Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People People on the MoveN° 96 (Suppl.), December 2004
QUITTER CHEZ SOIPOUR RENCONTRER LES AUTRES
M. lÂÂÂAbbé Jean-Yves BAZIOU, Professeur, Université Catholique de lÂÂÂOuest Angers, France
LÂÂÂacte de partir et celui de rencontrer les autres sont deux composantes du voyage touristique. Ce sont aussi des gestes profondément signifiants sur le plan de lÂÂÂexistence humaine et sur celui de lÂÂÂexpérience chrétienne. Nous tentons ici de mettre en rapport ces deux gestes avec la foi chrétienne pour comprendre ce que le christianisme peut apporter à lÂÂÂédification dÂÂÂun véritable humanisme touristique, mais aussi en quoi lÂÂÂexpérience du tourisme nourrit et interroge lÂÂÂexistence et lÂÂÂagir chrétiens. 1 - Quitter chez soi Commençons par lÂÂÂacte de partir de chez soi. Le christianisme ne cesse de dire que nous sommes tous des migrants. DÂÂÂun bout à lÂÂÂautre de la Bible résonnent des impératifs de départ: va, viens, pars, quitte. Cet appel à quitter sa maison, sa terre dÂÂÂorigine, peut être mis en affinité avec le voyage touristique de manière à en faire percevoir les raisons profondes et lui indiquer une perspective et une signification. 1.1  Le christianisme: une religion de voyageurs et de passants La métaphore du voyage revient souvent dans les Ecritures pour évoquer lÂÂÂétat de lÂÂÂhomme ici-bas, et notamment celui du croyant. Le psalmiste sÂÂÂidentifie à lÂÂÂétranger de passage: « Je suis lÂÂÂétranger chez toi, un passant comme tous vos pères »[1]. LÂÂÂépître aux Hébreux rappelle que nous sommes des « étrangers et voyageurs sur la terre »[2]. Dès la Genèse, lÂÂÂépée des Chérubins interdit à Adam tout retour au Jardin originel[3]. SÂÂÂil faut chercher un jardin, cÂÂÂest désormais au terme dÂÂÂune marche en avant. Nous ne sommes pas des nostalgiques dÂÂÂun âge dÂÂÂor primitif: notre culture est une culture de la Promesse. A vouloir se retourner sur une demeure passée, un être humain court le risque dÂÂÂêtre pétrifié, à lÂÂÂimage de la femme de Loth qui avait transgressé lÂÂÂinterdit divin de regarder en arrière[4]. CÂÂÂest donc dans nos arrachements aux passés perdus que nous allons vers le salut. Tel sera le chemin des Patriarches: une marche vers une terre promise. LÂÂÂélection divine exige dÂÂÂAbraham quÂÂÂil se sépare de ses racines: elle le rend étranger au sol de ses ancêtres et aux dieux de sa terre. Moïse aura pour patrie lÂÂÂabsence de patrie: « devenu un émigré en terre étrangère »[5], il meurt en voyage, sans atteindre le « pays ruisselant de lait et de miel »[6]. Le peuple dÂÂÂIsraël a pour histoire une longue transhumance. Depuis son expérience fondatrice qui est celle dÂÂÂun départ et dÂÂÂune séparation de lÂÂÂEgypte, sa marche de peuple de Dieu est sans cesse relancée. Sommé de ne pas sÂÂÂarrêter, de lÂÂÂExode à lÂÂÂExil, il éprouve la relativité de tout enracinement, de toute demeure ou but atteints. Jésus est un « passant considérable ». Il y a une transitivité essentielle de Jésus. Né au cours dÂÂÂun voyage, réfugié en terre étrangère, il est passé parmi nous en faisant le bien[7] et mène durant sa vie publique une existence de prédicateur itinérant, parcourant villes et villages[8], tel un vagabond charismatique « nÂÂÂayant pas où reposer la tête »[9], marchant du Jourdain au désert de Juda, de la Galilée à Jérusalem. A la question de savoir où il demeure, il répond: « venez », et à celle de savoir qui il est, il répond en sÂÂÂidentifiant au chemin: « Je suis la voie »[10]. Il demeure dans lÂÂÂacte de passer et celui qui le rejoint marche à sa suite en sa compagnie. Sa vérité sÂÂÂéclaire dans la pratique dÂÂÂun chemin. Le terme de son itinéraire, à Jérusalem, est lÂÂÂheure dÂÂÂun autre départ: « maintenant, Père, je vais à toi »[11]. Au tombeau du matin de Pâques les femmes ne trouvent plus quÂÂÂun messager et un message: « il nÂÂÂest pas ici Il vous précède en Galilée ». Marie de Magdala, dans son chagrin, entend quÂÂÂil reste encore au Seigneur à monter vers son Père et à elle à sÂÂÂen aller vers ses frères[12]. Il leur faut tourner le dos à la fascination de la mort et repartir en chemin. Pâques relance notre marche de vivants. Le Christ vivant vient désormais à nous sur nos chemins