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CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX

CONTRIBUTION DU SAINT-SIÈGE
AU IV FORUM MONDIAL SUR L'EAU
(MEXICO, 16 - 22 MARCH 2006)

L'EAU: UN ÉLÉMENT ESSENTIEL POUR LA VIE*

AN UPDATE

 

Introduction

En 2003, la délégation du Saint-Siège au III Forum mondial sur l'Eau à Kyoto a préparé un document sur l'eau intitulé:  "L'eau, un élément essentiel pour la vie". Le texte identifiait et soulignait les considérations éthiques qui doivent être à la base de toute réflexion au sujet de l'eau. Le document, en partant du présupposé que l'eau joue un rôle central et primordial dans tous les aspects de la vie, analysait l'eau en tant que bien social, bien économique et bien lié à l'environnement, tout en traitant brièvement d'un nombre limité d'autres questions ayant un impact sur l'eau. En conclusion, le texte soulignait le rôle central de l'être humain dans la protection de l'environnement et de ses éléments constitutifs.

Depuis 2003, la question de l'eau et des installations sanitaires de base a suscité une prise de conscience renouvelée. On reconnaît de plus en plus que l'eau, et en particulier l'accès à l'eau potable, est à la base de certaines des préoccupations les plus pressantes de la société. Aujourd'hui, tous s'accordent à reconnaître que la survie de l'humanité et de toutes les espèces sur terre dépend dans une large mesure de l'avenir de l'eau.

Le IV Forum mondial sur l'eau, organisé par le Conseil mondial de l'Eau, en collaboration avec le gouvernement du Mexique, offre l'occasion de réfléchir attentivement sur la question de l'eau. L'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires de base est important pour la famille humaine et est donc l'objet de la préoccupation directe du Saint-Siège et de l'Eglise catholique. Le Saint-Siège a choisi de présenter cette mise à jour de ses observations initiales, présentées à l'occasion du Forum mondial sur l'eau à Kyoto.

I. L'eau:  une préoccupation pour tous

"Les moyens de communication de masse ont rendu notre planète plus petite, rapprochant rapidement hommes et cultures profondément différents" (1). Ce "vivre ensemble", cette capacité à connaître presque immédiatement les besoins des autres, nous appelle à partager leurs conditions de vie, et même leurs difficultés. En dépit des grands progrès accomplis dans le domaine de la science et de la technologie, nous voyons chaque jour combien de souffrance dans le monde est provoquée par la misère, aussi bien matérielle que spirituelle. Notre époque requiert une nouvelle mobilisation pour secourir le prochain dans le besoin (2).

Le problème du manque d'eau et de l'absence d'eau est vécu de façon très dramatique par les hommes et les femmes qui vivent dans la pauvreté et souvent dans les pays les plus pauvres. Toutefois, le concept de "famille des nations" rappelle que la responsabilité pour le destin des pays les plus défavorisés repose également sur les pays les plus riches. Dans une famille, chaque membre  est responsable de tous les autres membres, la souffrance de l'un devenant la souffrance de l'autre. Les nombreux enfants qui meurent chaque année dans les pays pauvres à cause du manque d'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires de base représentent une perte pour l'avenir du monde entier et pour l'humanité tout entière.

Le défi auquel nous devons faire face aujourd'hui dans le domaine de l'eau et des installations sanitaires de base représente également une opportunité, tant d'un point de vue social qu'économique. S'il est correctement affronté, ce défi peut libérer un immense potentiel et transformer d'innombrables vies. Les investissements dans l'eau potable et les installations sanitaires de base peuvent à leur tour promouvoir une croissance économique accélérée, un développement durable, une meilleure santé, et la réduction de la pauvreté. Les exigences des pays en voie de développement dans le domaine de l'eau sont parfois si grandes qu'elles ne peuvent être résolues par les pays en voie de développement eux-mêmes. Ceux-ci ont besoin du savoir-faire et de la technologie nécessaires, ainsi que d'une aide au développement suffisamment importante pour lancer de grands travaux qui sont nécessaires pour garantir l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires de base pour les générations présentes et futures. Les efforts de développement dans les pays pauvres risquent d'être vains sans un engagement profond et mondial en faveur de l'amélioration de l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires de base. Les pays riches doivent promouvoir une assistance accrue au service des pauvres dans un authentique esprit de solidarité.

