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 RENCONTRE DE HAUT NIVEAU DE L'ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES, SUR LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE

INTERVENTION DE MGR. DOMINIQUE MAMBERTI,
SECRÉTAIRE POUR LES RAPPORS AVEC LES ÉTATS*

New York
Jeudi
26 septembre 2013

 

Monsieur le président,

La résolution de l’assemblée générale qui a convoqué la rencontre de haut-niveau d’aujourd’hui sur le désarmement nucléaire, a exprimé la conviction commune selon laquelle l’élimination complète des armes nucléaires est essentielle pour éliminer le danger d’une guerre nucléaire, un objectif auquel nous devons accorder la plus grande priorité. Le Saint-Siège, qui demande depuis longtemps l’interdiction de ces armes de destruction de masse, s’unit à cet effort concerté pour prêter une voix forte au cri de l’humanité en vue d’être libérée du spectre de la guerre nucléaire.

Selon les termes du traité de non-prolifération, les États sont invités à accomplir des efforts « de bonne foi » en vue de négocier l’élimination des armes nucléaires. Pouvons-nous parler de « bonne foi » lorsque les programmes de modernisation des États dotés d’armes nucléaires se poursuivent en dépit de leurs affirmations relatives à un futur désarmement nucléaire ? La préoccupation au sujet de la prolifération des armes nucléaires dans d’autres pays sera vaine tant que les États dotés d’armes nucléaires s’attacheront à leurs armes. Si l’on veut que la rencontre d’aujourd’hui ait une importance historique, elle doit conduire à un engagement significatif de la part des États dotés d’armes nucléaires en vue de se débarrasser de celles-ci.

Il y a cinq ans, le secrétaire général a présenté un programme en vue d’un désarmement nucléaire en cinq points. Il est largement temps que ce programme reçoive l’attention sérieuse qu’il mérite. Au centre de celui-ci figure la négociation d’une Convention sur les armes nucléaires ou un cadre d’instruments conduisant directement à une interdiction totale des armes nucléaires. Il s’agit d’un objectif bien défini, pouvant être pleinement compris et soutenu par tous ceux qui veulent véritablement que le monde en finisse avec les sinistres doctrines de la destruction réciproque certaine.

Il est à présent impératif que nous affrontions de façon systématique et cohérente les conditions juridiques, politiques et techniques pour un monde libéré des armes nucléaires. Pour cette raison, nous devrions commencer aussitôt que possible le travail de préparation pour une Convention ou un accord cadre en vue d’une élimination progressive et contrôlable des armes nucléaires.

L’obstacle principal pour commencer ce travail est l’adhésion persistante à la doctrine de la dissuasion nucléaire. Avec la fin de la guerre froide, les temps où l’on pouvait accepter cette doctrine sont depuis longtemps révolus. Le Saint-Siège n’admet pas la poursuite de la dissuasion nucléaire, car il est évident que cela conduit au développement d’armes nucléaires toujours nouvelles, empêchant ainsi le véritable désarmement nucléaire.

Pendant de nombreuses années, on a dit au monde qu’une série de mesures aurait conduit au désarmement nucléaire. De telles argumentations sont démenties par la nature extraordinaire de la rencontre d’aujourd’hui, qui n’aurait certainement pas été convoquée si ces mesures avaient été efficaces. Elles ne le sont pas. C’est la doctrine militaire de la dissuasion nucléaire, politiquement soutenue par les États dotés d’armes nucléaires, qui doit être affrontée afin de briser la chaîne de la dépendance de la dissuasion. Il est urgent de commencer à travailler sur une approche globale en vue de garantir la sécurité sans avoir recours à la dissuasion nucléaire.

Nous ne pouvons justifier la poursuite d’une politique de dissuasion nucléaire permanente, étant donné les pertes de ressources humaines, financières et matérielles à une période où manquent les fonds pour la santé, l’éducation et les services sociaux dans le monde et face aux menaces actuelles à la sécurité humaine, telles que la pauvreté, le changement climatique, le terrorisme et les crimes transnationaux. Tout cela devrait nous faire réfléchir sur la dimension éthique et la légitimité morale de la production, de la transformation, du développement, de l’accumulation, de l’utilisation et de la menace de l’utilisation de ces armes. Nous devons souligner à nouveau que les doctrines militaires fondées sur les armes nucléaires, en tant qu’instruments de sécurité et de défense d’une élite, pour exhiber sa propre puissance et suprématie, retarde et menace le processus de désarmement et de non-prolifération nucléaire.

Il est temps de combattre la logique de la peur avec l’éthique de la responsabilité, en encourageant un climat de confiance et de dialogue sincère, capable de promouvoir une culture de la paix, fondée sur la primauté du droit et du bien commun, à travers une coopération cohérente et responsable entre tous les membres de la communauté internationale.

Merci, Monsieur le président.

 

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