réalités majeures pour une religion aussi étroitement liée à l'histoire que le christianisme. Le temps s'est étrangement rapetissé à notre époque. En effet, les changements sont si profonds et si nombreux qu'ils ne nous permettent guère de nous représenter l'avenir. Quant au passé, les progrès de la science et de la technique le font décrier, c'est-à-dire assimiler à l'ignorance et à l'étroitesse. Ne subsiste alors, et pour bien peu de temps, que le présent, situation dont, au surplus, ne souffrent guère des pays qui ont bien peu de traditions.

Cette difficulté à appréhender le temps rejaillit sur la vie elle-même, facilement considérée comme objet de manipulation, subordonnée à l'agrément et au confort, désertée face à l'adversité.

3. Enfin, troisième obstacle, l'image qu'on se fait de l'Eglise ne sert guère la propagation du message évangélique. On voit l'Eglise à contre-courant du monde moderne et des valeurs qu'il préconise: liberté de l'individu, tolérance, recherche sans fin ni contrainte. Cette image se colore de ressentiment dans les pays où les hommes d'Eglise ont beaucoup influé - comme c'est le cas au Canada - sur la vie politique, économique, culturelle et sociale. La désaffection subite et massive, et la coupure d'avec les diverses élites, ne sont pas compensées par la nouveauté du regard de bien des jeunes et leur absence de préjugés.

Notre temps d'ailleurs a des comptes à régler avec les institutions en général. Encadrement, engagement et durée ne font pas toujours bon ménage avec l'individualisme dont les observateurs les plus sagaces font le trait majeur de notre époque. Ainsi et d'abord la famille est-elle en crise: la précarité de la conjoncture, les exigences de constance et de fidélité font peur dans un monde incertain.


III. Les chances offertes a l'Evangile

1. Quelles sont les chances offertes à l'Evangile et à l'Eglise par la civilisation présente, en Amérique? D'abord, la quête de sens subsiste. L'inaptitude de la science la plus raffinée et de l'habileté technique à répondre aux questions fondamentales sur le sens de la vie et de la mort, à procurer la paix et la joie, est perçue comme une misère. S'il redoute le mot "religion", notre temps est tenté par celui de "spiritualité", pressentant qu'il y a d'autres sources que la science où apaiser sa soif. Le "retour du sacré", malgré ses équivoques, est recherche têtue d'un au-delà qui apporterait sens et assurance.

2. Les valeurs de liberté et de tolérance disent la grandeur et la dignité de la personne. La spontanéité du sujet et le fait d'être soustrait à la détermination révèlent qu'il y a dans l'univers autre chose que du mécanique et du prévisible. La tolérance est, à sa manière, reconnaissance de l'immunité de la conscience face à toute contrainte extérieure.

3. L'atout majeur sur lequel peut compter l'Evangile, c'est le sens de l'autre, comme aussi le souci éthique, auquel nous rattachions plus haut le désintéressement. Le sens de la solidarité, du partage et du dévouement est bien près de ce second commandement qui est semblable au premier et pour qui c'est le Christ qui est rencontré et servi dans le miséreux. L'aversion pour l'arbitraire dans les rapports humains, comme pour l'injustice et la discrimination, est également "praeparatio evangelica" ou même déjà expression de la charité du Christ. On peut même parler, comme d'un phénomène relativement nouveau ou, en tout cas, plus visible, de la compassion pour les handicapés, pour les pauvres et pour les personnes âgées.

Ce développement du sens social est même, en ce temps de relative pénurie, à la source d'un certaine simplicité de vie qui trouve des appuis dans l'Evangile. S'alimentent à cette sobriété un respect nouveau de la nature, un souci de la préservation et du bon emploi des ressources du monde.

4. Il y a enfin ce grand réservoir de générosité qu'est la jeunesse du monde. On a souvent noté, au Canada comme ailleurs, que, au moment où de plus âgés sont aveuglés par des préjugés ou enferrés dans des questions mineures ou secondaires, les jeunes sont en quête du sens global de la vie, vibrent aux élans de solidarité qu'ils ont sous les yeux et se sentent interpellés par la grandeur du Christ ou l'élévation de l'Evangile.


IV. Voies privilégiées pour promouvoir une culture chrétienne

Il n'est guère facile d'isoler des voies privilégiées d'évangélisation, puisque l'une des caractéristiques majeures de l'opération réside en son unité/complexité. "L'Évangélisation, écrivait Paul VI, est une démarche complexe, aux éléments variés: renouveau en profondeur de l'humanité, témoignage, annonce explicite, adhésion du coeur, entrée dans la communauté, accueil de signes, initiative apostolique... Il faut envisager chacun de ces éléments dans son intégration aux autres" (EN 22). Aussi faut-il aborder cette tâche avec un esprit de grande ouverture et de synthèse.

Avec patience et pénétration aussi, puisqu'il s'agit "d'atteindre et comme de bouleverser par la force de l'Evangile les critères de jugement, les valeurs déterminantes, les centres d'intérêt; les lignes de pensée, les sources d'inspiration et les modèles de vie de l'humanité qui sont en contraste avec la Parole de Dieu et le dessein du salut" (EN 19).

1. A la lumière du diagnostic qui a été posé plus haut, comme aussi des efforts de "nouvelle évangélisation" dans le milieu canadien, je signalerai comme une première nécessité le soutien et la reconstruction de communautés et de milieux de vie qui s'offrent appui, réconfort et possibilité d'action commune. Les paroisses peuvent être encore stimulantes et dynamiques, lieux d'accompagnement et de formation, de prière et de culte communautaire, d'activité missionnaire et sociale.

De caractère surtout territorial, elles peuvent aussi réunir des groupes d'âge ou de travail; il y a des paroisses de jeunes, prometteuses. Des associations naissent, sur le type des Cursillos, des groupes de réflexion et de prière, qui reconstituent un tissu chrétien gravement mis à mal par la sécularisation du dernier demi-siècle.

2. Un immense effort de proclamation, de catéchèse et de théologie s'impose, dans un milieu où l'Eglise ne dirige plus les institutions d'enseignement où se proposait une vision chrétienne du monde. Aussi faut-il favoriser les centres culturels, les services de pastorale dans les collèges et les universités, qui organisent cours, conférences, sessions au profit du grand public. Des maisons d'édition, des oeuvres de presse, des postes de radio et de télévision, comme il commence à s'en organiser un peu partout, sont des organismes maintenant indispensables.

3. Un autre volet de la pastorale culturelle est sous le signe de l'art et de la beauté, dans une civilisation plus éveillée que jamais notamment par le film et la télévision, au langage des symboles, des sons et des couleurs. Il faut d'abord accorder, dans la perspective qui est la nôtre, la plus grande place à la liturgie. Ce n'est pas sans tristesse qu'on voit oubliées ou négligées les ressources de musique, de théâtralité et, plus généralement, de culture artistique qui ont nourri l'imaginaire de l'Occident, en particulier, et qui peuvent inspirer les générations présentes. Une pastorale de la culture passe encore par les concerts religieux: les églises, à certaines conditions, se prêtent admirablement à ces manifestations; le répertoire religieux de l'Occident est admirable et presque infini. Des expositions de peinture et de sculpture sont des occasions magnifiques de rendre "visible" le mystère chrétien.

4. Enfin, les préoccupations de la justice, de la charité et de la paix, qui sont au coeur de la réalité chrétienne et auxquelles la civilisation présente est heureusement si sensible, animent déjà une pastorale de la culture. Des centres d'animation sociale sont nés un peu partout: Justice et Foi, Développement et Paix. Entre autres organismes, des oeuvres pour handicapés physiques ou mentaux, des centres d'accueil pour les exclus des grandes cités modernes rendent présente l'action du Christ Serviteur dans l'humanité et contribuent à l'instauration d'une civilisation de l'amour et de la miséricorde.

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[English]
Gilles Langevin (pp. 13-17) identifies the values which have the greatest appeal today: disinterested service of others, freedom and justice, tolerance and openness to dialogue. Yet it seems to be getting harder for people to recognize that the human spirit can be open to what transcends it: hence religious indifference. People experience life as something precarious and easily manipulated, and see the Church as hostile to modern values. In this context, pastoral action must be based on the positive elements of culture, but it is imperative to make great efforts in the proclamation of the Gospel, in catechesis and in theological reflection, as well as an experience of genuine Christian community.

[Español]
Gilles Langevin (pp. 13-17) destaca los valores que más se aprecian hoy: el servicio desinteresado, la libertad y la justicia, la tolerancia y la apertura al diálogo. Pero en cambio se hace difícil reconocer la capacidad del espíritu de abrirse a la trascendencia; de aquí nace la indiferencia religiosa. La vida se experimenta como precaria y manipulable. Y en la Iglesia se ve a un enemigo de los valores de la modernidad. En este contexto, la acción pastoral debe apoyarse en los elementos positivos de la cultura, pero es ineludible un serio esfuezo de proclamación del Evangelio, de catequesis y de reflexión teológica, unido a una experiencia de la genuina comunidad cristiana.


VERS UN NOUVEL HUMANISME

Jean-Luc GRASSET
Lyon

Longtemps la foi a nourri la culture dominante. Elle l'a façonnée, elle a ouvert la société vers un certain modèle de développement. Elle s'est vérifiée être, au fil des siècles, un prodigieux terreau de création artistique et de civilisation, enrichissant les formes et les langages. Cela continue de provoquer notre admiration pour l'essor musical, théâtral, architectural et spirituel qui a façonné, par exemple, le monde médiéval, sa mentalité, son imaginaire. C'est aussi contre cette domination et cette monoculture que s'est lentement édifiée, depuis bientôt trois siècles, une autre culture qui est devenue désormais dominante dans nos sociétés.

1. Drame de l'humanisme athée

Celle-ci demeure pourtant pleine de paradoxe. Elle tire l'essentiel de sa vision de l'homme de l'héritage chrétien, mais elle y introduit une double rupture; celle de l'individu et de la personne, c'est la négation du mystère de l'être et de sa dimension communautaire; celle de l'homme et de l'histoire, c'est la négation de la transcendance. Jusqu'au début de ce siècle, cette culture individualiste et athée est demeurée en effet très fortement hantée par la foi chrétienne, jusque dans son rejet qu'elle n'a cessé de professer. C'est tout le drame de l'humanisme athée qu'a analysé Henri de Lubac et que Gaudium et spes a formulé dans les nouvelles composantes du monde contemporain. Ce drame a été vécu d'une manière particulièrement intense par Nietzsche: il a mis en cause à la fois le rationalisme qui avait donné ses lettres de noblesse à un tel humanisme, et la morale qui était en lui une survivance chrétienne. Avec la mort de Dieu que ce philosophe esthète a proclamée, commence la sécularisation de plus en plus totale de nos sociétés. Ce mouvement de pensée a connu son apogée dans les années 1950-1970 où les idéologies de la mort de l'homme sont venues alors supplanter celles de la mort de Dieu.

Le fait le plus important que nous rencontrons en cette fin de siècle est sans doute celui-ci: la culture dominante que ces idéologies ont engendrée semble se déliter de plus en plus dans un antihumanisme. Elles s'étaient fixé comme but de faire l'apologie définitive de l'homme, elles se sont retournées contre lui. L'anti-humanisme contemporain s'avoue incapable de recomposer du sens, de générer du lien social, d'inventer un projet politique cohérent, de renouveler la conscience du bien commun, en un mot de finaliser l'existence humaine dans son intégralité et la création dans son ensemble. Il se voit contraint de se prononcer, jusqu'à même légiférer, sur la vie, sur la mort, sur la souffrance, sur l'amour, sur les actes privés où la référence ultime avait toujours été jusqu'alors la conscience personnelle. Tout se passe en fait comme si cet antihumanisme s'apprêtait enfin à rejoindre le point de vue naturaliste.


