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XXIV SESSION DE LA CONFÉRENCE RÉGIONALE DE LA FAO

INTERVENTION DE MGR RENATO VOLANTE
OBSERVATEUR PERMANENT DU SAINT-SIÈGE
AUPRÈS DE LA FAO*

Bamako, Mali
Mardi 31 janvier 2006

 

 

Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs,

1. En prenant la parole lors de cette XXIV Conférence régionale pour l'Afrique, je désire avant tout présenter au Ministre de l'Agriculture de la République du Mali les félicitations de la délégation du Saint-Siège pour votre élection en tant que Président, ainsi que notre gratitude pour l'hospitalité chaleureuse que votre gouvernement a réservée à notre rencontre.

Je voudrais également profiter de cette occasion pour renouveler au Directeur général, M. Jacques Diouf, l'expression de notre soutien respectueux et sincère pour ses responsabilités. Ce faisant, je désire confirmer l'attention du Saint-Siège à l'égard de ses efforts pour parvenir à une plus grande efficacité des activités de la FAO, notamment à travers une attention particulière pour la situation africaine, surtout en ce qui concerne les pays africains les moins développés.

Ma présence à cette réunion de haut-niveau désire confirmer l'intérêt que le Saint-Siège porte à toutes les initiatives de la FAO, y compris celles au niveau régional. En effet, sa participation permet au Saint-Siège non seulement de connaître de façon plus directe les différents problèmes en matière d'agriculture et les moyens de subsistance des communautés rurales, mais également d'encourager les pays-membres de la région et le personnel de la FAO à remplir leurs responsabilités visant à garantir une sécurité alimentaire adéquate. Cela est sans aucun doute important pour les objectifs fondamentaux de libérer les personnes et les communautés de la faim et de la malnutrition.

2. La délégation du Saint-Siège, en référence aux principaux points à l'ordre du jour, désire présenter les considérations suivantes.

La présence internationale du Saint-Siège est motivée uniquement par le désir de servir la famille humaine tout entière. C'est pourquoi elle désire confirmer son intérêt constructif pour la cause de la personne humaine et son attention à l'égard de ses besoins fondamentaux, en commençant par le droit fondamental à l'alimentation, qui est une composante essentielle du droit à la vie.

La protection de la vie, dans toutes ses conditions, reflète l'objectif de protéger les personnes les plus vulnérables, ainsi que celles qui ne peuvent se protéger seules. Dans ce sens, le Saint-Siège encourage toutes les actions, au niveau interne et international, visant à sauvegarder la vie à travers des réglementations et des programmes. Dans le même temps, il exhorte tous les hommes et les femmes à défendre de façon loyale le respect positif de la vie comme affirmation principale de l'ordre naturel, dans lequel chacun réalise pleinement sa dignité fondamentale dans une perspective spirituelle et matérielle.

La profonde importance de cette dimension globale de la vie humaine est fondée, aujourd'hui encore, sur des valeurs et des caractéristiques culturelles africaines spécifiques. C'est pourquoi la coopération inter-gouvernementale, y compris la coopération mise en place sur le continent africain, est nécessaire pour sauvegarder l'héritage traditionnel et non pour imposer à travers des réglementations ou des programmes, une conception et des pratiques explicites contraires à la vie.

3. Une approche inclusive de la co-opération internationale est nécessaire pour le développement et la croissance des peuples et des pays. Dans cette perspective, la nécessité qui semble ressortir de l'ordre du jour de cette Conférence consiste à donner aux activités de la FAO en Afrique une motivation toujours plus importante, qui ne s'arrête pas aux données techniques, mais qui est capable de la renforcer grâce à un point de vue éthique. Les pays africains, en étroite collaboration avec la FAO, sont appelés à développer des stratégies capables de créer des moyens de subsistance, un environnement, une croissance du revenu, une sécurité alimentaire et une production agricole durables, mais en réfléchissant avant tout sur la façon dont les personnes peuvent sortir et rester à l'abri du sous-développement.

A cet égard, nous jugeons très importante la réalisation dans la Région des Objectifs de Développement du Millénaire en vue d'éliminer la pauvreté et la malnutrition, un objectif qui semble manifester la nécessité essentielle selon laquelle toute action dans le domaine de l'agriculture et de l'alimentation devrait être renforcée, et par-dessus tout repensée, à la lumière des véritables déséquilibres que présente la situation. Cela pourra être réalisé en tenant compte des différentes expériences, ainsi que des systèmes et pratiques traditionnelles issus des authentiques valeurs africaines.

4. En particulier, la FAO nous a invités à tenir compte de l'importance des semences africaines pour accroître la production agricole et les programmes alimentaires dans la Région. Cela doit être fait en tenant compte des défis représentés par les industries semencières, dont la protection juridique et technique restreint l'accès à l'offre de diversité biologique. De façon générale, un grand nombre de cultures vivrières traditionnelles ont une grande importance dans les habitudes alimentaires et dans le développement économique, comme cela ressort des méthodes de culture, de production, de commerce et de consommation. De plus, nous pouvons reconnaître aujourd'hui le rôle de la stratégie en matière de conservation et de gestion des semences, proposée à juste titre par la FAO à travers le African Seed and Biotechnology Programme (Programme Semences et Biotechnologies pour l'Afrique), qui participe à l'action commune en vue de soulager la pauvreté et la malnutrition.

En effet, il nous semble que la situation de l'insécurité alimentaire devient de plus en plus grave. Cela est dû à la croissance de systèmes de production qui sont de plus en plus liés à la propriété et à la politique agricole, aux méthodes d'exploitation à grande échelle, à la dégradation de l'environnement, qui, pour l'agriculture, concerne entre autres la dégradation de la terre et le manque d'eau. En tenant compte de ces défis, il devient toujours plus nécessaire de développer une action commune à travers le programme de la prochaine Conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural, ainsi que les stratégies prévues par le New Partnership for Africa's Development (Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique - NEPAD) en vue de fournir une assistance technique au renforcement des capacités dans le but de promouvoir le développement des communautés agricoles.

Monsieur le Président,

5. En accomplissant ces efforts particuliers, je désire confirmer la disponibilité de l'Eglise catholique, à travers ses divers secteurs et Institutions, à coopérer aux activités d'humanisation dans les situations de faim, de sous-développement et de pauvreté. Permettez-moi ici de rappeler le travail très apprécié d'hommes et de femmes, religieux et laïcs, qui ont consacré leur vie non seulement à diffuser notre doctrine, mais également à un travail patient et persévérant d'assistance sociale et éducative. Un soutien qui devrait être considéré non seulement comme logistique, mais également comme une source d'inspiration idéale et programmatique.

En effet, en garantissant à chaque personne la possibilité d'avoir accès à un niveau adéquat et équilibré de sécurité alimentaire, chacun de nous participe au grand dessein de la Création et à la possibilité de placer les valeurs avant les intérêts, selon les principes fondamentaux de l'humanité et de la justice.

Merci.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.11 p.8.

 

 

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