The Holy See
back up
Search
riga

Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et Personnes en Déplacement

Extraits des discours du Saint-Père 

et des prises de position du Saint-Siège

à propos des Réfugiés et des Personnes Déplacées

 

 Recapitulation de la période 

du 1 février 2002 à 31 janvier 2003

(II: 10 octobre 2002 - 13 janvier 2003)

DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II
AU NOUVEL AMBASSADEUR
DE LA RÉPUBLIQUE DU GABON
LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE
 

Jeudi 10 octobre 2002

Monsieur lÂ’Ambassadeur,

...

2. ...Alors que le Continent continue de souffrir âprement des divers conflits qui le meurtrissent, je lance un nouvel et insistant appel afin que tous les Africains se mobilisent pour travailler main dans la main, comme des frères, pour faire de leurs terres des lieux habitables, où chacun puisse avoir sa part de la richesse nationale. Il importe que ceux qui ont en charge les destinées des nations africaines sÂ’attachent à créer les conditions d'un développement intégral et solidaire, qui serve activement la cause de la paix. ...

De nombreux pays africains continuent de souffrir de manière endémique de situations de pauvreté qui défigurent les personnes et les rendent incapables de subvenir à leurs besoins et aux besoins de ceux dont ils ont la charge, hypothéquant à long terme lÂ’avenir des communautés nationales. JÂ’invite donc les Autorités légitimes des pays à poursuivre la lutte contre toutes les formes de pauvreté, qui ruinent l'espérance des individus et des peuples, alimentant aussi la violence et les extrémismes de toutes sortes. Dans cet esprit, jÂ’appelle également de mes vÂœux un nouvel élan dans la coopération internationale, qui doit être repensée en termes de culture de solidarité pour lutter contre les effets négatifs liés à la mondialisation....

Afin de promouvoir toujours plus cette éthique de la solidarité et de la promotion humaine, je souhaite vivement que la Communauté internationale poursuive ses efforts pour soutenir, notamment en repensant la dette des pays d'Afrique, des initiatives locales qui impliquent la population, en accompagnant la réalisation des projets grâce à des personnes qualifiées qui aideront à la formation des protagonistes et qui pourront vérifier que les objectifs sont réellement atteints. ...

 

MESSAGE DE SA SAINTETÉ
LE PAPE JEAN PAUL II
POUR LA 89
ème JOURN
ÉE MONDIALE
DU MIGRANT ET DU RÉFUGI
É (2003)

Pour un engagement àvaincre tout racisme, toute xénophobie
et tout nationalisme exagéré

1. La migration est devenue un phénomène répandu dans le monde moderne et concerne toutes les nations, que ce soit comme pays de départ, de transit ou d'arrivée. Elle touche des millions d'êtres humains et représente un défi que l'Eglise en pèlerinage, au service de toute la famille humaine, ne peut manquer de relever et d'affronter dans l'espritévangélique de la charitéuniverselle. La Journée mondiale du Migrant et du Réfugiéde cette année - comme dÂ’habitude - devrait représenter un temps particulier de prière pour les besoins de tous ceux qui, pour quelque raison que ce soit, sontéloignés de leur maison et de leur famille; elle devraitêtre un jour de profonde réflexion sur les devoirs des catholiques envers ces frères et sÂœurs.

Parmi ceux qui sont particulièrement touchés, figurent les catégories les plus vulnérables d'étrangers: les immigrés sans papier, les réfugiés, les demandeurs d'asile, les personnes déplacées en raison de conflits violents etàlÂ’état endémique dans de nombreuses parties du monde et les victimes - en majoritédes femmes et des enfants - du terrible crime du commerce dÂ’êtres humains. Même au cours du passérécent, nous avons assistéauxépisodes tragiques de déplacements forcés de personnes en raison de revendications ethniques et nationalistes, qui ont ajoutéune pauvretéindicibleàla vie de groupes spécifiques. A la base de ces situations figurent des intentions et des actions pécheresses, qui sont contrairesàl'Evangile et qui constituent un appel aux chrétiens partout dans le mondeàvaincre le mal par le bien.

2. L'appartenanceàla communautécatholique n'est pas déterminée par la nationalitéou l'origine, sociale ou ethnique, mais essentiellement par la foi en Jésus-Christ et le Baptême au nom de la très Sainte Trinité. Le visage“cosmopolite”du Peuple de Dieu est visible aujourd'hui dans pratiquement chaque Eglise particulière car la migration a transformémême les petites communautés auparavant isolées en réalités pluralistes et interculturelles. Des lieux qui jusqu'àrécemment voyaient rarement unétranger sontàprésent devenus un foyer pour des personnes provenant de différentes parties du monde. ...