2. Résurgence du spirituel

Cependant, au moment où semble s'accomplir théoriquement cette jonction, dans l'exaltation de l'individualisme et de la jouissance du monde, des gouffres ne cessent de s'ouvrir dans la culture contemporaine: l'homme sans Dieu est un orphelin de plus en plus égaré; la société libérale et jouissive fabrique de plus en plus d'exclusion, de chômage, de marginalité, de fractures y compris dans les bases de la vie sociale, la famille, d'amoralisme dans la vie publique, les moeurs... tandis que les guerres économiques ou médiatiques, le terrorisme continuent de faire fi des droits les plus fondamentaux de l'homme. Le désordre culturel et spirituel qui en résulte se traduit par une perte quasi-complète du sens de la personne humaine. "Le problème capital de la fin du siècle, a écrit avec un pressentiment certain André Malraux, sera le problème religieux... La tâche, en face de la plus terrible menace qu'a connue l'humanité, va être de réintroduire les dieux". Cette tâche est d'autant plus vitale pour la foi chrétienne qu'elle s'inscrit dans une double perspective: la résurgence du spirituel et la montée d'un nouveau front laïciste.

La résurgence du spirituel est composite, protéiforme. Elle s'est opérée à l'intérieur même de l'Eglise, par la confrontation avec les autres religions, notamment le judaïsme et l'islam, mais aussi par les mouvements charismatiques, dans le renouveau de la vie contemplative, dans le surgissement de réalités communautaires multiples. Mais cette résurgence a pris également les visages de la gnose, de l'ésotérisme, de la dérive syncrétique: ces comportements ont pris corps dans les mentalités et dans les pratiques, autant dans la faillite de l'athéisme que dans celle du christianisme, lors de leur difficile confrontation avec la modernité. Cette résurgence s'est surtout heurtée dans l'Eglise à un certain dualisme, creusant parfois l'écart plutôt que cherchant à le dépasser, entre la chrétienté et le monde, entre l'institution cléricale et la vie laïque, entre l'autorité et la collégialité. C'est peut-être la force de ces tensions qui a provoqué aussi un certain retour des cléricatures pour pouvoir concilier non sans difficulté d'ailleurs, tradition et renouveau.


3. Laicisme et laicité

L'autre élément culturel qui réapparaît sous des formes particulièrement autoritaires est un nouveau front laïciste, lui aussi très composite. Il regroupe tous les opposants à un quelconque retour de l'ordre moral dans nos sociétés, stigmatisé par la permanence de l'Eglise, dans ses rites, dans son enseignement, dans les institutions qu'elle inspire et aussi dans le renouveau d'elle-même qu'elle invente dans des formes de vie communautaire, dans des manifestations publiques d'envergure, dans des groupes de réflexion sur des grandes questions de société. Cette nouvelle poussée laïciste s'inscrit dans une volonté de maintenir une cohésion de la société civile, dans laquelle les valeurs républicaines sont elles aussi en crise et qui vit cette nouvelle émergence du religieux comme une agression. Il s'agit donc dans le rapport foi et culture de prendre en compte ces situations contemporaines complexes qui évoluent rapidement sur des lignes de fracture; celles-ci peuvent être autant des facteurs de divisions que des sources d'innovations.

Ces mutations de la culture interrogent profondément la foi: pourquoi cet éloignement dans les mémoires des chrétiens de l'événement charismatique du Concile? Pourquoi cette crispation et cette frilosité à en accueillir sa force de renouvellement de nos pratiques et de nos institutions? Pourquoi ce rapport de la foi et de la culture ne parvient-il pas à un renversement décisif, à savoir qu'il ne s'agit pas tant de déduire de l'Evangile une culture que de permettre à l'Evangile d'éclairer de l'intérieur les cultures, de les révéler, de les transformer? Trop souvent l'annonce de la foi a submergé les cultures jusqu'à les nier, au lieu de reconnaître en elles ce que les Pères appelaient les semences du Verbe. Que provoquent en nous les attentes et les béances de nos sociétés? Au coeur de l'anti-humanisme contemporain, quelle expérience de Dieu prendra le relais des discours? Que veut donc dire dans ce contexte promouvoir une vision chrétienne de l'homme dans une société jalouse de sa neutralité laïque, où la culture scientifique semble de plus en plus se suffire à elle-même, où les médias véhiculent aussi une sorte de sous-culture, faite de relativisme, d'idées toutes faites, de prêt-à-porter intellectuel souvent non vérifiable?


4. Vers un nouvel humanisme

Les voies qui s'ouvrent sont pourtant multiples: il y a bien sûr les manifestations propres à la vie ecclésiale et à la vie chrétienne, particulièrement dans l'approfondissement et la clarification du symbolisme chrétien, du rituel liturgique, de la vision du temps et de l'histoire, de la vie sacramentelle: il ne s'agit pas tant de les adapter, de les transcoder que de leur donner toute leur richesse de signification, d'expérience intérieure et collective, d'accueil du mystère et d'ouverture à la transcendance. Ce sacré est un extraordinaire réservoir d'images, de paraboles, d'expériences humaines capables de renouveler et d'éclairer une démarche anthropologique globale. Cette dimension symbolique de l'existence ayant été érodée par le rationalisme, le besoin de la redécouvrir dans son intégralité est grand, maintenant qu'elle a été mise à l'épreuve des sciences humaines. Elle pourrait conduire la recherche d'un nouvel humanisme qui explore plus avant les conséquences culturelles et anthropologiques du mystère de l'Incarnation: "Dieu s'est fait homme afin que l'homme devienne Dieu" (Saint Athanase et aussi Saint Irénée).

Beaucoup d'autres voies ont été déjà largement ouvertes dans ce domaine de la culture: la traduction et la diffusion des écrits des Pères de l'Eglise, notamment des Pères grecs, des slaves, et des textes spirituels fondamentaux d'autres confessions, une exégèse de plus en plus approfondie de la Bible, le dialogue inter-religieux dans l'esprit d'Assise, l'animation autour du patrimoine chrétien (monuments, peinture, musique), les pèlerinages, des émissions de télévision sur l'histoire religieuse de l'humanité...


5. Le rôle des laics

Le point important que je voudrais relever en ce qui concerne une pastorale de la culture concerne la vie laïque. La tâche particulière qui revient aux baptisés est un appel à la sainteté dans l'ordre temporel. Le siècle a été traversé par différentes incarnations de cet appel: la militance, l'engagement, l'enfouissement. Des formes nouvelles de vie laïque, communes ou non, ont été expérimentées et continuent de l'être; sans doute y a-t-il là des modes inédits de présence évangélique au coeur de la modernité, même si leur visibilité n'est pas d'abord celle de l'annonce. L'appel le plus manifeste demeure celui de vivre de plus en plus en cohérence la vie professionnelle, la vie familiale et la vie de foi, d'en retrouver l'unité profonde, sans pour cela vouloir nécessairement qu'elle débouche sur un quelconque prosélytisme: la tâche des laïcs en effet n'est pas tant de convertir le monde que de le sanctifier et de s'y sanctifier, dans leur sacerdoce propre.

Cette vie mystique dans le temporel est l'invitation que le Concile a fait au peuple des chrétiens. Marie-Joseph Le Guillou la traduit ainsi en commentant l'Epître à Diognète: "Vivre en accord avec sa foi, c'est faire l'expérience de Dieu et c'est merveilleux. Ne dites pas que cette vie est pour certains mystiques, elle est pour tous les hommes... Le christianisme est un appel à vivre au niveau de la citoyenneté céleste. Notre cité est dans le ciel, dit Saint Paul aux Colossiens. Mais il faut prendre le mot "cité" au sens grec du mot avec tout ce que cela comporte de force, c'est-à-dire la civilisation dans laquelle nous sommes". Cette tâche est le défi que la culture pose à la foi, la culture entendue non pas seulement comme le milieu dans lequel nous évoluons, mais aussi dans le sens de ce qui permet à l'homme d'être plus lui-même, à travers toutes les dimensions de sa personne. Il y a dans la foi chrétienne une certaine capacité à résister au monde ambiant, à objecter, à être toujours prêt à rendre compte de l'espérance qui nous anime, sans que cela soit nécessairement une proclamation. "Les laïcs, trouvons-nous dans Gau-dium et spes, puis dans Populorum progressio, doivent assumer comme leur tâche propre le renouvellement de l'ordre temporel... Il leur appartient, par leurs libres initiatives et sans attendre passivement consignes et directives, de pénétrer d'esprit chrétien la mentalité, les moeurs, les lois et les structures de leur communauté de vie".


6. Les artistes

Dans cette perspective, il y a certainement une mission particulière confiée aux artistes. Paul VI affirmait qu'entre la voie de l'intelligence et celle de la beauté, cette dernière était un plus sûr chemin vers Dieu. Un effort théologique semble nécessaire pour que notre Eglise latine intègre ce chemin de la beauté. Le travail propre des artistes est de créer des passages d'évidence et d'expérience entre la nature spirituelle et la nature humaine de l'homme, de produire, dans le chaos que nos sociétés traversent, une authentique nourriture spirituelle. Dans une déclaration récente, Ismaïl Kadaré faisait remarquer: "Au fil des millénaires, l'humanité a su créer une grande richesse spirituelle. A la différence des réserves de pétrole ou des capacités de production en blé, cette réserve est suffisante pour nourrir tout le genre humain, elle dépasse même ses besoins. Le problème réside dans le fait que les voies menant à la mise en valeur de ces réserves ne cessent de se rétrécir."

L'humanité actuelle a plus que jamais besoin de nourriture spirituelle. Les écrivains font partie de la brigade appelée à préparer cette nourriture... (qui soit) un aliment sain ayant la faculté d'enrayer tant soit peu la dégénérescence et l'intoxication générales. Les écrivains et plus généralement les artistes, pourrions-nous rajouter, ont cette mission de maintenir ouvertes les voies pour tous vers de telles réserves.

Il leur revient de rappeler concrètement que les réalités spirituelles doivent trouver un accomplissement sur la terre des hommes, dans la vie de la cité et que l'expression authentique de ces réalités transcendantes n'est pas seulement manifestée dans l'enseignement ou l'ecclésialité mais dans la vie des personnes et dans les structures du monde. "C'est un fait que les grandes époques pour la foi ont été celles où l'Eglise a pu rayonner son enseignement, écrivait le Père Congar, par d'authentiques créations de poésie, de culture et d'art". Et il ajoutait que cette médiation entre la foi et la raison (nous dirions aujourd'hui la culture) est "l'affaire des laïcs". Aux artistes d'exprimer la profondeur de notre humanité, d'ouvrir la personne à son mystère d'intimité et de communion. La tâche prioritaire des artistes est non pas de se tourner directement vers une expression renouvelée du patrimoine chrétien mais d'inventer une expression contemporaine de l'homme qui tienne compte de toutes ses dimensions. Notre culture a un besoin vital d'une telle humanisation, d'une telle personnalisation.

(Tiré de Cultures et Foi [Diocèse de Lyon] Nº 11, Décembre 1996, pp. 29-33.)

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[English]
For Jean-Luc Grasset (pp. 17-22) secular humanism, which has dominated culture for three hundred years, is experiencing a serious crisis because of the inhuman consequences of atheism. With people feeling more and more lost in the midst of current moral confusion, there is a spiritual resurgence which has provoked a strong reaction from people with a secular agenda, who are opposed to a return to a moral order. Lay Christians are called to respond to the Council's call to transform their surroundings from within. It is a mystical call – not a question of proselytising, but of becoming holy themselves in this world.

[Español]
Para Jean-Luc Grasset (pp. 17-22) el humanismo secularizado que domina la cultura desde hace tres siglos ha degenerado en una crisis profunda por las consecuencias antihumanistas del ateísmo. Cada vez más perdido en medio del desorden cultural reinante, el hombre de hoy experimenta un resurgir espiritual, combatido con nuevo vigor por los laicistas que se oponen al retorno del orden moral. Los laicos cristianos están llamados a realizar su vocación proclamada por el Concilio, vivificando su ambiente desde dentro, no tanto por una procla-mación proselitista, sino por la vía mística de la propia santificación en medio de lo temporal.


TOWARDS A PASTORAL APPROACH TO CULTURE
A CONTRIBUTION FROM ENGLAND AND WALES

The following is an "executive summary" of the response which was sent by The Committee for Faith and Culture, which is part of the Catholic Bishops' Conference of England and Wales. That response summarized those received from several dioceses, university and other chaplaincies, seminaries and various organizations and groups.


