The Holy See
back up
Search
riga

LETTRE DU CARDINAL JEAN VILLOT,
AU NOM DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II, À Mgr STREIFF,
ÉVÊQUE DE NEVERS, À L'OCCASION DU CENTENAIRE
DE LA MORT DE SAINTE BERNADETTE

 

Monseigneur,

Au moment où commencent à Nevers les fêtes du centenaire de la mort de sainte Bernadette, le Pape Jean-Paul II tient à s’associer à cette célébration, et il m’a chargé d’être auprès de vous l’interprète de sa joie et de ses encouragements.

Le Saint-Père pense en effet, avec les Pasteurs de France, que la figure de Bernadette — si populaire à cause de sa simplicité et des pèlerinages à Lourdes dont elle est inséparable — est bien un exemple susceptible de fortifier la foi des chrétiens, de réconforter ceux qui doutent ou d’attirer ceux qui ont pris leurs distances par rapport à la religion, en cette fin du vingtième siècle. Car sans rien perdre de ses qualités naturelles de bon sens, de fermeté, de délicatesse, elle a été l’un des instruments les plus transparents qui soient pour servir de messagère à l’Immaculée Conception et, par elle, à l’Évangile dans ce qu’il a de plus fondamental. Elle nous ramène, par son message et par toute sa vie, aux attitudes décisives demandées par le Christ pour entrer dans le Royaume de Dieu : pauvreté, prière, pénitence, conversion. Sa vie religieuse chez les Sœurs de la Charité de Nevers, sous le nom de Sœur Marie-Bernard, lui a permis d’approfondir ces exigences jusqu’à l’extrême, dans l’obéissance, l’humilité et une charité à toute épreuve, sans jamais se départir de cette solide simplicité qui fait son charme et la rend si accessible a tous.

Aujourd’hui, comme hier et peut-être davantage encore, jeunes et adultes, laïcs et personnes consacrées ont besoin de son témoignage et de sa prière : ils pourront en tirer grand profit, au cours de pèlerinages à Nevers, de retraites paroissiales ou diocésaines. Tout d’abord notre époque se laisse séduire par l’authenticité d’une telle vie, soucieuse de vérité, axée fidèlement sur l’essentiel, capable de déjouer les pièges de ceux qui ont tendance à obscurcir la transparence du mystère, ou à le réduire au gré de leurs analyses sophistiquées ou de leurs remises en question épuisantes. Notre époque est sensible aussi à l’épreuve de la foi : elle s’attachera d’autant plus au témoignage de Bernadette que celle-ci a connu, à sa façon, la nuit de la souffrance physique et morale, vivant, pendant ses dernières années notamment, à l’unisson du Crucifié. Enfin, et surtout peut-être, on appréciera la Bonne Nouvelle qui rayonne de toute son histoire et qui avait illuminé son visage durant les apparitions : la proximité mystérieuse de Dieu et de Marie, l’espérance promise aux pauvres, aux petits, aux malades, la purification offerte aux pécheurs, la lumière aux mal-croyants, en un mot, la joie du salut.

Voilà la source vivifiante et pure où peuvent s’abreuver aujourd’hui nos contemporains. Que sainte Bernadette, heureuse maintenant dans l’autre monde, intercède pour eux ! Qu’elle les tourne sans cesse vers Marie Immaculée, qui est le plus pur reflet de la transparence et de la charité de Dieu ! Et que la Vierge continue à les ouvrir à l’Évangile et à guider leurs pas vers l’assemblée du Peuple de Dieu, comme elle le fait toujours à Lourdes. Le Saint-Père félicite et encourage tous ceux qui s’engageront, en cette année du centenaire, dans le sillage de Bernadette. De grand cœur il leur envoie sa Bénédiction Apostolique, et d’abord à ceux qui participeront à Nevers a la célébration du 18 février. Heureux de vous transmettre ce message, je vous prie d’agréer, Monseigneur, l’assurance de mon fidèle et cordial dévouement en Notre Seigneur et en Notre-Dame.

Du Vatican, le 11 février 1979

+ Jean Card. VILLOT

        

top