L'Eglise considère que limiter l'appartenanceàune communautélocale sur la base de caractéristiques ethniques ou d'autres caractéristiques externes conduiraitàun appauvrissement de toutes les personnes concernées et serait en contradiction avec le droit fondamental des baptisésàpratiquer le culte etàparticiperàla vie de la communauté. De plus, si les nouveaux venus se sentent indésirables lorsqu'ils approchent une communautéparoissiale particulière, car ils ne parlent pas la langue locale ou qu'ils ne suivent pas les coutumes locales, ils deviennent facilement des“brebis perdues”. La perte de ces“plus petits”même pour des raisons de discrimination latente, devrait constituer un motif de profonde préoccupation pour les pasteurs comme pour les fidèles.

3. Cela nous renvoieàun sujet que j'ai souventévoquédans les Messages pour la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié, je veux dire le devoir chrétien d'accueillir quiconque frappeànotre porte par nécessité. Une telle ouverture contribueà édifier des communautés chrétiennes dynamiques, enrichies par l'Espritàtravers les dons que leur apportent les nouveaux disciples provenant d'autres cultures. Cette expression fondamentale de l'amourévangélique estégalement l'inspiration d'innombrables programmes de solidaritéenvers les migrants et les réfugiés dans toutes les parties du monde. ...

LÂ’esprit de solidaritén'est pas inné. Il exige un entraînement et unéloignement des attitudes de repli sur soi qui, dans de nombreuses sociétés d'aujourd'hui, sont devenues plus subtiles et enracinées. Pour faire faceàce phénomène, l'Eglise dispose de nombreuses ressources pour lÂ’éducation et la formationàtous les niveaux. C'est pourquoi j'appelle les parents et les enseignantsàcombattre le racisme et la xénophobie en inculquant des attitudes positives fondées sur la doctrine sociale catholique.

4. Etant toujours plus enracinés dans le Christ, les chrétiens doivent lutter contre toute tendanceàse replier sur eux-mêmes, et apprendreàdiscerner l'Âœuvre de Dieu chez les personnes dÂ’autres cultures. Seul le véritable amourévangélique sera assez fort pour aider les communautésàpasser de la simple tolérance envers les autres au véritable respect pour leurs différences. ...

Naturellement, de même que j'exhorte les catholiquesàse distinguer par un esprit de solidarité àl'égard des nouveaux venus parmi eux, j'inviteégalement les immigrésàreconnaître leur devoir dÂ’honorer les pays qui les reçoivent et de respecter les lois, la culture et les traditions des peuples qui les ont accueillis. Voilàcomment l'harmonie sociale prévaudra.

Le chemin vers la véritable acceptation des migrants dans leur diversitéculturelle est réellement difficile et, dans certains cas, un véritable Chemin de Croix. ...

5. Est-il besoin de dire que les communautés culturelles mixtes offrent des opportunités uniques d'approfondir le don de l'unitéavec les autres Eglises chrétiennes et Communautés ecclésiales ? Un grand nombre d'entre elles, en effet, ontÂœuvréau sein de leurs communautés et avec l'Eglise catholique pour former des sociétés dans lesquelles les cultures des migrants et leurs dons particuliers soient sincèrement appréciés, et dans lesquelles les manifestations de racisme, de xénophobie et de nationalisme exacerbésoient combattues de façon prophétique. ...

Puissent les bénédictions abondantes de Dieu accompagner ceux et celles qui accueillent l'étranger au nom du Christ.

Du Vatican, le 24 octobre 2002

 

DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II
AUX ÉVÊQUES BRÉSILIENS 

DE LA RÉGION "NORD-EST I ET IV"
EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"
 

Samedi 26 octobre 2002

Très chers frères dans l'épiscopat, 

...

2. ...Au cours des dernières décennies, l'effort pour combattre l'analphabétisme, les maladies endémiques et la mortalité infantile; la coexistence avec la pauvreté et la misère chroniques, dues en bonne partie à l'immigration des campagnes vers la ville; le problème de la juste répartition de la terre et de l'attention aux gens de la mer, ainsi que de nombreuses autres questions, sans oublier le binôme sécheresse-inondations, constituent des motifs de préoccupation constants pour les autorités locales, ainsi que pour les diverses pastorales diocésaines. 

