The Holy See
back up
Search
riga

  Conseil Pontifical pour la Pastoral des Migrants et des Personnes en déplacement

Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé

Conseil Pontifical pour la Pastoral des Migrant

et des Personnes en déplacement

Conseil Pontifical pour la Famille

 

LA SANTÉ REPRODUCTIVE

DES RÉFUGIÉS

Note pour les Conférences épiscopales

Introduction

En 1991, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (ACNUR) a publié l'Inter-agency Field Manual on Reproductive Health in Refugee Situations, en collaboration avec l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et certaines ONG; il s'agit d'un manuel pratique sur les modalités de l'assistance aux réfugiés dans le domaine de ce qu'il appelle la « santé de la procréation ».

Le Field Manual est l'objet de sérieuses et abondantes préoccupations pour l'Eglise et a motivé cetteNotepréparée à dessein par trois dicastères du Saint Siège — les Conseils Pontificaux pour la Pastorale de la Santé, pour les Itinérants et les Migrants et pour la Famille — dans le but de rappeler quelques réserves sur certains points de ce manuel qui font problème.

Cette Note interdicastérielle considère ce Field Manual comme un défi pastoral pour l'Eglise et elle invite les Pasteurs, les agents pastoraux engagés dans les domaines de la santé, de la famille ainsi que dans le ministère apostolique des migrants et des itinérants, à la vigilance pour que l'amour, le respect et la protection des personnes réfugiées et de leurs droits — dont l'inaliénable droit à la vie — soient la raison profonde et le moteur de leur engagement pour l'amélioration des conditions de vie de ces personnes et pour une protection efficace du droit à la vie due pour des millions de déplacés et réfugiés.

Le Field Manual diffuse des anti-valeurs qui offensent la dignité des populations les plus pauvres et les plus vulnérables par des propositions concernant la limitation des naissances, le concept non responsable des rapports sexuels et même l'avortement. Nous sommes en face d'un courant de pensée que l'on peut qualifier d'utilitariste et de néomalthusien.

Dans ses cinq parties, la Note propose un ensemble plein d'espérances différent de celui exposé dans le Field Manual; elle fait une proposition pastorale ad hoc qui se base sur l'amour pour les réfugiés et qui respecte totalement la vérité morale et la dignité des consciences personnelles.

Enfin, la Note encourage les divers responsables de la vie publique ainsi que les hommes de bonne volonté à poursuivre leurs efforts pour assurer aux réfugiés un espace capable de rendre à chacun un visage qui soit à l'image et à la ressemblance de Dieu.

Puisse la présente Note aider nos communautés à mieux connaître les problèmes des réfugiés, à comprendre leurs difficultés, à défendre leurs droits, en particulier celui à la vie, à les assister corporellement et spirituellement, suivant ainsi l'exemple de Jésus qui a vécu la condition de réfugié, et leur prêtant une attention et une sollicitude particulières.

La tragédie des réfugiés constitue une « plaie typique et révélatrice des déséquilibres et des conflits du monde contemporain »,[1] au sein de laquelle l'Église se trouve présente avec son amour et par son assistance. Pour ceux qui croient en Jésus Christ, ce qui compte avant tout, dans le service du prochain, c'est la dignité inaliénable de la personne humaine créée à l'image de Dieu (Gn 1,27). Dans l'esprit du grand Jubilé, l'Église se réjouit de la collaboration « entre les peuples de toute langue, race, nationalité et religion », pour faire face aux grands défis du nouveau millénaire, et elle souhaite la création « d'une nouvelle culture de solidarité et de coopération ».[2]

 I. Le Saint-Siège, l'ONU et la santé reproductive

Parmi les organisations avec lesquelles le Saint-Siège collabore à différents niveaux, l'Organisation des Nations unies (ONU) a une place privilégiée. En son sein, le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) s'occupe depuis cinquante ans de la protection de la dignité et des droits des réfugiés. Il y a de nombreux exemples de collaboration fructueuse entre le HCR et l'Église catholique, tant au niveau international que dans les différents pays qui vivent l'expérience des déplacements forcés de personnes.

