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CÉLÉBRATION POUR LE 150e ANNIVERSAIRE DE L’UNITÉ ITALIENNE
(ROME, PALAIS BORROMÉE, 27 SEPTEMBRE 2011)

INTERVENTION DE MGR. GIOVANNI ANGELO BECCIU,
SUBSTITUT DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT POUR LES AFFAIRES GÉNÉRALES

Le 150e anniversaire de l’unité d’Italie célèbre d’heureuse manière la constitution de l’Etat unitaire italien, qui a eu lieu à un moment précis de notre histoire commune. D’autre part, cette même célébration permet de percevoir que l’Italie, avec son bagage de langue, de religion, de coutumes et d’expressions artistiques, était déjà présente depuis longtemps sur la scène de l’histoire. Dans son message à S.E. M. Giorgio Napolitano, président de la République italienne, le Pape Benoît XVI a rappelé, entre autres, que «la nation italienne, comme communauté de personnes unies par la langue, par la culture, par les sentiments d’une même appartenance, malgré la pluralité des communautés politiques présentes sur la péninsule, commence à se former à l’époque médiévale».

Au cours des années qui précédèrent immédiatement l’anniversaire que nous fêtons, une célébration commune du cent cinquantième anniversaire de l’unité nationale avait été souhaitée, à laquelle aurait également contribué l’Eglise catholique. Nous avons tous été témoins que cette participation a effectivement eu lieu, à la satisfaction des diverses parties concernées. Il y a cinquante ans, à l’occasion du centenaire de l’unité d’Italie, M. Amintore Fanfani, président du Conseil des ministres, fut reçu en visite officielle par le bienheureux Jean XXIII et il eut avec lui un long entretien très cordial (quarante minutes souligne la chronique officielle). Cette année, le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat, s’est rendu au Quirinal pour remettre à S.E. M. Giorgio Napolitano, président de la République italienne, le message de Sa Sainteté. Ensuite, le Saint-Père, accueillant l’invitation du cardinal Bagnasco, président de la Conférence épiscopale italienne, ici présent, a présidé dans la basilique papale Sainte-Marie-Majeure la prière pour l’Italie. L’Eglise qui est en Italie a elle-même mis à disposition ses énergies avec conviction pour confirmer, aussi bien de manière collégiale que dans chaque diocèse, la vitalité de cet esprit de collaboration loyale pour la promotion de l’homme et pour le bien de tout le pays qui caractérise la relation entre l’Eglise et la communauté politique en Italie.

Le message pontifical du 17 mars a rappelé les fondements des Accords du Latran de 1929 et de l’Accord de révision de 1984, comme expressions manifestes du dialogue entre le Saint-Siège et l’Italie, ainsi que, de manière indissoluble, de la collaboration entre l’Eglise et la communauté politique, dans la concorde et dans la coopération, en faveur de la personne et du bien commun. Qu’il me soit permis, à cet égard, de rappeler un aspect qui reste souvent ignoré. Il concerne une dette de reconnaissance que nous avons tous à l’égard de l’intelligence et du professionnalisme dont plusieurs personnes ont fait preuve, des deux côtés, dans l’établissement des statuts des accords, qui les ont fait connaître à travers des études et des commentaires, et contribuent encore à en mettre en œuvre les implications, par exemple au niveau d’accords entre régions civiles et ecclésiastiques. Je ne les nomme pas, j’en oublierai certainement quelques-unes, je les remercie cependant toutes et de tout cœur. Je souhaite ensuite que le bagage de connaissance accumulé jusqu’à présent dans le cadre du droit conventionnel, soit transmis aux jeunes générations de chercheurs et trouve encore une attention adaptée au sein des institutions académiques de haut niveau, aussi bien ecclésiastiques que civiles. L’expérience italienne est assurément spécifique. Rome est le siège du Successeur de Pierre et le centre de la catholicité. L’expérience italienne peut partager avec d’autres pays et avec un grand profit les acquisitions qui ont mûri en ce qui concerne la relation Eglise-Etat, chacun dans son domaine distinct et avec une collaboration réciproque fructueuse.