8....Comme nous le savons, la jeunesse brésilienne caractérise la vie nationale non seulement en raison de son nombre, mais également en raison de l'influence qu'elle exerce sur la vie sociale. Outre la question délicate de l'accompagnement du mineur privé de sa dignité et de son innocence, il existe des problèmes liés à son insertion sur le marché du travail, à l'augmentation de la criminalité parmi les jeunes (en bonne partie due à la situation de pauvreté endémique et au manque de stabilité familiale, ainsi qu'à l'action parfois délétère de certains moyens de communication sociale), à la migration interne, à la recherche de meilleures conditions de vie dans les grandes villes, à la participation préoccupante des jeunes au monde de la drogue et de la prostitution, qui constituent des facteurs qui restent toujours prioritaires dans vos préoccupations pastorales.

 

DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II
AUX PARTICIPANTS À l'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE
L' ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES
 

Lundi 11 novembre 2002 

Chers membres de l'Académie pontificale des Sciences, 

...

Je pense également aux immenses bénéfices que la science peut apporter aux personnes dans le monde à travers la recherche fondamentale et les applications technologiques. En préservant son autonomie légitime des pressions économiques et politiques, en ne cédant pas aux forces du consensus ou à la recherche du profit, en s'engageant à la recherche désintéressée visant à la vérité et au bien commun, la communauté scientifique peut aider les peuples du monde et les servir plus qu'aucune autre structure ne pourrait le faire. 

Au début de ce nouveau siècle, les scientifiques doivent se demander s'ils ne peuvent pas faire davantage à cet égard. Dans une société toujours plus mondialisée, ne peuvent-ils pas faire davantage pour accroître le niveau de l'instruction et améliorer les conditions de santé, pour étudier des stratégies en vue d'une distribution plus équitable des ressources, pour faciliter la libre circulation de l'information et l'accès de tous à la connaissance qui améliore la qualité et le niveau de vie? ...

De cette façon, la science contribuera à unir les esprits et les coeurs, en promouvant le dialogue non seulement entre les chercheurs dans différentes parties du monde, mais également entre les nations et les cultures, en apportant une contribution inestimable à la paix et à l'harmonie entre les peuples. ...

 

VISITE AU PARLEMENT ITALIEN
(PALAZZO MONTECITORIO)

DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II

Jeudi 14 novembre 2002

Monsieur le Président de la République italienne,
Messieurs les Présidents de la Chambre des Députés et du Sénat,
Monsieur le Président du Conseil des Ministres,
Messieurs et Mesdames les Députés et les Sénateurs,

 ...

8. Le caractère réellement humaniste dÂ’un corps social se manifeste particulièrement dans lÂ’attention quÂ’il réussit à témoigner envers ses membres les plus faibles. Considérant le chemin parcouru par lÂ’Italie durant les presque soixante ans qui nous séparent des ruines de la deuxième guerre mondiale, nous ne pouvons pas ne pas admirer les progrès considérables accomplis en vue dÂ’une société où sont assurées à tous des conditions de vie acceptables. Mais il faut également reconnaître la crise de lÂ’emploi qui reste grave, surtout chez les jeunes, ainsi que les nombreuses pauvretés, les misères et les marginalisations, anciennes ou nouvelles, qui atteignent beaucoup de personnes et beaucoup de familles italiennes ou immigrées dans ce pays. On ressent donc vivement le besoin dÂ’une solidarité spontanée et capillaire, à laquelle lÂ’Église est, de toutes ses forces, attentive à donner généreusement sa contribution.

Toutefois, une telle solidarité ne peut pas ne pas compter surtout sur la sollicitude constante des Institutions publiques. ...

 

ANGELUS 

Dimanche, 17 novembre 2002 

Très chers frères et soeurs! 

1. Nous célébrons aujourd'hui en Italie la Journée des Migrations, rendez-vous annuel qui invite la Communauté ecclésiale et la communauté civile à réfléchir sur ce phénomène social important et complexe. 

Les Evêques italiens ont choisi comme thème pour la célébration d'aujourd'hui une expression de l'Apôtre Paul: "Soyez accueillants les uns pour les autres comme le Christ le fut pour vous" (Rm 15, 7). Dans le Christ, accueillant tout homme, Dieu s'est fait "migrant" sur les sentiers du temps pour apporter à tous l'Evangile de l'amour et de la paix. En contemplant ce mystère, comment ne pas s'ouvrir à l'accueil et reconnaître que chaque être humain est fils de l'unique Père céleste et donc notre frère? 

2. Nous vivons une époque de profonds changements qui touchent les personnes, les groupes ethniques et les peuples. Aujourd'hui aussi, on enregistre de graves inégalités en particulier entre le nord et le sud du monde. Cela fait que la terre, devenue toujours plus un "village mondial", est malheureusement pour les uns un lieu de pauvreté et de privations, tandis que les grandes richesses se concentrent entre les mains des autres. Dans ce contexte, l'"autre" risque d'être considéré souvent comme un concurrent, d'autant plus s'il est "différent" de par sa langue, sa nationalité et sa culture. 