Tout en appréciant les principes qui guident l'action du HCR, le Saint‑Siège ne peut se dispenser de manifester ses réserves lorsque les modalités de l'assistance accordée, ou même les moyens utilisés, sont susceptibles de causer de graves préjudices à la dignité de la personne et à sa vie, depuis les premiers moments de sa conception jusqu'à sa mort naturelle, comme le reconnaît la raison humaine et comme l'enseigne la morale catholique. C'est dans ce contexte que doit être compris le sens de la présente Note au sujet de l'Inter-agency Field Manual on Reproductive Health in Refugee Situations, document publié en 1999 par le HCR.[3] Bien que l'on trouve des aspects positifs dans ledit manuel, il convient de souligner qu'il y en a d'autres qui sont opposés à la morale. Les organisations catholiques engagées avec le HCR pour la protection et l'assistance des réfugiés se trouvent dans une situation privilégiée pour promouvoir la vraie dignité des réfugiés en ce qui concerne la sexualité, la famille, les adolescents et les enfants. La présente Note offre aux évêques et aux agents pastoraux et humanitaires catholiques une brève analyse du Field Manual ainsi que certaines indications pour la protection et la promotion de la dignité et de la santé intégrale des réfugiés.

Nos réserves sur le Field Manual reflètent la préoccupation de l'Église face à la confusion morale et intellectuelle qui s'est répandue dans l'opinion publique au cours de ces dernières années, que ce soit parmi divers responsables politiques, au sein des institutions internationales ou dans la façon même d'exercer la médecine. Il s'agit plus précisément de la manière de répondre à la question: qu'est-ce que l'homme?[4] La réponse implicite, et parfois explicite, du Field Manual reflète une approche philosophique qui, dans son effort pour promouvoir la liberté individuelle, néglige les devoirs correspondants, aussi bien individuels que sociaux. Elle risque d'offenser la dignité même des populations les plus pauvres et les plus vulnérables par des propositions concernant la limitation des naissances, le concept de non-responsabilité dans les rapports sexuels et même l'avortement. En outre, il manque dans cette réponse l'attention nécessaire à la connaissance de la culture et de la religion des réfugiés. En définitive, on y trouve de nombreuses traces d'un courant de pensée que l'on pourrait qualifier d'utilitariste et de néo‑malthusien.

Le Field Manual reflète les discussions sur la « santé reproductive » qui se sont déroulées au cours de la « Conférence sur la population et sur le développement » tenue au Caire en 1994. Cette « santé reproductive » est promue aujourd'hui par certaines organisations de l'ONU comme l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour la Population (FNUAP). Lors de la session conclusive de la Conférence du Caire, le Saint-Siège a fait une déclaration dans laquelle il a exprimé les réserves de l'Église sur l'idéologie de la « santé reproductive ».[5] Ces mêmes réserves s'appliquent au Field Manual.

II. L'Amour de l'Église pour les réfugiés

Dans le contexte de sa mission universelle, l'Église, accordant une attention particulière aux signes des temps, ressent de manière toujours plus profonde le douloureux phénomène que représentent les millions de personnes déplacées et de réfugiés. Elle veut collaborer pour que ces personnes puissent bénéficier d'une amélioration de leurs conditions de vie et jouir d'une protection pour leur vie et leur santé.

Dans son message à propos des émigrants — et cela vaut d'autant plus pour les réfugiés — le Pape Paul VI déclarait: « Nous Nous intéressons particulièrement aux souffrances que subissent les émigrants à l'occasion de leurs déplacements: ils souffrent d'un traumatisme spirituel et moral, qui bouleverse tous les jugements intérieurs. Tandis que dans leur âme s'insinuent des aspirations de tout genre dont l'une, celle de meilleures conditions de vie, est bonne et digne, une facile confusion d'idées se produit, qui ébranle les principes sur lesquels se fondaient l'honnêteté, la normalité et le caractère humain de leur psychologie. De nombreux émigrants abandonnent ainsi toute pratique religieuse, [...] et beaucoup sont bouleversés dans leurs affections familiales par la tristesse des conditions dans lesquelles ils se trouvent et par l'explosion de passions désordonnées. L'émigration provoque des crises religieuses et morales si graves et si répandues, elle comporte de telles souffrances et de telles peines que le ministère pastoral de l'Église ne peut pas s'en désintéresser; et plus le phénomène migratoire va en s'accentuant et en s'aggravant en ces dernières années, plus la sollicitude du clergé diocésain, des religieux et du laïcat catholique doit intervenir et faire preuve d'une aptitude souple et multiple à apporter réconfort et assistance aux émigrants, dans une mesure aujourd'hui accrue et urgente ».[6]

