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NOTITIAE


 

UNE "CULTURE DE PAIX" POUR L'AMÉRIQUE LATINE

Les initiatives lancées et appuyées par l'UNESCO peuvent être suivies d'effet: le 21 décembre, l'Assemblée générale des Nations Unies adoptait une résolution appelant à "la promotion d'une culture de la paix" basée sur "le respect des droits de l'homme, la démocratie, la tolérance, la diversité culturelle et la réconciliation". Le programme culture de paix de l'UNESCO est né en 1992, d'abord pour consolider la paix dans des situations post-conflictuelles, ensuite pour prévenir aussi les conflits dans quelque pays que ce soit. Cependant, c'est dans les démocraties jeunes et tou-jours fragiles d'Amérique latine que l'Organisation traduit le plus vigoureusement ce concept en actions. Grâce à Rigoberta Menchu Tum, Ambassadeur de bonne volonté de l'UNESCO; par la création d'un réseau régional de médiateurs; en aidant à la réintégration des soldats démobilisés; avec des rencontres de responsables pour affiner la concept de "gouvernabilité"; par des programmes radio en direction des femmes; en revoyant de fond en comble des programmes de l'enseignement de l'histoire centrés sur les seuls conflits.

"Dans la culture de la guerre, les conflits sont résolus par la violence, physique ou symbolique. La culture de la paix, à l'opposé, est inséparable du recours au dialogue, à la médiation, à la reconnaissance de l'Autre, comme égal en droit et en dignité — qu'il s'agisse des rapports entre États, entre communautés et groupes sociaux, entre gouvernants et gouvernés, ou encore entre hommes et femmes. La culture de la paix peut être ainsi définie comme l'ensemble des valeurs, des attitudes et des comportements, des modes de vie et d'agir qui traduisent, en s'en inspirant, le respect de la vie, de la personne humaine, de sa dignité et de ses droits, le rejet de la violence, y compris toutes les formes de terrorisme et l'attachement aux principes de liberté, de justice, de solidarité, de tolérance et de compréhension tant entre peuples qu'entre groupes et entre individus."

"Mais la culture de la paix ne saurait s'identifier à un pacifisme abstrait, ou à une tolérance passive, qui en appellerait à la cessation des hostilités et des violences sans proposer les mesures propres à redresser les situations d'injustice, d'inégalité ou d'oppression. Parce qu'elle est une morale "en action" la culture de la paix suppose un engagement déterminé à oeuvrer à l'édification d'un monde acceptable par tous, selon les mots d'Archibald MacLeish. Elle suppose la construction d'un cadre de vie conforme à la notion de dignité humaine, où tous les exclus, les isolés, les marginalisés trouveraient la possibilité d'une véritable réinsertion sociale; elle suppose l'élimination de la pauvreté et de son cortège de maux; elle suppose un partage plus équitable de la prospérité comme du savoir et la possibilité, pour tout un chacun, de prendre ou de rattraper le train de l'éducation; elle suppose aussi la consolidation des processus démocratiques, parce que seule la démocratie peut assurer le droit au droit et le respect de tous les droits." (Extraits de la Stratégie à moyen terme de l'UNESCO, 1996-2001; cf. Sources UNESCO, nº 86, Janvier 1997, p. 7-8.)

 

L'UTILISATION DES ÉGLISES POUR DES MANIFESTATIONS CULTURELLES

Le diocèse d'Angers vient de publier à l'usage des curés affectataires des lieux de culte, et des organisateurs de manifestations culturelles un double dossier susceptible d'intéresser nombre de personnes confrontées à des demandes de plus en plus fréquentes d'utilisation des églises dans un but culturel.

Des initiatives de plus en plus nombreuses permettent de sauvegarder, restaurer et mettre en valeur le patrimoine culturel religieux existant, comme aussi de trans-mettre aux générations nouvelles les richesses de la culture chrétienne. Une authen-tique pastorale de la culture unit les aspects culturels et religieux d'un patrimoine très diversifié, et permet d'orienter la réponse à donner aux organisateurs de manifestations culturelles, dont les églises affectées au culte constituent un lieu de prédilection.

Quelques références fondamentales:

1. La Congrégation pour le culte divin abordait cette question, dans une note du 5 novembre 1987: "Il convient d'ouvrir la porte de l'église à un concert de musique sacrée ou religieuse, et de la fermer à toute autre espèce de musique". Les règles suivantes s'imposent: vérification du programme par l'Ordinaire diocésain, entrée libre et gratuite dans l'église, tenue et comportement conformes au caractère du lieu, engagement de l'organisateur pour les dépenses, assurances et remise en état des lieux après la manifestation.

2. Le Conseil permanent de l'Épiscopat français fait mention dans une note du 13 décembre 1988, de la situation juridique française. La plupart des églises sont propriétés des communes, les cathédrales sont propriétés de l'État, mais affectées au culte. Il faut se réjouir de l'intérêt apporté par le public à la musique et préserver la qualité du lieu de culte: On accueillera les concerts de musique sacrée, mais "on pourra également accueillir d'autres types de musique, de manière occasionnelle, du moment qu'elles ne s'opposent pas au caractère particulier du lieu". Le Conseil permanent détaille les garanties et les précisions que le curé affectataire doit recueillir des organisateurs, mais il rappelle qu' "il appartient à chaque Évêque, conformément au Droit, de déterminer des normes plus précises".

3. Au plan diocésain, un certain nombre d'Évêques ont pris des dispositions spécifiques. Dans le diocèse d'Angers, par exemple, Mgr Mazerat, par une ordonnance du 12 mai 1971, s'était réservé l'autorisation. Son successeur, Mgr Orchampt a confirmé cette disposition en 1977 et en 1986, et demandé que le programme lui soit préalablement communiqué.

Les organisateurs doivent s'adresser aux curés, et il revient à ces derniers de demander l'autorisation à l'Autorité diocésaine, en indiquant leur avis personnel motivé. Lorsque les demandes sont directement envoyées à l'Évêché, elles sont envo-yées aux curés affectataires concernés, car ils sont les mieux placés pour s'informer de toutes les questions pratiques, et pour expliquer les raisons de l'attitude de l'Église auprès de personnes qui ne sont pas toujours bien informées et dont certaines peuvent ne pas comprendre immédiatement la façon de voir du Clergé en cette matière. Une pratique s'impose: attendre la réponse positive de l'Autorité diocésaine, avant de commencer l'information auprès du public. L'autorisation ou le refus sont notifiés aux curés affectataires à qui il revient de transmettre cette réponse aux demandeurs.

L'église est essentiellement lieu de prière et de culte pour la communauté chré-tienne. C'est pour respecter ce caractère spécifique que l'Église pose des conditions précises lorsqu'il s'agit d'en envisager une autre utilisation, même occasionnelle.

L'augmentation considérable des demandes d'utilisation des églises pour des manifestations culturelles signifie sans doute un regain d'intérêt pour la culture, mais elle peut aussi traduire une certaine perte du sens du sacré et du respect dû aux églises affectées au culte. Malgré l'aide importante que constitue l'avis motivé des curés, l'examen attentif de chaque cas suppose un travail considérable. Il faut souhaiter que dans chaque diocèse l'Évêque puisse bénéficier de la compétence d'un prêtre, d'un religieux, d'une religieuse ou d'un laïc particulièrement chargé de la pastorale de la culture. La qualité du discernement en cette matière et l'harmonie nécessaire à une vraie pastorale de la culture appellent un engagement en ce sens.

Source: Pierre Ouvrard, Délégué épiscopal pour le monde de la culture pour le diocèse d'Angers, Utilisation d'églises affectées au culte pour des concerts ou d'autres manifestations culturelles.