dÂÂÂhumanité. LÂÂÂEglise, sous lÂÂÂimpulsion de saint Paul, émerge comme une communauté de voyageurs. LÂÂÂapôtre nÂÂÂest-il pas dÂÂÂailleurs lui-même un voyageur, un messager mis en chemin pour porter et adresser la bonne nouvelle de salut de Jésus? Paul sÂÂÂadresse à des personnes et des groupes sociaux en marge du corps civique des villes méditerranéennes parce que ce sont des gens en transit: des commerçants, des marins, voire même des bannis ou des esclaves en fuite. Grâce aux communautés chrétiennes, ces gens qui avaient peu de droits dans les Cités vont créer entre eux des liens de solidarité et sÂÂÂaccueillir mutuellement. LÂÂÂEglise paulinienne advient comme une communauté des étrangers unis dans un lien social qui transcende le lien politique: « vous nÂÂÂêtes plus des étrangers ni des émigrés; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la famille de Dieu »[13]. Depuis ses origines, lÂÂÂEglise a progressé en suivant les voies de communication, et sÂÂÂest instituée à partir de cités carrefours. Jean-Paul II rappelle ainsi que dans les premiers siècles de son histoire, « le christianisme sÂÂÂest répandu surtout parce que les chrétiens qui voyageaient ou allaient sÂÂÂétablir dans des régions où le Christ nÂÂÂavait pas été annoncé, y témoignaient de leur foi avec courage et y fondaient les premières communautés »[14]. Sa nature apostolique oblige lÂÂÂEglise à emprunter, non sans ambiguïtés parfois, les infrastructures qui permettent aux peuples de commercer. Il y eut les voies romaines, les routes de la chrétienté, les axes souvent colonisateurs de lÂÂÂexpansion européenne, il y a aujourdÂÂÂhui le maillage de plus en plus serré de la planète par les multiples technologies et moyens de communication qui offrent à des masses de plus en plus considérables dÂÂÂhommes une mobilité et des contacts sans cesse croissants. En se multipliant et en sÂÂÂaccélérant, les flux de populations favorisent une interdépendance qui ouvre de nouvelles opportunités à lÂÂÂEglise. Comme lÂÂÂanalyse Jean-Paul II, « dans le monde moderne, il est de plus en plus difficile de tracer des lignes de démarcation géographiques ou culturelles, il y a une interdépendance croissante entre les peuples et cela constitue un stimulant pour le témoignage chrétien et lÂÂÂévangélisation »[15]. LÂÂÂEglise tout entière missionnaire pérégrine sur les routes des échanges humains. Et plus la mobilité sÂÂÂaccroît, plus nous sommes amenés à passer dÂÂÂune pastorale de sédentaires à une pastorale de nomades. Communauté de voyageurs, lÂÂÂEglise se comprend elle-même comme une communauté en voyage. Car elle nÂÂÂa pas de chez soi définitif. Elle ne fait que « séjourner » en un lieu donné: les paroisses ne sont que des regroupements ou des résidences temporaires pour des chrétiens. Nous ne sommes que des hôtes sur cette terre [16]. Nous marchons vers une cité différente. Pour un chrétien, il nÂÂÂy a donc pas sur terre ou dans le temps présent un sol désignable comme étant le paradis, lÂÂÂaboutissement dernier. Combien de castes, dÂÂÂidéologies, de régimes politiques, de groupes religieux ou de systèmes économiques nÂÂÂont-ils pas voulu désigner un tel lieu: Eldorado, société parfaite, cité sainte! Sur ce point, la foi en Dieu nous offre de la lucidité: même sécularisé, le cÂÂÂur de lÂÂÂhomme reste une fabrique dÂÂÂidoles. Il voudrait tant sacraliser tel ou tel ordre existant ou imaginé, sÂÂÂarrêter là. CÂÂÂest ce dont se méfie plus que tout un chrétien, car il est un homme de départs: il sait et éprouve quÂÂÂil nÂÂÂy a pas un lieu où fixer Dieu. Il lui faut aller toujours plus loin vers le Dieu plus grand que lÂÂÂexpérience quÂÂÂil en a faite. Dieu ne peut être détenu. Il sÂÂÂéprouve dans un pas de plus par rapport à ce que nous connaissons déjà de lui. Il est lÂÂÂinfini appelant une démarche infinie, se dévoilant dans notre itinéraire. Impossible de sÂÂÂarrêter. Dieu passe en notre propre passage. Il se dévoile à nous comme sÂÂÂenracinant dans lÂÂÂailleurs et le futur. Au cÂÂÂur de lÂÂÂexpérience spirituelle réside lÂÂÂimpératif du détachement. 