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 CATÉCHÈSE PRONONCÉE 
PAR LE CARDINAL ROGER ETCHEGARAY
 

Vendredi 18 août 2000 


Chers amis,

D'emblée, je prends l'Evangile de la messe qui clôturera notre rencontre, (Mt 13, 44-48). Il est court, mais musclé:  le Royaume des cieux est semblable à un trésor, à une perle fine et pour l'acquérir, il faut vendre tout ce que l'on a. C'est clair:  Jésus nous fait comprendre à quel prix nous pouvons avoir accès à son Royaume, au Royaume de son Père. C'est concret:  la sainteté n'est pas une idée, une vague idée, un rêve, un beau rêve. A un jeune qui lui demandait ce qu'il faut faire pour avoir la vie éternelle, et qui faisait déjà beaucoup, Jésus répond tout simplement:  "si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, puis viens, suis-moi (Mt 19, 21).

Voilà, la couleur est annoncée, nous pouvons aborder de front le thème de cette catéchèse. "Saints du nouveau millénaire". Allons-y! "N'ayez pas peur d'être les saints du nouveau millénaire", nous dit Jean-Paul II dans son message pour la XV JMJ (n. 3).  C'est  vrai, avouons-le, nous avons peur d'être des saints. Dans son livre "A la trace de Dieu", un converti, Jacques Rivière (petit fils de Renan) écrit:  "Peur de l'abîme. Peur de cet enchaînement terrible d'exigences où l'on tombe dès que l'on consent à Dieu. Mon Dieu, éloigne de moi la tentation de la sainteté. Je ne suis pas fait pour ça. Ne confondez pas. Je ne suis pas de l'espèce qu'il faut... Contentez-vous d'une vie pure et patiente que je ferai tous mes efforts pour vous donner". La logique fait peur. Et pourtant, quand il s'agit d'aimer, d'aimer Dieu et d'aimer ses frères, peut-on se contenter d'à-peu-près, de demi-mesure? Le jeune homme, face à l'appel de Jésus à la perfection, a eu peur, il est retourné chez lui tout "triste car il avait de grands biens", note l'Evangile; il n'a pas osé tout quitter, il n'a pas été jusqu'au bout de la logique d'amour.

Au départ qui d'entre vous, du moins dans ses minutes de vérité, n'a pas vu grand, n'a pas vu haut? Je me souviens de mon premier sermon au Séminaire de Bayonne... il y a plus de cinquante ans. A l'époque, on s'exerçait à la prédication, en nous faisant parler au réfectoire devant un auditoire affamé et donc sans oreilles! Mon premier sermon (j'en ai même conservé le texte un peu jauni) était précisément sur l'obligation à la sainteté, en prenant comme exergue la parole du Sermon sur la montagne. "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait" (Mt 5, 48). Aujourd'hui, je ferais le même sermon; c'est le même que je vous fais en ce moment, avec autant de convinction, mais aussi avec plus de contrition car dans ma longue vie il y a eu des moments où j'ai eu peur de la sainteté. Vous connaissez le fougueux final de "Jeanne relapse et sainte" écrit par Georges Bernanos et mis en musique par Darius Milhaud:  "Pour être un saint, dit-il, quel évêque ne donnerait son anneau, sa mitre, sa crosse, quel cardinal sa pourpre, quel pontife sa robe blanche, ses camériers, ses suisses et tout son temporel? Qui ne voudrait avoir la force de courir cette admirable aventure? Car la sainteté est une aventure". Et parfois, désabusé, il ajoutait:  "Mais qui se met en peine des saints?"

Qui se met en peine des saints aujourd'hui? Et bien vous, ce matin, n'est-ce-pas? Avec la grâce de Dieu que nous implorons en silence, humblement:  Seigneur, donne-moi la force de te suivre le plus près possible, et de te suivre jusqu'au bout. "Où que tu ailles", s'exclamait l'apôtre Pierre dans un instant d'euphorie.

Pour n'avoir pas peur de la sainteté, je vous invite à découvrir des visages de saints. J'aime répéter que notre religion est la religion des visages. Qu'il s'agisse de Dieu ou de l'homme, c'est à travers le visage que se révèle une personne. Dis-moi quel est ton visage et je te dirai qui tu es. On comprend bien que l'histoire du Peuple de Dieu se résume dans la recherche du "face à face".