1. How do we English and Welsh Catholics see ourselves?

First of all, on the world scene we recognize that we are not badly off. But some things about our society make us uneasy. Things are changing, but we do not want to be led the wrong way: people should not be made to feel like slaves to the market economy, or that they are somehow inferior to others, or simply not valued at all. We are concerned about a feeling that respect is on the wane, in society as a whole, and within family relationships. We recognize that we are called to care for each other, and not to use each other or ignore people who need our help or our time. And yet we are aware that we are a long way from being a society which practises true justice irrespective of gender or colour or creed. We wonder why life is respected less than it should be, especially at its beginning and as it comes to an end. Many of us find it hard to accept the wisdom of our elders and even the authority of the Church. But we rejoice in the people who do manage to care and to inspire, especially by generous dedication to their families, to the sick and to the poor.

We are part of a society which is good at enjoying itself. We have to admit that we can be extraordinarily selfish, as individuals but also as social groups, and as a nation. But this is a phenomenon which goes far beyond our shores.... People in our culture can be very critical of the Church, sometimes because they know so little about it, but often because the Gospel the Church brings asks a great deal of them. For so many reasons many people prefer to invent their own values, or pick a mixture of those which suit them best. Worst of all, people feel that the Church condemns rather than loves them.

There are so many lost sheep: people who feel they are no longer worthy to belong to the Church, people who find it hard to cope with the big events in life, those who have never really heard the Good News and seek God with a sincere heart. Our Church is able to offer a great deal: already people who are invited to "come and see" can be welcomed in so many parishes and chaplaincies where they find other seekers after the truth about Jesus Christ and about themselves. There are still martyrs and saints in our time, and there is a great openness in our community to dialogue and development, especially in the rich contribution lay Catholics, particularly women, now make to the life of the English and Welsh Church.


2. A Christian Culture for England and Wales

The great British heresy – Pelagianism – should never get the better of us. It is wise to remember who is in charge of the universe: ultimately what sets the image of God free in men and women is the redemptive work of Christ. The "core business" is living with Christ in a way which transforms our relations (as individuals and as the Catholic community) with the world around us. This presence of Christ in our midst is fed and renewed by the "special events" in our Christian lives: great feastdays and seasons, retreats, pilgrimages. We recognize the particular qualities in people and resources within our Church which give a solid basis to Christian culture. Some people in the Church are prophets, and speak the Word in season and out of season. Others give witness to God as religious or priests. And this is a season of grace, because we realise that the key to the promotion of a Christian culture is for Vatican II's idea of the role and mission of the laity to become a reality. We are blessed with movements and institutions which allow all the baptized to do their part.

Art, architecture and music have often been the clearest fusion of faith and culture, in ways which speak to many who do not share our beliefs and values. If we encourage the development of these skills within the Church, we shall be able to continue and enhance this tradition of human culture striving to achieve only the best for a beautiful and emphatic statement of faith.

Education is something the Church does well; involvement in schools and universities, as well as the continuing formation of all who belong to the Church, is a very effective tool for moulding our culture. So is a confident presence in the media and in public life, where our silence could be sinful, since so many people have no other way of discovering a Christian response to the challenges of our society and our world.

In all of this, the Catholic Church does not need to act alone, and should not even try. So much more can be achieved when Christians of different traditions can overcome past divisions, speak with one voice and act together, even if not in perfect unity. This witness is particularly urgent when our society so often blames religion for wars and obscene violations of human rights, even the destruction of human life.


3. Some Pastoral Pointers

At the heart of evangelization are people who have been warmed by the Spirit of God, and touched by the love and wisdom of Jesus Christ, which they want to pass on to others. The best evangelization is Christianity in action, personal commitment to Christ and his Church. The best evangelizers are people who strive – and often struggle – to be holy. And leaven does nothing until it is mixed with the dough; we need to see where God is already at work in our culture and co-operate with Him there. Our faith and our culture are certainly distinct but we cannot separate such closely-linked elements of our identity as individuals, or as the Church in England and Wales.

It is very important for the Church to be positive, and to be perceived as positive; what often puts people off is the impression of ready condemnation, but reluctant affirmation. It can often be a matter of selling ourselves short, because our Church has always contributed so much to our society, in commitment to chaplaincies of many kinds, service to the sick and the poor, support for marriage and various forms of culture. We recognise the need to keep improving the way we present our beliefs and values. We signal prayer as the cornerstone of public and private Catholic life. We know we must do all we can to offer adequate formation and training to those who generously offer their talents to the Church. We value the solid contribution of various international movements as well as diocesan and national centres of pastoral, liturgical and theological formation. Ministry to younger Catholics is probably the most crucial element of mission within the Church in England and Wales.

An openness to new and creative ways of speaking of God today is essential: music, video, "folk" events, events which open our churches to people of little faith or none, are all ways of effective dialogue with our culture. Our responsibility to communicate the faith we love reminds us to speak in ways which all can understand, to be at the service of all; but we must avoid the temptation to say too much too loudly. If we can introduce people to the silence of peaceful contemplation of God, that itself will be a rich reward.

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[Français]
Le Comité pour la foi et la culture de la Conférence Episcopale d'Angleterre et Pays de Galles rapporte la préoccupation des catholiques face à la détérioration du respect de la personne et de la justice, et le climat de peur réticente devant les exigences évangéliques présentées par l'Eglise. L'Eglise se doit d'offrir une présentation positive de l'Evangile. Le coeur de l'Evangélisation est constitué par les personnes qui ont expérimenté la gratuité du Salut en Jésus-Christ, et qui s'efforcent d'atteindre la sainteté.

[Español]
El Comité para la fe y la cultura de la Conferencia Episcopal Católica de Inglaterra y Gales recoge la preocupación de los católicos por el deterioro del respeto y de la justicia, y un trasfondo de temor ante las exigencias del Evangelio presentadas por la Iglesia. La Iglesia debe caracterizarse por un talante de ofrecer lo positivo. En el corazón de la evangelización hay personas concretas que han experimentado la gratuidad de la redención de Cristo y que se esfuerzan por alcanzar la santidad.


THE EVANGELIZATION OF CULTURE IN SWEDEN

Anders PILTZ
University of Lund

1. What view of man?

The image of man most commonly presented by the mass media in Scandinavia is that of a being composed of biological and psychological constituents, both of which can be defined as a complex of urges and needs, a craving for immediate gratification. Apart from food, drink, sleep, and sex, humans also need closeness, loving care in childhood, and attention, affection, esteem, and affirmation from others later in life, in order to feel self-esteem, assert themselves and satisfy other psychological needs.

Since man, according to this view, essentially is his or her various needs, the media try to titillate different urges and fears (sex, pleasures, death, invented or real dangers, and physical or verbal violence) which media consumers supposedly have. Even if the media industry cannot satisfy them, it can at least keep people willing to consume the flux of manipulated fast impressions, which is not a message but rather a suggestive and ever more abundant stream of electronically broadcast collective consciousness.

If, as Nietzsche thought, reality is what the strong man (the artisan of his own world) creates, with the masses as pieces of chess, it appears tantamount to the sum of those artificial worlds of need and gratification which are created by the media industry. Power is exercized by those who control the media. Journalists in the leading media and politicians depend on each other and are partners in a subtle game. They decide, in a complex process, which problems are to be identified and defined. A world of interests and fears is thus called into existence. Both parties claim to be independent, but they form a coalition which, in a way, creates facts, phrases the questions, and answers them. Journalists may even be considered more important than politicians. The latter are chosen in elections, whereas journalists are picked by owner-interests for an indeterminate time. Journalists are what rhetoricians and lawyers used to be in ancient Greek and Roman society. Anyone who wants to get his message through must know how to handle the media.

Media thus have become the dominating "church", pulpit, and rostrum in modern society, the frame of reference, the creator and interpreter of the universe, and of moral standards to follow. Television has even replaced the confessional. On the sofa of a talk-show, people proud of the attention, rather than confused or contrite, confess their moral shortcomings to millions and then receive absolution: the comforting message that everybody has done the same thing, or would have done the same thing, given the opportunity.

Truth does not exist in itself. It is the name of what the group in power would like other groups to believe at a given moment.

Direct ways of communicating (via Internet and e-mail) seem to offer a window of hope in this concrete bunker, a chance of breaking the power of the resourceful few. But they can also create loneliness and isolation. The end of evolution sometimes seems to be electronic post-human society, where all urges can be satisfied without people meeting, talking or touching each other.

Of course, this is a rapidly sketched caricature. But a caricature can tell as much as a scientific report of what is going on in a society at a given time.


2. What social changes?

At the same time, there are new barriers between those in economic and mediatic power and a new class of really poor people. The welfare system built up after World War II, once the pride of Swedish social democracy, is collapsing. While certain businessmen and bureaucrats amass an enormous amount of money by severance pay agreements, an appalling number of people have no jobs. Even when they have a job, single mothers with small children cannot pay their monthly bills. The common supposition was that the State or the local community always took care of the elderly and the sick. Now those social nets are no longer working, because of tough budget cuts.

The long-term result of this social development could be either the withering away of solidarity, or a complete reconstruction of society based on direct responsability for one's own family and relatives, with a significant role for voluntary social workers - hitherto an inconceivable option in Scandinavian politics.

People also feel uneasy over the prevalent positivism of technocrats, and the moral void manifested by so many scandals involving politicians and industrialists. Hence the many courses of ethics offered to company managers by private consultants or universities, as well as the rapid success of innumerable sects, movements, ideas, spiritual techniques, and "fast food" religion.

This is just another confirmation that man, essentially, is a Mängel-wesen: he is his need, not only a need for food and drink but for God and his Word, for justice and truth beyond the phenomena of this world.


3. Which culture?

Ideologies have imploded and are being replaced by a moral vacuum. Established religion is undergoing a kind of inflation. Like pious objects bought second-hand as antiques, religious expressions and metaphors are exploited in art and the media with no obligations, like spices which evoke the flavour of some long-forgotten empire or style (just as God's name has always been used in everyday language). In glorious cathedrals, where pilgrims once went the last few steps on their knees, scantily-clad tourists stroll around with ice-cream cones, staring at the altars and statues while listening to a historical explanation from an electronic guide. Real knowledge of the faith that once created these buildings is almost totally lacking.

What many expect from the Church(es) is a beautiful organ concert or comforting words in moments of sorrow. Those who dare to show a genuine spiritual hunger are sometimes attracted to different kinds of fundamentalist movements which have a clear-cut message, shun reason and think they are the party of God, offering a pill of reassurance to the perplexed.

At the same time, modern culture rapidly produces mythologies, tells new legends, fosters new rites. The new patterns are no less distinct than the habits and rules of religious orders, if less codified. The gangs in the street, the many shades of music cultures among young people (pop, rock, hard rock, death metal, hiphop, house, synt, country, jazz) are like liturgical rites, all with their specific clothing styles, uniform answers and gestures. Music makes it possible to transcend oneself, to dissolve one's self in the rhythmic movement of the mass, to be absorbed into the universe. This merciful cult makes no demands and is not a guide to self-improvement. You are what you are, and that's OK.

There is an extremely weak sense of belonging to a common inherited culture, society, confession, or profession. Being part of a clan of families, accepting the same ideology or ideals as your parents and their generation, identifying with the Church, the party, the trade union, or the school you belong to - all that seems to be obsolete. Rather, the young seek their identity among themselves in different groups, rapidly established and dissolved.

The typical Scandinavian way of seeking transcendence, however, is through nature, its beauty and its silence. Swedes seek God in the woods and the mountains. Probably, no other people on earth takes so much interest in nature or is so sensitive to environmental questions as the Nordic peoples. If anything is sacred, it is Mother Nature, the privileged epiphany of that Something which transcends man. Moreover, 66 % of Swedes think that animals should have rights as humans do, according to a poll taken some five years ago. This is not to be taken as a metaphysical statement but rather as an expression of high esteem for nature and the balance between man and his fellow creatures.

Religion, in the traditional sense of the word, is predominantly private. If a person believes in some supreme Being, which seems to be the norm, it is not something about which he is likely to speak to friends and neighbours, at least not when sober.

Revivalist denominations, which were vigorous and successful during the times of the cold war, have now lost their impetus. The established Lutheran Church of Sweden has equally lost its influence in society and is torn by internal strife over the ministry of women and the "marriage" of homosexuals. The first women were ordained in 1960, but the terms of how those opposing this innovation should be integrated in the Church are far from settled. The Lutheran Church still has a part to play as the religious body represented everywhere in Sweden. People are likely to be attached to it in times of crisis, even if church attendance is extremely low.

