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SAINT-SIÈGE,
Document adressé au Comité Spécial pour l’étude du rôle
de l’Organisation des Nations Unies sur la question du désarmement,
 en réponse à la résolution 3484 B-XXX*

12 décembre 1975
 


I. LA COURSE AUX ARMEMENTS


Elle est à condamner sans réserves.

Même lorsqu’elle est inspirée par un souci de légitime dé­fense, elle est, en fait, de par la nature des armes modernes et du fait de la situation planétaire (paralysie des puis­sances nucléaires: tout conflit majeur étant exclu dans leurs relations mutuelles, les conflits limités se multiplient à la périphérie de la zone de stabilité nucléaire):

1. Un danger, soit d’emploi, total ou partiel, soit de menace – la dissuasion, poussée jusqu’au chantage, étant prise pour norme de relation à l’égard des autres nations. (1)

2. Une injustice. Elle constitue en effet:

a) une violation du droit par le primat de la force: l’accumulation des armes devient le prétexte de la course à la puissance; (2)

b) un vol. Les budgets fabuleux affectés à la fabrication et au stockage des armes constituent un véritable détournement de fonds de la part des “gérants” des grandes nations ou des blocs favorisés. (3)

La contradiction évidente entre le gaspillage de la surproduction des engins militaires et la somme des besoins vitaux non satisfaits (pays en voie de développement; marginaux et pauvres des sociétés riches) constitue déjà une agression à l’égard de ceux qui en sont victimes. Agression allant jusqu’au crime: même lorsqu’ils ne sont pas employés, par leur seul coût les armements tuent les pauvres, en les faisant mourir de faim.

(4)On comprend la condamnation du Concile Vatican Il reprise par le Synode 1974: “La course aux armements est une plaie extrêmement grave de l’humanité et lèse les pauvres d’une manière intolérable”. (G.S. 81,3). “Elle est un scandale”. (P.P. 53).

3. Une erreur. L’un des principaux arguments ordinairement invoqué en faveur de la course aux armements est celui de la crise économique et du chômage qui résulteraient de la fermeture des usines et arsenaux militaires. Cela serait vrai s’il s’agissait d’une mutation brusque. Mais, dans le cas contraire, les sociétés industrielles ont prospéré malgré de constantes reconversions. La reconversion des usines de fabrication et des marchés militaires en usines et en produits/civils se révèle tout aussi possible, si on prend la peine de la planifier dans le temps. Elle est d’autant plus réalisable qu’elle procurerait des emplois en permettant, par exemple, d’entreprendre les grands travaux qui s’avèrent nécessaires pour la sauvegarde de l’environnement.

4. Une faute. Le refus de cette reconversion “s’oppose radicalement à l’esprit humain et encore plus à l’esprit chrétien” car il n’est pas admissible “qu’on ne puisse trouver du travail pour des centaines de milliers de travailleurs qu’en les employant à construire des instru­ments de mort”. (Paul VI, Allocution au Corps Diplomatique, 10 janvier 1972).

5. Une folie: ce système de relations internationales fondé sur la peur, le danger, l’injustice, constitue une sorte d’hystérie collective; une folie que l’histoire jugera. Elle est un non-sens puisqu’elle est un moyen qui n’atteint pas sa fin. La course aux armements n’assure pas la sécurité.

a) Au niveau des armements nucléaires, elle ne confère pas un surcroît de sûreté puisqu’il y a déjà surabondance d’instruments (overkilling); elle crée des risques supplémentaires, en introduisant des instabilités susceptibles de rompre “l’équilibre de la terreur”. (5)

b) Quant aux armements de type classique, leur proliféra­tion, notamment dans les pays du tiers-monde (commerce des armes) crée des déséquilibres régionaux et, à ce titre, peut être génératrice de conflits ou alimenter les conflits en cours.

En toute hypothèse, qu’il s’agisse des armes nucléaires ou des armes de type classique, des grandes ou des petites Puis­sances, la course aux armements est devenue un processus cumulatif, qui a sa dynamique propre, indépendamment des sentiments d’agressivité, et qui échappe au contrôle des Etats. C’est une machine devenue folle. (6)

On dit souvent du désarmement que c’est une “cause usée”, “fatiguée” (du fait de ses nombreux échecs: on en parle, dit-on, depuis trop longtemps et on n en voit pas les résultats)

Mais ne serait-ce pas plutôt la cause de l’armement qui serait usée? N’est-ce pas le postulat de la course aux armes qui donne chaque jour davantage la preuve de sa vétusté, de son caractère anachronique? Si l’on prend pour norme de succès ou d’efficacité des armements la paix qui en résulte, ne doit-on pas plutôt parler d’échec? 

L’Eglise condamne la course aux armements.

Aussi le Concile est-il catégorique. Il proscrit radicalement l’emploi des armes de destruction massive. C’est même la plus expresse réprobation que l’on y trouve.

“Faisant siennes les condamnations de la guerre totale, déjà prononcées par les derniers Papes, ce Saint Synode déclare: Tout acte de guerre qui tend indistinctement à la destruction de villes entières ... avec leurs habitants est un crime contre Dieu et contre l’homme lui-même, qui doit être condamné fermement et sans hésitation”. (G.S. 80,3-4).

Quant à la dissuasion, “si elle a pu servir, d’une manière paradoxale, à détourner des adversaires éventuels” (G.S. 81,1) on peut tout au plus y voir “un délai qui nous est concédé d’en haut” (G.S. 81,4); bref, un répit qu’il nous faut “mettre à profit” (ibid.) et très vite. Car, ici le temps ne travaille pas pour nous. “Par l’accumulation des armes ... bien loin d’éliminer les causes de guerre, on risque au contraire de les aggraver peu à peu ... Au lieu d’apaiser véritablement les conflits entre nations, on en répand plutôt la contagion à d’autres parties du monde”. (G.S. 81,2).

On ne peut donc voir dans cette compétition armée qu’une formule de transition entre ‘‘l’antique servitude de la guerre (G.S. 81,4) et un nouveau système, une solution neuve, de nouvelles “méthodes qui nous permettront de régler nos différends d’une manière plus digne de l’homme”.(îbid.).

Sinon, cette course folle entretient une fausse paix, une fausse sécurité. Elle devient une fin au lieu d’être un moyen, comme elle en avait l’illusion. Elle institue le désordre établi. Elle constitue une perversion de la paix. (7)

A temps et à contretemps, les chrétiens, à la suite du Vicaire du Christ, ont à dénoncer cette préparation scientifique de l’humanité à sa propre mort. Ils doivent alerter l’opinion, également, sur les périls grandissants qui résul­tent des essais nucléaires (explosions) ainsi que du transport, des stockages et de la dissémination des armes atomiques. “L’humanité, déjà en grand péril, risque d’en venir malgré... une science admirable, à cette heure funeste où elle ne pourra plus connaître d’autre paix que la paix redoutable de la mort”. (G.S. 82,4).

On comprend dès lors la sévérité du diagnostic. Aux yeux de l’Eglise, la situation actuelle de prétendue sécurité est à condamner:

1. Au nom de la paix, qu’elle n’assure pas. En particulier, en raison des armes atomiques: que soient bannies “ces armes déshonorantes” et “que soit proscrit ... cet art terrible qui consiste à fabriquer la bombe, à la multiplier et à la conserver, pour la terreur des peuples ... Prions pour que cet engin meurtrier ne tue pas la paix en la cherchant”. (Paul VI. Message pour le 20ème anniversaire d’Hiroshima, 8 août 1965, D.C. 1965, col. 1452). (8)

2. Au nom de la morale naturelle et de l’idéal évangélique. La course aux armements (aux armes A.B.C., mais aussi aux armes conventionnelles modernes) en raison de leur capacité de destruction scientifique est contraire à l’homme et contraire à Dieu. Cette course folle est donc à proscrire au niveau de l’éthique. Et cela, pour deux raisons principales:

a) Lorsqu’il n’y a plus proportion entre le dommage causé et les valeurs qu’on cherche à sauvegarder, mieux vaut subir l’injustice que de se défendre (9).

Du moins, que de se défendre par ce moyen. Car le droit et le devoir demeurent d’une résistance active, quoique sans violence, à l’injuste oppression et cela, au nom des droits de l’homme et de sa dignité.

b) Lorsque l’armement n’a plus pour fin, au moins principale, la défense, mais l’agression, il perd sa raison d’être, sa justification, sa légitimité.

Or, c’est justement ce qui se vérifie actuellement. La course aux armements est devenue une course à la puissance. Elle est d’ores et déjà un moyen d’imposer aux nations plus faibles, ou même aux blocs antagonistes, une domination. Elle est donc au service d’un réel impé­rialisme et d’un néocolonialisme. Elle permet aux grandes puissances un nouveau partage du monde.

Il ne s’agit donc plus seulement de guerre froide, mais d’une action offensive, d’une agression et d’une oppression inadmissibles: “La puissance des armes ne légitime pas tout usage de cette force à des fins politiques ou militaires”. (G.S. 79,4).

- Elle constitue une provocation qui explique - psychologiquement, économiquement, socialement et politiquement - l’apparition et la multiplication d’une autre compétition: la course aux petits armements. Le terrorisme, en effet, se présente souvent comme l’ultime moyen de défense contre cet abus de pouvoir des grandes nations et comme une contestation violente de la situation d’injustice créée ou entretenue par l’emploi ou la menace des Etats les mieux armés.

- Cette utilisation des armes dominantes par les nations industrialisées a également pour effet d’engager les pays en voie de développement dans une course similaire aux armements. Une part grandissante des budgets militaires de certains pays défavorisés retarde encore davantage leur croissance économique. La montée de régimes politiques autoritaires dans le tiers-monde est à la fois la cause et l’effet de l’accroissement des achats (et donc des ventes) d’armes par les puissances industrielles.

- Cette utilisation des ressources financières à des fins militaires entraîne, en contrepartie, un ralentissement ou une diminution de l’aide aux pays défavorisés. Elle rend plus difficile le transfert, maintes fois souhaité et demandé par Paul VI dans son Message de Bombay (4.12.1964,D.C. 1965, col. 15), dans Populorum Progressio (P.P.53) ainsi que dans Gaudium et Spes (G.B. 81,2-3).

Il n’en serait pas de même si les nations qui disposent des plus grands moyens dans le domaine de l’armement acceptaient enfin de ralentir, puis de stopper, cette course aux armes comme moyen d’hégémonie et non pas seulement de protection des biens et des vies de leurs ressortissants.

L’adjuration de Paul VI aux représentants des peuples du monde entier, dans son discours à l’ONU, le 4 octobre 1965, reste plus actuelle et plus valable que jamais: “Laissez tomber les armes de vos mains”

Ainsi, le devoir est aussi clair que le diagnostic:

1.Il faut stopper la course aux armements.
2.Il faut réaliser la réduction des armements.


Il. LA REDUCTION DES ARMEMENTS


Il ne suffirait pas d’en rester au niveau actuel des stocks et des forces armées. Il faut en outre entamer un désarmement progressif, et contrôlé à toutes ses étapes, pour garantir la sécurité.

1. Pourquoi la réduction des armements?

Elle amorce un processus inverse de la course aux arme­ments: elle est à la fois le signe et l’agent d’une diminution de la peur et d’un retour à la confiance.
Elle donne une plus grande crédibilité à l’interdiction de la force dans les relations internationales. Elle permet de mieux assurer le respect du droit international et de fonder la paix sur la justice, aussi bien entre les nations qu’à l’intérieur de chacune d’elles.

Elle permet d’assurer la sécurité ô meilleur compte et d’affecter à des fins pacifiques les nouvelles sommes ainsi économisées.

2. Comment désarmer?

Les documents du Magistère indiquent un certain nombre de critères pour que le désarmement soit à la fois juste et efficace.

Le désarmement doit être conçu de telle sorte que la sécurité qui en résulte soit au moins égale à celle qu’assure la situation actuelle.

Le désarmement doit être progressif, le passage d’un état à un autre étant subordonné à la constatation de l’accomplissement des obligations contractées. (10)

Il doit être contrôlé: grâce à des systèmes de vérification internationale aptes à garantir le respect des engagements pris. Pour “devenir une réalité, il ne doit pas se faire d’une manière unilatérale, mais à la même cadence, en vertu d’accords, et être assorti de garanties véritables et efficaces” .(G.S. 82,1).

a) L’histoire de ces adjectifs et de quelques autres (désarmement mutuel, simultané, institutionnellement garanti) est liée à un contexte précis caractérisé par la conception de la souveraineté absolue des Etats. Elle est inspirée par un climat de méfiance réciproque qui justifiait, par le fait même, la possession d’armes et une prudence certaine.
Cette vigilance se comprend encore de nos jours. “Tant que l’homme restera l’être faible, changeant, et même méchant qu’il se montre souvent, les armes défensives seront, hélas, nécessaires” . (Paul VI, Allocution à l’Assemblée Générale des Nations Unies, - 4 octobre 1965).
“Quelle inconscience subsiste parfois au cœur même de certaines manifestations qui se veulent pacifistes! Et que de mensonges ou de manœuvres dominatrices se cachent derrière certaines prétentions de paix”. (Paul VI, Allocution aux anciens combattants des pays d’Europe, 20 novembre 1971,D.C. 1972, p.64). Ce rappel de Paul VI au réalisme rejoint l’affirmation de Vatican Il: “Aussi longtemps que le risque de guerre subsistera, qu’il n’y aura pas d’autorité internationale compétente et disposant de forces suffisantes, on ne saurait dénier aux gouvernements .. le droit de légitime défense. Les chefs d’État ... ont donc le devoir d’assurer la sauvegarde des peuples dont ils ont la charge…(G.S. 79,4).
Mais si la suppression entraîne l’insécurité, la posses­sion exagérée des armes en entraîne une autre, aussi grave. Il ne s’agit donc pas de suppression, mais de réduction.

b) Faut-il pour autant s’en tenir littéralement aux cri­tères traditionnels du désarmement, quel que soit par ailleurs leur bien-fondé? L’échec du désarmement ne provient-il pas d’une répétition pure et simple des critères juridiques et politiques d’hier? D’une sorte d’entité juridique immuable, que les Puissances concer­nées gardent en réserve, pour ajourner cette question délicate?
L’Eglise, pour sa part, peut-elle en rester à ce point de ses recommandations et de son enseignement?