C'est pour cela qu'il est important que se diffuse l'esprit d'accueil, qu'il faut traduire en comportements sociaux d'attention particulière, spécialement envers ceux qui sont dans le besoin. Chacun est appelé à contribuer à rendre le monde meilleur, en commençant par son propre milieu de vie et d'action. Je souhaite de tout coeur que les familles, les associations, les communautés ecclésiales et civiles, deviennent toujours plus des écoles d'hospitalité, de coexistence civile et de dialogue fécond. Que les immigrés, pour leur part, sachent respecter les lois de l'Etat qui les accueille et contribuer ainsi à une meilleure insertion dans le nouvel ordre social. ...

 

DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II
AU NOUVEL AMBASSADEUR DE BOSNIE-HERZEGOVINE
LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Samedi 30 novembre 2002

Monsieur l'Ambassadeur, 

...

2. ...Il faut toutefois travailler intensément pour édifier et rendre la paix efficace dans la justice, en résolvant les problèmes liés à l'avenir du pays. Parmi ceux-ci, la question des réfugiés et des exilés, qui attendent de pouvoir rentrer chez eux, et la reprise économique, qui apporterait sérénité et confiance aux populations. 

C'est pourquoi, des programmes concrets sont nécessaires, qui partent de la personne et du respect pour sa dignité, qui offrent la possibilité de travailler et de gagner les moyens suffisants pour vivre, qui promeuvent le dialogue et la collaboration entre les diverses composantes de la société civile, dans le plein respect de l'identité de chacun. ...

3....Il est vrai que l'on ne peut pas effacer de la mémoire ce qui a eu lieu par le passé, mais l'on peut et l'on doit libérer les coeurs de la haine et de la vengeance. Que la mémoire des erreurs et des injustices demeure comme un avertissement exigeant à ne répéter ni les unes ni les autres, afin d'éviter de nouvelles tragédies, peut-être même plus grandes encore. 

L'Eglise de Bosnie-Herzégovine est déjà au travil et offre sa contribution à la réconciliation et au pardon, en annonçant fidèlement l'Evangile. Elle demande seulement de pouvoir accomplir sa mission, en étant proche des pauvres et des personnes marginalisées, et en prêtant sa voix à ceux qui en sont privés dans la société. ...

4. ...Bien que la paix soit rétablie désormais depuis presque sept ans, on n'entrevoit maheureusement pas encore de solutions concrètes pour le drame des nombreux réfugiés et exilés désireux de regagner leur foyer. Je pense en particulier aux populations qui attendent de pouvoir rentrer dans les zones de Banja Luka et de Bosanska Posavina. Ces populations, ainsi que les réfugiés et les exilés d'autres zones, se voient nié le droit de vivre sereinement sur leur terre natale. Très souvent, alors, un grand nombre d'entre eux sont contraints d'aller chercher fortune ailleurs. 

Ces personnes demandent à juste titre des garanties pour leur sécurité, ainsi que la mise en oeuvre de conditions politiques, sociales et économiques acceptables. Elles demandent en outre la restitution de leurs biens, dont elles ont été privées avec violence au cours de la guerre. 

5. ..."c'est en toute vérité que l'on définit [la paix] "oeuvre de justice"" et que celle-ci exige "la ferme volonté de respecter les autres hommes et les autres peuples ainsi que leur dignité" ...

 

DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II
ÀL'OCCASION DE LA PRÉSENTATION
DES LETTRES DE CRÉANCE DES AMBASSADEURS
PR
ÈS LE SAINT-SIÈGE

Vendredi 13 décembre 2002

Excellences,

...

2. La paix est un des biens les plus précieux pour les personnes, pour les peuples et pour les États. Comme vous le savez, vous qui suivez attentivement la vie internationale, tous les hommes la désirent ardemment. Sans la paix, il ne peut y avoir de véritable développement des individus, des familles, de la société et de lÂ’économie elle-même. La paix est un devoir pour tous. Vouloir la paix nÂ’est pas un signe de faiblesse mais de force. Elle se réalise dans une attention au respect de lÂ’ordre international et du droit international, qui doivent être les priorités de tous ceux qui ont en charge la destinée des Nations. De même, il importe de considérer la valeur primordiale des actions communes et multilatérales pour la résolution des conflits sur les différents continents.

