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 Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move - N° 82, April 2000

Les migrations, 
une chance pour vivre la catholicité

P.Dominique SIMON
Secrétaire du Comité épiscopal des migrations
Conférence des Évêques de France

[Spanish summary, English summary]

Introduction

Notre parole sur les migrants a parfois du mal à se faire entendre. Si elle est trop militante, elle crispe lÂ’opinion publique. Si elle est trop moralisante, elle nÂ’est pas écoutée au nom de lÂ’expérience difficile des cités « chaudes » ou bien elle tombe sous lÂ’accusation de naïveté servie par les techniciens et les politiques. Nous essaierons de nous situer au point où la question des migrants rejoint lÂ’une des caractéristiques constitutive de lÂ’Église : la Catholicité.

Cet exposé aura trois parties :

  1. Situer lÂ’expérience dÂ’où provient cette réflexion
  2. En quoi la rencontre des migrants est une question qui touche à la foi
  3. Nous situer comme Église sacrement de lÂ’unité du monde.

1.Une expérience située

Ce qui donne chair à la pratique et à la réflexion exposées ici sont tributaires de la situation française où elles se vivent. C'est ainsi leur donner une incarnation mais aussi en tracer les limites. A partir d'une expérience située, nous ne pouvons prétendre émettre des opinions qui auraient valeur universelle. Puisse simplement nos quelques réflexions trouver en d'autres lieux et situations un écho, à charge de réciprocité.

1.1 La société française et ce qui marque particulièrement les migrants

Pour percevoir les insistances que l'Eglise de France donne à sa Pastorale des migrants, il nous faut prendre en compte la société à lÂ’intérieur de laquelle elle intervient. 

La France est un pays dont l'histoire est jalonnée de migrations appelées pour répondre à des besoins économiques voire démographiques. En quelque sorte, elle est une nation qui n'existe que parce qu'elle a intégré les populations variées qui s'y sont implantées. Ce fait historique est un peu trop oublié par des populations qui ont perdu la mémoire de ces origines et qui, parce quÂ’elles étaient les premières sur le terrain, revendiquent aujourd'hui un statut privilégié. Quatorze millions de Français sont soit des immigrés naturalisés, soit enfants ou petits enfants dÂ’immigrés.

Ce qui a marqué aussi la France, notamment, c'est une histoire tourmentée, mais déjà longue de plus de 150 ans, avec les pays du Maghreb, histoire faite de colonisation, de passions, de rejets, de guerres et d'attirances. Ce commun cheminement fait de la France un pays fortement marqué par une présence de l'Islam qu'il devient difficile de considérer aujourd'hui comme une religion d'importation. La volonté d'intégration à la société de nombreux musulmans se vit avec une originalité telle qu'on peut parler d'un Islam à la Française, ce qui a amené les Evêques de France à inciter les Catholiques à la rencontre et au dialogue. (Catholiques et musulmans : un chemin de rencontre et de dialogue - Conférence des évêques de France - Lourdes novembre 98 - accompagné de 20 fiches pastorales traitant des cas particuliers : catéchèse, mariages, catéchuménat...)

Le statut de l'étranger marque aussi la manière dont nous sommes appelés à vivre ensemble. Le code de nationalité ayant cours en France est basé fondamentalement sur le droit du sol. Chaque enfant, quelle que soit la nationalité de ses parents, a vocation prioritaire à devenir Français par le seul fait qu'il soit né sur sol de France. Il le devient automatiquement à 18 ans, sauf démarche explicite de sa part.

Ceci a pour conséquence que les populations étrangères qui sont fixées depuis un certain temps sur le territoire vont avoir tendance à devenir, par la force des choses, progressivement des nationaux par l'adhésion des individus. Le mode d'intégration à la société française s'opère à partir de l'intégration des individus et non des communautés. Le regroupement communautaire dans des quartiers est perçu comme une anomalie. 

Il faut cependant reconnaître que les quartiers périphériques des villes concentrent les situations de précarité. Les mécanismes d'exclusion, y compris de la vie économique, touchant assez largement certaines populations étrangères, la tendance lourde de ces quartiers est de devenir des ghettos communautaires. Sans une forte volonté politique, cela parait inéluctable, d'autant plus que les familles qui se sentent peu à peu minoritaires sont tentées de fuir ces quartiers et de les laisser à ceux qui y sont déjà implantés. Cette situation, je le répète, est considérée comme une anomalie dans le droit français.

Comme dans une grande part de l'Europe occidentale, la France connaît une crise de la transmission des valeurs qui la constituent. Les mouvements de population (internes vers les grandes cités et externes par les nouvelles migrations) contribuent à produire une société à la fois interculturelle et en interrogation, non pas tant à cause du manque de sens, mais bien plutôt marquée par le trop plein de propositions. L'arrivée de migrants n'est pas le seul facteur de production d'une société interculturelle. Si elle y contribue, il faut bien reconnaître que l'évolution profonde de toute la société fait apparaître des clivages entre générations ou groupes humains, indépendamment de la culture d'origine. L'interculturel issu de la migration n'est qu'un cas parmi d'autres, il est cependant l'un des plus significatifs par l'impact qu'il a dans nos sociétés.