 

LA VIE INTÉRIEURE: UNE NOUVELLE DEMANDE

L'Académie d'Éducation et d'Études Sociales de Paris a choisi de centrer son cycle de huit conférences 1996-1997 sur La Vie Intérieure. Affronté à une sérieuse crise d'identité, l'homme a besoin de réapprendre à puiser dans le trésor de lumière et de sagesse dont chaque personne est dotée par le Créateur qui a voulu créer l'homme à son image et à sa ressemblance.

Le Président André Aumônier situe cette réflexion dans l'ensemble de l'activité de l'Académie fondée en 1922: "Le Christianisme, pour être plus précis, le Catholicisme Social a exprimé pour nos aînés des principes d'action et une recherche permanente dont le terrain privilégié était celui des relations entre partenaires sociaux, syndicalistes et patrons, organisations représentatives des uns et des autres. De même grâce au concours des économistes, les grands thèmes économiques était fréquemment abordés. Les philosophes ont pris la relève. De nouvelles questions éthiques voient le jour à la faveur des découvertes scientifiques et des moyens qu'elles donnent aux hommes et aux femmes de disposer de leur vie et de leur mort, sans parler des pressions morales et marchandes qui accompagnent ces découvertes. De même les rapports économiques et sociaux sont tributaire, eux aussi, de moyens de communication instantanés qui privilégient l'opérateur financier sur le décideur économique, lui-même déjà aux prises avec les progrès de la productivité qui entraîne la délocalisation, l'une des nombreuses variantes des restructurations"

L'activité de l'Académie se situe au coeur des grandes questions de l'homme et prend donc en compte l'évolution culturelle, sociale et religieuse de notre temps, afin de discerner les enjeux de cette situation et les appels auxquels les chrétiens se doivent de répondre. Pour cette raison, l'Académie accorde une place de choix à la doctrine sociale de l'Église. "Par enseignement social il faut entendre l'enseignement de l'Église pour notre société notamment celle qui est en devenir. Dieu sait que les textes ne manquent pas pour éclairer nos routes sur les chemins de l'éthique et ceux des rapports économiques, sociaux et politiques entre continents".

Au moment où les membres de l'Académie prennent une conscience de plus en plus vive d'une sécularisation généralisée, ils souhaitent aborder le IIIe millénaire sous le signe de la Vie Intérieure, qui correspond à une nouvelle demande.

Académie d'Éducation et d'Études Sociales, 47, rue de l'Université, F-75007 Paris.

 

PREMIER FESTIVAL DES ARTS SACRÉS DE BORDEAUX

La première édition du Festival des Arts Sacrés de Bordeaux s'est tenue dans la capitale de l'Aquitaine, du 27 mars au 3 avril 1997. Un ensemble d'expositions d'arts plastiques, de concerts, couronnés d'un colloque auquel a participé le P. Bernard Ardura, nouveau Secrétaire du Conseil Pontifical de la Culture, ont permis à un large public de bénéficier d'un programme de qualité et très diversifié, entre l'église Notre-Dame, la Bibliothèque de Bordeaux, le Théâtre du Port de la Lune, le Musée d'Art contemporain, l'Espace Saint-Pierre et l'église Saint-Martin de Pessac.

Ce Festival est né d'une prise de conscience: l'histoire des hommes ne s'est pas édifiée sur les seuls gestes ou comportements profanes. Toute l'histoire des hommes, de leurs coutumes à leurs productions artistiques, porte en elle un message fort et profond sur la dignité, la signification et la valeur de la personne. Sous n'importe quelle latitude, celui qui part à la découverte de cette histoire passionnante des hommes découvre, à chaque pas, les liens très forts qui unissent en profonde symbiose la culture et le "sacré". Dans cette perspective, Henri Marquier, Président du Festival, précise: "Donner à voir, à entendre, à accueillir, en un mot s'ouvrir avec intérêt et bienveillance aux formes d'expression des Arts Sacrés dans leur diversité de langage, de culture, de nécessité religieuse ou spirituelle, tel est le but que nous nous sommes proposés de poursuivre".

Les amateurs de peinture et de sculpture ont pu ainsi apprécier les oeuvres contemporaines de Jean-Michel Le Saux, Jean-Michel Charpentier, François Ayrolles, Jean-Chrystophe Menu, Stéphane Peronnaud, tous liés à Bordeaux, soit par l'origine, soit par leur récent établissement en Aquitaine. Toutefois, la participation des artistes était largement ouverte, notamment vers le Maghreb. En raison des liens anciens entre Bordeaux et le Maroc, deux artistes, Hakim Ghazzali et Abdelhamid Kalmoun, respectivement calligraphe et peintre, ont participé à ce Festival.

Avec Daniel Matrone, Pascal Copeaux, Michel Tranchant et le Choeur de Chambre De Vive Voix, le Festival a fait une large place à la musique instrumentale et au chant inspirés par la foi chrétienne, des Litanie della Beata Vergine de Monteverdi au Salve Regina de Poulenc, de l'Ave Verum de Mozart au Tantum ergo de Duruflé. La série de concerts a manifesté la même ouverture culturelle que les expositions, en proposant notamment les Musiques spirituelles en Catalogne interprétées par la Capella Reial de Catalunya, tandis que les compositions marocaines étaient exécutées par l'Orchestre Abderrahim Brioul de Casablanca.

A coté des oeuvres inspirées par la foi, il convenait de présenter des oeuvres directement créées en vue de la célébration du culte. La synagogue de Bordeaux a ainsi ouvert ses portes à la liturgie hispano-portugaise séfarade et à la liturgie juive d'Europe centrale ashkénaze, tandis que l'Ensemble de la Paix, sous la direction de Soeur Marie Keyrouz, religieuse libanaise directrice de l'Institut International de Chant Sacré de Paris, exécutait neuf Cantiques des Églises Orientales, "ponts sacrés qui ont la puissance de modifier l'homme et d'éliminer en lui tout ce qui apparaît dissonant à la Consonance Parfaite".

Le Père Bernard Ardura a participé au colloque sur Le Sacré aujourd'hui, ce qu'en perçoivent nos contemporains. Trois tables-rondes ont permis un tour d'horizon, en réunissant des personnalités du monde littéraire, des artistes, et des personnalités religieuses représentant les trois religions monothéistes. Une conviction s'impose: mis à part l'art "de distraction", l'art est sacré, c'est l'expression spontanée de l'homme inspiré par Dieu. Cette dimension religieuse fondamentale de l'art, qui s'inscrit dans la création, trouve son expression fondatrice dans la littérature biblique. Ceci implique pour l'artiste une mission: il légitime l'homme placé dans ce monde avec mandat de coopérer à la création. On a aujourd'hui l'impression que les biologistes et les économistes font l'humanité de demain. Or, l'artiste inspiré par Dieu révèle une dimension essentielle de l'homme et l'ouvrant au beau. De toute évidence, ce que nous appelons le "sacré" ne correspond pas exactement au "religieux", comme il ne correspond pas parfaitement au concept de "sainteté". De fait, les trois religions monothéistes ne sont pas des "religions" au sens des religions coutumières. Seules les trois religions qui se réfèrent à une Révélation ont le sens de la Transcendance au point de professer que Dieu est le Tout-Autre. Rien n'est saint en lui-même, ni lieu, ni objet, sinon par la sainteté de Dieu. Le Christianisme, au moins dans ses composantes catholique et orthodoxe, ne craint pas de parler de "sacré", ni de "sacrifice", ni de culte, mais tout est centré sur la personne du Christ: "Le Verbe s'est fait chair, et il a demeuré parmi nous". Aujourd'hui, l'Église considère comme son bien le plus "sacré" l'Eucharistie, par laquelle le Verbe de Dieu se fait substantiellement présent à ses disciples. Et si elle parle de "lieux sacrés" et de "temps sacrés", c'est toujours en référence au Christ.