"Dieu seul est saint", nous l'affirmons par trois fois au "Sanctus" de la messe. Et nous ne le répéterons jamais assez, comme le font jour et nuit les quatre témoins de l'Apocalypse (Ap 4, 8), sans trop savoir ce que nous disons. Car, au fond, nous ne savons pas ce qu'est la sainteté de Dieu, elle est inaccessible, incomparable. Elle est plus qu'un attribut, une qualité de Dieu parmi d'autres, elle identifie Dieu même.

C'est en Jésus-Christ que Dieu manifeste pleinement sa sainteté. Il est "l'image du Dieu invisible" (Col 1, 15). Je dirais que la première et la seule canonisation authentique est celle de Jésus par son Père, le jour de la Transfiguration, car elle révèle une sainteté identique, unique:  "Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j'ai mis toutes mes complaisances; écoutez-le" et la voix de saint Paul y fait écho:  "en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité" (Col 2,1). Arrêtons-nous un peu avec Jésus-Christ. Quand est-ce que nous prenons le temps de contempler son visage? de nous laisser irradier par lui?

Pas de sainteté, sans être branché sur le Christ. Voulez-vous savoir si vous êtes sur le chemin de la sainteté, observez combien de fois on vous demande:  "Pourquoi es-tu chrétien?" Une telle question est un signe que vous tranchez dans la grisaille environnante, elle est la preuve que vous êtes en train de gravir la montagne des Béatitudes, vous savez ces vérités qui vont à l'encontre des idées reçues et qui dessinent le vrai portrait du Christ parce qu'il les a vécues... "Pourquoi es-tu chrétien?" On ne te poserait pas la question si ton Evangile était aplati au point de se glisser facilement sous le pas de la porte comme un quelconque tract publicitaire. Béni sois-tu si tu es provoqué à rendre compte au milieu de tes camarades de ce qu'il y a en toi d'unique, d'original.

Il m'est arrivé que la même question me soit posée, surtout par des jeunes et à brûle-pourpoint. J'avoue que je n'aime pas trop y répondre, parce qu'elle touche à mon mystère. J'ai envie de répliquer:  allez le demander au Christ lui-même! C'est Lui qui m'a saisi, je ne sais comment. Moi, je me suis laissé faire. J'ai beau m'évertuer à assumer en adulte le baptême de mon enfance, je ne cesse de voir que c'est Lui, toujours Lui qui fait le premier pas vers moi, le pas de l'amour, le pas du pardon. Et moi, même vieux cardinal, je ne fais que sauter de joie, comme un gosse qui sort de l'eau tout ruisselant de soleil. Embarrassante, mais aussi bousculante question. Chaque fois qu'on me la pose, je me suis senti rajeuni dans ma foi baptismale, nettoyé de tous les embruns de la routine qui collent à ma peau. Mais dis-nous donc pourquoi tu es chrétien? Tout simplement - c'est la meilleure définition de l'amitié que je connaisse parce que c'est Lui, parce que c'est moi. Je ne puis rien dire de plus, je bafouille tous les jours, tous les soirs comme dans une nuit d'été où je découvre de nouvelles étoiles pour Le suivre. Mais ça va bien mieux quand à cette singulière question je réponds... au pluriel, c'est-à dire en Eglise. Pourquoi je suis chrétien? Ce matin, vous tous, vous m'aidez à y répondre, parce que c'est ensemble que nous sommes chrétiens, moi évêque autant disciple du Christ que vous. Avec Pierre, je ne peux que dire:  "Seigneur, vers qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle."