The Roman Catholic Church of Sweden has increased rapidly since 1945 (from 5000 to some 180.000 members) and has had an influence in cultural life, despite being a tiny minority in society - less than 2 % of the population. It has not suffered from the same disenchantment of its members towards the Church establishment, as is the case with German Catholicism. Many in the other Churches expect moral support and inspiration from Catholics. In 1989, the Holy Father was warmly received in Sweden and Finland.


4. What kind of evangelisation of culture?

We have to accept the fact that we live in a society where the Church(es) no longer formulate the problems and answers and set the agenda. We should not act as if this had not taken place. If humility is a Christian virtue, then it should be observed also in the public forum and in the media. Moreover, people are allergic to what they feel to be pressure or propaganda from the religious establishment (or at least other establishments than the media). As Pope Paul VI said: men do not listen to teachers but to persons with living experience of what they say.

Those who are experienced do not need to raise their voice. The Church's official documents and statements must at times be unmistakeably clear and affirmative. But normally the message of the Church, even at the highest level, should invite reflexion and dialogue rather than stress obedience, if it is to have any effect at all beyond those already convinced.

But assertiveness is not to be confused with a firm conviction and eagerness to communicate it. The Church would fail to fulfil her mission if she did not, opportune importune, preach the Gospel. The situation is rather similar to that of Greek culture when Saint Paul began his pastoral journeys.

The task of the Catholic Church to preach the Gospel in today's media society can be defined as a procedural enterprise, taking into consideration the different levels of acquaintance with the Christian tradition. There seem to be two main approaches to be followed, according to a pattern laid down by St. Paul. The one should be adopted in the Areopagus (today, the media world), the other in the parish hall.

St. Paul spoke both to those outside his religious frame of reference, and to people with a thorough knowledge of it. He had a message for everyone, learned and unlearned, rich and poor, Jews and Gentiles. Now, according to the rules of rhetoric and common sense, one cannot communicate the message in the same way always, regardless of audience and circumstances. The message of St. Paul to the sceptical and blasé Greeks in the Areopagus, with no acquaintance with the Hebrew Scriptures, could not possibly be put across in the same way to his Jewish audience in the synagogue, or in the homes of Judeo-Christians, familiar with the Scriptures and the rabbinical tradition.

In the Areopagus, Paul started by commending his Greek listeners for their keen interest in religious matters. He claimed to have a message which was at the same time firmly rooted in their own culture and literature (the unity of mankind as children of God) and radically new (Jesus and the Resurrection). He started with the familiar and then, suddenly, shocked his audience with something totally new. His success was limited, but the curiosity of at least some people was aroused when they first encountered the Gospel.

Those who heeded the message he systematically catechized. Since he met overt resistance in the synagogue at Ephesus, he rented the lecture hall of Tyrannos, where he taught from 11 a.m. to 4 p.m. every day for two years (if we are to believe a "Western" reading of Acts 19:9). It is said that "the whole of Asia [Minor] heard the word of the Lord, the Jews as well as the Greeks". Paul's carefully planned pastoral effort could not fail to have lasting effects.

In the early Church, the instruction (didaché) was accordingly adapted to the respective capacities of the newcomers. Jews and proselytes, already instructed in the synagogue, were told that God, who had spoken in the Holy Scriptures, had fulfilled the old promises in Jesus of Nazareth, who is the Messiah, the Lord, and the Judge of living and dead. With Gentiles, it was necessary to start at an earlier stage, with the basics of Revelation: Creation, man made in the image of God, the Scriptures.

Both categories of candidates were inscribed as catechumens and were successively initiated into the Church through instruction and ritual steps, marking their approach to Baptism. Instruction continued even after Baptism.

This shows that the proclamation of the Good News should be undertaken in stages. First, you have to know to whom you are going to talk. Then, the prophetic appeal, which disturbs the listener and makes him curious. Lastly, there should follow a period of patient catechizing, with all its questions and answers taken seriously.

1. Those involved in the proclamation of the Gospel should have a positive will to learn exactly how the contemporary mental universe (of which they themselves are a part!) is constructed and was shaped, which ideas prevail, and why these ideas, rather than others, are accepted as plausible or attractive. Evangelization must be undertaken as a dialogue within this frame. It can never have a lasting success if the preacher instinctively or openly feels or acts as a priori morally superior to his dialogue partner. Ideally, he should know the culture of the other even better than the other (hence, a thorough initiation into philosophy remains indispensable in the training of candidates to priesthood). It should be mandatory that every local Church have a press agency of its own or at least good contacts with the media. It must have people who can act as spokespersons, not only when media themselves demand answers but also motu proprio, whenever some event calls for an explanation or a Christian interpretation. The Church's message is normally not heard but filtered through the media.

2. When friendship is established between the dialogue partners, then the prophetic call to conversion can and shall be forwarded, to the culture and to individuals: man is created in God's image, to live just once on this earth, with an eternal responsability for his own destiny. The world is not just a place where you have to seek various distractions in order to forget that it is in reality an absurd waiting for nothing. God loves this world, and he has shown how much he loves it by raising his Son Jesus from the dead. God's mercy is offered to everyone. There is hope for everyone.

3. In a third stage, those who accept the Gospel should be catechized, a process (a dialogue, not a one-way communication) that should be carefully planned and carried out systematically.

But every stage of evangelisation of culture and of individuals should be directed towards the celebration of the mysteries, the source and the goal of all other activities of the Church. In today's electronic society, catechism cannot be severed from the necessary effort to create living communities. The characteristically Catholic incarnational and sacramental view of Revelation and man's answer to God's calling compels us to insist on coming together in real assemblies (ekklesiai), face to face in the same room, to share the Word of God and the Body of the Lord in a real, palpable way. The Eucharist and the other sacraments, which can never be replaced by media communication, make it possible to lead a life according to God's calling. The liturgical assembly inspires the members of the communities to care for each other (diakonia) outside the liturgy.

In the media society, celebrations must be carefully prepared, beautiful (in the deeper sense), not verbose but calm and relaxed, with a simple but noble dignity. Lay people should not be at the mercy of the celebrant's whims or preferences. There should be plenty of sacred silence. Keeping sacred silence, together with others, in today's world becomes something of a sacrament in itself. The homilist should say non multa sed multum, which demands careful, thoughtful and prayerful preparation. In a world where so much attention is paid to a person's image, young people have developed a keen sense of the radiation of person, of a priest, and of a congregation. They immediately recognize if a message is authentic, if it agrees with the depths of a person familiar with the Lord Jesus and his Gospel, or is just something that is said because conventions so demand.

In other words, celebrations must be the very contrast of the media world. The media are not properly the forum of the liturgy, even if it may be necessary to transmit even the innermost mystery, the Eucharist, on TV. The media are rather the forum of prophetic appeal, instruction, and discussion. Talking about faith should lead people to gather in the living Church. Nothing can replace the coming together of God's Church – especially in today's global, electronic village.


5. Final reflections

The present period of transition can be made into a period of clarification and purification. Attention should be paid not so much to statistics as to authenticity. The formula for renewal should be sought not in ideas, books, or symposia, but from Christians who dare to accept the challenge of the Gospel. In the past, God has constantly rescued his Church from spiritual stagnation through living Saints. Nothing indicates that it will be done otherwise today or in the future.

The phenomenon of spiritual restlessness should not be met with scorn or isolationism in the name of a superior Tradition, which can afford to pensare in secoli. It should be taken seriously and studied carefully as further evidence, as the millennium ends, of man's religious hunger, which cannot be fully satisfied but by God and his Word. That is the serious challenge to the Catholic Church today, as was the emergence and success of the Cathars and other dissenters around the year 1200. The Mendicant Orders in those days took people, their questions and their objections to the Church and Tradition seriously - an indication of the policy that should be adopted today.

That is the policy of the Beatitudes, a complete confidence in the spiritual weapons of the Church, her only treasure, the Gospel, the Good News of the Truth who is a Person, who has shown us the real Face of God.

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[Français]
Anders Pilt, suédois, relève que l'homme est conçu comme un ensemble de tendances sous l'influence du flux des médias. Le lien à la culture traditionnelle devient ténu. Seule est capable de contrecarrer le vide religieux, une éventuelle croyance en un Etre suprême rejoint au travers de la nature. L'Evangélisation requiert un ton humble, de dialogue, attentif à l'univers mental du destinataire. La catéchisation qui lui sera unie, culmine dans la liturgie, antithèse du monde superficiel et virtuel de la société médiatisée.

[Español]
Anders Piltz destaca desde Suecia que el hombre se concibe como un amasijo de tendencias que está a merced del flujo de impresiones de los medios de comunicación. El vínculo con la cultura tradicional es débil. El vacío religioso lo contrarresta sólo una eventual creencia privada en un ser supremo al que se llega por la contemplación de la naturaleza. La evangelización requiere adoptar un tono humilde, dialogante y atento al universo mental del destinatario; esto unido a un proceso de catequización profunda que culmine en una genuina vivencia de la celebración litúrgica (pura antítesis del mundo irreal y superficial de la sociedad mediática).


AN AUSTRALIAN POINT OF VIEW

Bishop William John BRENNAN
Bishop of Wagga Wagga (Australia)

1. What vision of humanity?

A. The main vision of humanity is that of affluent societies throughout the world, namely people whose main aim in life is seeking pleasure and finding that pleasure in material possessions and to a large degree in self indulgence. The only time the serious questions of life are faced by many people is when they are sick or in the context of death of a relative or their own approaching death. Given the climate, the outdoor life plays a large part in the Australian vision of humanity, whether it be in sport, or bushwalking, or living in the outback. Although a shrinking minority of Australians actually five in the outback the image of the outdoor Australian is still quite prominent and many people on their retirement go for tours. Touring the outback is as much a goal of the city born Australian as of the overseas tourist. The ideal of a rugged independent Australian, especially mate, still carries considerable force.

B. Although a minority of Australians go to Church, most profess a belief in God and in Christ, although not in the Catholic Church or indeed any Church. Most are indifferent about religious practice but not necessarily about religious belief, and will often turn to prayer in times of need. The Catholic Church is often subject to attacks on the media which see its moral absolutes as being old-fashioned and indefensible. This is especially true as regards its views on abortion, divorce, contraception, homosexuality etc. Those Catholics who are engaged in practical charity towards the poor and underprivileged are generally well regarded both in society at large and by the media.

A general anti-intellectualism is endemic to Australian life. This lack of a tradition of the intellectual life, especially in social and political life, prevents people seeing the inconsistency between their goals, for example, a fair go for all, and the policies of economic rationalism that have dominated Australian political thought for the past 13 years and continue to do so. The Church obviously has to find a way of using the media more effectively, especially the medium of television.

The initiative of the Australian Jesuit Province in moving into pay television is an interesting step in this regard. The various movements of the post Vatican II Church, for example the Focolare Movement, the Charismatic Movement, the Cursillo Movement, the Family Group Movement, the Neo-Catechumenal Way etc. provide an opportunity for the members of those movements to experience the Christian community. This is also possible in the context of Catholic schools, especially Catholic secondary schools and to a lesser extent it seems the Catholic parish community, except in smaller country centres where the parish community is a natural local community.

While there has been a greater coming together in the ecumenical sense at the level of leadership, this has not born much apparent fruit at the grassroots yet, especially in the large city dioceses which make up two thirds of Australia's population.

C. The openness generally towards spiritual teaching and the desire, especially among parents of young children, for some religious direction for their children are possible avenues for inserting the gospel message.


2. What culture?

In our context this question requires considerable elaboration because of the multi-cultural nature of Australian society. The Catholic Aboriginal Australians are developing their own liturgical forms of expression within the acceptable parameters of the Roman rite. Many of the more recent migrants, especially those from central Europe are bringing with them a religious culture of pilgrimages to sacred sites that is new to Australia. The traditional Irish Australian religious culture was based on family, parish and parish school. This is still the strongest element numerically, but in many ways the least productive in terms of articulating a vision for inculturating faith. It must be admitted that the Catholic schools are far too often just replicas of State schools with a 30 minute religious lesson tacked on to the daily program. Very little energy has been put in to Catholicizing or even Christianizing the curriculum whether it be in Economics, in which the rich social teaching of the Church could find a place, History in which the Catholic and Christian contribution to western civilization is often ignored, or Literature in which the strong strand Catholic writing in English is often not mentioned.