 

COLLOQUE À ROME SUR PIERRE-HENRI SIMON

Normalien, universitaire, écrivain, journaliste, académicien —mais surtout un grand intellectuel chrétien engagé dans les combats de son temps: Pierre-Henri Simon (1903/1972) a été, pour des générations, une conscience, la voix d'un humanisme chrétien qui conjuguait la foi en Dieu et l'action parmi les hommes. Un colloque lui a été consacré, au Centre d'études Saint-Louis-de France, rassemblant, sous la présidence du Cardinal Paul Poupard et du Professeur René Rémond (Fondation des Sciences Politiques), des universitaires et des journalistes sur le thème: "Un humaniste chrétien, témoin de son temps".

Colloque qui a fait éclater une évidence: l'actualité de Pierre-Henri Simon. Dans sa vie, puisqu'il fut profondément engagé dans l'histoire de son temps. Dans sa pensée, puisqu'il batailla avec courage aussi bien contre le marxisme (accents prémonitoires près d'un demi-siècle avant la chute du mur de Berlin!) que contre les puissances de l'argent, les injustices sociales, les conformismes de tous bords, la négation des valeurs, les snobismes intellectuels, les vertiges du vide. A travers les colonnes du Monde, de 1952 à 1972, l'enseignement universitaire à Lille, à Gand puis à Fribourg, les essais, les romans, dans une langue serrée, rigoureuse, forte, il maintint le cap sur un humanisme chrétien vécu à travers les troubles et les traumatismes du siècle. Deux dates marquent son oeuvre pour le grand public: L'Eglise, les catholiques et l'argent en 1936, dont le seul début ("Cela commence par un bruit de sous...") fait grincer les bien-pensants et les tenants de l'ordre établi (du "désordre établi", disait-il): c'est l'ouverture de l'Eglise au monde et aux problèmes sociaux. Et, en 1957, en pleine guerre d'Algérie, Contre la torture, écrit, explique-t-il, au nom de l'honneur de la France, qui lui vaudra de violentes critiques et des menaces.

Une biographie qui s'identifie à son itinéraire spirituel, tel que l'ont retracé les interventions au Colloque: profondément enraciné dans sa terre, sa Saintonge natale, et sa famille, petite bourgeoisie cultivée, études de lettres avec son oncle pharmacien, le bac au collège de la Rochelle, l'entrée à l'Ecole Normale Supérieure en 1923 —il y rencontre Sartre, avec lequel il ne s'entend guère: il lui reprochera beaucoup par la suite l'effet corrosif de son existentialisme sur les jeunes. A l'Ecole, il participe au groupe "tala" (ceux qui vont à la messe), qui donne à sa foi une dimension intellectuelle nouvelle face à l'anticléricalisme ambiant. Il s'engage: contre un relâchement qui semble annoncer la débâcle des années 40, il choisit les "Jeunesses patriotes": brève tentation maurassienne, qui est en fait une manière de dire son amour pour sa terre, pour la France. Puis agrégé, professeur à Saint Quentin, à Chartres, puis à l'université libre de Lille: c'est la rencontre avec Mounier, le personnalisme, la revue Esprit à laquelle il collabore, Maritain, le message d'un catholicisme ouvert aux problèmes de la société . En 1938, l'enseignement à Gand, puis la guerre: prisonnier, il passe cinq ans de captivité dans des camps de plus en plus durs —organisant, pour le bon combat, une université clandestine, la publication d'un bulletin d'information clandestin, écrivant les premiers poèmes... Volonté de tenir, de résister, d'espérer. En 1946, tenté par la politique, il reprend finalement l'enseignement, à Gand, puis à Fribourg, tout en suivant l'actualité; il collabore dès 1952 au Monde, où Beuve-Méry, son ami, l'a appelé... En 1962, ne pouvant plus mener de front l'université et le journalisme, il quitte Fribourg et s'installe au rez-de-chaussée du Monde. Il y assure la critique littéraire jusqu'en 1972 —jusqu'à la veille de sa mort. Bilan: une quarantaine d'ouvrages, essais, pamphlets, critique littéraire, d'innombrables articles, des romans remarquables, parfois occultés, à tort, par la célébrité du polémiste et de l'homme engagé.

Soixante ans après L'Eglise, les catholiques et l'argent, quarante ans après Contre la toiture, que représente Pierre-Henri Simon pour un homme d'aujourd'hui? Le cardinal Poupard, qui l'a beaucoup lu avant même de le connaitre personnellement, a bien voulu tirer un bilan du colloque.

—Pierre-Henri Simon était un humaniste chrétien: les travaux ont mis dans une très vive lumière cette dimension fondamentale de son oeuvre. J'ai retrouvé a l'occasion de ce colloque, mes notes de lectures, depuis Les raisins verts (roman, 1950) jusqu'à son dernier roman, La sagesse du soir (1971) —10 pages de notes pour ce dernier! Pour moi, voyez-vous, ce fut certes un humaniste chrétien "témoin de son temps", selon le titre du colloque. Mais la définition me semble insuffisante: il n'a pas été seulement témoin, mais acteur, il a été un écrivain engagé, et pas seulement par ses écrits. On peut citer bien sûr L'Ecole et la Nation; L'Eglise, les catholiques et l'argent; Contre la torture, mais aussi bien tout l'ensemble de son oeuvre: l'homme, l'humanisme, sont deux mots qui reviennent toujours. En le relisant, à trente ans de distance, je suis encore plus frappé de l'insistance avec laquelle reviennent les mots "homme" et "humanisme", dans tous ses livres, j'oserais presque dire: à toutes les pages. Face à ceux qui parlent de défaite de l'humanisme, il pose deux affirmations: "il existe une nature humaine, l'humanité se caractérise par la vie de l'esprit". Double affirmation d'une remarquable simplicité et profondeur, et qui pourtant semble, je dis bien "semble", dater aujourd'hui: car il y a comme une sorte de dérive dans la littérature de notre temps. Il le relevait lui-même, dès 1969. Car il avait très bien pressenti et diagnostiqué cette dérive. A la suite de la publication d'un ouvrage de Claude Mauriac, De la littérature à l'a-littérature, il avait exprimé dans le Monde son "désaccord courtois mais sévère", et soulignait "la nécessité de méthode et de règles dans l'acceptation d'un héritage." Et il ajoutait: "on substitue à la littérature expression d'une conscience, l'écriture comme technique du langage... après avoir prouvé que le langage est trahison des choses!" Pour lui, la création littéraire était l'approfondissement de soi-même, non un jeu gratuit. Il préconisait la rigueur de l'écriture —et quelle écriture était la sienne!— au service de la réflexion, de la conscience. Il a indiqué lui-même, du reste, le sens de sa vie et de son travail d'écrivain dans l'un de ses derniers ouvrages, Parler sur l'homme: "je crois avoir le droit de dire que mon oeuvre est vouée au salut de l'âme".

Q. —Quel a été son rôle, de ce point de vue, dans l'histoire et les développements du catholicisme français?

R. —Il avait reçu de son milieu familial une foi qu'il est convenu d'appeler sociologique: il est allé plus loin, mais n'a jamais renié cette foi de son enfance, la foi des gens simples. Par la suite, ses contacts avec Mounier, avec Maritain l'ont amené à un approfondissement des exigences de l'Evangile, de la dimension intellectuelle de la foi. Il a participé à ce grand mouvement de renouveau de l'Eglise qui devait déboucher sur Vatican II: la vigueur de son écriture, son impact dans les médias de l'époque, ont certainement contribué à faire passer dans le grand public cet élan de renouveau. "Il n'y a de profonde révolution que morale" disait-il. Et ceci aussi: "Mieux vaut pour l'Eglise être sans alliance, que d'avoir de mauvaises alliances..." Le Concile Vatican II avait été pour lui une grande joie. L'Eglise, disait-il, réalisait ce pour quoi il avait combattu. Joie aussi pour la visite de Paul VI aux Nations Unies, pour le discours que le pape y avait prononcé, le 4 octobre 1965, mettant en évidence la transcendance de situation du Vatican en regard de la politique: Paul VI se plaçait de fait au niveau d'un humanisme chrétien au sens où la politique peut et doit être dirigée par une instigation morale. Trente ans après, cette position reste toujours valable.

