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 Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move

N° 102 (Suppl.), December 2006

 

 

Sr. Lalini Gunawardena, RGS

Sœurs du Bon Pasteur

(Belgique)

 

 

Monsieur le Cardinal, 

Monseigneur

Messieurs et Mesdames, 

Frères et Sœurs dans le Christ

 

Je suis heureuse de partager cette table ronde avec vous. Car cela me donne l’occasion de vous partager simplement ce qui me tient à cœur dans cette mission auprès de ces femmes de la rue. A l’image de Jésus le Bon Pasteur qui accueille auprès de lui les rejetés de ce monde. 

Présentation personnelle

Dès mon arrivée en Belgique en 1992, comme sœur du Bon Pasteur- Sri Lanka -, j'ai eu l’occasion de rencontrer le «Mouvement du Nid de Belgique », et de m’y engager comme bénévole.

On sait que le Mouvement du Nid est une association, fondée en France par le Père André-­Marie Talvas, pour l'accueil de prostituées en recherche de libération. Ce mouvement a commencé à Bruxelles grâce à une famille catholique, touchée par l’urgence de ce problème. Il veut agir sur les causes et les conséquences de la prostitution en prenant en compte le respect de la dignité humaine dans ses dimensions sociales et spirituelles. 

Remarques générales

Nous voyons dans les questions posées beaucoup de données chiffrées à produire alors qu'il s'agit d'un domaine clandestin pour le quel il n'y a pas de statistiques valables ni globalement, ni dans le classement en sous-groupes. Personnellement en tant que sœur du Bon Pasteur. Je ne cherche pas à avoir des statistiques mais je m'arrête à la personne car une personne vaut mieux que le monde entier,que tout sorte de résultat chiffré. 

Définitions

Les acteurs de la prostitution

Je crois nécessaire de proposer quelques définitions concernant la personne prostituée et le proxénète. Quel'on sache de qui on parle !

  • Les personnes prostituées sont des personnes, hommes, femmes ou enfants qui exercent une activité sexuelle contre de l'argent, avec des clients anonymes et en nombre illimité. Et souvent contre leur volonté.
  • Le proxénète est celui ou celle quiretire profit de la prostitution d'autrui!

Ces proxénètes peuvent êtrem affieux, mais aussi simples auteurs de coercition ou de chantage familial ou social, ou enfin légaux par des contraintes insupportables qui obligent des personnes à se prostituer pour éponger des dettes ou simplement survivre. 

Le contexte légal

  • Il est bon aussi de situer dans quel contexte légal s'exerce la prostitution. Les régimes juridiques adoptés par les gouvernements sont :
  • Leprohibitionnisme.La prostitution est un délit. Elle est interdite. Elle est donc clandestine et la répression vise surtout les personnes prostituées.
  • Leréglementarisme.La prostitution est un mal nécessaire et inévitable qu'il convient de contrôler et d'organiser, une sorte de service « public » soumis à des règles, quartiers réservés, maisons closes, surveillance médicale, enregistrement, etc. 
  • L'abolitionnisme.Le proxénétisme et le racolage sont interdits. Les États sont tenus de mettre en place des mesures pour réinsérer les personnes prostituées. Il n'y a aucune réglementation (ni maisons closes, ni registres, ni surveillance médicale, etc.). Cette position vise l'abolition des règlements sur la prostitution, et non la prostitution elle­même.

Cette loi est moins mauvaise mais assez hypocrite.

La Belgique a opté pour le système abolitionniste avec quelques influences réglementaristes. 

Réponses à l'enquête proposée :

1. Dans votre situation locale (Nationale ? Régionale ? Dans votre ville ?), et selon les sources les plus crédibles, quel est le nombre de femmes de la rue (prostituées, y compris les mineures) ? Comment se divisent-t-elles par groupe d'âge ? Quel est le groupe d'âge le plus fréquent ? En une année, quel en est le nombre que vous-même, ou votre association, rencontrez ?

R. En 1965, la gendarmerie belge donnait comme chiffre probable : 15.000 personnes prostituées en Belgique et 30.000 personnes qui gravitent dans ce milieu.

