The Holy See
back up
Search
riga

  INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
AU COURS DE LA 59ème SESSION DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
DES NATIONS UNIES
  EN VUE DU SOMMET SUR L'APPLICATION
DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE

INTERVENTION DE S.E. MGR CELESTINO MIGLIORE

Lundi 21 février 2005

Monsieur le Président,

Ma délégation souhaite vous féliciter d'avoir organisé cette réunion informelle de l'Assemblée générale, en vue d'un échange d'opinions sur le Rapport du Groupe d'experts de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement.

Les recommandations contenues dans le Rapport incluent clairement la rationalisation et l'adaptation de la structure et des méthodes de travail de cette Organisation. Il s'agit d'un thème qui doit être envisagé dans le cadre plus vaste de la réforme de la gestion globale en général.

Ma délégation prend la parole, poussée par les attentes que le Saint-Siège a placées dans le rôle de premier plan que doit jouer le droit international dans la promotion de la coexistence pacifique et du bien-être des peuples du monde, et dans le rôle des Nations unies en tant que garant et moteur de ceux-ci.

Le document actuellement examiné s'inscrit dans l'ordre du jour relatif à la révision de la Déclaration du Millénaire, plutôt qu'aux chapitres concernant la réforme de la Charte ou le renforcement du système des Nations unies, comme cela était le cas pour d'autres documents récents. Une telle position semble indiquer que le Rapport doit être considéré comme un document complet et ayant une valeur de programme, susceptible d'avoir une plus grande importance à long terme.

En ce qui concerne la définition d'ensemble et les éventuels changements structurels, le Rapport propose un processus de restructuration interne, comprenant le Conseil de Sécurité et l'Assemblée générale; le renforcement du Secrétariat en tant que principal interlocuteur; et la réforme de l'ECOSOC dans une optique quelque peu nouvelle, celle du lien entre le développement et la sécurité. Ma délégation considère le débat sur ce thème particulièrement intéressant, car il affronte non seulement la relation entre conflit et pauvreté, mais aussi les causes du terrorisme, la promotion des droits sociaux, et la lutte contre la pauvreté et le chômage en tant que mesures de prévention.

Le Saint-Siège salue donc les efforts urgents en vue de trouver des critères adéquats pour l'adhésion au Conseil de Sécurité et la réactualisation du système de vote des Nations unies, et il nourrit la certitude que le débat important et exhaustif de ces derniers jours contribuera à définir et à adopter une formule capable de refléter le caractère démocratique, représentatif et inclusif de cette Organisation.

Parmi les éléments concrets visant à encourager une révision des Nations unies, le Rapport présente un concept de sécurité qui coïncide de nombreuses façons avec les opinions du Saint-Siège à ce sujet, car il promeut les concepts de clairvoyance et de prévention, et pas seulement en ce qui concerne la protection et l'intervention. Ainsi, ma délégation est heureuse d'unir son soutien à celui déjà manifesté par de nombreux intervenants ici, en vue d'un débat supplémentaire sur l'établissement d'une Commission de consolidation de la Paix, comme le Rapport l'a proposé, et sur la place qu'elle doit occuper au sein des divers organismes des Nations unies.

La définition de la Charte, en ce qui concerne ses objectifs et ses principes, ou plutôt la législation de base de l'Organisation, n'est pas remise en cause par le Rapport; au contraire, elle demeure intacte. Par le passé, lorsque le Saint-Siège a soulevé le problème des réformes, il a toujours reconnu le rôle irremplaçable des principes qui sont à la base du fonctionnement des Nations unies, tels que ceux figurant dans l'article 2 de la Charte, toujours dans le but d'améliorer la réponse à une situation internationale en constante évolution et à conduire à un cadre ayant un caractère juridique obligatoire pour la résolution pacifique et équitable des conflits internationaux.

C'est pour cette raison que le Saint-Siège est heureux d'unir sa voix à ceux qui félicitent le Groupe d'avoir soulevé la question de l'utilisation de la force et du droit à la légitime défense. A cet égard, nous espérons que des débats supplémentaires auront lieu en ce qui concerne l'utilisation de la force, conformément aux orientations exprimées par la recommandation numéro 56 du Rapport, dont les critères de légitimité sont particulièrement bien conçus.

Le Groupe se déclare en faveur du maintien de l'Article 51 de la Charte sur le droit à la légitime défense. A cet égard, ma délégation voudrait réaffirmer que la légitime défense doit porter une attention particulière aux personnes et à leur sécurité. Chaque Etat a la responsabilité particulière de protéger ses habitants mais, lorsque il ne peut ou ne veut pas le faire, cette responsabilité devrait être assumée par la Communauté internationale. A plusieurs reprises, au cours des récents conflits, le Saint-Siège a eu l'occasion de répéter cette conviction, lorsqu'il a été question d'"intervention humanitaire" comme d'une sorte de légitime défense, et qu'une telle intervention était présentée comme une obligation pour la Communauté internationale en vue de garantir la survie de personnes et de communautés face à l'action ou à l'inaction d'un Etat ou d'un groupe d'Etats.

Ma délégation pense qu'une correcte réforme de ces institutions donnera aux Nations unies l'autorité, la crédibilité et la légitimité nécessaires pour agir de façon plus ferme en vue de la paix et du bien-être de tous.

Merci, Monsieur le Président.

              

top