Q. —Ce n'était certes pas un chrétien "installé": il a vécu toute sa vie, par sa profession d'enseignant, de journaliste, en contact direct avec l'athéisme.

R. —Oui, il a véritablement pratiqué le dialogue avec les non-croyants. Il comprenait d'ailleurs leur attitude, ce qu'il pouvait y avoir de grandeur, chez un Camus par exemple, chez un Malraux. Mais il persiste et signe, si j'ose dire. Il disait qu'il avait "le bonheur de croire": la foi pour lui était quelque chose de "profondément raisonnable" —à la manière de Pascal—, "mais non rationnel".

Q. —Les dernières années, les dernières oeuvres, comme Ce que je crois en 1966 ou Sagesse du soir en 1971, font apparaître une inquiétude montante face à ce que vous appeliez les dérives de l'intelligence et de la société.

R. —Il avait une perception très claire, une grande lucidité devant les effets dévastateurs de la négation des valeurs de l'homme et de Dieu, de certaines modes intellectuelles. Devant ceux qui parlaient de faillite de l'humanisme, devant ceux qui, "par démagogie, flattent et louent ce qu'il y a de plus mauvais en l'homme", il exprimait son "inquiétude profonde". "Je pense que l'être vaut mieux que le néant, l'espérance que le désespoir", disait-il dans une interview en 1971 —ou encore: "il est plus difficile d'être bon que méchant". Et cette formule lapidaire: "Je ne suis pas contre les aventures de l'intelligence, mais contre les offenses faites à l'esprit". Qu'est-ce qui le déçoit dans la production littéraire dont il doit rendre compte? "Une existence qui exclut les valeurs et donne de l'homme une image décourageante dans une ambiance de pessimisme et de grossièreté". Face à cet avilissement de l'homme, il souligne: "l'humanisme affirme qu'il existe dans l'homme un système de valeurs. Il exige de l'homme une volonté de dépassement pour obtenir plus de conscience, de liberté et d'amour". Et encore: "Il n'y a pas de morale si l'homme ne cherche pas à dépasser son égoïsme dans le dévouement et la générosité. Des éléments solides continuent à donner à la vie sa vraie dimension: la splendeur de l'arbre dans la nature, la poutre sous les tuiles, le mât sur la barque et la croix sur le monde".

Le colloque l'a bien fait apparaitre: Pierre-Henri Simon est un penseur pour notre temps. Il est comme un signal qui exprime, à travers les inquiétudes et les mutations, la profondeur de la foi. Il demeure, à trente ans de distance, une voix amicale, pertinente, qui exprime des pensées fortes, d'une actualité soulignée, aujourd'hui, par ce qu'il pressentait comme une déshumanisation du monde. Lucidité niais aussi espérance, pour le citer encore: "Je crois profondément à l'existence d'une puissance d'ordre et de raison dans le monde. L'aventure cosmique a un sens. Je penche vers l'angoisse lorsque je limite mon horizon aux problèmes temporels, mais dès que je m'élève à un plan supérieur, j'espère. Le Christ a justement rendu possible pour l'homme la vertu d'espérance". Il exhorte au courage, à la défense des valeurs: "je voudrais savoir persuader les jeunes désabusés d'aujourd'hui qui crient la fin de l'humanisme non parce qu'ils sont trop savants, mais parce qu'ils ne savent plus les choses élémentaires, par exemple que la personne est sacrée, la cruauté vile, l'honneur beau, et la bonté toujours bonne". Et ce simple conseil pour l'homme en désarroi: "faire son possible est toujours possible, et c'est déjà perfection".

 

MEETING OF RELIGIONS IN INDIA FOR PEACE AND JUSTICE

About forty scholars and academicians from seven different religions (Christianity, Hinduism, Islam, Buddhism, Jainism, Sikhism and Bahai' Faith) met at the Indian Social Institute, New Delhi, India, for the National Consultation on "Meeting of Religions and Cultures for Peace and Justice" from 24-28 February, 1997, organised by the Commission for Education and Culture of the Catholic Bishops' Conference of India, in collaboration with the Pontifical Council for Culture.

The keynote address was delivered by Fr. David Smith, Professor of Theology, Director, Justice and Peace Studies, University of St. Thomas, USA. His Eminence, Paul Cardinal Poupard, sent a message through Fr. Alex Rebello who was deputed to represent the Pontifical Council for Culture. The text of the message will appear in the next issue of Cultures and Faith.

Each of the seven faiths presented its own perspective and plan for peace and justice. The meeting addressed the prevalent Indian situation and proved to be a real eye-opener in that the participants got to know and appreciate one another. Walls of prejudice and mistrust crumbled as those taking part in this consultation were able across the frontiers of religion and culture to hammer out a formula to promote a culture of peace and justice by pooling their resources. The need was felt not to compete but to collaborate and join hands with all men and women of good will to work for peace and justice.

We give below the text of the concluding statement that was presented to and passed by the participants.

We, the participants of this Consultation drawn from Christianity, Hinduism, Islam, Buddhism, Sikhism, Jainism and Bahai' Faith, came together to live, pray and reflect, going beyond mere tolerance and peaceful co-existence to a better understanding, deeper appreciation and greater respect of one another's religions and cultures with a view to promote peace and justice in the present day Indian and global context.

We are deeply concerned at the divisive forces at work in our country in the name of religion, disturbing and disrupting the peace and justice fabric of our pluri-religious and multi-cultural society.

We note with pain and regret that erroneous reporting, false media propaganda, misinformation, historical prejudices and distortions, spreading rumours, political advantage and exploitation of the masses fan the flames of communal frenzy, mutual distrust, religious fanaticism and fundamentalism.

Therefore, we firmly and unitedly resolve and urge all those who share this deep concern and conviction, to the following:

We appeal to all the religious leaders of our country to come together more often in an atmosphere of trust and fraternity, availing of the riches of the respective religious traditions and values in creating and building a human community based on peace and justice, respecting all faiths. We request the religious leaders to denounce and take active part in defusing the tension among all sections of people, whenever the occasion arises.

We urge the political leaders of our country never to exploit religion to sow the seeds of disharmony, division and mistrust and –on the contrary– to strengthen the forces of national unity.

We make an earnest plea to the educationists of our country to concentrate on young men and women in schools and institutions of higher learning to incorporate the moral and ethical values of various religions in order to foster mutual respect, tolerance and collaboration so that they may be channels of peace and justice.

We appeal to the media, both electronic and print, to be true and just in their reporting of events and incidents, mindful of the great spiritual and cultural heritage of our country and sensitive to the feelings of every individual Indian.

We call upon all men and women of good will to be alert enough to nip in the bud any disruptive or divisive forces at work in their respective environments and work for unity.

Being aware of the great strength and beauty of unity in diversity, we, as citizens of India, commit ourselves to promote positively peace and justice, reaching out particularly to the economically disadvantaged and socially discriminated for the progress and prosperity of our dear motherland.

New Delhi, 28 February, 1997

 

REINCARNATION AND THE CHRISTIAN MESSAGE

From Monday, 17 March, until Thursday, 20 March, an international symposium was held at the Pontifical Gregorian University on Reincarnation and the Christian Message. It was organized by the university's Faculty of Missiology, under the patronage of the Pontifical Council for Inter–religious Dialogue and the Pontifical Council for Culture.

