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INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
AU COURS DE LA PREMIÈRE SESSION DU COMITÉ PRÉPARATOIRE
DE  LA  VIII CONFÉRENCE D'EXAMEN DU TRAITÉ DE 
NON-PROLIFÉRATION DES ARMES NUCLÉAIRES
(VIENNE, 30 AVRIL - 11 MAI 2007)

INTERVENTION DE MGR MICHAEL W. BANACH*

Vienne, Autriche
Mardi 1er mai 2007

 

Monsieur le Président,

La délégation du Saint-Siège vous présente ses félicitations pour votre nomination en tant que Président, ainsi qu'à l'Ambassadeur d'Ukraine pour sa nomination en tant que Vice-président. Nous vous assurons de notre soutien.

A l'occasion de ce Comité préparatoire, nous empruntons un chemin dont l'objectif principal est de préparer un terrain fertile afin que la VIII Conférence d'examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, en programme pour 2010, produise des résultats consistants et encourageants, non seulement  pour  renforcer  le  Traité lui-même, mais également pour en faire un instrument plus efficace en vue de répondre aux nouveaux défis qui apparaissent continuellement dans le domaine de la question nucléaire.

Nous commençons nos débats après l'issue pour le moins peu satisfaisante de la Conférence d'examen de 2005, au cours de laquelle il n'a pas été possible d'adopter un document d'accord concluant en raison des différences existant au sein de la Communauté internationale.

Les difficultés qui sont apparues en 2005 devraient nous aider à réfléchir et à définir un programme d'action qui, d'ici trois ans, puisse nous permettre de célébrer la Conférence d'examen de 2010 avec des résultats satisfaisants dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération nucléaires. Ma délégation voudrait contribuer au débat en  proposant  trois  domaines  de  réflexions.

Un premier élément de notre  réflexion est la reconnaissance des liens étroits qui existent entre le désarmement nucléaire et la non-prolifération nucléaire:  ils sont interdépendants et se renforcent mutuellement  et  leur mise en place transparente et responsable représente l'un des instruments principaux non seulement dans la lutte contre le terrorisme nucléaire, mais également dans la réalisation concrète d'une culture de la vie et de la paix capable de promouvoir de façon efficace le développement intégral des peuples. Il est opportun de rappeler ici qu'"il faut substituer [...] à la course aux armements un effort commun pour mobiliser les ressources vers des objectifs de développement moral, culturel et économique, en redéfinissant les priorités et les échelles des valeurs" (Catéchisme de l'Eglise catholique, n. 2438).

Un deuxième élément de réflexion, inévitablement lié au précédent, est la nécessité d'instaurer au sein de ce forum un climat de confiance et de réelle coopération. Les résultats pour le moins peu satisfaisants de 2005 révèlent la prédominance des intérêts individuels sur la sécurité collective, risquant ainsi d'affaiblir encore plus le cadre déjà fragile de la non-prolifération et du désarmement nucléaire dont le Traité de non-prolifération (TNP) représente le principal point de référence multilatéral. Toutefois, il faut souligner qu'il existe une conscience accrue de la façon dont les intérêts de la sécurité nationale sont profondément liés aux intérêts de la sécurité internationale. En reconnaissant cette interdépendance, il devient encore plus évident que le TNP constitue un pilier fondamental de la non-prolifération nucléaire, en fournissant une base juridique non seulement pour le contrôle international du matériel nucléaire, sous les auspices de l'Agence internationale de l'Energie atomique, mais également pour l'élimination des armes nucléaires. Dans son Message pour la Journée mondiale de la Paix 2006, le Pape Benoît XVI a déclaré:  "Que dire ensuite des gouvernements qui comptent sur les armes nucléaires pour garantir la sécurité de leurs pays? Avec d'innombrables personnes de bonne volonté, on peut affirmer que cette perspective, hormis le fait qu'elle est funeste, est tout à fait fallacieuse. En effet, dans une guerre nucléaire il n'y aurait pas des vainqueurs, mais seulement des victimes. La vérité de la paix demande que tous - aussi bien les gouvernements qui, de manière déclarée ou occulte, possèdent des armes nucléaires depuis longtemps, que ceux qui entendent se les procurer - changent conjointement de cap par des choix clairs et fermes, s'orientant vers un désarmement nucléaire progressif et concordé. Les ressources ainsi épargnées pourront être employées en projets de développement au profit de tous les habitants et, en premier lieu, des plus pauvres" (n. 13).

Un troisième point de réflexion est la nécessité de sensibiliser la Communauté internationale afin qu'elle fasse preuve de davantage d'ambition pour faire du TNP un instrument adéquat dans la promotion de la paix et de la sécurité internationale. Afin d'y parvenir, une approche innovatrice est exigée, pour déterminer les conditions juridiques, politiques et techniques en vue de promouvoir de façon efficace les objectifs du TNP. Dans ce sens, l'analyse et la définition de mesures concrètes sont nécessaires afin que celles-ci puissent répondre de façon plus efficace aux questions concernant, par exemple, le contrôle et la transparence des activités de désarmement et de non-prolifération nucléaire, les matériaux fissibles, les assurances de sécurité négative, le cycle des combustibles nucléaires, le contrôle des matériaux radioactifs, l'élargissement des zones exemptes d'armes nucléaires, la reconnaissance de la valeur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et l'amélioration de la gouvernance du TNP.

Monsieur le Président,

"La paix n'est pas une pure absence de guerre et elle ne se borne pas seulement à assurer l'équilibre de forces adverses; elle ne provient pas non plus d'une domination despotique, mais c'est en toute vérité qu'on la définit œuvre de justice [...] la paix n'est jamais chose acquise, une fois pour toutes, mais sans cesse à construire" (Gaudium et spes, n.  78). Les fondements de la paix se construisent sur le respect de la vie humaine et la primauté de l'Etat de droit. En effet, le but premier de l'Etat de droit est de remplacer "la force matérielle des armes par la force morale du droit" (Benoît XV, appel aux responsables des peuples en guerre, 1 août 1917). Ces paroles pourront peut-être éclairer le chemin qui mène de Vienne 2007 à New York 2010, ainsi que la VIII Conférence d'examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires.

Merci, Monsieur le Président!


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.22 p.9.

 

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