1.2- La leçon des départs De quelle lumière cette manière chrétienne de comprendre lÂÂÂacte de quitter son lieu peut-elle éclairer le geste de départ du touriste? Elle permet dÂÂÂabord de chercher à saisir le sens du désir de voyage: aller voir ailleurs a un rapport avec la nature profonde de notre être. Ce geste renvoie à un essentiel anthropologique: nous demeurons dans le monde mais nous ne cessons de nous y mouvoir. LÂÂÂhomme est un « être-dans » le monde mais sa manière dÂÂÂy habiter est d« aller-vers ». Voyager dit que lÂÂÂhomme nÂÂÂest pas attaché à un lieu donné. Il a la propriété du souffle qui lÂÂÂanime: la mobilité. Notre condition humaine est dÂÂÂêtre en exode, dÂÂÂavoir une identité de passant. Nous cherchons encore notre demeure. LÂÂÂhomme nÂÂÂest ni dÂÂÂici, ni même dÂÂÂailleurs. Il advient sans cesse. Eternels migrants, nous marchons vers autre chose: le bonheur, la paix, la sécurité et la sérénité dÂÂÂune maison. Mais cette demeure dernière, nous ne la tenons pas. Le sens dernier nous est caché. Peut-être que le voyage touristique nous renvoie par là à lÂÂÂune des grandes leçons des religions: lÂÂÂabstention, la séparation dÂÂÂavec le but ultime, dÂÂÂavec lÂÂÂAbsolu. CÂÂÂest ce que signifient les gestes de tant de liturgies: il faut quitter ses chaussures, garder les mains ouvertes, attendre le jour de la Révélation plénière et de la parousie, veiller, pèleriner. La part de lÂÂÂhomme est aussi ce qui lui échappe. Il est un être de manque. Voilà pourquoi nous ne cessons de repartir et de voyager: nous ne sommes jamais satisfaits des demeures établies, de lÂÂÂordre des choses, de la parole instituée ni même dÂÂÂun havre provisoire de paix. Voilà pourquoi, où quÂÂÂils soient, un homme ou une femme regardent toujours plus loin. Si on pouvait suivre leur âme, on verrait les images des pays quÂÂÂils rêvent. Nous sommes pétris du désir de traverser dÂÂÂautres paysages. Il y a tant et tant de chemins qui nÂÂÂont pas encore été foulés. Partir en voyage peut être la manifestation dÂÂÂun espoir. Je trouve quÂÂÂà travers les vacances, les loisirs ou les voyages, les hommes et les femmes espèrent encore, peut-être pas des futurs meilleurs, mais au moins quelques jours heureux. Certains disent même quÂÂÂun moment de bonheur peut avoir un goût dÂÂÂéternité. Il y a sans doute de multiples raisons de quitter sa maison. Et cÂÂÂest devenu possible pour de plus en plus de monde grâce au développement des moyens de transport et de la liberté de circulation. Le voyage répond à la volonté de vérifier de ses propres yeux ce qui nÂÂÂest quÂÂÂune image, de connaître dÂÂÂautres peuples, de percevoir lÂÂÂhumanité de façon plus fine, plus complexe et plus globale. Défini comme « un déplacement hors de son lieu habituel de résidence »[17], le voyage touristique représente une rupture vis-à-vis du routinier: il offre de sortir de la clôture de son village, de son quartier, de son clan ou de sa nation et dÂÂÂétendre ses relations. LÂÂÂéloignement rend possible de nouvelles expériences: cultiver un style de relations moins contraintes, plus détendues et spontanées, avoir un contact renouvelé avec la nature, rechercher une régénérescence du corps et du psychisme à travers une immersion dans les éléments (eau, soleil, air plus pur), pouvoir choisir ses activités en les orientant vers la joie plus que vers le nécessaire ou lÂÂÂutile, découvrir de nouveaux espaces. Ce que manifeste ce départ, cÂÂÂest le désir ancré au plus profond de notre être dÂÂÂhabiter la terre dÂÂÂune autre manière. Il est une autre rupture offerte par le voyage touristique: quitter ses préjugés, cÂÂÂest-à-dire relativiser les jugements trop hâtifs sur les autres. Il conduit à perdre un peu ses repères et à troubler ses certitudes initiales non réfléchies. Le départ oblige à penser autrement, à sÂÂÂinterroger, à se rendre compte de ses limites et de ses ignorances. Se dépayser nÂÂÂest pas dÂÂÂabord voir dÂÂÂautres pays mais quitter le sien et accepter de devenir différent. Quitter chez soi est alors se quitter un peu soi-même. Le départ manifeste la faculté humaine de dépasser sa condition présente. Il jette lÂÂÂhomme vers lÂÂÂaltérité. Partir de son monde dit donc notre capacité de nous ouvrir sur ce que nous ne savons pas, de consentir à lÂÂÂinconnu. SÂÂÂinterroger sur le pourquoi du déplacement touristique nÂÂÂest pas neutre: la réponse oriente lÂÂÂexistence du voyageur. La foi chrétienne interroge les