L'Église, interpellée par ces situations inhumaines, les assume dans sa sollicitude apostolique, convaincue que « l'annonce du Christ et du royaume de Dieu doit devenir un instrument de rachat humain pour ces populations ».[7]

III. Points préoccupants dans le field manual

Avant d'entrer dans l'analyse spécifique des points les plus préoccupants du Field Manual, il faut rappeler qu'il y a une différence de fond entre la conception utilitariste de la sexualité humaine, associée au concept de la santé reproductive, et la perspective offerte par l'Église dans son respect pour la dignité de l'homme et de sa sexualité.[8] L'anthropologie sexuelle fondée sur la révélation divine déclare que « l'homme et la femme sont créés, c'est‑à‑dire, ils sont voulus par Dieu: dans une parfaite égalité en tant que personnes humaines, d'une part, et d'autre part dans leur être respectif d'homme et de femme ».[9] Dieu « les a créés pour une communion de personnes, en laquelle chacun peut être « aide » pour l'autre parce qu'ils sont à la fois égaux en tant que personnes (« os de mes os... ») et complémentaires en tant qu'homme et femme ».[10] Leur vie conjugale est destinée à être féconde et à se réaliser dans l'œuvre commune de la sauvegarde de la création,[11] conforme à la juste générosité d'une paternité‑maternité responsable, selon les critères objectifs de la moralité.[12] Il faut donc respecter la double signification du don mutuel de l'homme et de la femme, ouvert à la vie, dans le mariage, signification contredite par la contraception encouragée par la prétendue « santé reproductive ».

Aujourd'hui, les connaissances scientifiques permettent d'affirmer que la vie humaine commence dès l'instant de la fécondation. C'est pourquoi la raison est appelée à accueillir, du point de vue philosophique et éthique, la valeur humaine permanente de la vie individuelle telle qu'elle existe depuis ce moment initial. Sa défense et sa protection sont une exigence de la loi naturelle. D'autre part, se fondant non seulement sur la révélation mais aussi sur la raison, l'Église affirme l'obligation de respecter et de protéger le droit à la vie de chaque embryon humain, et elle refuse comme immorale toute action qui en provoquerait l'avortement ou qui viserait à le manipuler.[13]

Le Field Manual, en particulier au chapitre IV, propose sans réserve, après des rapports sexuels forcés, le recours à ce qu'on appelle la « contraception d'urgence », connue aussi sous le nom de « pilule du lendemain ». Il la présente comme « contraceptive ». La réalité est que cette pilule n'est pas que contraceptive, car, en cas de fécondation déjà réalisée, elle pourrait provoquer un avortement chimique dans les premiers jours de la grossesse. L'OMS relativise le statut biologique de l'embryon au cours des premiers jours en l'appelant « pré-embryon », ce qui veut dire simple amas de cellules. Nous avons ici un sophisme car cette dénomination ne correspond pas à une base biologique précise. La morale naturelle ne peut pas accepter l'usage de cette « contraception d'urgence ».[14]

Dans la même ligne, les moyens de contrôle de la natalité promus par le Field Manual[15] sont inacceptables, en raison notamment de leur effet abortif bien connu (ch. VI); il s'agit de la pilule contraceptive à base de progestatifs (« mini-pilule »), des contraceptifs injectables (Depoprovera), ou d'implants sous-cutanés (Norplant), et du stérilet (IUD).

Il faut noter que le Field Manual présente la stérilisation comme une simple « contraception ». Il s'agit au contraire d'une suppression radicale de la fonction procréatrice, souvent pratiquée dans les pays pauvres sans que la victime de cette procédure en soit correctement informée.