II. L'eau:  un bien fondamental de la création de Dieu

L'eau est une ressource naturelle vitale pour la survie de l'humanité et de toutes les espèces sur terre. En tant que bien de la création, l'eau est destinée à tous les êtres humains et à leurs communautés. Dieu a destiné la terre et tout ce qu'elle contient à l'usage de tous, de sorte que tous les biens de la création soient partagés équitablement par l'humanité selon la règle de la justice, indissociable de la charité (3).

Les êtres humains, et les communautés dans lesquelles ils vivent, ne peuvent se passer de l'eau, étant donné qu'elle correspond à leurs besoins primordiaux et représente une condition fondamentale de leur existence. Tout dépend de l'avenir de l'eau. L'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires de base est indispensable pour la vie et le plein développement de tous les êtres humains et des communautés dans le monde.

Le bien commun est défini comme l'ensemble des conditions sociales qui permettent aux personnes d'atteindre la totalité de leur potentiel humain. L'eau est un bien commun universel, un bien commun de toute la famille humaine. Ses bénéfices sont destinés à tous et pas seulement à ceux qui vivent dans les pays où l'eau est abondante, et bénéficie d'une bonne gestion et distribution. Cette ressource naturelle doit être disponible de façon équitable pour toute la famille humaine.

III. Un droit humain à l'eau

L'eau est beaucoup plus qu'un simple besoin humain. Elle représente un élément essentiel et irremplaçable pour assurer la continuité de la vie. L'eau est liée de façon intrinsèque aux droits humains fondamentaux, tels que le droit à la vie, à la nourriture et à la santé. L'accès à l'eau potable est un droit humain fondamental. Dans un Message aux Evêques du Brésil en 2004, le Pape Jean-Paul II a écrit:  "En tant que don de Dieu,  l'eau est un élément vital, indispensable à la survie, et donc, un droit pour tous".

Un droit humain est en principe protégé par des règles, garanties de façon internationales, qui assurent les libertés fondamentales des personnes et des communautés. Il concerne principalement la relation entre la personne et l'Etat. A cet égard, les obligations du gouvernement vis-à-vis du droit peuvent être généralement définies de la façon suivante:  respecter ce droit, le protéger et l'assurer. Toutefois, le système actuel des droits humains internationaux ne contient pas la reconnaissance explicite et universelle du droit à l'accès à l'eau potable.

Et pourtant, toute une série de déclarations et de traités internationaux sont invoqués lorsque l'on affirme que l'accès à une source régulière d'eau potable fait clairement partie du domaine des garanties essentielles en vue d'assurer un niveau de vie adéquat (4). Tous les Etats signataires de tels instruments ont l'obligation de garantir la réalisation du niveau minimum essentiel de tout droit; dans ce cas, il s'agit du droit à l'eau, qui devrait signifier l'accès sans discrimination à un volume d'eau suffisant pour empêcher la déshydratation et les maladies.

Le Pacte international relatif aux Droits économiques, sociaux et culturels rappelle que la pleine réalisation de ces droits doit être atteinte progressivement, en utilisant au maximum les ressources disponibles (5). Le principe reconnaît les contraintes liées aux ressources disponibles et identifie un devoir constant et permanent de l'Etat en vue d'avancer de façon rapide et efficace vers la réalisation de ce droit.

Définir l'accès à l'eau potable comme droit de l'homme représente une mesure importante pour que cet accès devienne une réalité dans la vie de nombreuses personnes vivant dans la pauvreté. Une approche fondée sur le droit place la personne humaine au centre du développement. L'accès à l'eau potable devient un droit juridique, plutôt qu'un service ou une denrée fournie sur une base humanitaire. Ceux pour qui cet accès est difficile peuvent être mieux ciblés et un grand nombre de pratiques discriminatoires et d'inégalités peuvent être réduites. Les communautés plus vulnérables ou marginalisées peuvent plus facilement avoir accès  aux processus de décision. Les moyens et les mécanismes pour rendre les gouvernements responsables de l'accès de leurs citoyens à l'eau potable sont ainsi réalisés. En tenant compte de tout cela, une approche fondée sur le droit contribuerait à atteindre plus rapidement de plus hauts degrés minimums d'accès à l'eau potable.

IV. L'eau:  un facteur-clé pour la paix et la sécurité

L'importance vitale de l'eau pour l'humanité signifie également qu'il s'agit d'un facteur stratégique pour l'établissement et le maintien de la paix dans le monde. L'eau est une dimension de ce que l'on appelle aujourd'hui la sécurité des ressources. Des conflits ont déjà éclaté pour le contrôle sur les ressources en eau et d'autres pourraient apparaître au fur et à mesure que le manque d'eau fait ressentir ses conséquences sur la vie des êtres humains et de leurs communautés.

