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 Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move

N° 107 (Suppl.), August 2008

 

 

Père Michel BRAVAIS

Président de lÂ’Association Nationale

des Directeurs des Pèlerinages (ANDDP)

France 

En commençant ce bref exposé je voudrais simplement dire que le sacrement, comme le pèlerinage, est le point focal de toute la vie chrétienne. Le pèlerinage comme une image de la vie chrétienne "pèlerinage sur la terre", le sacrement comme image d'une vie chrétienne perpétuellement en train de se laisser convertir par le Christ. Ainsi le pèlerinage dans toutes ses dimensions va-t-il ouvrir le pèlerin à la Réconciliation au fils de sa vie.

Je parlerai autour de quatre réalités du pèlerinage: Partir, Rencontrer, Écouter le Saintes Écritures, Célébrer. 

Partir

Le pèlerinage s'inscrit dans une démarche de partir et l'adage ne dit-il pas "partir c'est mourir un peu!" Il s'agit de quitter son logis, ses habitudes, parfois ses proches pour aller vers un lieu tout autre, vers le Tout Autre.

Pour partir il faut trancher autour de soi mais en tranchant autour on s'apercevra bien vite que l'on tranche en soi. Quitter son logis, son travail, c'est trancher avec ses points de repères, ses sécurités, c'est accepter d'être dépaysé dans l'espace, dans le temps, les rythmes,...Quitter les siens c'est se retrouver seul sans attaches, sans ces petites choses qui nous rassurent dans la rencontre et parfois nous empêchent de nous ouvrir à l'inattendu.

Il faut trancher mais il ne faut pas attendre dÂ’être détaché de tout et de soi pour partir. Il faut partir et, peu à peu, à mesure que nous avançons, les choses qui nous sont les plus chères prennent de la distance.

C'est un premier chemin de conversion qui nous est proposé, c'est celui que la Bible nomme le désert, ce lieu où il faut quitter ses habitudes pour se consacrer à l'essentiel vivre! 

Rencontrer

s Souvent la démarche du pèlerin est une démarche individuelle, mais bien vite il va se rendre compte qu'il n'est pas seul, il y a un groupe, il faut parfois loger avec une personne inconnue, il faut s'apprivoiser en quelque sorte. Cette démarche n'est pas facile pour tout le monde, il est donc nécessaire que l'animation du pèlerinage ait le souci de ce temps d'apprivoisement: rencontre quelques semaines avant le départ, accueil personnalisé (surtout pour des départs lointains), attention au groupe, écoute individuelle.

Pour moi la vie fraternelle du groupe au long d'un pèlerinage doit faire l'objet de toute notre attention, c'est un laboratoire de vie ecclésiale, c'est pour beaucoup un chemin de conversion. Souvent les pèlerins nous disent le bonheur d'avoir expérimenté cela, ne serait ce qu'en souhaitant se revoir après le pèlerinage. Cette vie fraternelle forte pendant dix ou douze jours leur redonne du tonus, de l'espérance

s Pèleriner c'est aussi rencontrer d'autres cultures, d'autres religions. Pour cela il faut souvent aider le pèlerin à laisser ses préjugés pour avoir un regard empathique sur ceux qu'il va découvrir, à regarder l'autre comme un frère à comprendre, un frère dont il faut se faire proche. Il m'arrive souvent de me dire que certains pèlerins, au cours d'un pèlerinage, vivent souvent cet appel du Christ " aimez vos ennemis!"

s C'est aussi rencontrer d'autres Églises avec leurs traditions, leur enracinement, c'est se frotter au péché de la séparation, c'est entrer dans la souffrance du Christ et avec lui prier pour que vienne le jour de l'unité. C'est en même temps faire un pas vers la réconciliation. C'est aussi apporter le réconfort de notre présence fraternelle dans des situations difficile: communauté minoritaire, pays en conflit,... Cette démarche l'ANDDP l'appelle "Visitation" et invite ses membres à toujours mettre au cÂœur du pèlerinage cette attitude, pour que comme Marie et Elizabeth nous puissions malgré les difficultés du temps, les différences et les séparations, rendre grâce ensemble pour les merveilles que Dieu fait pour les hommes.