The public sessions were held in the afternoon, in the Aula Magna of the Gregorian. On the first day, the university's rector, Fr. Giuseppe Pittau sj, welcomed everyone and handed over to the keynote speaker, Cardinal Paul Poupard, whose address was entitled Death is swallowed up in Victory (1 Cor 15.54). The Message of the Resurrection and Contemporary Culture. He spoke first of all of a growing reluctance, in many Western cultures at least, to face the reality of death; thus many welcome a version of reincarnation which has little to do with the cycle of purifications common in some Eastern conceptions. The Holy Father has insisted, in Tertio Millennio Adveniente (§9), that our time for human fulfilment is limited to this earthly life, an unrepeatable process. But New Age-style reincarnation challenges this faith, as well as Christian hope and love. There needs to be what the Cardinal called a "differentiated" Christian response to the growing belief in reincarnation. Priests, deacons and catechists need a great deal of help during their formation in knowing how best to preach the Christian message of hope. Catholic cultural centres and a coherent pastoral policy regarding culture, are excellent tools, and it is essential to find a place for Christ in the new world of electronic media: all of this will lead to a new ars moriendi, in a Christian life which takes death seriously but is filled with the hope of the resurrection. The Cardinal was followed by Father John Wijngaards mhm, the director of the Housetop catechetical centre in London, who gave a very illuminating statistical breakdown of belief in reincarnation among young people in Western culture. Perhaps the most alarming facts were the numbers of Catholics who say they believe in it, and the number of people who accept it with no reference to any system of belief: it is the most attractive option in the supermarket of beliefs. The Monday session then moved to an examination of contemporary syncretism, presented by Father Michael Fuss, and an introduction to the thought of Allan Kardec, the father of spiritism, by Father François Dermine op. The second afternoon was devoted to other religious traditions, with presentations on Hinduism (Fr. Scaria Thuruthiyil sdb), the Tibetan Book of the Dead (Dr. André Couture), an African view (Dr. Martin Nkafu Nkemnkia) and an alarming, but entertaining, introduction to Afro-Brazilian religions, in a context where many see "no conflict in going to a Catholic church on Sundays, and a terreiro on Fridays". Wednesday afternoon concentrated on psychological aspects of belief in reincarnation. Father David Toolan sj spoke of near-death experiences, Father Eugenio Fizzotti sdb of the structure of personal identity, and Dr. Pierre Pelletier questioned whether past-life experiences are fact or fantasy. The final afternoon concentrated on the Christian message as a response to questions about death and reincarnation, with contributions from Cardinal Francis Arinze and Bishop Pierre Raffin op of Metz.

In the mornings of the four days of the symposium a smaller group met and heard quite a number of other contributions, mostly far more technical than those given at the public sessions. Father Michael Fuss had guided most of the preparations for the symposium, and was effectively the organizer behind the scenes at this stage, too. Bishop Michael Fitzgerald represented the Pontifical Council for Inter–religious Dialogue, and Father Peter Fleetwood represented the Pontifical Council for Culture. A parallel task of this group was to begin to formulate a response to the phenomenon of reincarnation. A skeleton of a document had been provided, and some contributions to its elaboration had been sent in before the symposium, but questions were asked about the best way of framing a response. From the start, great stress was placed on the need to see clearly who the intended audience of such a response might be. It was suggested that it should be a positive presentation of what the Catholic Church believes, without any hint of denunciation, but attractive to those we might call "seekers". It could be helpful to structure a text as questions and answers, provided appropriate questions could be found, and attractive, even beautiful and poetic words would be needed. Above all, it should be tailored to the needs of the readers, not to those of the writers. Publication is in abeyance, because there is wider curial involvement, so any developments would go first of all to the interdicasterial working group on the New Age. The other major discussion in the morning sessions was about a Catholic Internet site based in London, which could provide reliable information on the Catholic faith and on New Age questions. The group was very supportive of the clear and ambitious plans put forward by Father John Wijngaards.

 

PROMOTING THE CULTURAL HERITAGE OF THE PHILIPPINES

The Episcopal Commission on Culture (ECC) of the Catholic Bishops' Conference of the Philippines (CBCP), in cooperation with the National Commission for Culture and the Arts (NCCA), organised a National Conference on the Interrelationship between the Church, Historical Culture and the Arts at Searsolin, Manresa Heights, Cagayan de Oro City, August 1-3, 1996. A full report giving details of the proceedings was sent to the Pontifical Council for Culture in March 1997.

The Conference had a threefold objective:

1. To plan for a joint undertaking of the Church and State in the area of cultural development and the celebration of the Centenary of the Philippine Revolution.

2. To deepen the understanding and appreciation of how religious culture has affected the economic, social and political dimensions of Filipino life and identity.

3. To deepen the awareness and appreciation by the participants of their role as cultural workers in their respective milieus.

In the Opening Address, Carmen D. Padillia, Executive Director NCCA stated: "The Church has served as the heart of the community, the unifying force that binds the majority of our people in a fellowship of love. It has stitched the fabric of society and strengthened its seams." Bishop Honesto Ch. Pacana SJ, Chairman of the ECC, spoke of the role of the Commission as facilitating the "meeting of Jesus with today's culture."

During the Conference the following four papers were presented:

1. "The Church in the 20th Century Philippines" by Fr. Miguel A. Bernad SJ traced the relevance of national growth and events to the life of the Church in the 20th century demonstrating how "at one time the Church in the Philippines was dying, but fought for its survival (and) today is alive."

2. "The Role of the Church in Social Transformation: 1946-1996: Implications for the Future" by Most Rev. Leonard Legaspi OP spoke of the three periods of the history of social transformation in the Philippines i.e. the welfare period in the 1950s, the developmental period in the 1960s and the period of liberation in the 1970s.

3. "The Church and its Churches from a Democratic Perspective" by Dr. Fernando N. Zialcita outlined how Christianity which preached "that all human beings were equal being the children of One Father" contributed to the process of democratisation in the Philippines.

4. "Why bother with Old Things? Thinking about Church Patrimony and Faith" by Prof. Regaldo Trota Jose Jr. dwelt on the types of Church Patrimony (architecture, liturgical paraphernalia, written and graphic documents, etc) and the need to conserve these treasures.

The Conference jointly organised by the ECC and the NCCA augurs well for the future as Church and State join hands in preserving, promoting and making public the rich cultural heritage of the Philippines.

 

U.N.E.S.C.O. MEETING ON LINGUISTIC POLICY IN AFRICA

An intergovernmental meeting on linguistic policy in Africa was organised by U.N.E.S.C.O. with the co-operation of the O.A.U. and the Francophone Agency (ACCT) from 17th to 19th March, 1997 in Harare in which the Holy See's Delegation, led by His Excellency, Mons. Peter Prabhu, Apostolic Nuncio in Zimbabwe, participated. Fifty-one out of the fifty-four African countries invited took part. Language experts from Canada, Switzerland and India, which have a similar multilingual situation, were also invited to attend and share their experiences.

The purpose of this meeting was twofold: first, to discuss and debate as to the type of Africa that Africans want for themselves and for their posterity; second, to make recommendations to the education ministers of African countries for the formulation of practical language policies that are necessary in Africa. In fact, these recommendations were to be passed on to the Conference of African Education Ministers that was held on 20th and 21st March.

The two purposes are obviously related. For the language policies that would be formulated would have to fit into the type of Africa that Africans want for themselves and for their posterity. Several themes emerged on the vision that Africans have for the future of their continent in general and for their respective countries in particular.

