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 Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move

N° 99 (Suppl.), December 2005

 

 

L’ACCUEIL DES GENS DU CIRQUE ET DES FORAINS PAR LES COMMUNAUTÉS CATHOLIQUES

 

 

S.E. Mgr Roger VANGHELUWE

Evêque des Gens du Voyage

Belgique

 

 

Cet accueil se fait à un double niveau:

- la province ecclésiastique et/ou le diocèse,

- la communauté locale ou la paroisse. 

1) La province ecclésiastique

Il y a plusieurs voies.

- La conscientisation des fidèles par rapport à l’accueil et à la problématique spécifique des forains. Cette conscientisation ou sensibilisation peut se faire annuellement grâce à une homélie appropriée ou une lettre pastorale de l’évêque. Mais également à d’autres occasions ou lors de la publication d’un livre, d’un article ou d’un document consacrés au sujet. 

- La désignation de responsables au niveau régional ou diocésain.

En Belgique nous pouvons nous prévaloir d’une longue tradition (voir annexe n° 1).

La pastorale des gens du cirque et des forains y est confiée:   

- à deux aumôniers nationaux, l’un pour les gens du cirque, l’autre pour les forains;

- dans la plupart des diocèses, à un prêtre ou un diacre permanent, responsables pour leur propre diocèse;

- à quelques laïcs, membres de la commission pastorale, désignés par les évêques.

Dans le monde des forains eux-mêmes:

- à un homme issu de leur milieu et admis au diaconat permanent (pour le moment il ne s’agit en Belgique que d’un projet encore à réaliser);

- à quelques auxiliaires laïcs, désignés par moi pour assumer des tâches bien définies au sein de l’aumônerie (voir annexe n° 2);

- par présence de l’évêque ou de son représentant à leurs pèlerinages, avec l’administration éventuelle du sacrement de la confirmation ou d’autres sacrements. 

2. Les communautés locales

A ce niveau se manifestent des tensions, dues aussi bien à l’incompréhension des habitants et des paroissiens qu’aux agissements et parfois aussi aux exigences des forains.

Il s’agit en fait d’un problème humain, d’une méfiance en quelque sorte naturelle vis-à-vis de personnes appartenant à une autre culture et ayant un mode de vie et un habitat complètement différents. A ce qui est inconnu, on prête facilement - mais à tort - une part de mystère!

Un habitat nomade, l’absence et le refus d’un domicile fixe intriguent et inquiètent un certain nombre de personnes. «Pourquoi n’occupent-ils pas comme nous une maison? Nous pourrions davantage les contrôler!».

De nombreux prêtres de paroisse, de nombreux paroissiens ignorent tout de l’existence souvent pénible et laborieuse des forains et des gens du cirque. Certains prêtres, mais ils deviennent de moins en moins nombreux, assimilent les forains aux tsiganes, alors qu’ils ne sont nullement des tsiganes. Et même si dans certains cas ils le sont, il faut voir avant tout en eux d’authentiques forains!

Quant à l’administration des sacrements et aux enterrements, un arrangement préalable avec le curé du lieu s’impose. Cela pose parfois des problèmes, mais en règle générale le clergé paroissial ne cache pas sa satisfaction de voir un aumônier, familier du monde des forains, venir conférer le baptême, se charger de la préparation des enfants à leur première communion, s’occuper de la préparation au mariage et de la constitution du dossier, procéder aux enterrements.

Il arrive quelquefois que le curé préfère accomplir lui-même ces tâches pastorales et liturgiques. Dans des cas plutôt rares il refuse carrément de mettre son église à la disposition de l’aumônier. 

3) L’harmonisation des deux niveaux

J’ai demandé à la Congrégation quels étaient les facultés et privilèges accordés aux aumôniers (voir annexe n° 3).

J’ai remis aux aumôniers nationaux un document certifiant les facultés qui leur sont accordées (voir annexe n° 4).

Les baptêmes sont inscrits dans un registre central, ce qui facilite les recherches.

En guise de conclusion:

Organiser n’est pas chose facile. Une réglementation pourtant s’impose. Ce n’est qu’après un certain nombre d’années que s’esquisse progressivement une tradition. Quoi qu’il en soit, il est très important que soient connues les directives et la conduite adoptée en la matière par l’évêque et la curie diocésaine. 

ANNEXE 1

La situation en Belgique

1. Il règne chez nous une parfaite entente entre les responsables paroissiaux d’une part et les responsables de la pastorale des gens du cirque et des forains d’autre part. Cela est dû à une longue tradition, vieille de 135 ans, notamment de 1868 à 2004! On compte en Belgique plus ou moins 2500 familles, soit environ de 8000 à 9000 personnes.

Le clergé paroissial et les communautés paroissiales sont de plus en plus conscients que les forains sont des chrétiens à part entière.

2. En Flandre presque tous les forains sont catholiques. En dépit de leurs efforts les sectes, pentecôtistes et témoins de Jéhova, n’ont que peu de prises sur eux. Certes, la pratique religieuse n’est guère élevée, mais à tous les moments importants les forains répondent à l’appel: baptêmes et communions, confirmations de jeunes adolescents ou d’adultes, mariages et enterrements. A chaque enterrement ils se rassemblent en masse.

