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 Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move

N° 107 (Suppl.), August 2008

 

 

R. P. Chan. Michel-Ambroise Rey

Abbaye St. Maurice, Suisse Romande

 

 

Eminence, Excellences,

chères Consoeurs,

chers Confrères,

chers amis, 

Depuis le 6e siècle l’abbaye de St-Maurice en Valais (Suisse) est un lieu de pèlerinage et la pastorale des moines et des chanoines qui se sont succédés sur ce lieu consacré par le martyre de Maurice et de ses glorieux compagnons a consisté à accompagner les pèlerins dans la recherche de leur Seigneur et Maître le Christ.

Il est à supposer que le sacrement de la réconciliation ait joué un rôle important dans ce ministère, d’autant plus que le pèlerinage marquait dans les époques antérieures aux nôtres une démarche spirituelle très importante, voire capitale pour restaurer la vie sacramentelle du pèlerin.

Quittant son lieu de domicile, quittant sa paroisse où il était connu, apprécié et voire aussi décrié et honni, le pèlerin anonyme pouvait se remettre discrètement entre les mains d’un moine ou chanoine pour écouter la Parole de Dieu, recevoir les réprimandes idoines, exécuter la pénitence demandée et recevoir l’absolution de toutes ses fautes et grâce à l’indulgence partielle ou plénière recevoir la remise des peines dues à ses péchés.

Depuis le 28 août 1957, date de mon entrée à l’Abbaye de St-Maurice, il me semble que la préparation au sacrement de la pénitence et de la réconciliation au cours des pèlerinages a énormément évolué. 

1.- Période 1957 – 1970

C’était pour moi, jeune novice et profès, magnifique de voir ces grands pèlerinages qui venaient à St-Maurice aux alentours de la fête patronale du 22 septembre. Les pèlerins affluaient et les confesseurs étaient à disposition pendant des heures et des heures avec beaucoup d’assiduité et une satisfaction certaine d’apporter le remède de la grâce aux pénitentes et pénitents.

Le pèlerinage constant au sanctuaire de Notre-Dame du Scex à 20 minutes à pied au-dessus du monastère était comme le lieu par excellence du rayonnement de la grâce réconciliatrice de ce sacrement.

Pour y accéder, il faut monter environs 500 marches d’escalier. L’effort physique, souvent accompagné de la prière du chemin de croix, permet une décantation intérieure, un éloignement du monde ambiant pour trouver une certaine paix intérieure.

La basilique de St-Maurice, elle-même, par le ministère des chanoines, dispensait également à beaucoup de personnes le sacrement de la confession, grâce à un nombre important de chanoines en qui les pénitents trouvaient des cœurs ouverts, des oreilles attentives à leurs soucis et préoccupations.

A cette époque aussi le nombre de jeunes gens fréquentant l’internat était d’environ deux cents et beaucoup avaient une relation spirituelle constante avec l’un ou l’autre de leurs professeurs-prêtres et trouvaient en eux leur directeur spirituel. 

2.- Période 1970 – 2000

Le Concile Vatican II a permis un changement de regard sur le sacrement de la pénitence qui est devenu plutôt le sacrement de la réconciliation libératrice.

Les confessionnaux sombres et lugubres ont laissé la place à des lieux d’entretien conviviaux et bien aménagés et à une préparation scripturaire beaucoup plus importante qu’auparavant.

C’est ainsi que le sacrement de la réconciliation, d’ailleurs selon l’esprit de la réforme liturgique, prenait davantage l’allure d’un entretien spirituel placé dans l’écrin de la Parole de Dieu et de la découverte de l’amour inconditionnel du Seigneur pour sa créature.

Les pèlerinages massifs ont laissé place à des pèlerinages plus modestes.

a) Les pèlerinages de montagne dans les hospices du Grand-St-Bernard et du Simplon en été comme en hiver ainsi que les retraites pour des personnes de tous âges dans ces mêmes lieux hospitaliers, mais plus particulièrement adaptés à de jeunes étudiants, étaient et demeurent des lieux par excellence pour le dialogue, le silence, le retour sur soi, la préparation et la réception du sacrement de la réconciliation avec tous les bienfaits que l’on peut en retirer.

b) Des milliers de jeunes ont traversé la vie avec une fidélité chrétienne remarquable grâce à cette rencontre dans l’effort et l’audace au cours des retraites de montagne dans les hospices des Chanoines du Grand-St-Bernard.

c) Les sanctuaires de Notre-Dame des Marches et de Notre-Dame de Bourguillon dans le diocèse de Fribourg accueillent toujours de nombreux pénitents et dans l’esprit du pèlerinage réconcilient les hommes et les femmes entre eux et avec le Seigneur.

d) Le sanctuaire du Vorbourg à Delémont joue le même rôle que tous les sanctuaires de pèlerinage que j’ai évoqués dans ce bref compte-rendu.

e) Les retraites pour nos étudiants dans des maisons de retraite ou dans des hospices de montagne sont aussi occasion pour eux de recevoir le sacrement du pardon. Ils ont rarement l’occasion de parler de leur vie personnelle, de leur vie spirituelle et ces retraites en offrent l’occasion. 

3.- Période 2000 à aujourd’hui

Le Pape Jean-Paul II comme notre Saint Père Benoît XVI s’évertuent avec empressement à remettre en valeur la réconciliation sacramentelle et rappellent l’importance de sa réception fréquente.

Il semble toutefois que ces admonestations laissent le peuple des fidèles dans une indifférence assez grande.

a) L’Abbaye de St-Maurice, divers couvents de capucins offrent évidemment tous les jours durant toute l’année la possibilité de recevoir le sacrement de la réconciliation et nombreuses et nombreux sont ceux et celles qui demandent à rencontrer un prêtre.

b) Lors des pèlerinages à la Basilique, une vingtaine de fois par an, 5 à 7 chanoines sont à la disposition des fidèles pendant quelques heures, soit le matin, soit l’après-midi.

c) Les célébrations au sanctuaire de Notre-Dame du Scex offrent toujours un oasis de réconfort par le sacrement de la réconciliation, surtout lors de la veillée de prière annuelle du 14 au 15 août.

d) Les pèlerinages alpins au Grand-St-Bernard, les retraites en montagne, les semaines de marche et spiritualité, organisées par les chanoines du Grand-St-Bernard, par les Pères Jésuites, par la communauté Eucharistein, par les Béatitudes et le Verbe de Vie sont autant de rencontres où les disciples du Christ profitent de l’entourage féérique de la montagne pour recevoir le sacrement de la réconciliation.

f) Il y a encore un nombre important et croissant de pèlerinages en car, en train ou à pied, d’un jour ou d’une semaine, où les organisateurs proposent le sacrement de la réconciliation. Nous pensons surtout à Lourdes, Fatima, La Salette, Einsiedeln, Assise ou Rome. 

Conclusion

Les évêques suisses préparent un document pour favoriser un renouvellement de la confession individuelle. Des locaux mieux aménagés, des horaires affichés, des livrets de préparation sont autant de moyens de découvrir que, pour le Seigneur, «il y a plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentir!»

 

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