In religious terms the inter-cultural dialogue has yet to begin in Australia. The religious groupings from various cultures go their own way and there is little interaction even among the different Catholic cultural groups, let alone between Catholic groups and say Muslim groups or Buddhist groups. The development of such interaction remains a challenge and a vision for the future.


3. What pastoral approach to culture?

The development of the Australian Catholic University in the eastern states and of Notre Dame University in Western Australia provide opportunities for the Church to enter into dialogue with Australian society at a level to which it did not previously have access. For over 30 years a national religious art prize has been awarded and generally attracts wide publicity. Increasingly Catholic agencies, for example the Australian Catholic Social Justice Council, are looking to poetry competitions, art displays etc. as a means of promoting their message. Fostering a Christian culture in a society which focuses on experience at the personal and community level will involve Christian groups seeking common ground with other groups in society and endeavouring to show by witness the additional element that Christian belief can add to causes such as development, compassionate and humanitarian care for the sick, environmental matters and similar issues. It is also the case that many Catholic agencies involved in work that is highly valued in the community do not get the publicity in the media that they deserve. A number of Australian dioceses have been awarding scholarships to young Catholics to train for vocations in the media in order to be able to bring the Christian dimension to the fore more readily. In fact there is a higher proportion of Catholics working in the media, especially in the news and information agencies, but often their Catholic faith is not articulate enough and they do not have the professional theological formation to be able to highlight the truly Christian elements that are present in the culture or that could be developed by focussing on the work being done by the Church in a whole variety of directions.

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[Français]
Mgr. William John Brennan considère les Australiens comme majoritairement croyants, mais indifférents face à toute pratique. Face au matérialisme, à l'hédonisme, à l'individualisme, à la dépréciation de l'esprit, l'évangélisation exige un vécu communautaire, qui cherche une base commune avec d'autres groupes pour des actions humanitaires, et témoigne du spécifique de la foi par ses oeuvres.

[Español]
Para el Obispo William John Brennan los australianos son mayoritariamente creyentes, pero indiferentes en cuanto a la práctica religiosa. Tienen mucha fuerza el materialismo, el hedonismo y el individualismo, y es ya vieja una despreocupación notable hacia todo lo intelectual. La evangelización exige una vivencia de la comunidad cristiana, buscando la base común con otros grupos empeñados en diversas causas humanitarias y dando testimonio de lo específico que aporta la fe a este servicio.


SUGGESTIONS FROM SOUTH AFRICA

Bishop William SLATTERY
Bishop of Kokstad (South Africa)

The people in this area are 95% African people and the main challenge facing us at the moment is inculturation of the Christian Faith into the life and culture of the people. In this time of transition in South Africa they are responding with a new generosity, a great openness and with great expectations to the challenge of the Gospel as presented by our Catholic Church. Beyond the usual efforts at inculturation made elsewhere by the Bishop's Conference may I just add a few small points.

1. In the building and decoration of new churches the people gather to discuss in depth, the meaning of "church", the meaning of a Holy Place, the traditional way of expressing spiritual values in art. They consider the name of the church and how to reflect that in its art, etc. This is a very enriching and simple moment for the people's understanding of Church.

2. The laity are very active in our church. The idea is to form from them small groups of fervant christians who go as Viatores Christi to other Parishes for reasons of spiritual renewal, and visitation. For the year 1997, we ask them to give one week to Christ as "missionaries", witnessing in their own and neighbouring parishes. A week of unpaid work for Christ.

3. Healing services are adapted to the traditional belief of the people, the presence of evil spirits, the presence of bad medicine, healing of memories, healing of relationships in family and village, etc.

4. Our people have a deep felt sense of the Sacred and so in our Pastoral approach we emphasize holy places, holy journeys (pilgrimage) etc, holy things, holy time.

5. Every year the Diocese tries to organise at least one day retreats for everybody in the Diocese. Like the Hebrews who rejoiced in the Pilgrim Psalms travelling up to Jerusalem our people easily enter into this tradition.

6. Music Festival for Choir conductors, choirs, composers etc.

7. All night vigils dedicated to Doctrine and devotion. Traditionaly our people like to pray the whole night through. We are now using this format to instruct intensively and to increase their devotion. At the moment the youth retreat in a town involves candlelight processions to pray near government offices, the taxi ranks, the hospitals, the police stations, party political offices etc.

8. We establish a newspaper in the local language.

9. We encourage people of learning within the local culture to record as much as possible the idioms, the words, the ways of life, the customs of the old days, the celebrations,the implements, the cures, the beliefs, the anxieties, the joys of the old. Even as we look, under the inroads of modern media a world is disappearing before our eyes.

10. We are engaged in writing a small history of every parish.

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[Français]
Mgr. William Slattery met en exergue l'ouverture et la générosité de ses diocésains d'Afrique du Sud pour relever le défi évangélique dans la vie et la culture. L'évangélisation rencontre un appui dans un sens du sacré impressionnant, et en une ardente collaboration de laïcs toujours mieux formés.

[Español]
El Obispo William Slattery pone de relieve la apertura y la generosidad de sus diocesanos de Sudáfrica para acoger el desafío del Evangelio en su vida y cultura. La evangelización encuentra su apoyo en un impresionante sentido de lo sagrado y en la colaboración ferviente de los laicos mejor formados.


LA PASTORAL DE LA CULTURA EN EUROPA OCCIDENTAL

Mons. Lluís CLAVELL
Rector del Pontificio Ateneo de la Santa Cruz (Roma)

I. Descripción y diagnóstico de la cultura

1. Ideologías políticas

Hasta la crisis del comunismo marxista-leninista ateo, en Europa occidental dominaban sobre todo una ideología democrática liberal y otra socialdemócrata, que se sentían ambas con la misión histórica de oponerse al comunismo. Vistas las cosas con más profundidad, la oposición no era tan radical, porque la socialdemocracia tenía una inspiración marxista, y porque el liberalismo tenía en común con esas otras ideologías una posición inmanentista y un consiguiente reduccionismo antropológico, por la falta de trascendencia. En general, los católicos defendían los valores propios de una antropología integral y tenían posiciones diferenciadas en muchas soluciones concretas. Unas más afines al liberalismo, otras más cercanas al socialismo, pero tratando siempre de conjugar la libertad y la solidaridad.

Después de los acontecimientos de 1989, al desaparecer de la escena el comunismo en cuanto tal, se ha producido una crisis en los equilibrios establecidos. Las visiones dominantes son ahora más cercanas entre sí: la liberal democrática y la socialdemócrata. En esta segunda persiste un cierto fondo marxista, más o menos acentuado, y es una posición de este tipo la que parece dominar en los medios de comunicación social y en las asociaciones sindicales. Los cristianos se sitúan generalmente en una de las dos corrientes, según la personal sensibilidad y preferencia.

El contraste entre esas dos opciones es menor que antes, porque se trata ahora de ideologías más débiles y más pragmáticas, con menos carga de valores y de concepción del hombre, y también porque —por motivos sobre todo económicos— unos y otros piensan que se debe reformar el Estado de bienestar (o social) vigente.

Sin embargo, más allá de estas diferencias, existe en Europa una mentalidad estatalista, en buena parte común a las diversas ideologías, que se conjuga mal con el principio de subsidiariedad, propio de una ética política personalista. Pienso que el efecto negativo más importante de esa tendencia que se ha desarrollado en los últimos siglos es una pérdida de responsabilidad personal, de iniciativa y de creatividad, que se observa en Europa en cierto contraste con otros países, como por ejemplo los Estados Unidos. Se trata de un fenómeno de escaso nivel, a la vez, de libertad y de responsabilidad, como de una reducción antropológica. La mentalidad estatalista ha hecho también que casi toda la enseñanza esté en manos del Estado, desplazando progresivamente las iniciativas de personas e instituciones, tanto de inspiración católica como de otro tipo. Junto a ello, existe un notable control estatal de la infor-mación, especialmente a través de los canales de televisión del Estado. Estas constataciones no pretenden tener un carácter político, sino situarse más bien en el campo de la defensa de la libertad, propia de la concepción de persona que el cristianismo ha difundido progresivamente a lo largo de la historia.

2. Aspectos culturales

Quisiera empezar por algunos aspectos claramente positivos, si bien de hecho en muchos casos van acompañados de una cierta ambigüedad. Existe en la sociedad actual una conciencia aguda de los derechos humanos, como consecuencia de la dignidad de la persona. La ambigüedad deriva, en buena parte, de que la libertad es entendida generalmente en el trasfondo del liberalismo individualista, quedando en la sombra los deberes y la conexión constitutiva de la libertad con la verdad. En el plano filosófico y jurídico la libertad ha sido vista unilateralmente como un poder de elección, carente de ordenación a un fin, y por tanto como una libertad indiferente respecto de las diversas posibilidades de actuación. El amor a la libertad personal de los demás queda también reducida a simple tolerancia. Todos estos problemas adquieren una especial densidad en las cuestiones referentes al derecho a la vida que nace y que muere, y a la libertad y responsabilidad anejas a la sexualidad humana, en cuanto realidad que pertenece a la persona.

En los últimos años se observa un resurgir del sentido religioso, cuando muchos sociólogos habían predicho el final de la religión en la sociedad secularizada. También en este caso el fenómeno positivo adolece de alguna dosis de confusión, porque muchas veces se queda a nivel de mero sentimiento, separado de la razón y, por tanto, de la verdad. Así se explica el difundirse de las sectas y también la religión puramente subjetiva, moldeada según los propios sentimientos.

También es positiva la debilitación del cientifismo, aunque en este campo los medios de comunicación no suelen transmitir la moderación hoy más habitual entre los científicos y los filósofos de la ciencia. Los nuevos descubrimientos van a veces acompañados de inquietud por sus posibles repercusiones y se siente la necesidad de la ética.

La modernidad ha traído también consigo la conciencia de la justa autonomía de las realidades temporales y del valor de la vida ordinaria. Pero a la vez esto ha degenerado con frecuencia en el secularismo. Quisiera al menos mencionar otros aspectos positivos como la sensibilidad para la paz, la ecología y los derechos de la mujer, la difusión del voluntariado, con el que se busca la solución de necesidades al margen de estructuras estatales, etc.

En el lado negativo situaría un freudismo residual, que desliga el sexo de la entera persona humana, y lo ve como fuerza instintiva básica al margen de la libertad. El dualismo antropológico heredado de Descartes y de Kant, contribuye a dejar el fenómeno "cuerpo humano" con una propia necesidad incontrolable, como separado del sujeto personal. No se trata de un aspecto secundario de la cultura, sino que en él se pone en juego la entera concepción del hombre.

Más en la raíz veo una realización del nihilismo de Nietzsche, bajo una forma menos fuerte, en cuanto que el superhombre de hoy significa más bien la disolución del sujeto, la muerte del hombre, es decir, ya no hay hombre, sino más bien un cierto equilibrio de instintos y tendencias, un deseo de poder/placer, sin que existan valores, ni dignidad humana, ni sentido de la existencia. Es más, si estas cuestiones surgiesen, habría que acallarlas como sin sentido. Heidegger ha visto bien el alcance de la posición de Nietzsche, pero él mismo no escapa a un cierto nihilismo en su modo de considerar el ser y de reducirlo a evento en el lenguaje del hombre.

Para su operación cultural Nietzsche necesitaba desligarse de la verdad eliminándola. Y así lo vio con toda lucidez: "el elemento de novedad de nuestra posición actual en relación a la filosofía es la convicción que ninguna época precedente tenía: es decir, que nosotros no tenemos la verdad"; o bien: "¡Nosotros hacemos un experimento con la verdad! ¡Quizá la humanidad se pierda! ¡Pues bien, sea así!".

A mi modo de ver, quizá es éste el aspecto más negativo de Nietzsche y el que se encuentra encarnado en el nihilismo débil: no hay verdad, queda sólo una mezcla de relativismo, escepticismo, resignación cansada. En este contexto, no sin cierta coherencia, se juzga como un peligro quien quiera que esté convencido de una verdad con carácter firme y definitivo, aunque sea parcial. Por eso Cristo es atacado en su Iglesia, cuando ésta propone con firmeza y sin recortes acomodaticios la verdad sobre Dios y sobre el hombre.