N’y a-t-il pas d’autres solutions à trouver pour sortir de ce cercle vicieux, et échapper à l’envoûtement de la méfiance? Dans ce quart de siècle qui a suivi la dernière guerre mondiale, un certain nombre de réconciliations n’ont-elles pas mis en cause le postulat suivant lequel la sécurité reposerait seulement sur la force militaire? Historiens et politiques n’ont-ils pas été surpris de voir que les motifs de ces chocs historiques catastrophiques se réduisaient à peu de chose, et comment il a fallu peu de chose, également, pour changer l’hostilité en collaboration? Si la guerre est la conjonction de deux peurs, la paix ne résulte-t-elle pas de deux confiances rétablies ou à réta­blir aussi vite que possible, avant et afin d’amorcer le processus de l’escalade militaire?
L’heure que nous vivons n’est-elle pas l’heure favorable à ce genre de perspective?
Les peuples qui se livrent à la course folle des armements, quantitatifs et qualitatifs, ne vont-ils pas, comme les coureurs du stade, s’arrêter par épuisement? Le moment n’est-il pas venu d’utiliser les contraires, et de transformer l’excès de guerre ou de menaces en conquête et en maintien de la paix?

Le désarmement n’est pas une réalité distincte, un “en-soi” séparé. Il fait partie d’un ensemble. Sans doute, doit-il être envisagé en lui-même et avec ses méthodes propres, dans un souci de clarté scientifique, juridique, politique et spirituelle.

Il appelle et requiert des techniques, des disciplines, des hommes appropriés. Mais il doit, à tout moment, être envisagé et réalisé en intime liaison avec les deux autres grandes réalités d’aujourd’hui: le développement et l’organisation de la Société Internationale. Désar­mer, développer, institutionnaliser: un seul et même problème, une seule et même solution.

3. La paix par le droit

Désarmer c’est donc s’arrêter et réduire. Mais c’est aussi et surtout, transférer. On ne détruit que ce que l’on remplace. Il s’agit de transposer, du moins pour la plus large part, la sécurité nationale et ses instruments militaires, jusqu’ici liés à la volonté de chaque gouvernement, en sécurité internationale. (11)

Ceci, par le recours confiant au droit, comme cela se fait pour les affaires qui concernent la vie inté­rieure de chaque Etat civilisé.

A. Une structure mondiale : l’ONU et le désarmement. (12)

L’Encyclique Pacem in Terris insiste fortement sur l’impérieuse nécessité d’une “autorité publique de compétence universelle”.(P.I. 137). La constitution Gaudium et Spes reprend mot pour mot la même idée: “Une autorité publique universelle reconnue par tous, qui jouisse d’une puissance efficace susceptible d’assurer à tous la sécurité, le respect de la justice et la garantie des droits”. (G.S.82,l).

A cette institution indispensable, le Concile assigne une fonction, soutenue par une opinion publique éclairée; “Préparer ... ce moment où, de l’assentiment général des nations, toute guerre pourra être absolument interdite”. (ibid.)

Le Synode des Evêques d’octobre 1971 se fait plus précis. Il nomme l’organisation existante, en disant ce qu’on attend d’elle: “Que les Nations Unies - qui, en raison de leur fin propre, doivent promouvoir la participation de toutes les Nations - et les Organisations Internationales, soient appuyées comme l’amorce d’un système susceptible de freiner la course aux armements, de faire abandonner le commerce des armes, de réaliser le désarme­ment et de résoudre les conflits par des moyens pacifiques d’action légale, d’arbitra­ge et de police internationale. Il est absolument nécessaire que les différends entre nations ne soient pas résolus par la guerre, mais que soient trouvés d’autres moyens conformes à la nature humaine” ( Justice dans le Monde; AAS. LXIII (1971), p. 939; traduction fran­çaise de la Polyglotte Vaticane, 1971, p. 22).

Paul VI est tout aussi explicite: “Nous avons foi en l’ONU; Nous avons confiance dans ses possibilités d’étendre le domaine de la paix et le règne du droit dans notre monde tourmenté, nous sommes prêts à lui donner notre entier appui moral. La cause de la paix et du droit est sacrée. Les obstacles qu’elle rencontre ne doivent pas décourager ceux qui s’y dévouent; qu’ils proviennent de circonstances adverses ou de la malice des hommes, ils peu­vent et doivent être surmontés” . (Paul VI, Allocution au Secrétaire Général des Nations Unies, Kurt Waldheim, - 5 février 1972, AAS. LXIV (1972), p. 215; D.C. 1972, p. 208). Et bien d’autres textes pourraient être invoqués dans le même sens.

B. Conventions et Accords bi - ou multilatéraux. (13)

Mais il ne faut pas attendre que cette “autorité publique de compétence universelle” (P.T. 137) soit ins­taurée pour agir dans le domaine du droit. Les trois derniers Papes ont beaucoup écrit et parlé à ce sujet.

Le 30 juin 1964, une Lettre du Secrétaire d’État, le Cardinal Cicognani, à M. Houari Souiah, délégué algé­rien à la “Conférence pour la Dénucléariation de la Méditerranée” mentionne: “Le Saint-Siège a encouragé notamment les initiatives de désarmement, surtout celles visant à prévenir le péril atomique, et souhaite que l’humanité parvienne à (s’en) prémunir par un accord sincère et général, qui seul peut rendre ses efforts efficaces... Le Saint-Père souhaite que cet appel soit entendu par tous les responsables du destin des nations . . . “ ( Texte original en: L ‘Osservatore Romano - 9 juillet 1964, N. 156, p. 1 ; D.C. 1964, col. 970).

Trois ans plus tard, le 27 août 1967, Paul VI précise comment il a approuvé le traité de Genève sur la non-prolifération nucléaire “en dehors de tout sous-entendu politique” parce que “il marque un premier pas ... et instaure un épisode de concorde et de collaboration internationales sans lesquelles il est impossible d’espérer la sécurité et la paix du monde”. ( Paul VI, Angelus, dimanche 27août 1967; texte original en: Insegnamenti di Paolo VI, Cité du Vatican V (1967), p. 892; traduction française dans:  DC.1967, col. 1647).

Le 24 juin 1968, le Saint-Père revient sur cette idée. Il se réjouit que les Nations Unies aient approuvé “le texte d’un accord international destiné à mettre fin à la prolifération des armes atomiques et à arrêter la course aux armements nucléaires”. Résultat encore imparfait, mais “premier pas” sur une voie qui devrait mener “jusqu’au bannissement total des armes nucléaires et au désarmement général et complet”. ( Paul VI, Allocution au Sacré Collège, -24 juin 1968; AAS. LX (1968), p. 461; traduction française dans: D.C. 196P, col. 1270).

Il semble utile de rappeler que le Saint-Siège a adhéré au “Traité de non-prolifération des armes nucléaires” le 25 février 1971.

C. Création d’institutions consacrées au désarmement.

Enfin, ces accords et conventions devraient aboutir à la création d’institutions nouvelles spécifiquement consacrées au désarmement. Elles constitueraient au­tant de pierres d’attente pour l’instance mondiale d’arbitrage et de police internationale impatiemment atten­due.

4. La volonté politique (14)

Lois et conventions resteront lettre morte si elles ne sont pas animées, du dedans, par une volonté politique assortie d’une stratégie pacifique.

A. Il s’agit “d’utiliser non des armes militaires, même justifiées par la défense du Droit et de la Civilisation, mais des armes politiques ... pour promouvoir l’union des peuples”. (Paul VI, Allocution au Collège de Défense de l’OTAN, 30 janvier 1971, D.C. 1971, p. 204).

Un an après, le Saint-Père reprend la même idée, devant le même auditoire: “N’est-ce pas le vœu général de l’humanité et son profond intérêt que les rapports purement militaires se transforment de plus en plus en rapports civils?” ( Paul VI, Allocution au Collège de Défense de l’0TAN, 3 février 1972, D.C. 1972, p. 261).

1. Cette tâche revient, évidemment, en priorité aux gouvernants. Jean XXIII les “adjure de n’épargner aucun effort en ce sens”. (P.T., 117). Le Concile fait sien son appel: “Les Evêques du monde entier, rassemblés et ne faisant qu’un, adjurent les Chefs d’Etat et les autorités militaires de peser à tout instant une responsabilité aussi immense”. (G.S..,80,5)

2. Mais, là encore, “les Chefs d’Etat.. .sont tous dépendants des opinions et des sentiments de la multitude...; d’où l’extrême nécessité d’un renouveau dans la formation des mentalités et d’un changement de ton dans l’opinion publique”. (G.S.82,3). La technicité des problèmes de la sécurité nationale et de l’exercice de l’autorité par suite de la “socialisation” de l’existence ( cf. Semaine Sociale de France, Grenoble 1959) crée le risque que le pouvoir isole du peuple. Les Gouvernements se trouveraient facilement enfermés dans leurs déterminismes propres et entraînés, presque malgré eux, à ne plus vouloir ni pouvoir réaliser le désarmement, si la pression de leurs peuples respectifs ne les obligeait à remettre en question les postulats héréditaires de la défense armée ou surarmée.

Seuls, le bon sens et la pression de l’opinion publique peuvent empêcher que se créent deux histoires parallèles et souvent contradictoires: celle des civilisations et celle des techniques militaires ou civiles déshumanisantes.

3. Le rôle des formations politiques (partis au pouvoir ou dans l’opposition, presse d’opinion, etc..) devrait être décisif pour orienter la politique étrangère de leurs gouvernements dans un sens pacifique.

4. Dans cet “assentiment général des nations grâce auquel toute guerre pourra être absolument interdite” (G.S. 82,1), une place toute spéciale revient aux savants. Paul VI leur lance un appel pressant: “Que l’humanité se ressaisisse! Qu’elle sache trouver en elle-même, dans ses chefs, dans ses maîtres, la force et la sagesse de rejeter loin d’elle l’usage maléfique de la science destructive! Qu’elle aille plutôt demander à la science le secret de se faire du bien à elle-même”.( Paul VI, Allocution à l’Académie Pontificale des Sciences, 27 avril 1968, D.C. 1968, col. 869). (15)

Le désarmement notamment, n’est pas seulement affaire de bonne volonté. Il ne s‘improvise pas. Il coûtera cher, comme lorsqu’il s’agit de détruire un vieil immeuble pour le remplacer par un neuf. La re­conversion des industries et du commerce des armes, en particulier, relève des techniciens. Elle exige “des études approfondies et courageuses”. (G.S.82,3)

5. Cela requiert des techniques industrielles et économiques, mais aussi des techniques politiques.” Que les Assemblées les plus hautes et les plus qualifiées étudient à fond le problème d’un équilibre international à base de confiance réciproque..., de loyauté dans la diplomatie, et de fidélité dans l’observation des traités ...“ (P.T.118).

B. Il s’agit donc pour les responsables du bien public, à tous les niveaux, d’élaborer une stratégie du Désarmement et de la Paix scientifiquement fondée sur des analyses objectives et complètes, et seule capable d’assurer sa crédibilité.

A l’heure actuelle, pour rendre crédible toute parole ou message sur le désarmement et l’accorder aux “signes des temps”, il faut, semble-t-il:

1. D’une part, reconnaître la difficulté grandissante de certaines formules ou programmes, tels que “le désarmement pour le développement”:
a) en raison de l’intensification de l’aide militaire que laisse prévoir la montée de systèmes politiques autoritaires dans le tiers-monde;
b) en raison de l’augmentation de l’équipement des polices et des appareils de sécurité interne justifiés par la lutte contre le terrorisme, susceptible aujourd’hui de s’institutionnaliser en guerre civile larvée.

