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 CONSEIL PONTIFICAL
POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX

MESSAGE POUR LA FIN DU RAMADAN
‘Id al-Fitr 1424 A.H. / 2003 A.D.

 

Construire la paix aujourdÂ’hui

 

Chers amis musulmans,

1. Le temps du Ramadan arrive à nouveau. Il mÂ’est agréable de vous saluer en cette occasion et de vous offrir mes meilleurs souhaits. Durant ce mois particulier, le repas communautaire, lÂ’iftâr, qui rompt le jeûne à la fin du jour, réunit les membres de la famille et les amis dans une ambiance joyeuse. Bien souvent, les personnes dÂ’autres religions sont invitées à prendre part à ce moment de convivialité et des chrétiens ont pris lÂ’habitude dÂ’organiser un iftâr pour leurs amis musulmans.

De tels signes dÂ’amitié sont appréciables, particulièrement en ce temps où il y a tant de troubles et de tensions dans le monde. Aussi, est-ce dans ce même esprit de fraternité que jÂ’étends mes salutations et celles du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux à tous les musulmans du monde entier, en particulier à lÂ’occasion de l’‘Id al-Fitr, la fête qui clôt le mois de Ramadan.

2. Comme il est de coutume avec ce message annuel, je voudrais partager avec vous quelques réflexions et il me semble approprié de centrer celles-ci sur la nécessité de construire la paix. Mon point de départ est une lettre que le pape Jean XXIII adressait à toutes les personnes de bonne volonté, il y a quarante ans, en 1963. Cette lettre, intitulée Pacem in Terris, «Paix sur la terre», propose de considérer la paix comme un édifice reposant sur quatre piliers : la vérité, la justice, lÂ’amour et la liberté. Chacune de ces valeurs doit être présente pour quÂ’il y ait des relations bonnes et harmonieuses entre les peuples et entre les nations.

3. La vérité vient en premier. Elle inclut la reconnaissance de ce que les êtres humains ne sont pas leurs propres maîtres, mais sont appelés à réaliser la volonté de Dieu, le Créateur de tous, qui est la Vérité absolue. Dans les relations humaines, la vérité implique la sincérité ; celle-ci est essentielle à la confiance mutuelle et à un fructueux dialogue conduisant à la paix. La vérité, de plus, amène chaque individu à connaître ses propres droits, mais aussi, ses devoirs envers les autres.

4. Cependant, la paix ne peut pas exister sans la justice, le respect pour la dignité et les droits de chaque personne humaine. Ce sont les injustices dans les relations individuelles, sociales et internationales, qui provoquent tant de troubles dans notre monde dÂ’aujourd'hui et entraînent des violences.

5. La justice doit, néanmoins, être tempérée par lÂ’amour. Celui-ci implique la capacité de reconnaître que nous appartenons tous à une seule famille humaine, et donc de voir nos semblables comme nos frères et nos sÂœurs. Il donne une aptitude à prendre part, à la fois, aux joies et aux peines. Il fait sentir aux personnes les besoins des autres comme sÂ’ils étaient les leurs et cette empathie les pousse à partager avec les autres leurs propres dons, non seulement les choses matérielles mais aussi les valeurs intellectuelles et spirituelles. LÂ’amour, de même, tient compte des faiblesses et ainsi il rend capable de pardonner. Le pardon est essentiel pour reconstruire la paix après un conflit, car il offre la possibilité dÂ’un recommencement, sur de nouveaux fondements, dÂ’une relation restaurée.

6. Tout cela suppose la liberté, une caractéristique essentielle de la personne humaine. La liberté permet aux personnes dÂ’agir selon la raison et dÂ’assumer la responsabilité pour leurs propres actions. En fait, chacun de nous est responsable devant Dieu pour notre contribution à la société.

7. A ces quatre piliers, je serais porté à en ajouter un cinquième, à savoir la prière. Car, en tant quÂ’êtres humains, nous sommes conscients de notre faiblesse. Nous découvrons combien il est difficile dÂ’être fidèles à ces idéaux. Nous avons besoin de lÂ’aide de Dieu et pour cela, nous devons lÂ’implorer humblement. Citons ici quelques paroles du pape Jean-Paul II :

«Si la paix est un don de Dieu et a sa source en lui, où est-il possible de la chercher et comment pouvons-nous la construire si ce nÂ’est dans un rapport intime et profond avec lui ? Bâtir la paix dans lÂ’ordre, dans la justice et dans la liberté requiert donc lÂ’engagement prioritaire de la prière, qui est ouverture, écoute, dialogue et en dernier ressort union avec Dieu, source originelle de la paix véritable ». (Discours pour la Journée de la prière pour la Paix, Assise, 24 janvier 2002).

Le pape poursuit en disant que la prière nÂ’est pas une forme dÂ’évasion. Au contraire, elle nous permet dÂ’affronter la réalité avec une force qui vient de Dieu.

8. Le mois de Ramadan nÂ’est pas seulement un temps de jeûne, mais aussi une période de prière intense. Et je veux vous assurer, mes amis musulmans, que nous sommes unis avec vous dans la prière au Dieu tout-puissant et miséricordieux. Puisse-t-Il bénir chacun de vous et tous les membres de vos familles ! Puisse cette bénédiction être source de réconfort en particulier pour ceux qui ont souffert ou qui souffrent toujours à cause des conflits armés ! Puisse le Dieu de bonté nous donner la force dÂ’être de vrais constructeurs de paix !

Avec mes meilleurs vÂœux pour une Sainte Fête, ‘Id mubârak.

 

Mgr Michael L. Fitzgerald
Président

 

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