motifs de départ du touriste avec la visée que ce départ serve lÂÂÂhumanisation et la sanctification de la personne. A quoi, à qui le touriste dit-il oui lorsquÂÂÂil décide de quitter sa maison? Est-ce à une Hauteur positive, à une transcendance, à des valeurs qui lÂÂÂélèvent, ou est-ce à une puissance négative, à des forces qui vont lÂÂÂavilir? La foi chrétienne, qui est la décision de se laisser conduire par une Parole qui nous élève en humanité, sera attentive à alerter sur les penchants qui conduiraient le touriste à avoir des comportements dégradants, à adopter par exemple une permissivité qui déboucherait sur lÂÂÂutilisation scandaleuse dÂÂÂautrui à son profit. Que sert au touriste dÂÂÂaller ailleurs si cÂÂÂest pour y perdre son âme? En cette décision de partir en voyage le touriste peut donc choisir dÂÂÂaller plutôt vers Dieu, cÂÂÂest-à-dire vers un surcroît dÂÂÂhumanité, ou plutôt vers le démoniaque, cÂÂÂest-à-dire vers une diminution de son humanité. En ce départ, cÂÂÂest le salut de son être quÂÂÂil engage. 2 - Rencontrer les autres 2.1  Des raisons chrétiennes de rencontrer QuÂÂÂen est-il maintenant de lÂÂÂacte de rencontrer les autres? Comme chrétiens, nous avons bien des raisons dÂÂÂorienter le voyage touristique vers la rencontre des autres. Tout dÂÂÂabord, Dieu a une nature relationnelle. Il est parole. Il est donc de sa nature dÂÂÂentrer en communication avec ce qui est différent de lui. Il fait alliance, sÂÂÂassocie et sÂÂÂadresse à lÂÂÂhumanité. Vatican II rappelle ainsi que Dieu se révèle dans une conversation amicale[18]. CÂÂÂest au nom de cette relation de Dieu avec nous que lÂÂÂEglise a à communiquer avec les hommes partout où ils cherchent à se comprendre, à faire une terre habitable et à vivre une vie bonne. Dieu est aussi relation à lÂÂÂintérieur de lui-même: lÂÂÂunité trinitaire résulte dÂÂÂun échange entre des personnes différentes. La relation est la substance de Dieu. Croire en Dieu Trinité conduit dès lors à une double résistance: contre la réduction de la diversité humaine à lÂÂÂuniformité, et contre un émiettement qui ignorerait le lien entre tous les hommes. Jésus aussi a une identité relationnelle. Il se définit en relation à son Père et à ses frères, scellant lÂÂÂindissociabilité de la foi et de la charité. Il apprend son identité profonde de ceux quÂÂÂil rencontre et qui le reconnaissent comme le Christ, le Fils de Dieu, le Sauveur, le Messie. Il pose des gestes et profère des paroles qui bouleversent les distinctions habituelles entre familiers et étrangers, ce qui culminera dans le commandement de lÂÂÂamour des ennemis. Il reconnaît ce qui est grand chez lÂÂÂautre et qui transcende son origine, sa culture ou sa tradition. Le Christ est celui qui rend possible la rencontre des autres différents. Pour lui Dieu se révèle dans la proximité dÂÂÂautrui, ce que suggère lÂÂÂunité du commandement de lÂÂÂamour: « Tu aimeras ton Dieu ( ) et ton prochain comme toi-même »[19]. Ainsi lÂÂÂautre nÂÂÂest pas considéré dÂÂÂabord comme dangereux ou menaçant mais comme porteur dÂÂÂune promesse. LÂÂÂautre peut être une grâce. CÂÂÂest dÂÂÂailleurs dans la rencontre de lÂÂÂétranger que le ressuscité se donne à reconnaître aux disciples dÂÂÂEmmaüs. De même cÂÂÂest dans la relation que ressuscite sa Présence: « Là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu dÂÂÂeux »[20]. LÂÂÂidentité chrétienne est ainsi une identité relationnelle. La médiation des frères est nécessaire pour être uni au Christ: il nÂÂÂest pas de foi possible sans écoute de la prédication. La propagation de la foi se fait essentiellement par lÂÂÂétablissement dÂÂÂune communication. LÂÂÂEglise se construit dans lÂÂÂacte dÂÂÂannoncer lÂÂÂEvangile au-delà de ses frontières: elle est conduite à se porter vers les autres, à parler sans cesse en dÂÂÂautres langues car elle a besoin des étrangers pour continuer dÂÂÂêtre. LÂÂÂévangélisation est un départ à la rencontre des autres pour en recevoir une identité renouvelée. Cette rencontre ne vise pas dÂÂÂabord une extension quantitative et spatiale de lÂÂÂEglise mais une justesse spirituelle pour reconnaître et expliciter la présence et lÂÂÂÂÂÂuvre de lÂÂÂEsprit dans le cÂÂÂur et les cultures des personnes et des peuples. Dieu nÂÂÂest pas étranger