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INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
LORS D'UNE RÉUNION DE L' OSCE
SUR LE THÈME DE LA TOLÉRANCE ET DE LA NON-DISCRIMINATION

INTERVENTION DE MGR ANTHONY FRONTIERO

Varsovie
Mardi 25 septembre 2007

 

 

Monsieur le Président,

La délégation du Saint-Siège s'unit aux délégations qui l'ont précédée pour vous féliciter de présider cette session, et exprime sa gratitude pour l'opportunité à participer à cet important débat. Le Saint-Siège salue en particulier la nouvelle page internet sur la Discrimination contre les chrétiens que le Bureau des Institutions démocratiques et des Droits de l'Homme (BIDDH) de l'OSCE a récemment créée sur le TANDIS (Tolerance and Non-Discrimination Information System). Soyez assuré que le Saint-Siège fera tout ce qui est en son pouvoir pour aider le BIDDH à suivre et à mettre à jour cette nouvelle et importante ressource dans la lutte contre la discrimination des chrétiens. A cet égard, le Saint-Siège voudrait recommander à l'OSCE de poursuivre l'approfondissement de son souci concret pour ce thème important, de façons claires et concrètes, y compris en contrôlant et en rapportant les informations sur les cas de discrimination et d'intolérance contre les chrétiens, et en promouvant les assemblées futures visant à affronter ce thème parmi les Etats-membres de l'OSCE.

Le thème de la tolérance et de la non-discrimination, qui est au cœur de cette Rencontre, représente un signe positif de la volonté politique au sein des pays de l'OSCE d'affronter de façon honnête les problèmes existant entre l'interaction des cultures et des peuples, qui constitue un sérieux problème politique et de sécurité, et nous permet en dernière analyse d'avoir des relations réciproques pacifiques et de contribuer au progrès de la race humaine.

La délégation du Saint-Siège continue d'être préoccupée par les violations trop fréquentes et flagrantes du droit à la liberté religieuse dans la région de l'OSCE. En dépit des décisions adoptées par les Etats-membres de l'OSCE en vue d'assurer et de faciliter la liberté des personnes de professer et de pratiquer une religion ou une croyance, seules ou de façon communautaire, à travers des législations, des réglementations, des pratiques et des politiques transparentes et non-discriminatoires, l'application de cet engagement n'a pas encore eu lieu.

Des exemples récents de telles violations incluent:  l'intolérance inacceptable manifestée récemment dans un pays de l'OSCE, dans lequel, il y a quelques mois, trois chrétiens ont été brutalement assassinés; la condamnation et, dans de nombreux cas, la dérision des chrétiens. Tourner délibérément en ridicule et offenser les principes de la foi chrétienne, comme instrument en vue de promouvoir les droits d'autres groupes est en contradiction flagrante avec la liberté religieuse et le respect mutuel dont toutes les personnes devraient bénéficier, sans parler du devoir d'édifier une société plus juste et pacifique. De telles pratiques visent à détruire les progrès accomplis jusqu'ici par la promotion de la tolérance et la non-discrimination.

Dans son Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix 2007, le Pape Benoît XVI a rappelé le besoin urgent, malgré les difficultés et les tensions internationales actuelles, d'un engagement en vue d'une écologie humaine (1) qui favorise la promotion du respect et de la compréhension réciproques entre les peuples, qui représente la clé en vue de mettre un terme à l'intolérance et à la discrimination, et, en ultime analyse, à la coexistence pacifique. Un tel engagement doit être guidé par une vision de la personne non corrompue par des préjugés idéologiques et culturels, ou des intérêts politiques et économiques, qui peuvent parfois susciter la haine et la violence.

En dépit de la réalité des différences qui existent au sein des diverses cultures de l'homme, un élément qui ne peut être accepté est de cultiver des germes d'hostilité et de violence contre nos frères en humanité. "Les conceptions de Dieu qui incitent à l'intolérance envers nos semblables et au recours à la violence à leur égard sont également inadmissibles" (2). La coexistence pacifique parmi les peuples n'est pas seulement menacée par les conflits entre les idéologies, mais également par l'indifférence pour ce qui constitue la véritable nature de l'homme (3). Dans la société contemporaine, en effet, de nombreuses personnes nient l'existence d'une nature humaine spécifique, qui ne fait qu'ajouter à la confusion et, dans de nombreux cas, empêche le dialogue authentique. A cet égard, la clarté est nécessaire, afin d'éviter qu'une conception floue de la personne n'ouvre la voie à l'apparition de positions autoritaires, conduisant ainsi à laisser les personnes sans défense, et à en faire les proies faciles de l'oppression et de la violence.

Une véritable communauté humaine, où les personnes puissent vivre ensemble dans la paix et la sécurité présuppose le respect des droits de l'homme. Cependant, si ces droits sont fondés sur une conception erronée de la personne, comment peuvent-ils promouvoir et préserver une société édifiée sur le respect et la compréhension réciproques? Les conceptions relativistes de la signification de la personne ne sont pas suffisantes lorsqu'il s'agit de justifier et de défendre les droits humains; car si les droits sont absolus, comment peuvent-ils être fondés sur une conception qui est simplement relative? C'est pourquoi les droits humains doivent être enracinés dans les exigences objectives de la nature humaine. Sinon, dans certains cas, la personne humaine serait marquée par une dignité permanente et des droits qui seraient toujours et partout valables; et, dans d'autres cas, la personne pourrait ne pas avoir de dignité permanente, et avoir des droits négociables (4). Nous constatons cet état de choses tous les jours dans les actes d'intolérance et de discrimination. Sans une conscience claire et forte de ce que nous sommes en tant que personnes, il sera toujours plus facile d'affirmer que certaines personnes sont dignes de respect et d'autres pas; certaines personnes ont un droit à la vie, à la liberté et à la croyance religieuse, et d'autres pas. La vérité objective sur la dignité de la personne humaine créée par Dieu, ainsi que les droits, mais aussi les devoirs et les responsabilités qui découlent de cette dignité, doivent être la base de tout débat authentique en ce qui concerne toutes les questions que doit affronter la famille humaine.

Pourtant, la tâche qui se présente à nous ne consiste pas simplement à condamner les injustices réelles à la lumière d'un concept correctement compris de la personne humaine et de la dignité humaine, mais d'œuvrer ensemble en vue d'un nouvel avenir chargé de sens (5). D'une façon ou d'une autre, et, je l'espère, en partie grâce à nos débats au cours de ces jours, nous devons vaincre l'individualisme collectif qui engendre si souvent la discrimination et l'intolérance, et trouver le chemin d'une nouvelle imagination fondée sur la solidarité. Une telle imagination conduira à une réinterprétation fondamentale des structures sociales, leur permettant de promouvoir véritablement le respect et la compréhension réciproques, et de défendre de façon authentique les droits humains comme conditions fondamentales pour la vie communautaire avec les autres.

Merci, Monsieur le Président.


Notes

1. Cf. Benoît XVI, Message pour la Journée mondiale de la Paix 2007, n. 10

2. Ibid.

3. Cf. Ibid., n. 11.

4. Cf. Ibid., n. 12.

5. Cf. Jean-Paul II, Sollicitudo rei socialis, n. 42.

 

 

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