The Holy See
back up
Search
riga

XVIII CONSEIL MINISTÉRIEL DE L'ORGANISATION POUR LA SÉCUTRITÉET LA COOPÉRATION EN EUROPE (OSCE)
[VILNIUS (LITUANIE), 6-7 DÉCEMBRE 2011]

INTERVENTION DE S. E. MGR DOMINIQUE MAMBERTI,
SECRÉTAIRE POUR LES RELATIONS AVEC LES ÉTATS

Vilnius (Lituanie)
Mardi 6 décembre 2011

 

Introduction

La délégation du Saint-Siège désire remercier S.E. M. Audronius Ažubalis, ministre des affaires étrangères de Lituanie, ainsi que la présidence lituanienne de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), non seulement pour son exquise hospitalité offerte ces jours-ci, mais également pour ses efforts en vue de promouvoir une volonté politique croissante, qui s’efforce de renforcer un dialogue de culture et de paix au sein de la région de l’OSCE.

L’an dernier, dans la déclaration d’Astana, les chefs d’Etat et de gouvernement des 56 Etats participants de l’OSCE ont renouvelé leur engagement pour concrétiser la vision d’une communauté de sécurité libre, démocratique, commune et indivisible, qui s’étende de Vancouver à Vladivostok. La réunion ministérielle de Vilnius offre une opportunité pour les Etats participants de maintenir l’élan acquis à Astana car «nos engagements dans leurs dimensions politico-militaires, économiques, environnementales et humaines doivent être pleinement mis en œuvre».

La dimension politico-militaire

En ce qui concerne la dimension politico-militaire de l’OSCE, le Saint-Siège a noté avec intérêt le rapport du président du Forum sur la coopération pour la sécurité, sur les activités accomplies en 2011, complété par les évaluations de progrès sur certains aspects spécifiques de cette activité. Ma délégation apprécie les résultats importants accomplis dans ce domaine, notamment les mesures qui renforcent la lutte contre la prolifération et le transfert illicite d’armes légères et de petit calibre et qui rendent sûr le stockage de munitions traditionnelles: leur mise en œuvre contribuerait dans une large mesure à la lutte contre le terrorisme et le crime organisé et à répondre aux préoccupations de la population à l’égard de l’environnement.

Il convient également d’apprécier les progrès en vue de promouvoir l’application du «Code de conduite relatif aux aspects politico-militaires de la sécurité». Les initiatives concernant la contribution du Forum sur l’application de la résolution n. 1540 du Conseil de sécurité des Nations unies sur la non-prolifération des armes de destruction massive sont également dignes d’éloge. L’OSCE peut sans aucun doute apporter une contribution originale et précieuse à la communauté internationale.

Des résultats ont également été obtenus dans le domaine des mesures de contrôle des armes conventionnelles et de renforcement de la confiance et de la sécurité. La tâche confiée au Sommet d’Astana d’actualiser le Document de Vienne de 1999 a été explicite et a été le fruit de ce qui est réellement apparu comme une volonté politique authentique de la part des Etats participants. Là encore, les trois présidents et le coordinateur n’ont épargné aucun effort pour rapprocher les positions opposées qui ont empêché jusqu’à présent d’affronter la question véritablement centrale de la modernisation du document de Vienne de 1999.

En ce qui concerne à présent les aspects non-militaires de la sécurité abordés par le comité de sécurité, ma délégation se félicite du grand nombre de projets de décisions importantes développés à propos des menaces concernant la région de l’OSCE, et voudrait exprimer son appréciation et son soutien aux décisions du Conseil ministériel qui, nous l’espérons, seront adoptées sur le «renforcement de la coordination et de la cohérence dans les efforts de l’OSCE en vue d’affronter les menaces transnationales»; sur la «proposition de l’OSCE en vue de combattre la menace que représentent les drogues illicites et les précurseurs chimiques» et sur les «mesures supplémentaires dans le domaine de la sécurité cybernétique».

La dimension économique et environnementale

Cette année a également révélé l’importance et l’intérêt croissants que les Etats participants accordent à la deuxième dimension, celle économique et environnementale. Pour le Saint-Siège, le thème de la migration occupe une place centrale dans ce domaine. Si l’on ajoute l’influence de l’actuelle crise financière et économique mondiale, des liens évidents apparaissent entre les politiques en matière de migration et la sécurité.

Dans ce domaine, il existe un consensus croissant sur la nécessité d’accorder une plus grande attention aux migrants eux-mêmes, et non seulement à leur rôle économique en tant que main d’œuvre temporaire ou immigrés permanents. La réunification des familles doit être la considération primordiale. La famille joue un rôle fondamental dans le processus d’intégration, pour apporter une stabilité à la présence des immigrés dans le nouvel ordre social, et même dans le processus de la migration temporaire. Les migrants, conscients de leurs droits, peuvent se sentir plus sûrs pour offrir leurs services et leurs talents, tandis que la communauté d’accueil, bien informée et respectueuse de ces droits, se sentira plus libre d’étendre sa solidarité afin d’édifier ensemble un avenir commun.

Le Saint-Siège salue le fait que l’an prochain, la dimension économique et environnementale se concentrera sur les questions de la bonne gouvernance. En effet, selon le Saint-Siège, pour que la gouvernance soit «bonne», elle doit prendre en compte le bien commun, c’est-à-dire le bien de toutes les personnes et de toute la personne. La raison pour laquelle l’administration publique existe est le service de l’être humain à tous les niveaux de l’Etat, afin d’édifier une société plus libre et responsable. Etant démocratique, la «bonne gouvernance» devrait promouvoir la participation à la vie publique de toutes les personnes vivant dans la société, y compris les Eglises, les communautés religieuses et les croyants. Un gouvernement juste est celui dans lequel les autorités politiques n’oublient pas et ne sous- estiment pas la dimension morale de la représentation politique.