aux terres qui nous sont étrangères: il parle en des langages quÂÂÂil nous reste encore à décoder. Ici sÂÂÂouvre une manière de penser la mission dans le pluralisme mondial: elle est un art du contact, de la rencontre de lÂÂÂautre afin dÂÂÂen recevoir des scintillements inédits du mystère insondable de Dieu et de discerner les signes du Royaume de Dieu qui sÂÂÂapproche dans le travail des hommes. LÂÂÂautre est celui par qui nous advient la bonne nouvelle de la bienveillance de Dieu pour tous et de la profondeur de son engagement dans notre histoire. CÂÂÂest sur ces bases que progresse la notion de dialogue pour définir un mode de présence de lÂÂÂEglise et de ses membres aux sociétés et cultures contemporaines. Paul VI avait ainsi défini lÂÂÂEglise comme conversation et mis lÂÂÂaccent sur la qualité de la rencontre[21]. Pour un chrétien la rencontre nÂÂÂest donc ni facultative, ni une simple convention de politesse. Elle lui est nécessaire pour grandir dans sa foi en Dieu et dans la charité. Nul ne va vers Dieu ni même vers soi-même sans faire un détour par les autres. Dans le meilleur du christianisme, il y a la place faite à lÂÂÂautre: le différent, lÂÂÂétranger, le pauvre, lÂÂÂéloigné. Il nÂÂÂest donc pas de rassemblement de chrétiens qui ne se conclue par un envoi vers les autres pour aller chercher Dieu ailleurs que dans le culte et édifier des liens de fraternité dans la Cité. Le style communautaire chrétien nÂÂÂest pas communautariste. LÂÂÂamour chrétien ne se réduit pas à la charité des chrétiens entre eux. LÂÂÂassemblée chrétienne est ouverte. Par les rencontres quÂÂÂil favorise, le voyage touristique peut faire redécouvrir que le christianisme est une religion communicationnelle qui cherche à articuler deux dimensions constitutives de toute relation humaine: le lien et lÂÂÂaltérité. Tenues ensemble, elle permettent dÂÂÂhonorer la double reconnaissance de lÂÂÂuniversalité et de la singularité. En ce sens lÂÂÂengagement de chrétiens dans lÂÂÂactivité touristique peut être un atout pour introduire dans le processus de mondialisation en cours lÂÂÂimpératif de la relation respectueuse de la valeur de lÂÂÂautre. Dans lÂÂÂéthique du commandement du prochain, les étrangers sont en effet des semblables en tant quÂÂÂils sont enfants de Dieu et quÂÂÂils partagent la même nature humaine. LÂÂÂEglise ne se présente pas comme une frontière de plus entre les hommes et les peuples mais elle fait traverser les frontières, met en relation des singularités et est un facteur de rapprochement humain. Il est de sa nature dÂÂÂêtre multiraciale et multiethnique. Saint Augustin avait bien explicité cette capacité dÂÂÂétablir des proximités transcendant des appartenances naturelles: « ton prochain nÂÂÂest pas seulement ton frère, ton parent, ton allié. Tout homme a pour prochain tous les hommes. On se regarde comme proche entre père et fils, entre gendre et beau-père. Mais rien nÂÂÂest si proche quÂÂÂun homme et un autre homme »[22]. Il sÂÂÂagit au fond de contribuer à bâtir une mondialisation soucieuse de personnalisation où nous nous éprouverions à la fois si différents et si semblables. Cette double attention à lÂÂÂaltérité et à la relation est une voie possible pour « imprégner le tourisme de valeurs humaines et chrétiennes proclamées par lÂÂÂEvangile du Christ »[23]. Cette voie porte un nom: la charité. Dans un voyage touristique orienté sur la rencontre, la pratique de la charité peut présenter au moins quatre facettes. 2.2  Le tourisme: vers un art de vivre semblables et différents? 2.2.1  La charité ecclésiale: un avant-goût dÂÂÂÂÂÂcuménisme mondial La relation de charité caractérise le vivre-ensemble ecclésial. Dans le tourisme, elle peut prendre la forme de lÂÂÂhospitalité. LÂÂÂaccueil, qui est considéré comme le « noyau central » de la manière dÂÂÂêtre chrétien dans le tourisme[24], offre dÂÂÂabord de mesurer lÂÂÂoriginalité du style ecclésial de communion. Parce quÂÂÂelle ne se confond avec aucune culture ni avec aucun système politique ou social, lÂÂÂEglise est un lieu de rencontre possible entre les peuples, les races et les cultures. Elle est un lien social en surcroît de tous les autres et qui peut les assumer en établissant entre les diversités humaines les conditions dÂÂÂun