1.2 L'Eglise de France et ses orientations : la Lettre aux Catholiques de France
(Proposer la Foi dans la Société actuelle - Lettre aux catholiques de France - Novembre 1996 - Ed. du Cerf)

C'est sur ce fond de société que les évêques de France ont cherché à dégager des orientations pastorales sous la forme d'une Lettre aux Catholiques de France. Voici quelques éléments de cette lettre qui se réfèrent à notre question des migrants.

Les Evêques de France appellent tous les chrétiens à se mettre «en état de foi». Délaissant le mode de l'énoncé catéchétique, disponible par ailleurs, ils présentent la foi chrétienne comme une expérience vivante. Les difficultés rencontrées par l'Eglise (crise de la transmission des valeurs) ne lui sont pas propres. De et dans cette société, elle en partage en effet les dynamismes et les lourdeurs.

La foi est alors présentée comme un puissant ferment structurant la vie des hommes et des femmes dans une vie sociale et culturelle qui peut paraître défavorable. Dans une société sécularisée, les Chrétiens ne peuvent se résoudre à la privatisation de la foi. Cela oblige l'Eglise à aller de l'avant dans deux directions : aller plus encore au cÂœur de la foi et, en vivant sur les lieux de rupture de la société, faire exister des signes clairs, lisibles et mobilisateurs de l'espérance dont elle vit et qu'elle propose à la société.

La foi est ainsi vécue comme un défi : ce qui laisse entendre que ce peut être une épreuve tant les conditions sont défavorables, mais que c'est aussi une chance pour la foi qui se tourne plus résolument vers sa source et vers sa mission.

Les migrations sont un de ces lieux défis. Pour beaucoup elles apparaissent comme une épreuve dont l'issue est incertaine et inquiétante. Elles peuvent être, à certaines conditions, une chance pour la foi et particulièrement pour la mise en Âœuvre concrète de la Catholicité de l'Église.

1.3 Une pastorale des migrants animée par Pastoralis migratorum Cura.

Alors que nous allons, dans quelques semaines, fêter ses 30 ans, il est difficile de ne pas citer ce Motu Proprio (15 août 1969) qui, avec l'Instruction de la Sacrée Congrégation pour les Évêques (26 août 1969) qui l'accompagne, préside à l'organisation de nos Pastorales des migrants.

L'Église d'accueil étant, par ces décisions de 1969, pleinement responsable de toutes les communautés qui vivent sur son sol, chaque évêque diocésain est aussi l'évêque et le pasteur des migrants de son territoire et, de ce fait, tout migrant chrétien est de plein droit et de pleine responsabilité chez lui dans toute communauté diocésaine (et paroissiale) où il réside. Pour garder notre cible française, nous disons que l'Église de France n'est pas une Église Française qui accueillerait et ferait de la place à des communautés chrétiennes étrangères, nous osons dire et nous tentons de faire exister cette réalité : L'Église qui est en France est une Église aux multiples visages. Quand ces visages sont respectés et qu'ils participent de plein droit à l'Église locale, ils expérimentent et manifestent quelque chose de la Catholicité concrète.

Pour que cette intégration à l'Église qui est en France ne nivelle pas histoires et cultures, y compris cultures religieuses et spirituelles, elle intègre dans sa Pastorale des Migrants l'existence d'aumôneries étrangères. La Catholicité passe aussi par un subtil dosage et un discernement sans cesse évolutif, entre vie dans les communautés d'origine et intégration à l'Eglise locale.

2. La rencontre des migrants : un rendez-vous pour la Foi, une chance pour la Catholicité

2.1 La Catholicité, caractère même du projet de Dieu

Le mot catholique nÂ’est pas clair en lui-même. Il est beaucoup utilisé pour désigner un groupe particulier de chrétiens, en opposition à dÂ’autres groupes. 

DÂ’autre part, le terme grec katolikos signifie «selon le tout » et met en évidence le fait que le Christ ne se donne pas par morceaux et que chaque Eglise particulière est porteuse de la plénitude de son message et de sa présence. 

La dimension dÂ’universalité découle plutôt de la démarche même du projet de Dieu ainsi décrit dans Ep. 1,10 : « tout récapituler dans le Christ ». Le but premier de la mission universelle nÂ’est donc pas lÂ’extension de lÂ’Église mais lÂ’entrée de toute lÂ’humanité dans le Christ.

Nés du même Adam, nous marchons vers lÂ’horizon du Royaume où « Dieu est avec » tous les peuples (Ap. 21,3) et ainsi « tous les hommes, toutes les nations, toutes les cultures et toutes les civilisations ont un rôle propre à remplir et une place particulière dans le plan mystérieux de Dieu et dans lÂ’histoire universelle du salut.»(J.P. II - Slavorum apostoli §9- 2 juin 1985)

L'espace de temps entre Babel et la Pentecôte nous montre l'humanité en dérive de division et d'éclatement, comme un grave incident de parcours dans le projet de Dieu. Le pape Jean Paul II définit ainsi le rapport de Babel et de Pentecôte. 