En síntesis, esta crisis de la verdad es seguramente el punto más grave de la actual situación. Es una crisis metafísica y por tanto antropológica, porque niega la experiencia moral y religiosa. No hay Dios en sí mismo, sólo dioses subjetivos; no hay ser y tampoco los trascendentales: unidad, bien, belleza. La libertad, sin esa ordenación trascendente, deja de ser propiamente humana, y se reduce a simple cálculo decisional pragmático. Como es lógico muchas personas no advierten la gravedad de la crisis, en parte porque no es posible vivir con total coherencia este programa nihilista, acallando completamente la orientación al ser en sus diversos grados y, por tanto, fundamentalmente a Dios. En esta situación cultural no es fácil definir el papel que de hecho puede ejercer la autoridad pública. Además, la enseñanza estatal y los medios de comunicación se convierten frecuentemente en altavoces de la eliminación de la verdad.

3. Situación de la identidad cristiana

Interesa ahora examinar la repercusión de los fenómenos anteriores entre los cristianos, que tienen la misión de ser sal de la tierra y luz del mundo. Por una parte, se observan: muchos elementos de santidad en personas, familias, instituciones múltiples; magníficos desarrollos doctrinales por parte del Magisterio de la Iglesia y de teólogos; numerosas realidades de caridad, de justicia y de solidaridad. Sólo Dios conoce a fondo este gozoso misterio de santidad, fruto de la acción omnipotente del Espíritu Santo, con la respuesta libre del hombre.

Sin embargo, desde una observación humana se tiene la impresión de que ha habido una debilitación de la identidad cristiana en una parte grande de los católicos. Sin extenderse mucho, se puede decir que existe una confusión doctrinal y una disminución de la vida de piedad. Se trata de dos puntos capitales que definen a un seguidor de Cristo: el amor a Dios, y por Él a los demás, y la adhesión plena a Cristo, que es la Verdad. Quizá es difícil hacer comparaciones con otras épocas en cuanto a la moralidad, pero en estos dos temas parece más accesible. En efecto, se constata la permanencia de un disenso teológico bastante difundido a pesar del riquísimo Magisterio eclesiástico y de los actuales desarrollos en la teología. Muchos fieles están desorientados y ven la fidelidad al magisterio o la divergencia de él casi como dos posiciones igualmente legítimas. Una de las consecuencias puede ser la falta de arrepentimiento ante las faltas morales y el alejamiento del sacramento de la Reconciliación. Junto a eso se observa un descenso de espiritualidad, de oración, de vivir en contacto con Dios, de identificación con Cristo por medio de los sacramentos.

Estos dos puntos se reflejan especialmente en la situación de la familia: poca estabilidad matrimonial, falta de generosidad en la transmisión del don de la vida, divorcio, aborto. Estos problemas inciden luego muy profundamente en el crecimiento y formación de las jóvenes generaciones.

A las dificultades en la familia se une el hecho de que los hijos cada vez más se educan en escuelas, en general estatales, sin orientación cristiana. Las clases de religión en la escuela o en el instituto son importantes, pero a la vez son claramente insuficientes para formar bien a los jóvenes cristianos y prepararlos para vivir en una cultura dominante poco favorable al menos —cuando no hostil— al seguimiento de Cristo. Toda la formación intelectual, del carácter, de la relación con Dios y con los demás forma una unidad y no parece posible adquirirla en una escuela relativista.

Para concluir este apartado, pienso que se puede decir que también en cuanto a la identidad cristiana parece particularmente grave la suerte de la verdad: se notan con fuerza los efectos de la crisis metafísica y antropológica de la cultura dominante, en la que vige un acentuado relativismo intelectual y moral. De todos modos, conviene siempre recordar que Dios es Señor de la historia, que el Espíritu Santo es omnipotente y actúa de manera eficacísima, desconocida muchas veces para nosotros.


II. Elementos de una pastoral de la cultura

Globalmente diría que el elemento más importante para la pastoral de la cultura es la búsqueda de la santidad con todas las fuerzas. Ser santos es luchar por facilitar al Paráclito la acción de identificación con Cristo. El Verbo encarnado, Dios y Hombre, es el único que salva, que concede plenitud al hombre, que lo humaniza enteramente y lo eleva a la condición de hijo de Dios Padre, con la consiguiente libertad, capacidad de amar, creatividad para dar, para formar un mundo más humano según los designios amorosos del Dios uno y trino. La llamada universal a la santidad es uno de los puntos más centrales de las enseñanzas del Concilio Vaticano II, una verdad que ya desde antes del Concilio tuve la suerte de oír con extraordinaria fuerza y claridad al Beato Josemaría Escrivá, cuando todavía estaba muy olvidada.

Si históricamente el factor principal de cultura en Europa ha sido el mismo Cristo, esto vale también para la presente crisis. Sólo en la medida en que Cristo esté más plenamente presente en la vida de los cristianos, su cultura será más alta y humana y podrá vivificar poco a poco la sociedad entera. La crisis metafísica de verdad, bondad, belleza, unidad y en el fondo del ser, se podrá superar sólo con Cristo, quien, como Hombre-Dios, es la Verdad, la Bondad, la Belleza y la Gloria, y el que une a los hombres con Dios y entre sí porque Él es la Cabeza de la humanidad. Quizá ha llegado el momento de darnos cuenta de que los razonamientos humanos, o incluso los residuos de cristianismo en la cultura, aunque sean válidos e importantes, no bastan. A este respecto fue muy significativo el último discurso de Juan Pablo II en la ONU: después de los oportunos razonamientos sobre las implicaciones de los derechos humanos y sobre el sentido de la libertad, quiso terminar dando testimonio explícito de Cristo ante ese imponente areópago.

Si la identidad cristiana es débil, también la cultura será poco cristiana. Viceversa, el Evangelio vivido en profundidad se convierte necesariamente en cultura. Por eso pienso que la tarea más necesaria para la pastoral de la cultura es reforzar la identidad cristiana de los mismos católicos.

Por lo que se refiere a la confusión doctrinal, se cuenta con unos desarrollos excelentes por parte del Magisterio y de la teología. Baste men-cionar los documentos del último concilio ecuménico, el gran magisterio de Juan Pablo II, el Catecismo de la Iglesia Católica, etc. Quisiera subrayar que se trata de exposiciones de gran actualidad que responden muy bien a las ne-cesidades de hoy. Condición indispensable para la pastoral de la cultura es la fidelidad a estas enseñanzas, prosiguiendo su profundización y aplicación.

En este campo muchas Iglesias particulares tienen instrumentos muy importantes: el seminario diocesano o regional, los institutos de ciencias religiosas, las universidades diocesanas. Si se cuidan bien estas realidades, con profesorado competente y sólido, entonces es más fácil vivificar doctrinalmente los centros culturales católicos, que son un medio de gran trascendencia como lugares de encuentro con muchos ambientes de la cultura: literatura y ensayo, artes plásticas, música, ciencia, política, etc. Me parece que la solidez doctrinal y la interrelación de estos centros culturales con el seminario, el instituto de ciencias religiosas y, cuando la hay, la universidad son decisivas. En cualquier caso, parece vital que el Obispo tenga un grupo muy selecto de sacerdotes con alta preparación teológica y cultural, lo cual permitirá a su vez tener laicos con un profundo criterio cristiano en las distintas profesiones, saberes y artes. De este modo es posible realizar también un programa eficaz de pastoral universitaria que abrace profesores y estudiantes en los planos doctrinal, espiritual y cultural.

Sobre el crecimiento en la vida de piedad y de oración, subrayaría sólo el cuidado de la liturgia, no sólo en la centralidad de los sacramentos —sobre todo de la Eucaristía— y en la profundidad de la homilía, sino también en los aspectos de arte (pinturas, música y coro, ornamentos, etc.), limpieza, buen gusto, ceremonias bien preparadas, clima de adoración.

Mi impresión es que convendría ayudar a las diócesis a conceder la debida prioridad a la formación del clero. De ello depende en grandísima parte la pastoral de la cultura en los aspectos ya señalados. Sé que esta reflexión desborda las competencias del Consejo Pontificio de la Cultura, pero no es posible afrontar seriamente la profunda crisis actual sin una estrecha colaboración entre los diversos dicasterios de la Curia Romana.

Otros dos puntos de relieve son los liceos y escuelas, y la atención a los medios de comunicación social. En cuanto a los centros de enseñanza, parece necesario reflexionar sobre el modo de conseguir que muchos jóvenes cristianos puedan formarse en liceos de inspiración cristiana. Quizá para ello sería necesario una acción cultural para profundizar con sentido de iniciativa en el derecho y deber inalienable de los padres referente a la educación de los hijos. En Estados Unidos y quizá en otros países, empieza a haber millares de familias cristianas que tienen la escuela en casa, quizá con otras familias del mismo pueblo o ciudad, utilizando también los ordenadores electrónicos. Fomentado ese espíritu de iniciativa y de asociación podrían ellos crear escuelas, intervenir más activamente en las de la región o del municipio, etc.

Por lo que se refiere a la llamada cultura mediática, los obispos sienten cada vez más la necesidad de preparar sacerdotes y laicos para esta tarea. La existencia de buenas facultades universitarias y escuelas profesionales en este campo es una ayuda muy valiosa para una eficaz acción cultural de amplia difusión.

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[Français]
Mgr. Lluís Clavell relève un certain nihilisme occidental: l'homme compris comme un équilibre entre instincts et tendance vit sans vérité, seulement d'un mélange de relativisme, de scepticisme, de résignation. Le point le plus grave de la situation est bien la crise de la vérité. Même chez les catholiques, il y a un affaiblissement de l'identité chrétienne, une confusion doctrinale, une diminution de la vie de piété. L'élément le plus important pour une pastorale de la culture est la recherche de la sainteté. C'est seulement en mettant le Christ au centre de la culture que l'on pourra dépasser la crise métaphysique.

[English]
Mgr. Lluís Clavell sees a certain nihilism in Western culture. Man is viewed as an equilibrium of instincts and tendencies in a context devoid of truth: all that remains is a mixture of relativism, scepticism and tired resignation. The crisis of truth is the most serious point in the present situation. Among Catholics there seems to be a weakening of their identity as Christians, which shows itself in confusion about doctrine and a decline in piety. The most important element in a pastoral approach to culture is the search for holiness. The only way of resolving the crisis in metaphysics is to make Christ the centre of culture.


SEMINA VERBI EN LA CULTURA GUARANÍ

Iván NASINI, O.F.M.
Vicariato Apostólico de Cuevo (Bolivia)

En la cultura guaraní la visión del hombre está determinada por profundos conceptos religiosos.

1. Ante todo, lo que constituye la esencia misma del ser humano, lo que nosotros llamamos alma, es un "pedacito de Dios", que está presente en cada uno de nosotros. Esta presencia de Dios en nosotros es la que nos permite considerarlo y llamarlo con el nombre de "Padre": ñande ru Tumpa = nuestro Padre Dios. Aunque presente en todos, Dios se manifiesta de una manera especial en ciertas personas: a) en los arakuaa iya = dueños del saber, quienes dan buenos consejos y son los depositarios del saber ancestral, acumulado a lo largo de los siglos y resumido en la frase "lo que nuestros antepasados nos han enseñado". Esta enseñanza antigua, y acrisolada con el pasar del tiempo, constituye la Revelación, llamada entre los guaraní arakuaa = sabiduría; b) en los Ipaye = médicos que saben curar las enfermedades recurriendo a medicinas naturales y a "secretos". La enfermedad es considerada y vivida como efecto del mal, y por lo tanto puede ser curada con la fuerza del bien.

2. El hombre no se concibe de forma aislada e individualista, sino comunitaria. A la base de la comunidad está el concepto de mborerekua = = reciprocidad: somos hermanos y por lo tanto debemos ayudarnos, debemos compartir lo que tenemos, debemos vivir y tratarnos como iguales. Este concepto de igualdad se hace efectivo sobre todo en el arete = fiesta, donde el que tiene más comparte con los que tienen menos, hasta quedar al final nuevamente iguales. El peor defecto para un guaraní es "hacerse el grande" (oñembotuicha), es decir, considerarse más que los demás. Vale la pena subrayar el hecho de que este concepto religioso de hermandad se traduce en una estructura social y económica (como ocurrió con la Iglesia primitiva).