La sainteté est contagieuse parce qu'elle se vit en groupe, disons le mot, en Eglise. Croire à la sainteté du Christ, passe, mais croire à la sainteté de l'Eglise, est-ce possible? Cela fait pourtant partie de notre Credo:  " Je crois à la sainte Eglise?". Sans doute, le corps de l'Eglise est-il plein de cicatrices et de prothèses, Sans doute, les oreilles de l'Eglise sont-elles pleines du chant du coq entendu par le pauvre Pierre. Sans doute, le carnet de l'Eglise est-il plein de rendez-vous manqués avec les hommes et les peuples. Mais ce qui fait la sainteté de l'Eglise, ce n'est pas la fidélité plus ou moins éclatante que les chrétiens lui gardent, mais c'est la fidélité absolue, inébranlable que son Epoux, le Christ, lui garde. L'Eglise est une  oeuvre  de  grâce,  de  pure  grâce. Elle ne tient ni par elle, ni par nous, mais par le Christ seul qui l'a aimée et s'est livré pour elle, qui a voulu, comme dit saint Paul "se la présenter à lui-même splendide, sans tâche, ni ride, ni aucun défaut. Il a voulu son Eglise sainte et irréprochable" (Ep 5, 27). Et c'est comme cela que nous devons la contempler et l'aimer à tout instant. Bernanos disait:  "Je ne vivrais pas cinq minutes hors de l'Eglise; et si l'on m'en chassait, j'y retournerais aussitôt pieds nus, en chemise".

L'Eglise n'est pas sainte parce qu'elle est faite par des saints; elle est sainte pour faire des saints sous le souffle de l'Esprit-Saint. Paradoxalement, loin de déplorer qu'elle rassemble trop de pécheurs, il faut regretter plutôt qu'ils ne soient pas tous là! Car sa capacité à faire des saints est illimitée. Voilà pourquoi, l'Eglise ne cesse de nous montrer la "nuée des témoins", la légion des saints qui témoignent de la réussite de Jésus dans leur vie.

Parmi les saints à admirer, il faut commencer par "Sainte Marie", la plus grande réussite (le Christ pouvait-il faire autrement pour sa Mère!). On comprend dès lors la dévotion toute particulière que les chrétiens lui portent avec ferveur. Jean-Paul II nous en donne l'exemple avec sa devise pontificale "totus tuus", "tout entier à toi".

Les premiers saints reconnus par l'Eglise furent les martyrs. Rien d'étonnant:  le martyre n'est pas un exploit, une performance quoiqu'en disent certaines légendes. Il est l'accomplissement d'une vie de charité conforme à celle du Christ jusqu'au sacrifice de la vie. Dans ce creuset sanglant, se sont forgées des générations de chrétiens dont la mort elle-même a été conquérante et fécondante pour l'Eglise. Il est à noter, comme si les chefs d'Eglise étaient particulièrement visés par l'exigence de sainteté, que le calendrier des saints compte les 31 premiers papes et la plupart des évêques fondateurs de diocèses.

Pourquoi rappeler cela? Parce que comme l'a souligné Jean-Paul II, les martyrs sont revenus en force au cours du XX siècle et leur mémoire est un stimulant pour les générations montantes de l'An 2000. En ce sens, la célébration jubilaire et oecuménique au Colisée du 7 mai doit nous servir de référence pour notre entrée dans ce nouveau millénaire.

Jeunes de l'An 2000, vous ne pouvez affronter le dur combat de la sainteté sans avoir à côté de vous des témoins héroïques de la foi comme appui et exemple... Chacun doit avoir ses saints préférés. Voici les miens que je vous fais connaître, au moins certains. Tout d'abord, François le Poverello d'Assise, celui qui a vécu l'Evangile sans glose, au pied de la lettre... Je ne puis ouvrir tout mon carnet de bonnes adresses de saints que j'aime bien fréquenter; au hasard, je cite Augustin le Berbère, François Xavier le Basque (sa soeur était mariée dans mon village natal) les deux Thérèse, la grande d'Avila et la petite de Lisieux, Pier Giorgio Frassati (parce que comme moi il était alpiniste), Jean XXIII qui, dans quinze jours sera béatifié (il y a cinquante ans, quand il était nonce en France, je fus son chauffeur d'un jour à Bayonne). Il y a aussi Charles de Foucault, Madeleine Delbrel et bien d'autres; mais je m'arrête... Et vous, vers quels saints ou maîtres spirituels se portent vos coups de coeur? Il vous en faut, mais à condition que leur imitation ne soit pas trop servile. Saint Jean de la Croix disait avec humour:  "N'imitez pas trop les saints, parce que le diable ne vous ferait copier que leurs défauts!"Les amis de Jésus, quels qu'ils soient, ne sont là à nos côtés que pour nous entraîner vers Jésus, renforcer notre propre amitié avec Lui. Les saints sont des aiguilleurs du ciel qui nous aident à nous arracher à la routine de nos existences sans horizon.