3. Les misères et les injustices sont sources de violence et contribuent au maintien et au développement de certains conflits locaux ou régionaux. Je pense en particulier aux pays dans lesquels la famine se développe de manière endémique. La communauté internationale est appelée à mettre tout en Âœuvre pour que ces fléaux puissent être peu à peu supprimés, notamment par des moyens matériels et humains qui aideront les peuples qui en ont le plus besoin. Un soutien plus important à lÂ’organisation des économies locales permettrait sans doute aux populations autochtones de prendre davantage en main leur avenir.

La pauvreté pèse aujourdÂ’hui dÂ’une manière alarmante sur le monde, mettant en péril les équilibres politiques, économiques et sociaux. Dans lÂ’esprit de la Conférence internationale de Vienne de 1993 sur les droits humains, elle est une atteinte à la dignité des personnes et des peuples. Il faut reconnaître le droit de chacun à avoir le nécessaire et à pouvoir bénéficier dÂ’une part de la richesse nationale. Par votre intermédiaire, Messieurs les Ambassadeurs, je souhaite une nouvelle fois lancer un appel pressant à la Communauté internationale pour que, au plus vite, on repense la double question de la répartition des richesses de la planète et dÂ’une assistance technique et scientifique équitable à lÂ’égard des pays pauvres, qui constituent des devoirs pour les pays riches. Le soutien au développement passe en effet par la formation, dans tous les domaines, de cadres locaux qui prendront en charge demain les destinées de leurs peuples, afin que ces derniers puissent bénéficier plus directement des matières premières et des richesses tirées du sous-sol et du sol.

CÂ’est dans ces perspectives que lÂ’Église catholique souhaite poursuivre son action, dans le domaine diplomatique comme par sa présence de proximité dans les divers pays du monde, sÂ’engageant pour le respect des personnes et des peuples, et pour la promotion de tous, notamment par lÂ’éducation intégrale et par des Âœuvres de socialisation. ...

 

DISCOURS DU PAPE JEAN PAUL II
AU NOUVEL AMBASSADEUR DE SIERRA LEONE
PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION
DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE
 

Vendredi 13 décembre 2002

Votre Excellence, 

...

Dans les cas où des tensions et des conflits ont lieu dans un pays ou entre des nations, la réponse adaptée ne peut jamais être la violence ou l'effusion de sang, mais le dialogue, dans le but d'une résolution pacifique de la crise. Le dialogue authentique présuppose une recherche honnête de ce qui est vrai, juste et bon pour chaque personne, chaque groupe et chaque société; il s'agit d'un effort sincère pour identifier ce que les peuples ont en commun en dépit des tensions, des oppositions et des conflits: tel est, en effet, le seul chemin sûr conduisant à la paix et au progrès authentique. De plus, le dialogue authentique aide les peuples et les nations de la terre à reconnaître leur indépendance mutuelle dans les domaines économiques, politiques et culturels. Précisément à notre époque, qui ne connaît que trop bien les dernières technologies en matière de mort et de destruction, il existe un besoin urgent d'édifier une culture prédominante de la paix, qui aide à anticiper et à contrecarrer les explosions de violence armée qui semblent inévitables. Cela inclut la nécessité de prendre des mesures concrètes pour mettre un terme au trafic d'armes. 

A ce point, le devoir des gouvernements et de la Communauté internationale demeure essentiel, car c'est à eux qu'il revient de contribuer à l'établissement de la paix à travers des structures solides qui, en dépit des incertitudes de la politique, garantiront la liberté et la sécurité de tous les peuples en toute circonstance. Les Nations unies elles-mêmes ont assumé des responsabilités toujours plus grandes pour maintenir ou restaurer la paix dans les régions dévastées par la guerre et les conflits. Dans votre pays, les Nations unies viennent d'étendre le mandat de leur mission de maintien de la paix. La Communauté internationale est donc elle-même un partenaire de votre gouvernement dans ses efforts visant à réintégrer les anciens combattants, à faciliter le retour des réfugiés et des personnes déplacées, à assurer le plein respect des droits de l'homme et de la loi, avec une protection spéciale pour les femmes et les enfants. ...