«Babel est le symbole de l'orgueil qui veut imposer avec prétention le dessein prométhéen de construire un peuple unique sur la base d'une seule culture, en écartant Dieu. 

Pentecôte par contre, est lÂ’événement par lequel on revient au projet de Dieu, qui donne voix et légitimité au pluralisme ethno-culturel, en reconnaissant à chacun et aux divers groupes ethniques le droit « d'annoncer dans sa propre langue, les merveilles de Dieu.» (Ac. 2,11) »
(Angelus dominical du 15 novembre 1998)

Église de Pentecôte, nous recevons mission de poursuivre dans le temps et l'espace cette Âœuvre centrale : rassembler «la foule immense de toutes les nations, tribus, peuples et langues» 

« La Catholicité est donc à la fois une caractéristique de lÂ’Église et une vocation quÂ’elle doit réaliser dans lÂ’histoire. » (J.L. Brunin, - Tissage et Métissage - 1998)

2.2 Place de la migration dans l'accès à ce mystère de l'universalité.

C'est dans la migration que, au cours de son histoire, le peuple accède à la dimension universelle appelée, aspirée par la dynamique du Royaume.

- Le peuple d'Israël, par la migration, quitte les rivages de l'esclavage dÂ’Egypte pour accéder à sa terre et à son identité et c'est par la mémoire de cette migration qu'il est appelé à faire place à lÂ’autre et à ouvrir son cÂœur et ses institutions à l'étranger et au migrant. «Si un étranger réside avec vous dans votre pays, vous ne le molesterez pas. L'étranger qui réside avec vous sera pour vous comme un compatriote et tu l'aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d'Egypte. Je suis Yahwhé votre Dieu.» (Lév. 19, 33-34) 

Cette exigence de l'accueil de l'étranger s'enracine ainsi dans la mémoire d'avoir été eux-mêmes des migrants et dans la sainteté de Dieu auquel son peuple participe : «Soyez saints, car moi, Yahwhé votre Dieu, je suis saint.» (Lév. 19,2)

- L'Exil sera un moment décisif pour la foi du peuple. Arraché à sa terre, le peuple est amené à découvrir un Dieu qui transcende la géographie, un Dieu qui n'est plus celui d'une terre, mais bien le Dieu de la terre entière, le Dieu de tous les peuples. C'est donc encore dans l'expérience de la migration que le peuple accède à une nouvelle dimension de sa foi et, retourné sur sa terre, il lui faudra sans cesse la mémoire de cette découverte pour ne pas retomber dans le travers d'un peuple installé, immobile, sûr de ses certitudes, redevenant propriétaire de son Dieu, ce qui exclut les autres.

« Vous partagerez ce pays entre vous, entre les tribus dÂ’Israël. Vous vous les partagerez en héritage pour vous et pour les étrangers qui séjournent au milieu de vous et qui ont engendré des enfants parmi vous, car vous les traiterez comme le citoyen israélite. Avec vous, ils tireront au sort lÂ’héritage, au milieu des tribus dÂ’Israël. Dans la tribu où il habite, cÂ’est là que vous donnerez à lÂ’étranger son héritage, oracle du Seigneur Yahwhé. » (Ez. 47, 21-23)

Enfin, c'est par une migration qui dépasse tout entendement que nous arrive le salut en Jésus Christ. «Lui qui est de condition divine n'a pas considéré comme une proie à saisir d'être l'égal de Dieu. Mais il s'est dépouillé prenant la condition de serviteur, et, par son aspect, il était reconnu comme un homme ; il s'est abaissé, devenant obéissant jusqu'à la mort, à la mort sur une croix.» (Ph. 2,6-8)

Lui qui est sorti du Père, il est venu en ce monde pour que le monde ait la vie et l'ait en abondance. Il est venu pour rassembler tous les enfants de Dieu dispersés.

L'expérience de la migration marque donc l'histoire du salut, non pas comme un élément anecdotique mais comme une réalité fondatrice. 

« Avec lÂ’événement de Pentecôte, lÂ’Eglise tire son identité du « Peuple sans frontière » rassemblé par lÂ’Esprit où chacun entend la Bonne Nouvelle dans sa langue et sa culture (Ac. 2,5-13). » (Geneviève Médevielle in Migrations et Pastorale N° 262)

2.3 Mettre l'Eglise en état de foi. 

La rencontre de lÂ’étranger est donc bien pour nous « un rendez-vous pour la foi » (selon le sous-titre du livre du Comité épiscopal des migrants : A la rencontre de lÂ’autre). LÂ’accueil de lÂ’étranger est tellement constitutif de lÂ’identité et de la mission de lÂ’Eglise quÂ’il ne peut se réduire à être une simple obligation morale découlant de lÂ’Evangile.