2. D’autre part, avancer quelques suggestions qui vont dans le sens de l’aspiration contemporaine à une politique de désarmement, par exemple:

a) le renforcement du rôle de police internationale de l’ONU;
b) l’institutionnalisation, à l’échelle internationale, des mesures de police contre le terrorisme, en diminuant ou en évitant la création de dualités de forces armées, durant cette décennie;
c) l’accès des pays sous-développés aux négociations sur le désarmement, comme “partenaires” des con­jonctures éventuelles de désescalade;
d) on suggère aussi, pour décourager la tendance à la course aux armements:
- l’interdiction d’accès au “droit de tirage” des nations sous-développées qui augmentent leurs budgets militaires

- à l’inverse, l’accès prioritaire aux financements internationaux des pays qui réduisent leurs dépenses militaires à des fins sociales;

- le détournement, en vue d’une utilisation pacifique, du revenu des brevets d’armements pour constituer des fonds de développement.

C. Une “stratégie du désarmement” ne peut pas se limiter à des critères d’efficacité ou de rendement. Elle doit s’appuyer sur une vision éthique, culturelle et spirituelle. Elle appelle, dans les années qui viennent, la réflexion approfondie des philosophes et des théologiens, en particulier sur la notion de “légitime défense”, sur le concept de “nation”, de souveraineté nationale, trop souvent conçue en termes d’autarcie absolue.

Elle aura besoin aussi de “prophètes” - à condition qu’ils soient authentiques - de grandes voix, de “hé­rauts” et de rassembleurs, de “mystiques”, au sens large et au sens précis du mot, pour entraîner et mo­biliser les énergies et leur potentiel d’unité, de dia­logue et de coopération.

Bref, le désarmement a pour fondement et pour moteur la “confiance mutuelle”. On ne peut remplacer le recours à la guerre que par une “dynamique de la paix”.

Le désarmement des armes exige, comme condition première, non la suppression, mais la sublimation des instincts guerriers de l’homme (chasseur, pillard, dominateur) en enga­gements au service “de la construction virile de la paix”. (G.S. 82,2).

Il faut trouver des substituts à la guerre, en donnant des guerres à gagner. Le désarmement n’est pas séparable des autres objectifs d’unité, de justice, de concorde et de développement de toute la “famille humaine”.

La victoire du désarmement n’est pas autre que la victoire de la paix. Son unique chance, c’est de s’incorporer au grand Dessein, à la “nouvelle histoire”, de l’humanité. (Paul VI, Allocution à l’Assemblée Générale des Nations Unies, 4 octobre 1965, D.C. 1965,. col. 1735).

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NOTES ADDITIONNELLES

1) G.S. 80.1 «…si l’on utilisait complètement les moyens déjà stockés dans les arse­naux des grandes puissances, il n’en résulterait rien moins que l’exter­mination presque totale et parfaitement réciproque de chacun des adver­saires par l’autre, sans parler des effets funestes découlant de l’usage de ces armes...

2) Paul VI, Allocution au “Comité d’études pour la Paix “de la Commission Pontificale “Justitia et Pax”, - 22 mars 1975; AAS. LXVII (1975), p. 201; C.C. 1975, p. 360. «… la production et le commerce des armements continuent à croître, à alimenter les conflits et à multiplier les risques de guerre”.

3) Paul VI, Lettre au Secrétaire général des Nations Unies, U Thant, à l’occasion de la reprise à Genève des travaux du “Comité des Dix-huit pour le désarmement”. - 24 jan­vier 1966, AAS. LVIII (1966), p. 136; D.C. 1966, col. 290-291.  «….Mais on ne peut le nier: chaque jour qui passe fait apparaître plus clairement qu’aucune paix stable ne pourra s’établir entre les hommes, tant qu’il ne sera pas procédé à une réduction effective, générale et contrôlée des armements. Chaque jour qui passe rend également plus douloureux et plus dramatique le contraste entre l’énormité des sommes englouties dans la fabrication des armes et l’immense et croissante détresse matérielle de plus de la moitié de l’humanité, qui attend encore de voir satisfaites ses nécessités les plus élémentaires».

4) Paul VI, Radiomessage de Noë1, - 22 décembre 1964; MS. LVII (1965), p. 180; traduction française dans: C.C. 1965, col. 133-134.
“Nous osons souhaiter que les gouvernants sachent suivre avec prudence et magnanimité la voie du désarmement et veulent bien envisager généreusement pour l’avenir l’application su moins partielle et graduelle, des budgets militaires à des fins humanitaires, et cela, non seulement à l’avantage de leurs propres Etats, mais aussi au profit des pays en voie de développe­ment et qui sont dans le besoin. La faim, la misère, la maladie et l’ignorance appellent sans cesse au secours ...

Paul VI, Lettre au Secrétaire général des Nations Unies, U Thant, à l’occasion de la reprise à Genève des travaux du “Comité des Dix-huit pour le désarmement”, - 24 janvier 1966, MS. LVIII (1966) ,p. 135; C.C. 1966, col. 290-291.“En élevant la voix en faveur de la grande cause du désarmement, Nous avons conscience de suivre fidèlement la voie tracée par Nos prédécesseurs’.

5) Paul VI, Allocution au Corps Diplomatique, - 11 janvier 1975; AAS. LXVII (1975), pp. 98-99; D.C. 1975, p. 101. “Cette terreur’, dont on essaie laborieusement d’assurer une sorte d’équilibre’ , a même été et est couramment considérée comme la principale, sinon peut-être l’unique garantie contre des aventures qui paraîtraient elles- mêmes trop périlleuses à ceux qui se sentiraient, par hypothèse, suffisamment forts pour espérer pouvoir les surmonter en survivant à leurs adversaires”.

6) Paul VI, Message de Noël, - 20 décembre 1968; AAS.LXI (1969) ,p. 55; traduction fran­çaise dans: D.C. 1969. p. 3. “Le pouvoir de destruction de l’homme moderne est incalculable, et la fa­tale probabilité que ce pouvoir soit appliqué è dévaster la cité humaine dépend de causes tragiquement libres, que ni la science, ni la technique ne peuvent, par elles-mêmes, dominer. Il arrive alors qu’à l’espérance succède l’angoisse”.

7) Paul VI, Discours à l’occasion de l’anniversaire de sa visite à l’0NU, - 4 octobre 1966; AAS. LVIII (1966)’p. 900; traduction française dans: D.C. 1966, col. 1840. “On voit se répandre de plus en plus la conviction intime que la paix vraie et durable ne peut être fondée sur la puissance d’armes exterminatrices ni sur la tension statique d’idéologies contraires”.

8) Paul VI, Message pour la “Journée de la Paix” 1976, - 18 octobre 1975; AAS. LXVII (1975), pp. 669-670; traduction française de la Polyglotte Vaticane, 1975, p. 13; paru dans: D.C. 1975, p. 952. “Si la conscience de la fraternité universelle arrive à pénétrer vraiment le coeur des hommes, auront-ils encore besoin de s’armer au point de devenir assassins aveugles et fanatiques de leurs propres frères, innocents an soi, et de perpétrer, an hommage à la paix, des massacres d’une violence incroyable comme è Hiroshima le 6 août 1945?”

9) Pie XII, Allocution aux membres de la XVIe session de l’Office international de do­cumentation de médecine militaire, - 19 octobre 1953; AAS.XLV (1953), pp. 748-749; D.C.1953. col. 1413. “Il ne suffit pas d’avoir à se défendre contre n’importe quelle injustice pour utiliser la méthode violente de la guerre. Lorsque les dommages entraînés par celle-ci ne sont pas comparables à ceux de ‘l’injustice tolérée’, on peut avoir l’obligation de ‘subir l’injustice

10) Paul VI, Allocution à l’Association européenne des cardiologues pédiatres, - 12 mai 1967; AAS. LIX (1967), p. 619; D.C. 1967, col. 1005.

«... une possibilité ou amorce de solution.., consisterait dans la réduction progressive, simultanée et généralisée des armements militaires. En mettant fin à cette course épuisante, devenue à l’heure présente, comme Nous l’avons dit ailleurs, ‘un scandale intolérable’, des sommes importantes pourraient être investies dans la construction d’hôpitaux, dans l’aménagement sanitaire des territoires en voie de développement, pour la formation du personnel médical nécessaire”.
Paul VI, Message pour la “Journée de ta Paix” 1976, - 18 octobre 1975; AAC. LXVII (1975), p. 669; traduction française de la Polyglotte Vaticane, 1975, p. 12; paru dans: D.C. 1975, p. 952. « .. le désarmement militaire devrait être commun et général pour ne pas constituer une erreur impardonnable, conséquence d’un optimisme impossible et d’une naïveté aveugle, tentation pour la violence d’autrui. Ou bien le désarmement est le fait de tous, ou bien c’est un délit de man­que de défense”.

11) Paul VI, Allocution au Président des Etats-Unis, M. Gerald Ford, - 3 juin 1975; texte original en: Insegnamenti di Paolo VI, Cité du Vatican XIII (1975), p. 591; traduction française dans: C.C. 1971, p. 601. “Nous ne fermons.. .pas les yeux sur la réalité des rapports de force qui s’établissent entre les nations et leurs blocs et qui posent continuellement des problèmes d’équilibre et de déséquilibre. Mais nous devons élever notre voix pour rappeler aux peuples que ce n’est pas sur la force que peut être fondé un ordre international pacifique et humain, mais sur le critère de la justice, sur le respect et la compréhension des droits et des besoins des autres...”

12) Paul VI, Message au Secrétaire général des Nations Unies, U Thant, pour le XXVe An­niversaire de l’ONU, - 4 octobre 1970; AAS. LXII (1970), pp. 685-686; D.C. 1970, p. 903. “Puisse votre inlassable obstination, mise au service de toutes les initiatives de désarmement réciproque et contrôlé, assurer en notre ère industrielle la réalisation de l’annonce de l’ancien prophète des temps agraires et employer les ressources rendues ainsi disponibles au progrès scientifique, à la mise en œuvre des immenses ressources des terres et des océans, et à la subsistance de tous les membres de la famille humaine en perpétuel accroissement: que jamais le travail des vivants ne soit utilisé contre la vie, mais au contraire tourné à l’alimenter et à la rendre vraiment humaine!”

13) Paul VI, Lettre au Secrétaire général des Mations Unies, U Thant, à l’occasion de la reprise à Genève des travaux du “Comité des Dix-huit pour le désarmement”, - 24 janvier 1966, AAS. LVIII (1966), p. 135; D.C. 1966, col. 289. “Au moment où le ‘Comité des Dix-huit pour le Désarmement’ va reprendre ses activités à Genève, Nous voulons vous adresser un pressant appel, ins­piré par le désir de voir las travaux de ce Comité aboutir à un résultat positif et concret, et marquer ainsi une nouvelle étape vers la réalisation du désarmement, ai unanimement attendu et souhaité. Mous Nous sentons encouragé dans cette démarche par la récente prise de position de plus de deux mille évêques catholiques réunis à Rome en Concile œcuménique. Nous Nous y sentons encouragé également par l’écho qu’a trouvé, auprès de la Commission du Désarmement, notre appel de Bombay, et par l’accueil favorable réservé, dans l’opinion mondiale, à Notre discours aux Nations Unies”.

Paul VI, Lettre à Mgr. Casaroli à l’occasion de la Conférence d’Helsinki, - 25 juil­let 1975; AAS. LXVII (1975), pp. 478-479; C.C. 1975, p. 757. “Instruits par la tragique expérience de deux guerres épouvantables qui, allumées en Europe en l’espace de trente années, consumèrent comme dans un brasier tant de millions de victimes, dévastant des régions étendues et florissantes et entraînant dans la lutte fratricide beaucoup d’autres peuples non européens, ces représentants veulent établir une entente qui repose sur des principes clairs et fermes de droit international et mettre l’Europe et le monde à l’abri de la menace de nouvelles expériences de destruction et de mort, infiniment plus terrifiantes. En même temps, ils veulent tracer les lignes d’un début de coopération an consoli­dant la paix, qui concourra à multiplier avec plus d’intensité les échanges des valeurs qui forment la force spirituelle de l’Europe”.

Paul VI, Allocution au Collège de Défense de l’OTAN, - 30 janvier 1971; AAS. LXIII (1971), p. 143; D.C. 1971, p. 204: Votre Institution se définit comme un Collège de défense, Puisse son existence même ne servir qu’à la défense de la Paix. Que la formation qu’elle donne prépare à utiliser non des armes militaires - même justifiées par la défense du droit et de la civilisation - mais des armes politiques, et cela, non pour fomenter la division entre les peuples, mais pour pro­mouvoir leur union

14) Paul VI, Angelus, Dimanche 27 août 1967; texte original en Insegnamenti di Paolo VI, Cité du Vatican V (1967), pp. 891-892; Traduction française dans: C.C. 1967, col. 164: “En cette minute spirituelle, Nous évoquerons le fait positif de la se­maine: la présentation du texte du traité de non-prolifération nucléaire. Ce fait Nous semble positif perce qu’il démontre que les responsables ont conscience du danger redoutable et incalculable des armes nucléaires, et parce qu’il marque un premier pas - non pas décisif, certes, mais initial- pour conjurer ce danger, qui pèse sur l’humanité tout entière”.