En outre, on ne peut accepter la séparation entre sexualité et procréation, promue par le Field Manual, par la promotion d'une attitude libre de tout jugement (non-judgemental) sur les rapports extra-conjugaux ainsi que sur les rapports homosexuels. Voilà pourquoi les pasteurs doivent être très attentifs face aux programmes d'information sur la santé reproductive proposés par le Field Manual pour les adolescents réfugiés (ch. VIII). Au lieu d'être éduqués au véritable amour, dans la perspective du mariage et d'une future famille, ces garçons et ces filles sont introduits dans l'univers du plaisir sexuel individualiste et irresponsable, qui augmente le risque du développement de l'épidémie du VIHSIDA. Au lieu de promouvoir l'éducation des jeunes à une procréation responsable, qui serait la véritable voie pour une prévention durable de cette infection, le Field Manual se contente de proposer le préservatif, comme on l'a déjà vu par le passé dans les écoles ou dans les lieux où sévissaient des conflits armés, avec la distribution de documents et de matériel contraceptif. Le Field Manual prévoit l'omniprésence de ce préservatif en quantité massive, même si le pourcentage non négligeable d'échec de ce mode de « protection » est aujourd'hui plus que démontré. Le Field Manual n'est pas l'instrument le mieux adapté pour une éducation à la responsabilité sexuelle réfléchie.

Les méthodes naturelles sont moralement licites, quand il y a de justes motifs, et elles sont donc adaptées à la procréation responsable même dans les camps de réfugiés, car elles ne coûtent rien, elles respectent le corps et le rapport du couple, et elles favorisent le dialogue et l'attitude responsable des conjoints.[16]

Un dernier point, assez préoccupant, est présenté par le Field Manual: la présence dans le milieu des réfugiés, sous forme de soins médicaux post-avortement, de matériel permettant de réaliser des avortements (l'aspiration par MVAs ou « manual vacuum aspirator »). Il s'agit d'un matériel qui sera mis dans les mains d'agents de santé plus ou moins qualifiés, alors qu'il devrait être utilisé exclusivement par des médecins. Dans ces conditions, il sera extrêmement difficile de contrôler l'usage réel de ce matériel et de vérifier si la déclaration insérée à la demande expresse du Saint-Siège, au ch. VI du Field Manual en aucun cas, l'avortement ne doit être promu comme une méthode de contrôle des naissances »), sera effectivement respectée.

IV. Approche Pastorale

L'introduction du Field Manual parmi les populations de réfugiés ou d'autres personnes déplacées ne doit pas être prise à la légère par les pasteurs d'âmes qui sont chargées de ces personnes, aussi bien dans les camps qu'en d'autres lieux. La diffusion du Field Manual est l'occasion d'un nouvel appel pour l'Église à assurer une présence pastorale plus active dans ces situations, présence qui ne se limite pas à la seule assistance. Ainsi, c'est en se fondant sur la morale évangélique que la communauté chrétienne fournit sa contribution spécifique, en travaillant avec tous les réfugiés et avec les organisations qui se consacrent à leur service.

Les réfugiés et les personnes déplacées sont souvent privés de tout et, dans la mesure de leurs nécessités concrètes, ils ont un besoin supplémentaire d'amour, d'attention, de sollicitude, de solidarité active de la part des chrétiens et des pasteurs qui vivent à leurs côtés. Organiser la charge pastorale de ces personnes, assurer leur bien spirituel, leur accès à la parole de Dieu, au pardon sacramentel, à l'Eucharistie et aux autres sacrements, tout cela fait partie de la réponse que les chrétiens doivent apporter au commandement donné par le Christ d'aimer leurs frères.

Naturellement, l'église locale comme aussi l'Église universelle sont engagées dans l'assistance matérielle, psychologique et médicale des réfugiés. Les organismes catholiques qui s'occupent de leur venir en aide et de les secourir sont généralement responsables vis‑à‑vis d'une Conférence épiscopale. Les Conférences épiscopales elles‑mêmes, dans les pays où se trouvent les réfugiés, établissent des contacts avec eux par l'intermédiaire de ces organismes et aussi par leurs propres services d'aide humanitaire. Ces organismes qui, au nom de l'Église, collaborent à cette assistance, sous la responsabilité des Conférences épiscopales, feront preuve, dans leur fidélité au Christ, d'un respect particulier des réfugiés et de leurs droits, quelles que soient les conditions de vie ou la religion de ces réfugiés. Les pasteurs d'âmes qui se rendent chez les réfugiés pour les aider spirituellement ont également le devoir de promouvoir chez ces réfugiés un sentiment de dignité, de respect de soi et de respect mutuel. Ils doivent susciter, par leur exemple, l'attention et le respect chez les personnes qui assistent les réfugiés et chez les différents responsables.