Nous constatons que, dans notre pays, ce sont surtout des jeunes femmes entre 18 et 30 ans que par centaines nous avons rencontrées.

Au Commissariat de Police on nous dit qu’annuellement passent ± 500.000 personnes liées à la prostitution. Elles se déplacent de pays en pays en Europe, la Belgique est devenue la plaque tournante dans ce trafic.

J’ai constaté que la prostitution est toujours en liaison avec « le trafic des êtres humains » qui se développe plus rapidement et plus facilement en Europe depuis l'ouverture des frontières.

En Belgique il y a 3 de ces centres d’hébergement, non liés à la pastorale ou aux structures d'Eglise, subsidiés par l'Etat :

A Bruxelles: Pag-Asa 

A Anvers : Payoke

A Liège: Surlya

D'autres organisations comme « Le Nid » et « Espace P » s’occupent des prostituées ainsi que les jeunes dans le cadre de traite des êtres humains.

Ces Centres -non-confessionnels- de protections procurent gratuitement aux victimes l’aide et les services suivants :

Un hébergement convenable et sûr, c'est à dire de l'assistance matérielle, des soins médicaux et psychologique, des services juridiques, des moyens de traductions et d'interprétariat, un accès à l'éducation, une formation en matière d'orientation professionnelle et un accès au marché du travail.

Comme le Nid, notre communauté Sœurs du Bon Pasteur situé à Bruxelles travaille aussi en étroite collaboration avec les policiers chargés de lutter contre la traite des êtres humains. 24 heures sur 24 notre maison est ouverte pour accueillir les jeunes femmes qui ont le courage de dénoncer leur proxénète, leur « maquereau ».

Cette période plus ou moins longue qui leur est proposé de passer chez nous, leur est un apport spirituel. C'est un processus de guérison, réflexion et redécouverte de la confiance en elles-mêmes. Par une ambiance calme et sereine, elles se rendent compte lentement d'avoir été trompées, d'être victimes. Elles apprennent alors à se déculpabiliser, et à se retrouver elles-mêmes. La confiance en soi revient petit à petit.

Ce que nous constatons c'est que cet article 13 de la Convention de l'Europe du 3 Mai 2005 sur la lutte contre la traite des êtres humains trouve un espace de réalisation au sein de notre communauté.

2. Selon des estimations fiables, combien de personnes émigrent-elles chaque année, volontairement ou de force, de votre pays vers des pays plus riches pour pratiquer la prostitution ? Est-ce possible d'avoir une estimation de la «tendance» durant ces dernières années, ou au moins d'indiquer si à l’heure actuelle, c'est un phénomène qui se développe, qui est stable ou qui est en diminution ?

R. Nous ne sommes pas dans un pays d'émigration vers l'étranger, mais d'immigration de l'étranger vers l'Europe. Une immigration qui touche plus spécialement les pays de l'Est comme l'Albanie, la Moldavie, la Roumanie ... et les pays d'Afrique comme le Nigeria, la Libye et le Ghana. Nous constatons que l'immigration augmente dans le cadre de trafiquants maffieux qui utilisent la détresse locale et l'espoir d'un avenir meilleur comme moyens de chantage. Il est à remarquer combien l'image de « pays riches » où on gagne bien sa vie est très répandue dans l'esprit des personnes qui sont « mise en prostitution » chez nous.

3. Quelles sont les expériences qu'ont connues les femmes de la rue (prostituées) dans votre pays ? (Immigration, drogue, fugue de la maison familiale, violence, pauvreté...). Quelles sont les expériences les plus fréquentes ?

R. De façon générale, il s'agit d'un état de détresse par manque d'affection dans les premières années de la vie, par manque d'être reconnue comme personne à part entière, comme digne de respect. Un processus d'humiliation a fait perdre le sentiment de sa dignité personnelle. Le manque de ressources vitales s'ajoute au terrain de la dépersonnalisation subie.

4. Quelles sont les formes de recrutement qui sont utilisées, spécialement pour les femmes qui sont « envoyées » à l'étranger ? (Promesse de travail, kidnapping, vente par un parent, libre choix, etc.). Est-il possible de donner des pourcentages ?