It was held that there was need to indigenise the social and political institution so that Africans could in increasing measure participate in making decisions that affected their lives. Development was perceived in a more global context as embracing justice and equity, as well as economy. The need to respect human rights, particularly those of the minority, was emphasised. Given the rich cultural and linguistic diversity, it would be imperative to accept pluralism as a way of life that would create and promote in this pluralistic society a culture of mutual acceptance and peaceful co-existence. The fact that Africa as a continent is made up of several individual nations implies that it is necessary to promote inter-regional co-operation between the African states. Above all, it was felt necessary to retain an African identity that would contribute to a proud and confident African personality.

However, in order to make practical recommendations to the education ministers as regards the formulation of linguistic policies, it was thought necessary to make a factual assessment of existing African language situations. For example, it was necessary to know first and foremost how many languages there are, the purpose for which they are used, the attitudes that people have to them and also where these languages are used by the media.

Data on these questions revealed some very interesting facts. Nigeria, with a population of 105 million, is reported to have over 400 languages. Thirty million people in Zaire use 206 languages; Ethiopia has 97 languages for about 45 million; Cameroon has 185 languages for 8 million people; Benin, with a population of 3 million, has 58 languages, while two million Congolese have at their disposal 31 languages. Zimbabwe itself has eleven national languages, not counting the different minor languages. Tanzania, with a population of 28 million, has 120 languages. Mozambique has 24 local languages that co-exist with Portuguese which is officialised but not nationalised. Thus we have the mind-boggling phenomenon of well over a thousand languages that are spoken in Africa!

The task next to be taken in hand was to categorize these languages in terms of function, while being sensitive to the uniqueness of each situation. Hence the languages were divided on the basis of whether they were the mother tongue, the community language, the national language or the language for African inter-communication.

Much of what was shared and exchanged will need to be implemented for as the final declaration states "...the optimal use of African languages is a prerequisite for maximising African creativity and resourcefulness in development activities."

 

CATHOLIC RADIO IN POLAND

There are 160 private radio stations in Poland, which shows what a competitive atmosphere there is; but a very popular element in that scenario is Catholic radio, ranging from small, parish-based units with very restricted broadcasting times, to very professional, commercially-run concerns. The Redemptorists in Torun founded Radio Maryja, which aims at complete national coverage through applications for over 50 local licences. This is outside the All-Polish Catholic Radio Network (Ogólnopolskie Stowarzyszenie Rog_o_ni Katolickich), also known as VOX, which links 33 regional Catholic stations. This situation dates back to 1988, when the communist government gave in to pressure to permit the foundation of Catholic radio stations. Each diocese has the right to organize its own broadcasting station and in 1993 62 Church stations were registered.

At the moment there is great debate about the contribution of different Catholic radio stations to evangelization. Three basic models are evident: the first is a purely religious approach, with prayers, meditations, recitation of the rosary, catechesis and broadcast eucharist. The chief exponent of this style is Radio Maryja, founded by Fr. Tadeusz Rydzyk –it is related to the Italian Radio Maria, but has gradually become rather estranged. Financial arrangements are not made public. The station appeals to "quite a large group of extremely conservative people with immense problems of finding their orientation in the rapidly changing Polish society", and the Polish Bishops' Conference has occasionally felt compelled to advise a more moderate approach. There are other "purist" stations in Poland, like Radio Ave Maria (Jaroslaw) and AVE (Radom). Most are financed by their diocese and listeners.

At the other end of the spectrum are "commercial and competitive" Catholic radio stations. They aim at the 15 to 49 age group, and claim to reach many who are not otherwise reached by the Church; typically, they seek to be heard by people at work in offices and factories, so are very competitive with secular stations. Hence Radio Plus can allow the archbishop of Gdansk only 3 minutes for his weekly slot entitled "Thinking out loud", in which he answers difficult theological questions. Finance is exclusively from advertising, and turnover in some cases is well above 1 million US Dollars.

Other stations compromise with mixed programming in a format reminiscent of the BBC until the early 1960s: there is education, information and entertainment aimed at different sorts of people throughout the day or week, with a mixture of sport, religion, different sorts of music and entertainment. These stations survive on a mixture of donations and advertising revenue, and ratings vary in different areas (e.g. Radio Podlasia is heard by a third of the people in its area – a rural zone east of Warsaw – since there is no competition).

VOX has not yet settled into a clear role; the commercial Catholic stations see the need for an effective network, which would have greater appeal for potential customers and simplify media planning. "Compromise" stations seem to want to stay as they are, but they are losing younger viewers. The "purists" do not see the competitive stations as Catholic, but want more religious stations than just Radio Maryja. Agreements and joint policies will depend, to a great extent, on the role of the Polish bishops, but "the first step in the direction of co-operation has just been taken by the decision to produce a joint news service, which will be taken over by almost all members of VOX – the first moments when VOX will really be heard as one voice...". (International Bulletin 1996/3 of the Catholic Media Council.)

 

EL ARTE COMO VEHÍCULO DE LA FE
Nota pastoral de la Conferencia Episcopal Toscana

La Conferencia Episcopal Toscana (CET) ha publicado una nota pastoral sobre el arte como instrumento de evangelización y de catequesis, titulada: "La Vida se ha hecho visible. La comunicación de la fe a través del arte". Ante la inminencia del Jubileo del año 2.000, que traerá a Italia a millones de peregrinos y turistas en busca de raíces históricas y espirituales, y ante el constante aumento del turismo cultural, los 19 obispos de la región toscana ilustran a sus fieles sobre el sentido religioso del arte para ayudarles a redescubrir el sentido de la historia de la salvación a través de las obras y monumentos producidos por la fe de los toscanos de siglos pasados.

En 1991, en la visita ad limina de los obispos de la Toscana, el Papa Juan Pablo II les había manifestado: "vuestras obras de arte constituyen un formidable instrumento de catequesis". Ese mismo año nacía en Florencia una "Delegación diocesana para la catequesis a través del arte", con un programa de conferencias, de publicaciones y de visitas guiadas a la catedral realizadas por jóvenes voluntarios de la asociación internacional Ars et fides. El ejemplo fue cundiendo entre las diócesis vecinas, culminando con el Simposio organizado por la Comisión para el culto divino de la CET en octubre de 1996, sobre el tema: "El testimonio de las piedras: las catedrales, abadías e iglesias históricas, en la catequesis".

La nota recoge el fruto de esta serie de experiencias pastorales, asumiendo la arquitectura y el arte de la tradición cristiana como expresiones legítimas y necesarias del Evangelio. En la primera parte, dedicada a "El arte y la misión de la Iglesia", se corrige la concepción del arte como mera Biblia pauperum —imágenes didácticas sustitutivas del texto sagrado— insistiendo en la concepción católica, según la cual el arte puede tocar la realidad íntima de la persona. El lenguaje de la belleza es capaz de llegar al corazón de los hombres para hacerles conocer desde dentro la persona de Jesucristo que osamos representar por medio de imágenes. Recordando las palabras de Pablo VI a los artistas —"este mundo en el que vivimos tiene necesidad de la belleza para no caer en la desesperación"— los obispos enumeran los beneficios espirituales que se siguen de un redescubrimiento de la imagen cristiana: "un antídoto contra la despersonalización y afeamiento de la experiencia visual, que es ya ineludible en nuestra cultura; una reafirmación de los valores espirituales inherentes al misterio cristiano; la visión "elocuente" del mundo futuro; un gozo interior duradero; un sentido de la continuidad en el tiempo, o, mejor, la continuidad del sentido de un tiempo al otro, desde el pasado hasta el presente; un vínculo, un lazo de unión entre ancianos y jóvenes; un amor a la belleza condividido por diversas generaciones que les hace "comulgar en la admiración"".