Paul VI, Message pour la “Journée de la Paix” 1976, - 18 octobre 1975; AAS. LXVII (1975), pp. 666-667; traduction française de la Polyglotte Vaticane, 1975, pp. 8-9; paru dans: D.C. 1975, p. 951 : “Nous voyons avec satisfaction et avec espérance progresser l’idée de la paix. Elle grandit en importance et an dimension dans la conscience de l’humanité; avec elle se développent les structures nécessaires à l’orga­nisation de la paix; les célébrations qui engagent et les célébrations plus académiques en sa faveur se multiplient... La paix gagne du terrain. La Conférence d’Helsinki, en juillet-août 1975, est un événement qui donne des espoirs dans ce sens”.

15) Paul VI, Allocution à l’Académie pontificale des Sciences, 27 avril 1968; AAS. LX (1968), p.275; C.C. 1968, col. 869: “Que toute mesure soit prise, tout engagement assumé, dans le but de prévenir et de conjurer la fabrication et l’emploi des armes nucléaires, des attaques bactériologiques…»


*L’Osservatore Romano, 3.6.1976, p.6, 7.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n. 24 p.6-7, 8.

La Documentation catholique, n.1701 p.604-610.

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SANTA SEDE,
DOCUMENTO INDIRIZZATO AL COMITATO SPECIALE PER LO STUDIO DEL RUOLO DELL'ORGANIZZAZIONE DELLE NAZIONI UNITE SULLA QUESTIONE DEL DISARMO E RISPOSTA ALLA RISOLUZIONE 3484 B-XXX**

12 dicembre 1975



I – La corsa agli armamenti. 

La corsa agli armamenti, anche quando è dettata da una preoccupazione di legittima difesa, è nella realtà un pericolo e un’ingiustizia per la natura stessa delle armi moderne e per la situazione planetaria (paralisi delle potenze nucleari: infatti non potendo scoppiare un conflitto globale per accordi reciproci, i conflitti limitati si moltiplicano al di fuori della zona di stabilità nucleare):

1. Un pericolo: sia d’impiego, totale o parziale, sia di minaccia, poiché la dissuasione, spinta fino al ricatto, è presa come norma dei rapporti verso le altre nazioni.

2. Un’ingiustizia: Essa costituisce in realtà:
a) una violazione del diritto mediante il primato della forza: l’accumulazione delle armi diviene il pretesto per la corsa ad aumentare la forza al potere;
b) un furto: i capitali astronomici destinati alla fabbricazione e alle scorte delle armi costituiscono una vera distorsione dei fondi da parte dei “gerenti” delle grandi nazioni o dei blocchi meglio favoriti.

La contraddizione manifesta tra lo spreco della sovrapproduzione delle attrezzature militari e la somma dei bisogni vitali non soddisfatti (paesi in via di sviluppo; emarginati e poveri delle società abbienti) costituisce già un’aggressione verso quelli che ne sono vittime. Aggressione che si fa crimine: gli armamenti, anche se non messi in opera, con il loro alto costo uccidono i poveri, facendoli morire di fame. Si comprende perciò la condanna del Concilio Vaticano II, fatta sua dal Sinodo del 1974: “La corsa agli armamenti è una delle piaghe più gravi dell’umanità e danneggia in modo intollerabile i poveri”. “Ogni corsa estenuante agli armamenti diventa uno scandalo intollerabile”.

3. Un errore. Uno dei principali argomenti che generalmente si adducono per giustificare la corsa agli armamenti è quello della crisi economica e della disoccupazione che ne deriverebbe se si dovessero chiudere le fabbriche e gli arsenali militari. Ciò sarebbe esatto se si trattasse di un mutamento repentino. Al contrario invece le società industriali hanno prosperato, nonostante le continue riconversioni. La riconversione delle fabbriche e dei mercati militari in fabbriche ed in prodotti civili risultano possibili se ci si preoccupa di una pianificazione graduale nel tempo. Questa sarebbe tanto più augurabile in quanto darebbe spazio ad impieghi che permetterebbero, per esempio, di iniziare lavori in grande, richiesti dalla necessità di salvaguardare l’ambiente.

4. Una colpa. Il rifiuto ad accettare la riconversione suddetta “si oppone radicalmente allo spirito umano ed ancor più allo spirito cristiano”, giacché non è ammissibile “che non si possa trovare un lavoro per centinaia di migliaia di lavoratori se non adoperandoli per costruire strumenti di morte”.

5. Una pazzia. Questo sistema di relazioni internazionali, basato sulla paura, sul pericolo, sull’ingiustizia, costituisce una specie di isterismo collettivo; una pazzia che sarà giudicata dalla storia. È un controsenso, perché è un mezzo non proporzionato al suo fine. La corsa agli armamenti non garantisce la sicurezza.

a) Sul piano degli armamenti nucleari essa non dà una maggiore sicurezza in quanto c’è già sovrabbondanza di strumenti (overkilling); essa crea rischi supplementari, introducendo instabilità suscettibili a rompere “l’equilibrio del terrore”.
b) Per quanto riguarda gli armamenti di tipo classico, la loro proliferazione, soprattutto nei paesi del “terzo mondo” (commercio delle armi), crea squilibri regionali e, in tal modo, può essere generatrice di conflitti oppure esca per quelli già in corso.
In ogni caso, sia che si tratti di armi nucleari o di armi di tipo classico, di grandi o di piccole potenze, la corsa agli armamenti è diventata un processo cumulativo, con una sua propria dinamica, indipendentemente dai sentimenti di aggressività, che sfugge al controllo degli stati. È una macchina impazzita.

Si dice spesso a proposito del disarmo che è “una causa logora”, “senza mordente” (per via dei numerosi suoi insuccessi; si è persuasi che se ne parli da troppo tempo senza vederne risultati apprezzabili).

Ma non si potrebbe invece affermare che è proprio la causa degli armamenti ad essere logora? Non è forse vero che è proprio il postulato della corsa alle armi che conferisce ogni giorno più la prova della sua vetustà, del suo carattere anacronistico? Se si prende come norma di successo o d’efficienza degli armamenti la pace che ne consegue, non si dovrebbe parlare piuttosto di uno scacco?

La Chiesa condanna la corsa agli armamenti

Anche il Concilio è categorico sulla questione. Proscrive radicalmente l’impiego delle armi di distruzione totale. Anzi, nei documenti tale impiego incontra la più esplicita “riprovazione” ivi menzionata.

“Questo sacrosanto Concilio, facendo proprie le condanne della guerra totale, già pronunciate dai recenti sommi pontefici, dichiara: Ogni atto di guerra che indiscriminatamente mira alla distruzione di intere città o di vaste regioni e dei loro abitanti è delitto contro Dio e contro la stessa umanità e con fermezza e senza esitazione deve essere condannato”.

In quanto alla dissuasione, “se essa serve, in maniera certo inconsueta, a distogliere eventuali avversari dal compiere atti di guerra” si può vedere tutt’al più in questo fatto “una tregua... che è stata a noi concessa dall’alto”; insomma, una pausa di cui bisogna “approfittare” e molto presto. Che, in questo campo, il tempo non lavora a nostro vantaggio. “Le cause di guerra anziché venire eliminate da tale corsa, minacciano piuttosto di aggravarsi gradatamente... Anziché guarire veramente, nel profondo, i dissensi tra i popoli, finiscono per contagiare anche altre parti del mondo”.

Non si può scorgere allora in questa competizione armata se non una formula di transizione tra “l’antica schiavitù della guerra” e un nuovo sistema, una soluzione nuova, nuove “vie per comporre in maniera più degna dell’uomo le nostre controversie”.
In caso contrario, questa corsa folle mantiene in piedi una pace falsa, una falsa sicurezza. Diviene un fine anziché un mezzo, come si illudeva di essere. Instaura un disordine istituzionalizzato.
Costituisce una perversione della pace.

In ogni occasione, opportuna o meno, i cristiani, seguendo il Vicario di Cristo, debbono denunciare questa preparazione scientifica dell’umanità alla propria fine. Debbono ugualmente sensibilizzare l’opinione pubblica sui pericoli sempre più grandi che conseguono dalle prove nucleari (esplosioni), come pure dal trasporto, dal deposito e dalla disseminazione delle armi atomiche. “L’umanità... che si trova già in grave pericolo (pur avendo compiuto mirabili conquiste nel campo scientifico), sarà forse condotta funestamente a quel giorno, in cui non altra pace potrà sperimentare se non la pace di una terribile morte”.

Si comprende quindi la severità della diagnosi. Agli occhi della Chiesa la situazione presente di una sicurezza presunta deve essere condannata:

1. Nel nome della pace che la corsa agli armamenti non assicura. In particolare quanto alle armi atomiche: Che siano proscritte “queste armi così nefaste e così disonoranti” e “che sia proscritta... la terribile arte che le sa fabbricare, moltiplicare, conservare per il terrore dei popoli... Preghiamo affinché quel micidiale ordigno non abbia ucciso, cercandola, anche la pace”.

2. Nel nome della morale naturale e dell’ideale evangelico. La corsa agli armamenti (alle armi ABC, ma anche alle armi convenzionali moderne), a causa della loro capacità di distruzione scientifica, è contraria all’uomo e contraria a Dio. Bisogna quindi bandire questa corsa folle, in nome della morale, per due ragioni principali:
a) Quando non vi è più nessuna proporzione tra il danno causato ed i valori che si tenta di salvaguardare, “è meglio subire l’ingiustizia che difendersi”. Per lo meno, piuttosto che difendersi con tale mezzo. Difatti esiste sempre il diritto e il dovere di opporre una resistenza attiva, benché senza violenza, alla oppressione ingiusta e ciò in nome dei diritti e della dignità dell’uomo.
b) Quando armarsi non ha più per fine, almeno per fine principale, la difesa, ma l’aggressione, perde la sua ragione d’essere, la sua giustificazione, la sua legittimità. Questo sta verificandosi proprio ora. La corsa agli armamenti si è trasformata in una corsa ad aumentar forza al potere. È già attualmente un mezzo per imporre alle nazioni più deboli, e persino ai blocchi antagonisti, il proprio dominio. È dunque al servizio di un autentico imperialismo e di un neocolonialismo e permette alle grandi potenze una nuova spartizione del mondo.

Non si tratta quindi più soltanto di guerra fredda, ma di un’azione offensiva, di un’aggressione e di un’oppressione inammissibili. “Né la potenza bellica rende legittimo ogni suo uso militare o politico”.

- La corsa agli armamenti costituisce una provocazione che spiega - sul piano psicologico, economico, sociale e politico - la comparsa e la moltiplicazione di un’altra competizione: la corsa ai piccoli armamenti. Il terrorismo, difatti, si presenta spesso come l’ultimo mezzo di difesa contro questo abuso di potere delle grandi nazioni e come una contestazione violenta della situazione d’ingiustizia creata o mantenuta mediante azioni o minacce da parte degli stati militarmente più agguerriti.

- Questo impiego delle armi dominanti da parte delle nazioni industrializzate ha pure come effetto d’impegnare i paesi in via di sviluppo in una simile corsa agli armamenti. Una parte sempre maggiore del bilancio militare di certi paesi meno favoriti ritarda ancor più la loro crescita economica. Il moltiplicarsi di regimi politici autoritari nel terzo mondo è nello stesso tempo la causa e l’effetto dell’aumento degli acquisti (e quindi delle vendite) di armi da parte delle potenze industrialmente sviluppate.

- Questo impiego delle risorse finanziarie per scopi militari determina, come contraccolpo, un rallentamento o una diminuzione d’aiuti ai paesi meno abbienti. Esso rende sempre più difficile la riconversione più e più volte auspicata e richiesta da Paolo VI nel suo messaggio di Bombay, dalla Populorum progressio, come pure dal Concilio Vaticano II nella Gaudium et spes: disarmare per sviluppare.

Ciò non avverrebbe più se le nazioni che dispongono di mezzi più cospicui nel campo degli armamenti accettassero infine di rallentare, e poi arrestare, questa corsa alle armi considerata come mezzo di egemonia e non solo di protezione dei beni e delle vite dei loro cittadini.

L’appassionata esortazione di Paolo VI ai rappresentanti dei popoli della terra nel suo discorso all’ONU, il 4 ottobre 1965, resta attuale e valida più che mai: “Lasciate cadere le armi dalle vostre mani!”.

Pertanto, il dovere è altrettanto chiaro come la diagnosi:
- Bisogna fermare la corsa agli armamenti.
- Bisogna tradurre in atto la riduzione degli armamenti.

II. RIDUZIONE DEGLI ARMAMENTI

Inoltre, non è sufficiente limitarsi allo stato presente delle scorte e delle forze armate. Bisogna anche iniziare un disarmo progressivo e controllato in tutte le sue fasi, per garantirne la sicurezza.

Perché ridurre gli armamenti
La riduzione degli armamenti delinea un processo inverso alla corsa agli armamenti: è nel contempo il segno e la causa di una diminuzione della paura e di un ritorno alla fiducia.

Essa dà una maggiore credibilità alla interdizione della forza nelle relazioni internazionali. Permette così di assicurare meglio il rispetto del diritto internazionale, e di radicare la pace nella giustizia sia nei rapporti tra le nazioni che all’interno di ognuna di esse.
Essa permette inoltre di garantire la sicurezza a migliori condizioni e di destinare a scopi pacifici le nuove somme di danaro risparmiate in tale modo.