Il est vrai que Jésus Christ sÂ’est fait lui-même proche des petits et des pauvres, il est vrai que ces paroles incitent à cette attention et à cette proximité attentive et aimante. Mais plus essentiellement, il sÂ’agit de vivre ce que nous professons dans le Credo : Je crois en lÂ’Église Catholique. Dans la pratique de lÂ’accueil de lÂ’étranger, nous vivons et nous faisons lÂ’expérience dÂ’une dimension fondamentale constitutive de lÂ’identité même de lÂ’Église. A contrario, le Chrétien ou la communauté qui trouverait de bonnes raisons de rejet, dÂ’exclusion ou dÂ’indifférence par rapport au migrant qui est à nos portes perd en quelque sorte son identité dÂ’Église catholique, sa fidélité au Christ et au dynamisme même du Royaume.

La pratique de la Catholicité de l'Église a longtemps été perçue par le départ de missionnaires vers les terres lointaines. Par les migrants, les extrémités de la terre sont chez nous. Ils offrent à notre foi la chance de vivre ici et maintenant cette Catholicité. Si nous acceptons la rencontre et lÂ’entrée en dialogue (y compris interreligieux) nous expérimentons la chance dÂ’un renouvellement profond de notre foi. La migration aujourdÂ’hui est un défi par les mutations de société quÂ’elle provoque et à lÂ’intérieur desquelles elles se produisent, mais qui dit défi, rappelons-le, dit tout en même temps difficulté et chance. Par les migrants, nous sommes invités à revisiter le contenu même du trésor de notre foi, et particulièrement la dimension de Catholicité.

Sans illusion et sans naïveté, nous savons que cette rencontre est onéreuse. Elle nous oblige à dépasser les peurs, à franchir avec patience et ténacité les frontières des identités repliées, de la violence, de la haine sectaire. Il faut, à la suite du Christ, plonger dans le mystère pascal. Les évêque de France lÂ’expriment ainsi : « Nous sommes appelés, à la suite de Jésus, à affronter lÂ’épreuve du mal, avec la force de la foi, en y ouvrant des chemins de résurrection. Cet affrontement exige que nous nous tenions et que nous agissions là où des êtres humains souffrent, désespèrent et attendent une délivrance. Dans notre société souvent dure et inquiète, nous avons à défendre lÂ’humanité des hommes contre tout ce qui la défigure : injustice, violences, mépris des faibles et des petits.

Mais la lutte nÂ’est pas notre dernier mot. Le dernier mot, si lÂ’on peut dire, est à la résurrection. » (Lettre aux catholiques de France - p. 62 - Ed Cerf)

Or le terrain de la rencontre de lÂ’étranger et de la différence est un de ces lieux de fracture.

Le premier moment de méfiance passé (et, déjà, cela nécessite parfois beaucoup de temps), lorsque la rencontre sÂ’opère, la découverte positive de la différence produit souvent une dilatation du cÂœur, une joie qui se traduit en fête, en affection exprimée. LÂ’accueil des jeunes étrangers dans les familles, à lÂ’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse a pu vérifier cet élan.

La difficulté est de sÂ’inscrire dans la durée et dans la profondeur, en quelque sorte, de passer de la rencontre au dialogue.

Dans la rencontre, démarche essentielle, il sÂ’agit de mettre à jour ce qui nous unit ou ce qui immédiatement apporte mutuellement à chaque partenaire.

Dans le dialogue, quÂ’il soit imposé par la promiscuité de la vie, quÂ’il soit le chemin du nécessaire débat dans un engagement commun ou quÂ’il soit la recherche du sens que chacun donne à sa vie, nous touchons à ce que nous différencie et qui, sans doute, est insurmontable. Il y a une mort à vivre, celle de prétendre comprendre et connaître lÂ’autre, celle de le réduire à mon identité, celle de lÂ’englober dans mes représentations. La sortie de cette mort ne peut se faire quÂ’en posant, ensemble, devant nous, un troisième pôle que nous tire en avant et nous donne des raisons et la force de continuer ce dur chemin. Il y a là, profondément, une participation à lÂ’événement pascal.

Par lÂ’accueil de lÂ’étranger, nous faisons réellement une expérience spirituelle. Nous faisons aussi une expérience ecclésiale car nous pouvons dire que lÂ’accueil de lÂ’étranger teste et nourrit notre capacité de Catholicité, teste et nourrit notre fidélité à lÂ’Eglise du Christ. Et ceci est vrai aussi bien pour les personnes du pays dÂ’accueil (les Français) que pour les étrangers accueilli. Tous - les uns et les autres - nous sommes confrontés à cette expérience de la rencontre de lÂ’accueil de lÂ’étranger. Nous avons Tous à nous accueillir et devenir de plus en plus catholiques.

2.4 Le migrant : rappel que nous sommes étrangers sur terre

Comme le rappelle le pape Jean Paul II dans son message de 1999 : « La paroisse dont l'étymologie désigne une habitation dans laquelle l'hôte est à son aise, accueille chacun et ne discrimine personne car personne ne lui est étranger. »

Le contact avec les migrants dans cette paroisse définie comme « la maison de l'étranger », n'est pas alors seulement faite d'accueil et d'hospitalité. Le migrant devient pour tout membre de la communauté, pour toute communauté qui est tentée de s'installer dans la durée, le signe que nous sommes tous des étrangers sur terre, que, pour chacun de nous, notre patrie est ailleurs.