V. Problèmes pastoraux spécifiques

L'introduction du Field Manual on Reproductive Health pose, par ailleurs, des problèmes spécifiques au niveau pastoral et moral. L'attention pastorale envers les fidèles demande que chaque Conférence épiscopale tienne compte également de leur santé physique. Parmi ces fidèles, se trouvent des personnes qui font partie de la population des réfugiés. Elles sont généralement sous-alimentées, affaiblies et elles se trouvent souvent dans des conditions de santé précaires. Le Field Manual encourage ce qu'il appelle la « santé reproductive », dans une perspective plus que réduite. Comme l'Église, avec ses organisations caritatives, avec l'aide de ses personnes consacrées, avec son personnel de santé et ses médecins catholiques, est généralement très présente, sur le plan exécutif, dans ces situations de réfugiés, les pasteurs doivent veiller à ce que ne soient pas admises les pratiques du Field Manual jugées immorales.

Les pasteurs ont avant toute autre chose le devoir de veiller au respect des personnes réfugiées et de leurs droits. Ceci suppose qu'ils connaissent les réfugiés et le personnel de la santé à leur service, qu'ils gagnent leur confiance, écoutent leurs appels et soient attentifs à toute démarche de confiance.

La formation est un devoir des agents pastoraux et des laïcs chrétiens engagés dans le service des réfugiés. Il ne s'agit pas seulement de donner une information sanitaire mais de rappeler l'éthique fondée sur la parole de l'Évangile, avec toute sa force et son invitation permanente à la sainteté, quelles que soient les conditions de l'existence du chrétien. On présentera ainsi la vision chrétienne de la vie et de la sexualité humaines avec ses exigences ainsi que l'enseignement du Magistère en ce qui concerne l'immoralité de la collaboration à l'avortement, à la stérilisation et à la contraception. On essaiera tout particulièrement d'accorder du temps et de l'attention aux enfants et aux adolescents réfugiés, en organisant, dans la mesure du possible, des rencontres pour les préparer à l'amour vrai et à la perspective de leurs fiançailles et de leur mariage. On parlera également du SIDA et de sa prévention au moyen du respect de la dignité de son corps.

Enfin, les pasteurs d'âmes s'efforceront d'offrir, autant que faire se peut, au personnel sanitaire en service auprès des réfugiés une aide spirituelle spécifique. Le personnel de la santé et les médecins qui œuvrent dans ces conditions sont souvent des étrangers, volontaires, dévoués et généreux, qui peuvent ressentir un certain malaise en raison des conditions difficiles dans lesquelles ils doivent agir, avec parfois peu de moyens pour faire face à leur tâche. Tout cela pourrait les porter à négliger les exigences de la vérité morale. En conséquence, ils peuvent être ainsi tentés d'appliquer aux réfugiés des moyens qui leur paraissent plus simples et plus expéditifs, en offrant peu d'informations à la personne traitée, surtout lorsqu'il y a des problèmes à se faire comprendre. Il est donc important d'établir de bonnes relations humaines avec le personnel de la santé, avec les médecins et les collaborateurs, en les encourageant, en valorisant leur service et en leur rappelant la parole de Dieu. Ceux qui, parmi eux, sont catholiques devraient recevoir une aide spéciale, catéchétique et sacramentelle, de même qu'une information claire concernant l'enseignement de l'Église en matière de morale sur la famille et sur la sexualité.

Conclusion

L'Église catholique ne peut pas ne pas entendre le cri des plus pauvres, des plus faibles, de ceux qui ne peuvent pas intervenir dans les décisions qui sont prises à leur sujet. L'Église les accueille, les soutient et assume leur défense contre toute tentative autoritaire ou manipulatrice perpétrée à leur encontre. C'est dans une telle perspective que se place sa relation avec le HCR: par sa connaissance de la nature humaine et par sa vision éthique, l'Église peut encourager efficacement le HCR dans sa mission de protection de la dignité humaine des réfugiés, et aussi l'amener, si nécessaire, à respecter plus fermement la vérité morale et la dignité des consciences. Dans ce sens, les rapports entre l'Église catholique et le HCR dans l'aide aux réfugiés pourront devenir toujours plus étroits et plus fructueux. C'est dans un tel esprit de collaboration que nous présentons ces observations concernant le Field Manual on Reproductive Health in Refugee Situations.