Il peut être utile de prendre deux exemples:  la Corne de l'Afrique et le Moyen-Orient. La sécheresse extrême dans la Corne de l'Afrique est en train d'intensifier les tensions et les conflits ethniques en vue du contrôle des rares ressources en eau qui demeurent encore. Cette sécheresse menace la sécurité alimentaire de populations déjà pauvres et a conduit à une situation d'urgence alimentaire. Au Moyen-Orient, les principaux problèmes liés à l'eau concernent les tensions entre les pays engendrées par le manque d'eau dans certaines régions, bien que ces problèmes soient souvent masqués par des tensions politiques déjà existantes. Le manque d'eau représente un danger manifeste pour la stabilité intérieure des pays dans la région.

L'eau peut devenir d'innombrables façons un élément indispensable pour la sécurité des peuples et des nations. Pour promouvoir la paix et un niveau adéquat de sécurité dans la situation mondiale actuelle, les gouvernements et les Organisations internationales devront inévitablement accroître leurs efforts en vue d'assurer que chaque personne ait accès à l'eau potable.

Toutefois, le contexte historique actuel n'est pas seulement un contexte de conflits. Il existe également une longue, et, sous de nombreux aspects, plus profonde tradition de coopération liée à l'eau (6). Attirer l'attention sur les expériences passées d'une telle coopération pourrait représenter une orientation ou un cadre de bonnes pratiques importants pour la promotion d'une solidarité en matière d'eau au sein des pays et des communautés. Les fondements durables de la solidarité relative à l'eau sont constitués par des facteurs économiques, écologiques et stratégiques, mais ils exigent également une solide base éthique.

Partager l'eau et partager les bénéfices que l'eau apporte, de façon équitable, durable, et faisant l'objet d'un accord mutuel, est la clé pour empêcher les conflits liés à cette ressource précaire, que ce soit au niveau local ou international, que ce soit en ce qui concerne les principaux projets d'énergie hydraulique ou les projets locaux dans les villages.

V. Une "culture de l'eau"

L'eau est essentielle à la vie. Toutefois, trop souvent, l'eau n'est pas perçue comme le bien précieux qu'elle est véritablement, mais elle est paradoxalement gaspillée. Cet acte de gaspiller l'eau est moralement insupportable. Les citoyens de certains pays ont l'habitude de profiter d'une situation privilégiée sans penser aux conséquences du gaspillage de l'eau sur la vie de leurs frères et soeurs dans le reste du monde. Dans d'autres situations, l'eau est perdue ou gaspillée à cause d'infrastructures trop vieilles, mal ou incorrectement construites, ou encore mal entretenues.

Il existe un besoin urgent de retrouver une "culture de l'eau", d'éduquer la société à une nouvelle attitude vis-à-vis de l'eau. Sous de nombreux aspects, la valeur que nous accordons à l'eau s'est affaiblie. L'eau était traditionnellement respectée et protégée, et même célébrée. Aujourd'hui, elle court le risque d'être un simple produit de consommation. Face au gaspillage, l'eau ne peut être traitée comme un simple produit de consommation parmi tant d'autres, car elle possède une valeur inestimable et irremplaçable. Les traditions culturelles et les valeurs de la société déterminent la façon dont les personnes perçoivent et gèrent l'eau. Utiliser uniquement des mécanismes d'augmentation des prix comme réponse au gaspillage de l'eau ne contribue pas à encourager une culture de l'eau et ne prend pas en compte les pauvres qui ont également besoin d'eau pour vivre.

Il est nécessaire de rappeler que tous les êtres humains sont unis par une origine commune et par le même destin suprême (7). L'eau doit donc être considérée comme un bien public (8), dont tous les citoyens puissent bénéficier, mais dans le cadre de devoirs, de droits et de responsabilités qui incombent à chaque personne.

VI. Administration et gestion de l'eau:  une question de justice et de responsabilité

La mauvaise gestion de l'eau est un facteur important qui contribue aux principaux problèmes liés à l'eau actuellement. La bonne gestion représente donc peut-être la principale condition pour résoudre les problèmes de l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires de base. Les problèmes et défis doivent être pris en compte par tous:  gouvernements nationaux, Organismes internationaux, secteur privé et communautés locales. Une attention accrue doit être portée à la coordination et à la coopération entre ces acteurs à tous les niveaux. Il faut souligner qu'à l'heure actuelle, il n'existe aucune organisation au niveau mondial chargée de coordonner et de gérer l'eau et les problèmes qui y sont liés au sein de la communauté des nations.