Come disarmare?
I documenti del Magistero indicano un certo numero di criteri affinché il disarmo sia nello stesso tempo giusto ed efficace.

Il disarmo deve essere inteso in maniera tale che la risultante sicurezza sia per lo meno uguale a quella che è assicurata dalla situazione presente.
Il disarmo deve essere progressivo, poiché il passaggio da uno stato all’altro deve essere subordinato alla verifica che gli obblighi contratti siano stati rispettati.

Deve essere controllato con l’ausilio di sistemi di verifica internazionale, atti a garantire il rispetto degli impegni assunti. “Tutti debbono alacremente impegnarsi per far cessare finalmente la corsa agli armamenti, in maniera tale che il disarmo incominci realmente e proceda non unilateralmente, s’intende, ma con uguale ritmo da una parte e dall’altra, in base ad accordi comuni ed assicurato da efficaci garanzie”.

a) La storia di questi aggettivi e di altri (disarmo reciproco, simultaneo, garantito istituzionalmente) è legata ad un contesto preciso, contrassegnato dalla concezione della sovranità assoluta degli stati. È ispirata da un’atmosfera di reciproca diffidenza, che comportava il possesso delle armi e l’esercizio di una certa cautela.

Questa vigilanza trova ancora oggi la sua ragione d’essere. “Fin tanto che l’uomo rimarrà l’essere debole, mutevole e persino cattivo come sovente si mostra, le armi difensive saranno purtroppo necessarie”.

“Quanta incoscienza si trova a volte nel cuore stesso di talune manifestazioni che si dichiarano pacifiste! E quante menzogne e manovre dominatrici si nascondono sotto determinate pretese di pace!”. Questo richiamo di Paolo VI al realismo si ricollega con l’affermazione del Vaticano II:

“Fintantoché esisterà il pericolo della guerra e non ci sarà un’autorità internazionale competente, munita di forze efficaci... non si potrà negare ai governi il diritto di una legittima difesa. I capi di stato... hanno dunque il dovere di tutelare la salvezza dei popoli che sono stati loro affidati...”.
Ma se la soppressione delle armi genera insicurezza, il loro possesso esagerato ne genera un’altra, altrettanto grave. Non si tratta quindi di sopprimere, bensì di ridurre.

b) Bisogna tuttavia attenersi letteralmente ai criteri tradizionali del disarmo, indipendentemente dalla solidità della motivazione? L’insuccesso del disarmo non è forse dovuto ad una ripetizione pura e semplice dei criteri giuridici e politici del passato? Ad una specie di entità giuridica immutabile che le potenze interessate tengono in serbo per ritardare la soluzione di questa delicata questione?
La Chiesa, dal canto suo, può rimanere ferma alle sue raccomandazioni ed al suo insegnamento tradizionale?

Non bisogna forse trovare altre soluzioni per uscire da questo circolo vizioso e sfuggire al laccio della diffidenza?

Nel quarto di secolo trascorso dopo la seconda guerra mondiale, un certo numero di riconciliazioni non ha forse messo in causa il postulato secondo cui la sicurezza poggerebbe unicamente sulla potenza militare? Storici e politici non sono forse restati sorpresi nel vedere che i motivi dei grandi scontri storici catastrofici si riducevano a ben poca cosa, e come ugualmente è bastato un nonnulla per mutare l’ostilità in collaborazione? Se la guerra è la congiunzione di due paure, la pace non sarebbe forse il risultato di due atti di fiducia ristabiliti o da ristabilire il più presto possibile, prima di mettere in moto il processo della “escalation” militare e al fine di limitarlo?

L’ora che viviamo non si presta forse a un tal genere di prospettiva?
I popoli che si abbandonano alla folle corsa degli armamenti, quantitativi e qualitativi, non faranno forse come quei corridori dello stadio che terminano sfiniti? Non è forse giunto il momento di scegliere la direzione opposta e di trasformare la guerra o la minaccia nella conquista e mantenimento della pace?

Il disarmo non è una realtà distinta, un “qualcosa” di separato. Fa parte invece di un insieme. Non c’è dubbio che deve essere considerato in sé e per sé, con metodi propri, in una preoccupazione di chiarezza scientifica, giuridica, politica e spirituale. Postula e richiede tecniche, discipline, uomini preparati. Ad ogni istante però deve essere visto e attuato in intimo legame con le due altre grandi realtà del mondo odierno: lo sviluppo e l’organizzazione della società internazionale. Disarmare, sviluppare, istituzionalizzare: un solo ed identico problema, una sola ed identica soluzione.

Parte seconda
SOSTITUIRE LA GUERRA
I. LA PACE MEDIANTE IL DIRITTO

Disarmare significa perciò fermarsi e ridurre. Ma anche e soprattutto trasferire. Non si distrugge se non ciò che si sostituisce. Si tratta di trasformare, almeno in larghissima parte, la sicurezza nazionale e i suoi strumenti militari, fin qui legati alla volontà di ogni governo, nella sicurezza internazionale.
Questo avverrà se si fa ricorso fiducioso al diritto, come già avviene per gli affari che riguardano la vita interna di ogni paese civile.

1 - Una struttura mondiale: l’ONU e il disarmo
L’enciclica Pacem in terris insiste molto sull’inderogabile necessità “di poteri pubblici, aventi autorità su piano mondiale”. La costituzione Gaudium et spes riprende parola per parola lo stesso concetto: “Un’autorità pubblica universale, da tutti riconosciuta, la quale sia dotata di efficaci poteri per garantire a tutti i popoli sicurezza, osservanza della giustizia e rispetto dei diritti”.

Il Concilio assegna a questa istituzione indispensabile una funzione che deve essere sostenuta da un’illuminata opinione pubblica:” Preparare quel tempo, nel quale, mediante l’accordo delle nazioni, si possa interdire del tutto qualsiasi ricorso alla guerra”.

Il Sinodo dei vescovi dell’ottobre 1971 è ancora più esplicito. Fa il nome dell’organizzazione esistente, dicendo chiaro quello che da essa ci si attende: “Le Nazioni Unite - che in ragione del proprio fine devono promuovere la partecipazione di tutte le nazioni - e gli organismi internazionali siano sostenuti, in quanto costituiscono una prima forma di sistema avente una certa capacità di frenare la corsa agli armamenti, di dissuadere il traffico delle armi, di favorire il disarmo, di risolvere i conflitti con i mezzi pacifici dell’azione legale, dell’arbitrato e della polizia internazionale. È assolutamente necessario che i conflitti tra le nazioni non siano risolti attraverso la guerra, ma siano trovate per essi altre soluzioni che siano conformi alla natura umana”.

Paolo VI è altrettanto esplicito: “Noi crediamo nell’ONU. abbiamo fiducia nelle sue possibilità di estendere il dominio della pace e il regno del diritto nel nostro mondo esagitato, siamo pronti ad accordargli tutto il nostro appoggio morale. Sacra è la causa della pace e del diritto. Gli ostacoli che essa incontra non devono far scoraggiare quelli che ad essa dedicano le loro energie; che provengano da circostanze avverse o dalla malizia degli uomini, essi possono e debbono essere sormontati”. Molti altri testi potrebbero essere addotti in appoggio dell’asserto.

2 - Convenzioni ed accordi bilaterali e multilaterali
Per agire nel campo del diritto non bisogna attendere tuttavia che siano creati “poteri pubblici aventi autorità su piano mondiale”. Gli ultimi tre papi hanno molto scritto e parlato su questo argomento.
Il 30 giugno 1964, il cardinale Cicognani, segretario di stato, in una lettera indirizzata al signor Houari Souiah, delegato algerino alla Conferenza per la denuclearizzazione del Mediterraneo, scriveva: “La Santa Sede ha incoraggiato vivamente le iniziative del disarmo, soprattutto quelle che si propongono di prevenire il pericolo atomico, e fa voti che l’umanità giunga a premunirsene... mediante un accordo sincero e generale, che solo può rendere efficaci tali sforzi... Il Santo Padre fa voti che questo appello sia ascoltato da tutti i responsabili del destino delle nazioni...”.

Tre anni dopo, il 27 agosto 1967, Paolo VI precisava come egli avesse approvato il trattato di Ginevra sulla non proliferazione nucleare “senza alcun sottinteso politico” perché segnava “un primo passo” e instaurava “un episodio di concordia e di collaborazione internazionali, senza le quali è impossibile sperare sicurezza e pace nel mondo”. Il 24 giugno 1968, il Santo Padre ritornava sulla stessa idea. Si rallegrava che le Nazioni Unite avessero approvato “il testo di un accordo internazionale, inteso a por fine alla proliferazione delle armi atomiche e ad arrestare la corsa agli armamenti nucleari”. Risultato ancora imperfetto, ma “primo passo” su una strada che dovrebbe condurre “fino al bando totale delle armi nucleari e al disarmo generale e completo”.

3 - Creazione d’istituzioni consacrate al disarmo
Infine, questi accordi e queste convenzioni dovrebbero sfociare nella creazione d’istituzioni nuove, specificamente consacrate al disarmo. Esse costituirebbero elementi base a favore dell’esigenza mondiale di arbitrato e di polizia internazionale, impazientemente attesa (organizzazioni regionali).

II. LA VOLONTÀ POLITICA

Leggi e convenzioni resteranno lettera morta se non sono animate dall’interno da una volontà politica, accompagnata da una strategia di pace.

A. “Si tratta di far uso non di armi militari, anche se giustificate dalla difesa del diritto e della civiltà, ma di armi politiche... per promuovere l’unione dei popoli”.

Un anno più tardi, il Santo Padre riprende la stessa idea, davanti allo stesso uditorio: “Non è forse desiderio generale dell’umanità e suo profondo interesse che i rapporti puramente militari si trasformino sempre più in rapporti civili?”.

1. Questo compito spetta naturalmente e innanzitutto ai governanti. Giovanni XXIII li “scongiura a non risparmiare fatiche per imprimere alle cose un corso ragionevole ed umano”. Il Concilio fa proprio l’appello del Papa: “I vescovi di tutto il mondo, ora riuniti, scongiurano tutti, in modo particolare i governanti e i supremi comandanti militari, a voler continuamente considerare, davanti a Dio e davanti all’umanità intera, l’enorme peso della loro responsabilità”.

2. Lo stesso testo afferma ancora che: “I reggitori dei popoli... dipendono in massima parte dalle opinioni e dai sentimenti delle moltitudini...; di qui l’estrema urgente necessità di una rinnovata educazione degli animi e di un nuovo orientamento dell’opinione pubblica”. Il tecnicismo dei problemi della sicurezza nazionale e dell’esercizio dell’autorità, causati dalla “socializzazione” dell’esistenza, fa sorgere il rischio che il potere si isoli dal popolo. Facilmente i governi si troverebbero chiusi nei loro propri determinismi e spinti, loro malgrado, a non più volere né potere attuare il disarmo, se la pressione dei rispettivi popoli non li obbligasse a rimettere in causa i postulati ereditari della difesa armata o superarmata.

3. Soltanto il buon senso e la pressione dell’opinione pubblica possono impedire che si creino due storie parallele e spesso contraddittorie: quella della civiltà e quella delle tecniche militari o civili disumanizzate.

La funzione delle formazioni politiche (partiti al potere o d’opposizione, stampa influente sull’opinione pubblica, ecc.) dovrebbe essere determinante per orientare la politica estera dei loro governi in un senso pacifico.

4. In questo accordo generale delle nazioni, mediante cui “si potrà interdire del tutto qualsiasi ricorso alla guerra”, gli scienziati occupano un posto importante. Paolo VI lancia loro un appello appassionato od urgente: “Che l’umanità possa riprender coscienza! Che sappia trovare in se stessa, nei suoi capi, nelle sue guide, la forza e la saggezza per respingere con orrore l’uso malefico della scienza distruttrice! Che domandi piuttosto alla scienza il segreto di migliorare se stessa”.
In special modo il disarmo non è soltanto un affare di buona volontà. Non s’improvvisa. Esigerà sacrifici, come quando si distrugge un vecchio edificio per far posto ad uno nuovo. La riconversione delle industrie e del commercio delle armi, in particolare, è competenza dei tecnici. Essa esige “consultazioni... coraggiosamente e instancabilmente condotte”.

5. Si richiedono inoltre tecniche industriali ed economiche, ma anche tecniche politiche. Che “le assemblee più alte e qualificate considerino a fondo il problema della ricomposizione pacifica dei rapporti tra le comunità politiche su piano mondiale: ricomposizione fondata sulla mutua fiducia, sulla sincerità nelle trattative, sulla fedeltà agli impegni assunti”.

B. Per i responsabili del bene pubblico, a tutti i livelli, si tratta dunque di elaborare una strategia del disarmo e della pace scientificamente fondata su analisi oggettive e complete, atte per se stesse ad assicurare la sua credibilità.

