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INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE LORS DE LA RÉUNION
DU COMITÉ D'EXPERTS DE LA CONVENTION
SUR L'INTERDICTION DES MINES ANTI-PERSONNEL
(GENÈVE, 9-12 FÉVRIER 2004)

INTERVENTION PRONONCÉE
PAR MGR SILVANO MARIA TOMASI*

Mardi 10 février 2004

 

 

Permettez-moi, Madame le Co-Président, de soulever brièvement la question de l'assistance aux victimes des mines anti-personnel et, en particulier, de leur réinsertion indispensable dans une vie sociale et économique normale. En Asie et en Afrique, j'ai pu constater en personne les ravages provoqués par les mines anti-personnel sur les corps des réfugiés, ainsi que sur les hommes et les femmes travaillant dans les villages frontaliers. Ces mines sont une source de souffrances inhumaines.

Le Saint-Siège accorde une importance capitale à la Convention d'Ottawa, à son application en tant que moyen de prévention et à son exigence d'assister les victimes de ces armes terribles. En fait, le point central de cette Convention est d'empêcher que des personnes ne puissent devenir les victimes innocentes de cette arme vile, criminelle et inutile. Et, dans le cas du manque de connaissance, de capacité ou de volonté de prendre des décisions politiques ou des mesures pratiques pour empêcher la production et la dissémination des mines anti-personnel, les autorités nationales et la Communauté internationale n'ont pas le droit de manquer à leurs responsabilités respectives pour mettre en place un plan global de traitement des tragiques conséquences que provoquent les mines.

Nous ne devons pas laisser les victimes des mines devenir également les victimes de l'oubli et de la discrimination ou les victimes d'un type d'assistance condescendant. Les victimes des mines sont des citoyens à part entière de leur communauté. Ils ont le droit d'être réellement associés à l'élaboration et à l'application des politiques de réhabilitation et de réinsertion sociale et économique. Une conception pratique de la solidarité implique qu'une attention particulière soit accordée aux hommes et aux femmes qui en ont besoin afin qu'ils jouent, à leur tour, un rôle actif dans la promotion d'une humanité pacifiée et fraternelle.

Les victimes des mines anti-personnel sont les témoins innocents d'une notion erronée de la sécurité. Un nombre important de pays ont compris que les mines anti-personnel, outre leurs effets inhumains et dévastateurs à long terme, sont une arme inutile. Elles donnent l'illusion d'une sécurité artificielle. Dans la plupart des cas, les citoyens du pays qui emploie cette arme sont ceux qui souffrent le plus de ses conséquences désastreuses. L'universalisation de la Convention signifie que l'on reconnaît que la souffrance et les vies brisées des victimes sont un prix beaucoup trop élevé à payer pour une sécurité illusoire. C'est pour cette raison que, dans le nouvel agenda de la première Conférence de Révision de la Convention qui se tiendra prochainement à Nairobi, la situation critique et le programme d'assistance aux victimes des mines anti-personnel devraient occuper une place prédominante dans la réflexion.

Il faut reconnaître que des progrès considérables ont été accomplis dans ce domaine. Des millions de mines ont été détruites. Les Etats, les volontaires et les communautés de fidèles ont apporté une assistance inestimable aux victimes mutilées et traumatisées. Mais il reste encore beaucoup à faire, Madame le Co-Président. Le plus grand risque est la tentation de se décourager face à l'ampleur de la tâche. Ni la destruction des stocks, ni les défis du déminage ne devraient nous faire oublier les victimes qui auront besoin d'un engagement national durable et d'une solidarité internationale renouvelée pendant de longues années.

Guérir des populations entières des conséquences de la guerre et des conflits armés, en particulier les personnes qui sont le plus touchées et qui en sont les victimes, est le meilleur investissement dans l'édification d'une véritable sécurité et d'une paix durable.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.16 p.12.

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