The Holy See
back up
Search
riga

 Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move

N° 109 (Suppl.), April 2009

 

 

Conclusions et recommandations 

 

Conclusions

Le phénomène de la migration est une réalité humaine appelée à durer. Bien que la décision de migrer reflète souvent l’espoir fondamental de nouvelles chances de vie et perspectives, elle engendre des situations d’insécurité, de déstabilisation et constitue une menace pour le développement de bien de sociétés africaines.  Par ailleurs, la mobilité croissante des populations quittant l’Afrique est marquée par un surcroît dramatique de souffrances aussi bien dans toutes les phases du processus de la migration que dans les différentes formes de vulnérabilité. On note également une souffrance comparable à propos du nombre croissant des migrants et des réfugiés et il est notoire que toutes les nations du continent sont impliquées dans le trafic des êtres humains. En outre, en fin 2007, le continent abritait près de 13 millions de personnes déplacées internes.

Aujourd’hui la migration a un impact positif et négatif sur les sociétés africaines et de ce fait sur notre ministère et notre tâche pastorale. La migration touche des millions d’individus et constitue un défi majeur de société qui affecte profondément le tissu social et les mécanismes traditionnels de cohésion dans les communautés africaines et dans le monde. Le congrès s’est focalisé sur de nombreux défis pastoraux et sociaux liés à la migration dont la protection du droit fondamental à la vie, la dignité de la personne humaine, les valeurs du travail et de l’accueil de l’étranger, le besoin d’accompagnement spirituel des migrants, la mise en place d’une aide humanitaire, d’une protection et de services; la promotion du bien commun et de la solidarité dans un monde en changement rapide; les conséquences spécifiques de la fuite des cerveaux pour les sociétés en voie de développement et l’assurance à l’individu de son droit fondamental d’opter pour la migration par libre choix plutôt que par nécessité.

 Aucun effort ne devrait être épargné pour attaquer les racines du phénomène et pour susciter la passion et la compassion en vue de guérir les blessures des migrants et des personnes déplacées. Néanmoins, de récents événements au Kenya et en Afrique du Sud ont malheureusement mis en évidence que des changements dans les mécanismes de cohésion et dans le tissu social ne sont pas toujours aisés à prévoir et que de tels changements peuvent engendrer de nouvelles tensions et des éclatements inattendus de conflits internes. En considérant l’humanisme et la culture africaine au regard des irruptions régulières de violence qui témoignent d’un manque de respect pour la dignité humaine et pour la vie en Afrique, on se rend à l’évidence que le respect pour la personne humaine est en perte croissante de valeur. Ces exactions ont laissées maintes personnes comme interloquées et dépassées et ont d’autre part clairement mis en lumière le besoin pour l’Eglise en Afrique de revoir son engagement pastoral et son plaidoyer.  

 Les débats ont également mis en lumière et soulignés le besoin de développer davantage deux approches complémentaires: (1) le développement du souci pastoral pour la mobilité humaine au niveau des paroisses et des communautés ecclésiales de base, aussi par l’offre d’assistance et de services aux plus vulnérables, et (2) l’approche proactive qui défie les politiques au niveaux national et international à travers l’intensification d’une collaboration stratégique des Conférences Episcopales Africaines avec les Conseils et les Fédérations des Conférences Episcopales, tel que celui des Conférences Episcopales Européennes (CCEE), et la Commission Catholique Internationale pour les Migrations (CCIM). 

Les Recommandations suivantes ont été discutées et adoptées :