entretien pacifique. LÂÂÂassemblée eucharistique où se réalise en Christ le rendez-vous de frères venus de cultures différentes manifeste de façon tangible une telle unité et une telle paix. Ainsi aucun chrétien nÂÂÂest un étranger dans une communauté qui célèbre lÂÂÂeucharistie. En offrant de « nÂÂÂêtre étranger nulle part », la communion eucharistique ébauche une fraternité universelle qui transcende les frontières et fait de lÂÂÂEglise une « maison » et une « école de communion »[25]. La pratique de lÂÂÂaccueil permet de vivre une autre originalité du lien ecclésial: lÂÂÂEglise se présente à la fois comme universelle et locale. Elle est universelle en tant quÂÂÂelle est extensive, quÂÂÂelle est disponible à tout homme quels que soient sa condition, son lieu et son temps, quÂÂÂelle dirige les regards de tous les baptisés vers un même centre: le Christ. Mais en même temps elle est aussi toute entière présente en un lieu, inscrite dans des cultures diverses, des contextes particuliers et des histoires singulières. Le voyage touristique est lÂÂÂoccasion dÂÂÂune « visite ecclésiale » consistant à partager la vie de lÂÂÂEglise en un lieu donné [26]. Le touriste y fait lÂÂÂexpérience quÂÂÂil y a diverses manières dÂÂÂhabiter la même Eglise, quÂÂÂen elle cohabitent des identités culturelles différentes. LÂÂÂunité catholique nÂÂÂa rien de monolithique mais elle est bariolée et réside dans une harmonisation des diversités qui la composent [27]. LÂÂÂaccueil peut donc être au service dÂÂÂune découverte réciproque de nos différentes manières dÂÂÂêtre chrétien. La charité ecclésiale ainsi vécue ne donne-t-elle pas au touriste et à ceux qui le reçoivent un avant-goût dÂÂÂun ÂÂÂcuménisme planétaire? Elle suscite le désir de vivre la cohésion humaine en assumant lÂÂÂirréductibilité des différences, de favoriser le passage dÂÂÂune société de tribus ou de nations à une histoire humaine solidaire. CÂÂÂest en cette capacité de faire unité en sauvegardant les distinctions que la manière catholique de faire Eglise représente une résistance, ou même une alternative, à une mondialisation qui, étant uniquement orientée par des impératifs de rentabilité économique, tend à dissoudre les singularités locales dans une globalisation homogénéisante. Dans le tourisme lÂÂÂEglise peut ainsi développer les potentialités de son ministère de réconciliation et donner un avant-goût du peuple de Dieu à venir en ébauchant cette communauté rare que tant dÂÂÂhommes et de femmes appellent de leurs vÂÂÂux: une communauté de respect où nous nous parlerons dans lÂÂÂestime les uns des autres. 2.2.2. - La charité politique: le touriste est un citoyen du monde La « charité politique » est une expression souvent employée par Pie XI à propos de lÂÂÂAction catholique et de lÂÂÂengagement des laïcs dans la société et la vie publique. Elle reste à lÂÂÂordre du jour dans le tourisme. Le tourisme nous fait prendre conscience que notre Cité est désormais la planète. En développant le sentiment dÂÂÂune interdépendance commune, il ouvre à une culture de la sollicitude et de la solidarité mondiales. Mais cela suppose que, où quÂÂÂil aille, le touriste demeure un citoyen responsable, ce qui veut dire dÂÂÂabord quÂÂÂil ne sÂÂÂenferme pas dans un monde artificiel qui le rendrait insensible à la réalité qui lÂÂÂentoure et le ferait sombrer dans lÂÂÂapathie. Il ne fermera pas ses yeux et son cÂÂÂur, mais il sera capable au moins de sÂÂÂindigner de la souffrance provoquée par les injustices: accentuation de lÂÂÂécart entre riches et pauvres, division du monde entre le Nord et le Sud, traitement inégal des pathologies, destruction des ressources et des identités, trafics de drogues Sauf à sÂÂÂenfermer dans une bulle dÂÂÂirresponsabilité, le tourisme ne dispense pas dÂÂÂêtre lucide. Dans le pays visité, il peut y avoir de la misère, de la violence, des répressions politico-militaires. Le tourisme représente une chance politique car tout peut tomber sous le regard de citoyens venus dÂÂÂailleurs. A condition bien sûr de ne pas être en vacance politique quand il se promène, le touriste chrétien peut avoir une fonction de vigilance planétaire en matière des droits de lÂÂÂhomme. Ce tourisme citoyen sÂÂÂoppose à une logique industrielle qui