Les migrants nous rappellent de manière à la fois concrète et symbolique que le Royaume de Dieu est au devant de nous et que nous ne pouvons confondre Royaume de Dieu et Eglise. Cette désinstallation dont le rappel nous est nécessaire en permanence, est bien constitutive de la foi chrétienne. Il y va de notre fidélité à Jésus Christ, « lui qui de condition divine n'a pas retenu comme une proie ce qui lÂ’égalait à Dieu » (Ph. 2,6). Il a, en quelque sorte, migré dans notre nature humaine et cela est un des fondements de la foi. Les migrants sont le rappel que nous sommes citoyens dÂ’un Royaume qui nÂ’est pas dÂ’ici et, dans nos paroisses, ils sont ainsi sacrement de cet ailleurs vers lequel nous marchons et qui est constitutif de notre foi.

3. Grâce aux migrants, former l'Eglise «sacrement de catholicité» pour notre société.

Nous pouvons nous situer alors dans la continuité de l'expression même de la Constitution Dogmatique sur lÂ’Église (L.G .§1), pour relire quelques pratiques qui nous font accéder, par les migrants, à une Catholicité mieux vécue et mieux comprise.

Lumen Gentium affirme, en effet, ceci : «L'Église est, dans le Christ, en quelque sorte, le sacrement, c'est à dire à la fois le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain...» Dire cela, c'est parler de Catholicité et cette notion d'Église sacrement, qui nous est à la fois donnée et à la fois proposée de réaliser, nous servira de clé pour ouvrir quelques expériences où les migrants ont été, sont ou peuvent être chance pour la Catholicité.

3.1 Par la vie des communautés chrétiennes

Si, comme le dit Saint Paul, dans lÂ’épître au Galates (3,28) « vous avez revêtu le Christ ; il n'y a plus ni Juifs ni Grecs», il est essentiel que cela se vérifie dans nos communautés.

Vivre la Catholicité nÂ’est pas seulement accueillir une juxtaposition, aussi harmonieuse soit-elle, de différences, mais tenter un chemin de la rencontre entre les diversités. Chaque baptisé, quelle que soit son origine, n'a pas, au sens strict, à être accueilli dans une autre communauté. Il en fait partie immédiatement, par son Baptême, de plein droit et de plein devoir. Ceci n'empêche pas un accueil de qualité des personnes mais alors, ce nÂ’est pas un étranger qui est accueilli, cÂ’est la reconnaissance qu'un frère nous est donné.

Si, à lÂ’intérieur de lÂ’Église nous vivons cette fraternité qui dépasse déjà les frontières, pour une société qui bute sans cesse sur le « vivre ensemble », nous sommes le signe que cÂ’est possible et que cela nÂ’arrive pas par lÂ’assimilation, la réduction à lÂ’uniformité ou le communautarisme.

Quelles places, quelles responsabilités, les migrants chrétiens ont-ils dans nos communautés (paroissiales ou diocésaines) ?

Une pratique se généralise assez bien, c'est celle qu'on appelle les messes des Nations ou fêtes des Peuples. Souvent c'est une manière de fêter la Pentecôte et de manifester à l'intérieur des communautés cette diversité de langues, cultures et histoires qui forme l'unique Église de Jésus Christ. 

Pour être vraiment sacrement, il nous faut encore travailler pour que ce ne soit ni une concession accordée à nos frères migrants de pouvoir fêter Jésus Christ à leur manière dans la diversité des langues et cultures une fois par an, ni une représentation de rites étrangers, voire étranges. Comment faire, par une qualité de rencontre et de participation de tous, pour accéder au mystère de la Catholicité ? Dans ces manifestations lÂ’aspect festif lÂ’emporte souvent. Au delà de lÂ’exaltation produite par la nouveauté dilatante de la découverte de lÂ’autre, quels chemins de connaissances et de dialogue allons-nous poursuivre avec lÂ’autre, lÂ’étranger ?

Comment ne pas en rester à ce qui nous unit superficiellement pour atteindre le lieu difficile où lÂ’autre résiste même à mes avances les plus généreuses et fusionnelles ?

LÂ’expérience montre quÂ’il est possible dÂ’avancer dans ce sens. Il suffit de repérer combien de migrants sont déjà en responsabilités dans lÂ’Eglise. Comme catéchistes, responsables de services diocésains, animateurs de mouvements ou membres de Conseils Diocésains de Pastorale, les migrants ont déjà un rôle dont lÂ’Eglise en France, et sans doute ailleurs, est bénéficiaire. Encore faut-il que nos Églises en prennent conscience.

