The Holy See
back up
Search
riga

INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
À LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE POUR L'EXERCISE
DES DROITS INALIÉNABLES DU PEUPLE PALESTINIEN
(ROME, 22-23 MARS 2007)

INTERVENTION DE MGR. PIETRO PAROLIN*

Siège de la FAO, Rome
Jeudi 22 mars 2007

 

Monsieur le Président,

J'ai l'honneur de présenter les salutations et les meilleurs vœux du Saint-Siège à tous ceux qui prennent part à cette Conférence internationale, qui se tient ici, à Rome, au siège de la FAO. Cette Conférence, organisée par le Comité des Nations unies pour l'exercice des Droits inaliénables du peuple palestinien, vise à apporter un nouvel élan à la réflexion et à la participation de la Communauté internationale, des confessions religieuses, des groupes parlementaires et de la société civile, afin d'identifier les défis devant être affrontés ainsi que l'approche à adopter en vue de contribuer à l'édification de la paix entre les Israéliens et les Palestiniens.

Cette Conférence a lieu alors que le gouvernement d'Unité nationale, institué par l'Autorité palestinienne samedi dernier, 17 mars, adopte ses premières mesures. Il est certainement positif que ce gouvernement soit le résultat d'un compromis entre les principaux groupes politiques palestiniens. Cela met un terme à plusieurs mois de conflit armé grave et violent, qui a provoqué de nombreuses victimes, souvent innocentes, parmi le peuple palestinien qui a déjà tant souffert. La Communauté internationale espère que le nouveau gouvernement sera un interlocuteur faisant preuve d'autorité et digne de confiance, capable de conduire son peuple, avec le sens des responsabilités et avec réalisme, vers la conclusion d'une paix juste avec les Israéliens - qui ont le droit de vivre en paix dans leur Etat (cf. Discours du Pape Benoît XVI au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, 8 janvier 2007) -, et vers l'instauration de l'Etat libre, indépendant et souverain que tous espèrent voir établi pour les Palestiniens.

Le Saint-Siège a toujours suivi avec une attention particulière les événements des récentes décennies: des milliers de catholiques vivent sur cette terre, que nous aimons appeler "Terre Sainte" car elle renferme la mémoire vivante des événements qui ont marqué notre histoire de salut. Des millions de catholiques et de chrétiens partout dans le monde espèrent pouvoir un jour se rendre sur cette terre en pèlerinage.

Récemment, le Pape Benoît XVI lui-même a rappelé ce souhait en adressant une lettre aux catholiques qui vivent au Moyen-Orient. Il a observé que "dans les circonstances actuelles, marquées par peu de lumières et par trop d'ombres, c'est pour moi un motif de réconfort et d'espérance de savoir que les communautés chrétiennes du Moyen-Orient, dont les souffrances intenses sont bien présentes à mon esprit, continuent à être des communautés vivantes et actives, décidées à témoigner de leur foi avec leur identité spécifique dans les sociétés qui les entourent. Elles désirent pouvoir contribuer de manière constructives à soulager les nécessités urgentes de leurs sociétés respectives et de toute la région".

Dans cette lettre, le Pape décrit en détails la façon dont cette contribution constructive devrait avoir lieu. Je prends la liberté de citer les passages concernés, car ils contiennent des recommandations très utiles relatives à l'esprit dans lequel la tâche de créer les conditions d'une paix juste et véritable entre Israéliens et Palestiniens devrait être entreprise: "Les nouvelles quotidiennes qui arrivent du Moyen-Orient ne font que montrer une aggravation de situations dramatiques, presque sans issue. Ce sont des événements qui suscitent naturellement chez ceux qui s'y trouvent impliqués de la protestation et de la colère et qui prédisposent les âmes à une volonté de revanche et de vengeance. Nous savons que ce ne sont pas là des sentiments chrétiens; y céder rend intérieurement durs et rancuniers, bien loin de cette "douceur et humilité" dont le Christ s'est voulu le modèle (cf. Mt 11, 29). L'on perdrait ainsi l'occasion d'offrir une contribution proprement chrétienne à la solution des très graves problèmes de notre époque. Il ne serait en aucun cas raisonnable, en particulier en ce moment, de perdre du temps à s'interroger sur qui a le plus souffert ou de vouloir présenter le compte des torts subis, en énumérant les raisons qui militent en faveur de la thèse de chacun. Cela a souvent été fait par le passé, avec des résultats pour le moins décevants. La souffrance, au fond, est commune à tous, et lorsque quelqu'un souffre, il doit ressentir avant tout le désir de comprendre combien peut souffrir l'autre qui se trouve dans une situation analogue. Le dialogue patient et humble, fait d'écoute réciproque et visant à la compréhension de la situation d'autrui a déjà porté des fruits de bien dans des pays précédemment dévastés par la violence et par les vengeances. Un peu plus de confiance dans l'humanité de l'autre, en particulier s'il souffre, ne peut que donner de bons résultats. Cette disposition intérieure est aujourd'hui invoquée avec raison de nombreuses parts [...] A travers vous, très chers frères, je souhaite m'adresser également à vos concitoyens, hommes et femmes des diverses confessions chrétiennes, des diverses religions et à tous ceux qui cherchent avec honnêteté la paix, la justice, la solidarité, à travers l'écoute réciproque et le dialogue sincère. A tous je dis: persévérez avec courage et confiance! A tous ceux qui ont la responsabilité de guider les événements, ensuite, je demande une sensibilité, une attention et une proximité concrète qui dépassent les calculs et les stratégies, afin que s'édifient des sociétés plus justes et plus pacifiques, dans le respect véritable de tout être humain" (cf. ibid.).

Je conclus mon bref salut en souhaitant tout le succès possible à cette Conférence. Au nom du Saint-Siège, je désire exprimer ma ferme conviction selon laquelle les différentes confessions religieuses présentes en Terre Sainte peuvent apporter une contribution décisive à la reprise des négociations de paix entre les Israéliens et les Palestiniens, précisément en œuvrant en vue de promouvoir, au sein de leurs communautés les attitudes que je viens d'évoquer.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.14 p.9.

 

top