R. Chaque cas est différent !

L'ignorance de la condition de vie que la personne subira dans nos pays est tragique. Exemple: Un évêque du Ghana encourageant une jeune fille à venir en Belgique pour y devenir institutrice, car dans notre pays on en manquerait. La personne ne connaissait pas le français ! Elle fut donc confiée à des personnes soit disant de confiance. Résultat elle a été embarquée dans la prostitution et ses papiers confisqués par la mafia afin de l'empêcher de fuir ou de chercher protection ailleurs. C'est la raison pour laquelle nous demandons avec une grande insistance que le clergé des pays pauvres soit informé des conditions de vie en Europe. Nous demandons aussi que la personne qui s'expatrie ainsi laisse dans son pays une photocopie de ses documents officiels, ce qui lui permettra un jour d'y retourner. Le retour sans identité vérifiable est impossible.

Le problème est davantage de l'ordre d'une information correcte, diffusé par les pouvoirs public, les Eglises, les proches. Dire qu'il y a départ libre et volontaire est un mensonge quand les conditions de ce départ sont inconnues !

En ce qui concerne les autochtones, il s'agit d'un processus de chantage et de tromperie qui entraîne dans le cycle de l'entrée « en prostitution ».

5. Pour celles qui sont «envoyées» à l'étranger, quels sont les circuits utilisés ? (Immigration clandestine, immigration en transitant par un pays tiers, immigration légale, etc.). Pouvez-­vous donner des pourcentages ?

R. Surtout de l'immigration clandestine sous contrainte des trafiquants pour celles qui viennent des pays plus pauvres, mais aussi, pour celles qui viennent de pays limitrophes, par un mécanisme d'enfermement par le milieu qui déplace ses victimes pour les empêcher de s'échapper de leur emprise.

6. Quel est le niveau de prise de conscience et d'attention que porte en général la population, du pays d'origine et du pays d'accueil, à cet urgent phénomène social ?

R. Prise de conscience dans le pays d'origine: Très faible, mais très culpabilisante. Ce qui rend le retour extrêmement délicat. Celle qui est partie pour gagner de l'argent, pour s'épanouir, revient sans argent, démolie physiquement et psychiquement. Elle ne retrouve pas sa place dans la communauté. Il y a là une question gave à adresser aux communautés chrétiennes pour accueillir celle qui revient.

D'autre part, pour faciliter ce retour, les communautés chrétiennes et citoyennes de nos pays doivent impérativement donner à ces personnes l'occasion d'acquérir une formation et la connaissance d'une langue. Ainsi, elle pourra trouver une place dans son pays.

7. Y -a-t-il une stratégie des autorités pour la prévention, la dissuasion et la répression de ce «phénomène» ? Décrivez-la.

R. Non ! Les autorités sont élues par les électeurs, qui eux-mêmes méprisent et méconnaissent les personnes qui vivent l'exclusion sociale de la prostitution. Se soucier de ces problèmes n'est pas, électoralement parlant, porteur et n'apporte pas de voix. C'est le grand public qui doit être conscientisé pour qu'il exige une modification des attitudes des gouvernants.

8. La loi considère-t-elle la prostitution comme un crime ? Les entremetteurs et/ou les «clients» ou d'autres personnes sont-ils punis par la loi ?

R. La prostitution est légalement permise en Belgique, seul le racolage et incitation à la débauche sur la voie publique est défendu.

La difficulté de prouver le délit est grande, aussi la police ne cherche pas à intervenir, donc les condamnations sont rarissimes et très légères.

Le proxénétisme est interdit, mais il faut faire de grands efforts pour établir les preuves.

Devant l'importance des autres tâches de police, celle-ci évite d'intervenir. Le client n'est pas poursuivi. La loi le protège.

A mon avis c'est une grosse erreur car s'il n'y avait pas de clients la prostitution serait moins encouragée.

Concernant ce point, Janice Raymond, militante contre le trafic des femmes a écrit un guide touchant au protocole additionnel à la convention des Nations Unies contre le trafic des femmes. Dans le numéro 5 de ce guide, il est mentionné une pénalisation contre tous les « acheteurs » de sexes.