3. Les enfants vont tous à l’école. Ils suivent pratiquement tous les cours de religion, ainsi que la préparation à la communion. La plupart d’entre eux sont inscrits comme internes. Pour un tiers (soit 1800 euros par année scolaire) les frais d’inscription sont à charge des parents et pour deux tiers à charge des pouvoirs publics, du moins pour les enfants des bateliers et des gens du cirque ou quand la mère participe effectivement aux activités des kermesses. Ce règlement date de l’année 1936 et a été négocié par l’aumônier national avec le ministre de l’enseignement de l’époque, socialiste notoire.

4. On compte pour le moment parmi les forains un remarquable groupe de jeunes, soucieux de ce que leur réserve l’avenir et recherchant des solutions pour les problèmes qui s’annoncent dès aujourd’hui. A part quelques rares exceptions, il ne s’agit guère de jeunes drogués ou de play-boys de pacotille!

5. Dans toute l’Europe et en particulier chez nous, tant en Flandre qu’en Wallonie, la situation financière des forains et des gens du cirque n’est guère reluisante. Les recettes des kermesses sont maigres. Quant aux cirques, leurs problèmes se sont encore aggravés par les exigences des organisations de protection des animaux. Il ne faut cependant pas dramatiser. La pérennité de la tradition du cirque est assurée chez nous par sept familles vouées de père en fils aux arts et prouesses du chapiteau.

ANNEXE 2

L’aumônerie catholique des tsiganes, des forains et 

des gens du voyage en Belgique

confère à 

Monsieur Antoine WIRTZ,

la mission de

auxiliaire au service de l’aumônerie 

en collaboration avec les aumôniers

et sous la haute responsabilité de l’évêque des gens du voyage.

Cette mission consiste à assister les aumôniers dans la proclamation de la Parole de Dieu, en tant que LECTEUR. Cette mission est effective jusqu’à révocation. 

confère à 

Madame Marie-Louise DUBOIS,

épouse de Monsieur Gaston DEPRIESTER 

la mission de

catéchiste

en collaboration avec les aumôniers

et sous la haute responsabilité de l’évêque des gens du voyage. 

Cette mission consiste à assister les aumôniers dans l’administration des sacrements, selon les règles de la Sainte Eglise; à lire la Parole de Dieu et à la faire connaître et comprendre, selon l’enseignement de l’Eglise Catholique; à favoriser et animer la prière en commun; à témoigner de l’amour de Notre-Seigneur dans un esprit de charité et de paix. Cette mission est effective jusqu’à révocation. 

A Beauraing, le 12 juillet 2002 

Mgr Roger VANGHELUWE,

Evêque des gens du voyage

 

Abbé Philippe MASSON,

directeur national pour la Wallonie

de la Pastorale des Gens du Voyage

 ANNEXE 3 

En tant qu’évêque responsable de la pastorale des forains et des gens du voyage en Belgique 

j’accorde, au nom des évêques de Belgique,

à Monsieur Omer HOMMEZ, prêtre du diocèse de Bruges et 

aumônier de la pastorale des forains,

la faculté de conférer le sacrement du baptême et

d’accomplir les rites funèbres

dans toutes les églises du pays

pour les gens du voyage, les manouches et les romanichels,

en accord avec le curé du lieu où se dérouleront les célébrations.

 

En ce qui concerne la bénédiction des mariages,

 est requise

une délégation du curé du lieu où sera célébré le mariage. 

Donné à Bruges, le 5 juillet 2002

 

+ Roger VANGHELUWE,

Evêque de Bruges      

 

ANNEXE 4 

Pièce jointe à la lettre Prot. 

N. 66162/2001/N 

 

Réponse à la lettre du 29 avril 2001 

  1. Le décret «Pro Materna» donne des facultés et privilèges spéciaux aux aumôniers et aux fidèles des divers secteurs de la mobilité humaine (Décret par. 1). 
  2. La Commission Pontificale (aujourd’hui Conseil Pontifical) a regroupé en une seule liste les facultés et privilèges qui s’appliquent aux aumôniers et fidèles de tous les secteurs de la mobilité humaine (Décret par. 2).
  3. Les prêtres sont autorisés régulièrement à porter assistance spirituelle à toutes les catégories de la mobilité humaine jouissant des facultés indiquées ici pour toute la durée de leur charge.
  4. Les aumôniers des forains, comme les autres aumôniers de la mobilité humaine, ont la faculté d’administrer le sacrement de la confirmation aux fidèles qui leur sont confiés, une fois dûment préparés et disposés (Décret par. 7).
  5. Les aumôniers des forains ne jouissent pas des droits réservés aux curés, i.e. baptiser dans l’église d’une paroisse territoriale et ils doivent s’en tenir aux canons 564-572.
  6. En vertu du canon 518, l’évêque pourra ériger une paroisse personnelle et nommer l’aumônier des forains comme curé avec les pleins droits réservés aux curés.

 

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