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INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
LORS DE LA RENCONTRE DE HAUT-NIVEAU
SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

DISCOURS DE Mgr PIETRO PAROLIN

New York
Lundi 24 septembre 2007

 

Monsieur le Président,

Je vous remercie de me donner l'opportunité de présenter certaines considérations du Saint-Siège à la lumière de ce que nous avons entendu aujourd'hui de la part des précédents éminents intervenants.

Le changement climatique représente une préoccupation sérieuse et une responsabilité à laquelle ne peuvent se soustraire les scientifiques et les divers experts, les responsables politiques et gouvernementaux, les administrateurs locaux et les Organisations internationales, ainsi que tout secteur de la société humaine et chaque personne humaine. Ma délégation désire souligner l'impératif moral sous-jacent selon lequel tous, sans exception, ont une grave responsabilité en vue de protéger l'environnement.

Au-delà des diverses réactions et interprétations face aux comptes-rendus du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), les meilleures estimations scientifiques disponibles ont établi un lien entre l'activité humaine et le changement climatique. Toutefois, les résultats de ces estimations scientifiques, ainsi que les incertitudes qui demeurent, ne devraient être ni exagérés, ni minimisés au nom de la politique, des idéologies ou de l'intérêt personnel. Ils ont plutôt besoin, à présent, d'être étudiés de près afin de constituer une base solide pour éveiller les consciences et prendre des décisions politiques concrètes.

Au cours des dernières années, il a été troublant d'entendre certains observateurs affirmer que nous devrions en réalité pleinement exploiter notre planète, avec peu ou pas d'attention aux conséquences possibles, en s'appuyant sur une vision mondiale supposée être fondée sur la foi. Nous sommes convaincus qu'il s'agit d'une approche fondamentalement imprudente. A l'extrême inverse, il y a ceux qui considèrent la planète comme le seul bien, et qui voient dans l'humanité une menace irréparable pour la planète, dont la population et les activités doivent être contrôlées par diverses mesures sévères. Nous croyons fermement que de telles affirmations placent les êtres humains et leurs besoins au service d'une écologie inhumaine. J'ai souligné ces deux extrêmes pour étayer mon observation, mais des attitudes similaires, bien que moins extrêmes, empêcheraient également clairement toute tentative sérieuse à l'échelle mondiale de promouvoir l'atténuation  des  effets,  l'adaptation, la flexibilité et la protection de notre avenir commun.

Monsieur le Président,

Etant donné qu'un pays ne peut résoudre à lui seul les problèmes liés à notre environnement commun, nous devons dépasser les intérêts personnels à travers l'action collective. De la part de la Communauté internationale, cela présuppose l'adoption d'une stratégie politique internationale coordonnée, efficace et rapide, capable de répondre à une telle situation complexe. Celle-ci pourrait déterminer les façons et les moyens d'atténuation et d'adaptation qui sont économiquement possibles pour la plupart des pays, encourager le développement durable et promouvoir un environnement sain. L'aspect économique de mettre en place ces modes et moyens devrait être sérieusement pris en compte, étant donné que les nations et les secteurs de la société les plus pauvres sont particulièrement vulnérables aux conséquences négatives du changement climatique, à cause du manque de ressources et de capacité à atténuer leurs effets et à s'adapter aux changements de l'environnement.

Il est facile de prévoir que les programmes d'atténuation et d'adaptation rencontreront une série de barrières et d'obstacles, pas tant de nature technologique, mais plutôt de nature sociale, comme les attitudes et les préférences des consommateurs, et de nature politique, comme les politiques gouvernementales. Nous devons nous tourner vers l'éducation, en particulier parmi les jeunes, pour changer les attitudes innées et égoïstes à l'égard de la consommation et de l'exploitation des ressources naturelles. De même, les politiques gouvernementales qui accordent des aides économiques et des facilités financières en vue d'utiliser des technologies plus écologiques, donneront au secteur privé le signal positif dont il a besoin pour planifier le développement de ses produits dans cette direction. Par exemple, la recherche actuelle sur le bouquet énergétique et sur l'amélioration de l'efficacité énergétique, serait facilitée si elle était accompagnée d'un financement public et d'autres aides financières.

Monsieur le Président,

Nous entendons souvent parler dans les couloirs des Nations unies de "la responsabilité de protéger". Le Saint-Siège pense que cela s'applique également dans le domaine du changement climatique. Les Etats ont une "responsabilité commune de protéger" le climat mondial à travers l'atténuation/adaptation et par dessus tout une "responsabilité commune de protéger" notre planète et d'assurer que les générations présentes et futures puissent vivre dans un environnement sain et sûr.

La rapidité à atteindre et à formaliser un nouveau consensus international sur le changement climatique n'est pas toujours accompagnée de la même rapidité et efficacité à mettre en œuvre de tels accords. Les Etats sont libres d'adopter des Conventions et des Traités internationaux, mais si nos paroles ne sont pas suivies d'actions concrètes et responsables, nous ferions bien peu pour éviter un avenir sombre et nous pourrions nous retrouver d'ici peu réunis une fois de plus pour nous plaindre d'un autre échec collectif. Nous espérons sincèrement que les Etats profiteront de l'occasion qui leur sera présentée d'ici peu, lors de la prochaine Conférence sur la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques à Bali.

Merci, Monsieur le Président.

 

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