Elle souligne l'importance aussi de responsabiliser les « acheteurs » de sexe par une législation éventuelle qui pénaliserait les personnes, les clients qui achèteraient les femmes et les enfants pour toute exploitation sexuelle par la prostitution.

En Suède, il existe déjà une loi qui pénalise les clients. C'est pourquoi Janice Raymond invite le gouvernement à adopter la même position envers les clients.

Une étude sociologique du mouvement du Nid en France s'est prononcée sur la personne du client, je cite: « Les clients doivent aujourd'hui comprendre que la prostitution est une violence faite aux femmes, qu'il n'y a pas de désir sans liberté et que le prétendu « choix » de prostitution masque souvent une histoire personnelle douloureuse faite de déni de soi et de violence. »

9. Existe-t-il des lois et des règlements pour promouvoir la libération de ces femmes de la rue et leur réhabilitation sociale ? Y -a-t-il des services publics pour atteindre ces objectifs ?

R. Il existe la convention des Nations Unies du 2 décembre 1949 pour la répression de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui. Cette convention n'est pas totalement appliquée ! Elle contient un article 16 qui fait un devoir aux états d'assurer la réhabilitation des personnes qui sortent de la prostitution.

Par exemple en Belgique et en Italie cet article 16 est plus ou moins appliqué.

Et alors il existe également la Convention du Conseil de l'Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains du mai 2005.

En Belgique, lorsqu'une personne victime du trafic international dénonce son trafiquant et collabore avec la justice, elle se voit attribuer un permis de séjours jusqu'à la fin de l'instruction judiciaire. Pendant cette période, elle est hébergée dans de bonnes conditions et elle est accompagnée dans une démarche de réinsertion sociale cours de langue, accompagnement psychologique...­

Malheureusement ce que nous constatons c'est qu'il existe dans certaines villes comme Anvers, au niveau politique une manipulation qui encourage une meilleure organisation de la prostitution !

10. Existe-t-il des initiatives sociales privées et/ou du volontariat, des maisons ou des structures d'accueil pour aider ces femmes qui désirent quitter la rue ? Quels sont les résultats, et combien de femmes sont-elles concernées ?

R. Oui, mais beaucoup trop peu ! D’autre part, l'encadrement par de jeunes assistantes sociales, sortant récemment des écoles sociales est illusoire, car l'expérience de vie des personnes qui ont subi l'exclusion, l'humiliation, le manque total de respect, la négation de leur personne et de leur corps, manque aux jeunes. L'accompagnement doit se faire par des personnes plus mûres, ayant déjà vécu au contact de tels drames. Des formations en cycles longs devraient être faites dans les écoles sociales.

Un autre aspect de formation en profondeur devrait être d'urgence mis en place. Il s'agit de la formation des séminaristes et des prêtres qui doivent, d'une part, pouvoir gérer leur propre sexualité, et d'autre part, savoir rencontrer les personnes -prostituées, clientes, proxénètes ­qui viendront se confier à eux.

Nous sommes attristés par le tabou qui entoure cette problématique dans la communauté chrétienne.

11. Quel est le sort réservé aux victimes de ce trafic qui retournent dans leur pays d'origine ? Quelle est l'attitude de la famille et de la communauté locale envers elles ?

R. Il est à souligner que très peu de femmes, victimes d'exploitation sexuelle retournent dans leur pays d'origine. En effet la pauvreté et la misère de leur pays ne les incitent pas à rentrer chez elles.

Lorsqu'elles peuvent être accompagnées par des mouvements d'Eglise, par des Communautés de base, elles réussissent leur réintégration sociale. Si elles n'entrent pas dans un milieu accompagnant, elles vivent un mépris profond qui les exclut de la vie sociale et les force à se prostituer pour survivre. 

Initiatives ecclésiales 

12. Quelles sont les initiatives en cours dans l'Église pour contrer ce problème de femme de la rue (prostituées), au niveau de la nation, du diocèse, des congrégations religieuses, des mouvements, des associations ou des groupes ? Donnez des détails.