3.2 Par le témoignage des croyants acteurs dans la société

Les quartiers périphériques des grandes villes, les cités de banlieues, sont souvent des lieux d'accumulation de problèmes sociaux et de grande diversité d'origine. Insérés dans ces quartiers, partageant avec ses habitants les difficultés et les espoirs, des chrétiens s'engagent dans un « vivre ensemble » bien compromis par le poids des réalités mortifères. Dans ces cités, la diversité ethnique, culturelle, religieuse n'est pas un choix. C'est un fait. Sans une ferme volonté de rencontrer l'autre, les forces centrifuges sont si fortes que ces diversités mêmes sont vécues comme autant d'agression à la tranquillité, à la sécurité, à l'identité même des personnes et des groupes.

Animés par le dynamisme du Royaume et l'espérance d'un monde réconcilié possible, ces Chrétiens, et dÂ’autres avec eux, cherchent et proposent des chemins de rencontre. Seule cette rencontre de l'autre, reconnu dans sa différence mais aussi dans l'identité humaine commune partagée, peut inverser les forces de mort et de division pour balbutier quelque chose d'une société nouvelle. Leur ténacité, la clarté de leur espérance en fait des témoins lisibles de l'Eglise sacrement de l'unité du monde. Toute l'énergie de leur foi, toute l'énergie des communautés chrétiennes a besoin d'être mobilisée pour relever ce défi très difficile d'un monde en situation d'éclatement. Dans ces quartiers, la présence de migrants est vraiment un test et le terrain privilégié où se joue notre vocation à être sacrement de la Catholicité. La moindre avancée sur ce terrain risqué est souvent perçue comme un message d'amour qui ne peut trouver sa source dans la seule affirmation des droits de l'homme. La partie est trop risquée pour fonctionner durablement sur des intérêts personnels et manifeste très vite la vraie nature de nos engagements.

Le message du pape Jean Paul II pour la journée mondiale des migrants en 1999 insiste sur cet aspect: « La catholicité ne se manifeste pas seulement dans la communion fraternelle des baptisés, mais s'exprime également dans l'hospitalité assurée à l'étranger, quelle que soit son appartenance religieuse, en rejetant toute forme d'exclusion ou de discrimination raciale, en reconnaissant la dignité personnelle de chacun et par conséquent en s'engageant à promouvoir ses droits inaliénables. » En insistant sur le rôle de paroisse comme acteur de cette Catholicité vécue, le pape donne à cette dimension sacramentelle de l'Église locale une mission au cÂœur de laquelle nous avons encore beaucoup à puiser pour être les fidèles du Christ en vérité.

3.3 Par la réponse à l'invitation d'accueillir l'étranger

Même avec celui qui ne partage pas la même foi, nous sommes invités à lÂ’accueil. La phrase du Christ :« J'étais un étranger, vous m'avez accueilli », nous donne un rôle actif. Percevons-nous assez jusquÂ’à quel point cet accueil va dans le sens de la Catholicité de lÂ’Église ? Accueillir lÂ’étranger, ce nÂ’est pas seulement le recevoir chez nous, cÂ’est aussi accueillir quelque chose de lui, de son histoire et de ses valeurs, de son expérience religieuse et de sa foi. Vivre la Catholicité, cÂ’est se décentrer et ne pas considérer que nous serions seuls à détenir toute vérité. Vivre la Catholicité, cÂ’est faire droit au travail de lÂ’Esprit dans la diversité des situations humaines.

Que recevons-nous de l'Esprit qui travaille ces peuples qui viennent chez nous ? Ont-ils purement et simplement à s'assimiler à nous sans que nous soyons appelés à bouger ? Ne sont-ils pas plutôt cette part d'humanité que nous n'avons pas et que nous avons à accueillir pour devenir par eux ces hommes parfaits, de stature adulte, dont parle Saint Paul ?

La mission ne peut se faire dans un esprit de rivalité et de compétition avec les autres religions, mais dans une attitude de respect et dÂ’estime, une volonté de dialogue. Le dialogue interreligieux fait partie de lÂ’activité missionnaire de lÂ’Église. Il est exercice de la Catholicité en étant reconnaissance de lÂ’unité de la famille humaine et de la présence des semences de vérité et de bonté dans les autres religions. Il est respect de lÂ’action de lÂ’Esprit et des voies mystérieuses de Dieu dans le cÂœur des hommes.

Tout migrant est pour nous cette chance pour la foi, un appel à vivre la Catholicité.