 Cité du Vatican, 14 septembre 2001, fête de l'Exaltation de la Sainte Croix.

 Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé

 Javier Lozano Barragán,Président

 José Luis Redrado Marchite, O.H., Secrétaire

 

 Conseil Pontifical de la pastorale pour les Migrants et les Itinérants

 Stephen Fumio Hamao, Président

Rev. P. Michael A. Blume, S.V.D., Sous-Secrétaire

 

 Conseil Pontifical pour la Famille

 Alfonsocard. López Trujillo,Président

 Francisco Gil Hellín, Secrétaire

 

[1] Jean-Paul II, encyclique Sollicitudo rei socialis, 30 décembre 1987, n. 24: La Documentation catholique 1985 (1988), p. 242. La sollicitude pastorale de la présente note concerne les réfugiés, les demandeurs d'asile, les exilés, les déplacés et toute personne qui fait l'expérience de la migration forcée. Comme il s'agit du concept de « réfugié » adopté par le Saint‑Siège, il est souhaitable que la même protection et les mêmes droits prescrits par le droit international pour la défense des réfugiés, soient aussi reconnus à celui qui vit l'expérience de la migration forcée dans son propre pays. Cf. Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en Deplacements, Les Réfugiés: un défi à la solidarité, nn. 3-4, La Documentation catholique 1989 (1992), p. 927.

[2] Jean-Paul II, Incarnationis mysterium, Bulle d'indiction du grand Jubilé de l'an 2000, n. 12: La Documentation catholique 2194 (1998), pp. 1056-1057; cf. Jean-Paul II,Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix, 1er janvier 2001, n. 17: La Documentation catholique 2239 (2001), p. 5.

[3] Ce manuel est le résultat de la collaboration de divers organismes de l'ONU: OMS, FNUAP et HCR principalement et de certains organismes non gouvernementaux. Une épreuve de ce manuel a déjà été publiée en 1996. La publication de 1999 reprend le texte de 1996 avec des modifications. 
[4] Cf. Concile Oecuménique Vatican II,Constitution pastorale Gaudium et Spes, n. 12.
[5] Cf. Saint-Siege(Mgr Martino R.), Consenso parziale e con riserve, « L'Osservatore Romano », vendredi 16 septembre 1994, p. 4.

[6] Paul VI, Radiomessage pour la « Journée de l'émigration », 24 novembre 1963: Documents Pontificaux de Paul VI, 1963, vol. I, Editions Saint-Augustin, Saint-Maurice, Suisse, 1967, p. 456: le contexte original est celui de l'émigration en général, dont l'expérience des réfugiés est un exemple particulièrement dramatique.

 [7] Jean-Paul II, encyclique Redemptoris missio, 7 décembre 1990, n. 37: La Documentation catholique 1988 (1991), p. 167; cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instruction De libertate christiana et liberatione, n. 61, 22 mars 1986: La Documentation catholique 83 (1986) pp. 393-411.

 [8] Cf. Conseil Pontifical pour la Famille, Vérité et signification de la sexualité humaine: Des orientations pour l'éducation en famille, 8 décembre 1995, n. 8-15: La Documentation catholique, 92 (1996) pp. 209-210.

 [9] Catéchisme de l'Église Catholique, n. 369; voir Gn 1, 27.

[10] Ibid., n. 372.

[11] Cf. Ibid., n. 1604.

[12] Cf. Ibid., n. 2368.

[13] Jean-Paul II, encyclique Evangelium vitae, 25 mars 1995, n. 60: La Documentation catholique, 92 (1995) pp. 381-382.

[14] Cf. Académie Pontificale pour la Vie, Communiqué sur la « pilule du lendemain », La Documentation catholique 1997 (2000), 1067-1068.

[15] Cf. Paul VI, encyclique Humanae vitae, 25 juillet 1968, n. 14: La Documentation catholique 65 (1968) col. 1448-1449.

 [16] Sur les non-valeurs inhérentes à la mentalité contraceptive (bien différente de l'exercice responsable de la paternité et de la maternité réalisées dans la pleine vérité de l'acte conjugal), cf. Jean-Paul II, encyclique Evangelium vitae, n. 13: La Documentation catholique 92 (1995) pp. 356-357.

top