 

DISCOURS DU PAPE JEAN PAUL II
AU NOUVEL AMBASSADEUR
DE LA RÉPUBLIQUE RWANDAISE
PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION
DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE
 

Vendredi 13 décembre 2002

Monsieur lÂ’Ambassadeur,

 2. ... une justice équitable est sans aucun doute pour tout État le socle sur lequel peuvent se bâtir la paix véritable et une vie démocratique forte, au service du développement intégral de tous les citoyens sans exception. On ne peut quÂ’apprécier les efforts entrepris dans votre pays pour promouvoir la justice: il faut souhaiter quÂ’ils portent du fruit. Cela contribuera à renforcer lÂ’unité nationale et à éradiquer la culture de lÂ’impunité, qui ne peut qu'attiser la haine en exacerbant les inégalités entre les personnes et entre les communautés ethniques. Il s'agit de permettre aux Rwandais de sÂ’engager avec confiance et détermination sur la voie de la réconciliation effective et du partage, tout en sÂ’attachant à rechercher et à manifester avec courage la vérité sur les circonstances qui ont provoqué le génocide. Cela suppose notamment de renoncer à lÂ’ethnocentrisme, qui engendre la domination des uns sur les autres, et de porter un regard dÂ’espérance sur la voie qui reste encore à parcourir pour parvenir ensemble à la paix.

3. Le chemin de la reconstruction nationale et de la concorde entre tous les habitants, sur lequel sÂ’est engagé le Rwanda, est aussi un chemin de démocratisation. ...

Ces valeurs universelles, tout comme le respect de la vie humaine, le sens du bien commun, lÂ’accueil des rapatriés, le soutien à la famille, sont un patrimoine précieux qui constitue une source dÂ’espérance non seulement pour le Rwanda, mais aussi pour toute la région des Grands Lacs, appelée à trouver la force dÂ’âme et le courage politique nécessaires à lÂ’établissement dÂ’un développement durable et solidaire....

 

MESSAGE DE SA SAINTETÉLE PAPE JEAN-PAUL II
POUR LA CÉLÉBRATION DE LA
JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX 

1er Janvier 2003

 PACEM IN TERRIS
UN ENGAGEMENT PERMANENT

...

3. ... Jean XXIII identifia les conditions essentielles de la paix, à savoir les quatre exigences précises de l'esprit humain: la vérité, la justice, l'amour et la liberté (cf. ibid., I: l.c., pp. 265-266; La Documentation catholique, l.c., col. 519). La vérité, disait-il, constituera le fondement de la paix si tout homme prend conscience avec honnêteté que, en plus de ses droits, il a aussi des devoirs envers autrui. La justice édifiera la paix si chacun respecte concrètement les droits d'autrui et s'efforce d'accomplir pleinement ses devoirs envers les autres. L'amour sera ferment de paix si les personnes considèrent les besoins des autres comme les leurs propres et partagent avec les autres ce qu'elles possèdent, à commencer par les valeurs de l'esprit. Enfin, la liberté nourrira la paix et lui fera porter du fruit si, dans le choix des moyens pris pour y parvenir, les individus suivent la raison et assument avec courage la responsabilité de leurs actes. ...

5. ... Non seulement la vision de précurseur du Pape Jean XXIII, c'est-à-dire la perspective d'une autorité publique internationale au service des droits humains, de la liberté et de la paix, ne s'est pas encore entièrement réalisée, mais il faut malheureusement constater les fréquentes hésitations de la communauté internationale concernant le devoir de respecter et d'appliquer les droits humains. Ce devoir concerne tous les droits fondamentaux et ne laisse pas de place pour des choix arbitraires qui conduiraient à des formes de discrimination et d'injustice. En même temps, nous sommes témoins de l'accroissement d'un écart préoccupant entre une série de nouveaux «droits» promus dans les sociétés technologiquement avancées et des droits humains élémentaires qui ne sont pas encore respectés, surtout dans des situations de sous-développement: je pense, par exemple, au droit à la nourriture, à l'eau potable, au logement, à l'auto-détermination et à l'indépendance. La paix exige que cet écart soit réduit de manière urgente et en définitive supprimé. ...

6. ...que la question de la paix ne peut pas être séparée de celle de la dignité humaine et des droits humains. C'est là assurément une des vérités permanentes enseignées par Pacem in terris, que nous ferions bien de nous rappeler et de méditer en ce quarantième anniversaire.

Le temps n'est-il pas venu où tous doivent collaborer à la constitution d'une nouvelle organisation de toute la famille humaine, pour assurer la paix et l'harmonie entre les peuples, et en même temps promouvoir leur progrès intégral? ...

On entend plutôt souligner qu'il est urgent d'accélérer les progrès déjà en cours pour répondre à la demande presque universelle de modes démocratiques dans l'exercice de l'autorité politique, tant nationale qu'internationale, et pour répondre aussi à l'exigence de transparence et de crédibilité à tous les niveaux de la vie publique. ...

8. Il existe un lien indissoluble entre l'engagement pour la paix et le respect de la vérité. L'honnêteté de l'information, l'équité des systèmes juridiques, la transparence des procédures démocratiques, donnent aux citoyens le sens de la sécurité, la disposition à dépasser les controverses par des moyens pacifiques et la volonté d'une entente loyale et constructive qui constituent les vraies prémices d'une paix durable. Les rencontres politiques au niveau national et international ne servent la cause de la paix que si les engagements pris ensemble sont respectés de part et d'autre. ...