3.4 Une expérience significative : l'accueil des « sans papiers » dans les églises

Cet accueil se formule parfois symboliquement. L'occupation de lieux d'Église par des « sans papiers » a été, pour nous, un révélateur. Le plus souvent il s'agissait d'étrangers non chrétiens et parfois musulmans. Or c'est vers les Eglises qu'ils se sont tournés en ultime recours. Déjà cette attitude nous a interrogé. Quand le dialogue s'est engagé, ils ont dit des phrases qui nous renvoyaient notre propre image. A Angoulême, la veille de la Pentecôte, des « sans papiers » sÂ’installent devant la Cathédrale. À la question de lÂ’évêque, Mgr Dagens, ils répondent : « Ici, cÂ’est un lieu sacré, un lieu de prière où il y a des oreilles capables de nous écouter. » et Mgr Dagens de commenter : « CÂ’est une réponse extraordinaireÂ… elle nous donne la clé de notre position : même si lÂ’Église ne peut résoudre tous les problèmes, elle doit prendre les personnes en considération. Elle est au service de toute personne humaine. CÂ’est le cÂœur du message chrétien. »

Ainsi, les « sans papiers », nous révèlent à nous-mêmes ce que nous sommes et que, dans le déroulement même de la vie et de l'action, nous ne sommes pas toujours en mesure de discerner. En quelque sorte, ils nous qualifient à partir de l'image que nous donnons, souvent inconsciemment 

A Antioche, au chapitre 11 verset 26 des Actes des Apôtres, nÂ’est-il pas dit que ce sont les païens qui ont donné aux disciples le nom de chrétiens ? Dans leur immersion dans le contexte juif, ils ne passaient jusque là que comme une secte juive dissidente. Au contact des païens, débarrassés d'idées préconçues sur le judaïsme, ils apparaissent plus pour ce qu'ils sont : les disciples du Christ. 

Et si les « sans papiers », par leur acte même et leurs paroles, nous donnaient un nom qui caractérise ce que nous sommes comme Église aujourdÂ’hui dans notre société ? C'est toujours l'autre qui nous donne un nom et, en quelque sorte, nÂ’est-ce pas l'autre, étranger d'ethnie, de culture et de religion, qui nous fait exister comme communautés chrétiennes, «signe et moyen de l'union à Dieu et de l'unité du genre humain» par le regard neuf quÂ’il pose sur nous et le témoignage que nous portons ? Il nous révèle de quel esprit, de quel « nom », nous sommes !

En conclusion de cette partie : il nous faut veiller à bien articuler ces divers éléments. Dans la rencontre des migrants dans un quartier difficile, on n'est pas sacrement à soi tout seul. CÂ’est le lien avec la communauté chrétienne qui donne poids au témoignage personnel de chaque baptisé. C'est dans la mesure où les communautés chrétiennes seront travaillées par l'Esprit et par le témoignage des personnes qui prennent plus de risques dans ce défi qu'elles deviendront elles-mêmes et en tant que telles sacrements pour la société où elles vivent et dont elles sont

Conclusion

Terminons notre entretien au cÂœur de la Trinité ! Notre Dieu nÂ’est pas un Dieu immobile. Il est, en lui-même, mouvement, mouvement dÂ’amour et de fécondité. Par leur mouvement même, les migrants nous rappellent ce mouvement, et la contemplation de la Trinité nous invite à ce que ce mouvement soit chemin dÂ’amour et de fécondité.

Permettez-moi de résumer ici les questions qui ont surgi au cours de cet exposé. JÂ’en garde trois car elles sont, sans doute, assez essentielles pour que nos communautés ecclésiales expérimentent une Catholicité concrète dans leur vie avec les migrants :

Quelle place prennent les Chrétiens de nos Églises locales dans lÂ’élaboration dÂ’une société où la qualité du « vivre ensemble » préfigure lÂ’humanité rassemblée par le Christ, une société qui ait un goût de Royaume de Dieu ?

Quelle place de plein droit et de pleine responsabilité les migrants chrétiens ont-ils dans nos Églises locales ?

« JÂ’étais un étranger et vous mÂ’avez accueilli ! »Â… quÂ’est ce que nos Églises locales accueillent de lÂ’étranger qui est sur son territoire (y compris dans lÂ’ordre de la foi et de lÂ’interreligieux) ? quelle conscience ont-elles de recevoir quelque chose des migrants ?


Emigraciones: una oportunidad para la vivencia de la catolicidad

Resumen

El autor introduce su artículo, afirmando que su comentario desea evitar aparecer “militante” o “naïve”, por lo cual su reflexión sobre la emigración toma como perspectiva una de las características constitutivas de la Iglesia, la catolicidad. El argumento es desarrollado en tres partes: la primera da cuenta del contexto religioso y socioeconómico de Francia, donde reside el autor; en la segunda parte se interroga a sí mismo cómo afecta a su fe el encuentro con los emigrantes; en la parte final considera la situación de la Iglesia, llamada a ser sacramento de unidad para el mundo.

Respecto al primer punto, se recuerda que Francia tiene una larga historia migratoria, raíz de una legislación que recoge el estatuto de los estranjeros. Recuerda que la Iglesia de Francia, en repetidas ocasiones, ha invitado a todos los creyentes a acoger los estranjeros como cristianos y que, en su actuación pastoral, pone en práctica las indicaciones de la Santa Sede.