3. En la cultura guaraní no existe el concepto de que el hombre es el rey y dueño de la naturaleza. Más bien el hombre es parte de este todo. El hombre no debe cuidar de la naturaleza, porque ella se cuida sola. Lo que debemos hacer es respetarla, no romper su equilibrio, usarla con parsimonia.

4. El ideal de hombre guaraní difiere bastante de nuestra concepción occidental. Al decir que el "sabio" es el iyarakuaa = ara (tiempo) + oikuaa (conoce), el énfasis no está sólo en conocer el tiempo para realizar bien el trabajo de agricultor y de cazador, sino en lo que es el sentido bíblico: tener la sabiduría de conocer el tiempo, la vida. Otra faceta hermosa de la concepción de hombre que tienen los guaraní es que no se da importancia al aspecto físico, en el sentido de que una persona linda valga más que una fea.

Creo que lo que más obstaculiza el anuncio a los guaraní de la verdad revelada en Jesucristo es la mala conducta de los que se llaman cristianos, ya que han sido justamente estos llamados cristianos los que han traído a este pueblo, no la "buena noticia", sino las peores noticias de su historia, y lo han querido aniquilar. En cuanto a las aperturas que favorecen en la cultura guaraní la acogida del Evangelio, creo que son muchísimas, ya que su religión no se opone prácticamente en nada a la nuestra. Creo que deberíamos partir de esta base común muy amplia, para llegar al anuncio de Cristo.

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[Français]
Iván Nasini souligne les concepts religieux de la culture Guarani, points d'ancrage pour l'Evangile: Dieu vu comme un Père, une fraternité vécue sur le plan social, une sagesse de vie, etc.

[English]
Iván Nasini indicates the religious concepts in Guarani culture which make it easier to accept the Gospel: the vision of God as father, the concept of brotherhood which is applied also on a socioeconomic level, a sapiential attitude to life and so on...


PASTORAL DE LA CULTURA EN RUSIA

Julij Anatolievitch SCHREIDER
St. Thomas Aquinas Catholic College (Moscú)

1. La visión del hombre

En el ambiente cultural ruso el modelo de hombre recoge las ideas cristianas sobre la naturaleza humana y su destino, distorsionadas conscientemente por algunos, y aceptadas acríticamente por otros sin una reflexión seria y responsable. Por ello, el mayor obstáculo para la comprensión de la verdad del hombre no son las doctrinas que rinden culto patente a la violencia y al mal, ni tampoco el superhombre nietzscheano, sino una deformación humanista (o comunista) de la idea cristiana de hombre. Esto no es casualidad, ya que la ideología comunista se fundaba sobre ideales de origen cristiano: la justicia, la igualdad, la atención a los pobres, la dignidad humana e incluso la salvación del alma. A estos ideales se les dio un contenido nuevo, imaginando que sería posible obtenerlos con medios incompatibles con el cristianismo de origen. El mismo ateísmo comunista no era tanto un escepticismo hacia lo que carece de justificación razonable o es inconcebible para la razón humana, sino que se trataba más bien de una auténtica falsificación de los hechos para conformarlos a unas creencias falsas. Por eso, los ex-especialistas del "ateísmo científico" se han convertido ahora en expertos religiosos que participan con gran entusiasmo en los congresos sobre la religión.

La desfiguración comunista de los ideales cristianos consistió principalmente en una segregación de su base metafísica para darles una naturaleza cultural e histórica, olvidando por completo su fundamento religioso radical. Sin embargo, a pesar de esta distorsión, estos ideales han ejercido tanto influjo que en Rusia era inconcebible un culto abierto al mal y a la violencia; ésta última requería una justificación, y se la veía como medio para alcanzar los ideales mencionados. Las medidas de castigo se escondían tras un velo de secretismo para encubrir sus verdaderas dimensiones; se ocultaba el uso de la tortura; y se disimulaba la crueldad de los campos de concentración —y la pena de muerte misma— con la fórmula oficial: "diez años de reclusión sin derecho a correspondencia". A pesar del exterminio (o emigración) en masa de estamentos culturales enteros, se salvaguardó la tradición cultural, pero deformándola según los intereses de la ideología dominante. Los mismos clásicos de la literatura rusa se usaban como propaganda; con una purga y una adaptación ideológica adecuadas se les proclamaba "ateos militantes" y "precursores de la gran revolución de octubre". Como consecuencia, surgió todo un estamento cultural —que Solzhenitsin llamaba, con una denominación muy apropiada, "pseudoeducación"— el cual había perdido completamente el concepto cristiano de hombre, y que aunque por lo general tenía una actitud crítica hacia los jefes comunistas más ignorantes y obtusos, colaboraba sin embargo activamente con las autoridades soviéticas.

Hoy en día constituyen una pequeña minoría aquellos que durante el régimen comunista expresaron clara y explícitamente una postura cristiana ante la vida y su pertenencia a una determinada confesión cristiana. Por otra parte, tras el fracaso del totalitarismo comunista, pocos podrán negar hoy el significado de los ideales cristianos y su papel en la formación de la cultura. Las actitudes ante la vida que actualmente constituyen un obstáculo para la verdad cristiana sobre el hombre se podrían resumir en tres tipos principales. Aunque se trata de meras tendencias, se trata de tres peligros esenciales, los tres unidos a la increencia práctica, a la falta de libertad interior —propia del período comunista— y al influjo de los medios de comunicación.

a. Culturalismo. Esta posición reconoce al hombre únicamente como producto de una cultura cuyos ideales y valores evolucionan con la historia. Es un relativismo ético y religioso, en el que la religión es un elemento cultural más. La mayoría de los culturalistas actuales —a diferencia de los marxistas— considera la religión como algo positivo, que favorece el perfeccionamiento moral; pero con una verdad moral que hay que adaptar a las condiciones sociales y culturales concretas. Sometiendo la religión a la cultura, creen conocer mejor que los mismos creyentes el significado de las verdades religiosas. Este orgullo constituye un obstáculo casi insuperable para la evangelización. Pero a éste se añade un segundo obstáculo que es la indiferencia confesional. Considerando equivalente el papel cultural de todas las religiones tradicionales, no se quedan con ninguna, mientras que escogiendo alguna podrían profundizar al menos en su experiencia religiosa. El culturalismo exige que la Iglesia se adapte a las condiciones de la vida "moderna" y mira con simpatía las corrientes renovadoras. Pero por renovación no entiende una purificación que libere a la verdad religiosa de la pátina de la historia; pretende más bien que la verdad religiosa se conforme a las ideas culturales modernas. Tiende al sincretismo espiritual, asociando la verdad religiosa a tendencias espirituales que se oponen por naturaleza al monoteísmo y al cristianismo. Está estrechamente ligado a la indiferencia religiosa, a los ataques contra la Iglesia, a la primacía política y económica y, finalmente, a una actitud escéptica respecto a la familia.

b. Espiritualismo. Otro obstáculo grave para la evangelización lo constituyen los intentos de acercar la verdad religiosa a una espiritualidad sin religión considerada "conveniente" para la conciencia cultural moderna. Esto es mucho peor que un materialismo o ateísmo patentes, precisamente porque se dirige a la exigen-cia concreta del hombre de recuperar los principios espirituales perdidos. El espiritualismo es una especulación que afirma la capacidad de sobrepasar los presuntos límites del cristianismo, que por otra parte ofrece a sus consagrados la ilusión de participar de una sabiduría oculta. Consiste en la tentación de substituir una espiritualidad cristiana sana y auténtica con otra maligna que lleva a separarse de Cristo. Representa un obstáculo para el que va siguiendo un camino hacia el cristianismo, porque lo sustituye por una espiritualidad de tipo gnóstico. El espiritualismo está ligado a la indiferencia religiosa, a los ataques contra la Iglesia e, indirectamente, a la discriminación social.

c. Instrumentalización. Este obstáculo es especialmente dañino para todo el que quiere conocer la verdad del cristianismo, especialmente para muchos cristianos neófitos. La desilusión por la ineficacia de la ideología comunista lleva a buscar otra ideología que sirva de instrumento organizador y estabilizador. Es la tentación de sustituir una ideología por otra; en concreto, por otra que se base en los valores cristianos. El problema está en no ver la diferencia entre ideología y enseñanza cristiana. La ideología sirve siempre como instrumento de programación que impone al hombre la sumisión a sus exigencias. Mientras la ideología busca subyugar al hombre, el cristianismo, en cambio, lo libera y apela a su responsabilidad humana. Ver el cristianismo como una ideología que la sociedad ha de usar para sus fines representa un serio obstáculo para todo el que quiera acercarse a la verdad cristiana sobre el hombre.

Las personas con una conciencia "ideologizada" constituyen un grave peligro para la Iglesia. Así lo han expresado ya algunos sacerdotes ortodoxos a través de los medios de comunicación. De hecho, el peligro de la instrumentalización amenaza sobre todo a la Iglesia ortodoxa, a nivel tanto del pueblo como de las fuerzas políticas. A diferencia de los culturalistas, los instrumentalistas suelen ser ultraconservadores desde el punto de vista eclesiástico; lo cual es explicable, porque la ideologización no es compatible con el espíritu cristiano de libertad. La instrumentalización es expresión directa de la primacía política y económica y está en estrecha conexión con la discriminación social, los ataques contra las Iglesias de confesión diversa de la propia, la ofensas al orgullo nacional, y el primado nacional y estatal sobre todo lo religioso; indirectamente, también está ligado a la increencia práctica.


2. La cultura

El punto de partida para evangelizar la cultura es la verdad sobre el hombre. La educación en una cultura atea ha llevado al hombre a perder el sentido numinoso, la sensación de que hay algo digno de fe. Está acostumbrado a sentirse una persona independiente, que no necesita ni del apoyo de Dios ni de su salvación. Hay que comenzar por la verdad de la pecaminosidad del hombre y de su dignidad divina, del contraste entre los deseos de su carne y las aspiraciones del espíritu, de la inevitabilidad de la muerte y las perspectivas de salvación, etc. El hombre moderno debe comprender que es él el que tiene necesidad de Dios, y sólo entonces estará en disposición de acoger lo que constituye el anuncio de la salvación: que Dios también tiene "necesidad" del hombre, porque lo ama.

Por ello, la vía más favorable para la expansión de la cultura cristiana es la inserción en el campo de la cultura de todo lo que pueda contribuir a la difusión y asimilación de la verdad cristiana del hombre, orientando la cultura según el diseño divino. En este sentido son especialmente importantes los testimonios de vida cristiana en medio de la vida moderna: la experiencia de las comunidades cristianas, la actividad social según principios cristianos, el testimonio de vida de los santos de nuestro tiempo en medio de las más complicadas situaciones, etc. Además de la reflexión teológica, especialmente apta para profundizar, concretar y expresar de modo claro la verdad sobre hombre revelada por Jesucristo, es también importante la expresión artística de tal verdad (valgan como ejemplo de esta expresión las Cartas a Balamut de K. Lewis, escritas con un estilo paradójico).

Para la primera fase del anuncio del Evangelio y de la catequesis sería especialmente útil componer un "catecismo sobre el hombre" que esté al alcance de todos. Me parece realista esta iniciativa, que se podría hacer en común con las demás confesiones cristianas (e incluso con las demás religiones monoteístas). Quizás la palabra "catecismo" no sea la más adecuada, porque parece ligarlo a una determinada confesión religiosa; se podría decir: "Principios de la enseñanza evangélica sobre el hombre". Su contenido sería la base para la cristianización de la cultura moderna, que no necesita tanto del diálogo filosófico e intercultural cuanto de la afirmación de la verdad cristiana sobre el hombre.

