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CONFÉRENCE DE HAUT-NIVEAU SUR:
LA LUTTE CONTRE LA DISCRIMINATION ET LA PROMOTION
DU RESPECT MUTUEL ET DE LA COMPRÉHENSION

INTERVENTION DE S. EXC. MGR BRIAN FARRELL, L.C.
LORS DE LA TROISIÈME SESSION DE LA CONFÉRENCE*

Bucarest
Vendredi 7 juin 2007

 

Madame le Modérateur

1. Les questions qui ont été débattues au cours de la présente session ne concernent pas seulement les chrétiens, mais également les confessions religieuses en tant que telles. Elles ne touchent pas seulement des groupes religieux minoritaires, mais également des groupes majoritaires. Il serait simpliste d'imputer de manière systématique aux religions majoritaires la faible protection ou l'absence de protection assurée par les Autorités publiques aux autres communautés religieuses. De même, il faut noter que les menaces contre l'identité religieuse sont aussi bien présentes à l'Est comme à l'Ouest de Vienne, même si elles revêtent des formes variées et atteignent des degrés d'inten-sité différents selon les époques, les lieux et les circonstances.

En dépit des engagements pris par les Etats membres de l'OSCE dans le domaine de la liberté religieuse, il continue d'exister dans certains pays, de manière active ou par omission, des lois, des décisions et des comportements d'intolérance, voire de discrimination, qui nient cette liberté, contre des Eglises et des communautés chrétiennes et contre d'autres communautés religieuses, ainsi que contre leurs membres respectifs. On assiste à des épisodes de violences récurrents et même des assassinats visant des croyants chrétiens, comme cela a récemment été le cas en Turquie avec le meurtre brutal de trois chrétiens. Des restrictions injustes demeurent contre l'officialisation de certaines Eglises et communautés religieuses, ainsi que contre l'importation et la distribution de leur matériel religieux. Il y a également des interférences illégitimes dans le domaine de leur autonomie d'organisation, qui les empêchent d'agir en accord avec leurs convictions morales. En 2004, des représentants de l'"Evangelical Fellowship" et de l'Eglise catholique rencontrèrent des responsables administratifs d'un Etat membre de l'OSCE, en vue de discuter des orientations des activités caritatives par rapport aux activités politiques. En contradiction avec la liberté fondamentale des personnes de manifester leur religion à travers l'enseignement, la pratique et l'observance, il fut expliqué aux représentants religieux que leurs Eglises et leurs communautés religieuses respectives ne devaient pas faire de déclaration sur certaines questions morales fondamentales au cours de la campagne électorale.

Parfois, on soumet à une pression illégitime certaines personnes travaillant dans l'Administration publique, en opposition avec leur liberté de se comporter conformément aux principes de leur propre conscience. Dans un pays de l'OSCE, des officiers d'Etat civil ont été obligés de procéder à des cérémonies de mariage entre deux personnes du même sexe ou contraints de devoir démissionner; d'autres ont déposé une plainte car ils estimaient que leur liberté de conscience et de religion avait été violée.

2. Parfois, l'éducation civique ne respecte pas comme il le faudrait l'identité et les principes des chrétiens et des membres d'autres religions, et il existe des signes clairs de résistance contre la reconnaissance du rôle public de la religion. Or, l'engagement traditionnel de l'OSCE en faveur de la liberté religieuse naît précisément de la conviction qu'une telle liberté est une dimension fondamentale de la personne humaine et qui ne concerne pas simplement l'intimité des personnes:  elle contribue de manière bénéfique au tissu social et elle permet davantage de sécurité en raison de sa dimension publique. La contribution spécifique des chrétiens à l'édification et au bien-être de nos systèmes démocratiques représente une valeur ajoutée pour la société et la conscience de cette contribution est une garantie et une expression du pluralisme véritable. La distinction entre les réalités spirituelles et civiles n'entraîne pas en effet l'éloignement, l'indifférence et l'incommunicabilité, mais le dialogue et l'interaction au service du bien authentique de la personne humaine. Le Pape Benoît XVI a souligné de manière répétée que la laïcité ne signifie pas laïcisme. Par conséquent, si les communautés religieuses ne sont pas d'accord sur des mesures législatives ou des décisions administratives, ou bien proposent des initiatives alternatives, cela ne devrait pas être considéré ipso facto comme une forme d'intolérance. Inversement, il serait intolérant d'essayer d'empêcher ces communautés d'agir de cette manière et de les dénigrer uniquement parce qu'elles proposent des choix différents. Le relativisme éthique - qui ne tient rien pour définitif - ne peut pas être considéré comme une condition de la démocratie, comme si par lui-même, il pouvait garantir la tolérance et le respect mutuel entre les personnes et l'allégeance aux décisions de la majorité. Une démocratie saine promeut la dignité de toute personne humaine et le respect de ses droits inviolables et inaliénables. Sans un ancrage moral objectif, même la démocratie ne peut pas assurer une paix stable (cf. Evangelium vitae, n. 70).

3. Les médias et le discours public ne sont pas non plus toujours exempts d'attitudes d'intolérance et, parfois, d'un véritable dénigrement des chrétiens et des membres d'autres religions. Le pluralisme authentique dans les médias, exige une information correcte sur les réalités religieuses, la garantie de l'accès aux médias pour les communautés religieuses et le bannissement

des discours de haine contre les chrétiens et les membres d'autres religions. Dans le plein respect pour la liberté d'expression et dans le contexte du système législatif et juridique de chaque pays, des mécanismes et des outils devraient être adoptés contre la manipulation des messages des communautés religieuses et la présentation irrespectueuse de leurs membres. L'année dernière, une célèbre rock star est apparue lors de sa tournée de concerts en portant une fausse couronne d'épines et a organisé un simulacre de crucifixion sur la scène de son spectacle.

Peu de temps auparavant, sur le site internet d'une organisation pro-choice bien connue, une animation vidéo montrait le "super-héros" de l'organisation qui noyait un éducateur à l'abstinence dans une poubelle et qui tuait des activistes chrétiens pacifiques pro-life en les faisant exploser devant un bureau de cette organisation. Dans cette vidéo, un militant pro-life était décapité sans merci.

Madame le Modérateur,

A la lumière des abus mentionnés ci-dessus, l'OSCE devrait consacrer une attention spécifique et développer des propositions concrètes pour combattre l'intolérance et la discrimination contre les chrétiens. Le représentant personnel du "Chief Information Officer" (Directeur des Systèmes d'Information) sur la Lutte contre le racisme, la xénophobie et la discrimination, également consacrée à l'intolérance et la discrimination contre les chrétiens et les membres des autres religions devrait jouer un rôle-clé, pour surveiller et pour rendre compte avec attention de ces problèmes persistants. Tels sont les aspects les plus importants du mandat de ce Représentant, comme cela a été clairement affirmé lors des négociations qui sont à l'origine de cette institution.

Merci, Madame le Modérateur.

 


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.29 p.9,10.

 

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