"N'ayez pas peur d'être les saints du IIIème millénaire." Il y a trois accents dans cette petite phrase de Jean-Paul II. Premier accent:  n'ayez pas peur. Deuxième accent:  d'être les saints. Troisième accent:  du troisième millénaire. Il me reste à marquer ce troisième accent.
Que n'a-t-on pas écrit sur le nouveau millénaire? Mais, au juste, qui sait ce qu'il sera? Qui oserait en être le prophète? Etre jeune c'est avant tout, vivre le temps présent avec une telle intensité qu'il déborde sur l'avenir. Il ne faut jamais comparer les époques qui s'enchaînent, se succèdent au fil des siècles:  chacune a sa vocation, sa mission propre dans le plan de Dieu, maître de l'histoire. Mais le tragique c'est que personne n'est capable de dire à l'avance quelle est cette mission, pour aujourd'hui, encore moins pour demain.

Heureusement, l'Eglise nous offre une clef pour entrer en scène avec le rôle que Dieu nous a réservé. Cette clef, c'est apprendre à lire ce que le Pape Jean XXIII et le Concile Vatican II ont appelé les "signes des temps". Rien de plus utile dans un réseau routier que la présence de panneaux signalétiques indiquant le sens. Voilà le problème:  mais le problème est de savoir comment repérer, comment discerner, comment interpréter les signaux que Dieu envoie pour guider notre marche en avant dans un paysage tout embrumé, tout embrouillé? Pour demeurer vraiment à jour, sur la crête des événements, l'Eglise nous demande d'être attentifs aux petits, aux humbles, aux pauvres, à tous ceux dont le Christ avec jubilation a reconnu qu'ils voient ce qui reste caché aux savants et aux intelligents. (cf. Mt 11, 25). N'oubliez jamais ce critère évangélique, c'est le plus précieux, le plus sûr, le plus concret aussi dans votre désir de savoir ce qu'attend le Christ de votre génération. Seul celui qui a une âme de pauvre est assez détaché, dépouillé de tout intérêt, pour maîtriser le cours de l'histoire et, au besoin, le rectifier. Ce pli, le plus beau pli de votre engagement spirituel est clair:  Vivre pauvre comme le Christ, vivre avec les pauvres pour vivre avec le Christ. Le renouveau de l'Eglise s'est fait chaque fois qu'elle a osé faire alliance avec les pauvres.

Nous  voici  à  la  fin  ramenés  aux réflexions, aux exigences du début. Nous prenons mieux conscience que l'Evangile n'est pas une bande dessinée pour adolescents attardés, mais un livre écrit par chacun en caractère de feu et de sang. Et la sainteté c'est cela, ce n'est que cela:  prendre au sérieux l'Evangile, tout l'Evangile. C'est simplement devenir ce que nous sommes déjà par le baptême. Loin de toute conception élitiste, aristocratique, c'est réconnaître que nous sommes tous, tous appelés à être saints. Mais c'est aussi reconnaître que nous ne pouvons pas l'être hors du Christ. Albert Camus fait dire à un des personnages de son roman "La Peste":  "Ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment on devient un saint - mais vous ne croyez pas en Dieu, lui réplique-t-on. Justement. Peut-on être saint sans Dieu? C'est le seul problème concret que je connaisse aujourd'hui". Cette tentation de la sainteté sans Dieu est fréquente à l'heure actuelle où pullulent les héros de toutes sortes à l'écran ou dans le sport, ces héros qui sont la version païenne de la sainteté, le dépassement de l'homme par l'homme et pour l'homme.

Saints du IIIème millénaire? Je pense que leur marque propre est de tenir à l'essentiel dans une société qui devient de plus en plus un bric-à brac, un marché aux puces où tout s'achète, tout se vend selon les goûts, utiles ou futiles, de chacun. Oui, nous sommes provoqués à l'essentiel. Dans une situation d'urgence, on met en sécurité la nourriture plus que la vaisselle, on protège le moteur de la voiture plus que les enjoliveurs, on sauve des flammes le bébé plutôt que le portrait de sa grand'mère. Tenir l'essentiel pour l'Eglise, c'est tenir la Parole de Dieu dans le vacarme des paroles humaines. Pour les divers métiers des hommes, les chrétiens y ont certes leur place à côté de celle des autres; mais pour le service de l'Evangile, nous, les chrétiens, nous sommes les seuls à pouvoir le remplir, c'est d'ailleurs ce que les autres attendent de nous, que nous soyons des professionnels et non des amateurs de la vie évangélique.