La catolicidad de la Iglesia es puesta en relación con el designio de Dios, que sacó a la humanidad de la experiencia de Babel, para introducirla en la experiencia de Pentecostés. La catolicidad es una nota característica y la vocación que la Iglesia debe realizar en la historia. La revelación divina se cumplió a través de un pueblo de emigrantes, los israelitas, y el mismo Cristo, para la salvación de la humanidad, quiso “emigrar” del cielo y venir al mundo como Palabra de Dios, muerto por nuestra salvación. La Iglesia, consecuente con la altura de su fe, debe acoger cuantos llegan de cualquier rincón de la tierra. Los emigrantes nos recuerdan permanentemente que somos extranjeros en este mundo...

Los emigrantes pueden ayudar a la Iglesia a realizar su vocación de ser sacramento de catolicidad para nuestra sociedad. Refiriéndose a la “Lumen Gentium”, señala de qué forma la Iglesia es signo e instrumento de la unión íntima con Dios y de la unión de toda la humanidad. Esto se realiza a través de la vida concreta de las comunidades cristianas. Para el cristiano no es suficiente la co-existencia; él persigue el encuentro verdadero con los hermanos en su diversidad. Quedan excluidas la asimilación, la reducción a la uniformidad, la cultura de ghetto. Por lo demás, con frecuencia los emigrantes se han integrado de tal forma en las comunidades de acogida, que han asumido puestos de responsabilidad.

El dinamismo y la esperanza del Reino de Dios para la entera humanidad, inspiran la convicción de que van a buscarse, encontrarse y proponerse nuevas formas originales de encuentro con el prójimo, en sus propias diferencias y en su común identidad humana. Pensando en la situación de los emigrantes en los suburbios, hay que reconocer que el más mínimo avance en la afirmación de los derechos humanos, constituye ya un mensaje de amor desinteresado.

Acoger a los emigrantes, significa aceptar recibir algo de ellos. Sin rivalidades o en competencia con las otras religiones, sino en el respeto a la acción del Espíritu y a los misteriosos caminos de Dios en el corazón de la gente. En este sentido, toda la problemática de los emigrantes sin documentación, “les sans-papier”, ha sido una experiencia reveladora para la Iglesia de Francia.

El autor concluye avanzando algunas cuestiones: ¿Los cristianos son realmente conscientes de que su “vivir juntos” es prefiguración de una “humanidad unida en Cristo”? ¿En nuestras parroquias se invita a los emigrantes a asumir puestos de responsabilidad? ¿Cual es la calidad de nuestra acogida, incluido el aspecto de la fe; estamos convencidos de lo que los emigrantes pueden aportarnos?


Migrations: a chance for living our Catholicity

Summary

The Author says in his introduction that he does not want his reflection to appear ‘militantÂ’ or ‘naïveÂ’, and that is why he wants to consider migrations starting from a point of view which touches one of the very constitutive characteristics of the Church, its catholicity. He develops this argument in three parts: first he takes stock of the religio-socio-economico-political environment of France where he lives, second he asks himself how meeting with migrants affects our faith, and finally he states the situation of the Church called to be the sacrament of the unity of the world.

In his first point he mentions how France has a long history of immigration with a legislation giving a status to the foreigner. He adds that the Church in France took position courageously several times to invite its faithful to welcome the foreigner as Christians, and that it implements generously the pastoral directives of the Holy See.

After having explained how he links the ‘catholicityÂ’ of the Church to the very will of God by taking humankind from the Babel experience and bring it to the Pentecost experience. Catholicity is at the same time a characteristic of the Church and its vocation which it has to fulfil in history. GodÂ’s revelation was made through the history of a migrant people, the Hebrews, and Christ himself, in order to save humankind, has volunteered to ‘migrateÂ’ from heaven to come here on earth as the Word of God and die for our salvation. The Church must therefore live up to its creed, welcome those who come from the ends of the earth. Migrants constantly remind us that we are foreigners here on earthÂ… 

Migrants can help the Church fulfil her vocation to be sacrament of catholicity for our society. He quotes Lumen Gentium saying how the Church is in a way the sign of and the means to the intimate union with God and the unity of the whole humankind. This is to be realised through the very life of Christian Communities. Co-existence is not enough for the Christian, there must be a real attempt to reach out to encounter our brethren in their very diversity. It excludes all assimilation, reduction to uniformity, ghetto culture. Migrants have already been so well integrated in some places that many take up positions of responsibility in their newly found church environment.

Inspired by the conviction, the dynamism and the hope of the Kingdom of God for a reconciled humanity, they can look for, find and propose original forms of encountering the neighbour in his difference and also in his common human identity. In the context of the presence of migrants in a suburb, the smallest progress towards the affirmation of Human Rights is for all a message of disinterested love. 

Welcoming the migrants means also agreeing to accept something from him. There is no room here for rivalry or competition with other religions. It calls on the contrary for respect of the action of the Spirit and of the mysterious ways of God in the hearts of people. The issue of the undocumented migrants, ‘les sans-papiers’ has been a revealing experience for the Church in France.

The Author concludes with a few questions: Are Christians aware that the quality of their ‘living together’ prefigures a ‘humanity unified in Christ’? Are migrants invited to share responsibilities in our traditional parishes? What is the quality of our welcome, even in the field of faith, are we aware of what migrants have to offer to us?

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