Un élément essentiel de la bonne gestion est la participation et le droit de propriété au sein de la communauté. Les groupes marginalisés au sein de la communauté doivent être pris en compte en vue de solutions adaptées à leurs besoins. Les connaissances traditionnelles peuvent s'avérer vitales pour planifier les ressources en eau. Des solutions plus technologiques peuvent parfois ignorer les connaissances locales concernant le terrain et le climat et, de façon plus importante encore, le facteur humain. Le respect du principe de subsidiarité devrait donc faire partie de toute politique de gestion de l'eau.

Les décisions liées à la gestion ayant un impact sur la distribution de l'eau doivent également répondre au critère de la justice. Le droit de l'homme à l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires de base doit être promu de façon à ce que les inégalités qui existent soient réduites au profit d'un plus grand bien-être des personnes les plus défavorisées.

Les partenariats entre secteurs publics et privés peuvent jouer un rôle important dans l'accès à l'eau potable, à condition que les différentes parties prenantes oeuvrent en vue d'un objectif commun:  celui de garantir l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires de base pour tous. Cela ne réduit pas le rôle primordial de l'Etat dans la promotion du droit à l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires de base. Les liens entre les stratégies de développement et les questions relatives à la distribution, l'approvisionnement, la participation etc. aux ressources en eau doivent être comprises clairement par les décideurs étant donné que leurs décisions ont des implications cachées pour les personnes qui vivent dans la pauvreté.

Il existe des questions éthiques particulières liées au processus de décision en matière de gestion de l'eau. Le problème le plus controversé et source de litiges concerne sans doute le prix de l'eau. A l'heure actuelle, les personnes vivant dans des conditions de pauvreté paient souvent beaucoup plus pour l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires de base que ceux qui vivent dans des conditions de sécurité financière. Le prix que paient les pauvres ne se limite pas au coût financier. Ils paient souvent beaucoup plus également en termes d'efforts physiques et en termes de santé.

La bonne gestion des ressources naturelles va clairement de pair avec l'exigence que les utilisateurs paient le véritable prix des services. Il a été prouvé que lorsque l'eau est subventionnée, elle tend à être gaspillée. Toutefois, si l'on s'accorde à reconnaître que l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires de base est fondamental pour soulager la pauvreté, alors, l'eau potable et les installations sanitaires de base ne peuvent être considérées comme une marchandise parmi tant d'autres. Le Pape Jean-Paul II a rappelé qu'il existe des besoins humains importants qui échappent à la logique du marché (9) et que l'eau est précisément l'un d'eux. Elle ne peut être utilisée uniquement comme un instrument de profit car elle est essentielle à la survie de la personne humaine et ne peut être transformée en un bien réservé au seul avantage des ceux qui peuvent se permettre de le payer.

VII. Les catastrophes naturelles et la gestion des risques

Ces dernières années, le monde a assisté à des catastrophes extrêmes et dévastatrices, qui ont provoqué un grand nombre de victimes et d'immenses difficultés, en particulier parmi les pauvres. Ce sont surtout ces derniers qui vivent dans des conditions précaires qui sont les plus vulnérables face aux désastres naturels, et qui sont le plus touchés par les augmentations de prix des ressources naturelles dans les périodes de pénurie et d'urgence. Le besoin de considérations éthiques et morales en ce qui concerne les actions en vue de réduire les risques de ceux qui vivent dans des conditions de pauvreté ne peut être ignoré.

Dans un esprit de solidarité, les pays et les Organisations internationales devraient répondre aux catastrophes naturelles à travers un soutien et une aide généreuse. Dans le même temps, il est très important d'investir dans la prévention des catastrophes naturelles. En effet, si les êtres humains ne peuvent éviter certaines catastrophes naturelles, c'est à eux qu'il revient d'utiliser leur créativité et leur capacité d'innovation pour limiter les dommages potentiels, que ce soit en période de sécheresse, d'inondations ou d'autres désastres.

Par ailleurs, il faudrait ne jamais intervenir sur un aspect de l'écosystème sans prendre en considération les conséquences de cette intervention dans d'autres domaines et le bien-être des générations futures (10). Les catastrophes naturelles ne sont pas uniquement provoquées par la nature, mais également par l'utilisation et la consommation irréfléchie des ressources naturelles.