R. Le Mouvement du Nid de France réalise un accompagnement qui doit être montré en exemple, celui-ci prenant en compte de façon explicite la dimension et les besoins spirituels. En Belgique, il n'y a pas d'action explicite de l'Eglise, mais certains religieux et laïcs qui œuvrent au sein de mouvement comme le Mouvement du Nid.

En tant que chrétiens, Francine et Fernand Meert ont écrit un livre qui doit, (s'il est lu !), aider à la prise de conscience de la problématique de la prostitution des adultes et des enfants. « Chemins de liberté - Personne ne naît prostitué » Ed. Traces de Vie - Tellin

D'autre part, un mémoire de 1984 des Evêques canadiens est très intéressant pour provoquer une prise de conscience.

13. Ces initiatives sont-elles entreprises de façon complètement autonome ou en collaboration avec les organisations sociales publiques, économiques ou privées ou avec d'autres Églises ?

R. Ces initiatives sont très isolées !

14. Ces initiatives sont-elles totalement autofinancées ou reçoivent-elles des subventions ? Dans le dernier cas, de qui ? Donner le pourcentage.

R. Il y a peu de subventions publiques, aucune subvention de l'Eglise. Des initiatives privées (abbayes - couvents) encouragent de manière systématique le Mouvement du Nid en Belgique. La prévention auprès des jeunes éveille un intérêt de la part de certains enseignants.

A plusieurs reprises, une équipe de volontaires a accompagné des personnes vivant la prostitution ou l'ayant quittée à un pèlerinage de 5 jours à Lourdes. Ce fut l'occasion de vivre ensemble des partages spirituels profonds.

15. Combien de femmes de la rue (le nombre et le pourcentage) sont-elles touchées par ces initiatives ? Ces initiatives se retrouvent-elles à travers tout le pays où sont-elles concentrées dans quelques endroits seulement ? Lesquels ? Pourquoi ?

R. Beaucoup de femmes de la rue sont touchées par cette initiative mais il m'est difficile de donner un nombre et un pourcentage exact car nombreuses sont les variations.

Ces initiatives sont menées dans tout le pays (Anvers, Bruxelles, Liège...) par différents lieux d'hébergement que j'ai mentionnés au début de mon exposé.

16. Dans les services d'éducation et de bien-être, le personnel est-il composé de professionnels, de volontaires ou des deux ? Quelle est la proportion de professionnels et de volontaires ? Sont-ils prêtres ou religieux/religieuses ou laïcs ?

R. Il y a des professionnels, salariés et volontaires, des prêtres, des religieux/religieuses, des séminaristes, et des laïcs.

Tous, nous venons de manière anonyme afin de pouvoir approcher ces personnes.

17. Ces initiatives sont-elles exclusivement dans le domaine du bien-être social et/ou de la rééducation et/ou de la réinsertion sociale ou incluent-elles également des activités spécifiquement pastorales ?

R. Dans l'ensemble, cela touche plus le domaine social mais nous trouvons quelques cas ponctuels d'accompagnement spirituel.

18. En quoi consistent les initiatives pastorales en faveur des femmes de la rue ? Sont-elles diocésaines ? Quels objectifs poursuivent-elles ? Quelle est la méthode pastorale choisie ? Quelles en sont les étapes ? Y a-t-il une évaluation finale ? Quelles sont les ressources matérielles, humaines et spirituelles utilisées pour réaliser cette activité pastorale ?

R. Ces initiatives pastorales ont pour but d'être attentif aux besoins spirituels de ces femmes de la rue et d'y répondre en leur facilitant l'accès soit aux sacrements ou leur procurer une bougie pour la prière, ou un espace de parole...

Pour un cas, il y a eu accompagnement vers le baptême... 

19. Une formation spécifique pour ceux qui travaillent dans ces projets pastoraux est-elle prévue ? Si tel est le cas, quelle est-elle et combien de personnes y sont engagées ?

R. Non

20. Y a-t-il des projets pastoraux qui visent à sensibiliser et à mobiliser la communauté chrétienne par rapport à ce grave problème social ? Quel est l'engagement de la communauté concrètement et effectivement ?