Al momento presente, per rendere credibile ogni parola o messaggio sul disarmo e metterlo in consonanza con i “segni dei tempi”, sembra che sia necessario:
1. da un lato, riconoscere la difficoltà crescente di certe formule o programmi, quali “il disarmo per lo sviluppo”:

a) a causa dell’intensificazione dell’aiuto militare che fa prevedere la crescita di sistemi politici autoritari nel terzo mondo;
b) a causa dell’aumento dei quadri di polizia e degli apparati di sicurezza interna, giustificati dalla lotta contro il terrorismo, il quale tende oggi ad istituzionalizzarsi in una guerra civile larvata.
2. dall’altro lato, avanzare qualche proposta che sia nel senso dell’aspirazione contemporanea ad una politica di disarmo, per esempio:
a) il consolidamento della funzione della polizia internazionale dell’ONU;
b) l’istituzionalizzazione, su scala internazionale, delle misure di polizia contro il terrorismo, diminuendo o evitando di creare un dualismo tra le forze armate, durante questo decennio;
c) l’accesso dei paesi sottosviluppati ai negoziati sul disarmo, come “partners” di eventuali processi di “de-escalation”;
d) si suggerisce inoltre, per scoraggiare la tendenza alla corsa agli armamenti: l’interdizione d’accesso al “diritto di prelevamento” (drawing rights) per le nazioni sottosviluppate che aumentano il loro bilancio militare; e invece, l’accesso prioritario ai finanziamenti internazionali per quei paesi che riducono le loro spese militari a scopi sociali; l’inversione, per un’utilizzazione pacifica, delle entrate dei brevetti d’armamento per costituire fondi per lo sviluppo, ecc.

C. Una “strategia del disarmo” non può restringersi a puri criteri d’efficienza o di rendimento. Essa deve appoggiarsi su una visione etica, culturale e spirituale. Postula per gli anni venturi una riflessione approfondita da parte dei filosofi e dei teologi, in modo speciale della nozione di “legittima difesa”, del concetto di “nazione”, di “sovranità nazionale”, troppo spesso concepita nei termini di un’autarchia assoluta, ecc.

Essa avrà anche bisogno di “profeti” - a patto che siano autentici - di grandi voci, di “araldi” e di galvanizzatori di folle, di “mistici”, nel senso ampio e nel senso preciso della parola, per trascinare e mobilitare le energie e il loro potenziale di unità, di dialogo e di cooperazione.
2024

Insomma, il disarmo ha per fondamento e per motore la “fiducia reciproca”. Non si può sostituire il ricorso alla guerra se non mediante “una dinamica di pace”.

Il disarmo delle armi esige, come condizione prima, non la soppressione, ma la sublimazione degli istinti guerrieri dell’uomo (cacciatore, saccheggiatore, dominatore) in una serie di impegni al servizio della costruzione virile della pace.

Bisogna trovare succedanei alla guerra, proponendo altre guerre da vincere. Il disarmo non può essere disgiunto dagli altri obiettivi di unità, di giustizia, di concordia e di sviluppo di tutta la “famiglia umana”.

La vittoria del disarmo non è altro che la vittoria della pace. La sua unica possibilità di riuscita consiste nell’inserirsi nel grande disegno, nella “storia nuova” dell’umanità.


Cfr. Enchiridion Vaticanum, Documenti della Santa Sede (1974-1976), V, nn. 1990-2024


**L’Osservatore Romano, 8.5.1977, p.3, 4.

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SANTA SEDE,
DOCUMENTO INDIRIZZATO AL COMITATO SPECIALE PER LO STUDIO DEL RUOLO DELL'ORGANIZZAZIONE DELLE NAZIONI UNITE SULLA QUESTIONE DEL DISARMO E RISPOSTA ALLA RISOLUZIONE 3484 B-XXX***

12 dicembre 1975



I La carrera de armamentos

Debe condenarse sin reservas

Aunque esté inspirada en un deseo de legítima defensa, por la naturaleza de las armas modernas y por la situación planetaria (parálisis de las Potencias nucleares: como todo conflicto mayor queda excluido de sus relaciones, los conflictos limitados se multiplican en la periferia de la zona de estabilidad nuclear), es, de hecho:
 
1. Un peligro, ya sea de empleo, total o parcial, ya sea de la amenaza de su empleo, puesto que la disuasión, llevada hasta el chantaje, se emplea como norma de la relación respecto de las otras naciones (1).

2. Una injusticia. Constituye, en efecto:

a) Una violación del derecho por la primacía de la fuerza: la acumulación de armas se convierte en el pretexto de la carrera del poder(2).
b) una estafa. Los fabulosos presupuestos asignados a la fabricación y al almacenamiento de armas constituyen una verdadera malversación de fondos de parte de los "administradores" de las grandes naciones o de los bloques favorecidos (3).

La contradicción evidente entre el derroche causado por la superproducción de ingenios militares y la suma de las necesidades vitales no satisfechas (los países en desarrollo; los marginados y los pobres de las sociedades ricas) constituye en sí misma una agresión contra las víctimas de ello. La agresión llega hasta el crimen: aunque no se empleen, por su mismo costo las armas matan a los pobres, al hacerlos morir de hambre. (4 y 4 bis):

Puede comprenderse la condena del Concilio reiterada por el Sinodo de 1974: "La carrera de armamentos es una plaga sumamente grave para la humanidad y perjudica a los pobres de manera intolerable" (Gaudium et spes 81, 5). "Es un escándalo" (Populorum progressio, 53).

3. Un error. Uno de los principales argumentos que por lo general se invocan a favor de la carrera de armamentos es el de la crisis económica y el desempleo que traería aparejado el cierre de las fábricas y los arsenales militares. Eso sería verdad si se tratara de un cambio brusco. Contrariamente, sin embargo, las sociedades industriales han prosperado a pesar de las permanentes readaptaciones. La transformación de. las fábricas y de los mercados militares en fábricas y en productos civiles resulta perfectamente posible si se toma el trabajo de planificarla a largo plazo. Es tanto más realizable puesto que brindaría empleo al permitir que se emprendiesen las grandes tareas necesarias para la protección del medio ambiente, etc....

4. Una falta (véase infra). Negarse a esta transformación "se opone radicalmente al espíritu humano y más aún al espíritu cristiano" dado que "no es admisible que no pueda encontrarse trabajo para los cientos de millares de trabajadores mas que empleándolos en la construcción de instrumentos de muerte". (Pa¬blo VI, alocución ante el Cuerpo Diplomático, 10 de febrero de 1972; véase infra).

5. Una locura: este sistema de relaciones internacionales fundado en el temor, el peligro, la injusticia, constituye una especie de histeria colectiva; una locura que la historia juzgará. Es algo carente de sentido, puesto que es un medio que no lleva a un fin. La carrera de armamentos no garantiza la seguridad.
— Desde el punto de vista de los armamentos nucleares, no aumenta la seguridad, dado que ya hay un exceso de instrumentos (overkilling); crea nuevos riesgos, por introducir inestabilidades susceptibles de romper "el equilibrio del terror" (5).
Con respecto a las armas de tipo tradicional, su proliferación, en particular en los países del tercer mundo (el comercio de armas) crea desequilibrios regionales, y, por esa razón, puede generar conflictos o alimentar los conflictos existentes.

En todo caso, ya se trate de armas nucleares o de armas de tipo tradicional, de grandes o de pequeñas potencias, la carrera de armamentos se ha convertido en un proceso acumulativo que tienen su propia dinámica independiente de los sentimientos de agresividad, y que escapa al control de los Estados. Es una máquina que se ha vuelto loca (6).

A menudo se dice del desarme que es una "causa trillada", "gastada”(debido a sus numerosos fracasos: se habla de ello desde hace demasiado tiempo, pero no se ven sus resultados).

Ahora bien, ¿no será la causa del armamento la que está gastada? ¿No es acaso el postulado de la carrera de armamentos el que da cada día más pruebas de su vetustez, de su carácter anacrónico? Si se toma por norma del éxito o de la eficacia de los armamentos la paz que éstos aseguran, ¿no corresponde, más bien, hablar de un fracaso?
 
La Iglesia condena la carrera de armamentos.

Por eso, el Concilio es categórico. Condena radicalmente el empleo de las armas de destrucción en masa. Es incluso la única "excomunión" que menciona.

"Haciendo suyas las condenas de la guerra total ya pronunciadas por los últimos Papas, el Santo Sínodo declara: Todo acto de guerra que tienda indistintamente a la destrucción de poblaciones enteras... junto con sus habitantes, es un crimen contra Dios y contra el hombre mismo, que debe condenarse enérgicamente y sin vacilaciones".

Con respecto a la disuasión, "si, de manera paradójica, pudo servir para ale jara los posibles adversarios" (Gaudium et spes, 81, 1), puede, a la sumo, verse allí un plazo que se nos ha concedido desde lo alto" (Gaudium et spes, 81, 4); en pocas palabras, una tregua que debemos "aprovechar" (ib.) y rápidamente, dado que aquí el tiempo no nos ayuda. "Al acumular armas..., lejos de eliminar las causas de la guerra, se corre el riesgo por el contrario, de incrementarlas gradualmente... En lugar de mitigar realmente los conflictos entre las naciones, se propaga el contagio a otras partes del mundo" (Gaudium et spes, 81, 2).

Por ello, no puede verse en esta competencia armada más que una fórmula de transición entre "la antigua servidumbre de la guerra" (Gaudium et spes, 81, 4) y un nuevo sistema, una nueva solución, nuevos "métodos que nos permitan resolver nuestras controversias de un modo más digno del hombre" (ib.).

De otro modo, esta loca carrera mantiene una paz falsa, una seguridad falsa. Se convierte en un fin en lugar de ser un medio, como tenía la ilusión de ser. Instituye el desorden establecido. Constituye una perversión de la paz (7).

A tiempo y destiempo, los cristianos siguiendo el ejemplo del Vicario de Cristo, deben denunciar esta preparación científica de la humanidad para su propia muerte. También deben alertar la opinión sobre los crecientes peligros resultantes de los excesos nucleares (explosiones), así como sobre el transporte, el almacenamiento y la propagación de las armas atómicas "La humanidad, que ya se encuentra en grave peligro, corre el riesgo, a pesar de... esa ciencia admirable, de llegar a esa hora funesta en la que no podrá conocer otra paz que la terrible paz de la muerte" (Gaudium et spes, 82, 4).

Se comprende entonces la severidad del diagnóstico. Ante los ojos de la Iglesia, debe condenarse la situación actual de supuesta seguridad:

1. En nombre de la paz, que la carrera armamentista no asegura. En particular, en razón de las armas atómicas: "Deben prohibirse esas armas deshonrosas" y "debe proscribirse ese arte terrible que consiste en fabricar la bomba, en multiplicarla y en conservarla, para el terror de los pueblos... Roguemos porque esta máquina asesina no mate a la paz al tratar de alcanzarla" (Pablo VI, Mensaje pronunciado en el 200 aniversario de Hiroshima, 8 de agosto de 1965) (8).

2. En nombre de la moral natural y del ideal evangélico: la carrera de armamentos (que incluye las armas atómicas, biológicas, así como las armas modernas convencionales, por su capacidad de destrucción científica), es contraria al hombre y a Dios. Esta carrera loca debe, pues, proscribirse desde el punto de vista de la ética. Y ello por dos motivos principales:

Cuando ya no hay proporción entre el daño causado y los valores que se trata de salvaguardar, "más vale tolerar la injusticia que defenderse" (Pío XII).
Al menos, que defenderse por ese medio. Porque sigue siendo un derecho y un deber oponer una resistencia activa, aunque sin violencia, ante la injusta opresión, y ello en nombre de los derechos del hombre y de su dignidad (9)
Por consiguiente, no se trata ya únicamente de la guerra fría, sino de una acción ofensiva, de una agresión y de una opresión inadmisibles: "La potencia de las armas no justifica el uso de cala fuerza para fines políticos o militares” (Gaudium et spes, 79, 4).

Constituye una provocación que plica – desde el punto de vista psicologico, económico, social y político – aparición y la multiplicación de otra competición: la carrera de las armas pequeña. El terrorismo, en efecto, se presenta a menudo como el último medio de defensa contra este abuso de poder de las grandes naciones y como una oposición violenta a la. situación de injusticia creada o mantenida por el empleo o la amenaza de los Estados mejor armados.

– Esta utilización de las armas de fuerza por las naciones industrializadas también ha tenido por efecto incitar a Dos países en desarrollo a emprender una carrera de armamentos análoga. Una parte creciente de los presupuestos militares de algunos países menos favorecidos retarda todavía más su crecimiento económico. La supremacía de los regímenes políticos autoritarios del tercer mundo es a la vez la causa y el efecto del incremento de las compras (y, en consecuencia, de las ventas) de armas por parte de las potencias industrializadas.

– Esta utilización de los recursos financieros para fines militares entraña, como contraparte, una reducción o una disminución de la ayuda, y hace más difícil la transferencia, tantas veces deseada y solicitada por Pablo VI en su Mensaje de Bombay (4 de diciembre de 1964), por la Populorum progressio, 53, así como por la Gaudium et spes, 81, 2-3, desarmar para desarrollar.

Las cosas cambiarían si las naciones que disponen de mayores medios en la esfera de los armamentos aceptaran por fin disminuir, y luego detener, esta carrera de armamentos como medio de hegemonía y no sólo de protección de los bienes y de las vidas de sus nacionales.