Pacta sunt servanda, dit l'antique adage. Si tous les engagements doivent être respectés, on doit veiller particulièrement à respecter les engagements pris envers les pauvres. Ne pas tenir des promesses faites et considérées par les pauvres comme d'un intérêt vital serait en effet particulièrement frustrant pour eux. Dans cette perspective, le non respect des engagements à l'égard des Nations en voie de développement constitue un problème moral sérieux et met encore plus en lumière l'injustice des inégalités qui existent dans le monde. Les souffrances causées par la pauvreté se trouvent dramatiquement augmentées par la perte de confiance. Le résultat final en est la disparition de toute espérance. La présence de la confiance dans les relations internationales est un capital social d'une valeur fondamentale.

9. À considérer le fond des choses, on doit reconnaître que la paix n'est pas tant une question de structures que de personnes. ...

Les gestes de paix naissent de la vie de personnes qui nourrissent en elles des attitudes constantes de paix. Ce sont des fruits de l'esprit et du cÂœur des «artisans de paix» (cf. Mt 5, 9). Les gestes de paix sont possibles lorsque les personnes apprécient pleinement la dimension communautaire de la vie, de telle sorte qu'elles perçoivent le sens de certains événements et leurs conséquences sur leur communauté et sur l'ensemble du monde. Les gestes de paix créent une tradition et une culture de paix. ...

 

ANGELUS 

Fête de la divine maternité de la Madone
36ème Journée mondiale de la Paix,
1er janvier 2003

...

2.... Comme à l'époque, il est aujourd'hui demandé à chacun d'apporter sa propre contribution pour promouvoir et réaliser la paix, à travers des choix généreux de compréhension réciproque, de réconciliation, de pardon et d'attention concrète à l'égard de ceux qui sont dans le besoin. Des "gestes de paix" concrets sont nécessaires dans les familles, sur les lieux de travail, dans les communautés, dans l'ensemble de la vie civile, dans les assemblées sociales nationales et internationales. Il ne faut surtout jamais cesser de prier pour la paix. 

Comment ne pas exprimer encore une fois le souhait que, de la part des responsables, tout le possible soit fait pour trouver des solutions pacifiques aux nombreuses tensions présentes dans le monde, en particulier au Moyen-Orient, en évitant des souffrances supplémentaires à ces populations déjà tant éprouvées? Que la solidarité humaine et le droit prévalent! ...

 

DISCOURS DU PAPE JEAN PAUL II
POUR LES VÂŒUX AU CORPS DIPLOMATIQUE

Lundi 13 janvier 2003

Excellences,
Mesdames, Messieurs,

...

2. Je suis personnellement impressionné par le sentiment de peur qui habite souvent le cÂœur de nos contemporains. Le terrorisme sournois qui peut frapper à tout instant et partout; le problème non résolu du Moyen-Orient, avec la Terre Sainte et lÂ’Irak; les soubresauts qui perturbent lÂ’Amérique du Sud, particulièrement lÂ’Argentine, la Colombie et le Venezuela; les conflits qui empêchent de nombreux pays africains de se consacrer à leur développement; les maladies qui propagent la contagion et la mort; le grave problème de la faim, tout spécialement en Afrique; les conduites irresponsables qui contribuent à lÂ’appauvrissement des ressources de la planète: ce sont autant de fléaux qui menacent la survie de lÂ’humanité, la sérénité des personnes et la sécurité des sociétés.

3. Mais tout peut changer. Cela dépend de chacun de nous. Chacun peut développer en lui son potentiel de foi, de probité, de respect dÂ’autrui, de dévouement au service des autres.

Cela dépend aussi, bien évidemment, des responsables politiques, appelés à servir le bien commun. ...

DÂ’abord, un «OUI À LA VIE»! Respecter la vie et les vies: tout commence là puisque le plus fondamental des droits humains est bien le droit à la vie. LÂ’avortement, lÂ’euthanasie ou le clonage humain, par exemple, risquent de réduire la personne humaine à un simple objet: la vie et la mort sur commande en quelque sorte ! LorsquÂ’elles sont dépourvues de tout critère moral, les recherches scientifiques touchant aux sources de la vie sont une négation de lÂ’être et de la dignité de la personne. La guerre elle-même attente à la vie humaine car elle porte avec elle la souffrance et la mort. Le combat pour la paix est toujours un combat pour la vie !