Pour que chaque pèlerin puisse vivre au mieux ces diverses sortes de rencontres, pour que cela puisse devenir un vrai chemin de conversion, je privilégie les rencontres journalières, au cours desquelles, le soir, le groupe peut exprimer ses questions, ses découvertes, ses difficultés et le reprendre dans un bref enseignement et dans la prière. 

Écouter les Écritures

Quelle que soit la destination d'un pèlerinage, ce qui permet  aux fidèles de véritablement se laisser convertir par Dieu, c'est l'écoute des Saintes Écritures. En effet nous avons dans nos pèlerinages une assez grande quantité de personnes qui sont comme on dit en France des "recommençants", des gens qui après s'être éloignés de l'Eglise y reviennent sur la pointe des pieds. C'est plus facile pour eux de renouer avec l'Eglise à travers cette démarche que de retourner dans leur paroisse.

Pour eux mais aussi pour bon nombre de chrétiens habituel la proximité des écritures n'est pas si évidente que cela. Je repère que certains achètent leur première bible à l'occasion d'un pèlerinage en Terre Sainte, sur les pas de saint Paul, et même à Lourdes.

Lire les écritures, les commenter, les prier, voilà qui est parfois nouveau pour eux! Ils y découvrent une véritable proximité avec le Christ qui va renouveler leur foi et leur façon de vivre. Ils peuvent alors confesser l'Amour de Dieu en même temps que leur péché. 

Célébrer

Je ne parlerais pas ici des sacrements mais de tous ces rituels qui, d'un lieu à l'autre, peuvent être différents mais qui engagent toujours l'homme dans sa plénitude: boire l'eau de la fontaine, toucher le rocher,  mettre des cierges, prier sur le lac de Tibériade, toucher l'eau du Jourdain, écouter l'Écriture sur les lieux évocateur, faire des processions ...Il y a là toute une liturgie, personnelle ou collective à laquelle nous devons apporter grande attention et grand soin, car là se joue pour nos contemporains tout une éducation à la foi au Dieu de Jésus Christ. C'est tout le mystère Pascal qui se célèbre à travers ces rites et, dans la ligne de nos évêques en France, c'est toute une catéchèse d'initiation qui est mise en Âœuvre. C'est le Christ Lumière qui ouvre nos yeux la réalité de l'amour et du péché, C'est le Christ Rocher qui nous permet de nous appuyer sur lui quand souffle la tempête ou monte en nous le doute, C'est le Christ Eau Vive qui étanche notre soif d'amour et de tendresse comme pour la femme de Samarie... C'est le Christ qui s'approche de chacun pour lui parler au cÂœur et l'appeler à une vie nouvelle avec Lui.

Ce sont tous ces aspects que je viens d'évoquer qui permettent, petit à petit, par touche, un peu comme les peintre impressionnistes, de faire cheminer chacun vers la rencontre du Christ dans le sacrement de pénitence et de réconciliation. Cela nécessite cependant que tout au long du pèlerinage nous prenions le temps de discerner avec les pèlerins ce que nous venons de vivre, j'évoquais au sujet des rencontre l'importance d'un temps de parole chaque soir, je crois qu'il est indispensable pour que, chaque jour, ceux qui le désirent, puissent relire le chemin spirituel de la journée et les grandes étapes spirituelles du pèlerinage. Ainsi à chacun peut se saisir de tous les éléments qui pourraient lui sembler épars.

Permettre ce chemin c'est aussi initier les fidèles à une attention quotidienne à la vie pour y découvrir les signes que Dieu nous adresse et qui sont le sacrement mis un Âœuvre jour après jour.

 

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