  1. L’action pastorale est affectée aujourd’hui par la mobilité humaine. Les Eglises locales devraient pour cela instituer et faire croître des structures pastorales pour s’attaquer au phénomène de la migration dans toutes ses caractéristiques et ses conséquences y compris les traumatismes, les trafics humains et l’exploitation sexuelle.
  2. La formation spécifique et l’entraînement des agents pastoraux doivent eux aussi être d’avantage développés. Cela demande une coordination et une sensibilité plus grande lors des exposés des différentes disciplines théologiques quand elles touchent directement le phénomène des personnes en déplacement. Ceci peut également se réaliser à travers le dialogue et les échanges d’expériences.
  3. Un processus de partage d’information, couvrant de manière large et systématique la migration en Afrique, devrait être organisé. Un tel processus se focaliserait sur la pastorale de la migration; il devrait identifier les composantes essentielles, les caractéristiques et les besoins propres à la migration, permettant ainsi aux différentes structures de l'Eglise depuis les paroisses et les communautés ecclésiales de base jusqu’aux Conférences épiscopales et aux structures régionales et continentales, de jouer un plus grand rôle.
  4. D’un coté l’éveil des consciences et le renforcement des convictions devraient être réalisés; de l’autre des mécanismes de prévention devraient être déployés au niveau des paroisses, des communautés ecclésiales de base, des diocèses, des nations et du continent pour mettre un terme au trafic des êtres humains et à toute autre forme d’esclavage contemporain.  Les Conférences épiscopales africaines sont invitées à élever davantage une voix pastorale et à se porter comme défenseurs dans les différents sujets concernant la migration. Elles devront renforcer la collaboration avec le Conseil Pontifical pour les Migrants et les Personnes en Déplacement pour ainsi augmenter les interventions focalisées sur le phénomène de la migration. Ces efforts devraient promouvoir le changement d’attitude et de mentalité envers le souci pastoral qui se veut réponse holistique inspirée par l’instruction Erga migrantes caritas Christi. Celle-ci confirme en outre la nécessité du dialogue en profondeur entre l’Eglise d’origine et l’Eglise de destination. 
  5. Renforcer le plaidoyer. Des contacts avec les structures des autres Eglises et Communautés Ecclésiales spécialement crées pour servir à ces fins devront être davantage développés tout comme les contacts avec les organismes des Nations Unies et avec les différentes organisations intergouvernementales et non gouvernementales. Une collaboration pastorale renforcée entre les Conférences épiscopales d’Afrique et d’Europe contribuera à la promotion de politiques plus adéquates et à long terme ainsi qu’à l’éradication du trafic humain et d’autres nouvelles formes d’esclavage.
  6. Une collaboration accrue entre l’Eglise catholique, d’autres Eglises et  Communautés Ecclésiales et d’autres confessions religieuses, les Etats et les ONG, dans un respect parfait de leurs rôles respectifs, à la fois au plan national et international demande a être davantage développée. Ceci inclut par ex. la promotion d’un statut légal de ‘Migrant Economique’ au sein de l’Union Africaine. 
  7. L’Eglise devrait encourager la participation et les processus de bonne gouvernance dans les états africains. Faire de la nation un lieu digne d’être vécu avec de solides perspectives de travail, de chances d’éducation et de soins de santé pour tous contribuera à la décision personnelle de rester au pays plutôt que de migrer. Ces efforts devront se nourrir d’une approche Afro-réaliste et de l’espérance chrétienne qui permet aux gens de s’engager positivement eux-mêmes pour le développement de leur pays. Tant de souffrances ne sauraient être endurées pour rien à la lumière du mystère pascal.
  8. L’intégration des migrants doit être promue. Elle permet le dialogue, le respect mutuel et des identités de la culture et de la croyance des migrants, tandis que l’assimilation constitue une menace pour ces identités.  Nous reconnaissons également la nécessité de trouver un équilibre entre la sécurité et l’accueil, d’une part, et le bien commun national et international d’autre part.
  9. Encourager une formation spécifique et un entraînement dans le cadre des initiatives de paix en motivant les étudiants pour des études de la paix et en développant des attitudes de résolutions de conflits.
  10. Les recommandations ci-dessus réclament une action pastorale concrète. Elles nous invitent tous à peaufiner davantage et à développer notre action au service d’un nombre croissant de migrants, de réfugiés et de personnes déplacées. Nous invitons donc tout le monde à réfléchir sur les voies et moyens pour la réaliser et à devenir les acteurs courageux et prophétiques pour soigner les souffrances de la migration. Nous remettons avec humilité le fruit de ce travail aussi aux évêques qui participeront, l’année prochaine, au Synode Africain.

 

 

top