La segunda parte de la nota se refiere a "El arte sacro y la experiencia eclesial", con apartados sobre: "El arte y la Palabra"; "Dios creador y la creatividad del hombre"; "El arte y la oración"; "Estilo y espiritualidad"; "El arte y la vida"; "El arte y la comunión"; "El arte y la fe en Cristo". En el arte cristiano es necesario pasar de la visión del signo a la adoración del misterio. Para favorecer este paso, desde los primeros siglos de vida de la Iglesia se desarrolló un estilo simbólico, anicónico o no figurativo, que relativiza el aspecto natural de las cosas y que pervive especialmente en la tradición oriental. Pero "a diferencia de la imagen religiosa oriental "purificada" y "desmaterializada", la tradición latina, heredera del naturalismo del arte grecorromano, ha desarrollado un lenguaje visivo que se adhiere más a la experiencia sensible del sujeto humano: un lenguaje caracterizado por elementos realistas, como la anatomía y la perspectiva lineal.

"Esto, sin embargo, no implica una disminución del papel espiritual de la obra de arte en la vida de oración del fiel y de la comunidad. Al contrario, el naturalismo estilístico que nace en el medioevo europeo e italiano (y toscano en particular) reviste un carácter francamente místico. El redescubrimiento del cuerpo humano y del mundo natural, en la pintura y escultura de las generaciones que vivieron la primera difusión de la espiritualidad franciscana, hay que interpretarlo en la misma clave con que Tomás de Celano explica el amor del Pobrecillo de Asís por las cosas de este mundo: "En toda obra, alaba al Artífice, todo lo que encuentra en las criaturas lo refiere al Creador. Exulta de gozo en todas las obras de la mano del Señor, y a través de esta visión regocijante, intuye la causa y la razón que las vivifica [...]. A través de las huellas impresas en la naturaleza, sigue por doquier al Amado y hace de todo una escala para llegar a su trono".

"En esta óptica, el realismo más o menos ideal que —desde Nicola Pisano y Giotto hasta Donatello, Masaccio, Leonardo y Miguel-Ángel— transforma el arte europeo, tiene un contenido altamente contemplativo" (nº 10).

La última sección —"El arte toscano y la catequesis"— confirma que el arte toscano se presta a una lectura en clave religiosa y propone la elaboración de recorridos o itinerarios concretos que muestren el arte en su progresión cronológica. En la perspectiva del Gran Jubileo, la CET se ofrece a las autoridades civiles para garantizar una lectura correcta del sentido histórico global de las obras de arte en el contexto de un gran programa que ilustre la fe de la Iglesia. En este sentido, se compromete a "preparar operadores culturales cristianos, capaces de "dar razón de la esperanza" comunicada por los monumentos y obras de arte: guías y acompañantes, pero también estudiosos, arqueólogos y críticos "fervientes en el bien" y adoradores del Señor en sus corazones (cf. 1 Pt 3, 13-15)" (nº 17). El último número de la sección se titula "El Jubileo de la esperanza". Dicen los obispos que "la "invasión" de nuestras Iglesias por parte de millones de visitantes no debe ser motivo de turbación, sino una ocasión magnífica para acoger y compartir. Queremos, sí, refrenar la vulgarización del turismo en las iglesias, monasterios y santuarios; pero no queremos coartar a los turistas, los cuales forman parte —aunque no siempre de modo consciente— de los peregrinos de esta era en busca de sentido" (nº 18).

Cf. Timothy Verdon, "Attirerò tutti a me", Il Regno. Quindicinale di attualità e documenti 42 (1997/6) 133-135; Conferenza episcopale toscana, "La vita si è fatta visibile", Il Regno 42 (1997/7) 193-201.

 

LA OFICINA INTERNACIONAL DE LA EDUCACIÓN CATÓLICA

Por tercera vez desde 1990, Año de la Alfabetización, un miembro de La Oficina Internacional de la Educación Católica (OIEC) recibe un premio internacional de alfabetización de la UNESCO. En 1990 había sido premiado el Instituto de los Hermanos de las Escuelas Cristianas, en 1994 la Escuela Loreto Day en Calcuta y este año las "Petites Ecoles" del distrito de La Saline en Port-au-Prince en Haití, obra de los Padres Salesianos de Don Bosco, mencionado en el Boletín nº 12 de la OIEC.

En este Año Internacional de la Erradicación de la Pobreza esta obra ejemplar de educación en favor de los más pobres ciudadanos de un país de entre los más pobres del mundo ha merecido verdaderamente ser elegido para esta recompensa, con ocasión del premio de alfabetización concedido por la Asociación Internacional para la Lectura, de un valor de 15.000 US $. El premio fue entregado por el presidente de Haití el 9 de septiembre de 1996 durante la celebración de la Jornada Internacional de Alfabetización, en presencia de numerosos personajes locales.

En esta ocasión, la Comunidad de los Salesianos ha querido dar un sentido concreto a su agradecimiento "comprometiéndose a proseguir la tarea, con la ayuda de todos y de la comunidad internacional, en beneficio de estos millares niños a quienes la pobreza impide participar en el gran festín de la educación intelectual, cí-vica y moral." También ha querido hacer hincapié en el compromiso de la OIEC en favor de la "Educación para todos" y el papel que desempeña para facilitar la inser-ción del esfuerzo de educación de la Iglesia en el esfuerzo de educación mundial.

Al mismo tiempo, en la sede de la UNESCO, Federico Mayor aprovechó para hablar del analfabetismo en el mundo, subrayando que hoy en día existen aproximadamente 880 millones de adultos analfabetos en los países en desarrollo y más de 200 millones de adultos en situación de analfabetismo funcional en los países industrializados; e insistió en que dicha situación no es inevitable, sino resultado de la pasividad de los gobiernos y de la sociedad. Sin embargo, anunció también que "existen, con respecto a 1990, 40 millones más de personas que saben leer y escribir, lo que nos permite pensar que para el año 2000, 4/5 estarán alfabetizados, mientras sólo lo estaban 3/4 en 1950". Concluyó diciendo que "en las áreas donde el sistema de las Naciones Unidas da prueba de tenacidad, se pueden obtener éxitos".

Por su parte, el Santo Padre, en su mensaje dirigido a la UNESCO, quiso resaltar en particular "el trabajo hecho para que los niños puedan beneficiarse de una educación y de una escolarización que les dé posibilidades reales de obtener una existencia digna ... y la posibilidad de ejercer plenamente sus responsabilidades de ciudadanos". (Jacques Charzat, de la Representación Permanente de la OIEC ante la UNESCO, en OIEC. Boletín nº 16, enero-marzo 1997, p. 11.)

 

¿UNA NUEVA RELIGIÓN MUNDIAL EMERGENTE?

El Prof. Michael Fuss de la Pontificia Universidad Gregoriana trata en un reciente artículo de Ecclesia 11 (Roma, 1997/1) 89-104 el tema: ¿Nuevos salvadores para tiempos nuevos? La búsqueda de salvación en la nueva religiosidad. Según el autor, el panorama de la religiosidad contemporánea permite hablar de una nueva religión mundial emergente. De la crisis sociocultural postmoderna va surgiendo, en el seno de la cultura judeocristiana dominante, una nueva religiosidad natural caracterizada por el subjetivismo, por un retorno a las tradiciones míticas arcaicas, por una visión holística en relación a la naturaleza y por una exaltación del yo ("ego-building"). Del ateísmo hemos pasado al preteísmo. La relación con un Dios personal que dona gratuitamente la salvación la sustituye el intento de autoperfeccionamiento del hombre divinizado. Este cambio de paradigma constituye un serio desafío para la evangelización de la cultura. Si el número de adeptos de los nuevos movimientos religiosos parece reducido, indica sin embargo la punta del iceberg de una conciencia religiosa profundamente cambiada. Prueba de ello es, por ejemplo, la penetración de la creencia en la reencarnación entre los mismos cristianos.