instrumentalise les autochtones et les transforme en marchandises. En 2002, Jean-Paul II dénonçait « ces propositions touristiques de paradis artificiels où sont exploités à des fins purement commerciales les populations locales au bénéfice dÂÂÂun tourisme qui, en certains cas, ne respecte même pas les droits humains les plus élémentaires des habitants du lieu »[28]. La consommation de lÂÂÂhomme en arrive parfois à faire partie de lÂÂÂattraction touristique. CÂÂÂest alors lÂÂÂaltérité des personnes et des peuples qui est détruite. Combien dÂÂÂexploitations scandaleuses par des emplois saisonniers aléatoires, clandestins, sans horaires, mais aussi par lÂÂÂutilisation de lÂÂÂintimité sexuelle de lÂÂÂautre. Le scandale atteint son paroxysme avec lÂÂÂexploitation des enfants. La consommation consiste aussi à folkloriser les traditions et les identités, transformant, par des mises en scène de la vie locale, lÂÂÂauthentique en un faux-semblant et donc en un leurre: on ne rencontre plus lÂÂÂautre puisquÂÂÂil est réduit à lÂÂÂimage que lÂÂÂon veut sÂÂÂen faire. Se sentir citoyen du monde nÂÂÂest-ce pas salutaire pour le tourisme lui-même? Car il évite ainsi la futilité qui serait la sienne sÂÂÂil se réduisait à une culture de lÂÂÂévitement de lÂÂÂautre et de la réalité, et si les touristes nÂÂÂétaient que des porte-monnaie écervelés qui nÂÂÂauraient plus besoin de réfléchir quand ils ont fait ce que certains attendent dÂÂÂeux: faire fonctionner la machine économique. Se souvenant que Jésus a pleuré sur Jérusalem et que le dernier mot de Dieu cÂÂÂest lÂÂÂhomme, un chrétien ne peut que chercher à apporter un supplément dÂÂÂâme au tourisme en lÂÂÂorientant vers la défense et le service des droits et des devoirs humains. 2.2.3.  La charité envers les personnes: le respect et la pudeur Ceci nous conduit à la charité envers les personnes dans le tourisme. La rencontre suppose la différence reconnue et assumée. Un tourisme promoteur de rencontre commencera donc par le respect des individus. Il se manifeste par la salutation qui est un échange de gestes de reconnaissance. Il sÂÂÂagit de témoigner dÂÂÂune dignité réciproque, de considérer lÂÂÂautre comme un autre soi-même, cÂÂÂest-à-dire comme unique. La salutation souligne le caractère éminent de la personne humaine. Le touriste respectera donc les droits et lÂÂÂenvironnement des habitants du lieu. Ceux-ci ne sont pas une matière première à lÂÂÂusage de ses exigences ou de ses plaisirs. Il nÂÂÂa pas à sÂÂÂautoriser ailleurs ce quÂÂÂil ne se permettrait pas chez lui. Les limites éthiques nÂÂÂont pas à sÂÂÂestomper avec le franchissement des frontières. Il évitera également dÂÂÂagresser lÂÂÂautre par la violence de gestes qui pourraient lÂÂÂoffusquer tels que le gaspillage des ressources ou lÂÂÂostentation de richesses. Le voyageur saura également faire preuve de pudeur en adoptant une juste distance vis-à-vis de ceux quÂÂÂil visite. Rencontrer cÂÂÂest passer du fantasme de la fusion à un échange réciproque où chacun apprend de lÂÂÂautre. Il nÂÂÂy a donc pas à vouloir tout voir ni tout savoir mais à attendre lÂÂÂinvitation de lÂÂÂautre pour nÂÂÂentrer que prudemment dans son univers. La distance requise par le respect et la pudeur nÂÂÂest pas éloignement ni indifférence, mais la capacité de se dessaisir de lÂÂÂautre et de le laisser être dans sa liberté. La rencontre est ainsi la découverte que lÂÂÂautre nous demeure un mystère. 2.2.4  La charité sous la forme du dialogue Axé sur la rencontre, le tourisme représente encore une opportunité heureuse pour tisser des liens dÂÂÂéchange entre les personnes, les peuples, les institutions. Jean-Paul II considère en ce sens le tourisme comme « un facteur dÂÂÂune importance fondamentale dans lÂÂÂédification dÂÂÂun monde ouvert à la coopération entre tous, grâce à la connaissance réciproque et à lÂÂÂapproche directe de réalités diverses »[29]. Le tourisme est favorable à lÂÂÂinstauration du dialogue et de la coopération à plusieurs niveaux. Il y a le dialogue de la vie quotidienne qui permet de créer les conditions dÂÂÂune coexistence agréable entre des populations diverses qui se côtoient provisoirement sur un même sol. Il établit une convivialité et une proximité favorables à la cohabitation et à