No hay que olvidar tampoco el papel de la liturgia, cuyo influjo en la cultura puede ser muy fundamental. Pero es necesario tener en cuenta algunos puntos para evitar la amenaza de la secularización. La sociedad debe comprender que el arte en la liturgia no es sino un medio para expresar artísticamente una altísima verdad. Haría falta la creatividad de grandes maestros, recuperar la pintura iconográfica (y no sólo para reproducir los estilos del pasado), encontrar formas musicales modernas, construir las iglesias con nuevos métodos arquitectónicos, hacer estudios especiales sobre la relación entre Iglesia–cultura, buscar unas condiciones tales que la música litúrgica, los conciertos, los iconos, las pinturas de tema religioso, no se entiendan sólo como parte o manifestación de la vida cultural, sino que se conviertan en la vía regia para comprender el significado de la liturgia y para asimilar las verdades religiosas fundamentales. Para ello hay que aceptar que la liturgia constituye el nivel más alto de la cultura, su norma y modelo. En la forma cultural litúrgica se expresa la verdad sobre Dios y sobre el hombre del modo más perfecto y adecuado, independientemente del nivel de los artistas que cooperan en ella. Por ello, la verdad que expresan otras formas culturales puede y debe ser confrontada con la plenitud y pureza de esta verdad que se revela a través de la liturgia. Podría decirse que el nivel de evangelización de la cultura depende de hasta qué punto se reconozca el papel de la liturgia para expresar la verdad del hombre.

Según el concepto de cultura elaborado en el siglo XIX, la verdad sobre el hombre la promueven sobre todo la literatura y el arte (especialmente el arte dramático). La famosa literatura rusa ha nacido de una base cristiana; pero con el tiempo, la autoridad como "maestros de vida" de los grandes escritores rusos —y de otros no tan grandes— se ha afianzado en la sociedad hasta tal punto que ha llegado a superar el influjo de la Iglesia y de la predicación evangélica. Y ello a pesar de que algunos de estos escritores eran filósofos auténticamente cristianos que encarnaban la verdad evangélica del hombre a través de imágenes artísticas; pero la enseñanza de muchos otros no era precisamente evangélica. Este papel de la literatura lo entendió muy bien el régimen comunista, que se valió de artistas obedientes para convertirlos en "constructores de almas humanas". La misma resistencia a la ideología comunista se llevó a cabo con escritores disidentes en forma de lucha literaria. También la ideología de la perestrojka se formó a través de la literatura, el cine y el teatro.

Sin embargo, después de la perestrojka tuvo lugar una caída en picado del interés por la literatura y el arte como fuentes de la verdad del hombre. Escritores y pintores han perdido el estatuto de "maître à penser"; ha disminuido considerablemente el número de revistas literarias y científicas; los cinéfilos han dejado de ir a la caza de películas en las que antes aspiraban aprender al menos una pequeña parte de su propia verdad. No estoy de acuerdo con quienes piensan que se trata de una situación de crisis o de ocaso de la cultura. En realidad se trata de un proceso completamente normal, aunque bastante doloroso: la literatura y el arte pierden un primado en la vida espiritual que no habían adquirido por propio derecho, sino en virtud de unas determinadas circunstancias históricas que merecen un análisis atento.

Es ésta la gran oportunidad de reevangelizar la cultura rusa, que constituye un enorme desafío para la Iglesia: cómo cristianizar la cultura, sin olvidar la llamada "cultura de masas". El empecatamiento de la autosuficiente cultura secularizada la ha dejado reducida a mera propagandista de la ideología de moda o del poder, o bien al servicio de ideales estéticos al margen de la verdad. La cultura cristiana ha de generar una nueva pléyade de grandes escritores y poetas, de pintores y de autores de teatro, conscientes de la propia responsabilidad que han asumido y que depende ante todo de la verdad, no del gusto del público o de los poderosos.


3. La pastoral de la cultura

El éxito de la pastoral de la Iglesia católica en el ámbito de la cultura rusa está estrechamente ligado a la cooperación con la Iglesia rusa ortodoxa, que asume la mayor parte de la responsabilidad por la situación espiritual del país. La pastoral católica no se debe entender como un intento de catolicizar la cultura rusa, o de separarla de su tradición. Para ser una pastoral útil y eficiente debe concentrarse en la tarea de la cristianización de la cultura. En esto los católicos rusos tienen ya una cierta experiencia. Por ejemplo, en 1993-94 el Arzobispo Tadeusz Kondrusiewicz promovió, en unión con los ortodoxos y representantes de otras confesiones, una serie de seminarios y conferencias dedicados al problema de la familia y el derecho a la vida de los no nacidos. En la misma línea podemos citar un debate ortodoxo-católico sobre la doctrina social cristiana y su desarrollo en Rusia. Subrayemos que la parte católica no trató de imponer su propia doctrina social, sino que afrontó el problema desde la posición cristiana común. Lo mismo cabe decir del congreso interconfesional "Fe cristiana y hostilidad humana", que tuvo lugar en mayo de 1994 en el Patriarcado de Moscú. Como co-moderador de la mesa redonda, puedo testimoniar que los participantes católicos y ortodoxos tenían una comprensión común de los problemas planteados.

Los católicos han participado también en un congreso sobre la relación entre ciencia y cristianismo en el Instituto Unido para la Investigación Nuclear (Dubna, Moscú, agosto de 1994). Son congresos por lo general anuales, y para el 1995 se ha previsto: "El papel de la ciencia y de la religión en la cultura". La relación entre la visión religiosa del mundo y la científica ha sido tratada varias veces, y la participación católica ha sido siempre muy activa. Los católicos han contribuido mucho a una comprensión cristiana de la ciencia y a establecer un lenguaje común con los científicos naturalistas. Actualmente, en el ambiente de los científicos rusos se está reavivando el interés por la relación entre ciencia y religión. Un síntoma significativo es la organización de una sección de "Ciencia y teología" en la Academia rusa de ciencias naturales, formada por científicos y filósofos ortodoxos y católicos.

Para la primavera de 1996 está prevista un congreso ruso-americano sobre: "Biblia, ciencia y el problema del hombre", en el que la Iglesia católica participa activamente. El tema del congreso ha sido inspirado por el cuestionario del Consejo Pontificio de la Cultura. El Club Católico "Diálogo espiritual" ha dedicado varias sesiones a diversos aspectos del problema "Religión y cultura", aunque en los dos últimos años se ha reducido notablemente la actividad del club a causa de dificultades materiales y por la competencia de otras formas de actividad cultural. Hay que señalar también la aportación del Colegio de Teología Católica, con 4 años de existencia, al que asisten muchos estudiantes ortodoxos. Fue organizado por el Arzobispo Tadeusz Kondrusiewicz. Éste mismo, junto con Kirill, Metropolita de Smolensk y de Kaliningrad, bendijo en 1992 un nuevo "Centro de filosofía, psicología y de sociología religiosas", cuya actividad está orientada hacia la cristianización de la cultura. En el centro están representadas las tres principales confesiones cristianas.

La cristianización de la cultura es imposible sin una amplia difusión de la Sagrada Escritura en ediciones dirigidas a un amplio público. En esta labor es muy eficiente la Sociedad Bíblica Rusa, presidida por Alexander Borissov, que ha logrado en poco tiempo que Rusia se independice de las ediciones importadas de la Biblia. Cabe destacar también la "Biblia de los niños" y la revista ilustrada "El mundo de la Biblia", publicadas por esta misma sociedad.

Una de las actividades importantes es el desarrollo de una prensa cristiana en el campo cultural. La revista rusa "Nueva Europa" ya tiene en parte esta función. Conviene resaltar algunas ediciones católicas que gozan ya de una cierta fama en el ambiente cultural: "Verdad y vida", dirigida por el P. Alexander Chmielnitski (de cultura general); "Teología" (del Colegio Católico); "Blagovestnik" (de los franciscanos, dirigida por el P. Jacek Soroka); y la revista diocesana "La luz del Evangelio" (desde 1994).

La Iglesia ha de apoyar todas las tendencias culturales que de hecho promueven la verdad cristiana del hombre, con un apoyo moral que les facilite encontrar un apoyo también material. Se trata de apoyar a tendencias culturales enteras, valiéndose incluso de no creyentes honrados, no enemigos directos de la religión, que a veces pueden aportar más que otros neófitos cristianos insinceros, o que los ateos que se han convertido en "expertos" de cuestiones religiosas y que abundan en cualquier congreso de temática religiosa o cultural.

Los cristianos han de buscar cómo presentar el Evangelio a los que son, de hecho, los creadores de la cultura, incluso a aquellos todavía no cristianos. Para esto la Iglesia ha de comprender la singularidad de la cultura, su lengua y las leyes de su desarrollo. Se trata de lograr que la cultura se ponga al servicio de la difusión de la verdad evangélica del hombre, en vez de contradecirla. Para ello no basta con la predicación directa; hay que hablar el mismo lenguaje de la cultura. Es elecuente en este sentido un episodio de la vida de San Filaret de Moscú, recientemente canonizado, el cual supo responder a una poesía de Pushkin —"Don inútil, don casual, vida, ¿por qué nos has sido donada?"— con otra poesía escrita de su puño y letra, gesto que dejó impresionado al poeta y a toda la cultura rusa. Resaltemos que Filaret (Drozdov) era un personaje de alta cultura. También hoy la Iglesia necesita pastores (y de laicos) de alta cultura.

(Abreviado por la Redacción)

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[Français]
Julij Anatolievitch Schreider indique trois obstacles principaux à l'évangélisation en Russie: un culturalisme qui soumet le christianisme à la culture; un spiritualisme gnostique; une instrumentalisation du christianisme à des fins idéologiques. Le point de départ est la diffusion de la vérité chrétienne sur l'homme, d'autant plus clair quand la culture se met au service de la liturgie. Il y a peu, le peuple russe découvrait la vérité sur l'homme surtout dans la littérature et les arts, mais le renom des écrivains "maîtres de vie" est désormais en crise. C'est donc le moment opportun pour christianiser la culture, en collaboration avec l'Eglise Orthodoxe.

[English]
Julij Anatolievitch Schreider indicates the three main obstacles to evangeli-zation in Russia: "culturism", which views Christianity as just one more religion within a culture; a kind of gnostic spiritualism; and the abuse of Christianity for ideological purposes. Evangelization begins with the dissemination of the Christian truth about mankind. The most sublime expression of this is culture's contribution to liturgy. Until recently the Russian people looked to literature and art to find the truth about mankind, but the credibility of writers as "life guides" is wavering. Now is the favourable time for making culture Christian, something to be done in conjunction with the Orthodox Church.


RESURGIR ESPIRITUAL EN BULGARIA

Agnese SLAVOSKA
Superiora General de las Hermanas Eucaristinas (Sofía)

Después del largo período comunista, todo estaba influido por el ateísmo. Pero desde hace pocos años se está dando un cierto resurgir espiritu-al. Dios va entrando profundamente en la vida de muchos intelectuales y esto se refleja en la vida cultural. Las ideas dominantes y las actitudes vividas que obstaculizan la verdad sobre el hombre revelada en Jesucristo y anunciada por la Iglesia, son, sobre todo: el ateísmo práctico, la indiferencia religiosa, los ataques contra la Iglesia —que continúan todavía hoy, por parte de diversos grupos y de diversos modos—, la puesta en discusión de la familia, la discri-minación social, el predominio político y económico, y un fuerte influjo de los medios de comunicación. El punto de apoyo para la evangelización es una fe vivida en verdad y con perseverancia. También un espíritu abierto y sincero que busca la verdad y es capaz de acoger y vivir el mensaje evangélico.

La Iglesia —que, por diversos motivos, aún se encuentra muy limitada en su acción— se concentra sobre todo en el anuncio y en la catequesis, las celebraciones litúrgicas, la acción social, y los distintos modos de vivir y dar testimonio de la fe. Siendo una minoría en el país, la Iglesia católica intenta entrar en la vida cultural en la medida de sus posibilidades, y evangelizar de este modo las culturas. Se preparan exposiciones de arte y debates, buscando dar a conocer el papel de la Iglesia católica en la vida del pueblo búlgaro; se organizan conciertos religiosos, se hacen nuevas ediciones de libros religiosos e históricos. Los medios de comunicación podrían llegar a tener un papel central, pero en nuestro país esto va muy lentamente y con mucho esfuerzo.

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[Français]
Agnese Slavoska rapporte qu'en peu d'années Dieu est entré profondément dans la vie de nombreux intellectuels bulgares.

[English]
Agnese Slavoska points out that, over the last few years, God has become a very significant part of the lives of many Bulgarian intellectuals.


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