Dans le message pontifical cité, sont également mentionnées les figures de grands laïcs et d’ecclésiastiques qui ont apporté une contribution fondamentale à la formation de l’identité italienne ou qui ont contribué par la pensée et l’action à l’unité du pays. Je voudrais aujourd’hui leur associer le souvenir de ceux qui, s’éloignant de l’Italie, n’ont jamais perdu, ni voulu abandonner l’identité nationale. Certains sont allés à l’étranger par nécessité, d’autres par choix, et d’autres encore par vocation. En ce qui concerne mon expérience personnelle, j’ai rencontré dans divers pays du monde des entrepreneurs, des professionnels, des ouvriers, ainsi que des prêtres et des personnes consacrées italiennes au service de leurs compatriotes. Et que dire des très nombreux missionnaires italiens, hommes et femmes, qui arrivent presque à se faire adopter par les populations au service desquelles ils ont consacré leur vie? Toutes ces personnes sont les enfants de l’histoire d’Italie, de cette nation et de cette communauté politique. S.E. M. l’ambassadeur Greco, qui nous accueille aimablement ce soir, pourra convenir avec moi que si les vertus théologales qui resplendissent dans ces témoignages ont été formées par la grâce de Dieu et par l’œuvre de l’Eglise, toutefois les vertus humaines, l’inventivité, la générosité, je dirais également l’esprit d’entreprise de ces Italiens ont été forgés par le milieu familial et social d’origine. Les missionnaires italiens, hommes et femmes, je peux en témoigner, se plongent dans les cultures différentes de la leur avec un respect et une attention extrêmes, et ils y diffusent, avec la grande cordialité et générosité qui les distinguent, leur contribution humaine et chrétienne et, avec celle-ci, la meilleure part du génie typique de la culture italienne.

Je voudrais ensuite mentionner l’usage de la langue italienne, véhicule et signe distinctif de l’unité du pays. Les universités pontificales et les autres instituts de formation religieuse présents sur le territoire ont joué un rôle significatif pour faire connaître cette langue dans le monde, parallèlement aux échanges culturels toujours plus fréquents entre institutions scolaires et universitaires avec leurs homologues respectifs à l’étranger. Combien de prêtres, de religieuses et de laïcs sont passés par Rome et par l’Italie et, de retour dans leur propre pays, ont apporté avec eux non seulement la connaissance de la langue, mais aussi et surtout l’estime et l’appréciation pour notre pays, ainsi que la nostalgie des beautés artistiques et culturelles de l’Italie! Nous ne devons ensuite pas oublier que le très nombreux troupeau catholique présent dans le monde considère Rome et donc l’Italie avec une sympathie instinctive, avec affection et un sens commun de participation, car celle-ci est le siège du Successeur de Pierre. Ils peuvent tous, à juste titre, se sentir chez eux dans la Ville éternelle et, d’une certaine manière, répéter avec orgueil, en tant que catholiques, l’affirmation civis Romanus sum. Il s’agit, à mon avis, d’un fait qui n’est pas sans importance pour la place que l’Italie occupe au sein de la communauté internationale.

En revenant au message du Pape Benoît XVI, je désire enfin souligner que dans celui-ci, le Saint-Père mentionne avec reconnaissance la collaboration précieuse que l’Etat italien a offerte et continue d’offrir au Siège apostolique. Dans ce contexte spécifique, je voudrais évoquer une forme particulière de coopération qui, étant quotidienne et parfois informelle, pourra sembler moins importante pour écrire les grandes pages de l’histoire, mais qui se révèle souvent d’une importance vitale. Je me réfère à la collaboration, respectueuse, institutionnelle, mais également fraternelle et désintéressée, qui s’instaure dans les différents pays du monde entre les représentations pontificales et les ambassades italiennes, au bénéfice des populations locales. Qu’il s’agisse d’une autorisation pour un visa, ou de concorder des interventions bien plus importantes à caractère humanitaire, j’ai toujours rencontré une disponibilité attentive et un professionnalisme généreux chez les ambassadeurs, les consuls et le personnel des ambassades italiennes. Il me semble de mon devoir, dans ce contexte, de rappeler l’opération humanitaire accomplie il y a environ un an pour secourir les chrétiens de Bagdad victimes, le 31 octobre 2010, d’une attaque terroriste sanglante, précisément alors qu’ils célébraient l’Eucharistie. En cette occasion, grâce à l’aide offerte par le gouvernement italien et à la collaboration de la polyclinique «Gemelli», il fut possible d’apporter les soins adaptés aux personnes et aux familles particulièrement touchées.

Arrivant au moment de conclure, l’âme reconnaissante, j’élève ma prière au Seigneur pour cette Italie qui fête les 150 ans de son unité politique et pour son peuple, auquel j’appartiens également, et je demande à Dieu, pour tous et chacun, la lumière de la foi et son aide pour un engagement persévérant pour la liberté, la justice et la paix, afin que tous, personnes et institutions, nous puissions être à la hauteur de la tâche que la Providence nous a assignée.

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