Ensuite le RESPECT DU DROIT. La vie en société – en particulier la vie internationale – suppose des principes communs intangibles dont le but est de garantir la sécurité et la liberté des citoyens et des nations. Ces règles de conduite sont la base de la stabilité nationale et internationale.

AujourdÂ’hui, les responsables politiques ont à leur disposition des textes et des institutions dÂ’une grande pertinence. Il suffit de les mettre en pratique. Le monde serait totalement différent si lÂ’on commençait par appliquer sincèrement les accords signés !

Enfin le DEVOIR DE SOLIDARITÉ. Dans un monde surabondamment informé mais qui paradoxalement communique si difficilement et où les conditions dÂ’existence sont scandaleusement inégales, il est important de ne rien négliger afin que tous se sentent responsables de la croissance et du bonheur de tous. Il en va de notre avenir. Un jeune sans travail, une personne handicapée marginalisée, des personnes âgées abandonnées, des pays prisonniers de la faim et de la misère, font trop souvent que lÂ’homme désespère et succombe à la tentation de la fermeture sur soi ou à la violence.

4. Voilà pourquoi des choix sÂ’imposent pour que lÂ’homme ait encore un avenir. Pour cela, les peuples de la terre et leurs dirigeants doivent avoir parfois le courage de dire «non».

«NON À LA MORT»! CÂ’est-à-dire non à tout ce qui attente à lÂ’incomparable dignité de tous les êtres humains, à commencer par celle des enfants à naître. Si la vie est vraiment un trésor, il faut savoir le conserver et le faire fructifier sans le dénaturer. Non à tout ce qui affaiblit la famille, cellule fondamentale de la société. Non à tout ce qui détruit chez lÂ’enfant le sens de lÂ’effort, le respect de soi et de lÂ’autre, le sens du service.

«NON À LÂ’ÉGOÏSME»! CÂ’est-à-dire à tout ce qui pousse lÂ’homme à se protéger dans le cocon dÂ’une classe sociale privilégiée ou dÂ’un confort culturel qui exclut autrui. La façon de vivre de ceux qui jouissent du bien-être, leur manière de consommer, doivent être revues à la lumière des répercussions sur les autres pays. ...

LÂ’égoïsme, cÂ’est aussi lÂ’indifférence des nations nanties par rapport aux pays laissés-pour-compte. Tous les peuples ont le droit de recevoir une part équitable des biens de ce monde et du savoir-faire des pays les plus capables. ...

«NON À LA GUERRE»! Elle nÂ’est jamais une fatalité. Elle est toujours une défaite de lÂ’humanité. Le droit international, le dialogue loyal, la solidarité entre États, lÂ’exercice si noble de la diplomatie, sont les moyens dignes de lÂ’homme et des nations pour résoudre leurs différends. Je dis cela en pensant à ceux qui mettent encore leur confiance dans lÂ’arme nucléaire et aux trop nombreux conflits qui tiennent encore en otage des frères en humanité. ...

La guerre nÂ’est jamais un moyen comme un autre que lÂ’on peut choisir dÂ’utiliser pour régler des différends entre nations. Comme le rappellent la Charte de lÂ’Organisation des Nations unies et le Droit international, on ne peut sÂ’y résoudre, même sÂ’il sÂ’agit dÂ’assurer le bien commun, quÂ’à la dernière extrémité et selon des conditions très strictes, sans négliger les conséquences pour les populations civiles durant et après les opérations.

5. Il est donc possible de changer le cours des événements dès lors que prévalent la bonne volonté, la confiance en lÂ’autre, la mise en Âœuvre des engagements pris et la coopération entre partenaires responsables. ...

6. Excellences, Mesdames et Messieurs, une constatation sÂ’impose: lÂ’indépendance des États ne peut se concevoir désormais que dans lÂ’interdépendance. Tous sont liés dans le bien comme dans le mal. Pour cela, justement, il convient de savoir distinguer le bien du mal et de les appeler par leur nom. À leur sujet, quand le doute ou la confusion sÂ’installent, les plus grands maux sont à redouter, comme lÂ’histoire nous lÂ’a maintes fois enseigné.

Pour éviter de tomber dans le chaos deux exigences me semblent sÂ’imposer. DÂ’abord retrouver au sein des États et entre les États la valeur primordiale de la loi naturelle, qui a inspiré jadis le droit des gens et les premiers penseurs du droit international. ...

Ensuite lÂ’action persévérante dÂ’hommes dÂ’États probes et désintéressés. En effet, lÂ’indispensable compétence professionnelle des responsables politiques ne peut être légitimée que par lÂ’attachement à de fortes convictions éthiques. ...

 

top