La exhortación de Pablo VI a los representantes de los pueblos del mundo entero, en su discurso ante las Naciones Unidas, el 4 de octubre de 1956, sigue siendo más actual y válida que nunca: "Dejad caer las armas de vuestras manos".

Así pues, el deber es tan claro como el diagnóstico:
– Hay que detener la carrera de armamentos.
– Hay que conseguir la reducción de los armamentos.

II. La reducción de los armamentos

No bastaría mantener el nivel de las existencias y las fuerzas armadas. Sería también necesario comenzar un desarme progresivo, y controlado en todas sus etapas, para garantizar la seguridad.

1. ¿Por qué deben reducirse los armamentos?

Ello inicia un proceso inverso de la carrera de armamentos: es tanto el signo como el instrumento de una disminución del temor y de la recuperación de la confianza.

Da mayor credibilidad a la prohibición ; de la fuerza en las relaciones internacionales. Permite asegurar mejor el respeto , por el derecho internacional y fundamentar la paz en la justicia, tanto entre las naciones como en el seno de cada una de ellas.

Permite garantizar la seguridad del mejor modo posible y utilizar para fines pacíficos las nuevas sumas así economizadas.

Los documentos del Magisterio indica diversos criterios para que el desarme sea a la vez justo y eficaz.

El desarme debe concebirse de mol tal que la seguridad que éste traiga aparejada sea por lo menos igual a la gin asegura la situación actual.

El desarme debe ser progresivo, la transición de un estado al otro debe subordinarse a la verificación del cumplimiento de las obligaciones contraídas (10 y 10 bis).

Debe estar controlado: por medio de sistemas internacionales de verificación que garanticen el respeto por los diferentes compromisos contraídos.

Para "convertirse en una realidad, no debe hacerse de manera unilateral, sino a un ritmo parejo, en virtud de acuerdos, y debe estar acompañado de garantías, reales y eficaces" (Gaudium et spes 82, 1).

a) La historia de estos adjetivos y de algunos otros (desarme mutuo, simultáneo, garantizado institucionalmente), está ligado a un contexto preciso que se caracteriza por la concepción de la soberanía de los Estados. Está inspirada por un clima de recelo recíproco que justificaba, por ese mismo hecho, la posesión de armas y cierta prudencia.

Esta vigilancia se comprende incluso en nuestros días. "Mientras el hombre siga siendo el ser débil, inconstante e incluso malvado que a menudo es, las armas defensivas desafortunadamente serán necesarias". (Discurso de Pablo VI ante las Naciones Unidas, 4 de octubre de 1963).

"¡Cuánta inconsciencia subsiste a veces en el seno mismo de algunas manifestaciones supuestamente pacíficas! ¡Cuántos engaños y maniobras dominadoras se esconden detrás de un aparente deseo de paz!". Este llamamiento de Pablo VI al realismo (Alocución dirigida a los ex combatientes de los países de Europa, 20 de noviembre de 1971) reitera la afirmación del Vaticano II: "Mientras subsista el riesgo de guerra, y no haya autoridad competente que disponga de fuerzas suficientes, no podrá negarse a los. gobiernos... el derecho de legítima defensa. Los Jefes de Estado... tienen pues, el deber de asegurar la salvaguardia de los pueblos que están a su cargo..." (Gaudium et spes, 79, 4).

Pero si la supresión entraña la inseguridad, la posesión exagerada de las armas entraña otra igualmente grave. No se :rata de suprimir, sino de reducir.

b) ¿Debe uno por ello ceñirse literalmente a los criterios tradicionales de desarme, sea cual fuere su fundamento? E1 fracaso del desarme ¿no proviene acaso le una repetición pura y simple de los criterios jurídicos y políticos del pasado, le una especie de entidad jurídica inmutable, que las Potencias interesadas mantienen en reserva, para aplazar esta delicada cuestión?

La Iglesia, por su parte, ¿puede detenerse en este nivel de sus recomendaciones y de su enseñanza?

¿No pueden encontrarse otras soluciones para salir de este círculo vicioso y escapar al maleficio del recelo?

En este cuarto de siglo que ha transcurrido desde la última guerra mundial, cierto número de reconciliaciones ¿no han puesto en tela de juicio el postulado según el cual la seguridad se basaría solamente en el poderío militar? Los historiadores y políticos, ¿no se han sorprendido al ver que los motivos de esos conflictos históricos catastróficos se reducían a poca cosa, y que también hacía falta poco para transformar la hostilidad en colaboración? Si la guerra es la conjunción de dos temores, ¿la paz no resultaría de dos confianzas restablecidas, o por restablecer lo antes posible, antes de iniciar el proceso de escalamiento militar?

El momento que vivimos ¿no favorece acaso esta perspectiva?

Los pueblos que se entregan a la loca carrera de armamentos, cuantitativos y cuantitativos, ¿no se detendrán, como los corredores en el estadio, por agotamiento? ¿No ha llegado acaso el momento de utilizar las fuerzas contrarias, y transformar el exceso de guerras o de amenazas en la conquista y el mantenimiento de la paz?

El desarme no es una realidad distinta, un "en sí" separado. Forma parte de un conjunto. Sin duda, debe considerarse en sí mismo y con sus propios métodos, en un afán de claridad científica, jurídica, política y espiritual.

El desarme exige y requiere técnicas, disciplinas, hombres idóneos. Pero en todo momento debe considerarse y realizarse en intime relación con las otras dos grandes realidades actuales: el desarrollo y la organización de la Sociedad Internacional. Desarmar, desarrollar, institucionalizar: un solo y único problema, una sola y única solución.
 
2. Sustituir la guerra
 
1. La paz por el derecho.

Por tanto, desarmar es detenerse y reducir. Pero es también y sobre todo transferir. No se destruye lo que se reemplaza. Se trata de transformar, al menos en la mayor parte, la seguridad nacional y sus instrumentos militares, hasta ahora vinculados a la voluntad de cada gobierno, en seguridad internacional (11).

Esto, mediante el recurso que confía en el derecho, como se hace en los asuntos que conciernen a la vida interior de cada Estado civilizado.

A. Una estructura mundial: Las Naciones Unidas y el desarme (12)

La Encíclica Pacem in terris insiste firmemente en la imperiosa necesidad de "una autoridad pública de competencia universal" (113). La constitución Gaudium et spes repite palabra por palabra la misma idea: "una autoridad pública universal reconocida por todos, que goce de una potencia capaz de asegurar a todos la seguridad, el respeto de la justicia y la garantía de los derechos" (81.1).

A esta institución indispensable, el Concilio asigna una función, sostenida por una opinión pública educada: "Preparar el momento en que, con el asentimiento general de las naciones, pueda prohibirse absolutamente toda guerra" (ib.).

El Sínodo de octubre de 1971 es más preciso. Nombra la organización existente y dice lo que se espera de ella: "Que las Naciones Unidas que, debido a su propio fin, deben promover la participación de todas las naciones, y las organizaciones internacionales, sean apoyadas, como inicio de un sistema capaz de frenar la carrera de armamentos, de hacer abandonar el comercio de armamentos, de realizar el desarme y de resolver el conflicto por medios pacíficos de acción legal, de arbitraje y de policía internacional. Es absolutamente necesario que las diferencias entre las naciones no se resuelvan por la guerra, sino que se hallen otros medios conformes a la naturaleza humana;..."

Pablo VI es igualmente explícito: "Tenemos fe en las Naciones Unidas; tenemos confianza en sus posibilidades de extender el dominio de la paz y el reino del derecho en todo nuestro mundo atormentado. Estamos dispuestos a darles todo nuestro apoyo moral. La causa de la paz y del derecho es sagrada. Los obstáculos con que tropieza no deben desalentar a los que se dedican a ella; ya provengan de circunstancias adversas o de la malicia de los hombres, pueden y deben ser superados". (Alocución del sr. Kurt Walheim, 5 de febrero de 1972).

Y otros muchos textos podrían invocarse en el mismo sentido.

B. Convenciones y acuerdos bilaterales y multilaterales (13, 13 bis y ter)

Pero no hay que esperar a que esta "autoridad pública de competencia universal" sea instaurada, para actuar en la esfera del derecho. Los tres últimos Papas han escrito y hablado mucho a este respecto.

El 30 de junio de 1964, una carta del Secretario de Estado, el cardenal Cicognani, al sr. Houari Souiah, delegado argelino de la Conferencia para desnuclearización del Mediterráneo menciona: "La Santa Sede ha alentado (particularmente) las iniciativas de desarme, sobre todo las encaminadas a prevenir el peligro atómico, y desea que la humanidad llegue a prevenirse de ellas mediante un acuerdo sincero y general, que pueda hacer sus esfuerzos eficaces"... "Desea que este llamamiento sea oído por todos los responsables del destino de las naciones..."

Tres años más tarde, el 27 de agosto de 1967, el Secretario de Estado precisa cómo aprobó el Tratado de Ginebra sobre la no proliferación nuclear "fuera de todo subentendido político" porque "marca un primer paso... y señala un episodio de concordia y de colaboración internacionales sin las cuales es imposible esperar la seguridad y la paz del mundo"..

El 24 de junio de 1968, el Santo Padre vuelve sobre esta idea. Se congratula de "la aprobación por las Naciones Unidas de un texto de acuerdo internacional que pone término a la proliferación atómica y a la. carrera de armamentos nucleares". Aún resulta imperfecto, pero es un "primer paso" en un camino que debería llevar "hasta la prohibición total de las armas nucleares y al desarme general y completo" (Alocución al Sagrado Colegio, 24 de junio de 1968) (Firma del Tratado sobre la no proliferación de armas nucleares por la Santa Sede, el 25 de febrero de 1971).

C. Creación de instituciones dedicadas al desarme.

Por último, estos acuerdos y convenciones deberían desembocar en la creación de instituciones nuevas específicamente dedicadas al desarme. Estas constituirían aportaciones para la instauración mundial del arbitraje y de la policía internacional impacientemente esperada (organizaciones regionales).

II. La voluntad politica

Las leyes y convenciones seguirán siendo letra muerta si no están animadas, desde dentro, por una voluntad política acompañada de una estrategia pacífica.

A. Se trata "de utilizar no armas militares incluso justificadas por la defensa del derecho y de la civilización, sino armas políticas... para promover la unión de los pueblos" (Pablo VI, discurso al Colegio de la OTAN, 30 de enero de 1971)

Un año más tarde, el Santo Padre repite la misma idea ante el mismo auditorio. "¿No es el deseo general de la humanidad y su interés profundo que las relaciones militares se transformen cada vez más en relaciones civiles?" (Al Colegio de la OTAN, 3 de febrero de 1972).

— Esta tarea corresponde evidentemente en primer lugar a los gobernantes. Juan XXIII les "anima a no escatimar ningún esfuerzo" en este sentido (Pacem in terris, 117). El Concilio hace suyo ese llamamiento, "los obispos del mundo entero, reunidos y no formando más que uno, exhortan a los Jefes de Estado y a las autoridades militares a sopesar en todo momento una responsabilidad tan inmensa" (Gaudium et spes, 80, 5).

– Pero, en ese texto también "los Jefes de Estado... dependen todos de las opiniones y de los sentimientos de la multitud... de ahí la extrema .necesidad de una renovación en la formación de las mentalidades y de un cambio de tono en la opinión pública" (Gaudium et spes, 82. 3). La tecnicidad de los problemas de la seguridad nacional y el ejercicio de la autoridad debido a la "socialización" de la existencia, (cf. Semana Social de Francia, Grenoble 1959) crea el riesgo de que el poder aísle del pueblo. Los Gobiernos se verían fácilmente encerrados en sus determinismos propios y obligados, casi pese a ellos mismos, a no querer ni poder va realizar el desarme, si la presión de sus pueblos respectivos no les obligara a examinar críticamente los postulados hereditarios de la defensa armada o sobrearmada.

– Solamente la presión y el buen sentido de la opinión pública pueden impedir que se creen dos historias paralelas y a menudo contradictorias: la de las civilizaciones y la de las técnicas militares o civiles deshumanizantes.

El papel de las formaciones politices (partidos en el poder o en aposición, prensa de opinión, etc.) debería ser decisivo para orientar la política exterior de sus Gobiernos en un sentido pacífico.

En este "asentimiento general de las naciones gracias al cual toda guerra podrá estar absolutamente prohibida" (Gaudium et spes, 82, 1), un lugar especialísimo corresponde a los sabios. Pablo VI les lanza un llamamiento acuciante: (15) "Que la humanidad se recupere, que sepa hallar en sí misma, en sus jefes, en sus maestros, la fuerza y la prudencia de rechazar lejos de sí el uso maléfico de la ciencia destructiva... que vaya más bien a pedir a la ciencia el secreto de hacerse bien a sí misma" (Discurso a la Academia Pontificia de las Ciencias, 27 de abril de 1968).

El desarme en particular, no es solamente una cuestión de buena voluntad. El desarme no se improvisa. El desarme costará caro. Como cuando se trata de destruir un viejo inmueble para sustituirlo por uno nuevo. La reconversión de las industrias y del comercio de armamentos. en particular, corresponde a los técnicos. Exige "estudios profundos y valientes" (Gaudium et spes, 82, 3).
 