Tenir l'essentiel et tenir jusqu'au bout. Le plus difficile n'est pas de se lancer dans l'aventure de la sainteté, mais d'y rester comme dans un marathon sans fin. Suivre Jésus, jusqu'au pied de la Croix ou mieux le suivre sur tout son parcours qui a été depuis le début un chemin de la Croix. "Je ne connais parmi vous que Jésus" disait saint Paul, mais il ajoutait aussitôt comme un coup de griffe pour marquer sa véritable identité "et ce Jésus est le crucifié"! (cf. I Co 2, 2). Trop souvent, Jésus est banalisé en sagesse humaine ou relégué dans quelque laboratoire où des historiens, des exégètes se sont emparés de lui comme pour le disséquer. Certes, les voies d'approche sont mieux tracées et ces recherches nous sont utiles. Mais l'étude de la carte ne remplace pas la marche elle-même avec le Christ qui nous fait passer chacun par Césarée de Philippe; vous savez ce site pas bien localisé et qui n'est dans aucun Internet, où nous attend le Christ pour la seule question et la seule réponse qui comptent:  "Et pour vous, qui suis-je?" (Mt 16, 15). Et pour toi, qui suis-je? Et pour moi, qui es tu, Seigneur?

Un jour, j'ai été frappé par le cri de Marie-Madeleine sanglotant auprès du tombeau vide:  "On m'a enlevé le Seigneur" (Jn 25, 13); et je me suis surpris en train de le réclamer à tous les jardiniers du monde et de l'Eglise. "On m'a volé le Seigneur" On, je ne sais pas qui. Je n'accuse personne. En me retournant, je suis tombé, moi aussi, comme Marie-Madeleine sur le Christ en personne... mais voilà, je ne l'ai pas reconnu. Et, alors, je me suis mis à écrire cette prière.

"Je ne veux pas d'un Christ alambiqué, désarticulé, de hit-parade ou de serre-chaude. Je veux le Christ des Apôtres, le Christ des petits et des simples, le Christ dont je reconnais l'accent si proche de mon accent basque, le Christ qui me dit:  "Philippe (Roger), qui me voit, voit le Père" (Jn 14, 9).
Seigneur, qu'on ne vienne rouler aucune pierre entre toi et moi, car je veux te voir de près, t'entendre en direct, te toucher, toi le Fils du Dieu vivant.

Seigneur, qu'aucun livre, si pieux soit-il, ne vienne affadir ton message. Plus je contemple ton Evangile aux quatre visages, et plus je me découvre en train d'écrire mon propre cinquième Evangile, l'Evangile de ma vie, celui qui fait de toi mon contemporain, mon ami autant que mon guide.

Seigneur, que je te découvre en Eglise, où se déploie ta vraie stature, celle qui s'étend jusqu'aux extrémités de la terre et s'élève jusqu'au haut du ciel, dans le mystère de la communion des saints.

Seigneur, qui me séparera de ton amour? (cf Rm 35, 39).

Jeune du IIIème millénaire, n'aie pas peur de fixer très haut la barre de la sainteté, ou plutôt laisse le Christ te la poser au niveau qui lui semble le meilleur pour toi! Tu ne connais pas cette hauteur:  cherche seulement, à coup d'entraînement, à sauter le plus haut possible.
J'aime bien ce qui disait Martin-Luther King: 

"Si tu ne peux être pin au sommet du coteau,
sois broussaille dans la vallée.
Si tu ne peux être un arbre,
sois buisson au bord du ruisseau.
Si tu ne peux être route, sois sentier.
Si tu ne peux être soleil, sois étoile.
Ce n'est point par la taille que tu vaincras,
mais par la force d'aimer, quoique tu sois".

N'aie  pas  peur  d'être  un  saint  du IIIème millénaire. Il n'y a que l'amour qui compte pour le devenir.

Nous serons tous jugés par l'amour, par l'amour miséricordieux du Seigneur, Son amour, quelle chance! La seule pour devenir un saint! Etre saint, c'est si simple:  il suffit, comme le fils prodigue, de se mettre en route vers son Père..qui fera tout le reste!

 

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