La population mondiale devrait partager de façon équitable les bénéfices des instruments technologiques modernes pour évaluer à l'avance le risque de catastrophes. L'évaluation des risques de catastrophes fait partie intégrante des programmes de développement et de diminution de la pauvreté et il faut trouver les moyens de briser le cercle vicieux de la pauvreté, la dégradation de l'environnement et le manque de préparation qui transforme les risques naturels en catastrophes qui détruisent les bénéfices du développement.

Les pays pauvres, en particulier, devraient être encouragés, avec l'aide des pays les plus riches, à investir dans des mesures d'aide en vue de réduire les conséquences des inondations et des sécheresses. Par exemple, il faudrait créer des réserves d'eau pour faire face aux périodes de sécheresse. Mais toutes ces initiatives devraient être mises en place avec la participation active des communautés locales. Celles-ci devraient être particulièrement informées des conséquences sur l'environnement et sur leur vie de la construction de toute infrastructure visant à réduire leur vulnérabilité face aux désastres naturels. Cela représente en effet un élément important qui contribue au développement durable d'un pays. Cette activité devant être menée sur le long terme, elle exigera de la part des pays développés de fournir des ressources supplémentaires, tout en maintenant les petits et moyens projets financés dans le secteur hydrique.

Conclusion

Face au grave défi soulevé par le problème de l'eau, personne ne devrait perdre espoir. En effet, il existe de nombreux signes d'espérance. La question de l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires de base est devenue l'une des priorités les plus urgentes du système international. La reconnaissance et la conscience renouvelée de l'eau en tant qu'élément de notre vie, de notre santé, de nos moyens de subsistance, et de notre bien-être économique et social, ont acquis une place importante dans les réponses à apporter. La volonté politique de prendre en considération le secteur de l'eau, absente depuis des années, a commencé à apparaître.

Tous les hommes et les femmes doivent être animés par la certitude que la nature recèle des possibilités secrètes qu'il revient à l'intelligence de découvrir et de mettre en oeuvre afin de parvenir au développement qui est dans le dessein du Créateur. Cette espérance bien comprise chez l'Auteur de la nature et de l'esprit humain est capable de nous donner à tous une énergie nouvelle et sereine (11).

L'être humain est au centre de l'intérêt exprimé dans ce nouveau document. Les solutions en vue de l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires de base devraient exprimer un amour préférentiel et une considération particulière pour les pauvres. C'est surtout pour eux que la question de l'eau est cruciale pour la vie. La question de l'eau est véritablement une question de droit à la vie. Ce sont surtout eux qui sont privés du droit à l'eau, à la santé et à la nourriture. La famille humaine doit être servie, et non pas exploitée. L'objectif principal de tous les efforts doit être le bien-être des personnes - hommes, femmes, enfants, familles, communautés - qui vivent dans les régions les plus pauvres du monde et qui sont les premiers à souffrir de la pénurie et de la mauvaise gestion des ressources en eau (12).


Notes

1) Pape Benoît XVI, Lettre encyclique Deus caritas est, n. 30.

2) Cf. ibid.

3) Cf. Concile oecuménique Vatican II, Gaudium et spes, n. 69.

4) Cf. Comité des Nations unies sur les droits économiques, sociaux et culturels, Organisme de surveillance du Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels, Commentaire, Genève, 2002.

5) Cf. Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels, art. 2 1.

6) Académie pontificale des Sciences, séminaire intitulé "Conflits sur l'eau et transformation spirituelle:  un dialogue", 13-15 octobre 2004.

7) Cf. Pape Jean-Paul II, Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix 2005:  "Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien" du 1 janvier 2005; cf. ORLF n. 51 du 21 décembre 2004.

8) Cf. Conseil pontifical "Justice et Paix", Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise, n. 485.

9) Cf. Pape Jean-Paul II, Lettre encyclique Centesimus annus, n. 40.

10) Cf. Jean-Paul II, Message pour la Journée mondiale de la Paix 1990 intitulé:  "La paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la création", du 1 janvier 1990, cf. ORLF n. 50 du 12 décembre 1989.

11) Cf. Pape Paul VI, Discours aux membres de l'Académie pontificale des Sciences, 19 avril 1975; cf. ORLF n. 17 du 25 avril 1975.

12) Cf. Pape Jean-Paul II, Message à Jacques Diouf à l'occasion de la Journée mondiale de l'Alimentation, 13 octobre 2002, cf. ORLF n. 44 du 29 octobre 2002.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.19 p.9, 10.

La Documentation catholique n.2362 p.667-672

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