– Técnicas industriales y económicas, pero también técnicas políticas

"Que las asambleas más altas y más calificadas estudien a fondo el problema de un equilibrio internacional... a base de confianza recíproca..., de lealtad en la diplomacia y de fidelidad en la observación de los tratados"... (Pacem in terris, 118).

B. Se trata, por tanto, de que los responsables del bien público, a todos los niveles, elaboren una estrategia del Desarme y de la Paz, basada científicamente en análisis objetivos y completos, y única capaz de asegurar su credibilidad.

En el momento actual, para dar credibilidad a toda palabra o mensaje sobre ci desarme y ajustarlo a los "signos de los tiempos", parece que es preciso:
— Por una parte, reconocer la creciente dificultad de ciertas fórmulas o programas, tales como el "desarme para el desarrollo": debido a la intensificación de la ayuda militar que deja prever el ascenso de sistemas políticos autoritarios en el tercer mundo; debido al aumento del equipo de las policías y de los aparatos de seguridad interna justificados por la lucha contra el terrorismo, que puede hoy institucionalizarse en guerra civil larvada, etc. ...
— Por otra parte, formular algunas sugerencias en el sentido de la aspiración contemporánea a una política de desarme, por ejemplo: el fortalecimiento del papel de policía internacional de las Naciones Unidas; la institucionalización, a escala internacional, de las medidas de policía contra el terrorismo, disminuyendo o evitando la creación de dualidades de fuerzas armadas, durante este decenio; el acceso de los países subdesarrollados a las negociaciones sobre el desarme, como "socios" de las coyunturas eventuales de desescalada; se sugiere también, para desalentar la tendencia a la carrera de armamentos: la prohibición del acceso al "derecho de giro" de las naciones subdesarrolladas que aumentan sus presupuestos militares; a la inversa, el acceso prioritario a la financiación internacional de los países que reduzcan sus gastos militares para fines sociales; la dedicación, con miras a una utilización pacífica, del ingreso de las patentes de armamentos para constituir fondos de desarrollo, etc...

C. Una "estrategia del desarme" no puede limitarse a criterios de eficacia y de rendimiento. Debe apoyarse en una visión ética, cultural y espiritual. Requiere, en los años que vienen, la reflexión profunda de los filósofos y de los teólogos, particularmente sobre la noción de "legítima defensa", sobre el concepto de "nación", de soberanía nacional, que con demasiada frecuencia se conciben en términos de autarquía absoluta, etc. ...

También tendrá necesidad de "profetas", a condición de que sean auténticos, de grandes voces, "heraldos" y congrega- dores, de "místicos" en el sentido lato y en el sentido estricto de la palabra, para arrastrar y movilizar las energías y su potencial de unidad, de diálogo y de cooperación.

En suma, el desarme tiene por fundamento y por motor la ''confianza mutua". El recurso a la guerra no puede sustituirse más que por una "dinámica de la paz".

El desarme exige, como primera condición, no la supresión sino la sublimación de los instintos guerreros del hombre (cazador, depredador, dominador) en compromisos al servicio "de la construcción civil de la paz" (Gaudium et spes, 82, 2).

Hay que hallar sustitutos a la guerra, dando otras guerras que ganar. El desarme no es separable de los restantes objetivos de unidad, de justicia de concordia y desarrollo de toda la "familia humana".

La victoria del desarme no es otra que la victoria de la paz. Cu única posibilidad es incorporarse al gran Designio, a la "nueva historia" de la humanidad (Pablo VI, Discurso a las Naciones Unidas, 4 de octubre de 1965).

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NOTAS

1) "Gaudium et spes" (AAS vol. LVIII 1966, págs. 1.103) "...si se utilizaran completamente los medios ya almacenados en los arsenales de las grandes Potencias, no se produciría nada menos que la exterminación casi total y absolutamente recíproca de todos los adversarios entre sí, sin hablar de los efectos funestos derivados del uso de estas armas..."

2) Alocución al Comité de la Paz de la CPJP - 22-3-75 (AAS vol. LXVII, 1975, pág. 201) "...la producción y el comercio de armamentos continúan creciendo, mentando los conflictos y multiplicando los riesgos de guerra..."

3) Carta a U. Thant - 1966 (AAS vol. LVIII, 1966, pág. 136) "... Pero no puede negarse: cada día que pasa resulta más claro que ninguna paz estable podrá establecerse entre los hombres mientras no se haya procedido a una reducción efectiva general y controlada de los armamentos. Cada día que pasa se hace también más doloroso y más dramático el contraste entre la enormidad de las sumas dedicadas a la fabricación de armas y la inmensa y creciente escasez material de mas de la mitad de la humanidad, que espera aún ver satisfechas sus necesidades más elementales..."

4) Radiomensaje de Navidad - 22- 12- 64 (AAS vol. LVII, 1965, pág. 180). "Nos atrevemos a desear que los gobiernos sepan seguir con prudencia y magnanimidad el camino del desarme y tengan a bien contemplar generosamente para el porvenir la dedicación, al menos parcial y gradual, de los presupuestos militares a fines humanitarios, y eso no sólo en beneficio de sus propios Estados, sino también en beneficio de los países en desarrollo y que tienen necesidad. El hambre, la miseria, la enfermedad y la ignorancia piden socorro sin cesar"...

4 bis) Llamamiento al desarme: Carta a U. Thant (AAS vol. LVIII, 1966, pág. 135). "Al elevar la voz en favor de la gran causa del desarme, Nos tenemos conciencia de seguir fielmente el camino trazado por Nuestros predecesores"...

5) Alocución al Cuerpo Diplomático 11-1-75 (AAS vol. LVII, 1975, págs. 98 y 99). "Este 'terror' del que se trata laboriosamente de segurar una especie de 'equilibrio' ha sido incluso considerado, y se considera actualmente, como la principal, si no quizá la única, garantía contra aventuras que parecerían incluso demasiado peligrosas a los quo se sentirían, como hipótesis, suficientemente fuertes para esperar poder superarlas sobreviviendo a sus adversarios".

6) Mensaje de Navidad - 1969 (AAS vol. LXI, 1969, pág. 55) "El poder de destrucción del hombre moderno es incalculable y la fatal probabilidad de que este poder sea aplicado para devastar la ciudad humana depende de causas trágicamente libres, que ni la ciencia 1 ni la técnica pueden por sí mismas dominar, Entonces sucede que tras la esperanza viene la angustia".

7) Alocución en el curso de la Misa de 4 de octubre de 1966 (AAS vol. LVIII, 1966, párr. 900) (Ahora bien): "Se ve extenderse cada vez más la convicción ''' É íntima de que la paz verdadera y duradera no puede basarse en la potencia de las armas exterminadoras ni en la tensión estática de ideologías contra rías"...

8) (AAS vol. LVII, 1975, pág. 670). "Si la conciencia de la fraternidad universal llega a penetrar verdaderamente al corazón de los hombres, ¿seguirán teniendo necesidad de armarse hasta el punto de convertirse en asesinos ciegos y fanáticos de sus propios hermanos, inocentes en sí, y de perpetrar en homenaje a la paz matanzas de una violencia increíble, como en Hiroshima el 6 de agosto de 1945?"

9) Mensaje del "Día de la Paz" 1976 "...o bien el desarme es obra de todos, o es un delito de falta de defensa: en el conjunto de la comunidad humana histórica y concreta ¿la espada no tiene su razón de ser para la justicia, para la paz?"

10) Alocución a la Asociación Europea de Cardiólogos Pedíatras - 22-5-67 (AAS vol. LIX, 1967, pág. 619). "...Una posibilidad o un inicio de solución... consistiría en la reducción progresiva, simultánea y generalizada de los armamentos nucleares. Poniendo fin a esta carrera agotadora, convertida en el momento actual, como Nos hemos dicho en otras partes, en un 'escándalo intolerable' "...

10 bis) Mensaje para el Día de la Paz, 1-1-76 (AAS vol. LXVII, 1975, pág. 669, n. 1) "... el desarme militar debería ser común y general para no constituir un error imperdonable, consecuencia de un optimismo imposible y de una ingenuidad ciega, que sería una tentación para violencia de otro. O bien el desarme es obra de todos, o bien es un delito de falta de defensa".

11) Alocución al Presidente Ford 3-6-76 "No cerramos los ojos a la realidad de las relaciones de fuerza que se establecen entre dos naciones y sus bloques y que plantean continuamente problemas de equilibrio y de desequilibrio. Pero debernos elevar nuestra voz para recordar a los pueblos que un orden internacional pacífico y humano no puede basarse en la fuerza, sino en un criterio de justicia, en el respeto y la comprensión de los derechos y necesidades de Otros"...

12) Mensaje para el 25 aniversario de las Naciones Unidas (AAS vol. LXII, 1970, pág. 685). "Que Vuestra incansable obstinación, puesta al servicio de todas las iniciativas de desarme recíproco y controlado, garantice en nuestra era industrial la realización del anuncio del antiguo profeta de los tiempos agrarios y emplear los recursos así disponibles en el progreso científico, en el aprovechamiento de los inmensos recursos de las tierras y los océanos, en la subsistencia de todos los miembros de la familia humana en perpetuo crecimiento: ¡Que jamás el trabajo de los vivos se utilice contra vida, sino que al contrario se dedique a alimentarla y a hacerla verdaderamente humana! "

13) Llamamiento para el Desarme: Carta a U. Thant - 1966 (AAS vol. LVIII 1966, pág. 135). "En el momento en que el Comité de los 18 para el Desarme va a reanudar sus trabajos en Ginebra, Nos. queremos dirigiros un llamamiento urgente inspirado en el deseo de ver las actividades de este Comité desembocar en un resultado positivo y concreto, y señalar así una nueva etapa de la realización del desarme, tan unánimemente esperado y deseado.
Nos nos sentimos alentados en esta gestión por la reciente toma de posición de más de 2.000 obispos católicos reunidos en Roma en Concilio Ecuménico. Nos nos sentimos igualmente alentados por el eco que ha hallado, ante la Comisión del Desarme, nuestro llamamiento de Bombay, y por la acogida favorable reservada en la opinión mundial a nuestro discurso de las Naciones Unidas".

13 bis) Mensaje a la Conferencia de Helsinki - 30-7-75 (AAS vol. LXVII, 1975, págs. 478-479). "Instruidos por la trágica experiencia de dos guerras espantosas que, encendidas en Europa en el espacio de 30 años, consumieron como en una hoguera tantos millones de víctimas, devastando vastas y florecientes regiones y arrastrando a una lucha fratricida a muchos otros pueblos no europeos, estos representantes quieren establecer un entendimiento que repose en principios claros y firmes del derecho internacional y poner a Europa y al mundo al abrigo de la amenaza de nuevas experiencias de destrucción y de muerte infinitamente más aterradoras. Al mismo tiempo, desean trazar las líneas de un comienzo de cooperación, consolidando la paz que concurrirá a multiplicar con más intensidad los intercambios de valores que forman la fuerza espiritual de Europa. El Papado, aunque le ha sido conferida una misión religiosa abierta a lo universal, tiene su Sede en Europa... El reconocimiento de la interdependencia de la seguridad entre los Estados, confiada a los compromisos solemnes de renuncia al uso y a la amenaza de la fuerza, al arrogo pacífico de controversias y al cumplimiento de buena fe de las obligaciones internacionales".

13 ter) Al Colegio de Defensa de la OTAN (AAS vol. LXIII, 1971, pág. 143) "...Vuestra institución se define como un colegio de defensa. Que su existencia misma no sirva más que para defensa de la paz. Que la formación que dé preparare para utilizar no armas milita¬res, incluso justificadas por la defensa del derecho y de la civilización, sino armas políticas, y esto no para fomentar la división entre los pueblos, sino para promover su unión"...

14) "Angelus", Domingo 27 de agosto de 1967 (Insegnamenti di Paolo VI, vol. V, 1967, págs. 891-892). "En este minuto espiritual, evocaremos el hecho positivo de la presentación del texto del Tratado sobre la no proliferación nuclear. Este hecho nos parece positivo porque demuestra que los responsables tienen conciencia del peligro terrible e incalculable de las. armas nucleares, y porque marca un primer paso, no decisivo ciertamente, pero sí inicial, para conjurar este peligro que pesa sobre toda la humanidad".

14 bis) Mensaje del "Día de la Paz 1976": "Nos vemos con satisfacción y con esperanza progresar la idea de la paz. Crece en importancia y en dimensión en la conciencia de la humanidad; con ella se desarrollan las estructuras necesarias para la organización de la paz; las celebraciones que entrañan compromisos y las celebraciones de carácter más académico en su favor se multiplican; la paz gana terreno. La Conferencia de Helsinki, celebrada en julio y agosto de 1975, es un acontecimiento que da esperanzas en ese sentido".

15) Alocución a la Academia Pontificia de Ciencias - 27-4-68 (AAS vol. LV, 1968, pág. 275). "Que se adopte toda medida, que se asuma todo compromiso con el fin de prevenir y conjurar la fabricación y el uso de armas nucleares, de ataques bacteriológicos"...


***L'Osservatore Romano. Edición semanal en lengua española n.32 p.2, 6, 7.


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