En la New Age la divinidad es la misma dinámica de auto-organización del cosmos. Es un panteísmo difuso y transpersonal. Por otro lado están las tendencias neo-paganas que divinizan a la vida. Es una religiosidad cósmica y ecológica. Se vuelve a las religiones precristianas. Del antropocentrismo se pasa al biocentrismo. El hombre llega a la divinidad —la Vida— en la experiencia subjetiva de potenciación de su propia fuerza vital. Estas tendencias están también en relación con el hedonismo.

Con este relativismo religioso la búsqueda del Absoluto acaba en un misticismo natural de tipo cósmico y vital. Tendría por tanto razón J. B. Metz cuando habla de una "crisis de Dios". Por ello, las Iglesias cristianas han de proponer de nuevo la salvación verdadera. La salvación exige por parte del hombre una preparación humilde y una apertura al don gratuito y misericordioso de un Dios personal. Es esencial poner de relieve el carácter personal de la salvación. El gran peligro del contexto actual radica en la experiencia pseudorreligiosa que encierra al hombre en sí mismo, en sus propios sentimientos de felicidad, haciéndole sentirse divino. Se requiere, por tanto, disponerlo al diálogo con el Tú divino para que pueda acoger la salvación verdadera.

 

LA NECESIDAD DE UN HORIZONTE ABSOLUTO
Carta desde la cárcel del Havel disidente

El Presidente de la República Checa, Václav Havel, está de plena actualidad. El pasado 26 de abril recibió en su país la visita del Papa, y poco antes había sido galardonado en España con el Premio Príncipe de Asturias por su decisiva aportación a la convivencia en Europa. En marzo de 1982, el mismo Havel, entonces disidente del sistema comunista, escribía desde la cárcel a su esposa Olga —recientemente fallecida— haciendo un análisis de la crisis de identidad humana que caracteriza a nuestra época. La reproducimos tal y como ha sido publicada recientemente por la revista La nuova Europa.

"Hace tiempo, viendo un reportaje televisivo sobre la cría de ganado vacuno, reparé en que, hoy por hoy, la vaca ha dejado de ser un animal para convertirse en una máquina, con su input (el forraje) y su output (la leche), sometida a un programa industrial determinado y con un encargado de la producción, cuyo objetivo es el mismo de toda nuestra actual política económica: aumentar los beneficios minimizando los costos. Así, la vaca nos es útil, pero sacrificando su peculiaridad de vaca. Del mismo modo, la Bohemia septentrional es ciertamente una fuente primaria de combustible (si se puede considerar tal el humus con un poco de lignito) pero a costa de perder lo que la caracteriza como región checa para convertirse en algo a medio camino entre la luna y un vertedero.

"Pienso que unas naderías como éstas ilustran bastante bien la transformación de nuestra civilización, y cuál será su desenlace, antes o después. El hombre ha conquistado el mundo perdiéndolo de hecho, lo ha subyugado destruyéndolo.

"Las causas más profundas de este giro trágico me parecen evidentes. La crisis de la experiencia de un horizonte absoluto, provocada por las mismas estructuras espirituales de nuestra civilización y agravada constantemente por ellas, lleva a perder el significado de la integridad de la existencia, de las relaciones recíprocas entre los seres y del significado de su peculiaridad. Una vez que se desvanece la significatividad misteriosa de los fenómenos del mundo —que ya no son ni misteriosos ni portadores de significado— todo es sencillo y simple. Pero lo más grave está en que la crisis de experiencia del horizonte absoluto lleva ineludiblemente a una crisis de la responsabilidad fundamental del hombre hacia el mundo y para el mundo, hacia sí y para sí. Y donde falta esta responsabilidad, como fundamento significativo de la relación del hombre hacia aquello que está a su lado, también se desmorona inevitablemente la identidad, entendida como el puesto insustituible que tiene el hombre en el mundo y que nace de aquella relación. De este modo se cierra el círculo, que podemos resumir con este aforismo: el hombre, al privar a la vaca del último fragmento de su esencia animal, se priva él mismo de su identidad humana y se asimila al animal.

"Así es. El gregarismo de la vida consumista, expresado brillantemente por los aglomerados modernos y por la televisión; la desintegración del hombre en sus funciones particulares que se hacen anónimas (productor, consumidor, paciente, elector, etc.); su total impotencia frente a las macroestructuras sociales anónimas; su compleja adaptación a la norma "moral" común, representada por la renuncia a todo lo que supera el horizonte de la vida gregaria; todo esto ha llevado a que la identidad humana se precipite en una crisis que cada vez se hace más amplia y profunda.

"La crisis se manifiesta de mil modos: el hombre, en el ovillo de las estructuras sociales "autocinéticas", se transforma en una de sus moléculas, asimila sus características; es decir, pierde su propio rostro, su voluntad y su lengua, y se convierte en una especie de frase hecha materializada. Se acostumbra a ser manipulado por las estructuras, se rinde ante ellas y acaba identificándose con ellas. Privado de un horizonte de la historia con el que poder relacionarse creativamente, como sujeto agente, se precipita en una dimensión "atemporal", y, privado del "horizonte concreto" de su hogar (por ejemplo, vivimos en aglomerados que no se distinguen los unos de los otros, se vaya donde se vaya), se encuentra en una situación "sin espacio" (la disgregación del espacio existencial y del tiempo y la disgregación de la identidad son vasos comunicantes). La identificación ciega con el flujo irracional del "mundo de las apariencias", la renuncia a la intervención personal en el mundo y a la responsabilidad ante el mundo, aplanan y vanifican el "yo" humano, el cual, de este modo, identifica fuera de sí mismo y fuera del ámbito de su competencia cualquier relación entre lo que ha sido o será y lo que es, destruyendo al mismo tiempo toda relación entre lo que existe en aquel preciso instante con lo que existe en cualquier otra ocasión. De manera que el hombre, al dejar de responder de sí mismo y de su propia vida, pierde necesariamente la autoconciencia y la dignidad autónoma de persona y se transforma en un terrón que queda incorporado en todo y a través de todo en el cenagal global.

"El mundo producido por el hombre moderno lo es a imagen de su condición, y contribuye al mismo tiempo a su regresión. Es un mundo que, digámoslo así, "se escurre" de entre las manos del hombre, impulsado por fuerzas tanto más potentes cuanto más potente es su acción incansable e imparable, y cuanto más arrastran al hombre con su "polo magnético" a la impotencia, a la alienación, a la despersonalización, y, por último, al abismo de la complacencia rutinaria e indiferente con esta condición existencial.

"Que todo esto no es nada positivo, no es ningún descubrimiento: hay miles de libros que tratan el tema desde distintos puntos de vista. El hombre moderno es reflexivo, sabe calcularlo todo, y a menudo intuye hacia dónde está precipitándose su mundo, pero al mismo tiempo constata su propia incapacidad para intervenir.

"¿De verdad no se puede hacer nada?

"Si considero que para este mundo no soy más que un tornillo sin identidad humana en medio de un mecanismo monstruoso, entonces ciertamente será imposible que pueda reaccionar; es evidente que no podré detener la destrucción del planeta, las mentiras perpetradas contra los pueblos y la proliferación de los ingenios nucleares. Pero si en cambio considero lo que representa originariamente cada uno de nosotros, y lo que posee —independientemente de la condición en que se encuentra el mundo— es decir, la posibilidad fundamental de convertirse, como ser humano autónomo, en responsable del mundo y para el mundo; entonces es mucho lo que puedo hacer. Puedo intentar comportarme, por ejemplo, como pienso que es justo, y como me dicta mi más profunda convicción que todos deberían comportarse; a saber: con responsabilidad. Y a la objeción de que todo esto no tiene ningún sentido, respondo con mucha sencillez: ¡Sí que lo tiene!"

La nuova Europa. Rivista internazionale di cultura 6 (1997/2) 89-91. Cf. Alfa y Omega. Semanario de información religiosa, nº 68, 26-4-1997, p. 23.


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