lÂÂÂinterconnaissance. Vécu dans le dialogue, le tourisme est ainsi un vecteur pour un progrès dans la connaissance des convictions ultimes, des religions, des humanismes et des visions du monde de différentes communautés. Il peut alors contribuer au dépassement des exclusivismes, des ignorances et des intolérances. Car la peur de lÂÂÂautre et son rejet viennent souvent de la méconnaissance que lÂÂÂon en a. Même ténu, tout lien de parole vaut la peine dÂÂÂêtre tissé. Vu comme un espace de paroles favorable à lÂÂÂextension de la communication humaine, le tourisme a quelque chose de la Pentecôte si grâce à lui les hommes qui parlent en diverses langues deviennent capables de se comprendre. Chacun nÂÂÂest plus enfermé dans ses frontières. Le tourisme offre enfin lÂÂÂoccasion dÂÂÂun dialogue institutionnel pour créer des alliances, des collaborations ou des partenariats entre lÂÂÂEglise, lÂÂÂEtat et la société civile, par exemple pour instaurer des processus de formation et dÂÂÂéducation. LÂÂÂenjeu dÂÂÂun tel partenariat est dÂÂÂédifier peu à peu une véritable culture touristique inspirée par des principes éthiques partagés même si leurs fondements ultimes diffèrent pour les uns et les autres. LÂÂÂéducation au tourisme prépare à vivre une qualité de la rencontre: celle-ci est dÂÂÂautant plus féconde quÂÂÂelle se prépare à travers des informations et des études éclairées qui attisent le désir dÂÂÂentrer en contact direct avec lÂÂÂautre, et de connaître son patrimoine historique, sa philosophie, sa religion. Un touriste apprend dÂÂÂautant plus dans son voyage quÂÂÂil se sera préparé à être surpris. En conclusion Quitter chez soi et aller rencontrer les autres nÂÂÂest pas sans conséquences sur les identités. En effet, si le voyage a permis une véritable rencontre, chacun devient différent au contact de lÂÂÂautre. Toute rencontre est une confrontation qui laisse une trace en soi. Nous nÂÂÂen sortons pas indemnes. Mais il faut accepter dÂÂÂêtre vulnérable. Voyager cÂÂÂest admettre dÂÂÂêtre marqué par lÂÂÂautre. Cela demande du temps passé chez lÂÂÂautre à sÂÂÂentendre, à se parler, sÂÂÂapprivoiser et se faire confiance. On ne connaît pas une autre culture par un parcours chronométré. On peut avoir été dans un autre pays sans avoir été rencontré. Le tourisme peut habituer à lÂÂÂidée que lÂÂÂon change en échangeant, que la richesse dÂÂÂune personnalité dépend de son degré dÂÂÂouverture à ce qui lui est étranger. Le touriste peut rapporter de son voyage de quoi nourrir sa propre renaissance. Finalement, vers qui est-il parti? NÂÂÂétait-ce pas aussi un peu plus vers lui-même. Au terme de tout voyage chez les autres, il en reste un autre à accomplir: le voyage intérieur pour y rencontrer sa propre étrangeté et son propre mystère. Il arrive quÂÂÂen entrant en soi-même, cÂÂÂest encore un Autre que nous rencontrons. Dieu nÂÂÂest-il pas en effet, comme le disait saint Augustin, « plus intérieur à moi-même que moi-même »?
[1] Ps 39, 13, repris dans 1 P 2, 11
[2] He 11, 13
[3] Gn 3, 24
[4] Gn 19, 26
[5] Ex 2, 22
[6] Ex 3, 8
[7] Ac 10, 38
[8] Lc 13, 22
[9] Lc 9, 58
[10] Jn 14, 6
[11] Jn 17, 11-13
[12] Jn 20, 17-18
[13] Eph 2, 19
[14] Jean-Paul II,
Redemptoris Missio, 82
[15] Jean-Paul II,
Redemptoris Missio, 82
[16] 1 P 1, 1; 2, 11; Jn 17, 14-16
[17] Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants, « Orientations pour la Pastorale du Tourisme », 3, 2001
[18] Dei Verbum, 2
[19] Lc 10, 20
[20] Mt 18, 20
[21] Paul VI,
Ecclesiam suam, 1964
[22] Saint Augustin,
De Disciplina Christiana, 3
[23] Orientations pour la pastorale du tourisme, 23, 2001
[24] Orientations pour la pastorale du tourisme, 2001
[25] Instruction « La charité du Christ envers les migrants », 100, 2004
[26] Mgr A. Marchetto, « La pastorale du tourisme dans la mission évangélisatrice de lÂÂÂEglise », lors de la rencontre sur la pastorale du tourisme dans les pays du Moyen-Orient et de lÂÂÂAfrique du Nord.
[27] Instruction « La charité du Christ envers les migrants », 97, 2004
[28] Jean-Paul II, Allocution à lÂÂÂAssemblée plénière du Conseil Pontifical de la Pastorale des Migrants, 2, avril 2002
[29] Jean-Paul II, Message pour la journée mondiale de la Pastorale du tourisme, 5, 2000
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