R. Non

21. Quels sont les «rêves d'avenir» de ceux qui travaillent dans les projets en faveur des femmes de la rue ?

R. Que des lieux de paix et de sérénité permettent à des personnes de retrouver leur dignité, loin des critiques et jugements. Que les communautés chrétiennes puissent réfléchir à l'accueil de ces personnes, en vérité et avec respect­.

Que les séminaristes reçoivent une formation solide pour la rencontre des personnes vivant le phénomène prostitutionnel : personnes prostituées, clients et proxénètes et celá pour leur rôle futur de confidents et d’accompagnanteurs des personnes en recherche ou culpabilisées.

Que cette formation puisse les aider à se former quant à leur propre gestion des pulsions sexuelles.

Que des prêtres reçoivent une formation continue dans le domaine de la prostitution et des difficultés des couples qui se disloquent par manque de dialogue en respect et en vérité dans le domaine de la sexualité.

Que l'Eglise laisse entrevoir un visage de miséricorde face à ces femmes qui sont blessées dans leur être profond et n'attendent que d'être accueillies avec compassion, respect et amour.

22. Décrivez brièvement les projets jugés les plus efficaces et innovateurs, en donnant les objectifs, les destinataires, les ressources humaines et matérielles et les méthodes utilisées.

R. La réponse à la question 21 établit des pistes à approfondir.

23. Y a-t-il un lien entre les projets pastoraux et/ou de réhabilitation sociale dans votre pays et ceux des pays où les victimes du trafic sont «envoyées» ? Existe-t-il une forme d'accompagnement pour les femmes de la rue après leur retour au pays d'origine ? Laquelle ?

R. Cela manque cruellement !

Le canal de l'Eglise devrait être libéré des tabous et interpeller les hiérarchies et les responsables prêtres et religieux de façon très pratique sur les conditions réelles de vie en Europe occidentale, sur les pratiques mafieuses qui organisent l'expatriation des femmes sous prétexte d'un mieux être qui aboutit dans la prostitution. Et que très pratiquement, il soit insisté auprès des femmes (hommes et enfants) qui quittent leur pays d'origine de laisser au pays une photocopie de tous les documents d'identité (Passeports, cartes d'identité, certificats de naissance...) car ces documents sont souvent volés par les proxénètes et leur absence provoque une grande difficulté au retour au pays d'origine.

En ce qui concerne la réintégration sociale, il y a dans certains pays des initiatives remarquables, comme celle des « Sœurs Adoratrices de Bogota-Colombie pour que les personnes qui rentrent au pays puissent dépasser cette période noire de leur existence.

24. Existe-t-il des actions ou des initiatives de la part des Églises des pays destinataires de ce trafic, pour soutenir les projets ecclésiaux ou autres dans votre pays ?

R. (voir question 23)

25. Existe-t-il des projets pour rendre les «clients» des femmes de la rue conscients de leur responsabilité ?

R. Non ! Et ce serait très nécessaire pour les clients s'adressant à des mineures. Pour nous, toutes les cellules de la pastorale du mariage et du couple devraient avoir une formation sur l'enjeu de la vie en couple « pour le meilleur et pour le pire », et sur les déviances sexuelles qui souvent sont à la base des éclatements du couple, des divorces. Si bien que certains se retrouvent parfois en tant que «clients» chez ces femmes de la rue. Ceci devrait être une préoccupation des mouvements familiaux et conseillers conjugaux.

26. Ya-t-il des projets d'intervention par rapport aux famillesde ces femmes ?

R. Il n'y a pas beaucoup de projets touchant à l'intervention des familles mais si elles ont des enfants, on travaille de manière à permettre un rapprochement géographique de ces enfants auprès de leurs mères.

La loi belge possède des articles de loi permettant « le regroupement familial». 

En guise de conclusion, je voudrais vous citer encore ce préambulede la convention du 2 Décembre 1949 qui me tient à cœur, car elle est la raison d'être de ce combat, qui doit être notre préoccupation première « Considérant que la prostitution et le mal qui l'accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec la dignitéet la valeur de la personne humaine et mettent en danger le bien-être de l'individu, de la famille et de la communauté... ».

 

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