La dimension humaine

Avec le temps, l’OSCE a assumé des engagements importants en faveur de la défense des libertés fondamentales et des droits humains. Ces engagements demeurent valables et ont besoin d’une organisation plus claire, afin de pouvoir servir de plateforme en vue d’un programme positif pour la paix. C’est la dignité de la personne humaine qui motive les désirs de notre Organisation à travailler pour la réalisation concrète de tous les droits humains.

Parmi ces libertés fondamentales figure le droit à la liberté religieuse. En fait, la déclaration du Sommet d’Astana affirme clairement qu’«il faut redoubler d’efforts pour promouvoir la liberté de religion ou de croyance et combattre l’intolérance et la discrimination». Le droit à la liberté religieuse, bien qu’il soit constamment réitéré par la Communauté internationale, ainsi que dans les constitutions de la plupart des pays, continue d’être largement violé aujourd’hui.

Dans son Message pour la Journée mondiale de la paix 2011, le Saint-Père a insisté sur le fait que «les chrétiens sont à l’heure actuelle le groupe religieux en butte au plus grand nombre de persécutions à cause de leur foi. Beaucoup subissent des offenses quotidiennes et vivent souvent dans la peur à cause de leur recherche de la vérité, de leur foi en Jésus Christ et de leur appel sincère afin que soit reconnue la liberté religieuse. Tout cela ne peut être accepté, parce que cela constitue une offense à Dieu et à la dignité humaine; de plus, c’est une menace à la sécurité et à la paix, et cela empêche la réalisation d’un réel développement humain intégral». Plus de deux cents millions de chrétiens de différentes confessions pourraient se trouver en difficulté à cause des structures juridiques et culturelles qui conduisent à leur discrimination. En septembre dernier, la rencontre à Rome sur le thème: «Prévenir et répondre aux actes provoqués par la haine et aux crimes contre les chrétiens», fut un événement qui a remporté un grand succès et apporté une grande espérance. Il a révélé la possibilité d’un dialogue constructif en vue de la compréhension et du respect réciproques entre les croyants, les membres d’autres religions et les non-croyants. Le Saint-Siège apprécie le travail exceptionnel qui a été accompli sous la présidence lituanienne en vue de combattre l’intolérance parmi les chrétiens. Ma délégation forme le vœu que ces efforts soient poursuivis. En encourageant les Etats participants à dénoncer les crimes motivés par la haine contre les chrétiens, je voudrais exprimer l’espoir qu’une suite soit prochainement donnée à la Conférence de Rome, en particulier dans nos débats avec nos partenaires pour la coopération. La célébration d’une Journée internationale contre la persécution et la discrimination des chrétiens pourrait se révéler un signe important qui montre que les gouvernements sont disposés à affronter cette grave question.

Le plan d’action de l’OSCE à l’égard des roms et des sinti exhorte à un meilleur accès à une éducation de qualité en tant que clé pour surmonter le cercle vicieux de la pauvreté et de l’exclusion sociale qui affectent si souvent les personnes en déplacement, y compris les roms et les sinti. La dignité des populations roms et sinti doit donc être préservée, leurs familles protégées, leur identité collective respectée, les initiatives pour leur développement encouragées et leurs droits défendus.

Le trafic d’êtres humains, en particulier des femmes et des mineurs, et pas seulement en vue de l’exploitation sexuelle, mais également de l’exploitation par le travail et de l’esclavage domestique, est devenu un commerce mondial puissant, qui touche de nombreux pays d’origine, de transit et de destination. En vue de combattre le fléau du trafic d’êtres humains avec une plus grande détermination et des résultats plus concrets, une convergence d’efforts est nécessaire: une mentalité centrée sur la dignité unique de chaque personne, la garantie de la peine pour les trafiquants, la lutte contre la corruption, l’enseignement correct dans les écoles des relations réciproques entre l’homme et la femme, l’impartialité des médias dans leur façon de rendre compte des dommages provoqués par le trafic humain. Tandis que la législation devrait être continuellement ajustée et adaptée à l’évolution du phénomène du trafic, la coopération d’institutions publiques et privées, y compris religieuses, ainsi que la contribution de volontaires garantira qu’aucune personne ne puisse être achetée ou vendue en violation de sa dignité et de ses droits humains fondamentaux parce qu’elle a été créée libre et à l’image de Dieu et non pas pour être traitée comme un esclave.

La Mongolie et les prochaines présidences en exercice

Le Saint-Siège salue le désir de la Mongolie de devenir le 57e Etat participant et se réjouit de pouvoir travailler avec ce peuple et cette culture antiques en vue de contribuer à la mise en œuvre des engagements de l’OSCE.

De plus, le Saint-Siège salue l’offre de la Suisse et de la Serbie de présider l’OSCE en 2014 et 2015 et assure ces pays de son désir de travailler de façon constructive avec eux.

En conclusion, je voudrais renouveler l’expression de ma gratitude pour sa direction à la présidence lituanienne de l’OSCE en 2011, et je souhaite à la présidence entrante de l’Irlande mes meilleurs vœux tandis que nous coopérons en vue d’atteindre les objectifs identifiés dans la Déclaration commémorative d’Astana, c’est-à-dire cette vision commune et ces valeurs communes concordées et partagées par tous les Etats participants de l’OSCE.

 

 

top